La porte s'ouvrit dans un grincement, laissant pénétrer un léger courant d'air qui fit basculer la flamme des torches accrochées au mur. Aïlin redressa la tête et planta son regard impénétrable sur Lynn. Lynn... Les muscles tendus, le regard dur, il n'eut pas de réponse aimable à sa salutation timide.

Il mourrait de peur... Qu'allait-il se passer ? Incapable de parler, de faire le moindre geste, il tenta désespéremment de repousser la haine qui s'insinuait en lui. Mais rien n'y fit.
Lorsqu'elle reprit la parole, Aïlin ne put s'empêcher de grimacer, accompagnant son rictus d'un mouvement de tête méprisant.
Comment osait-elle faire semblant de ne rien se douter ? Quelle petite traînée hypocrite et sournoise ! Après tout ce qu'elle avait osé faire, tous les gens qui avaient payé pour son bon plaisir, tous les coups qu'il avait reçut pour elle ! Et elle, elle se comportait comme une la dernière des hypocrites !

A gestes lents, presque félins, Aïlin se redressa de toute sa hauteur pour s'approcher à pas lent du centre de la pièce.

- Ca l'est en effet. Tu n'as pas idée du sujet que nous allons devoir aborder ?
Demanda-t-il d'une voix doucereuse.
- C'est vrai, j'oubliais, ajouta-t-il en se frappant le front, ta famille sont ces Brown maintenant. Tu te fiches bien de tout ce que Léan a put subir à cause de toi. Et ne parlons même pas de moi.

Aïlin s'approcha d'un pas, l'air noir, mauvais, les poings serrés si fort que les phalanges de ses doigts en étaient blanchies.
Non, pas tout de suite, il fallait faire ça bien, ruiner à tout jamais l'amour écoeurant qui les unissait... Il avait tout le temps de jouer avec Lynn, maintenant que la porte était fermée, maintenant qu'elle était à sa totale merci.

- Je suppose que tu te fiches pas mal de tout ce que j'ai subit, de l'enfer que j'ai vécut à cause de toi et tes caprices ! Comment ai-je put être aussi stupide, dis le moi ? J'ai toujours crut que tu te souciais de moi autant que je me souciais de toi, mais c'est totalement faux. Si tu avait été capable de sentiment, tu serais déjà rentrée au manoir remplacer Bronach et tu n'aurais pas fait de tes petits camarades des victimes, moi y comprit pendant que tu te pavanes en maillot de bain et t'amuses loin de là ou tu devrais être !

L'envie de la frapper devenait irrésistible, il voulait la détruire comme il avait été détruit cet été, qu'il ait le loisir de l'observer ployer sous les coups jusqu'à ce qu'elle ne soit qu'un tas de chiffon soumis à ses ordres... Bower s'en pourléchait les lèvres, humides d'un peu de salive qui s'était insinuée sur la commissure de ses lèvres.
Il s'était approché d'elle, l'avait empoigné par l'épaule avec force pour la secouer d'un geste sec. Un noeud de terreur serra son ventre lorsqu'il la sentit se débattre, mais il ne put s'en empêcher. Une bousculade violente la colla contre le mur le plus proche et avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, il plaqua ses mains sur ses épaules, ruinant le moindre de ses efforts pour s'échapper en la collant un peu plus fort au mur.

Il était terrorisé devant la vision de Lynn acculée contre la pierre un air plus désespérée et terrifiée qu'il ne lui avait jamais vu. Ca n'était pas lui, c'était son père qu'il devait haïr, pas elle, mais il ne contrôlait plus rien. Il n'avait même plus idée de la nature de ses sentiments.
Devin le contrôlait totalement, il détournait chacune de ses pensées pour lui faire faire ces choses atroces... Cela ne pouvait plus durer, il devait ejecter l'emprise de Devin avant qu'il ne détruise tout ce qui comptait pour lui, tout ce qui faisait sa vie...

