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 A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]
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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyVen 8 Mai - 18:16:38

[Hj] Suite de Les mois se sont écoulés [/hj]


Samedi trente et un mai, jour de sortie à Prés-au-Lard, jour de liesse à Poudlard où tous les élèves se réjouissaient de pouvoir aller déambuler tranquillement dans les rues du village sous le soleil certes timide mais tout de même présent de cette fin mai. Rusard comme à son habitude contrôlait méticuleusement les autorisations de sortie avant de laisser filer les garnements au goutte à goutte. Patiente, la Serdaigle attendit son tour, ne prêtant pas attention aux grognements de ses camarades qui jugeaient que ça allait « trop lentement ». Lorsqu’enfin son tour arriva, elle présenta mollement sa carte avec la signature de ses parents et justifiant de son droit de sortir. Le vieux et vil concierge la regarda d’un drôle d’air, comme quand il suspectait une supercherie, hésita quelques secondes puis la laissa filer. A ses yeux de cracmol incompris, il était vraiment étrange de voir une élève tirer une tête d’enterrement le jour de la sortie au village. Pour lui c’est que Clarisse préparait un mauvais coup, ou tout du moins que quelque chose de louche traînait là-dessous.

Sans réellement penser à l’endroit où elle allait, la triste rousse passa lentement dans la rue principale avant d’obliquer gentiment, lentement mais sûrement vers la gauche en direction de la boutique de l’apothicaire, lieu de son rendez-vous. La quatrième année avait en effet reçu quelques jours plus tôt un parchemin signé de la délicate main du bel Aïlin et lui indiquant le lieu et l’heure de leur « rendez-vous ». En fait de galante rencontre, les deux adolescents allaient procéder avec l’aimable participation d’une autre fille que la maigrichonne ne connaissait pas, à un serment inviolable par lequel elle jurerait que jamais elle ne révélerait le secret du beau brun. Sous peine de mort. La mort, une chose bien sournoise qui vous frappait au moment le moins prévisible. Quelque chose qui avait toujours le don de vous prendre un être cher au moment où vous en aviez besoin, comme ça, jusque parce que sa fantaisie le lui avait soufflé. Injuste. La vie était profondément injuste et ce constat amer s’était depuis longtemps imposé à la jeune fille. Un sourire triste barra son visage blanc. Le teint pâle depuis sa naissance, ce dernier avait eu la méchante tendance de blanchir encore depuis quelques temps, depuis que des évènements sordides avaient fait leur entrée dans sa petite vie d’adolescente sans histoire. Tout avait commencé un peu plus d’un mois avant, quand Will avait été blessée dans une mission pour le compte de l’Ordre. La grand-mère de Clarisse avait failli laisser sa vie dans ce sombre accident et restait depuis en convalescence, se remettant difficilement. Et voilà qu’à peine remise de ses émotions la jeune fille recevait une nouvelle missive en provenance de son grand-père. Présentant à nouveau une accablante lettre, elle l’avait ouverte au calme, après les cours.

Arrivant à dans la rue de l’apothicaire, celle de l’arrière-boutique, l’Ecossaise s’assit mécaniquement sur un banc vide. Elle était un peu en avance, Aïlin et son amie ne seraient là que vingt minutes plus tard mais qu’importe, elle n’avait rien d’autre à faire. Laissant choir sa besace près d’elle, elle laissa son dos appuyer contre le dossier noir du banc, offrant au soleil son visage de porcelaine. Elle soupira. Sur le moment, elle n’avait pas réalisé, elle n’avait pas voulu croire l’affreuse, l’hideuse, la terrible réalité. Non, pas lui, pas maintenant, ce n’était pas possible, elle avait encore tellement besoin de lui, ils avaient encore tellement de chose à partager ensemble, à vivre tous les deux, et encore tant à apprendre de lui. Le temps qui leur avait été imparti avait fini de s’écouler, le sablier s’était vidé et sa vie lui avait été ôtée. La rousse n’avait pas pleuré, elle n’avait pas réagi. Amorphe, elle avait juste replié le parchemin et l’avait glissé dans sa poche, s’était levée et était retournée vaquer à ses occupations d’élève studieuse. Elle ne le verrait plus, en tout cas plus jamais avec au fond de ses yeux émeraude cette étincelle de vie à la fois rieuse et sérieuse, ses cheveux ébouriffés par le vent, ses joues creusées par un sourire heureux, son regard protecteur et son bonheur tout au fond des yeux.

Une larme, la première roula sur sa joue droite comme une perle de rosée. Enfin elle commençait à saisir toute l’ampleur de cette mort, toutes les conséquences d’un avada kadavra lancé sur un homme juste parce que… parce que son sang était impur. Son grand-père lui avait tout expliqué par écrit, pensant à juste raison que personne n’aurait le courage de le lui dire de vive voix, pas même lui et sachant que Clarisse voudrait savoir. Le meurtre avait eu lieu au ministère et à côté du corps sans vie une inscription stipulant que les sangs-de-bourbe devaient périr pour le salut des sorciers ou quelque chose dans ce goût-là. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Guérin était-il une menace pour quelqu’un ? Bien sûr que non, il était jovial, travailleur et honnête et même s’il n’avait pas toujours été un père présent, Clarisse l’aimait autant que son cœur de moineau le lui permettait. Elle avait toujours été fascinée par cet homme, elle l’avait admirée, avait souhaité partager tout ce qu’elle pouvait avec lui. Contrairement à Océane, père et fille se comprenaient d’un regard. Guérin et elle étaient très proches, sans pour autant que leur lien ne se remarque autrement que par l’intensité de leurs regards plongés l’un dans l’autre, comme la rencontre de deux océans : vert et bleu…

Une seconde larme coula de son œil gauche, inondant sa joue tâchée de son. Cette fois, sa peine n’était pas un gouffre de tristesse, non elle était calme et froide. L’épée de Damoclès pendait au-dessus de la tête de tout un chacun, elle s’était abattue sur celle de son père mais la sienne était toujours en équilibre précaire. Sa vie ne tenait qu’à un fil, elle le savait. Allait-elle attendre bien gentiment que le destin ne daigne faire basculer l’arme effilée ou bien au contraire allait-elle mettre le plus possible de chances de son côté ? La mort pour elle-même ne l’inquiétait pas outre mesure, c’était là chose établie mais ce n’était pas pour autant une raison pour leur faciliter la vie. Elle allait se battre, pour son père à qui on n’avait laissé aucune chance même si quelques traces attestaient qu’il avait essayé mais en vain de se défendre. Les quelques larmes qu’elle versa, assise sur son banc dans une ruelle vide de Prés-au-Lard en disaient long sur son moral. Elle ne pleurait pas un être cher, un papa perdu à tout jamais, non, elle savait qu’elle le retrouverait plus tard, lorsque son propre tour viendrait. Ces larmes celaient simplement sa décision de vivre.

L’heure approchait, le jeune Bower n’allait plus tarder. Mais au lieu de penser à ce qu’elle allait faire : protéger de son silence un assassin, un garçon qui avait supprimé son paternel, ironie du sort, l’esprit du moineau était à des lieues du serment. Elle songeait avec angoisse à l’épreuve qui les attendait le lendemain, son frère, sa mère, ses grands-parents et elle. Ce serait l’enterrement de Guérin et Lilian et elle ne rentreraient pas au château en fin d’après-midi en même temps que les autres élèves. Ils dormiraient chez eux, dans une maison ravagée par le chagrin. L’épreuve ce ne serait pas de voir le corps inanimé du roux descendre sous terre, et y être enseveli à jamais. Non, il serait toujours avec elle, dans son cœur dans ses souvenirs mais l’épreuve serait d’affronter la douleur de sa mère et de Lilian et même probablement aussi de ses cousins. La jeune fille ne supportait pas de les voir dans des états pareils, et elle savait que l’état en question serait sans précédent…

Mais si de sombres pensées accablaient l’adolescente, on ne voyait de l’extérieur qu’une jeune fille en chemisier blanc et jupe plissée assise sur un banc. On ne voyait que ses yeux brillants et ses petites ballerines noires croisées près d’un sac informe et dont les couleurs étaient passées à l’exception d’une fleur rose épinglée à la bandoulière et que l’on aurait crue tout juste cueillie…


Dernière édition par Clarisse McBrien le Dim 16 Aoû - 17:01:34, édité 2 fois
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptySam 16 Mai - 13:09:20

Le flot d'élèves stagnait, se libérant au goutte à goutte sous l'oeil suspicieux de Rusard au meilleur de sa forme. Aïlin venait de sortir et attendait que les derniers contrôles aient enfin été achevés sur Emily, qui échangeait ses plus belles œillades avec le concierge. Il ignorait pourquoi elle exécrait avec autant de force le vieil homme et pourquoi elle passait tant de temps à s'épancher sur le compte de ce dernier à chaque fois que tous les deux le croisait. Sûrement lui avait-il fait subir quelques humiliations durant l'une des cinq dernières années, ou peut-être était-ce qu'on appelait une inimitée « physique » : ces gens qui d'un regard savaient qu'ils ne pourraient pas se supporter. Toujours était-il qu'après avoir enfin été relâchée, la jeune fille avait rejoint son camarade de classe d'une démarche féline, ses fins sourcils blonds froissés de colère.

