Shopping [Terminé]

[HJ le topic commence square grimaurd mais continuera sur le chemin de Traverse.]

Cela ne pouvait plus continuer. Deryn avait l’impression qu’elle allait devenir folle. Elle voulait bien aider l’ordre mais pas de cette manière. A tous les coups c’était une manœuvre de Cad’ pour qu’elle ne soit pas en danger. Elle adorait son frère mais parfois elle avait envie de lui mettre une paire de baffe pour lui prouver qu’elle était bien une adulte, parfaitement consciente de ses choix et capable de les assumer jusqu’au bout.

Cela faisait plus de 36 heures que Deryn était au 12 Square Grimaurd. Du temps qu’elle passait certes à travailler mais bien moins efficacement qu’elle l’aurait fait à l’UMA… principalement parce qu’elle rongeait son frein. Ils étaient tous partis en mission sans elle. Tous, sauf Kreattur, l’elfe voleur, Tonks dont les cheveux ternes annonçaient bien l’humeur et un convalescent quelconque qu’elle ne connaissait pas et qui n’avait pas besoin de ses maigres connaissances en médicomagie (elle avait vérifié quand même, elle avait du cœur, elle).

C’était surtout ça qui l’agaçait. Le sentiment de sa propre inutilité. Elle savait qu’elle n’était pas une combattante, à peine une sorcière et avait l’impression de voir de la condescendance dans les sourires de chacun. Ce n’était probablement pas le cas, elle était assez intelligente pour s’en rendre compte, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles à supporter. Non, elle n’en pouvait plus. Elle avait besoin de sortir.

D’un pas rapide, la jeune femme entra dans toutes les pièces de la maison des Blacks pour en ressortir aussitôt, incapable de contrôler son stress. Finalement, elle monta dans la salle de bain du haut et fouilla la réserve pour trouver de quoi faire une potion. La seule chose qui, selon elle, pourrait la forcer à se calmer (surtout que la potion prévue était…justement… un filtre de paix). Et là, stupeur. Il ne restait presque plus rien. Quelques chrysopes et un vieux machin étiqueté Magie Noire. Il y eut un mouvement de stupeur puis un grand sourire s’afficha sur le visage de la jeune femme. Elle avait trouvé un bon prétexte pour sortir ET se rendre utile.

Toute contente (elle ne saurait dire ce qui la rendait si changeante, elle d’habitude si posée … ), elle dévala l’escalier et trouva Tonks dans la cuisine, l’air lasse. Pas rancunière et plutôt du genre partageuse, elle ne put se résoudre à la laisser seule.

« Haut les cœurs Tonksie, on sort »

Elle lui fit un grand sourire qui lui ressemblait bien peu (le filtre de paix était décidément obligatoire quand elles rentreraient) et baissa la voix.

« Mission urgente et ultra secrète »

Elle la lâcha alors, sans lui laisser le temps de se reprendre et lui tendit sa cape avant de nouer ses longs cheveux en un chignon lâche. Ils allaient aller faire des courses. Ça les détendrait un peu. Surtout elle.

Tonks soupira. Le square était bien trop calme, et elle n'aimait pas ça. Tout le monde était parti en mission, et ne restait plus dans la trop grande maison des Blacks qu'un membre blessé, qui profitait du calme pour dormir un peu, Kreattur, le maudit elfe de maison, et Deryn, la plus jeune des deux Cadell membres de l'ordre. Bien sûr, elle aussi, elle avait été laissée derrière. Tonks ne supportait pas ça. Elle savait que Deryn avait aussi sa place en mission, mais elle trouvait son repos forcé un peu plus normal. Elle était jeune, pas encore vraiment expérimentée, et la jeune galloise n'était pas non plus une grande combattante. Mais elle ? Elle, l'auror ? Elle qui avait vu son cousin mourir ? Elle avait fait ses preuves, non ? Elle n'était pas fraîchement débarquée dans l'ordre, elle avait même fait partie du groupe qui était allée chercher Harry à Privet Drive pour sa cinquième année d'études. Elle n'était pas non plus une débutante...

Pourtant, comme Deryn, elle était enfermée au QG depuis 36 longues heures, aussi longues qu'ennuyeuses. Lorsque les groupes pour les missions avaient été formés, dans cette même cuisine, juste deux jours plus tôt, elle avait voulu protester pour y participer aussi. Elle en avait marre de rester assise dans un coin à ressasser, à ruminer des pensées aussi ternes que ses cheveux. Remus allait y aller, lui. Il allait risquer sa vie, encore. Il se battait sans cesse pour l'ordre, enchaînant les missions. Et elle, elle restait enfermée là, comme prisonnière. Elle soupira encore. Maintenant, elle comprenait ce que devait ressentir Sirius, lorsqu'il ne pouvait pas sortir de cet abominable maison. Lorsqu'il passait ses journées avec son horrible mère et l'elfe Kreattur.

Kreattur... Elle savait qu'ils ne pouvaient pas le libérer, de crainte qu'il n'aille révéler leurs secrets, mais ça n'était pas l'envie de s'en débarrasser qui manquait à la jeune métamorphomage. D'ailleurs, elle avait bien failli les libérer de sa présence de façon définitive, avec sa maladresse habituelle. Elle s'était levée pour protester, pour leur dire qu'elle voulait aller en mission, elle aussi, qu'elle était bien plus capable que ce qu'ils pensaient, tous. Elle s'était juste levée un peu vite, et la chaise était tombée, son dossier de bois manquant de peu d'assommer le vieil elfe qui s'était aussitôt répandu en insultes et en grognements. Elle avait donc été laissée en arrière, comme un enfant que l'on consigne dans sa chambre pour éviter toute catastrophe, avec cette gentillesse excessive qui lui faisait bien comprendre que tous autant qu'ils étaient, ils avaient de la pitié pour elle.

Parce que ses cheveux n'étaient plus roses, tous semblaient persuadés qu'elle allait mourir d'amour. Et si on évitait de trop mentionner Lupin devant elle, pour les plus délicats, elle savait que tous y allaient de leur avis, lorsqu'elle ne pouvait pas les entendre. Molly était persuadée qu'il devraient être ensembles, comme si c'était l'ordre des choses. D'autres, en revanche, semblaient convaincus que l'attitude de Remus était la meilleure qui soit. Est-ce qu'ils savaient vraiment de quoi ils parlaient, la plupart ? Probablement pas. Bref, depuis le lancement de cette fichue mission de laquelle on l'avait écartée, la jeune fille ne cessait de ruminer encore et encore.