Sa vie... Bien pitoyable au final, alors qu'il aurait put être heureux, qu'il aurait put être un fils doué et digne. Et elle l'avait manipulé, elle avait joué avec ses sentiments pour faire de lui son chien, pour qu'il devienne la deuxième honte de la famille ! Ce n'était pas lui qui aurait du subir tout ce qu'il avait subit cet été ! Tout était de sa faute.

- Regardes ! Gueula-t-il en ouvrant sa chemise, des larmes coulant toutes seules sur ses joues.
- Ces coups t'étaient destinés ! Regardes tout ce que j'ai prit à cause de toi ! Combien d'autres devrait-je en prendre, avant que tu ne te décide à assumer ton devoir ? Tu n'es qu'une petite traînée égoiste, j'ai tout comprit maintenant... Tout ce que je peux faire pour toi, c'est te conseiller de rentrer par toi même au manoir et père sera moins sévère avec toi.

Non ! Elle ne devait pas rentrer au manoir, elle ne devait jamais y remettre les pieds ! La torture mentale qu'il avait subit cet été n'était qu'un vague aperçu de ce que les Bower oseraient faire subir à Lynn si elle revenait dans la famille...
L'espace d'un instant, son regard se fit terrifié. Il tresaillit, eut un mouvement pour cacher son torse couvert de blessures cicatrisées plus ou moins récemment, mais la seconde d'après, il l'attrapait par les bras et serrait de toutes ses forces, le regard plein de menaces.

- Personellement, je pense que tu ne mériterais même pas un traitement plus doux que celui que j'ai dû subir... Grogna-t-il, un sourire presque dément naissant sur ses lèvres. Et je suis sûr que Léan non plus si elle savait, elle qui a dut passer des semaines à la charge de Torin...

Aïlin se redressa lentement avec un air de prédateur. Doucement, il s'avança vers le centre de la pièce, demandant à la jolie lionne si elle n'avait vraiment aucune idée de la raison pour laquelle il l'avait fait venir.

Incertaine, Lynn ouvrit la bouche pour répondre, mais déjà il déclarait qu'elle s'état choisie une nouvelle famille et qu'elle n'en avait plus rien à faire de lui ou de leur petite soeur.

- Non ! Ce n'est pas vrai ! S'exclama-t-elle, incrédule.

Il ne pouvait pas sincèrement penser une chose pareille ? N'avait-il pas vu les mots qu'elle lui avait laissé chaque jour dans le carnet ? N'avait-il pas compris qu'elle avait pensé à lui sans arrêt...?
Comment pouvait-il dire qu'elle ne se souciait pas de lui alors qu'elle s'était rendue malade à l'idée de le savoir seul au manoir...?

- Ne dis pas ça !

Il s'avança encore, les poings serrés, les traits déformés par la colère et la haine.... Elle l'avait déjà vu enervé mais jamais sa colère n'avait été dirigée contre elle... Pourquoi... était-il comme ça...?

- Aïlin... je...

Mais déjà il reprenait la parole, l'accusant de ce qui lui était arrivé...
Le visage de la jeune fille se décomposa au fur et à mesure qu'il parlait, continuant à s'approcher d'elle... chaque mots résonnait comme un coup de poignard en plein coeur.... Il ne pouvait pas penser ça... il ne pouvait pas croire qu'elle ne se souciait pas de lui... c'était impossible...

- Ce n'est pas vrai...

Il la prit brusquement par les épaules, la secouant en criant qu'elle avait fait de lui et de ses amis des victimes alors qu'elle profitait du soleil avec insouciance.

- Ce n'est pas vrai ! Protesta-t-elle, paniquée, en se débattant. Arrête ! Tu me fais mal ! Aïlin !

D'un geste brusque il la plaqua contre le mur. Elle etouffa un cri de peur et de surprise et leva vers lui un regard terrifié, ampli de desespoir. Pourquoi...? Pourquoi se comportait-il ainsi...?

Soudain il la lâcha et ouvrit sa chemise, les larmes coulant sur ses joues.

- Non ! S'écria-t-elle, horrifiée devant les cicatrices et les traces de coup qu'elle y voyait. Non... Ho par Merlin... Aïlin.....