« Non mais quelle tête de scroutt ! Deux ans qu'il voit cette fichue autorisation dans mes mains, deux ans qu'il la retourne dans tous les sens comme s'il s'agissait d'un code dont il allait percer le mystère et qui lui révélerait une faute grave ! Il n'espère que ça, ce vieux bouc. Halala, on ne pourrait pas avoir un surveillant sexy et mettre cette serpillière à la porte ? Je me demande pourquoi Dumbledore le garde. »
Allait-elle de bon cœur, tandis que le jeune Bower se contentait de lui jeter une courte série de regards dénués d'expression. Il l'entendait bien parler, mais ne saisissait pas ce qu'elle lui disait. Son esprit était bien ailleurs. Il était à ce qu'il allait faire, à ce qu'il lui ferait, à la meilleure façon de garder son esprit intact et sans trou trop évident. Ça n'était pas qu'il se sentait coupable de ce qu'il allait faire, c'était qu'il voulait la préserver un maximum. Elle était gentille, elle l'avait toujours apprécié même si l'inverse n'avait pas été toujours vrai, elle le considérait, lui semblait-il, comme un ami – de confiance qui plus est – et elle était certainement ce qui se rapprochait, effectivement, le plus de l'amie. Abimer son esprit aiguisé d'Aigle n'était pas dans ses intentions.
Il capta néanmoins les mots « Rusard », « bouc » et « sexy » à travers les méandres de ses pensées, qui ne s'assemblaient à priori pas ensemble mais en reconstituant à la vitesse de l'éclair le puzzle dans sa tête, il put rétorquer sur un ton détaché :

« Plus le temps passe, plus tu penses aux garçons, Emily ! Deviendrais-tu ce qui t'exècre au plus haut point, ma chère ? Méfies-toi, tu es blonde en plus de cela, les clichés sont très vite fait ! »
Et il se mit à rire, tandis qu'Emily prenait une teinte rosâtre et ouvrait une bouche en rond, ses yeux lançant des éclairs derrière les rectangles de ses lunettes teintées.
« Oh ! Tu es méchant, Aïlin ! Comment oses-tu ? »
Et elle le frappa gentiment, avant de sourire malgré elle et de s'accrocher au bras du jeune homme en établissant ainsi une proximité qui, de quelqu'un d'autre, aurait parue étouffante au jeune homme. Mais Aïlin appréciait sa camarade de classe, et s'était habitué à retrouver l'épaule de la jeune fille collée contre son bras à la moindre occasion. Elle se comportait ainsi depuis quelques mois déjà, mais il interprétait cela comme la preuve visuelle du lien qui s'était tissé entre eux. Ou plutôt, du lien qu'elle s'était tissé et avait accroché autour du poignet d'Aïlin.
« Mais c'est à force de traîner avec des beaux garçons, il faut dire que je suis bien entourée ! »
Ricana-t-elle en lui jetant un coup d'œil malicieux que le Bleu et Bronze perçut au dessus de ses lunettes de soleil. Il se mit à rire de plus belle.
« Mais oui, c'est cela. Bon, je te propose d'aller manger rapidement aux Trois-Balais, on a rendez-vous à quatorze heures derrière l'apothicaire. »

« Moui. »
Répondit-elle, sa joie s'assombrissant quand le cadet Bower parla à demi-mots du sortilège qu'ils allaient pratiquer. La convaincre avait été dur, il avait dû user de toutes ses capacités de manipulation et de mensonges pour réussir à la faire céder face à quelque chose qui se révélait être contre son étique. Mais lorsqu'il accepta de se résigner à l'inviter aux grandes vacances faire du lèche vitrine et manger des glaces sur le Chemin de Traverse, Emily avait cédé. Et puis, la satisfaction qu'elle avait éprouvé alors que Bower lui demandait quelque chose de grave à elle et à personne d'autre, accédait à ses « caprices » et se faisait demandeur alors qu'il s'apprêtait à interdire quelque chose à Clarisse par le biais d'un sort qui pourrait lui être fatal n'avait pas échappé à l'adolescent. Avait-elle un peu le béguin pour lui ? Ça n'était pas improbable, mais si l'envie et la jalousie pouvait lui être utiles, il n'allait pas s'en plaindre. Lui n'avait jamais rien éprouvé pour elle. Bien sûr, il y avait cette fois, au sortir d'un bal, ou tous deux s'étaient embrassé, mais il l'avait simplement laissé faire à cause de son manque de sobriété durant cette fameuse soirée de bal et il avait depuis dédaigné le moindre de ses gestes un peu plus engageants que ceux que l'on réservait normalement à un ami.

Les deux jeunes gens prirent un petit repas – leur petit-déjeuner ayant déjà été largement consistant pour s'épargner un déjeuner à la Française – aux Trois-Balais, Emily n'y voyant pas d'objection. Ou plutôt, Aïlin mangea et elle parlait en picorant dans sa salade et ses oeufs brouillés, tant et si bien qu'à une heure et demi et à la troisième tasse de café noir du garçon, elle n'avait pas encore touché au mais grillé qu'elle avait commandé.

« Veux-tu donc te dépêcher, espèce de pie ? »
Finit par lâcher Aïlin, l'exaspération s'ajoutant à la caféine qui commençait petit à petit à faire son effet. Emily, boudeuse, s'arrêta enfin de raconter des choses que son pseudo-interlocuteur n'avait même pas écouté et eut enfin l'obligeance de terminer son assiette.
Sur la montre à gousset d'Aïlin, il était déjà 13H45 plus ou moins, lorsque l'addition fut payée à Madame Rosmerta et qu'il purent enfin sortir de l'échoppe. Il n'y croyait pas, une heure et quart pour manger trois pauvres bouts de salade, trois grains de maïs et des œufs brouillés. Il était tombé sur la fille la plus lente du monde. L'effet Poudlard, certainement, avec ses longs repas et ses plats à profusion, mais Aïlin ne lui chercha pas d'excuse et l'attrapa fermement au poignet avant de marcher d'un pas vif jusqu'au lieu de rendez-vous.

Clarisse était là, assise sur un banc, dans sa simple tenue d'écolière mais sans sa robe de sorcier. Il fallait dire qu'il faisait chaud et beau et que même le grand brun avait troqué ses habituelles robes de sorcier pour un jean et une chemise noirs qui accablaient un peu plus son teint pâle. Il n'avait plus le visage malade qu'il avait arboré quelques années auparavant et la peau blanche, faiblement rosée de ses joues alliées à ses cheveux noirs qui retombaient de part et d'autre de ces dernières lui conféraient un certain charme. Clarisse, elle, avait maigrit. Il le voyait maintenant qu'elle était défaite de la cape qu'elle portait alors qu'ils s'étaient accidentellement rencontrés. Ses jambes dénudées par sa jupe plissée en attestaient et une angoisse passagère glissa sur Aïlin. Avait-elle eu des ennuis, elle aussi ? Ou faisait-elle parti de ses filles qui, on ignorait pourquoi, décidaient un beau jour d'arrêter de manger correctement ? Non, pas Clarisse. Il ne lui avait certes pas connu un appétit du Diable mais elle était une fille raisonnable et sensée. Le jeune homme préféra noter ce détail pour plus tard, lorsqu'il aurait l'occasion de lui parler seul à seul si l'occasion se présentait. Là, Emily était là et il ne voulait rien dire, pour ne pas gêner la jeune miss McBrien, mais aussi pour éviter de faire part de son angoisse devant une personne qui n'était en rien concernée.
En parlant d'Emily, cette dernière toussota discrètement à côté de lui, et l'adolescent se rendit compte qu'il s'était arrêté à plusieurs mètres du lieu où patientait la Serdaigle rousse pour l'observer. Croisant le regard courroucé de la blonde, il fit comme si de rien n'était et s'avança avec celle qui serait leur enchaîneuse.


« Bonjour, Clarisse. »
Salua-t-il en restant aussi sobre dans l'intonation de sa voix qu'il l'avait été dans le mot qu'il lui avait écrit. Il fallait dire qu'il avait recommencé plusieurs fois, sans savoir qu'écrire, trouvant stupide d'en rajouter et faisant disparaître le brouillon raté, avant de finir, exaspéré, par écrire rapidement les quelques mots qui étaient parvenus à la jeune fille. Emily salua de même, le ton plus enjoué malgré la situation que le jeune Bower, son éternelle bonne humeur reprenant apparemment le dessous sur tout.
« Je te présente Emily, elle est dans ma classe. Elle sera notre enchaîneuse. »
Cette dernière lui adressant un signe de la main en même temps qu'un sourire forcé, qu'Aïlin ne remarqua pas le moins du monde. Il fallait dire qu'il n'avait même pas jeté un regard à la jeune fille en la présentant.
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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptySam 16 Mai - 16:52:45

Clarisse, toujours assise immobile sur son banc ne pouvait détacher ses pensées du lendemain, de ce qui se passerait. Devrait-elle dire quelque chose de gentil à Lilian pour le consoler, adresser une parole réconfortante à Océane ? La jeune fille l’ignorait bien que le bon sens lui souffle que ce serait là la bonne attitude à adopter. Le seul souci c’est qu’elle ne s’en sentait pas le courage, elle le savait par avance. Et puis il y aurait du monde pour ça. Carlisle serait là pour épauler sa sœur et Edwin s’occuperait de Lilian, tout serait parfait, ils n’auraient pas besoin d’elle et elle resterait dans son coin, comme d’habitude. D’ailleurs, rester dans son coin, même si l’expression pouvait sembler mal à propos lui convenait parfaitement. Au moins elle échapperait aux larmoiements de ses proches, aux reniflements et aux pleures, se contentant de les observer de loin et passant aux yeux des autres encore plus pour une sauvage. Mais bon, ça elle en avait l’habitude et ça ne la dérangeait pas. Du moment qu’on ne lui demandait rien, et surtout pas de les consoler ou de leur prodiguer des paroles réconfortantes. Elle ferma les yeux, offrant son visage au soleil qui sécha ses maigres larmes. Le temps passa, avait passé sans qu’elle ne s’en aperçoive et à présent il était l’heure.

Perdue dans ses songes, dans ses angoisses concernant la soirée et le lendemain qui s’annonçaient bien tristes, la Serdaigle n’entendit pas les pas qui s’approchèrent du bout de la rue, s’arrêtèrent puis repartirent dans sa direction. C’est seulement lorsqu’elle entendit la voix si douce d’Aïlin lui souhaiter le bonjour qu’elle redressa la tête et ouvrit les yeux. Cette voix… un petit sourire détendit les traits de la rousse étirant légèrement les commissures de ses lèvres. Oui malgré tout ce qui s’était passé entre eux, la bleue et bronze était heureuse de voir son camarade, et de surcroît à cet instant. Bien sûr elle ne s’attendait pas à ce qu’il se comporte autrement avec elle que froidement mais sa présence en elle-même était déjà un gros progrès et lui faisait plaisir, quoi qu’elle puisse laisser transparaître. Il va sans dire qu’elle n’avait pas pensé à la raison de sa présence, même si elle en connaissait les lourdes causes et conséquences. Il était venu pour quelque chose de sérieux, qui allait l’engager elle pour le restant de sa vie. Cela ne l’empêcha pas de croiser le regard du brun une fraction de seconde avant qu’elle ne lui rendre poliment son salut.


_ Bonjour Aïlin.

Quelque chose dans sa voix avait changé depuis la dernière fois où ils s’étaient parlé. Quelque chose d’infime et à peine perceptible.

_Je te présente Emily, elle est dans ma classe. Elle sera notre enchaîneuse.

Clarisse lui retourna un drôle de regard en entendant ces mots, avant de poser les yeux sur ladite Emily. Alors c’était dont là l’amie d’Aïlin. Dès le premier regard, cette fille déplut à l’Ecossaise. Elle avait tout pour elle, blonde, plutôt jolie, même très jolie, et quelque chose sur son visage dévoilait à qui la regardait à quel point son caractère était enjoué : elle respirait la joie de vivre. La fille parfaite en un mot. Un visage bien dessiné, quelques formes et surtout pas de pâleur ou de maigreur. Et puis, le regard qu’elle posa sur le brun en dit suffisamment à Clarisse pour qu’elle détourne la tête. Cette fille était amoureuse d’Aïlin, l’instinct de la maigrichonne le lui souffla à l’oreille. Elle se força néanmoins à ne pas y penser, du moins pas pour le moment, même si ce n’était pas facile. Elle força également le sourire qui s’était envolé de son visage à refaire une brève apparition, histoire de ne pas paraître trop hostile à la première rencontre. Mais soyons réaliste, elles ne s’entendraient jamais. Ou plus exactement, la rousse n’aurait jamais envie de faire le moindre effort pour lier conversation avec Emily.