La veille, Molly leur avait préparé à manger. Elle leur en avait bien sûr laissé pour un moment, au cas où elle ne reviendrait pas avant quelques jours, ayant elle aussi diverses choses à faire. Tonks avait donc fini par descendre à la cuisine, histoire de faire réchauffer tout ça, songeant qu'un repas avec Deryn les occuperait peut être un peu. Comment elle s'était débrouillée, elle n'en avait aucune idée. Mais leur plat était carbonisé. Totalement immangeable. Peut être qu'ils avaient eu raison, de la tenir à l'écart. Peut être qu'elle était plus un poids qu'autre chose, pour l'ordre.

Elle entendit des bruits de pas dans l'escalier et s'attendit à voir Kreattur débarquer, mais ce fut Deryn qui entra dans la cuisine.

« Haut les cœurs Tonksie, on sort »

La jeune métamorphomage haussa un sourcil, et Deryn lui offrit un sourire exagérément radieux qui ne lui ressemblait pas vraiment. Elle lui agrippa le bras, ne lui laissant pas vraiment d'autre choix que de la suivre, et Dora sourit à son tour, bien plus faiblement, vaguement atteinte par l'énergie de sa compagne. Deryn était quelqu'un d'agréable pour ça, elle semblait toujours se soucier des autres, et semblait avoir un don pour vous sortir de votre léthargie.

« On va où ? »

D'une voix bien plus basse, sur le ton de la confidence, la jeune étudiante en médicomagie lui répondit, attisant sa curiosité

« Mission urgente et ultra secrète »

Tonks ouvrit la bouche pour en savoir un peu plus mais se tut. Si elles avaient l'occasion de sortir, ça devrait lui suffire. Et puis, Deryn avait bien raison. Si on ne leur attribuait pas de mission, elles n'avaient qu'à s'en trouver une elle-même. Les autres ne seraient peut être pas ravis en apprenant leur escapade, Cadfael leur en voudrait sans doute d'avoir risqué la vie de sa petite soeur, quelle que soit la mission, et Lupin d'avoir désobéi, probablement. Peut être même qu'il s'inquièterait pour elle. Visiblement, il semblait craindre de la mettre en danger. Ça, elle pouvait bien le faire tue seule. Les dangers, ça la connaissait, elle en avait même fait son métier.

Deryn la lâcha brièvement, semblant craindre une fuite de la part de sa camarade, et Tonks ne fit rien pour la rassurer vraiment, se contentant d'enfiler la cape qu'on lui tendait. Deryn récupéra son bras, et ouvrit la porte. Ô exquise délivrance ! La jeune sorcière n'avait jamais autant aimé l'âpre parfum des gaz d'échappements et autres pollutions odorantes qui flottaient en permanence dans la grande ville moldue. Il y avait du vent, un peu de bruine, même, et beaucoup de bruit. Merlin que ça faisait du bien ! C'était comme se réveiller après un long sommeil. La porte du square claqua derrière elles, et Tonks inspira longuement. Elles allaient en mission. Elles allaient laisser derrière elle cette satané demeure et toutes ses mauvaises ondes. Peut être même que ce serait amusant.

Ce genre de chose, ce jeu mêlé de secret et de clandestinité, sortait un peu l'auror de sa torpeur. C'était une expédition qui allait leur changer les idées. Elle fit un pas en avant, puis deux, et elles se retrouvèrent sur le trottoir. Immobilisation totale. C'était bien beau tout ça, mais...

« Oui mais on va où alors ? »

En sentant l'odeur de charbon rôti qui se dégageait de la poêle, Deryn sut qu'elle avait prit la bonne décision. Ils mangeraient en chemin, une glace chez Fortârome était hors de question puisque la boutique était fermée ces derniers temps mais il y avait de nombreuses autres échoppes sur le Chemin de Traverses qui savaient séduire les papilles de clients. Cela changerait un peu. Les plats de Molly étaient très bon (enfin quand ils n'étaient pas carbonisés par une auror maladroite) mais la jeune femme avait envie d'une nourriture moins "familiale", moins équilibrée et plus… festive disons.

Jouant sur l'effet de surprise pour contrer toute objection de la part de la métamorphomage, Deryn ne laissa pas son amie souffler avant qu'ils ne soient réellement sortis. Tonks avait déjà l'air en meilleur état et l'étudiante respira, prenant soudain conscience qu'elle craignait jusque là que l'auror joue la carte de l'autorité pour l'empêcher de sortir. Par chance, elle semblait aussi heureuse qu'elle de cette décision.

Seul point noir à l'horizon, les rues, à Londres, étaient loin d'être désertes et l'odeur de pots d'échappement était toujours aussi désagréable. Ces deux faits indéniables surprenaient toujours la jeune fille habituée à la vie à la campagne. Pour elle, sortir, c'était se balader de longues heures dans la solitude de son petit pays, accompagnée seulement du vent et des pierres affleurant sous l'herbe verte. Parfois un lapin ou un cervidé croisait sa route mais ils se contentaient de se regarder avec surprise avant de continuer tous deux leur promenade. Oui, Londres était bien loin de cette quiétude et, inconsciemment, Deryn se raidit. Il était toutefois hors de question de faire demi-tour. Elle n'allait pas laisser cette angoisse idiote lui dicter quoi faire et elle avait la nette impression qu'il ne sortirait que des bonnes choses de cette "mission.

Malgré le plaisir visible que prenait Tonks à savourer le vent et la bruine, Deryn, toujours tenant le bras de sa compagne, se mit à avancer, un peu au hasard. Il ne fallait pas rester sur place au cas où un mangemort surveillerait les environs. Désobéir à Cad pour prendre un peu de bon temps (surtout du bon temps utile) était une chose, compromettre la sécurité du quartier général de l'Ordre en était une autre.

Il y eut un silence, tandis que le visage de Dora se détendait visiblement et que celui de Deryn devenait de plus en plus pâle (malgré son sourire), puis, l'auror reprit la parole, posant pour la seconde fois la question clef.

« Oui mais on va où alors ? »

" Le Chaudron Baveur, pour commencer tout du moins."

répondit la jeune femme avec un air mystérieux qui laissait présager qu'ils auraient à faire derrière le célèbre bar-passage.

"En fait, j'ai découvert que nos amis, en bons mâles qu'ils sont, n'ont pas encore assimilé les notions de "réserve" et de "précautions". Il ne reste virtuellement rien en cas de problèmes nécessitant des artefacts ou des potions. J'ai fait une liste de ce qu'il faudrait, du moins à mes yeux d'apprentie médicomage, pour soigner les éventuels dégâts mais j'ai besoin de toi pour les trucs… plus offensif disons. En tant qu'auror tu sais sûrement ce qu'il faut toujours avoir dans une maison pour se protéger n'est ce pas ? Et puis nous aurons besoin de trucs pas forcément très légaux et je dois avouer que le l'Allée des Embrumes me fiche une trouille sans nom."

