Voilà déjà une semaine que Nervia s'était enfin retrouvée en tête à tête avec Mathias, dans la salle sur demande, après avoir attendu ce moment pendant un mois. Une semaine qu'elle lui avait offert son cadeau de Noël. Une semaine qu'elle lui avait avoué ses sentiments. Une semaine qu'il lui avait demandé de partir, d'une manière des plus méchantes. Une semaine qu'elle n'avait pas dormi, ou très peu, mais jamais la nuit, où elle passait son temps à sangloter en silence, afin de ne pas attirer les regards curieux et inquiets de ses amies et camarades de dortoir. Ses cernes étaient donc de plus en plus marqués, et ses yeux souvent rouges. Personne ne lui avait encore demandé la raison de cet état. Cyanur devait s'en douter, depuis leur conversation dans le Parc, mais elle avait eu la délicatesse de ne rien demander. Mathias l'évitait le plus possible.
S'il avait eu le moindre sentiment pour elle, il aurait remarqué ses yeux gonflés et son visage fatigué. S'il s'intéressait à elle, ne serait ce qu'en amitié, il aurait cherché à la réconforter. Mais rien. Plus un bonjour, plus un regard. Rien. Ces faits aggravaient l'état de la Serdaigle et elle se voyait déjà condamnée à vivre ainsi jusqu'à ce qu'elle l'oublie. Si seulement elle pouvait revenir en arrière, jusqu'au bal, et ne rien faire du tout...

Ce jour là, après un cours d'Histoire de la Magie où elle s'était vraiment endormie, jusqu'à ce que la cloche sonne, une envie pressante se signala. Par chance, l'heure suivante était libre pour les deuxième années, et après était l'heure du repas. Elle avait donc beaucoup de temps devant elle. Elle poussa la porte des toilettes et vit Lynn, une de ses amies de Gryffondor, se regardant attentivement dans le miroir. Comme elle ne semblait pas s'être aperçue de la présence de Nervia, et celle-ci ne souhaitant pas vraiment parler, elle s'introduisit en silence dans un des cabinets. Lorsqu'elle eut fini, elle se rendit compte qu'elle allait être obligée de tirer la chasse, et donc de se révéler. Tant pis... Après tout Lynn était adorable et peut être qu'elle ne lui poserait pas trop de questions.

La petite fille tira donc la ficelle, permettant ainsi à des trombes d'eau de nettoyer tout en l'emportant dans le lac. En y repensant, ça ne donnait pas vraiment envie de se baigner dans le lac... Elle se rhabilla et poussa la porte.

"-Salut Lynn..."

Lynn fut brutalement sortit de ses pensées au bruit de la chasse d'eau. Elle se pencha légèrement sur le côté, pour ne plus regarder le miroir mais les toilettes, et vit sortir Nervia qui la salua doucement.

La jolie rouge et or ne put s'empêcher de trouver un air fatigué à la petite Serdaigle.

- Bonjour, Nervia...

Elle retourna son attention sur le miroir, légèrement mal à l'aise, ne sachant pas si elle devait lui demander ce qui n'allait pas.

- Tu as l'air... de ne pas aller très bien... murmura-t-elle finalement en dévisageant la blondinette. Ca ne va pas ?

Lynn ne savait évidemment rien de ce qui s'était passé entre Mathias et Nervia et même si elle avait remarqué qu'ils n'étaient plus aussi souvent ensemble, elle n'y avait pas vraiment prêté attention.
- Je sais... que je ne suis peut-être pas la bonne personne pour ca... mais toi et ton père avez vraiment été très gentil avec moi... et si tu as besoin de parler... je suis là...

Ce n'était pas son genre d'offrir son soutien. Autrefois, elle se serait sentit trop insignifiante pour oser penser qu'elle puisse être utile... Aujourd'hui, les choses étaient quelques peu différentes, et en plus de la gratitude qu'elle éprouvait pour la serdaigle, elle avait de l'affection pour elle et son état l'inquiétait...

Elle plongea ses yeux gris dans le regard de la bleu et bronze et attendit une réponse, sans la presser, sachant qu'elle ne parlerait que si elle se sentait suffisemment en confiance...

Avant que Nervia n'ait pu fournir une quelconque réponse à Lynn, la porte des toilettes s'ouvrit pour laisser place à Clarrise, une camarade de classe également à Serdaigle.