_ Salut Emily et … merci d’être venue.

Merci d’être venue. Tu parles ! En réalité, Clarisse n’avait pas pensé que le brun arriverait directement avec sa prétendue amie. Elle avait espéré que peut être ils pourraient se retrouver tous les deux quelques minutes pour discuter. Discuter de quoi elle l’ignorait mais … d’un autre côté, à quoi s’était-elle attendue ?! Bien sûr qu’il était venu avec elle, il avait même peut être passé le début de la journée avec cette fille et aussi certainement tout le reste. Il n’était venu ici qu’accomplir une formalité ou quelque chose du genre et repartirait dès que ce serait fait pour entamer une parfaite après-midi avec cette fille parfaite. Génial. En gros, Clarisse dérangeait le programme de leur sortie à Prés-au-Lard. Finalement, la venue du garçon n’était pas si réconfortante que ça. Son moral déjà pas spécialement bon en prit encore un coup. Il faudrait bien qu’elle s’y fasse un jour à la fin. Aïlin et elle c’était fini et bien fini, sous tous les sens du terme. Aucune amitié ne verrait le jour. Jamais. Bon puisque c’était établi et que la seule chose restante à faire pour notre moineau était de se forger ça dans le crâne, elle soupira discrètement. Autant en finir le plus vite possible, une fois fait ils n’en parleraient plus, ils ne parleraient plus jamais et elle pourrait s’en aller faire un tour dans les quelques boutiques du village, pour passer le temps. Après tout qu’elle passe le temps avec Aïlin ou bien toute seule dans les magasins ou était la différence, je vous le demande !

Clarisse se leva, de son banc et se porta à leur rencontre. Les deux adolescents n’étaient qu’à quelques pas d’elle mais bon, pour parler ça serait plus simple. Son regard s’était éteint lorsqu’elle avait remarqué la présence d’Emily, son visage s’était légèrement fermé. Mais puisqu’ils étaient obligés de composer avec elle…elle ferait avec, bon gré mal gré. La seule chose c’est qu’elle avait envie d’en finir au plus vite, que ce satané serment inviolable soit prononcé et qu’elle puisse s’en aller là où la belle Emily ne serait pas. Ce serment… était-ce bien raisonnable de le faire ? La Serdaigle avait pesé le pour et le contre, longuement, même une fois avoir accepté, surtout après avoir accepté en fait. D’un côté elle savait que quelque part c’était une erreur, qu’elle serait amenée à le regretter à un moment ou à un autre, tôt ou tard. Mais d’un autre, elle sentait qu’elle devait bien ça au brun et puis c’était son idée à elle. Une idée qu’elle avait eue pour le protéger, lui assurer qu’il ne lui arriverait rien à cause d’elle et de ce qu’elle savait et pour lui garantir qu’elle savait garder un secret, surtout lorsqu’il était si lourd de conséquences.


_ Bon eh bien puisque les présentations sont faites, on pourrait peut être commencer, je n’ai pas que ça à faire cet après-midi.

Elle avait prononcé ça d’un ton acide. Bien évidemment, c’était faux, elle n’avait rien d’autre à faire de la journée, enfin rien dans l’immédiat. Elle jalouse ?! Non voyons pas du tout. Quoique, en fait si elle avait un pincement au cœur dès qu’elle posait les yeux sur Emily… Ce qu’elle venait de dire ne lui ressemblait pas, Aïlin s’apercevrait sans doute de son malaise s’il n’était pas trop obnubilé par la poupée blonde qui lui tenait le bras.

_ Alors, on procède comment ?

Fermée comme une huître, elle attendit patiemment que les deux aigles ne daignent lui accorder une réponse entre deux œillades. Enfin c’était là ce que pensait Clarisse qui n’avait pas remarqué, il va sans dire, qu’Aïlin n’avait jusque là pas accordé le moindre regard à la blonde.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyDim 17 Mai - 11:20:21

Quelque chose contrariait Aïlin dans la vision qu'il avait là de Clarisse et il ignorait quoi. Une intuition flottait derrière son crâne, l'informant que quelque chose n'allait pas. Était-ce lui où Clarisse paraissait bien plus pâle et triste qu'à l'accoutumée ? Même le ton de sa voix lui paraissait étrangement faible, et il ne pouvait se résoudre à conclure que c'était le contraste entre Clarisse et Emily qui lui donnait cette impression. D'ailleurs, après avoir observé la rouquine, le Serdaigle ne pensait plus à l'autre. Aucune comparaison n'était possible entre ces deux là : Emily était grande et blonde, ses longs cheveux soyeux coulaient en une longue tresse du haut de son crâne jusqu'à retomber sur l'une de ses épaules, ses hanches étaient marquées, accentuaient ses formes de presque jeune femme et elle avait des yeux bleus pétillant de vie qui étaient, là, cachés derrière le verre de ses lunettes de soleil. Aïlin était subtil, mais il était encore trop jeune et inexpérimenté pour se douter du poids que la présence de son amie pouvait avoir sur Clarisse, ni de la jalousie que cela pouvait engendrer. Certes, elle avait l'air moins jolie qu'Emily. Plus petite, amaigrie, des cheveux roux et toujours un peu en bataille, une peau pâle cernée de tâches de rousseurs - ces soit-disant défauts que les garçons dépréciaient - mais Aïlin ne la voyait pas comme cela. Il ne pouvait nier que sa maigreur venait de le choquer, mais comme autrefois, il trouvait que sa taille fluette à l'apparence fragile lui conférait tout son charme, surtout lorsqu'il savait les apparences trompeuses et quelle personnalité se cachait derrière ce brin de jeune fille. La couleur de ses cheveux reflétaient le tempérament de sa personnalité parfois enflammée et ses yeux à elle renfermaient, tel un écrin, des choses insoupçonnées qui faisait tout l'intérêt de plonger au fond de ses deux petits lacs mystérieux. Et ses yeux là, aujourd'hui, semblaient avoir renfermés dans leur prison d'azur un nouveau secret, une nouvelle douleur. Peut-être était-ce là un délire de son imagination, pensa-t-il, qu'il refoulait ses propres contrariétés en les attribuant aux autres ? Bower ne voulait pas chercher à le savoir : après tout, si la jeune fille voulait parler, elle le ferait, mais il doutait sérieusement qu'elle le fasse devant une inconnue. Il l'écouta donc répondre à son salut ainsi qu'à Emily sans prononcer un mot tandis que seul un pli sur son front exprimait pour lui ses questionnements. Emily quant à elle hocha la tête d'un air assombrit et fit un signe de la main d'un air de dire que ça n'était rien, bien qu'elle ne le pensait pas une seule seconde.

Si Aïlin s'attendait à un tel comportement de la part de la blonde qui n'avait jamais été d'accord avec l'idée du serment inviolable, il ne s'attendait pas à celui de la petite rousse, qui se révéla d'une nature étonnamment caustique. Ça n'était pas la déclaration en elle-même, qui choqua Aïlin, qui envisageait tout à fait le fait que Clarisse ait autre chose à faire que le regarder stupidement dans le blanc des yeux plutôt que de passer à ce pourquoi ils étaient là, c'est le ton et la formulation en elle-même qui l'atteignit. Emily haussa sourcils, rongeant son frein pour ne pas ouvrir les hostilités, tandis que les sourcils de l'adolescent se froncèrent.


« Ça tombe bien, moi non plus. »

Ne put-il s'empêcher de rétorquer d'un ton glacé et en détournant un regard hautain. Il savait que ça ne ressemblait pas à McBrien, que l'entendre parler comme cela révélait quelque chose sur ce qu'elle ressentait, mais le Bleu et Bronze ne pouvait s'empêcher de se sentir profondément vexé d'être considéré de la sorte. Il avait toujours traité la rouquine avec respect, il avait fait son maximum pour lui expliquer ce qu'il avait vécu et ce pourquoi il avait dû se résoudre à la blesser plutôt qu'à la laisser espérer pouvoir construire quelque chose d'intéressant avec lui et voilà comme elle se mettait à lui parler : avec un ton acide et cinglant.


« C'est bien simple. Nous nous mettons l'un en face de l'autre, et Emily nous liera lorsque tu seras prête. Tu n'auras jusqu'à acquiescer mes propos, si jamais tu n'as pas changé d'avis. »


Aïlin observa une seconde Clarisse, comme pour lui signifier qu'elle avait toujours le choix, voir qu'il s'attendait presque à la voir lui tourner le dos. Il ignorait pourquoi il se sentait aussi humilié et vexé pour une simple et malheureuse parole de travers, mais il ne pouvait s'empêcher de se révéler sous un jour que, jusqu'alors, Clarisse n'avait jamais vu. Et peu d'autres personnes également, d'ailleurs ! Même Emily lui jetait plusieurs œillades contrariées comme si elle craignait de le voir se transformer soudainement en hippogriffe. D'un pas vif, Aïlin alla jusqu'au banc déposer son sac qui contenait son argent et sa baguette magique et revint se placer devant Clarisse. Lorsqu'il revint, il ne souriait toujours pas mais ses yeux ne lançaient plus d'éclairs quand il reposa une nouvelle fois son regard sur son ancienne petite amie. L'heure n'était pas à la dispute, encore moins aux gamineries : ce qu'il allait faire était grave et il ne devait absolument pas se tromper dans ses mots.

Emily vint se placer à côté du couple en sortant sa baguette tandis qu'un pli barrait ses lèvres, et s'arrêtant au niveau de l'espace où se trouverait bientôt les mains liées des deux jeunes gens. Aïlin tendit la main, avant de murmurer d'une voix redevenue plus douce :


« Prête ? »

Lorsqu'il fut assuré qu'elle l'était, il adressa un léger signe à sa camarade de classe qui posa sa baguette sur la main droite de celui qui recevait le serment et de celle qui s'y pliait.

