Besoin de faire le point. Besoin de réfléchir. Besoin d'être seule. Nervia était rentrée de ses vacances de Noël quelques jours plus tôt et elle n'avait pas encore eu l'occasion de se retrouver en tête à tête avec elle même. Elle avait passé tout son temps libre en compagnie de Clarisse, heureuse de la revoir après ces deux longues semaines de séparation. Jamais un moment pour elle. Jamais un moment pour penser. Elle n'avait pas revu Mathias seule depuis le bal. Elle ne le voyait d'ailleurs pas en dehors des cours, à croire qu'il ne se matérialisait que pendant ces heures de travail intensif. Elle ne lui avait pas parlé, elle ne savait pas ce qu'il pensait.

Ce soir, Clarisse était montée à la volière, probablement pour écrire à ses parents, ou à sa grand-mère. William et Naomi étaient dans leurs salles communes respectives. Ambre devait se promener dans les couloirs presque déserts. Mathias... était toujours introuvable. La petite blonde avait donc décidé de se promener dans le parc. Seule. Emmitouflée dans sa chaude cape noire bordée de fourrure, elle était sortie du château quelques minutes auparavant. Son cerveau ne connaissait pas de repos. Elle devait le voir. Ils devaient se parler. Elle devait lui expliquer pourquoi elle s'était enfuie et lui dire combien elle était désolée d'avoir...

L'oreille de la Serdaigle se dressa. Un son mélodieux et attirant résonnait à quelques dizaines de mêtres de là. Qui chantait si bien? A cette distance elle ne parvenait pas à reconnaitre la voix, ni même à savoir s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille. Mais elle n'avait pas le temps pour ça. Elle devait faire le point. Réfléchir à ses mots, à ses gestes lorsqu'ils... Cette mélodie était vraiment très douce. Impossible de se concentrer. Nervia n'était pourtant pas de celles qui avaient du mal à faire le vide dans leur tête, mais cette fois, c'était différent.
Ses pas avaient déjà changé de direction. Ils la menaient tout droit vers la silhouette chantante. Et s'il s'agissait d'un piège? Un terrible démon à la voix charmante? Une des horribles sirènes des contes grecs? Elle s'approcha tout de même, à pas de loup. Il s'agissait d'une jeune fille. Et au vu de ses chaussures, ce n'était pas un être à queue de poisson.

Arrivée à quatre mêtres du banc où était allongée la chanteuse, la petite blonde s'arrêta. Elle ne distinguait que la couleur de son manteau: rouge. Une élève de Gryffondor? Incapable de faire un pas de plus, elle s'assit dans l'herbe et écouta la chanson. Elle était apaisante. Les paroles, jolies. La voix cessa de chanter. N'entendant plus que le souffle de la demoiselle, la Serdaigle parvint afin à parler.

"-Tu chantes très bien."

La jeune fille à la jolie voix sursauta à peine Nervia avait elle ouvert la bouche. Son bond fut si spectaculaire qu'elle en tomba de son banc, son manteau rouge volant derrière elle. Quelques flocons de neige s'écrasaient à présent sur le sol mais fondaient instantanément. On les distinguait à peine dans la noirceur de la nuit. Mais peut être la chute allait elle s'accélérer durant la nuit et peut être que demain matin, en tirant leurs rideaux, les élèves de Poudlard auraient la chance de découvrir un parc tout blanc. Pour l'instant on ne voyait rien que des taches de couleur. Le rouge vif du manteau, le vert foncé du gazon, le gris de la pierre du château. Impossible de compter sur la clarté de la lune, dissimulée derrière d'épais nuages.
La jeune fille se releva, doucement, et remercia Nervia de son compliment.

"-Pas de quoi, c'était sincère."

Quelle conversation étrange, si on pouvait appeler cet échange de trois mots une conversation. Ne pas connaitre son interlocuteur, échanger des banalités à propos d'une chanson qui touchait vraiment au coeur de la petite blonde. En pleine nuit. Dans une vulnérabilité la plus complète. Pas totallement, elle avait sa baguette. Mais elle n'avait aucun sentiment de danger immédiat. Elle était bien, elle arrivait à se vider la tête, elle ne pensait plus au sujet qui lui tenait le plus à coeur. Elle était juste là.
Brisant le silence, la jeune fille lui dit qu'elle connaissait sa voix. A bien y réfléchir, Nervia aussi connaissait la voix de l'inconnue, maintenant qu'elle parlait. Elle connaissait cette voix qui lui semblait en même temps assez étrangère. Comme si elle n'était pas employée de la même façon que d'habitude. Par sa question suivante, elle révéla être en deuxième année. Pas étonnant que la voix d'une personne avec qui on passe la moitié de ses journées paraisse connue...

Un nouveau silence. L'esprit de la petite blonde cherchait, cherchait encore. Elle n'avait pas encore répondu à la question. Enfin, une seconde avant que l'autre ouvre la bouche, à moins qu'il ne s'agisse d'un effet de son imagination, elle sut. Evidemment. C'était...

Citation :

- Moi c’est Cyanur… Et toi?

La respiration de la Serdaigle s'arrêta un instant. Comment était-ce possible? Comment ne l'avait elle pas reconnue plus tôt? Et surtout... devait elle révéler sa propre identité au risque de subir réflexions et moqueries, comme c'était son habitude, au risque de rompre la magie de l'instant? De toutes façons, le Poison, comme elle aimait à se faire nommer, ne lacherait pas le morceau tant qu'elle ne saurait pas. Elle pourrait même la poursuivre jusqu'à la lumière afin de savoir.
Non... autant être franche. Et qui sait? Adoucie par le compliment et l'ambiance, une bonne surprise pourrait être au rendez-vous...

Légèrement tremblante, une lueur de défi dans le ton, elle se décida.