Lynn n'avait jamais vraiment eu l'occasion de parler avec cette dernière mais si elle était l'amie de Nervia, elle ne pouvait qu'être très gentille.

La nouvelle venue salua les deux jeunes filles, visiblement surprise de les trouver là, et s'excusa, demandant si elle ne dérangeait pas. Cette question accrocha un léger sourire aux lèvres de Lynn. Elle croyait s'entendre... Elle qui s'excusait constamment et qui avait toujours du mal à croire qu'on pouvait l'apprécier... Elle secoua la tête et répondit:

- Ho non, tu ne nous déranges pas du tout, au contraire.

Et soudainement, sans qu'aucune d'entre elle ne s'y attende, Nervia éclata en sanglots. Le sourire de Lynn disparu et elle regarda la petite blondinette avec inquiétude. Puis son regard se tourna vers Clarisse, et d'un commun accord, sans qu'elles n'aient besoin de parler, elle rejoignirent la petite serdaigle au grand coeur.

- Nervia... chuchota Lynn en posant une main maladroite autour des épaules de la fillette. Qu'est-ce qui t'arrive...? Qu'est-ce qu'il y a ?

La voir dans cet état l'effrayait au plus au point. Elle aimait beaucoup la gentille bleu et bronze et elle ne l'avait encore jamais vu perdre le sourire... Cela la mettait mal à l'aise, elle ne savait pas vraiment comment réagir face à la détresse d'une amie...

Elle voulu essuyer les larmes de Nervia et demanda doucement à la rouquine:

- Tu as un mouchoir ?

Puis retournant son attention sur la blondinette, elle murmura:

- Allez... raconte-nous...

Des larmes, une rivière de larmes. Un fleuve. Peut être même un ocean de larmes se déversait des yeux de la petite Nervia. Ne pouvant plus supporter de regarder cette loque dans le miroir, elle avait fermé les yeux, se laissant totallement aller à ce désespoir, cette tristesse immense que personne n'avait vu en elle jusque là. Mais elle ne leur en voulait pas... Elle avait tout fait pour le leur cacher, allant jusqu'à tenter de modifier la couleur de ses cernes.

Rapidement, elle sentit un bras amical entourer ses épaules. De ce côté ci, il devait s'agir de Lynn. Peu de temps après, une main aggrippa une des siennes, de l'autre côté. Et celle ci devait appartenir à Clarisse. Les deux jeunes filles qu'elle considérait comme ses meilleures amies, ses plus grands soutiens jusque là, et qui pourtant ne se connaissaient pas, elles étaient là toutes les deux pour elle, à son écoute. Elles cherchaient à savoir ce qui se passait. Comment pouvait-elle commencer son récit? Y parviendrait-elle seulement à travers tous ces pleurs?

Soudain, sans qu'elle s'y attende, un grand râle sortit de sa petite gorge. Les larmes coulaient tellement qu'elle n'en avait plus le temps de respirer. Prise de panique, elle avait de plus en plus de mal à fournir de l'oxygène à son corps. Dans un réflexe vital, ses jambes lachèrent prise. Heureusement, elle eut le temps de se reculer un peu pour ne pas se cogner la tête contre l'évier. A présent allongée par terre, sa respiration était rapide, beaucoup trop rapide pour être efficace. Elle tentait de ne pas se laisser aller, de contrôler son souffle afin de le rendre plus lent. Elle connaissait si bien cette sensation. Plus jeune, elle avait subi nombre de ces crises, et son père lui avait appris à se contrôler. Mais là, si loin de sa maison, si loin de son papa adoré, elle ne se souvenait plus. Des petites étoiles dansaient devant ses paupières fermées. Quelques secondes de plus et ce serait l'évanouissement.
Et puis, d'un coup, comme si son cerveau refusait cette fatalité, une flux de souvenirs se pressa dans son esprit. Elle savait! La petite blonde se hâta de suivre les conseils de son père: se rappeler les bons moments, souffler doucement, retenir sa respiration entre chaque expiration et la prochaine inspiration. Son coeur se calma, sa respiration aussi, ne laissant échapper qu'un petit hoquet de temps en temps.

Enfin, Nervia, toujours allongée, ouvrit les yeux, découvrant ses deux amies auprès d'elle. Elle expira profondément, encore une fois. Ses yeux s'étaient asséchés, mais demeuraient rouges et gonflés. Péniblement, elle ouvrit la bouche et, malgré sa gorge sèche, parvint à articuler trois mots.