« Clarisse, t'engages-tu à garder le silence sur les secrets que je t'ai demandé de garder, quel qu'en soit le prix à payer ? T'engages-tu à ne pas céder au menaces plutôt que révéler ces mêmes secrets à quiconque ferait pression sur toi ? Et t'engages-tu à ne jamais parler de ce serment à qui que se soit, pas même au plus proche de tes amis ? »


Aucune des paroles n'avait été prononcés à la légère et Aïlin ne laissait rien transparaître sur son visage, comme si ce qu'ils étaient en train de faire avait toute l'importance du monde. En réalité, grâce aux mots que le Serdaigle avait prononcé, l'engagement de Clarisse était factice : Aïlin ne lui avait jamais demander de garder ce qu'ils avaient dit secret, aussi, si un jour elle cédait, elle ne risquait pas la mort. Il n'avait pas put se résigner à faire planer un tel risque à McBrien, après avoir passé deux semaines à réfléchir là-dessus, il lui faisait confiance pour tenir sa langue. Qui plus était, elle devait croire que le serment n'était pas nul et non avenu pour que ce dernier ait l'air de fonctionner, et surtout par sécurité : si elle pensait devoir mourir de sa confession, elle tiendrait encore mieux sa langue devant quelqu'un de mal intentionné.
De son côté, Emily était ébahie. Elle n'avait aucune idée de ce à quoi faisait référence Aïlin, qui avait dû l'amadouer en lui donnant une information fausse sur la raison de leur Serment. Elle mourrait d'envie de parler, mais cela briserait le sort, et elle savait que si cela arrivait, son ami aussi gentil était-il ne lui pardonnerait pas. Alors, spectatrice muette, elle attendait que les flammes sortent de sa baguette pour s'enrouler autour des mains et des poignets des deux jeunes gens, en commençant seulement à se rendre compte de l'aspect sérieux de ce pour quoi elle se révélait être la complice...
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyDim 17 Mai - 19:07:30

_Ça tombe bien, moi non plus.

Aïlin lui rétorqua ça d’un ton glacial qui refroidit encore considérablement la jeune fille. Son cœur qui de toute façon n’avait pas cicatrisé depuis leur dernière rencontre en prit encore un coup. Ce n’était vraiment pas sa journée. Tentant de faire abstraction de la douleur du poignard qui entaillait un peu plus les décombres de ce qui une fois avait été un petit cœur vaillant et aimant, elle déglutit difficilement, tâchant de ne rien laisser paraître. Pourtant, ses poings se serrèrent allant jusqu’à faire blanchir ses jointures. Bien sûr qu’Aïlin n’avait pas que cela à faire, il devait avoir préparé un programme très chargé avec sa blonde et pétillante amie. Même en y mettant toute l’objectivité dont elle était capable, la Serdaigle avait du mal à trouver qu’ils formaient un beau couple. Oh bien sûr si l’on s’arrêtait aux apparences, un beau brun et une jolie blonde, tous deux aux yeux bleus, elle le voyait à présent qu’Emily avait baissé ses lunettes de soleil dernier cri. La photo était jolie, indéniablement mais…ce n’était pas le genre de fille qu’il fallait pour le jeune Bower. Pas du tout. Quelqu’un d’un peu moins expansif lui conviendrait bien mieux, quelqu’un comme Clarisse ?! Allons allons, elle s’égarait, et au fond il lui fallait bien reconnaître qu’ils iraient formidablement bien ensemble et que cette fille lui apporterait bien plus de joie que quelqu’un comme elle-même.
Résignée, elle resta muette n’ayant rien d’autre à ajouter. Un « amusez-vous bien » aurait certainement été déplacé et elle n’était pas cynique au point d’en rajouter. La situation devait être pénible pour Aïlin autant que pour elle et pour Emily, n’en parlons même pas. Ça se voyait d’ailleurs dans le comportement du garçon qui semblait perturbé, voire peut être énervé.


_C'est bien simple. Nous nous mettons l'un en face de l'autre, et Emily nous liera lorsque tu seras prête. Tu n'auras jusqu'à acquiescer mes propos, si jamais tu n'as pas changé d'avis.

Clarisse resta ébahie un instant. Comment pouvait-il douter d’elle au point de lui poser aussi directement la question ? Si elle était là c’est que bien sûr elle n’avait pas changé d’avis. C’était vraiment stupide de la part du Serdaigle d’imaginer une chose pareille. Ne savait-il pas que lorsqu’elle avait pris une décision c’est qu’elle avait mûrement réfléchi au préalable ? Que si elle lui avait elle-même proposé cette idée de serment inviolable c’est qu’elle s’y tiendrait ?! Désappointée, elle faillit lui rétorquer la première chose qui lui passerait par la tête, même si ce n’était pas censé, puis se ravisa. Inutile d’empirer la situation. Le jeune homme s’éloigna des deux filles, le temps d’aller poser son sac sur le banc. Clarisse ne put que murmurer quelques mots, trop égarée pour s’affirmer plus que cela.

_ Bien sûr que non je n’ai pas changé d’avis, jamais.

Le regard que lui lança la blonde lui indiqua qu’elle était aussi surprise qu’elle. Visiblement, Aïlin ne s’était pas révélé entièrement, ni à l’une ni à l’autre ce qui rassura autant que ça inquiéta Clarisse. Heureusement, elles n’eurent pas le temps de s’interroger silencieusement plus longuement. Le brun était de retour et les flammes qui assombrissaient ses yeux avaient disparu. Heureusement. Il avait dû profiter de poser son sac pour maîtriser ses émotions. Très bien, comme ça ils allaient pouvoir commencer.

_Prête ?

La rousse n’osa pas prononcer le moindre mot et se contenta de hocher la tête positivement. Inutile d’envenimer les choses par des paroles maladroites, la situation était déjà assez tendue et désagréable comme ça. Se concentrant sur ce qui allait se passer à partir de ce moment, elle se rapprocha d’Aïlin et plaça sa petite main blanche et froide dans la sienne, comme l’exigeait le protocole. La tête basse, elle ferma les yeux un instant. Ça faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient été aussi proches l’un de l’autre et pourtant, les conditions en ce jour étaient à des années lumières de leurs étreintes passées. Ce contact aussi dépourvu d’ambiguïté soit-il lui rappela un flot de souvenirs que la bleue et bronze tenta de refouler. Elle y parvint avec difficultés après quelques secondes et rouvrit timidement les yeux. La raison de leur présence ici était grave, ce n’était pas le moment de flancher ou d’avoir la tête ailleurs. Emily s’approcha du couple ainsi formé et posa sa baguette sur leurs mains liées, prête à celer l’avenir de la rousse. Qu’est-ce qui avait bien pu pousser cette amie à accepter ? Le jeune Bower lui avait-il révélé le secret qu’il voulait tant protéger ? L’Ecossaise en doutait, et pourtant elle devinait qu’il avait du avouer quelque chose à la blonde pour la convaincre de se prêter au jeu. C’est vrai après tout, qui se serait porté volontaire pour un acte aussi lourd de conséquences sans en connaître la raison ?!

_Clarisse, t'engages-tu à garder le silence sur les secrets que je t'ai demandé de garder, quel qu'en soit le prix à payer ? T'engages-tu à ne pas céder au menaces plutôt que révéler ces mêmes secrets à quiconque ferait pression sur toi ? Et t'engages-tu à ne jamais parler de ce serment à qui que se soit, pas même au plus proche de tes amis ?

_Oui je le veux .
_Très bien, vous pouvez embrasser la mariée.
Ah non c’est pas ça ils sont encore un peu jeunes, désolée. XD


Est-ce qu’elle s’engageait à ne dire à personne qu’Aïlin avait tué son père pour sauvegarder sa propre vie ainsi que celle de sa sœur sous peine de mourir ? Bien qu’elle connaisse déjà la réponse à la question, elle ne put s’empêcher de réfléchir une nouvelle fois à cet engagement. Ce n’était pas rien tout de même. C’était sa vie qui serait en jeu après ça et il serait plus que facile de la faire disparaître de la surface de la Terre. Mais d’un autre côté, si ça pouvait apporter un peu de paix à au cinquième année, si ça pouvait le rassurer et si grâce à ce geste il pouvait comprendre qu’elle serait toujours là pour lui, alors… oui bien sûr qu’elle s’engageait. D’un autre côté, mourir pour celui qu’on aime est loin d’être une mort affreuse. Enfin, pour l’instant il n’était pas question de mourir mais de prêter serment. Relevant fièrement la tête, elle planta son regard pâle et empreint confiance dans celui du brun.

_ Je m’engage à garder le silence sur ce secret quel qu’en soit le prix. Je m’engage à ne pas céder aux menaces et révéler ce même secret à qui ferait pression sur moi et je m’engage à ne jamais parler de ce serment à qui que ce soit, même au plus proche de mes amis.

La jeune fille s’était exprimée d’une voix sûre, sans tremblement. Elle était certaine de ce qu’elle disait. De toute façon elle avait déjà promis alors au fond, ce serment n’était que l’assurance qu’elle tiendrait sa langue. A chaque fois, une langue de feu avait jaillit de la baguette d’Emily qui avait perdu de sa confiance et de sa joie de vivre depuis e début de l’opération. Cette même langue de feu s’enroula autour des poignets des deux Serdaigles, la seconde s’entrecroisant avec la première et la troisième avec les deux précédentes. Sans s’en rendre compte, la jeune fille resserra légèrement la pression de sa main sur celle du brun. La sensation était véritablement étrange, ce flux de magie enroulé autour de son poignet. Emily avait l’air de souffrir le calvaire. Elle sembla hésité un instant à se racler la gorge puis changea d’idée et s’abstint. Elle devait penser que toute intervention intempestive compromettrait l’enchantement, ce en quoi elle n’avait pas tort.

_ Clarisse McBrien tu es à présent liée au secret d’Aïlin Bower, s’il t’arrivait de le révéler et de trahir ce serment, tu le payerais de ta vie.

La formule consacrée avait été prononcée, les langues de feu s’incrustèrent dans la peau des deux adolescents, brûlant au passage un peu de peau, mais sans provoquer de douleur, ni laisser la moindre trace, à part peut être un peu de rouge, mais ça partirait au bout de quelques jours. Cependant, lorsque le lien magique traversa sa chair, la brûlure se fit vive et couru le long de son bras pour se propager dans tout son corps. La sensation était terrible et vive. Heureusement, elle fut brève et s’estompa rapidement. Il n’en avait pas fallu plus à la bleue et bronze pour pâlir un peu et resserrer sa prise sur la main de son camarade. Alors que le feu qui brûlait l’intérieur de son corps s’éteignait, Clarisse se sentit mal. Sa vision se troubla un peu et la tête lui tourna. Les sourcils froncés, elle tenta de titubé vers le banc.