"-Oui je suis en deuxième année... Je ne t'avais pas reconnu Cyanur. C'est Nervia."

Cyanur était assise par terre à discuter avec une fille dont elle ne savait rien. Mis à part le fait qu’elle avait déjà entendu sa voix quelque part, la petite n’arrivait pas à dire qui était son interlocutrice. Chose certaine, et combien importante, la fille aimait sa voix. C’était évident, La petite chantait très bien. Mais elle aimait qu’on le lui rappel. Elle la trouvait de plus en plus sympathique l’autre jeune fille. C’est fou ce que la nuit peut changer le caractère d’une personne. Où sont passés les préjugés et les remarques arrogante de la petite? Il y a de ces moments où les maisons n’ont plus d’importance. Ce soir-là était un se ces moment. Du moins, jusqu’à ce que la petite connaisse véritablement la maison de sa compagne. Alors seulement, elle pourrait juger du caractère à adopter. En présence d’une Serpentard, ce dont elle doutait fortement, elle garderait la même ligne de conduite. Si la fille s’avérait être une Serdaigle ou une Gryffondor, elle serait peut-être un peu plus réticente mais tout dépendait de qui il s’agissait. Une Poufsouffle par contre… Elle passerait une très mauvaise soirée. La petite s’arrengerait personnellement pour que la Tout-Jaune ne veuille plus jamais croiser de Serpentards de sa vie.

- Tu veux t’asseoir?

La blondinette venait d’inviter l’autre fillette à s’asseoir sur le banc duquel elle était tombée quelque minutes plutôt. Sympathique qu’elle était? Jamais sans un plan B. S’il s’avérait que son interlocutrice était indésirable, la chute n’en serait que plus dure. La petite changerait complètement d’attitude et l’autre ne comprendrait même pas ce qui lui arriverait. Ce serait vraiment drôle à voir.

La Vert et Argent était donc maintenant retournée s’asseoir sur le banc maudit. Elle se demandait vraiment qui était cette fille. Elle reconnaissait la voix mais n’arrivait pas à mettre un nom ou un visage dessus. Elle ne portait pas assez d’attention aux autres élèves mais c’était normal. Les autres élèves ne méritaient pas son attention.

Finalement, après toutes cette attente, la fillette daigna se nommer. Par contre, sa voix avait changé. Elle semblait un peu plus sure d’elle. Cela n’eut rien pour plaire à la petite mais elle n’en fit pas un cas. Alors c’était Nervia… Un sourire illumina son visage. Elle savait bien qu’elle avait entendu cette voix quelque part. C’était la fille qui portait le même nom que sa grand-mère. Ses parents n’avait aucune imagination. Même pas capable de lui trouver un nom à elle. Peut-être que dans le fond, il ne l’aimaient juste pas assez pour prendre la peine de se creuser la tête. La pauvre… Elle sourit et parla à Nervia très gentiment.

- Oui, oui Nervia… Je savais que je connaissais ta voix. Nervia chez les moine… les Serdaigles…

Oups… Le petit Poison avait faillit dire « moineau ». Elle se demanda soudain comment la Tout-Bleu aurait réagit si elle l’avait appelé « le moineau ». Cela la fit un peu rire mais elle tenta de rester discrète. Elle voulait rester sympathique avec la petite Serdaigle. Eh oui! Étonnant? Pas tant que ça. Une amie chez les encyclopédie-en-robe, ça peut toujours être utile. On ne comprend pas dans un cours. Un a du mal avec un devoir. On cherche des informations sur quoi que ce soit. La bibliothèque, elle doit connaître ça, la Tout-Bleu. Opportuniste la petite…

- Qu’est-ce qui t’amène dehors par ce froid?

C’est fou ce qu’elle pouvait être sympathique des fois…

La petite blonde sourit à l'invitation de la Serpentard à s'asseoir à ses côtés sur le banc. Elle ne répondit pas, attendant la réaction qu'allait provoquer chez l'autre son nom. Son nom qu'elle se décida à lâcher, avec plus ou moins de réticence, mais de la fierté et du défi dans la voix. Elle était fière. Elle n'avait pas peur. Surtout, elle voulait le montrer. Sans aucun doute, Cyanur préférait les personnes avec une forte personnalité plutôt que les pleurnichards et les froussards.

Le Poison avait entendu qui elle était. Elle connaissait, bien entendu, Nervia de chez les Serdaigles. Mais elle avait commencé à dire moineau. Rien d'étonnant à ça, il était rare qu'elle nomme les membres de la maison bleue autrement. Cependant son attitude n'était pas agressive, au contraire. Quelque peu rassurée sur son espérance de vie immédiate, la petite blonde baissa un peu sa garde et se releva. L'herbe était légèrement humide et peu agréable, même lorsqu'une cape et une robe la séparaient de la peau. Elle s'installa sur le banc, à une distance tout de même assez respectable de la silhouette rouge. Réchauffé par la jeune fille, il était très agréable de s'asseoir dessus, par ce temps.

"-Tu peux dire moineau... Ca ne me dérange pas tellement, tant que ça vole. Ceci dit, les Gryffons volent aussi. Mais bon, l'aigle reste plus classe."

Sans vraiment souhaiter détendre l'atmosphère, elle voulait tout de même mettre la Serpentard à l'aise. Et elle aussi par la même occasion. Pour l'instant ce n'était pas une franche réussite. Alors qu'elle se demandait ce qu'elle pourrait dire à Cyanur, celle ci reprit la parole et lui demanda ce qu'elle faisait là, dehors. Elle n'allait évidement pas lui raconter ses problèmes de coeur par le menu, comme elle l'avait pourtant fait avec Shirley quelques mois auparavant, mais rien ne l'empechait d'en dire un minimum. Un strict minimum.