Ses yeux s'embuèrent.

- C'est pas ce que je voulais... murmura-t-elle, la voix tremblante. Tu sais que c'est pas ce que je voulais...

Il disait que tout ça était sa faute... et même si elle secouait le tête pour ne pas l'entendre, ses mots s'insiunaient en elle, bien plus douloureux que n'importe quel coup.... Il parlait comme leur père... la traitant de trainée et d'égoiste...

- Je suis désolée... souffla-t-elle en détournant les yeux. Je suis désolée.... Aïlin...

Elle le dévisagea avec horreur alors qu'il lui ordonnait presque de retourner au Manoir. Elle ne comprenait pas... Ne lui avait-il pas lui même interdit d'y retourner... ?

- Non... non... Aïlin...

L'espace d'un instant, le visage de son frère changea. Il avait l'air effrayé... et essaya vainement de cacher le torse qu'il lui avait montré quelques instants plus tôt.

Mais soudainement il l'attrapa par les bras, les serrant à lui en faire mal, le regard menaçant, un sourire dément sur les lèvres, disant qu'elle mériterait de subir la même chose que lui avant d'évoquer une nouvelle fois leur petite soeur.

Elle lui jeta un regard implorant. Il était en train d'insinuer que Torin se vengeait déjà sur le bébé.

- Non... supplia-t-elle en se débattant, détournant les yeux pour ne pas avoir à affronter le dégout dans ses yeux. Laisse-moi... Pourquoi tu fais ça...? AÏLIN ! Arrête... arrête je t'en prie...

Lynn protestait, gémissait et chaque supplication qu'elle lançait perçait de piqûres douloureuses l'épaisse brume de hargne qui animait son corps.
Il ne contrôlait rien, plus rien, il sentait la haine et la victoire de son père plus forte, trop forte pour que ses tentatives désespérées pour reprendre le contrôle ne réussissent.
Des larmes coulaient encore sur ses joues, alors que Lynn lui demandait d'arrêter, mais son sourire s'accentua malgré le désespoir qui l'assaillait.
S'il pouvait s'arrêter, mais il n'en était rien. Devin avait prit le dessus.

- Pourquoi je fais ça ? Tu n'as donc rien comprit ?

La main d'Aïlin s'éleva. S'en était trop, il ne pouvait plus attendre ! Cette petite traînée l'éxecrait, et la molesse désespérée de son plus jeune fils également, qu'il sentait lutter inutilement. Mais il le contrôlait, assez pour qu'il voit ce qu'il allait faire subir à sa soeur et assez pour qu'il se sente propriétaire des émotions qu'il déversait dans son corps.

*Non !*

Non, il ne voulait pas la frapper, il n'avait jamais voulut lui faire de mal, jamais ! Il tenta de forcer ses jambes à entrer en mouvement, une lueur désespérée dans le regard. Titubant, il fit un pas en arrière, puis deux.

- Je ne peux pas arrêter...
Souffla-t-il, sentant son père revenir à l'assaut, aussi puissant qu'une tornade qui le balaya comme on balaye un jeune arbre.

- Tu m'as trop souillé, tu mérites ce qui est en train d'arriver ! Hurla-t-il.

Et sans prévenir, il se jeta sur elle, l'attrapa au col et la balança sur le sol.

- Maintenant fais ton choix, rentres au manoir par toi-même, ou se sera Torin qui viendra te chercher et je ne ferais rien pour l'en empêcher ! Je ne serais jamais plus le complice de ta petite mascarade, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, tu ne me mérites pas.

Tremblant de tout son corps, il vit plus qu'il ne sentit son pied s'écraser sur la gorge de sa soeur pour l'empêcher de tout mouvement. Il se rappela ce geste, le geste de son père lorsqu'il l'avait lui même corrigé, après l'avoir sévèrement étranglé d'un ligature.
La force ténébreuse qui lui dictait ses actes lui criait maintenant d'appuyer, de satisfaire son besoin de vengeance sur sa soeur.