Si elle avait commencé sur un ton léger, elle avait baissé la voix au fur et à mesure de son discours, de peur que l'on surprenne ses paroles (même si elle avait fait attention à parler en des termes suffisamment vague pour qu'on ne comprenne pas ce qu'elle voulait vraiment dire) puis la tête lorsqu'elle avoua sa peur. Elle en avait toujours aussi honte. Mais cela ne durera pas et c'est avec un sourire et en cherchant le regard de son amie qu'elle reprit.

"Mais tu me protègeras n'est ce pas ? Je sais qu'avec toi je n'ai rien à craindre de personne !"

Son enthousiasme revenait. Elle était sincère, même si elle savait également que c'était ce dont son amie avait besoin. Qu'on la traite comme si tout allait bien, pas en ignorant sa peine mais sans la surprotéger. Merlin, ce qu'elle aurait été en colère à sa place. Réduite à surveiller une adolescente parce qu'on avait un chagrin de cœur ! Cela avait un effet sur sa magie et alors ? Cela effaçait-il toutes les leçons qu'elle avait reçues hein ? Evidemment non ! C'était de la discrimination pure et simple. On avait tous nos hauts et nos bas, pour qui se prenaient-ils hein ?! Elle rit soudain, heureuse de leur jouer un bon tour. Un rire gai mais nerveux aussi. Il y avait un type sur le trottoir, un djeunz avec un sweat a capuche qui parlait très fort dans son téléphone portable et qui arrivait sur elles. Il lui filait la chair de poule.

Deryn accéléra le pas sans vraiment s'en rendre compte, le dos raide et le regard obstinément fixé droit devant elle, sans se rendre compte qu'elle défiait par son attitude "l'ennemi" à réagir. Par chance, l'inconnu ne prêta pas du tout attention à elle et continua sa route. Deryn expira, soulagée et jeta un coup d'œil à Tonks, espérant qu'elle n'ait rien vu. Pour se donner bonne conscience, elle reprit la parole.

"Et puisqu'on va passer dans le coin, cela t'ennuierais si l'on faisait un peu les boutiques ? Je n'ai pas tellement le temps avec l'université et tout ça et c'est bientôt l'anniversaire de ma petite sœur… "

Un silence.

"Mais je ne pense qu'à moi. De quoi aurais-tu envie, toi ? Quitte à désobéir, autant le faire à fond et en profiter un max, tu ne penses pas ?"

Nouveau sourire, plus doux cette fois, plus semblable à la Deryn habituelle. Elle chercha un moment dans les yeux de son amie ce qu'elle pouvait bien souhaiter. Mis à part la solution miracle à ses problèmes relationnels (parce qu'il n'en existait malheureusement pas). Il fallait qu'elle ait envie de quelque chose. Sinon, cela voulait dire qu'elle était vraiment déprimée et ça, ce serait une très mauvaise nouvelle !

Tonks souriait, sentant une bouffée de plaisir l'envahir. Pas assez pour que ses cheveux reprennent une couleur convenable ne serait-ce qu'un instant, ses sombres pensées toujours présentes dans un coin de son esprit. Elle lança un regard en coin à Deryn qui elle, semblait moins ravie de la pollution habituelle de la capitale. Tonks souffla doucement, se souvenant que la jeune médicomage n'aimait pas vraiment ce genre d'ambiance, tout ce qui s'agite, qui se bouscule, où les gens se mêlent et se frôlent sans cesse. Étonnant d'ailleurs qu'elle ait eu une telle envie de sortir. Londres était en effervescence, et la jeune galloise ne semblait pas vraiment à l'aise. L'auror l'observa du coin de l'oeil, silencieuse, avant de s'intéresser à leur destination. Deryn ne tarda pas à répondre, amusée et un poil mystérieuse. Commencer par le Chaudron Baveur ? Elles avaient quelque chose à faire dans l'allée des embrumes ? Ou la jeune femme avait-elle envie de se dégourdir les jambes en flânant sur le Chemin ? Son air cachottier arracha un sourire à Tonks. La jeune femme semblait ravie de leur trouver quelque chose de top-secret quand les autres les avaient mises à l'écart, et elle ne pouvait qu'apprécier.

"En fait, j'ai découvert que nos amis, en bons mâles qu'ils sont, n'ont pas encore assimilé les notions de "réserve" et de "précautions". Il ne reste virtuellement rien en cas de problèmes nécessitant des artefacts ou des potions. J'ai fait une liste de ce qu'il faudrait, du moins à mes yeux d'apprentie médicomage, pour soigner les éventuels dégâts mais j'ai besoin de toi pour les trucs… plus offensif disons. En tant qu'auror tu sais sûrement ce qu'il faut toujours avoir dans une maison pour se protéger n'est ce pas ? Et puis nous aurons besoin de trucs pas forcément très légaux et je dois avouer que le l'Allée des Embrumes me fiche une trouille sans nom."

Ben tiens ! Le sourire de la métamorphomage se fit plus naturel et amusé. Deryn n'avait pas tort. Sans Molly, l'Ordre n'irait pas bien loin. A force de fréquenter des hommes, toutes les femmes qui partaient souvent en mission semblaient presque se comporter en homme, parfois, et avec tous les tracas que nos amis mangemorts causaient, ces derniers temps, l'inventaire était un peu passé à l'as. Molly avait plusieurs fois été obligée de réclamer une liste précise de ce qu'il manquait, mais les réserves s'épuisaient plus vite qu'elle ne s'emplissaient, et c'était toujours la croix et la bannière pour s'y retrouver. Et puis, s'il y avait une chose aussi de positive, c'était que Deryn avait besoin d'elle. Quand l'homme dont vous êtes amoureux vous rejette, que vous vous rendez comptes que vous ne lui êtes d'aucune utilité, aider quelqu'un fait un bien fou.

Alors que tout le monde semblait la croire incapable, Deryn l'avait choisie parce qu'elle était là, certes, mais aussi pour ses capacités. Et franchement, c'était agréable. Le ton de la rouquine était bas, nécessitant de tendre l'oreille, comme si c'était vraiment de l'ordre du secret. Une visite chez un apothicaire n'était pourtant pas quelque chose de réellement confidentiel, elle pouvait en avoir besoin pour des travaux à la fac, n'importe quoi. Mais en même temps... marcher dans le jeu rendait les choses plus excitantes, plus amusantes.

« Il va nous falloir un plan. » souffla l'auror.

Oui, un plan. Faire les choses bien. En plus, peut être que Deryn aurait moins peur à la suite d'une mission bénigne déguisée en mission de premier choix. Elle sentit que Deryn souriait et tentait de croiser son regard, mais ne prit pas vraiment la peine de se tourner vers elle, songeuse.