"-J'avais besoin de réfléchir... La salle commune est bondée, le dortoir pareil. Vu le temps qu'il fait, Miss Teigne ne risque pas de sortir nous espionner. Le parc était donc la meilleure option."

Pour un résumé, c'était un résumé. Mais bon... Cherchant toujours quelque chose à dire, elle songea à retourner la question. Après tout, c'était l'usage de demander ce genre de choses lors d'une rencontre impromptue. Et surtout, ça ne signifiait pas du tout qu'on s'intéressait vraiment à la vie de l'autre. Juste de la politesse. Bon...

"-Et toi, tu étais là juste pour chanter tranquillement?"


[HJ]C'est quoi cet histoire de même prénom que ma grand mère? J'ai pas le même prénom que ma grand mère... Ou alors jmen souviens pas mais ça m'étonne... Je crois pas avoir donné de nom à mes grands parents.[/HJ]

Cyanur attendit que Nervia prenne place sur le banc. Quand cette dernière parla, la petite fut très surprise. Elle pouvait l’appeler « moineau »? Elle n’aurait jamais pensée que la Tout-Bleue accepterait de se faire appeler comme ça. N’importe quoi en aurait été insulté. Peu importait… La petite trouvait cela très drôle. Nervia n’était pas difficile sur les surnoms. « Tant que ça vole » qu’elle avait dit. Il y en a des choses qui volent dans la vie. Elle eut un petit rire.

- Tant que ça vole? Alors tu ne vois pas d’inconvénients à ce que je t’appel « la mouche »?

De l’humour… La petite donnait dans l’humour maintenant. Oui, elle trouvait Nervia plutôt sympathique. De toute façon, elle n’avait rien vraiment contre les Serdaigles. Elle en avait contre les Gryffondor mais elle ne savait même pas pourquoi. Haine ancestrale probablement. Tout ce qu’elle savait, c’était que tous les Serpentards détestaient tous les Gryffondors. Elle savait que c’était une histoire de fondateurs et tout et tout… Elle avait sûrement dû dormir durant ce cours. Néanmoins, elle n’aimait pas les Gryffy. Sauf une mais ça, c’était une autre histoire. Elle n’aimait pas non plus les Poufsouffles. Ça par contre, c’était leur faute. En fait c’était la faute d’un Pouffy en particulier mais la blondinette avait décidé qu’ils payeraient tous pour son erreur à lui. Les Serdaigles… Elle n’avait rien contre eux.

Sa nouvelle « amie » lui expliqua ce qu’elle faisait dehors. En fait, elle ne lui avait rien expliqué du tout. Elle voulait réfléchir. Mais quelle surprise! Un dictionnaire-en-robe qui réfléchit… Les Serdaigles faisaient-ils autre choses que réfléchir des fois? Et à quoi elle réfléchissait?

- Tu réfléchissais à quoi? Je veux bien t’aider à réfléchir à tes problèmes mais je dois savoir à quoi je dois penser.

Son sourire était radieux dans la pénombre. Elle se faisait vraiment le plus sympathique possible.

- Des problèmes dans les cours? Non sûrement pas… Tu n’es pas une stupide Pouffy. À Serdaigles, vous n’avez jamais de problèmes en classe. Hum… Des problèmes avec ton copain? Non tu n’as pas de copain.

La Vert et Argent se retourna et regarda Nervia. Ses sourcils s’étaient arqués en questionnement.

- Tu as un copain?

Juste à la regarder, la Serpentard se doutait bien que la réponse serait négative. Bien sur Nervia était gentille mais… Cyan doutait fort qu’un garçon puisse s’intéresser à elle. La pauvre… C’est la vie. La blondinette sourit. Ensuite, la Tout-Bleue lui demanda ce qu’elle faisait dehors. Elle fut tenter de lui répondre exactement la même chose que la mouche lui avait répondu. Juste pour lui montrer que ce n’était pas une réponses ça. Du genre « je suis dehors parce que je ne suis pas en dedans. » Mais elle se ravisa.

- Je réfléchissais aussi. Oui, oui… On réfléchit chez les serpents… Je réfléchissais aux gens que je connais. À ceux que j’aime et que je n’aime pas. À ceux qui sont sympathique, ceux qui ne le sont pas mais surtout, à ceux qui le sont trop… Tu comprends? Je n’étais pas venue dehors pour chanter. C’est juste que, quand je part dans mes pensées, ça vient tout seul. Je chante des choses que j’aime. Je ne m’en rend même pas compte des fois.

A entendre le potentiel surnom de mouche, Nervia ne put réprimer une grimace. Une mouche... quelle idée! Cependant elle l'avait bien cherché avec sa remarque sur "tout ce qui vole".

"-Boarf, les insectes c'est pas trop mon truc. Mais tu peux m'appeler la mouche si je peux t'appeler le lombric. C'est un peu la même chose qu'un serpent, non?"

L'humour dont elle faisait preuve était assez désastreux. La faute à la tension qu'elle resentait encore entre elles deux. Mais il y avait un véritable effort mutuel et après tout, peut être arriveraient elle à s'entendre, un jour. Et puis, Cyanur réagit à sa réponse. Elle réfléchissait. Mais cette explication ne satisfit pas la verte qui demanda des précisions, cherchant elle même la réponse. Par sa dernière hypothèse, elle touchait juste. Ou presque. Mais devait elle répondre, préciser sa pensée? Il s'agissait d'une question difficile. Autant sa rencontre avec Shirley avait été placée sous le signe de l'impulsivité, de la réponse sans réfléchir, cette rencontre-ci méritait plus de sagesse. Après tout, Cyan n'était pas son amie. Il s'agissait d'une fille avec qui les rapports étaient tendus depuis le début de leur scolarité à Poudlard, même s'il n'y avait pas vraiment de raison à ça. Elles partageaient tous leurs cours, toute l'année. Si jamais sa relation avec Mathias n'évoluait pas dans le sens qu'elle espérait, s'il la rejetait mais qu'elle avait fait part de ses sentiments à la Serpentard, celle-ci pourrait propager des rumeurs, déformer, détourner, se moquer.
Mais à la question plus directe qu'elle lui adressa ensuite, elle se sentit obligée de répondre. Encore une fois, à demi-mots, sans laisser paraitre l'essentiel.