*Frappes là... Frappes là... FRAPPES LA !*

*Je ne veux pas... Pitié je ne veux pas...*

Mais son pied s'était maintenant levé, prêt à donner un coup au ventre de sa soeur qui se soulevait et s'abaissait à un rythme effrené.

*Noon !*

Il tituba, et le coup partit. Son talon s'écrasa à quelques centimètres de la tête de sa soeur, tandis qu'il frémissait de tout son corps, sentant une douleur vaguement familière commencer à lancer son crâne.
Il se recula, haletant et les dents serrés, l'air profondément perturbé. Il était déjà épuisé d'avoir tant lutté... Et l'éclat noir et cruel dans son regard ne tarda pas à revenir, encore plus brûlant que quelques minutes auparavant.

- Si je suis devenu comme ça, c'est de ta faute. Tu vois ce que tu as fait ? Tu es contente de toi ? Tu connais l'unique moyen de renverser la situation à ton avantage avant que je n'obéisse aux ordres que j'ai reçut... Rentres au Manoir, dès Noël, ou tu verras ce dont je suis capable, maintenant que je sais quelle bourbe tu fais.

Sa prise était affaiblie sur le corps de son jeune fils, mais ce n'était que partie remise. Qu'il se débatte, il n'avait pas la puissance pour contrer sa volonté. Il avait encore du temps devant lui et Aïlin ne tiendrait pas plus de quelques secondes encore avant de céder. Il s'accrocha fermement à son esprit, rodant autour de son esprit affaiblit, attendant un nouveau signe de faiblesse... et la réaction de Lynn.

Lynn secoua la tête. Non... non elle ne comprenait pas pourquoi il faisait cela... qu'il y avait-il à comprendre...? Comment pouvait-elle donner une explication au comportement d'Aïlin...? Ce n'était pas lui... ca ne pouvait pas être lui... ce regard, ces paroles... qu'était-il devenu...? Que lui était-il arrivé... ?

Paniquée, elle le vit soudain lever la main. Elle ferma les yeux et se protégea le visage. Mais quand le coup n'arriva pas, elle rouvrit les yeux pour voir Aïlin reculer de quelques pas.

Il avait l’air si faible… malade… à bout de force… Pendant quelques secondes, elle crut qu’elle l’avait retrouvé… que tout cela était finit, que ça n’avait été qu’un cauchemar…
Il souffla qu’il ne pouvait pas s’arrêter et l’instant d’après il était sûr elle, hurlant qu’elle méritait tout ce qui lui arrivait.

Non… non elle ne méritait pas ça… il ne pouvait pas dire ça… pas après tout le temps qu’il lui avait fallu pour comprendre le contraire… ce n’était pas sa faute… elle l’avait supplié de ne pas s’en mêler, de la laisser… pourquoi lui reprochait-il à présent le choix qu’il avait fait… ? Elle n’avait pas voulu ça… jamais de la vie elle ne l’aurait laissé volontairement souffrir… c’est lui qui avait prit sa défense malgré les mises en gardes de la jeune fille… ce n’était pas sa faute… elle ne méritait pas ça… Elle ne méritait pas de perdre le seul être cher à son cœur… pas comme ça… n’est-ce pas… ?

- Non… NON ! Je ne mérite pas ça… non…

Il l’attrapa violemment par le pull et la jeta à terre, lui ordonnant de faire un choix.

Un choix… avait-elle encore le choix… ?

Si elle ne rentrait pas d’elle-même au manoir, Torin viendrait lui-même la chercher… et il parviendrait à la ramener cette fois, sans qu’Aïlin ne fasse le moindre geste pour l’en empêcher…

Après tout il avait raison… elle méritait tout ça… et elle ne le méritait pas lui… non elle ne méritait pas tout ce qu’il avait fait pour elle… les coups qu’il avait prit à sa place… le poids qu’il avait sur les épaules à cause d’elle… elle avait été un tel fardeau pour lui… c’était déjà un miracle qu’il ne l’ait pas renié avant…