_ Je… ne me sens pas très bien.
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptySam 4 Juil - 18:50:40

Les flammes s'échappèrent et se lièrent aux poignets d'Aïlin, langues langoureusement superposées, symbole de l'union des deux jeunes sorciers. Le Serdaigle était de marbre, insensible au sortilège qui ne s'opérait pas pour lui et qui ne faisait que le caresser d'une douce et apaisante chaleur. Quand les flammes entrèrent dans sa peau, elles ne le soulagèrent d'aucun poids ni ne l'assurèrent sur la sécurité de son secret car les mots utilisés avaient rendu le serment complètement stérile... Au fond de lui malgré tout, il était certain d'avoir définitivement éradiqué les risques quant au degré de confiance qu'il pouvait seulement prêter à la jeune Miss McBrien. La jolie rousse avait eu deux semaines pour réfléchir. C'était peu. S'il n'avait pas fait cela, Miss McBrien risquait de se rendre compte à quel point l'information qu'elle détenait était grave et cela avait été tout le risque : le temps pour réfléchir. Aujourd'hui, elle pensait n'avoir plus d'autre choix que celui de taire le secret d'Aïlin Bower. C'était donc elle qui avait subit tout le choc du sortilège et, lorsque les langues de feu eurent terminé de pénétrer leur chair, elle fit montre de faiblesse. Aïlin n'eut guère le temps de s'enquérir de son état.

« Tu m'as mentit, Aïlin ! Tu ne m'as jamais parlé d'un secret ! Je ne te pensais pas aussi égocentrique, comment peux-tu... »


Le jeune Bower se tourna vivement vers Emily et lui coupa la parole par un geste qui tira un sursaut de surprise à cette dernière. Ses yeux brillèrent de peur lorsqu'ils rencontrèrent ceux glacés et insensibles d'Aïlin.

« Je sais. Mais tu ne m'en tiendras pas rigueur. Oubliettes. »

Normalement, le Serdaigle avait prévu de lancer le sort lorsqu'ils se seraient retrouvés à nouveau seul à seul, mais malheureusement pour elle, Emily n'avait pas sut tenir sa langue et faire preuve d'un peu de sang-froid quelques minutes de plus. Ça n'était pas plus mal après tout, le grand brun s'en sentait moins fautif ainsi et la curiosité déplacée de sa camarade s'en trouvait confirmée, le sort n'était donc pas obsolète.

« Je ne t'ai jamais parlé de Serment Inviolable, ne t'ai jamais fait de promesse en échange de ton aide et tu n'as pas été Enchaîneuse pour un tel sort. Aujourd'hui, nous nous sommes quittés après notre déjeuner aux Trois-Balais car tu voulais aller acheter le reste de tes fournitures manquantes chez l'apothicaire. »

Prononça-t-il à l'adresse de l'ensorcelée. Emily opina de la tête, rabattit ses lunettes sur l'arête de son nez et s'éloigna d'un pas vif en murmurant d'un air vague qu'elle devait aller finir d'acheter ce qu'il lui manquait pour la fin de l'année.
Il commençait à maîtriser vraiment bien ce sort, trouva-t-il, si bien qu'il se fit même la réflexion de s'y essayer sans prononcer une parole, la prochaine fois. Il se reprit bien vite cependant, se rappelant qu'il ne devait en toute normalité pas y avoir de « prochaine fois ». Il n'allait pas commencer à prendre plaisir à lancer ce genre de mauvais sorts, c'était le genre de Torin voir d'Ultan, pas le sien !

Tout en rangeant sa baguette, Aïlin se tourna en direction de Clarisse, qui était encore plus pâle que tout à l'heure, si cela était réellement possible. Il allait pour lui expliquer que son geste avait été nécessaire mais, devant le malaise de la jeune fille, l'Irlandais oublia la nécessité de se justifier et s'approcha d'un pas, tout en caressant du bout de la main gauche le bois irrégulier de sa baguette magique.


« Ton malaise vient du contrecoup du Serment. Ça passera assez vite normalement. »

Murmura-t-il d'une voix grave à l'adresse de la jeune fille. Il l'observa une courte seconde seulement avant de se décider à s'approcher d'elle et de s'assoir sur le banc, à ses côtés. Les préoccupations qui s'étaient apparues en lui lorsqu'il avait posé les yeux sur son ancienne petite amie s'étaient éveillées de plus belles maintenant qu'ils étaient enfin seuls et le jeune homme se pencha légèrement en avant, comme pour être à la hauteur de Clarisse. Ses yeux eurent ainsi le loisir de s'arrêter sur son menton, avant de remonter doucement vers ceux de son interlocutrice.

« Mais il n'y a pas que cela, je me trompe ? »


Dernière édition par Aïlin Bower le Jeu 9 Juil - 11:45:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyDim 5 Juil - 10:56:17

Non, la petite et frêle rousse ne se sentait pas bien, pas bien du tout même. Tout était flou autour d’elle et même un peu sombre, comme si on avait éteint la lumière brusquement. D’ailleurs il n’y avait pas que ça, on aurait dit aussi que quelqu’un s’amusait à tourner et retourner le décor dans tous les sens et franchement ce n’était pas drôle. Elle sentit vaguement qu’elle lâchait sa bouée de sauvetage, c’est à dire la main du jeune homme pour se laisser tomber trois pas plus loin sur le banc. Les yeux clos, elle se tenait fermement au bois pour ne pas vaciller tandis qu’elle essayait de reprendre ses esprits. Elle n’eut cependant pas le temps de respirer, coupée dans son élan par une voix féminine vraiment furieuse.

_Tu m'as mentit, Aïlin ! Tu ne m'as jamais parlé d'un secret ! Je ne te pensais pas aussi égocentrique, comment peux-tu...

Sous le coup de la surprise, Clarisse rouvrit les yeux. Hum. Ce n’était pas forcément la meilleure chose à faire parce si le bateau tanguait nettement moins, de petites étoiles noires avaient envahi son champ de vision, l’empêchant de distinguer la scène avec netteté. Et puis de quoi parlait la blonde ? Qu’est-ce qu’Aïlin avait bien pu lui raconter ? La Serdaigle n’eut pas encore l’occasion de s’appesantir sur le sujet que déjà le cinquième année coupait la parole à sa complice.

-Je sais. Mais tu ne m'en tiendras pas rigueur. Oubliettes.

Abasourdie, l’Ecossaise entendit le jeune homme ordonner à la blonde d’oublier tout ce qui s’était passé, d’oublier qu’elle avait servi d’enchaîneuse, qu’Aïlin lui avait promis elle ne savait quoi en échange de ce service, promesse que visiblement il n’avait pas le moins du monde l’intention d’honorer et à la place il lui mit en tête si on peut dire ça comme ça qu’elle avait des courses à faire chez l’apothicaire. Lorsqu’il eut terminé de lui modifier la mémoire, la jeune fille tourna les talons, l’air réellement préoccupé et la maigrichonne si elle ne vit pas clairement ce qu’elle faisait l’entendit marmonner quelque chose à propos de fournitures, de fin d’année et de galions, comme si elle ne les avait pas vus. On aurait dit une espèce de somnambule, c’était un peu effrayant d’ailleurs.
La jeune fille se demanda si Aïlin avait lancé un sort d’oubli pour de vrai. Non parce que c’était tout de même grave. On ne modifie pas impunément la mémoire de quelqu’un, c’est un acte qui peut avoir de lourdes conséquences sur l’individu ensorcelé et qui peut le perturber à un point que l’on n’imagine même pas, elle l’avait lu dans un livre sans se souvenir pour autant duquel. Quelque chose en elle lui soufflait que ce n’était pas bien, que le garçon avait franchi une limite à l’instant ou la formule avait dépassé ses lèvres, mais une autre part d’elle-même ne pouvait que lui donner raison. Il ne pouvait pas prendre le risque que son amie parle de ce qui s’était passé à qui que ce soit. Alors certes la méthode était rude mais la fin justifiait parfois les moyens non ?! Aïlin ne voulait pas finir ses jours à Azkaban, chose qu’elle comprenait parfaitement alors elle pouvait bien excuser ce petit sortilège qui au final leur simplifiait bien la vie à elle, à lui et aussi à … comment s’appelait-elle déjà ? Ah oui, Emily.


-Ton malaise vient du contrecoup du Serment. Ça passera assez vite normalement.

Sans aucun doute, d’ailleurs, sa vue s’était beaucoup améliorée et était quasiment revenue à la normale, quant à sa tête, elle était de nouveau bien ancrée sur ses épaules.

_ ça va mieux. Assura-t-elle.

C’était étrange le contraste entre le Aïlin qui avait jeté un sort à Emily et celui qui s’adressait à elle, on aurait dit deux personnes distinctes.
Le brun s’approcha et vint s’asseoir à côté d’elle sur le banc, comme si de rien n’était, mais…


-Mais il n'y a pas que cela, je me trompe ?

La rousse releva sur lui un regard fatigué tandis qu’un sourire triste étirait le coin de ses lèvres. Elle n’était pas tellement surprise qu’il ait remarqué que en effet quelque chose n’allait pas, elle n’avait fait aucun efforts pour le cacher. Trop dur. Ça aurait demandé trop d’énergie, énergie dont elle ne disposait pas du moins pas si elle voulait pouvoir faire face à ce qui l’attendrait après, quand elle verrait Océane et qu’elle ne saurait pas quoi lui dire, quand Lilian se précipiterait dans les bras de sa mère, les joues noyées de larmes et qu’elle resterait simplement plantée là, se sachant incapable de les consoler et n’osant pas sortir, de peur de leur faire encore plus de peine. Oh ça ne serait pas simple, rien que d’y penser, ça l’angoissait déjà.
Elle resta muette un long moment.
Devait-elle faire par de cet événement tragique à son ex-petit ami ? Avait-elle seulement envie d’en parler à quelqu’un ? A cette question la réponse était non, elle n’avait pas envie de raconter sa vie simplement besoin de dire à haute voix ce qu’elle ressentait sans que ses paroles ne se perdent dans une oreille inattentive. Mais Aïlin… Si seulement elle avait eu une amie, je veux dire une amie sincère en qui elle ait confiance, quelqu’un qui ne la jugerait pas et qui l’écouterait sans l’interrompre, même si elle ne partageait pas sa vision des choses. Ce n’était pas le cas. Bien sûr ces derniers temps, elle s’était rapprochée de quelques personnes. Cependant il était encore tôt, bien trop tôt pour qu’elle leur livre autant de choses.

Et lui, il était là. Il la connaissait probablement mieux que quiconque à Poudlard. Et il lui avait demandé ce qui clochait. Elle avait besoin de parler… autant le lui dire à lui puisque de toute façon ils n’allaient pas se recroiser avant longtemps. Et puis il lui avait livré son propre secret autrement plus douloureux et lourd.
Elle détourna la tête, fixant un point imaginaire au loin avant de se lancer.


_ J’aurais sans doute du faire comme si de rien n’était, ça t’aurais évité de devoir me demander ce qui n’allait pas. Je suis désolée, ce n’est pas très intéressant.

