Apparement, Lynn n'attendait qu'un geste d'encouragement, ou une parole, avant de commencer à raconter ce qui la tracassait. Nervia n'en revenait toujours pas d'avoir touché juste avec sa petite phrase lancée en l'air. Aucun indice n'aurait pu indiquer que Lynn était elle aussi soumise aux tourments de l'amour (ce que c'est beau) et surtout pas avec...

William? Les yeux de la Serdaigle s'écarquillèrent. Elle jeta un rapide coup d'oeil dans la direction de Clarisse et vit que sa réaction était à peu près la même. William? Jamais elle n'aurait pu le deviner. En même temps, c'était un des seuls Gryffondors mâle de deuxième année, et le plus mignon, pour sur, alors après tout... Nervia elle même avait senti son petit coeur balancer entre les deux garçons, pendant une période qui lui semblait bien lointaine. Mais jamais elle n'aurait pu penser que Lynn et William... Ca c'était un choc.

La brune commençait à raconter les gestes tendres du garçon, sa gentillesse, tout ce qui devait être des plus agréables et qui rappelait à la petite blonde le Mathias du soir du bal. Son esprit partait se réfugier sur des montagnes brumeuses si hautes qu'elle ne voyait plus ni n'entendait ce que disaient ses amies. Elle était bien tout la haut à se remémorer cette merveilleuse soirée. Si seulement elle ne l'avait pas trouvé ce dernier Week End de Janvier dans la salle sur demande...
Pop! Sa jolie petite bulle éclata. Elle était à nouveau sur terre, dans les toilettes des filles du château de Poudlard. Elle pretait à nouveau attention à ses amies qui se tournaient vers elle dans l'espoir d'obtenir, surement, une réponse. La petite fille essaya de se rappeler ce qui venait d'être dit. Lynn et William. Gestes affectueux. Clarisse qui avait dit que non. Non... elle non plus.

"-Ben il a toujours été gentil avec moi, avec tout le monde en fait, je crois. Mais il n'a jamais fait le moindre geste tendre vers moi, ni dépassé le simple cadre de l'amitié de base. Ou alors je m'en suis pas rendu compte... Mais non, je pense que son comportement avec toi est assez unique... et révélateur."

A son tour de donner confiance à son amie. Après tout, elle le méritait amplement pour toute l'aide qu'elle venait de lui apporter. Cependant, la perspective d'être plus qu'une amie pour William semblait effrayer la Gryffondor. Chose étrange, à un âge ou beaucoup de petites filles étaient encore à rêver du prince charmant, tout en se rendant compte que les garçons de leur entourage feraient très bien l'affaire quand même... Mais Lynn avait toujours été distante avec les garçons, du moins depuis que Nervia la fréquentait plus régulièrement.

"-Bah tu devrai peut être en parler avec lui... Gentiment, histoire qu'il ne lui arrive pas le même genre d'histoires qu'à moi... Mais s'il a envie d'être plus que ton ami et que tu lui dis que tu n'es pas prête à sauter encore le pas, il devrait comprendre. Et t'attendre..."

Les deux serdaigles parurent particulièrement surprises de la révélation de Lynn ce qui l'embarassa davantage. Elle n'avait pas l'habitude d'être le centre de l'attention. Depuis toute petite, elle était relegé au second plan, dans sa famille elle faisait presque partie des meubles. Avant son entrée à Poudlard, seul Aïlin avait fait un tant soit peu attention à elle. Maintenant, elle avait des amis qui s'inquiétaient pour elle, qui aimaient la voir sourire et rire, avec qui elle pouvait partager des choses mais c'était si nouveau pour elle qu'elle était encore souvent maladroite et hésitante.

Ses deux camarades bleu et bronze confirmèrent que William était très gentil mais n'avait jamais eut de gestes équivoques avec elles, ce qui ne fit qu'inquiéter Lynn. Elle se posait déjà tant de questions et avait tellement de problèmes, elle ne voyait pas comment elle pourrait gérer ça. Elle esperait sincèrement que rien ne changerait avant un long moment. Elle avait beaucoup de choses à régler avant de pouvoir essayer de s'investir dans une relation, quelle qu'elle soit... Les amitiés étaient déjà un progrès énorme... il ne fallait pas la bousculer.

"Mais non, je pense que son comportement avec toi est assez unique... et révélateur."