Mais elle ne pouvait pas se résoudre à le perdre… elle n’arrivait pas à croire qu’il lui dise ça alors qu’il lui avait lui-même interdit de remettre les pieds au manoir… Il lui avait fait promettre… Peu importe ce qu’il disait maintenant, ce n’était plus son frère… Le doux et protecteur grand frère avec qui elle avait dansé, dans cette même salle… lui n’aurait jamais cautionné cela… Elle ne pouvait pas y retourner…

- Je ne peux pas…. Je ne peux pas, Aïlin…

Ainsi à ses pieds, impuissante, elle voulu se redresser, reculer et s’échapper mais déjà il appuyait son pied sur sa gorge, l’empêchant de bouger et de respirer.

Elle attrapa son pied de ses mains, tentant de dégager son cou pour retrouver l’air qui commençait à se raréfier dans ses poumons, mais elle en était incapable.

- Non…Arrête… haleta-t-elle. Non… je t’en prie… Aïlin, arrête…

Le poids sur sa gorge disparut soudain et elle prit une grande bouffée d’air, les deux mains sur sa gorge. Avant même qu’elle n’ait pu penser à s’enfuir, elle vit son pied se lever au dessus d’elle, menaçant.

Il allait la frapper… l’étouffer… lui faire mal… ses yeux promettaient douleur et souffrance… et Lynn se sentit envahie par une terreur comme elle n’en avait jamais connu…
C’était une chose de se faire battre… elle avait l’habitude de la douleur, de la peur… mais c’en était une autre de perdre toute la confiance et l’amour qu’on avait pu placer en quelqu’un…

Il ne pouvait pas faire ça… il ne pouvait pas faire ça… il ne pouvait pas faire ça….

Pas lui….

Lynn poussa un cri alors qu’elle voyait le pied de ce garçon qui n’était plus son frère fondre sur elle et elle éclata en sanglot lorsque la chaussure frappa violemment le parquet à quelques centimètres de son visage.

Pendant ce qui lui sembla une éternité, tétanisée par la peur, elle resta allongée sur le sol, secouée de sanglots douloureux. Et quand finalement elle retrouva l’usage de son corps, elle ne put que reculer jusqu’à se retrouver dos au mur, le plus loin possible de lui…

Citation :

- Si je suis devenu comme ça, c'est de ta faute. Tu vois ce que tu as fait ? Tu es contente de toi ?

La jeune fille secoua la tête, respirant rapidement, son cœur battant à un rythme affolant. Elle avait eut si peur…

- Non… je t’en supplie… ne dis pas ça… ne dis pas ça, Aïlin…

Elle ne pouvait pas avoir fait de lui cet homme détestable qui lui faisait face. C’était impossible… impossible..

Elle sanglota dans ses mains, à bout de force. Elle voulait qu’il s’en aille… qu’il la laisse… pourquoi continuait-il à lui parler s’il la détestait tant, s’il lui en voulait tellement… ?

Réussissant par un miracle qu’elle ne s’expliquait pas à reprendre momentanément le dessus, elle s’appuya au mur pour s’aider à se redresser puis à se relever.

Elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, ce qui lui arrivait… pourquoi elle avait l’impression d’avoir deux Aïlin devant elle, mais elle ne baisserait pas les bras. Non pas tant qu’il lui resterait une once de courage… et elle n’était pas à Gryffondor pour rien… le courage… elle en avait à revendre.

Un grondement sortit d'entre ses lèvres, il eut un mouvement vers elle alors qu'elle s'éloignait pour se blottir contre le mur, mais il fut arrêté net, comme si une force invicible l'arrêtait au dernier moment.

*Non, je ne peux pas...*

Ne dis pas ça... Aïlin...

Le regard desespéré qu'il lui jeta alors en disait long. Oui, il aimerait ne pas dire de choses aussi horribles, ça n'était plus lui, c'était père ! Il aurait aimé lui crier, qu'elle comprenne, qu'elle s'enfuit, mais aucun son ne parvenait à sortir de sa gorge plus serrée que jamais.