"-Et bien... non. Enfin pas vraiment. C'est compliqué. C'est ça qui me demandait du temps pour réfléchir. Qui m'en demande toujours."

Qu'elle croit ce qu'elle voulait, à partir de cette réponse floue, tout était possible. Elle ne voulait pas citer de nom, elle ne voulait pas s'étendre plus. Pourtant elle avait besoin de se confier, même si elle savait que ce n'était pas à Cyanur qu'elle devait dire tout ça, mais à Clis'. Elle envisagea d'aller la rejoindre à la volière, tout de suite, pour tout lui dire, mais la réponse de la verte l'interrompit dans son élan. Elle aussi était venue pour réfléchir, et avait chanté, sans presque s'en rendre compte. Elle lui demanda si elle comprenait. La Serdaigle fit oui de la tête, sachant très bien que dans ce noir d'encre, elle ne la verrait pas. Mais elle ne savait pas quoi dire.

[HJ] Pour le nom, c’est toi qui avais dis ça dans un cours d’astronomie en première année. [/HJ]

Cyanur regardait Nervia avec un large sourire. Elle se demandait vraiment si la Tout-Bleue allait accepter de se faire appeler « la mouche ». À dire vrai, la petite était en train de tester l’autre fille. Elle voulait savoir jusque ou elle pouvait aller. Combien Nervia pouvait en prendre. Elle la jugeait. Après tout, vaut mieux connaitre les gens avant de pouvoir potentiellement les utiliser. Après réflexion, petit moineau décida que le surnom de mouche ne lui allait pas. Elle ne voulait peut-être pas être associer aux drosophiles. Dommage car la petite avait trouvé cette idée plutôt drôle. En fait, Nervia avait proposé un échange. Elle se laissait appeler la mouche et en revanche, elle appelait la blondinette « lombric ». La petite leva un sourcil. Un ver de terre n’a absolument rien d’attirant. Elle ne voulait en aucun cas y être associée.

– Lombric? Na... Je n’aime pas vraiment les vers de terre. Et je ne trouve pas que ça ressemble au serpents. Bon peut-être un peu mais... Il y a tellement de sortes de serpent. Pige là dedans. Les cobras sont vraiment beau. Les vipères aussi... Mon préféré c’est le crotal diamenté. Mais on évite la couleuvre s’il te plait... C’est pas génial...

Ensuite, Tout-Bleue commença à lui expliquer à quoi elle réfléchissait. En fait, elle semblait plus éviter la question qu’autre chose. Cela frustra un peu la jeune Vert et Argent. Nervia ne lui faisait aucunement confiance, c’était évident. Elle contournait la question, elle patinait un peu. Elle donnait des réponses floues. Contrariée, le petite se leva d’un bon. Elle serra les poings et fit deux pas en direction du château. Son ton était un peu sec.

– Écoute Nervia, si tu ne veux pas me parler, ça ne me donne rien de rester ici. Je te pose des questions, je suis très gentille avec toi et on dirait que tu essaie d’éviter la conversation.

Cyan se calma un peu. Elle détendit ses muscles. Elle prit une grande respiration et poursuivit. Sa voix s’était faite plus douce. Elle soupira.

– C’est parce que je suis chez les Serpentards que tu me détestes, non? Tu crois que ça m’amuse? Je suis gentille avec toi et toi tu garde tes distances. Toi tu as des amis partout. Dans toutes les maisons, sauf la mienne bien sur. Chez les serpents, c’est différent. Personne ne veux de nous. Même entre eux, les Verts et Argents se font des coups bas. Non seulement on ne peux pas faire confiance aux autres maisons car ils nous détestent mais en plus, on ne peux pas se faire confiance entre nous. Je suis certaine que tu dois penser que j’ai beaucoup d’amis. Oui c’est vrai que je suis jamais seule mais je dois toujours me méfier. Si je parle trop à un serpent, il peux décider de se retourner contre moi. Tu ne supporterais jamais ce genre d’ambiance. J’essaie de me faire quelques amis, dans la mesure du possibles, mais c’est toujours en attente qu’ils se retournent contre moi. Je me disait qu’avec les Serdaigles ce serait différent. Mais j’ai eu tord...

Le plus petit violon du monde qui joue l’air le plus triste du monde... Cette fois, Cyan tentait le tout. Elle se disait qu’avec ce monologue triste, Nervia n’aurait pas le choix de réagir. Continuant son joli numéro, la petite baissa la tête et attendit.

La réaction de Cyanur ne correspondait vraiment pas à ce que Nervia aurait pu attendre. Elle se leva, assez énervée, et commença une longue tirade sur le manque de confiance chez les Serpentards et avec les autres maisons. A chaque phrase, les yeux de la Serdaigle s'arrondissaient un peu plus. Elle ne comprenait pas vraiment ce qui se passait et ce qui avait pu déclencher cette réaction. Apparement le fait qu'elle veuille conserver ses secrets ne plaisait pas au Poison.
Lorsque celle-ci eut fini de parler, elle resta debout, attendant une réaction. Nervia ne pouvait toujours pas la voir, d'autant plus qu'elle s'était un peu éloignée, mais elle paraissait triste. Là, on pouvait dire que la petite blonde était totallement perdue... Cyanur qui ne lui avait jamais rien dit de gentil depuis un an et demi qu'elles fréquentaient la même école voulait tout à coup devenir son amie et connaitre tous ses secrets. Elle réfléchit un instant avant de répondre.