"-Désolée, je... " puis après un court instant, "Mathias..."

Décidemment, la petite bleu et bronze n'allait vraiment pas bien... Ses pleurs s'intensifièrent et bientôt, paniquée, elle s'effondra sur le sol malgré les efforts de Lynn et Clarisse pour la retenir.

La petite lionne s'agenouilla auprès de son amie, inquiète, sentant ses propres larmes lui brûler les yeux et poussa un soupir de soulagement lorsque la serdaigle parvint finalement à se calmer.

Allongée sur le sol, la gorge sèche, elle semblait chercher ses mots et la force pour les prononcer. Ses pleurs avaient cessé, mais elle avait toujours les yeux rougis par les larmes et son air désesperé serra encore plus le coeur de la petite rouge et or.

Finalement, avec difficultés, elle parvint à dire quelques mots. Le premier fut pour s'excuser... et le second pour s'expliquer.

*Mathias...*

A l'évocation du préfet des serdaigle, Lynn se rememora le manque de délicatesse dont il pouvait faire preuve parfois... Elle se souvenait parfaitement de la façon dont il avait reprimandé William alors que celui-ci était encore convalescent à l'infirmerie. Elle se demanda comment il s'y était prit pour blesser Nervia. Elle qui était toujours si gentille, ouverte et qui pardonnait avec une facilité déconcertante... il devait y avoir bien plus qu'une dispute entre camarades de classe pour rendre la petite aiglonne aussi malheureuse...
Maintenant, il s'agissait de la calmer puis de découvrir ce qui s'était exactement passé afin de pouvoir la consoler....

Avec l'aide de Clarisse, elle aida la petite blondinette à se redresser et à s'appuyer contre le pied du lavabo:

- Tu nous as fait une de ces peur... murmura Lynn dont les yeux étaient encore embués. Qu'est-ce que Mathias t'a fait pour te mettre dans un état pareil...?

Heureusement que Nervia ne souhaitait pas garder secrets ses problèmes avec Mathias. Sinon elle s'y serait vraiment mal pris en jetant son nom parmi les premiers mots qu'elle prononçait depuis sa crise de larmes. Ses deux amies l'avaient aidé à se redresser, à s'asseoir contre les lavabos et elles étaient à présent à côté d'elle, attentives à ses problèmes, essayant de comprendre ce qui avait bien pu se passer entre eux pour qu'elle se mette dans ces états. Clarisse devina juste en parlant du bal. Elle ne s'était jamais rendue compte que son amie avait remarqué qu'il s'était passé quelque chose ce soir là. Cette soirée où tout avait été si parfait jusqu'à ce que... A ce souvenir, une nouvelle larme glissa le long de sa petite joue rouge. Une larme unique, heureusement. Elle allait tout leur raconter, il le fallait maintenant. Quand, sinon? Elle ouvrit la bouche pour commencer son récit mais rien n'en sortit. Sa gorge était trop sèche.

Doucement, péniblement, elle se releva, accroupie, puis debout. Elle se pencha dans le lavabo et ouvrit le robinet qui lui permit de boire cette délicieuse eau fraîche qu'on trouvait partout à Poudlard. Elle avala de longues et grandes gorgées, consciente de l'attente qu'elle faisait subir à ses amies. Et si elles avaient quelque chose de prévu? Mais elle ne pouvait vraiment pas parler sans se réhydrater un peu. L'eau glacée lui remettait les idées claires. Doucement, elle se rassit entre les deux jeunes filles. Elle esquissa un petit sourire, tournant la tête vers Clarisse, puis vers Lynn. Il était faible mais elle y arrivait. Elle devait leur faire profiter. La petite blonde déglutit une dernière fois et commença, enfin à raconter.

"-Oui c'est à cause du bal. En partie. Enfin c'est là que ça a commencé... Je... laissez moi raconter. D'un coup. Ca sera plus simple si je raconte d'un coup."

Le moment était venu. Elle savait que ses amies respecteraient cette volonté et l'écouteraient sans commentaires, jusqu'à la fin. Elle prit une grande inspiration et commença son récit.