Devin revint à la charge comme un ouragan, désarçonnant Aïlin qui s'aggripait difficilement à son propre corps, ravageant sa tête de mille douleurs. S'en était assez ! Elle allait payer ! Maintenant !
D'un pas raide, il s'approcha de Lynn, un sourire victorieux sur les lèvres. Il se baissa près, tout près de son visage.
- Mais je le dis, Lynn... Tout ça est de ta faute. Tu ne sers qu'à répandre le malheur autour de toi. Tu es une sournoise ! Et les sournoises, on les punit... Murmura-t-il dans un chuchotement menaçant.
Et, sans prévenir, il se redressa de toute sa taille et flanqua la joue de Lynn d'un revers puissant.

Avec horreur, Aïlin sentit la bosse de ses phalanges s'écraser sur la joue de sa soeur.

*Nooon !*

Son coeur s'accélèra, ses yeux s'agrandirent d'effroi. Il l'avait promit ! Il l'avait promit avant d'entrer à Poudlard, que jamais il ne lui ferait mal comme les autres hommes de la famille en était capable ! Et il l'avait frappé, violemment, assez pour qu'il sente une légère doulour engourdir sa main... Il avait rompu sa parole, il n'avait pas sut lutter contre son père, il n'avait pas put l'empêcher de faire ce qu'il redoutait.
Mais cette horreur, la force de volonté qu'il avait mit dans ce « nom » l'avait fait revenir à lui. Il se recula, titubant cette fois sévèrement, mais au lieu de fuir comme il l'aurait voulut, de courir loin, très loin de Lynn pour ne plus pouvoir l'approcher, pour ne plus pouvoir lui faire de mal, il s'écroula lamentablement sur le sol.
La douleur de son crâne était maintenant si atroce qu'il n'en voyait presque plus rien. Tout semblait noir, il avait froid, tremblait et transpirait. Il fallait qu'elle s'en aille, qu'elle le laisse là et qu'elle profite de ce moment de répit pendant lequel, malgré la souffrance que cela lui coûtait, il luttait contre un nouvel assaut de l'imperium.
- Je suis désolé... J'ai trop souffert... Je ne veux pas... Non...

Aïlin se recroquevilla sur lui même, plaquant ses poings fermés sur ses tempes qui battaient à un rythme effréné. Il ne savait même plus ce qu'il disait, si les mots sortaient de sa bouche où si cela n'étaient que pensées. Il allait devenir fou... Oui, il allait devenir complètement fou ! C'était de la torture !

*Relèves-toi !*

Aïlin se mit à genoux, mais alors qu'il semblait faire un mouvement pour se relever, se baissa brutalement en frappant le sol, poussant un véritable hurlement de douleur et de rage.
Oui, de rage. Il le haissait... Il le haissait pour ce qu'il était en train de lui faire faire ! Il se vengerait, il vengerait Lynn, il vengerait la vie qu'il était en train détruire.

Bien qu'en attendant, c'était lui qui se vengeait des deux jeunes gens. Déjà, les yeux bleus du jeune Bower redevenaient glace. Et pour de bon.

- Aïlin !

Le cri résonnait dans sa tête, horriblement douloureux. Il avait mal, il avait mal, il voulait mourir !
- Par Merlin… mais qu’est-ce qui t’arrive… ?

*Ca suffit, relèves-toi !*

Il s'était mit à genoux sans même s'en rendre compte, et frappa du poing sur le sol, ne sentant même plus la douleur qui s'insinua dans ses doigts tellement celle de son crâne l'omnibulait. Il ne comprenait même plus les voix au loin, qui résonnaient dans son esprit comme entre les montagnes. Les voix, la voix, se fit lointaine, pour finir par disparaître.
Et revenir clairement la seconde suivante, tandis que la douleur se dissipait.

- Dis-moi ce que je dois faire...