"-Hey... Cyanur. Calme toi. Même si on se connait depuis un moment on ne peut pas dire qu'on soit les meilleures amies du monde, c'est normal que je ne veuille pas te raconter toute ma vie tout de suite, non? D'autant plus que je ne sais pas vraiment où j'en suis."

Sa voix était douce, quelque peu compatissante. Tout ce qu'elle venait d'entendre l'avait un peu retournée. Bien sur, elle savait que les Serpents n'étaient pas très solidaires. Elle se rappelait d'ailleurs du premier cours d'Astronomie où deux d'entre eux, dont le copain de Cyan d'ailleurs, s'étaient battus. Mais elle n'imaginait vraiment pas à quel point ça pouvait être dur. Bien sur qu'elle ne l'aurait jamais supporté. Avant que l'autre ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle se leva, afin de se mettre à sa hauteur, puis reprit, la voix un peu plus assurée.

"-Et ne crois pas que je te déteste. Ne crois pas non plus que si je ne te dis rien c'est parce que tu es Serpentard. Pour tout te dire, la seule personne à être au courant de cette histoire c'est une fille de ta maison. De quatrième année. Et elle ne l'a pas appris par hasard, c'est moi qui lui ai confié, volontairement. Même Clarisse n'est pas au courant! Tu sais qu'on est super proches pourtant! Alors non je n'ai rien contre les Serpentards en général, et rien contre toi en particulier. J'ai juste du mal à parler de ça!"

Sur la fin, elle avait haussé le ton, se mettant presque à crier. Elle respira profondément l'air frais de la nuit. Elle avait besoin de se remettre les idées en place et cette petite altercation, ces grands discours de Cyanur dont elle ne comprenait pas le revirement, ne l'aidaient pas vraiment. Sentant quelques larmes monter à ses yeux, elle passa ses petites mains froides sur son visage et s'assit sur le banc, entourant ses genoux de ses bras.

"-C'est juste que... J'ai du mal à en parler aux gens qui me connaissent vraiment, et surtout qui connaissent le garçon qui... J'ai peur qu'il ne veuille finallement pas de moi, j'ai l'impression qu'il m'évite depuis le bal... J'ai été stupide."

En quelques secondes, la situation s'était totallement inversée. Cyanur avait retrouvé son calme et Nervia subissait une semi-crise de nerfs. La Serpentard lui disait de se calmer, essayait de la calmer elle même et la Serdaigle temblait beaucoup, pleurait un peu, et avait une énorme envie de hurler. Tout ça à cause d'un garçon... Quelle connerie. Mais bon, Nervia était jeune et elle ne savait pas encore ce que c'était, vu qu'il s'agissait de sa première expérience du genre. D'ailleurs, elle n'aurait jamais imaginé que celle-ci arriverait si tôt. On a pas idée d'avoir des sentiments à douze ans... Remarque, Cyanur avait un copain depuis le début de la première année, alors...

"-Ca me touche beaucoup tu sais... et je sais bien que tu as un coeur. Excuse moi d'avoir crié, je voulais pas. Excuse moi de pas t'avoir fait confiance"

La verte essaya ensuite de la rassurer sur l'importance de son geste. Bien sur elle ne savait pas de quoi il s'agissait, de qui il s'agissait. Bien sur elle ne la pensait pas capable de faire des stupidités, même si Nervia était persuadée qu'elle ne disait ça que pour lui remonter le moral.

"-Oui, Clarisse c'est la rousse. Ma meilleure amie... Je sais pas pourquoi j'arrive pas a lui en parler. On parle vraiment pas beaucoup des garçons, si ça se trouve elle l'aime bien aussi, je sais pas. Mais si, je fais des choses stupides, même si je suis pas chez les Poufsouffle. En fait... on s'est retrouvé tous les deux au bal. On avait pas de cavalier alors on est restés ensemble. Ca se passait super bien, il m'a même invité à danser. Et puis... a la fin de la première danse lente, je l'ai embrassé. Pas vraiment sur la bouche, juste au coin des lèvres. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça, je sais pas ce qui m'a pris. Mais je l'ai fait. J'ai du lui faire quelques excuses rapidement et je suis partie. Le lendemain j'etais avec Clarisse dans le Poudlard Express, au retour aussi, et là ça va faire deux semaines qu'on est rentrés et hors des cours, où il me dit juste bonjour, je ne le vois plus dans la salle commune."

Cyanur lui expliqua ensuite à quel point les garçons étaient stupides, et comment faire pour sortir avec eux, même si on ne les intéressait pas au départ. Plus la jeune fille parlait plus Nervia était perplexe. Jamais elle ne pourrait courir dans les bras d'un autre garçon, surtout vu le nombre de garçons qu'elle connaissait, et jamais elle n'aurait pu mener une vie infernale à Mathias. Il était trop gentil pour ça. Elle essaya d'expliquer ça à la Seprentard.

"-Ce que je veux c'est pas qu'ils me tombent dans les bras, comme tu dis, c'est qu'il m'aime. Ou qu'il m'aime bien. Ou au moins qu'on redevienne amis comme avant... Ca m'embête de plus le voir."

Décidement elle s'exprimait très mal. Toujours assise sur le banc, recroquevillée, elle écoutait les sons de la nuit. Certaines créatures inconnues poussaient des cris étranges, parfois terrifiants. Il devait être bien plus tard que l'heure du couvre feu maintenant. Tout ceci ne contribuait pas à renforcer le moral de la petite blonde. Elle avait besoin de soutien et le seul possible était celui de Cyanur. Dans l'espoir de renforcer un peu plus leur complicité, elle consentit à approuver son credo.