"-Au bal, oui... On s'est retrouvés, Mathias et moi, tous les deux tout seuls au début, et encore après quand tu es partie chercher Rolas, Clarisse. C'était une soirée vraiment... merveilleuse. Il m'a fait de très jolis compliments, je lui en ai fait en retour. Il était vraiment charmant. On s'est rendu compte qu'on avait pas de cavalier tous les deux... Donc on a décidé qu'on allait... ben peut être qu'il soit mon cavalier, qu'on aille danser et tout. C'est ce qu'on a fait. Il était si adorable, comme d'habitude, beau, gentil... Et il avait vraiment l'air... de bien m'aimer, enfin je croyais. On a dansé ensemble, et quand il y a eu des slows on a continué. On était serrés l'un contre l'autre. J'étais vraiment bien. Il avait l'air aussi... Quand ça s'est terminé... Je l'ai embrassé. Entre la bouche et la joue, juste là."

Joignant le geste à la parole, elle montra sur son propre visage l'endroit précis où elle avait montré son affection au préfet des Serdaigles. Ses yeux s'étaient à nouveau remplis de larmes. Elle continua, cependant, son histoire.

"-Il est resté là... sans rien faire, sans rien dire. Je me suis sentie stupide. Je me suis excusée et je suis partie, en courant. Le lendemain, c'était le départ. Je l'ai vu nulle part et dans le train, tu te souviens Clarisse? Il n'était pas dans notre wagon... Je me suis dit que ce n'était pas grave, qu'on aurait l'occasion d'en reparler à la rentrée, ça me laisserait le temps de faire le point. Et la rentrée est arrivée. Là encore je le voyais qu'en cours, jamais ailleurs. Il me disait à peine bonjour le matin... Ca a été comme ça pendant trois semaines. Samedi dernier..."

On en arrivait maintenant à la partie la plus pénible pour elle. Celle où elle allait devoir raconter ce qui s'était passé dans la salle sur demande. Tout ce qui s'était passé. Elle se mordit légèrement la lêvre, voyant si une de ses amies allait faire une remarque mais non... Elles respectaient leur parole de ne pas l'interrompre. Elle leur en était infiniment reconnaissante, pour ça et tout le reste. Elle devait se lancer maintenant.

"-Samedi j'avais encore son cadeau de Noël dans ma valise et je me suis dit qu'il était temps que je lui offre. Je l'ai cherché dans tout le château et j'ai fini par le trouver dans une pièce qu'il appelle la "Salle sur Demande". Il était en train de chanter, il chante bien d'ailleurs. Je lui ai offert son cadeau et on a enfin pu discuter. Il m'a demandé de lui expliquer mon comportement du bal, je lui ai dit que je me sentais bien à ce moment là, que ça m'avait paru naturel de l'embrasser... Et je lui ai demandé s'il ressentait quelque chose pour moi, éventuellement... En lui disant que je voulais pas une réponse immédiate, bien sur, mais en lui demandant de me tenir au courant si jamais... Et là, il m'a demandé de partir. D'une manière vraiment méchante, froide. Je ne l'avais jamais entendu parler comme ça à quelqu'un avant. Donc je suis partie, et j'ai passé la journée dans le dortoir à éviter tout le monde. C'est ce que je fais depuis une semaine... Désolée de ne pas vous avoir expliqué avant..."

Enfin, elle avait fini. elle devait avouer que ça faisait un bien fou de pouvoir enfin tout dire. Même si certaines personnes connaissaient des parties de ce récit, seuls elle et Mathias en connaissaient la totalité. Et encore, pas avec le point de vue de l'autre. Doucement, elle se rappuya contre la paroi derrière elle. Elle de mordait la lêvre, attendant un verdict.


[HJ]J'ai fait très long Désolée d'avoir fait ça d'une traite, je sais pas si c'est ce à quoi vous vous attendiez mais je me suis dit que si je m'arretais en plein milieu, vous ne sauriez ptet pas quoi répondre... Et ça me paraissait cohérent que Nervia veuille tout dire d'un coup, pour se libérer.[/HJ]

Lynn se tourna vers Clarisse, surprise, lorsqu'elle-ci évoqua le bal. Trop préoccupé par Kael et Lavande, Lynn n'avait absolument rien remarqué. Elle fronça les sourcils, se demandant de quoi il s'agissait.

Nervia parvint à se relever et but de longues gorgée d'eau au robinet, visiblement assoiffée, ce qui n'était pas vraiment étonnant quand on considérait la quantité d'eau qu'elle venait de perdre en pleurant.