"Mais tu me protègeras n'est ce pas ? Je sais qu'avec toi je n'ai rien à craindre de personne !"

Tonks sourit

« Bien sûr que je te protègerai ! D'ailleurs... »

Elle jeta un coup d'oeil à droite, un autre à gauche, et se concentra. Son nez remonta un peu, et se fit plus petit. Sa peau s'éclaircit, à peine, juste pour donner l'illusion qu'elle n'était pas une grande amie du soleil, et elle se concentra pour rendre ses yeux plus petits. Ça n'était pas grand chose, mais ça rendait l'affaire un peu plus sérieuse. Deryn, qui avait semblé depuis ses derniers mots plongée dans une intense réflexion, sembla revenir sur terre, laissant échapper un rire amusé, communicatif, qui devint vite nerveux. Tonks suivit son regard. Un moldu, greffé à un objet dont la jeune femme avait déjà vaguement entendu parler, s'égosillait, effrayant sa jeune amie rousse. Deryn accéléra le pas, faisant trébucher son amie, qui se rattrapa de justesse. Une fois le garçon passé, Deryn se détendit, et Tonks feignit d'être absorbée par une boîte au lettres.

« Les hiboux sont quand même bien plus pratiques. »

Ce n'était pas aussi discret qu'elle espérait, mais elle s'en contenterait. Heureusement, Deryn reprit la parole aussitôt.

"Et puisqu'on va passer dans le coin, cela t'ennuierais si l'on faisait un peu les boutiques ? Je n'ai pas tellement le temps avec l'université et tout ça et c'est bientôt l'anniversaire de ma petite sœur… Mais je ne pense qu'à moi. De quoi aurais-tu envie, toi ? Quitte à désobéir, autant le faire à fond et en profiter un max, tu ne penses pas ?"

Tonks se tourna vers elle. Désobéir ? Cette notion les rendait terriblement plus jeune, lui faisant réaliser que c'était vraiment ça, qu'elle faisaient. Les adultes, à savoir Rémus et compagnie, les avaient consignées à la maison, et elles faisaient le mur. Lorsque l'on y pensait, c'était terriblement frustrant. Ses cheveux prirent une teinte plus foncée, presque brune, revenant à leur habituelle couleur souris dans la seconde, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle esquissa un sourire crispé

« Ce que je voudrais... »

La question était bien plus tranchante que ce que voulait Deryn, elle en était sûre. La galloise avait juste voulu être aimable, et Tonks ne devait pas l'oublier. Deryn n'avait rien de Rogue. Elle ne critiquait pas. La jeune fille chercha quelque chose. Ce qu'elle voudrait, puisqu'elle ne pouvait avoir Rémus, c'était ne plus être à l'écart. Ou juste se changer les idées.

« Mes cheveux roses, je crois. Une bonne bièraubeurre, aussi. Et il n'y a aucun souci pour ta petite soeur. Elle s'appelle Niallàn c'est ça ? »

Parler de la petite soeur de son amie était un bon dérivatif, et Tonks parvint à sourire, et elles arrivaient juste devant le Chaudron quand elle demanda

« Elle va nous rejoindre, elle aussi ? »

[HJ : Je ne sais pas ce que ça vaux... dsl. Hésite pas a me dire si cela ne va pas, j'éditerais demain]

Il y avait en fait plus d’un plan dans la petite tête rousse de l’étudiante. Sortir prendre l’air était le premier, le plus évident, mais ce n’était absolument pas le seul. Il y avait le fait de refaire les réserves qui leur servirait de justification face aux grands méchants hommes qui allaient être bien étonnés d’apprendre que oui, les femmes avaient elles aussi de la volonté (non mais oh, hein !) mais ce n’était pas le plus important. Non, la raison pour laquelle elle se donnait tant de mal, celle qui faisait qu’elle continuait à avancer plutôt que de rentrer au courant se remettre à l’abri dans la maison des Blacks, c’était les sourires de son amie.

Deryn avait tout mit en œuvre pour titiller l’Auror, et la distraire un peu de ses propres problèmes. Oh, elle savait bien que des coups de blues (elle se refusait à utiliser le terme « déprime ») ne disparaîtrait pas comme ça, d’un coup de baguette magique ni avec deux tours à la Sullivan mais chaque sourire était quelque chose et la jeune femme avait bien l’intention de faire passer une bonne après midi à son amie. Aussi, elle était heureuse de voir que ses piètres tentatives arrivaient parfois à faire pétiller les yeux de la métamorphomage, même si ce n’était pas suffisant pour colorer ses cheveux. Une chose à la fois.

Pour le moment, la technique plutôt simpliste de la future psychomage semblait bien fonctionner. Tonks entrait dans son jeu, un petit sourire triste aux lèvres (qui malheureusement disparaissait quand elle disait une bêtise…dur dur de bien doser) et semblait bien réagir aux responsabilités qu’elle mettait sur son dos. Elle essaierait d’en parler à un responsable tiens. Dora avait besoin qu’on lui fasse confiance, cela faisait partie de son traitement ! Et en tant que Médicomage de l’Ordre (bon, pas encore tout à fait mais presque…bientôt…plus que quatre ans et quelques mois) elle recommanderait vivement qu’on ne la tienne plus à l’écart comme ça. Bon, personne ne l’écouterait mais ce ne serait pas plus mal….

Tout en discutant, elles continuaient à marcher. Il y avait de plus en plus de monde dans les rues, interrompant les pensées de la jeune femme, l’empêchant de penser convenablement. Mais pourquoi fallait-il qu’il y ait des gens dehors. Avec humour, elle pensa que lorsqu’elle serait maîtresse du monde, elle ferait passer aux gens l’idée saugrenue de sortir dans la rue en même temps qu’elle. Elle sourit faiblement. Elle avait vraiment des idées à la con mais le pire était qu’elle ne pouvait s’empêcher d’être à moitié sérieuse en pensant ça. Si ce n’était pas stupide !

La micro-transformation, et la remarque de Tonks sur les hiboux achevèrent de lui changer les idées et c’est presque en riant qu’elle reprit la conversation. Malheureusement d’ailleurs car elle n’avait pas fait attention et avait visiblement touché un point sensible, détruisant par là tous ses efforts précédents. Elle se traita mentalement d’idiote. Pourquoi fallait-il être aussi maladroite hein ? Elle aurait du penser que si l’idée d’être sous l’autorité d’adulte n’était pas un problème pour elle (et même une habitude plutôt rassurante), l’Auror, elle, n’était pas une adolescente. C’était une femme tout à fait respectable et qui n’avait même pas du penser à une quelconque désobéissance. Deryn se mordit la lèvre et baissa la tête, honteuse. Elles s’entendaient tellement bien qu’elle en avait oublié leur différence d’âge…
Le sourire de son amie était forcé mais présent. Cela voulait sûrement dire qu’elle ne lui en voulait pas. Un peu soulagée quand même, Deryn soupira et la regarda un moment faire des efforts. Elle lui sourit, gagnant un sourire en retour et poussa la porte du Chaudron.