Lynn rougit davantage et un faible sourire se dessina sur ces lèvres. Bizarrement, ce n'était pas le genre de phrases qui la rassuraient. Nervia continua, essayant d'encourager et de rassurer Lynn. Cette dernière fut un instant tenter d'expliquer à ses deux amies pourquoi cela la mettait tant mal à l'aise mais elle se ravisa. Elle n'était pas encore prête à en parler... et puis, ce n'était pas le genre de nouvelles que les deux aiglonnes seraient heureuses d'apprendre et la petite gryffondor préferait leur épargner cela.

- Tu as sans doute raison... finit-elle par dire. Mais... je ne pourrais pas lui en parler... je ne sais même pas ce que je pense vraiment de tout ça... et puis, je suis bien comme ça... je n'ai pas envie que ça change.

Elle poussa un soupir mais elle finit par sourire, quelque peu rassurée de savoir qu'en cas de besoin, elle pourrait s'adresser à l'une ou l'autre des deux serdaigle.

- Je vais attendre... et voir... comment tout ça évolue... Je me fais peut-être des idées, après tout ! On verra bien....

Autrement dit, elle n'avait pas l'intention de faire quoi que ce soit, si ce n'est profiter du soutien et de la tendresse que William lui donnait. Elle haussa les épaules et ajouta, décidée à clore le sujet:

- On devrait peut-être y aller, on va rater l'heure du déjeuner. Ca va mieux, tu es sûre ? Demanda-t-elle à l'adresse de Nervia.

Elle se tourna vers Clarisse et lui lança un regard à la fois amusé et sérieux:

- J'espère qu'on aura dorénavant plus l'occasion de parler... tiens-moi au courant si tu concrétises ta petite entrevue avec Mathias, je veux y participer !

Ca promettait d'être interessant...

Apparemment, Nervia était aussi surprise que Clarisse d’entendre Lynn évoquer William. Au moins étaient-elles deux à prendre un air bête, même si comme on dit, le ridicule ne te pas. Tu parles ! La jolie serdaigle annonça que, tout comme la rousse, le jeune lion ne s’était jamais comporté de la sorte avec elle, ou alors elle ne s’en souvenait pas. C’est vrai que le rouge avait un cœur en or, et le cœur sur la main, ayant toujours le bon mot pour chacun, le sourire ou le regard joyeux envers chacun, même si elle le savait capable d’être moins aimable lorsqu’il s’agissait de défendre ses intérêts ou ceux de personnes qu’il aimait bien. La petite blonde ajouta que Lynn devrait aller lui parler, histoire d’éviter que le schéma « Mathias-Nervia » se reproduise mais version « Lynn-William ».

Comme on dit, mieux vaut prévenir que guérir ! Sur ce point, la petite avait entièrement raison. Et puis déjà que Nervia avait le cœur en morceaux, autant éviter que ce soit pareil pour William ou sinon, chacun irait mal et tout le monde déprimerait. Autant dire que leur fin de deuxième année ne serait pas des plus joyeuses dans ses conditions. Oui, sauf que super Lynn allait aller voir son ami et avoir une charmante discussion sans violence, pour lui expliquer gentiment qu’elle ne partageait pas ses... HEIN ? Le petit château de cartes que l’écossaise s’était construit mentalement venait de voler en éclats par des paroles de la jeune Bower. Cette dernière venait de dire que non, elle n’irait pas parler au rouquin, parce qu’elle ne le pouvait pas. La petite qui n’était pas totalement débile compris que sous cette expression « je ne pourrais pas » se cachait certainement plus que ce qui était dit. Après tout, Lynn était peut être comme elle, si ça se trouvait, elle était aussi timide qu’elle, et avait du mal avec les sentiments.

Elle lui sourit.

Ça faisait déjà quelques temps que les trois filles s’étaient retrouvées par hasard, dans les toilettes des filles. Encore fallait-il croire au hasard. Enfin là est une autre question à laquelle nous répondront une autre fois. Lynn parut, au contraire de Clarisse, se rendre compte de l’heure tardive qu’il était, et, proposa aux deux aiglonnes de rejoindre les autres élèves dans la grande salle, afin de ne pas rater le déjeuner. Le petite opina d’une signe de tête et se mit sur ses pieds, tendant sa main à la blondinette pour l’aider à se relever. Puis, une remarque de la gryffondor retint son attention. Qu’elle la prévienne lorsqu’elle concrétiserait son idée de parler à son « cher » préfet. Oh mais certainement. Clarisse ne comptait pas laisser tomber son idée. Non, loin de là, elle allait y réfléchir soigneusement, prendre son temps, et laisser couler un peu d’eau sous les ponts avant de « passer à l’action ».