"-Par contre tu as raison... je crois bien que la plupart son stupides."

Lorsque Nervia raconta ce qui s'était passé au bal, Cyanur la félicita. Elle avait du courage, apparement. Malgré ces paroles réconfortantes, elle ne parvenait pas à juger son acte autrement que stupide. Vraiment stupide. Elle raconta ensuite sa fuite, et l'intonation de la voix de la Serpentard changea. Elle devait la trouver demeurée. Remarque elle avait pas tort: s'enfuir après avoir embrassé un garçon n'était certainement pas la meilleure des solutions. Mais de là à espérer qu'il lui rende son baiser... Il ne fallait tout de même pas sombrer dans l'utopie.

La Serdaigle aurait aimé que cette discussion se déroule en plein jour. Elle aurait aimé voir les expressions qui passaient sur le visage de l'autre fille, parce qu'elle n'arrivait pas à décrypter toutes les émotions avec la seule voix. Ceci dit, elle savait qu'elle n'aurait pas pu parler autant en plein jour. De nuit... elle pouvait oublier qu'il ne s'agissait pas d'une de ses amies, elle pouvait oublier toutes ses craintes qui lui avaient valu des reproches quelques minutes auparavant. Mais les expressions faciales lui manquaient terriblement.

D'autant plus lorsque Cyanur devina. C'est Mathias? Bien sur que c'est Mathias... En entendant son nom, tout devint comme... plus réel. D'un coup. Elle revit son visage, entendit sa voix, sentit ses mains posées sur sa taille. Une nouvelle larme coula, en silence. Elle l'essuya rapidement et répondit, d'une voix affaiblie.

"-Oui... Pas difficile de deviner, hein?"

Elle avait surtout donné beaucoup d'indices, ce qui avait largement facilité la tache de la blonde. Après tout, c'était peut être mieux. Connaissant le garçon dont il était question, elle pourrait peut être lui donner d'autres conseils, plus précis, plus personnalisés. Ou peut être avait elle simplement atteint son but et laisserait tomber la Serdaigle avant d'aller raconter ça à toute une salle de Serpents qui se moqueraient bien d'elle. Non, non, elle devait se sortir ces idées de la tête. Cyanur était une jeune fille très gentille qui prenait le tempsd e l'écouter ce soir, et de la conseiller. Elle n'était pas celle qu'elle avait toujours cru, bien au contraire. Cependant, elle sentait que quelque chose clochait. A tout hasard, elle tenta l'auto-dénigrement.

"-Je dois te paraitre vraiment stupide, non?"

"-Pas grave..."

Cyanur avait encore laissé échapper le mot "moineau". Remarque, cette fois-ci elle s'était excusée. Ce qui constituait un gros prgrès dans l'attitude de la jeune fille. Pas facile de laisser tomber des expressions ou des attitudes adoptées depuis plus d'une année. Peut être même utilisait elle le mot "moineau" pour désigner les Serdaigle depuis bien plus longtemps... Nervia ne savait même pas quelles étaient les ascendances de son interlocutrice. Mais comme la plupart des élèves de sa maison, elle devait être au moins à moitié sorcière de naissance. De toutes façons, elle ne lui en voulait pas. Les moineaux étaient de charmants petits oiseaux, certes moins majestueux que l'aigle mais tout de même très sympathique. Plus que ces foutus hiboux.
Afin de la convaincre qu'elle n'était pas fachée, elle lui adressa son plus beau sourire... avant de se rendre compte qu'elle ne le verrait pas. Satanée obscurité.

La blondinette continua de parler de Mathias. A la grande surprise du moineau de la Serdaigle, elle le trouvait plutôt mignon, même si le "dans son genre" n'était peut être pas obligatoire... Et elle approuvait le choix du préfet. Légèrement plus détendue, elle tenta de plaisanter.

"-J'avais bien pour projet de sortir avec un préfet avant la fin de mes études ici, alors vu qu'il y en a un dès la deuxième année, pour une fois, je ne vais pas me gêner..." déclara-t-elle, avec un clin d'oeil qui, encore une fois, ne serait pas vu. "Non, mais je le trouve vraiment très mignon, et quand je l'ai vu au bal avec sa chemise un peu ouverte..."

Elle s'arrêta avant de partir dans un de ses interminables monologues. Elle n'en avait jamais vraiment fait sur Mathias, à part dans sa tête, mais ce n'était peut être pas l'occasion rêvée pour commencer. D'autant plus que la Serpentard lui demanda si elle pouvait lui confier un secret, qu'elle ne devait répeter sous aucun prétexte. Etonnée, elle acquiesca.

"-Oui bien sur, qu'est ce que...?"

Et la révélation tomba. La chose la plus improbable que Nervia aurait imaginé entendre de la part de la blonde. Elle comptait se séparer de son petit ami avec qui elle était depuis le début de sa scolarité à Poudlard, ou presque. A la limite, c'était comme si on m'annonçait que Kael et Lavande se séparaient... Ebahie, elle ne savait pas quoi répondre. Mais si elle attendait une preuve de la sincérité de Cyanur, elle l'avait. D'ailleurs elle n'aurait jamais pu s'attendre à une telle marque de confiance, aussi rapidement. Mais il ne s'agissait que d'un juste retour: je te confie mon secret parce que tu viens de me confier le tien. Mais tout de même...

"-Tu... C'est parce que tu ne l'aimes plus? Ou... c'est à cause d'un autre garçon?"