La petite gryffondor attendit patiemment que la blondinette se sente mieux et commence son explication. Ce qu'elle finit par faire, après leur avoir donné un faible sourire.

Alors comme ça, Nervia avait embrassé Mathias. Et aucun des deux n'avait vraiment bien réagit suite à cette impulsion. Lynn connaissait les réactions parfois exagerée du préfet mais cela ne l'excusait pas. Nervia était malheureuse à cause de lui... Néanmoins, il fallait être positif, et c'est ce que Lynn s'empressa de faire:

- En fait, c'est plutôt bon signe...

Voyant l'air abasourdie des deux serdaigles, elle rougit légèrement et s'expliqua:

- Mathias est quelqu'un de timide... s'il a si mal réagit c'est parce qu'il ressent des choses qu'il n'est pas encore prêt à accepter... des choses qu'il ne comprend pas vraiment... S'il n'avait aucun sentiment pour toi, il te l'aurait dit, tout simplement... n'est-ce pas, Clarisse? Demanda Lynn, cherchant un peu de soutien chez la bleu et bronze.

Elle se mordit la lèvre, esperant que son raisonement conviendrait aux deux jeunes filles. En tout cas, elle en était persuadée.

- Il faut peut-être juste lui laisser le temps... les garçons sont beaucoup plus lents à la détente que nous... ajouta-t-elle en souriant, répétant presque mots pour mots une phrase de Lavande.

Et si quelqu'un s'y connaissait en garçons, c'était bien Lavande... !

Lynn regarda Nervia avec un air encourageant, priant pour que cela lui remonte un peu le moral.

Pourquoi n'avait elle pas raconté tout ça plus tôt? Pourquoi s'était elle cru obligée de tout garder pour elle, comme une vraie tombe? Maintenant qu'elle avait enfin réussi à tout raconter, à tout laisser sortir, sous forme de larmes, puis de mots, elle se rendait compte à quel point ça lui avait fait du bien. A quel point elle était soulagée. Elle pouvait même avoir un certain recul sur toute l'affaire. Le destin avait bien fait les choses en organisant cette petite rencontre dans les toilettes entre les trois amies. Oh bien sur, elle ressentait encore beaucoup de tristesse, d'incompréhension, et ces sentiments ne la quitteraient pas avant un long moment. Mais c'était tout de même mieux qu'avant.

Nervia attendait à présent les réactions de Lynn et de Clarisse. Evidemment, il fallait leur laisser le temps de digérer toute l'histoire, ce qui n devait pas être chose facile, d'autant que certains passages avaient pu être confus, ou difficiles à comprendre lorsqu'ils avaient été étouffés par quelques sanglots. La Gryffondor fut la première à ouvrir la bouche pour commenter ce qui venait d'être dit.

- En fait, c'est plutôt bon signe...

La petite blonde en ouvrit la bouche de stupéfaction. Où voyait elle un bon signe dans tout ce qui venait d'être dit? Elle expliqua rapidement ce qu'elle entendait par là. Effectivement, vu comme ça, elle avait peut être raison. Lynn chercha du soutien auprès de Clarisse qui ne lui en apporta pas. Les deux Serdaigles semblaient avoir été autant abasourdies l'une que l'autre par ce prétendu "bon signe". Revenant rapidement à ses esprits, la petite rousse lui demanda une précision sur son histoire: les paroles exactes de Mathias le samedi précédent. Elle ajouta qu'elle n'était pas obligée de répondre. Avec un petit sourire, Nervia se lança.

"-Avec tout ce que je vous ai dit c'est pas ça qui va changer grand chose... Il m'a dit... euh... 'Laisse moi... Va-t-en!' à peu près comme ça."

Elle avait imité du mieux qu'elle pouvait le ton du jeune homme. Merlin comme ces mots lui faisaient mal! Même si elle les prononçait elle même, ils résonnaient durement, cassants à ses oreilles. Elle parvint à retenir la nouvelle larme qui perlait au coin de son oeil. Non, elle devait se montrer forte maintenant. Elle était soutenue. Comme pour prouver qu'elle appéciait ce soutien, elle commenta aussi l'hypothèse de Lynn.