Des yeux bleus, implacables se posèrent droits dans ceux de sa soeur.
- Commences par te taire !
Son corps recroquevillé se détendit avec la souplesse d'un loup qui attaquait, et ses deux mains braquées en avant aggripèrent Lynn par les épaules. Il s'était jeté sur elle, l'immobilisant sur le dos alors qu'il prenait place au dessus d'elle, assit à califourchon sur son ventre qu'il écrasa de tout son poid.
- Rien que le son de ta voix m'horripile !
Une claque suivit d'un revers se collèrent sur les joues de la Gryffondor, avant que d'un bras, il n'enserre sa gorge et la relève en même temps que lui. Il serrait de toute la force de sa haine, ses yeux lançant des flammes de rage que l'on ne pouvait retrouver dans un seul et unique regard, celui de Devin Bower.
Sans la lacher, il la fit reculer jusqu'au mur où elle se recroquevillait un instant auparavant et la plaqua avec tant de violence que son dos fit un bruit sec en rencontrant le mur de pierres.
- Tu n'es personne, tu n'es rien ! Grogna-t-il d'une voix sourde.

Sa main libre avait sortit sa baguette, qu'il pointa droit sur la poitrine de la Rouge et Or. Un sourire sadique se forma sur le visage du jeune Bower, qui ne ressemblait même plus à l'ombre de lui-même.
- Tu te souviens, de ça ?
Il leva sa baguette et d'un geste sec, la rabattit.
- Endoloris !
Le sort fusa droit sur la jeune fille, et Aïlin se recula d'un pas, éclatant de rire en voyant sa soeur gémir sous l'agonie de la torture qu'il lui infligeait. Le moment qu'il avait tellement attendu était enfin arrivé. Mais hélas, le corps se révolta à la vue de la fille agonisante.

Non ! Noon ! Aïlin avait perdu, il venait de laisser commettre l'irréparable... Le sort cessa, mais aucune des larmes qu'il avait envie de verser ne coulèrent sur son visage. Il avait commit la pire des choses, le perdant qu'il était n'avait encore une fois pas réussit à protéger sa soeur...

*Tu ne me pardonneras jamais pour ça... Je ne le mérite pas... Oh Lynn...*

Il était un lâche, incapable de dominer l'âme qui s'était invitée de force dans son corps, il ne pouvait qu'observer, voir Lynn crier quand il la releva et lorsqu'il se jeta sur elle en lui envoyant son poing droit dans les côtes. Il vit son geste pour l'attraper par le bras et la jeter encore sur le sol. Son pied attérit droit dans ses côtes au même endroit où son poing l'avait touché. Il voulut hurler d'horreur.
Ca n'était pas possible, ça n'était qu'un cauchemar duquel il se réveillerait, haletant de sueur et d'effroi. Mais l'effroi, il le sentait vibrer dans chacun des membres qu'il ne contrôlait plus et la sueur coulait déjà en perles opaques sur son front. Il n'était pas dans un cauchemar, il était en Enfer...

- Tu n'existes plus pour moi, ne cherches jamais à me revoir !

Sa voix était un hurlement de rage, qui modifia tellement sa voix qu'Aïlin aurait put penser que son père était matériel dans la pièce, que le son n'était pas sortit de sa bouche. Il sentait à peine la vibration de ses cordes vocales et ses lèvres former les syllabes, mais il savait que, pour Lynn, c'était lui qui venait de lui faire mal, qui venait de la briser peut-être de façon irréparable...
Il aurait tellement envie de lui dire de fuir, de fuir avant que son père ne revienne à l'attaque, mais il ne pouvait que se sentir immobile à la jauger d'un regard qui devait flamber de folie. Comme son père...

- Maintenant tu vas partir et tu ne chercheras plus jamais à m'approcher, où je te ferais subir bien pire que ce que tu as subit là... DEGAGES !

- Commences par te taire !

Lynn n’eut pas le temps de le voir se redresser que déjà elle était à terre, lui sur elle, l’écrasant de tout son poid.

- Non ! Supplia-t-elle. Aïlin ! Arrête ! ARRÊ…

Un nouveau coup la fit taire, puis un autre survint, plus fort encore, et elle sentit le goût du sang dans sa bouche, sa lèvre inférieure la lançant douloureusement.