Nervia avait bien deviné. Effectivement, Cyanur était issue d'une famille de sorciers. Enfin au moins à moitié. Elle trouva étrange le fait que sa mère et son frère aient été à Serdaigle, et pas elle. Son père était surement un ancien Serpentard... Quoi que... Aladore, le propre père de Nervia avait bien été à Poufsouffle... Ce qu'elle n'avouerait jamais à Cyanur, bien sur, connaissant sa haine des membres de la maison jaune et noir. Elle voulait demander à la blonde les origines de son père mais celle-ci commença à plaisanter sur ce qu'elle avait dit de Mathias au bal. Lui ouvrir la chemise? Non, jamais elle n'aurait pensé aller si loin... quoi que... Bon, il fallait bien se l'avouer, elle y avait pensé un quart de seconde avant qu'il la salue, ce soir là. Mais elle n'allait certainement pas le dire à Cyanur. Bien qu'elle eut probablement trouvé ça très intéressant, réhaussant d'un coup la valeur de Nervia à ses yeux. Non... Elle se contenta d'un petit rire avant que le Poison ne recommence à parler de son éventuelle séparation avec Alexander.

La Serdaigle semblait avoir tapé juste. Il y avait bien une histoire d'autre garçon derrière tout ça. Mais aussi de manque de maturité... Nervia avait souvent entendu sa mère lui parler des garçons dont la croissance était plus lente que celle des filles, ce qui se ressentait fortement sur leur mentalité. Un garçon de douze ou treize ans était déjà beaucoup moins serieux qu'une fille du même âge, et alors il n'était pas du tout étonnant que les filles souhaitent sortir avec des garçons plus âgés.
Cette réflexion rappela Mathias à la petite fille. Auraient-ils ce genre de problème? Finirait-elle par le trouver immature au possible et à rechercher la présence de garçons des années supérieures? Non... le préfet des bleus était quelqu'un de très responsable, de très sérieux. Aucun souci de ce côté...

Enfin, c'était bien là le souci de Cyanur. Elle rencontrait des garçons plus vieux, elle avait passé la soirée avec un Serpentard... probablement plus vieux, même si elle ne le disait pas. En cet instant, la petite fille regretta terriblement son manque d'expérience qui l'empechait de réagir aux paroles de la Serpentard. De plus, elle semblait ne pas vraiment vouloir continuer sa phrase.

"-Si tu ne veux pas me raconter... te force pas."

Nervia grelottait. Au fur et à mesure que la nuit avançait, le froid se faisait de plus en plus mordant, agressif. Elle resserra un peu plus sa cape contre elle, tachant de créer un rempart entre le gel et son petit corps. Mais rien n'y faisait. Ses dents claquaient, elle tremblait comme une feuille. A tous les coups, elle aurait un bon rhume demain. En espérant que ce ne soit pas pire...

Au fur et à mesure, Cyanur se dévoilait un peu plus. Elle semblait vraiment vouloir révéler ce qui lui pesait sur la conscience, sans trop savoir comment s'y prendre, sans savoir ce qu'elle pouvait dire et ce qu'elle devait garder pour elle, où commençait le domaine de la vie privée. Un profond soupir s'échappa de sa bouche. Un soupir qui contenait beaucoup de détresse, à ce qu'en pouvait juger Nervia. Et une question. Une question à laquelle la Serdaigle ne pouvait pas répondre: A partir de quand c'est tromper? A partir de quoi? Elle prit le temps de la réflexion. Si jamais elle finissait par sortir avec Mathias, est ce que ça la dérangerait qu'il fasse un calin à une autre fille? Qu'il embrasse une autre fille sur la joue? Sur la bouche ou...
Avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche, la Serpentard précisa. Il l'avait embrassé dans le cou, à un endroit qu'elle montra du doigt. La petite blonde ne vit qu'un vague mouvement du manteau rouge mais elle avait compris. Dans le cou. L'idée que Mathias puisse embrasser une autre fille à cet endroit lui donna des haut le coeur.

"-Ben... je pense que ça dépend de comment est ton copain. S'il est super jaloux ou pas. Si un bisou il trouve pas ça grave alors c'est pas grave. Mais moi je sais que ça me rendrait malade si mon copain faisait des bisous a une fille... Ca doit dépendre des gens."

Une autre des phrases de la verte lui revint en mémoire. Elle avait dit... elle venait de dire que le baiser du garçon plus âgé l'avait vraiment troublé. Elle ne connaissait certes rien en amour mais n'était quand même pas dénuée de jugeotte. Et ça... Elle chercha ses mots afin de ménager la jeune fille. Elle semblait vraiment vulnérable à ce moment, et elle ne voulait surtout pas l'affaiblir encore plus. Ce n'était vraiment pas das la nature de la Serdaigle...

"-Dis... enfin... si ça t'a vraiment troublé, ce baiser... Enfin je n'y connais vraiment pas grand chose mais... Enfin moi par exemple quand Mathias a mis ses mains sur ma taille ça m'a vraiment troublé... Donc, tu crois pas que... t'es amoureuse de ce garçon?"

Cyanur répondit à la première réponse de Nervia avec beaucoup plus de fougue qu'elle ne l'aurait cru possible. Elle était presque prète à tuer si une autre fille touchait à Alexander, "son" Alex. Au moins, la petite blonde était prévenue. Jamais elle n'essairait. De toutes façons, le Serpentard n'était pas son style. Ces paroles donnaient déjà plus de précisions, mais elle attendit le reste des réponses. La verte avait vraiment l'air perdu.
Pendant qu'elle parlait, Nervia se souflait sur les mains, à travers ses gants en laine, afin que celles-ci ne gêlent pas. Elle avait toujours eu les mains sensibles mais ce soir elle avait l'impression que ses doigts allaient tomber. Elle aurait bien aimé rentrer à l'intérieur, si son interlocutrice n'avait pas l'air si désespéré. Et où iraient elles discuyer une fois à l'intérieur? Sans se faire prendre par Rusard? Alors autant rester ici. Un peu... En restant raisonnables et en rentrant au moins juste avant de mourir.

"-Effectivement, ça a l'air compliqué..."