Du coin de l’œil, elle guetta la réaction du bleu et bronze, se doutant que ses paroles n’étaient pas pour lui plaire. Mais après tout, qui lui garantissait qu’il ne s’était pas uniquement inquiété par politesse ? D’accord l’idée qu’il sorte avec la blonde était absurde après le sortilège qu’il lui avait lancé mais ce n’était pas pour autant qu’il avait envie de rester avec elle. Comme il l’avait dit plus tôt, il n’avait sans doute pas que ça à faire.

_ Tu n’es pas obligé de rester à écouter tu sais. Tu as probablement mieux à faire.

De nouveau elle s’interrompit quelques secondes avant d’entamer son explication d’une voix neutre d’où ne perçait aucun sentiment, sans même vérifier que son interlocuteur était toujours là.

_ Je ne rentrerai pas à Poudlard en fin d’après-midi, comme tous les autres. Mon frère et mes cousins non plus. Nous allons au cottage parce que demain, il y a un enterrement. Sans doute quelque chose de très triste et j’imagine qu’il y aura pas mal de monde, des gens du ministère sans doute, des gens d’ailleurs aussi il connaissait beaucoup de gens. Je crois même que certains ont fait le déplacement depuis les Etats-Unis … mais c’est un peu hypocrite. A quoi ça leur sert de venir le voir se faire enterrer, il est mort, maintenant c’est trop tard. Ils croient peut être que c’est lui rendre hommage que de venir le contempler dans cet état, mais moi je crois qu’il n’aimerait pas. Il aurait préféré un enterrement simple, sans tous ces gens, sans ces représentants du ministère qui feront un beau discours sur lui mais qui ne le connaissaient pas. Il aurait préféré qu’on pense à lui souvent et qu’on cueille quelque fois des fleurs pour lui.

Elle s’interrompit un instant, comme plongée dans un souvenir. Elle n’en avait jamais vraiment parlé avec lui mais elle connaissait son père. Quelques secondes de silence s’écoulèrent avant qu’elle ne reprenne la parole.

_ Je ne t’ai pas dit comment il est mort. Il y aura sans doute un article dans la gazette la semaine prochaine, ils ne peuvent pas laisser passer ça. Alors autant te le dire tout de suite, ça revient au même. Il a été égorgé dans son bureau parce que ses parents étaient moldus.

Dans sa dernière phrase, un faible éclat de colère fit vibrer sa voix qui jusque là était restée monotone. Elle aurait aussi bien pu parler de la plus et du beau temps, son ton n’aurait pas été différent. Sentant qu’Aïlin allait peut être dire quelque chose si elle restait muette plus longtemps, elle se redressa et planta son regard dans le sien, très sérieuse.

_ Lui, c’est mon père.
Mais je ne suis pas triste, enfin pas vraiment, parce qu’il est là.


Elle posa sa main sur son cœur.

_ C’est juste que l’idée d’assister à ça demain me donne envie de vomir…

De nouveau elle détourna le regard. Il devait avoir oublié mais elle était toujours aussi mal à l’aise dans la foule que la fois où elle avait faillit refuser d’aller au bal avec lui à cause de ça. Tendant la main, elle attrapa son sac dans lequel elle farfouilla quelques instants avant de sortir un morceau de sucre enveloppé dans du papier. (Bah oui c’est un sac de fille, vous savez, le truc dans lequel une chatte ne retrouverait pas ses chatons.) Elle défit tranquillement l’enveloppe en papier et porta le sucre à ses lèvres.

Un peu de glucose ne lui ferait pas de mal …
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyLun 13 Juil - 20:07:24

La réponse de Clarisse n'étonna guère Aïlin, qui se contenta de lui adresser un regard en biais lourd de signification. Il avait l'habitude de ce genre de réaction de la part de la jolie rousse, qui semblait toujours estimer que quoi qu'elle ait à dire, c'était ennuyeux, dépourvu d'intérêt. Les ennuis d'autrui était toujours ennuyeux, c'était vrai. Parce qu'il était malaisé de trouver les mots qui puissent réconforter le souffrant. Être spectateur d'une souffrance extérieure donnait une désagréable sensation d'inutilité. Cela ne signifiait pas qu'on ne pouvait ressentir la peine ou l'angoisse de la personne, ni de vouloir être, ne serait-ce qu'un instant, présent dans le but de prodiguer un peu de chaleur humaine. Malgré sa saute d'humeur passagère, c'était ce que désirait Aïlin, sans arrière pensée. Et l'exercice était d'autant plus délicat que le proche peiné n'était autre que son ancienne petite amie qu'il avait cruellement abandonné à son sort sans la moindre explication. Bien sûr, il s'était rattrapé depuis, mais ce qu'il avait brisé entre eux, et peut-être en elle particulièrement, il ne pourrait pas le réparer d'un claquement de doigt, ni par des excuses aussi pertinentes étaient-elles, il en avait parfaitement conscience. Et cela le rassurait d'un côté. Cela l'aidait à se fixer des limites quant à l'attitude à adopter vis-à-vis d'elle.

Le jeune Bower ne prononça pas un mot, ni n'esquissa un geste tant que Clarisse parlait. Elle semblait n'avoir besoin que de laisser couler de sa bouche telles une vague bienfaitrice ses angoisses afin de les expulser loin de son cœur et il la laissait faire, malgré la sensation de ténèbres qui s'engouffrait en lui au fur et à mesure que les paroles atteignaient ses oreilles. La mort lui attirait une sensation de déjà vu, en parler de la sorte semblait plonger de pénombre un ciel pourtant rayonnant d'azur et d'or. De qui McBrien parlait-elle ? Elle laissait traîner le suspens, à moins que le dire de vive voix était un exercice encore difficile, il le comprenait. Pendant longtemps, Aïlin n'avait put parler de la mort de son père, comme si le sujet était scellé par le sigle du Tabou. Certainement pas pour les même raisons que Clarisse, malgré tout.
Les yeux de cette dernière se plantèrent dans ceux d'Aïlin, qui était resté parfaitement neutre. C'est à ce moment là que la conclusion de l'histoire tomba entre eux telle une pierre : la jeune fille parlait de son père, sauvagement assassiné à cause de ses origines. Un glaçon semblait être entré dans les poumons du jeune Bower, tandis que le visage de Torin lui apparaissait subitement, profitant de liaisons sournoises dans l'esprit de l'adolescent pour surgir tel un fantôme. Malgré lui, une espèce de culpabilité lui avait vicieusement pincé le cœur, si bien que d'un mouvement lent, l'adolescent détourna la tête. Il n'était pas responsable du mode de vie malsain de son frère, ni des actes qu'il pouvait faire, il n'était peut-être même pas lié à ce meurtre, mais un fil conducteur reliait le crime aux mangemorts et indirectement à l'aîné des Bower... Puis finalement à Aïlin, malgré lui, comme un membre gangréné rattaché de force à lui-même. Ces actes le salissaient comme s'il en avait été l'un des coupables. Il n'en dit cependant pas un mot et quand Clarisse reprit la parole il se força à reposer ses yeux sur elle.

Elle était courageuse, capable d'admettre la mort d'un être cher avec la force d'une personne adulte et responsable et se voyait déjà porter le fardeau du deuil non pas comme une enfant éplorée, mais comme l'aurait porté une femme. Ça n'était pourtant pas son rôle : elle était une sœur, pas la mère des autres enfants touchés par le drame. Et elle n'était pas responsable de la mort de son père. Tout comme lui, d'ailleurs, ne l'était pas indirectement. Il devait cesser de se sentir lié aux actes criminels qui se répandaient dans l'Angleterre. A cette pensée, Aïlin se fit plus dur intérieurement. Ses doigts se crispèrent et se décrispèrent sur son genou et il leva les yeux vers le ciel. Le chant des oiseaux baignait l'atmosphère d'un calme paisible, indifférents à tous les maux des hommes.


« Ça n'est pas à toi de porter ce poids là. »

Murmura-t-il lentement tandis que son regard s'attardait sur un nuage un peu plus sombre qui glissait sur le ciel d'un bleu éclatant au dessus d'eux.

« On ne peut te demander de porter en plus de ton propre chagrin celui des autres. Tout le monde comprendra à quel point cela serait dur pour toi. ...Mais je comprend la difficulté de supporter une telle cérémonie. »

Les larmes, les vœux piteusement présentés par des inconnus concernés que de loin, les regards compatissants, tout cela avait même un on ne savait quoi de rabaissant, de surfait, surtout. La perte creusait un fossé dont tous les enterrements les plus tristes pouvaient-ils être n'étaient que l'ombre de sa représentation. C'était pourtant nécessaire.

« Contente-toi de lui dire adieu comme il l'aurait aimé, et comme toi tu le veux. »

Bower se retourna enfin vers Clarisse. Ses yeux assombris se posèrent d'abord sur ses jambes, là où l'une de ses mains se trouvait, comme s'il n'osait pas encore la regarder en face, mais remontèrent au bout de quelques secondes dans ceux de la jeune fille.

« Sois forte, je suis sûr que tu le peux. Il le faut... » Une ombre noire glissa sur les iris océan du garçon. « Tout cela ne fait malheureusement que commencer. »

D'un geste doux mais ferme, Aïlin attrapa la main libre de Clarisse et la serra dans la sienne, comme s'il avait voulut effacer les propos cruels mais ô combien vrais qu'il venait de prononcer. Ce faisant, il glissa son autre main dans l'une de ses poches et en ressortit une petite tablette de chocolat emballée dans un papier sombre qu'il lui présenta.

« Tiens, c'est meilleur contre les angoisses. »


Prononça-t-il sur un ton qu'il essayait de faire un peu plus joyeux et en accompagnant ses mots d'un sourire. Ainsi, il voulait transmettre un peu de chaleur dans le cœur refroidit de la Miss McBrien, de lui faire profiter une dernière fois de la journée du beau temps et d'un peu de paix, chose dont elle serait bientôt privée. Il ignorait si c'était la réaction que désirait Clarisse, mais il ignorait quoi faire de mieux.
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyVen 24 Juil - 20:26:57

Alors que la Serdaigle commençait à déballer son piètre morceau de sucre, le silence s’installa entre les deux adolescents. Pas facile de prendre la parole après une telle déclaration et le garçon devait se sentir bien bête et regretter amèrement de l’avoir écouté. Maintenant qu’elle lui avait révélé ce qui n’allait pas, elle était quasi certaine qu’il se mordait les doigts de lui avoir posé la question. Parfois il valait mieux s’abstenir et ne pas pousser la curiosité trop loin, à moins que ce ne soit de la courtoisie ou de la politesse, quelque chose du style. Quoi qu’il en soit, la vérité pouvait se révéler trop lourde à entendre. Oui elle imaginait bien à quel point ce qu’elle venait d’avouer pouvait se révéler désagréable aux oreilles du garçon. A lui qui avait volontairement mis un terme à l’existence de son paternel, à lui qui appartenait à une famille d’hommes violents. Elle n’avait jamais vu Torin à l’action et c’était heureux mais elle ne doutait pas de ses capacités, quant à Ultan, ce n’était plus à prouver…

_ Ça n'est pas à toi de porter ce poids là.