« Les cheveux rose c’est faisable je pense. Je crois que j’ai lu quelque part une recette de potion pour se teindre les cheveux. Bon, ce n’est pas comme les changer à volonté mais au moins ils seraient rose…qu’est ce que tu en penses ? »

Pour reculer soudainement devant l’atmosphère confinée et « crowded » du pub. Légèrement tremblante, elle atterrit le dos contre le torse de son amie et inspira un bon coup avant de serrer les points et d’avancer à nouveau. Une fois la porte franchie et ses yeux habitués à la semi-obscurité des lieux (rendu plus sombre encore par la fumée des pipes et cigarettes des consommateurs), Deryn pu se détendre un peu et reprendre avec un sourire.

« Oui, c’est ma petite sœur. La plus intelligente du lot. Elle est encore à Poudlard pour le moment, en septième année. »

Elle avisa une table vide et s’y assit, commandant au passage les deux boissons légères convoitées. Un des désirs de Tonks se verrait comblé sur le champ. Pour l’autre elle ne promettait rien, sinon d’essayer.

« Et pour répondre à ta dernière question, je n’en sais rien. Cad’ et moi on ne lui parle pas trop de tout ça. Enfin, elle verra ce qu’elle veut faire de son avenir quand elle aura passé ses ASPICs hein. Je lui ai dit que je ne la soutiendrais que si elle n’avait que des Optimals. »

Les boissons arrivèrent, portées par un serveur à l’air fatiguée. Deryn paya (et oui, cette sortie c’était SON idée et elle avait bien l’intention de traiter Dora avec tous les égards) et leva sa choppe.

« A quoi pourrions nous trinquer… voyons… »

L’adolescente réfléchit un moment puis éclata d’un rire joyeux qui fit se retourner plusieurs hommes vers elles. Mais la jeune femme avait décidé de ne pas leur prêter attention.

« Aux journées entre fille ! » Sans lui laisser le temps de protester, elle cogna sa choppe contre celle de son amie. « Parce que les gars, il y en a franchement marre parfois, tu ne penses pas ? »

En disant cela, Deryn pensa fugitivement aux quatre hommes de sa vie. Odysseus, toujours infirmier, toujours moldu, toujours en grèce, Livious et sa théorie sur le lait de soja – qu’elle faisait maintenant boire à Haddock le charretier, James…James… James quoi, et Cad’ qui la prenait toujours pour une enfant pure, innocente et surtout fragile. Elle les aimait. Tous les quatre. Mais elle tenait à sa liberté aussi.

Tout en laissant à Dora le loisir de lui répondre par une onomatopée ou une diatribe enragée (et tous les registres entre les deux), l’étudiante sortit un bout de parchemin et une plume, commençant à noter ce qu’elles auraient à prendre…

« Les cheveux rose c’est faisable je pense. »

Deryn ouvrit la porte du chaudron, et les deux mondes s'entrechoquèrent, l'un froid et l'autre plus chaud, aussi bruyant l'un que l'autre, mais d'une rumeur bien différente. La pollution laissa la place au doux parfum flottant de la bièraubeurre, de la fumée, plus âcre, et de la nourriture, et les klaxons devinrent un épais brouhaha, enchevêtrement de rires et de conversations diverses.

« Je crois que j’ai lu quelque part une recette de potion pour se teindre les cheveux. Bon, ce n’est pas comme les changer à volonté mais au moins ils seraient rose…qu’est ce que tu en penses ? »

Tonks s'apprêtait à répondre, mais sa phrase finie, la jeune galloise semblait soudain submergée par ce trop plein de bruit, de mouvement, de population. Même pour l'auror que la foule ne dérangeait pas outre-mesure, c'était plutôt étouffant. La rouquine recula d'un ou deux pas, repoussée par cette ambiance bien particulière et Tonks la sentit plaquée contre elle, visiblement en plein combat intérieur. L'auror ne broncha pas, jugeant bien inutile de rajouter sa présence aux tracas de Deryn, et celle-ci inspira profondément avant de s'avancer, déterminée. La porte se referma derrière elles et Deryn se détendit peu à peu, avant de répondre à la question de Tonks concernant sa soeur.

« Oui, c’est ma petite sœur. La plus intelligente du lot. Elle est encore à Poudlard pour le moment, en septième année. »

Dora sourit. De ce qu'elle savait des gallois, ils étaient très liés, ces trois-là. Il suffisait de voir comment Cadfael réagissait lorsque sa soeur était absente, comme cette fois où elle était partie avec Edward. Le gallois n'avait pas cesser de tourner, de virer, de se triturer l'esprit et de s'inquiéter. Bon, avec du recul, tous avaient pu voir que ça n'était pas sans raison, mais tout de même, ils semblaient extrêmement proches, presque plus que les jumeaux Weasley. Deryn la précéda vers une table libre, un peu à l'écart. Une bonne idée. Non seulement Deryn ne serait pas trop mal à l'aise, mais en plus elles pourrait comploter, commenter et bavarder tranquillement, sans trop risquer d'être entendues.

« Et pour répondre à ta dernière question, je n’en sais rien. Cad’ et moi on ne lui parle pas trop de tout ça. Enfin, elle verra ce qu’elle veut faire de son avenir quand elle aura passé ses ASPICs hein. Je lui ai dit que je ne la soutiendrais que si elle n’avait que des Optimals. »

Un serveur leur porta leur bièraubeurres, des cernes violacées accrochées à ses petits yeux absents, et Deryn paya pour toutes les deux, ignorant les grommellements de son amie qui trouvait anormal que ce soit la plus jeune qui paie. Tonks attendit que le garçon s'éloigne avant de reprendre la conversation là où il les avait coupées.

« Que des O, c'est quand même beaucoup demander. Enfin, comme ça au moins tu es presque sûre de ne pas avoir à soutenir son entrée dans l'ordre, si tant est qu'elle en ait envie. »

*Ce dont je ne doute pas*

Pas besoin d'être Trelawney pour deviner que la petite dernière de la famille Cadelle ne tardrait pas à les rejoindre. Le petit clan ne pouvait qu'être rassemblé dès que possible, et même sans la connaître, il n'était pas difficile de deviner que Niallàn n laisserait pas ses aînés se faire massacrer sans elle. Quelque chose que les Black ne comprendrait jamais.