Elle n’arrivait pas à croire que tout ça arrivait… c’était un cauchemar… un véritable cauchemar…
Comment Aïlin, son Aïlin… avait-il pu se transformer en ce monstre… ?

Il l’attrapa soudain par le cou et Lynn s’agrippa à ses mains, essayant d’aspirer un peu d’air.
Ces mains… elles l’avaient tant de fois consolée et cajolée… comment pouvaient-elle à présent être sur le point de la tuer… ?

Il la releva avec une force surhumaine et la plaqua si brutalement contre le mur que le choc lui coupa le peu de souffle qui lui restait.

Pendant quelques secondes, les yeux fermés, résignée, elle crut qu’elle allait mourir. Que tout ce pourquoi elle s’était battue n’avait servit à rien….

- Tu n'es personne, tu n'es rien !

Puis aussi sèchement qu’il l’avait empoignée il la laissa retomber sur le sol et l’air remplit à nouveau ses poumons. Elle se mit à tousser, haletante et leva les yeux vers son frère qui la dominait de toute sa taille.

Il sortit sa baguette et la pointa sur elle, une lueur démente dans le regard.
Une terreur sans nom se dessina sur le visage de la lionne lorsqu’elle comprit ce qu’il allait faire.

Elle regarda autour d’elle, cherchant une échappatoire quelconque mais ne put que se recroqueviller davantage contre le mur.

- Non... pas ça... pas ça... Aïlin…. souffla-t-elle, les yeux écarquillée.

- Endoloris !

Le sort la frappa de plein fouet. Et elle se mit à hurler…

La douleur était pire que dans ses souvenirs… Elle avait l’impression de brûler de l’intérieur comme si des milliers de lames incandescentes lui transperçaient le corps, encore et encore.

Tout son corps lui faisait mal… Ses os, ses muscles, chaque centimètre carré de sa peau irradiait de souffrance, au point qu’elle était absolument incapable d’avoir une pensée cohérente.

- Pitié… gémit-elle, sans même se rendre compte qu’elle pleurait à nouveau.

Il fallait que ça cesse… il fallait absolument que cela cesse… A cet instant précis, la mort était une douce perspective… la douleur… jamais elle ne se souvenait avoir eu aussi mal….
Elle allait devenir folle… si ça ne s’arrêtait pas elle allait devenir folle….

Le sort fut levé. Ses cris cessèrent aussitôt pour la laisser gémissante et sanglotante. Tout son corps la lançait, elle n’arrivait plus à faire le moindre geste.

- Laisse-moi… pitié…. Voulu-t-elle supplier.

Mais elle n’était même pas sûr que les mots avaient réussi à franchir ses lèvres. Pouvait-elle encore seulement parler après ça… ?
Elle aurait donné n’importe quoi pour qu’il s’en aille mais il en avait décidé autrement. Perdu dans un brouillard de douleur, Lynn ne parvenait même plus à ouvrir les yeux alors qu’il recommençait à la frapper…

- Tu n'existes plus pour moi, ne cherches jamais à me revoir !

La jeune fille tressaillit au son de cette voix mais n’eut même pas la force d’y répondre.

Ecroulée sur le sol, tremblante encore de douleur et de peur, en pleurs, elle pria pour qu’il s’en aille.

Elle était démolie… physiquement et mentalement… lui… ce frère qu’elle aimait tant… comment… comment en étaient-ils arrivés là… ?

Il lui ordonna de ne plus jamais l’approcher et de s’en aller si elle ne voulait pas subir pire châtiment encore que ce qu’il venait de lui faire…

Lynn tenta de s’appuyer sur le parquet pour se relever mais ses bras lâchèrent et elle s’effondra à nouveau sur le sol, sanglotante. Elle ne pouvait pas… elle n’avait plus la force de bouger…

Elle était même incapable de ramper… son corps ne lui obéissait plus….

Recroquevillée sur le sol, le visage caché dans ses bras, elle ne put qu’espérer qu’il s’en irait lui-même…