C’était la douce voix d’Aïlin qui la sortait de ses songes. Un sourire triste étira ses lèvres. Et lui, était-ce son rôle de protéger Lynn et maintenant la petite dernière de son père et de ses frères ? Etait-ce à lui de porter tout le poids du monde sur ses épaules ? Etait-ce à lui de supprimer la menace de Devin ? Certainement pas et pourtant il l’avait fait. Il avait enduré tout ça sans qu’elle ne l’entende jamais se plaindre, il avait supporté l’impérium et Merlin sait quelles autres expériences toutes aussi charmantes. Elle ne connaissait pas les réjouissances les plus sordides mais se doutait qu’il y avait de quoi faire des cauchemars toutes les nuits. Elle-même n’en aurait selon toute probabilité pas supporté autant. Alors en comparaison de ce que lui avait vécu, Clarisse se considérait comme chanceuse et relativement bien préservée des méfaits de la vie. S’il ne s’était agi de son père, elle en aurait presque ri.

_ Ce poids là n’est pas si lourd…

Il semblait même très léger. L’Ecossaise ne fit pas part de ses réflexions personnelles à son ex petit-ami, jugeant qu’il n’avait probablement pas envie de remuer le couteau dans la plaie. C’était assez dur à vivre comme ça pour lui. C’était aussi en partie ça qui les avait séparés, avant que les sentiments ne s’en chargent pour de bon, du moins en ce qui le concernait lui, pensait-elle.
Il ajouta quelques paroles à propos de la cérémonie de l’enterrement, réveillant les angoisses de la demoiselle. Etrangement, ce qui l’inquiétait le plus n’était pas de ne plus jamais revoir la tignasse rousse de son père voleter autour de son visage enjoué mais d’affronter les regards, la peine réelle de ses proches et celle feinte d’étrangers qu’elle ne reverrait jamais et qui ne viendrait jamais non plus se recueillir sur la tombe du défunt, du regretté et dévoué employé du ministère, qui avait de toute façon déjà été remplacé et avec empressement, au moins officieusement puisque officiellement il convenait d’observer une période de deuil, histoire de montrer la peine de perdre quelqu’un d’aussi efficace. En réalité, cet assassinat les arrangeait bien. Comme ça ils n’auraient pas à se donner la peine de le virer pour mettre quelqu’un d’autre à sa place.

C’était…


_..pitoyable… s’entendit-elle murmurer à haute voix.

Le comportement de ces gens la répugnait. Comment pouvait-on à ce point être sans cœur, inhumain et calculateur ? Si elle en avait eu le courage, elle aurait imaginé un discours bien senti à leur balancé au visage après l’enterrement, elle aurait préparé des paroles acerbes à leur cracher dessus pour leur montrer sa façon de penser. Mais elle n’était pas courageuse. Pas comme ça et elle savait qu’elle resterait là, immobile à les regarder défiler, sans rien dire.

Couardise…


_Tout cela ne fait malheureusement que commencer.

C’était à nouveau la voix d’Aïlin qui la sortait de ses pensées. Il affichait une mine sombre, de circonstances.

_ Je sais…

L’aiglonne n’était pas idiote. Elle savait qu’elle avait eu beaucoup de chance jusqu’à présent et à part un oncle disparu quelques années plus tôt sans donner de nouvelles, sa famille avait été épargnée. D’ailleurs à entendre les murmures entre Océane et Carlisle ce n’était pas une grosse perte. Ils avaient même l’air content d’être débarrassés de l’ignoble personnage qui était pourtant leur propre frère. Enfin bref. Tout ça avait commencé par l’attaque de Will un peu plus tôt et Clarisse avait immédiatement compris que « ça ne faisait que commencer ». Le sort lui avait donné raison puisque son père avait été la victime suivant. Mais qui serait le prochain ? Allait-elle devoir perdre quelqu’un qu’elle aimait une nouvelle fois ? Et qui pourrait-ce être ? Allez, faîtes vos jeux, rien de va plus ! Sur qui allez-vous miser ?

_Tiens, c'est meilleur contre les angoisses.

La quatrième année sentit la main du jeune homme se saisir de la sienne et la serrer un peu tandis que de l’autre il lui proposait une barre de chocolat. Elle ne le regarda pas avec incrédulité comme l’aurait fait n’importe quelle adolescente amoureuse à sa place. Non, elle se contenta de relever la tête, son regard bleu croisant celui de son camarade, avant d’accepter d’un sourire. Ce comportement était certes inattendu de la part du beau brun mais elle n’allait pas s’en plaindre. Elle prit donc le chocolat et se trouva fort ennuyée de constater qu’il était emballé dans du papier foncé et qu’à l’évidence elle aurait besoin de ses deux mains pour l’en libérer. Elle hésita une fraction de secondes avant de se décider et de relâcher à regret les doigts d’Aïlin.

_ Merci.. murmura-t-elle.

Oui merci, et pas seulement pour le chocolat qu’elle s’apprêtait à avaler. Merci d’être là, de l’avoir écoutée même si ça avait été pénible, d’être resté et de lui avoir témoigné un semblant d’affection. Son geste –de lui prendre la main- lui avait apporté bien plus de réconfort qu’autre chose. Et la barre de chocolat qu’il lui avait donnée… ce qu’elle voyait c’est que même si elle ne comptait plus pour lui, elle existait tout de même un peu et c’était mieux que rien, mieux que le silence qui les avait séparé pendant de longs mois. Elle sourit en avalant un carreau de chocolat. Il avait visé juste, elle avait plus que besoin de manger quelque chose de sucré. Elle qui ne mangeait presque plus rien depuis… des jours, peut être des semaines, elle avait perdu le compte, avait totalement perdu l’appétit depuis qu’elle avait appris la nouvelle. C’était d’ailleurs ce qui expliquait son léger malaise quelques minutes plus tôt ainsi que sa maigreur affolante.

Le silence s’était installé entre les deux jeunes et la Serdaigle n’était pas décidée à le briser. Elle avait plutôt envie d’en profiter parce qu’elle savait qu’après ils n’auraient rien d’autre à se dire qu’un au revoir ou un adieu, qu’après, elle devrait faire face à ce à quoi elle tentait vainement d’échapper pendant quelques minutes. Alors, sans le regarder, elle se rapprocha inconsciemment et posa sa tête rousse sur son épaule à lui. Sans rien dire. Oh elle ne se faisait pas d’illusion et son geste n’avait rien de séducteur, elle était à des milliers d’années lumières de ça. Non, elle avait juste besoin d’un peu de chaleur humaine comme n’importe quelle personne normalement constituée, elle avait besoin de l’épaule d’un ami, de quelqu’un sur qui se reposer un peu avant d’être jetée dans la cage aux lions. Pas de chance pour lui, c’était Aïlin qui lui passait sous la main à ce moment là. De toute façon elle ne voyait pas bien qui d’autre aurait pu prendre cette place, à part… personne.

La jeune fille resta ainsi, immobile, légèrement appuyée contre lui, et les yeux perdus dans le vague. A quoi pensait-elle ? Elle l’ignorait. Elle ne pensait à rien en particulier, à tout en général, à la forme amusante que prenait ce nuage blanc et cotonneux, au-dessus de leurs têtes, à cet oiseau qui s’envolait en chantant un peu plus loin, au vent qui ébouriffait quelques unes de ses mèches de cheveux, les envoyant caresser son visage, lui chatouiller le bout du nez…Elle était bien.
Ses paupières se firent lourdes et sans s’en apercevoir, elle bascula rapidement dans un sommeil léger. Rien d’étonnant à cela. Elle avait fait tellement de cauchemars ces dernières nuits qu’elle avait très mal dormi. Ses angoisses permanentes l’avaient fatiguée et là bercée par le murmure du vent, les conditions étaient réunies…
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyMer 29 Juil - 16:04:12

La main de Clarisse se défit de celle du jeune homme tandis qu'elle déballait la plaquette de chocolat qu'il lui avait généreusement offert. Vidée de la main fraîche de la jeune fille, elle retomba sur la cuisse non moins douce au toucher de la demoiselle, avant de s'évader vers le dossier du banc, comme surprise par ce contact indélibéré. Avec lenteur, cependant, comme avec regret. Il fallait dire que le bois du banc paraissait bien rêche en comparaison, un instinct qui n'avait rien de raisonnable aurait aimé ne pas cesser ce contact là. Mais Aïlin ne voulait pas penser à ces choses là, c'était un terrain glissant vers lequel il n'avait pas la force de se diriger pour le moment. Pour le moment...? Il avait déjà fait bien assez de mal dans la vie de la jolie rousse pour en rajouter davantage. Chercher un contact autre qu'amical avec la jeune fille lui paraissait presque indécent, après la manière dont il lui avait fermé au visage les portes de sa vie.

Le silence qui régnait entre eux était si léger que ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir le briser, pourtant, il s'avérait être en parfaite contradiction avec le poids qui alourdissait les battements du coeur du jeune homme. En comparaison à l'expression de visage de Clarisse, le cadet Bower avait l'impression d'avoir moins bien encaissé la conversation qu'elle. Savoir qu'un drame avait touché la famille McBrien ne le laissait pas indifférent, mais, surtout, parler de la mort était comme remuer la fange cachée dans les bas-fonds du Manoir Bower. De sombres souvenirs reparaissaient à la surface. Des souvenirs dont Aïlin se serait volontiers passé, qui ne méritaient que de rester enfouis sous la bourbe qui entachait son passé. Et la proximité à la fois familière et nouvelle de Clarisse ne l'aidait pas à se dépêtrer des images du passé qui l'affligeaient.
Le calme, cependant, finît d'avoir raison de lui...