Deryn trinqua aux filles, lançant une phrase qui aurait pu entrainer un discours des plus féministes, et Tonks leva son verre, se contentant d'un simple « Santé ! » songeant que parler des hommes, donc de Remus, ne l'avancerait à rien. Elle pouvait bien parler des raisons stupides qu'il avait de ne pas vouloir d'elle, de sa façon de la prendre pour une enfant, comme si elle n'avait jamais eu à se battre, comme s'il était la seule chose qui pouvait la mettre en danger et surtout, comme s'il croyait que ses sentiments pour lui pourraient changer. Mais ce genre de chose n'aurait fait que culpabiliser Deryn, car nul doute qu'elle s'en serait voulu d'avoir amené ce sujet sur le tapis, bien qu'elle n'était pas fautive. Bref, mieux valait se taire.

La jeune apprentie médicomage sortit un parchemin et entreprit de noter ce qu'il leur fallait comme ingrédient, et après une longue gorgée de bièraubeurre, Dora se pencha sur la table pour pouvoir lire ce qui était déjà noté. Béozard. La base. A se demander comment ils avaient laissé leurs réserves tomber aussi bas. Ça pouvait se vanter d'être de grands mâles forts et dangereux, ils n'avaient pas deux noises de jugeote. Tonks sourit

« Il nous faudrait de la bile de tatou aussi. Et des racines de gingembre. Si nous sommes à court de béozard, Inutile de se demander si nous avons de quoi préparer de l'aiguise méninges. Severus pourrait sans doute nous fournir bon nombre d'ingrédients, mais il vaut mieux avoir un stock convenable au QG. »

Elle avala une nouvelle gorgée de bièraubeurre, se reculant sur sa chaise, s'assurant que personne ne leur portait trop d'attention. Mais les sorciers étaient tous absorbés dans d'intenses discussions, et à cette heure, aucun mangemort ne devait soupçonner le complot de deux membres de l'ordre. Les deux filles avaient juste l'air d'étudiantes, et l'allusion au QG pouvait très bien passer pour une expression qu'elles utiliseraient pour le foyer. Reposant son verre, elle ajouta.

« De l'Ellébore. Il nous faut du pollen, et sans doute de l'essence. Peut être de l'essence de belladone aussi, je ne sais pas trop ou en sont nos réserves, ni si nous en avons besoin. »

Elle hésita un instant réfléchissant aux éventuelles potions qu'elle pourrait préparer sans l'aide de Rogue et reprit.

« Du liquide éruptif et du sang de dragon aussi, mais seulement si tu peux faire une potion pour moi. C'est quelque chose que Severus ne fait pas, et il est hors de question que je lui demande de me rendre ce service. »

Un sourire fin fut la seule réponse de la rouquine à l’affirmation de son amie. Au fond, elle n’avait rien contre le fait que Niallàn entre dans l’Ordre. Au contraire même, avec leurs origines les Cadells ne seraient jamais tranquille et quitte à être la cible des mangemorts, autant l’être au sein d’une organisation qui pourrait au besoin la protéger. Sans parler du fait d’être utile à la société et de participer activement à l’élimination d’une menace. Toutefois, mettre une condition à son entrée dans l’ordre pouvait être une motivation supplémentaire et la jeune fille souhaitait le meilleur pour sa sœur adorée.

L’entrée de Blod’ dans l’Ordre aurait l’avantage supplémentaire de les réunir tous les trois sous le même toit puisque l’UMA ne les accueillerait pas en même temps. C’était trop bête que Cad’ finisse ses études juste lorsque leur soeur arrivait ! Mais bon, il allait gagner sa vie et les couvrir de cadeaux, c’était déjà ça.

Tout cela pour dire que Tonks ne surenchérit pas à son toast et que les choppes tintèrent. La bièraubeurre avait un goût sucré, presque comme celui de l’hydromel qui ne déplaisait pas à la jeune celte. Elle en buvait rarement, n’étant pas de ces adolescentes qui s’imbibent tous les samedis soir mais ferma les yeux pour savourer sa première gorgée avant de se mettre réellement au travail.

« Il nous faudrait de la bile de tatou aussi. Et des racines de gingembre. Si nous sommes à court de béozard, Inutile de se demander si nous avons de quoi préparer de l'aiguise méninges. Severus pourrait sans doute nous fournir bon nombre d'ingrédients, mais il vaut mieux avoir un stock convenable au QG. »

Docilement, la jeune fille rajouta les ingrédients proposés à sa propre liste. Elle avait surtout fait le tour des plantes pour le moment. Il manquait tellement de choses que si elles ne s’y prenaient pas avec un tant soit peu de méthode, elles allaient en oublier la moitié.

« De l'Ellébore. Il nous faut du pollen, et sans doute de l'essence. Peut être de l'essence de belladone aussi, je ne sais pas trop ou en sont nos réserves, ni si nous en avons besoin. »

Deryn eut le temps de noter encore deux ingrédients pendant que Tonks réfléchissait et haussa un sourcil en entendant sa demande. Elle pouvait évidement faire à peu près n’importe quelle potion avec une bonne recette mais elle restait débutante et le Professseur Rogue, malgré son sale caractère (ou peut-être grâce à lui, peut-être était-ce le mauvais caractère qui faisait le bon potionniste ? Cela pouvait expliquer celui du Professeur Wyrd… ) était l’un des meilleurs potionniste qu’elle connaissait. Et puis quelle était la potion qu’elle n’osait pas demander au Professeur ? Pourquoi des produits aussi dangereux ?

Trop polie pour poser ses questions à voix haute, la jeune femme laissa toutefois son regard brun parler pour elle tandis qu’elle hochait la tête.

« Je ne garantie pas du résultat mais je te promets de faire de mon mieux. Donc, cela nous fait… 25 produits que l’on pourra trouver sur le chemin et 7 qui demanderont un peu d’imagination. Tu vois autre chose à rajouter ? »

Elle avait parlé à voix basse et, tout en lui tendant le parchemin. La liste lui paraissait plutôt complète. Avec ça, elle pourrait désinfecter, cicatriser voire soigner la plupart des blessures courantes. Elle avait également en tête quelques potions utiles. Pas forcément du grand art mais ce qu’il fallait en général avoir sous la main. Après, il restait toujours sainte mangouste même si elle savait que si quelqu’un osait y envoyer son frère, il risquait d’avoir de sérieux problèmes de santé.

« Donc, voila ce que je te propose. On commence par le thym, la sauge, l’ellébore, bref toutes les plantes dans une herboristerie. Il y en a une un peu cachée derrière Gringotts, je connais bien le gérant, il nous fera des prix. »

Une question idiote s’imposa soudain à elle.

« D’ailleurs d’où vient l’argent ? Tu crois que c’est le propriétaire de la maison ? Ou le chef de famille ? »

Elle espérait que ses noms de codes seraient assez limpides pour Tonks sans pour autant alerter ceux qui pourraient écouter leur conversation. Secouant la tête pour chasser son esprit des pensées parasites, elle reprit.