_ Je t’enverrai un hibou….et… j’espère que… tu ne nous cacheras plus autant de chose… ajouta t’elle à l’intention de Nervia.

La rouquine leur lança un clin d’œil.

_ On y va ?

Nervia avait exposé son point de vue à Lynn. Si elle voulait une chose, c'était bien que ses amis ne souffrent pas comme elle. Et surtout pas pour les mêmes raisons, alors que c'était évitable. C'était largement évitable. Lynn l'écouta attentivement mais elle semblait un peu distante, sans raison apparente. Et, enfin, elle parla. Elle expliqua qu'elle était bien dans cette situation, qu'elle n'était même pas sure de ce qu'elle avançait, et donc qu'elle préferait attendre les évolutions de cette relation balbutiante. La petite blonde lui sourit et haussa légèrement les épaules.

"-C'est toi qui vois.."

Pourvu que William ne commence pas à s'accrocher pour rien. L'erreur du débutant... Qu'elle avait elle même commis. D'autant plus que les garçons, à ce qu'il paraissait, avaient plus de difficultés à exprimer leurs sentiments entre eux. Enfin avec la sensibilité exacerbée de Mathias, peut être devinerait-il le problème et convaincrait son ami de lui raconter. Mais il n'avait pas deviné le problème de Nervia...

La jolie Gryffondor se leva, enfin, et fit remarquer l'heure un peu tardive. Elle avait raison, le déjeuner allait bientôt être servi et il serait préférable de ne pas le louper. Comme disait sa mère, les émotions, ça creuse. En conséquence, Nervia avait, comme toujours, faim. Elle se remit sur ses pieds à son tour et sourit à Lynn qui lui demandait si elle allait bien.

"-Oui, ça va aller..."

A son tour, Clarisse se leva et fit promettre à son amie qu'elle ne leur referait plus un coup pareil.

"-Juré! La prochaine fois je vous dirai tout très vite."

La petite Serdaigle se dirigea vers la porte et l'ouvrit. en pénétrant dans le couloir, elle tint la porte à ses deux amies qui la suivaient tout en parlant d'une éventuelle entrevue avec Mathias. La blondinette fronça les sourcils et se retourna vers les deux jeunes filles.

"-Dites euh... vous lui ferez pas trop de mal quand même?"

La jolie blondinette n'insista pas quand Lynn avoua ne pas être prête et elle lui en fut reconnaissante. Elle n'avait nullement l'intention de faire du mal à qui ce soit, surtout après avoir vu les conséquences d'un chagrin amoureux sur la serdaigle, mais préférait que les choses ne changent pas, pour le moment en tout cas....

Elle avait bien trop à penser et était tout sauf prête à avoir des relations autres qu'amicales avec des garçons....

La petite rouge et or signala qu'elles allaient être en retard pour le dîner et demanda à Nervia si elle se sentait mieux. Elle acquiesça et Lynn constata avec soulagement que les yeux de la petite aiglonne confirmait ses dires. Elle était rassurée de savoir que leur présence à Clarisse et à elle, l'avait aidée.

Puis la rouquine demanda à Nervia de ne plus leur cacher quand elle allait mal et Lynn acquiesça tandis qu'elle souriait:

"-Juré! La prochaine fois je vous dirai tout très vite."

Lynn lui rendit son sourire et elles quittèrent les toilettes. Alors qu'elle commençaient à marcher, tout en parlant de leur future discussion avec le préfet, la blondinette s'inquiéta et demanda d'une petite voix si elles n'allaient pas lui faire du mal.

La jolie gryffondor se mit à rire et jeta un regard complice à Clarisse avant de reporter son attention sur Nervia:

- Ne t'inquiète pas, j'y veillerai... Enfin, connaissant Cyanur, je me débrouillerai déjà pour qu'il reste en un seul morceau.... On ne sait jamais... si j'ai raison et qu'il t'invite au bal, ce serait mieux qu'il tienne sur ses jambes... lança-t-elle avec un sourire en coin.

Et elles disparurent toutes les trois au détour d'un couloir, riant, le coeur bien plus léger qu'une trentaine de minute plus tôt.

Il n'y a pas à dire, c'est bien d'avoir des amies...