Les oiseaux chantaient en traversant le ciel limpide, la brise soufflait une mélodie mystérieuse à travers les branchages de quelques vieux arbres épars, et bientôt un poids à peine plus lourd qu'un posé de papillon s'appuya contre l'épaule du jeune homme. Quelques mèches de cheveux flamboyants glissèrent au creux du son cou en chatouillant délicatement la peau fine de sa gorge. Ce contact bien qu'agréable le gêna : il réveillait en lui des envies qu'il préférait refouler. Mais lorsqu'il tourna la tête en direction de Clarisse, celle-ci semblait si paisible qu'il n'eut pas le coeur de la repousser. Un sourire traversa même ses lèvres alors qu'il l'observait fermer les yeux. Elle semblait épuisée. Ses traits étaient tirés malgré le calme dont elle était empreinte. Des cernes fins s'étaient creusés sous ses yeux, sûrement avait-elle peu dormit ces dernières nuits, ce qui aurait été parfaitement compréhensible.
Les yeux du jeune homme glissèrent plus bas, et tandis que la jeune fille s'assoupissait, il eut le loisir d'observer la maigreur surprenante qui rongeait ses formes de jeune fille. Clarisse n'avait jamais été bien épaisse, mais cette finesse là était presque malsaine, elle ne lui allait pas. Elle avait été certainement plus touchée par le meurtre de son père qu'elle ne l'avait laissé paraître, pensa-t-il, et l'espace d'un instant, il envia le deuil de la jeune fille. Hormis Lynn, peut-être ne regretterait-il plus beaucoup d'autres membres de sa propre famille, supposait-il, mais cette constatation, loin d'être un soulagement, ne faisait que renforcer la lassitude du cadet Bower. Bien sûr, il ne désirait pas la disparition de ses deux frères aînés, mais on ne pouvait pas dire que ces derniers l'avaient aidé à éprouver ne serait-ce qu'un semblant d'amour fraternel envers eux. Ce qu'il aurait regretté avant tout aurait été cela plus que leur propre personne.

Le fil de ses pensées fut troublé par un événement anodin, mais qui le rappela à la réalité. Dans son léger sommeil, Clarisse avait lâché la plaque de chocolat qui glissa sur ses jambes en direction du sol. D'un geste rapide quoique délicat, Aïlin rattrapa la fuyarde en bousculant légèrement la tête de Clarisse qui reposait contre lui. Avec un sourire navré, le Bleu et Bronze glissa cette dernière dans le sac encore ouvert de son amie.


« Tu devrais profiter du calme au château pour aller te reposer un peu si tu en as encore le temps, ça te ferait du bien. »


Lui murmura-t-il avant de se redresser.

« Manger aussi, d'ailleurs. Ne te laisse pas ronger par l'angoisse, cela ne peut que te faire du mal, je ne le sais que trop bien. Et, surtout, Clarisse... »

Aïlin se releva et tendit la main à la jeune fille afin de l'aider à en faire de même.

« Je pense que je te l'ai déjà dit, mais n'hésites pas à venir me voir si tu as besoin de quoi que se soit. Être seule dans de pareilles épreuves n'est bon pour personne. Si tu en éprouves l'envie, tu pourras m'écrire pendant les vacances scolaires, au cas où tu aurais besoin d'un autre interlocuteur que ta famille proche... »

Aïlin n'avait encore jamais proposé à qui que se soit la moindre correspondance et si proposer cela aurait put paraître anodin chez n'importe qui d'autre, ça ne l'était pas pour lui. Il fallait dire qu'autrefois, épié comme il l'avait été, il n'aurait jamais prit la liberté de proposer une telle chose. Aujourd'hui, c'était différent. Il ne restait plus que Lynn et Torin au Manoir, et le Serdaigle était quasiment certain que son aîné avait des choses autrement plus importantes à faire que d'espionner son jeune frère à travers son courrier.
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MessageSujet: Re: A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé]   A la vie à la mort, surtout à la mort [6ème année Terminé] EmptyDim 16 Aoû - 12:14:55

Clarisse avait glissé doucement, presque imperceptiblement dans les méandres du sommeil. Un sommeil léger, agréable et paisible, un sommeil tant attendu mais en vain le soir dans son lit. Sa voisine de dortoir, Niallàn l’avait interrogée du regard en constatant les larmes qui coulaient sur ses joues mais la rousse avait esquissé une grimace se rapprochant du sourire en guise de réponse. En vérité, elle n’avait pas osé lui parler de ce qui était arrivé. La Galloise n’avait pas été dupe, Clarisse en aurait mis sa main au feu mais elle n’avait pas insisté, respectant la distance imposée par sa cadette. C’était comme ça entre elles depuis l’arrivée de l’Ecossaise à Poudlard, depuis qu’elles se côtoyaient. Et c’était très bien.
Alors que son esprit vagabondait loin de Pré-au-Lard, du château et des atrocités commises en ce bas-monde, le temps s’écoulait invariablement et les secondes en habit de bal se présentaient une à une à la guillotine du temps, et leurs têtes tombaient tristement. Leur vie était courte et insignifiante aux yeux des hommes, mais au fond, la vie des hommes n’était-elle pas elle-même courte et insignifiante devant le temps ?
Dans son sommeil, l’adolescente lâcha prise sur le reste de sa barre au chocolat. Heureusement, le brun était là et la rattrapa avant qu’elle ne s’écrase sur le bitume d’un geste rapide et expert. Seulement pour accomplir ce geste héroïque son bras bougea et la tête de notre aiglonne roula légèrement contre le dossier du banc. Il n’en fallut pas plus pour l’éveiller. Elle cligna des yeux, légèrement hébétée. Elle ignorait naturellement combien de temps elle était restée ainsi, la tête calée contre l’épaule du jeune homme. Ça aurait pu être deux minutes ou bien deux heures, au fond, ça n’avait pas tellement d’importance. Elle se redressa doucement en étirant discrètement ses membres
.

« Tu devrais profiter du calme au château pour aller te reposer un peu si tu en as encore le temps, ça te ferait du bien. »

Aïlin avait l’air sincèrement désolé d’avoir bougé, il avait l’air mignon comme ça, mais ça bien sûr, Clarisse le censura. Ce n’était pas le moment de penser à des choses pareilles. Elle se contenta donc de lui sourire en retour et de lever les yeux au ciel à la recherche de l’astre sacré. Le soleil avait déjà bien avancé dans sa course et l’après-midi semblait plus que bien entamé. Reportant son attention sur le garçon, elle lui sourit tristement.

« Ce serait une bonne idée mais je crois qu’il est trop tard. Mon oncle ne va pas tarder à arriver… »

Malheureusement, manqua-t-elle d’ajouter. Elle n’avait pas plus envie de rentrer chez elle maintenant que quelques heures plus tôt mais il le fallait. La vie était injuste c’était bien connu, vous obligeant parfois à affronter des épreuves désagréables et auxquelles vous êtes forcés de faire face, bon gré mal gré. Cependant son entrevue avec le jeune Bower l’avait aidée à se sentir prête à affronter tout ça. Ça lui avait fait le plus grand bien de pouvoir parler un peu avec quelqu’un qui la connaissait, quelqu’un d’autre que ses cousins ou son frère.

« Manger aussi, d'ailleurs. Ne te laisse pas ronger par l'angoisse, cela ne peut que te faire du mal, je ne le sais que trop bien. Et, surtout, Clarisse...
Je pense que je te l'ai déjà dit, mais n'hésites pas à venir me voir si tu as besoin de quoi que se soit. Être seule dans de pareilles épreuves n'est bon pour personne. Si tu en éprouves l'envie, tu pourras m'écrire pendant les vacances scolaires, au cas où tu aurais besoin d'un autre interlocuteur que ta famille proche... »


Le cinquième année s’était levé et lui tendit une main qu’elle saisit prudemment. Manger. Elle mangeait, pas de doute là-dessus. Le seul souci c’est qu’elle n’avait pas faim du tout, que tous les plats qui apparaissaient les uns à la suite des autres sur la table des aigles, dans la grande salle, lui donnaient plus envie de vomir que de se nourrir. Alors elle se forçait un peu mais le cœur n’y était pas. Pouvait-on vraiment la blâmer pour ça ? Et était-ce donc si flagrant que même le bleu et bronze qu’elle ne croisait qu’en de rares occasions l’avait remarqué ? Elle n’avait jamais été bien épaisse, mais en toute objectivité, elle devait bien reconnaître que jamais elle n’avait à ce point ressemblé à un squelette ambulant. Enfin presque. Elle voulut ignorer la remarque du jeune homme à ce propos mais c’était difficile parce qu’il avait raison et elle le savait même si le reconnaître lui coûtait cher. L’Ecossaise aurait voulu lui mentir comme à tous les autres, et affirmer qu’il se faisait des idées, qu’elle allait bien et qu’elle mangeait à chaque repas et plus que de raison. Mais ça ne servait à rien et elle n’en avait pas la force, tout comme elle n’avait pas la force de croiser son regard sombre. Elle détourna la tête.

« J’aimerais bien tu sais .. mais… je n’ai pas tellement faim… tout est.. mauvais.. enfin je trouve… »

Elle avait un peu honte de ça. Mais ce n’était pas sa faute pas vrai ?! Elle n’y pouvait pas grand chose si les mets avaient perdu de leur saveur, s’ils avaient un goût de sable et une texture bizarre. Pourtant des fois elle aurait bien mangé quelque chose comme un de ces gâteaux qui lui faisait Will lorsqu’elle était enfant. Mais lorsqu’elle se retrouvait face au plat en question, elle n’en avait plus envie. La jeune sorcière secoua la tête, comme pour chasser de son esprit ces pensées désagréables. Ses yeux se posèrent sur son sac et elle le ramassa, passant la bandoulière par-dessus son épaule, elle se retourna pour faire face au Serdaigle. La quatrième année était un peu intimidée, elle avait envie de lui dire un tas de choses de lui exprimer sa gratitude pour les quelques paroles qu’ils avaient échangées mais les mots qui lui venaient en tête ne correspondaient pas. Ils paraissaient faux. Alors elle se contenta de s’avancer, de prendre sa main et de la presser dans la sienne.

« Merci. »

De l’avoir écoutée, de s’être inquiété pour elle, d’avoir été là. Ça pouvait sembler peu de choses mais c’était important pour elle. Et puis il lui proposait de rester en contact avec lui pendant les vacances par hibou. C’était plus qu’elle n’aurait pu espérer. Après quelques secondes de silence, elle lui sourit de nouveau, contente qu’il ait été là.

« Bon et bien… je vais devoir y aller. Mon oncle nous attend aux Trois Balais il vaudrait mieux que je ne sois pas en retard sinon ils vont s’inquiéter. »

Elle fit une pause et baissa les yeux.

« Je t’écrirai… »

La rousse lâcha s’approcha encore un peu, se hissa sur la pointe des pieds et déposa un léger baiser sur la joue du brun puis lâcha sa main et recula. Entre amis ça se faisait non ?! Elle ne savait pas bien pourquoi elle avait fait ça mais il était de toute façon trop tard pour revenir en arrière. Elle sentit ses joues s’empourprer tandis qu’elle s’éloignait. C’était idiot. Plusieurs mètres plus loin, elle s’arrêta et se retourna, les yeux brillants.

« Prends soin de toi Aïlin… »

[hj] Terminé pour moi. I love you [/hj]
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