« Le reste peut se trouver dans une apothicairies, n’importe laquelle, peu importe. Et puis ensuite…il suffira d’aller nous balader. »

Maintenant qu’elle était vraiment sortie du Square, l’idée d’aller faire du tourisme dans l’allée des embrume ne la tentait plus trop mais elle s’efforçait de faire bonne figure. Son amie avait vraiment besoin de ça et ce n’était pas un tour tranquille sur la rue la plus policée de Londres qui allait lui redonner confiance en elle. Il lui fallait du danger. Même un peu, pour qu’elle comprenne enfin qu’elle leur était irremplaçable.

Sa compagne ayant acquiescé, les deux femmes terminèrent leur boissons et partirent à l’assaut des boutiques du Chemin. Les boutiques étaient bondées et l’angoisse avait envahit Deryn qui ne répondait que par monosyllabe aux essais de conversation de son aînée. Le seul moment où elle s’anima un peu fut dans l’herboristerie lorsque le vendeur la reçu par son badinage habituel. Elle aimait bien ce vieux monsieur, passionné, non par les plantes comme Papy Bachelard mais de chimie magique et moldue.

Bref, tout se passa sans anicroche mais le moment tant redouté arriva. Elles entrèrent dans l’Allée des Embrumes. Un lieux sombre, toujours froid et glaucque que la jeune fille évitait comme la peste. Les regards concupiscents des vieux pervers et des repris de justice lui glaçait le sang et elle eut l’impression qu’ils mettaient des siècles à arriver à la boutique…

[HJ : voici la liste, faite par Tonksie en personne.

Spoiler:

]

« Donc, voila ce que je te propose. On commence par le thym, la sauge, l’ellébore, bref toutes les plantes dans une herboristerie. Il y en a une un peu cachée derrière Gringotts, je connais bien le gérant, il nous fera des prix. »

Tonks sourit, amusée. Commencer par ce qui était légal et facile à obtenir était une bonne idée, évidemment, mais en même temps, Deryn semblait assez peu pressée de passer à la suite du programme, alors que c'est ce qui intéressait le plus la jeune auror. Elle avait besoin de se changer les idées, pas de faire les courses. Enfin, de toute façon, puisqu'il fallait y passer, autant le faire vite, et si la rouquine pouvait leur avoir un joli rabais, c'était toujours ça de pris.

Elle parcourut rapidement la liste, vérifiant qu'elles n'avaient rien oublié, n'écoutant son amie que d'une oreille. L'argent ? Elle leva les yeux vers Deryn

« Le chef de famille ? »

Il fallut quelques instants pour que la jeune femme saisisse de qui il s'agissait et elle sourit.

« Un peu des deux je crois. Un peu d'autres parents aussi. Dans une grande famille, tout le monde doit participer. Mais c'est principalement le propriétaire, si je ne me trompe pas. »

Deryn reprit la parole, gardant toujours certaines zones d'ombres, amusant Dora. Finalement, à être aussi vagues sur certains sujets, si méfiante, la jeune étudiante n'en était que plus suspecte, et quoi qu'elle en pense, pour ça, l'atmosphère étouffante du Chaudron était une bonne chose. Et puis, c'était toujours mieux que le monde qu'il y avait sur le Chemin de Traverse ou dans la moindre boutique. Même pour l'auror, c'était désagréable. Bruyant, remuant, oppressant. On ne s'entendait quasiment pas et il fallait faire preuve d'une volonté inouïe pour ne pas se faire emporter par la foule. Deryn semblait presque tétanisée, et Tonks avait beau tenter de la distraire, de lui offrir des sujets de conversations divers et variés, de l'amuser en commentant les tenues de certaines sorcières dont le mauvais goût aurait dû les envoyer à Azkaban, rien n'y faisait. La galloise restait crispée et Tonks ridicule.

L'arrivée dans la petite boutique de l'herboriste fut donc un soulagement tant pour l'une que pour l'autre, puisque le vieux vendeur bavard détendit l'apprentie médicomage. Et vas-y que je te parlais de formules étranges et obscures, inconnues d'une Tonks distraite, pas vraiment concentrée sur la conversation des deux autres. Finalement, elles ressortirent avec une poche pleine d'herbes diverses, certaines que Tonks n'aurait jamais imaginé trouver dans un tel endroit. Mais cela restait commun, légal, et donc insuffisant.

Tonks se détendait au fur et à mesure que sa camarade se tendait, et elle lui tendit la poche pour prendre son bras, espérant que ce vague contact la rassurerait un peu ou au moins, ne l'effrayerait pas encore plus.

Habituée de ce genre d'endroit, Tonks ignora les regards qui se posaient sur elles, ne se détachant de leur dos qu'après un long examen, tout comme les murmures qui résonnaient sur leur passage. De toute façon, avec ces gens-là, avoir peur était idiot, voire dangereux. C'est un fait avéré, les moins-que-rien se sentent toujours plus forts si leur cible est craintive et semble douter, et si elle à l'avantage, alors elle prend ses aises, et vous êtes mal barré.

« Là. »

Ce simple mot suffirait pour faire comprendre à Deryn qu'elles étaient arrivés, que ça irait un peu mieux, une fois chez l'apothicaire. Déjà, le propriétaire de la boutique n'avait, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, rien d'effrayant. Un quadragénaire tout à fait comme les autres, qui commençait à prendre un peu de ventre par manque d'exercice. Rien de bien inquiétant, donc, si ce n'est l'expression méprisante qu'afficha son visage lorsque son regard se posa sur Tonks et Deryn. Bon, il n'aimait visiblement pas la gent féminine, et alors ? Elles étaient là pour faire affaire, que le vendeur les apprécie ou non n'avait rien d'intéressant. Jusqu'ici, tout allait bien.

« On n'en a pas pour longtemps. A deux ou trois exceptions près, ce que l'on cherche est assez facile à trouver, ici. »

Et Tonks le savait. Si Deryn connaissait parfaitement l'herboristerie, ça n'était pas la première fois qu'elle venait ici, et il ne lui fallut pas longtemps pour trouver tout ce qu'elles cherchaient, plus deux ou trois ingrédients supplémentaires qui pourraient toujours être utiles, d'une manière ou d'une autre. Jusqu'ici, tout allait bien.