Tiens, parler la réchauffait. Ce qui tombait bien, en fin de compte, puisque c'est ce qu'elle savait faire de mieux. Négligeant les petits nuages de fumée blanche qui sortaient de sa bouche, elle essaya de déméler la situation. En fin de compte, tout n'était peut être pas si embrouillé...

"-Bon, je suis pas à ta place, hein, et je ne sais pas tout ce que tu ressens ou as pu ressentir. Mais je vais essayer de te donner mon avis, d'accord?"

Pas la peine d'attendre une réponse positive. D'ailleurs, la Serpentard avait peut être donné son accord d'un signe de tête, oubliant encore que le champ de vision était limité. Alors, Nervia continua.

"-D'après ce que tu me dis, tu es super attachée à Alex. Rien que ta jalousie le montre... Et je ne pense pas que ça soit par simple possessivité. Mais tu le trouves immature, peut être qu'il fait pas assez attention à toi aussi, je sais pas. Et puis au bal tu rencontres un garçon plus mur, qui s'intéresse à toi et qui t'embrasse pas n'importe où... Forcément ça fait plaisir, ça chavire le coeur et du coup ça fait douter. Mon avis c'est que c'est juste la situation qui t'a autant troublé, et si Alexander s'occupait plus de toi ça ne serait pas arrivé. Ou alors ça ne t'aurait pas autant bouleversé. Donc je pense que tu devrais faire comprendre à Alex qu'il doit plus s'occuper de toi, sinon il risque de te perdre. Et si tu dois un peu le rendre jaloux pour que ça marche, fais le."

Longue tirade. Très longue. Mais, me direz vous, comment une jeune fille si inexpérimentée pouvait autant parler de relations amoureuses, avec un avis d'experte? Et bien depuis qu'elle était toute petite, dans sa grande curiosité du monde, elle dévorait les magazines féminins de sa mère, Cosmopolitan, Elle, etc. Les articles sur les relations amoureuses étaient ses préférés, elle y avait appris beaucoup de choses. Ce soir, d'un coup, tous les bons conseils lui étaient revenus. D'où tout ça... Après une très courte pause, elle conclut.

"-En gros, je pense que tu devrais améliorer les choses avec ton copain actuel, que tu as encore l'air d'aimer, au lieu de le lâcher pour un garçon que tu connais depuis dix minutes. Aussi beau soit-il."

Elle se frottait à présent les mains l'une contre l'autre, attendant le verdict de Cyanur, espérant avoir bien cerné le problème et trouvé des solutions. Soudain, une lumière s'alluma sous le porche du château, au dessus de la grande porte. Elle n'avait jamais remarqué cette lampe.

Cyanur approuva le fait que son petit ami ne faisait pas assez attention à elle. Nervia avait donc visé juste. Au moins sur ce point. Quant aux autres... La Serpentard n'avait pas confirmé ses hypothèses, ni ne les avait démontées, mais l'idée de rendre jaloux son copain semblait la séduire. Avec même beaucoup plus d'empressement que la Serdaigle aurait pu le croire. Elle était presque en train de penser que Cyan souhaitait profiter de cette occasion pour embrasser réellement son meilleur ami. Ou tout autre garçon.
Non... Ca ne pouvait pas être ça... Elle devait juste avoir hâte de faire prendre consicence de ses erreurs à Alexander afin de repartir sur de meilleures bases. Surement. Elle l'espérait.

La lumière était toujours vive sous le grand porsche, mais à cette distance du château elle ne distinguait rien de plus que l'éclat doré du feu magique dansant sous le verre. Elle n'avait pas vu la porte s'ouvrir, aucun bruit ne s'était fait entendre, mais rien n'indiquait que ça n'avait pas été le cas. Enfin, cette lumière lui permettait de mieux voir son interlocutrice, et vice versa. Maintenant qu'elle apercevait son visage, elle remarqua que les traits de la blondinette étaient un peu tirés, elle devait être fatiguée, le froid n'arrangeant rien. Mais une lueur d'excitation se peignait dans ses yeux. Ah oui... ce plan.

"-Euh... Je ne pense pas que l'option jalousie soit la première à envisager. Selon moi tu devrais d'abord lui parler, rien que tous les deux en tête à tête, un soir, peut être dans un moment romantique, pour lui faire comprendre, sans trop de reproches enfin pas tout de suite, qu'il ne s'occupe pas assez de toi, que tu te sens délaissée..."

Nervia avait tout de même un peu de mal à comprendre. Si on était amoureux, ou du moins si on avait un petit ami, ce qui pour elle n'allait pas l'un sans l'autre, c'était pour l'aimer, pour s'occuper de lui, pas pour l'oublier et le négliger. Elle était persuadée que ce ne serait pas le genre de Mathias de faire ça... chassant rapidement cette idée de son esprit, elle reprit la fil de sa pensée.

"-Ensuite tu attends un petit peu... Selon quand tu te décides à lui parler, si c'est rapidement ou pas... Mais par exemple, si tu lui parles avant la Saint Valentin, tu peux attendre jusqu'à cette fête voir s'il a compris la leçon et pensé à préparer quelque chose de spécial. Et si rien ne se passe... Sans forcément embrasser un garçon, rapproche toi d'un d'entre eux, sois proche, très amicale, peut être un peu trop, et tout ça devant Alex. Il devrait comprendre vite, s'il n'est pas trop idiot."

Hmmm... Cette petite critique à peine déguisée du garçon passerait ou casserait tout. C'était un risque. Elle espérait que Cyanur ne lui en voudrait pas plus que lorsqu'elle appelait les Serdaigles des moineaux. Mais à en juger la récente phrase selon laquelle tous les garçons étaient stupides, peut être que... Mais pourquoi avait elle rajouté cette phrase?