Elles sortirent donc, Deryn toujours silencieuse – les deux ou trois syllabes que Tonks parvenait parfois à lui arracher ne comptant pas – et s'avancèrent vers le Chemin de Traverse, agité mais plus sécurisant pour la jeune fille, dans un sens, et Tonks tenta de détendre l'atmosphère, blaguant sur la façon qu'elles avaient de négocier. Puis, se voulant rassurante, elle souffla

« Tu vois ? Tout va... »

Bien. Ou presque. Distraite, l'auror maladroite trébucha et heurta un homme, suite à quoi tout se passa très vite. Il y eut quelques sorts, trois fois rien, et une multitude de coups. Pourquoi leur premier réflexe avait été de se battre à la moldue, elle n'en savait rien. Mais Deryn semblait enragée, coincée par un type à l'air pas très net, et l'auror était trop occupée pour aller l'aider, pour le moment. Plongeant la main dans la poche qu'elle tenait, elle en sortit une fiole qu'elle brisa sur le crâne de son assaillant, pas suffisamment concentrée pour penser à sa baguette. Profitant de l'égarement de l'autre, elle parvint à prendre Deryn par la main.

« On y va. »

Deryn tremblait. Intérieurement, extérieurement et même entre les deux. Elle avait oublié ce que c’était que de se retrouver sur le chemin pendant les heures de pointes, tout comme elle avait jusqu’ici réussi à éviter de penser à la foule. Et les remarques de Tonks étaient drôle mais attirait son attention sur les terribles gens qu’ils croisaient. Elle avait beau essayer de sourire, de se montrer courageuse et saine d’esprit, rien n’y faisait. Ils parlaient fort. Bougeaient beaucoup. Etaient là en somme ce qui était déjà trop.

C’est donc crispée et mal à l’aise qu’elle traversa la foule bigarrée des sorciers pour se rendre chez son herboriste préféré. La boutique était vide quand ils entrèrent, donnant l’occasion à la jeune fille de respirer un grand bol d’air frais. Dans les minutes qui suivirent, elle réussit à se calmer suffisamment pour discuter de potions, d’ingrédients et même plaisanter dessus. Toutefois, Tonks n’avait pas vraiment l’air à l’aise (ce qui était normal après tout, les délires de potionniste étaient parfois un peu hermétiques aux autres) et Deryn paya trop rapidement à son goût. C’était repartit pour une nage à contre courant, cette fois même dans les eaux tumultueuses de l’allée des embrumes. Une eau marronnâtre dont l’atmosphère même collait à la peau.

Moins de bruit ici, moins de mouvements, moins de couleur mais toujours autant de violence dans les murmures, les regards et les mouvements de cape. La pauvreté et l’insalubrité des lieux prenait à la gorge. Il n’y avait sûrement pas que des assassins ici mais quelques honnêtes personnes qu’un caprice de la vie avaient rejetés dans la lie de la société… non ? Probablement mais dans ces cas là pourquoi ne pas quitter Londres ? La vie à la campagne – comprenez dans son pays – était bien meilleure. Non, ils méritaient tous la vie qu’ils s’étaient construite. C’en était encore pire. Donnant à leurs regards d’envie quelque chose de malsain. Inconsciemment, elle se serra contre la métamorphomage tout le temps du trajet et entra dans la boutique, mi soulagée (il n’y avait encore personne), mi-inquiète en se demandant quel genre de type pouvait gérer un tel étalage de truc illégaux en toute quiétude. Par chance, il ne s’agissait que d’un vieux normal, sans verrues, bosses ou autres signes extérieurs de noirceur. Et pour ceux qui se poseraient la question, oui, la médicomage savait qu’il était stupide de juger des gens sur leur physique, que des gens très bien étaient difforme et qu’il était probablement plus inquiétant de savoir que le diable pouvait être attirant mais des millénaires de tradition parlaient contre elle et elle avait toujours des réflexes conditionnés non par sa logique mais bien par la société.

La transaction fut rapidement conclue. Le type ne les appréciait visiblement pas beaucoup bien qu’il se soit donné la peine d’être toujours correct et les deux femmes savaient parfaitement ce qu’elles cherchaient. Visiblement, l’auror était déjà venue dans les parages et s’y retrouvait avec aisance. Deryn ne le lui dirait jamais mais elle admirait beaucoup la jeune femme dont la maladresse et la joie de vivre cachaient des qualités nombreuses et réelles. Après tout, maintenant qu’elle y pensait, elle lui avait également demandé de venir parce qu’elle se sentait en sécurité en sa présence. Enfin moins en danger que toute seule ou avec d’autres personnes aux buts moins clairs. Tonks disait toujours ce qu’elle pensait, comme elle le pensait. Ils repartirent. Et pour la troisieme fois de la journée, les pensées de la rouquine furent coupées par l’angoisse. Pourvu qu’elles sortent d’ici…sans plus d’incidents qu’à l’entrée et elle se sentirait parfaitement heureuse d’être coincée au repère pour les semaines à venir. La maison de Sirius, c’était le bien.

La scène se déroula presque au ralentit. L’auror était en train de plaisanter, essayant une fois encore de détendre l’atmosphère lorsqu’elle trébucha. Comme dans un film, Deryn tendit la main pour la rattraper mais ne fut pas assez rapide pour l’empêcher de heurter un homme puis tout passa en accéléré. Avant de comprendre ce qu’il lui arrivait, deux types s’étaient jetés sur elle, baguettes sorties. Deryn eut le temps de lancer un Lashlabask (sort qu’elle maîtrisait plutôt bien puisqu’il écartait les indésirables) mais un sort sur son poignet la fit tomber son arme et ils étaient sur elle. Plus blanche que les murs des bâtisses autour d’elle, presque grise de frayeur, la jeune fille ne réfléchit pas, lança un coup entre les jambes de son adversaire, attrapa sa baguette et se prépara à défendre chèrement ce que ces gens visaient. Que ce soit sa vie, sa santé, sa vertu ou qu’en savait-elle encore. Elle ne comptait plus les coups donnés et reçus, les sorts évités ou lancés, jusqu’à ce que son amie lui attrape le poignet et ne la sorte de cet enfer. Le Grand Magnétoscope mit alors le film sur « pause » quelques secondes durant lesquelles les pensées de la galloise se remirent en place. Et elle se mit à trembler.

Elle trembla tout le chemin, jusqu’à l’arrivée au repère ou Lupin les accueillit d’un air furieux. Il lui faisait peur. La maison lui faisait peur, jusqu’à Tonks qui lui faisait peur quand elle avait regardé sa joue. Les blessures par contre ne lui faisaient ni chaud ni froid. Curieusement, les marques ou la douleur ne lui faisaient ni chaud ni froid. C’étaient juste… les gens. Leur violence, leur colère, leur douleur. Elle n’arrivait pas à le supporter. Elle les détestait. Tous.

Prenant les paquets qu’elles avaient en main, évitant la désaprobation du Loup Garou, la jeune fille fila à l’étage pour ranger leurs achats. Autant laisser les tourtereaux se battre en paix. Elle aurait son tour avec Cad’. Elle en était certaine.