"-Lynn... Tu as peut être pas tort. C'est vrai que je n'ai vu que les mots sur le moment. Et le ton. Maintenant que tu le dis... C'est vrai que Mathias se cache souvent derrière des paroles blessantes, quand il a besoin de se protéger..."

Malgré le mal qu'elle avait eu à le faire, Nervia semblait soulagée d'avoir parlé de ce qu'elle avait sur le coeur.

Bien sûr, la remarque de Lynn attira la surprise des deux jeunes filles et Clarisse ne la soutint pas comme la gryffondor l'esperait... Elle ne savait pas si ce qu'elle disait était entièrement vrai, mais c'était ce qu'elle ressentait et elle avait, avant tout, cherché à consoler Nervia.

Clarisse demanda un complèment d'information à la petite serdaigle et ce qu'elle rapporta ne plu pas à Lynn.

- Il a vraiment été odieux... murmura-t-elle avec réprobation.

Mais la petite bleu et bronze semblait prendre en compte les paroles de Lynn et celle-ci lui sourit en lui pressant légèrement la main:

- Ne t'inquiète pas... Je suis sûre que Mathias regrette... il doit se sentir coupable...

Elle réfléchit et ajouta avec un air malicieux:

- Et puis, ce n'est pas plus mal ! Il l'a bien merité... Il t'a fait pleurer... ajouta-t-elle avec une mine triste.

Elle regarda Clarisse qui semblait en pleine reflexion et murmura à son adresse:

- J'ai l'impression qu'on pense à la même chose... On devrait avoir une petite discussion avec votre cher préfet, non ?

Elle trouvait l'idée particulièrement interessante. Cela faisait un moment qu'elle voulait parler à l'aiglon de son comportement. Ce qui d'ailleurs, lui faisait repenser à Will.

Les yeux dans le vague, elle sourit timidement, les joues légèrement rosies, sans même s'en rendre compte. Ce qu'elle ne savait pas c'est que ca lui arrivait souvent ces temps-ci... à chaque fois qu'elle pensait à William...

Visiblement, le rapport des mots exacts de Mathias augmentait la colère de Clarisse et Lynn. Cette dernière utilisa même le mot odieux. Sans aller jusque là, Nervia était effectivement d'accord avec elles sur le fait que son comportement n'avait pas été aussi exemplaire que d'habitude. Tant mieux s'il en éprouvait des remords, après tout ce n'étit qu'une bien faible compensation en comparaison de toutes les larmes qui avaient coulé de ses yeux.

La rousse et la brune se regardèrent. Un plan semblait avoir muri dans leurs cerveaux simultanément. Un plan visant à montrer à Mathias que ce qu'il avait fait n'était pas correct, qu'il ne fallait pas toucher à leur amie. Lynn confirma en déclarant vouloir parler au préfet des Aigles. Clarisse la suivit. Une étrange lueur brillait dans ses yeux. Nervia ne l'avait probablement jamais vu comme ça. Elle semblait plus déterminée que jamais à faire comrpendre certaines choses au garçon. Elle semblait... un peu effrayante pour qui avait l'habitude de son caractère doux et réservé. Mais après tout, la petite blonde s'était toujours douté qu'une telle part existait dans la personnalité de son amie. Les yeux légèrement écarquillés par sa détermination soudaine, une pensée lui traversa l'esprit, et lui arracha un léger rire pour la première fois. Devant le regard incompréhensif de ses amies, elle s'expliqua.

"-Vous me faites penser à Cyanur..."

*Oups, c'était peut être pas la meilleur manière de le dire...*

En effet, la Serdiagle et la Gryffondor la regardaient encore plus bizarrement. Nervia se hâta de rattraper le coup en expliquant sa rencontre avec la Serpentard, et ce qu'elle pensait de Mathias.

"-Ne le prenez pas mal... C'est juste que... Il y a deux semaines je suis tombée sur Cyan au parc par hasard... On était que toutes les deux et même si au début j'avais pas trop confiance, c'est Cyanur quand même, bah j'ai fini par lui raconter certaines choses... Sur ce que je resentais depuis le bal... Finallement elle s'est avérée vraiment beaucoup plus sympa que je le pensais... Et l'autre jour en Méta, elle est venue se mettre à côté de moi pour me demander s'il y avait eu du changement, donc je lui ai raconté ce qui s'est passé dans la salle sur demande. Et elle aussi a décidé d'expliquer sa manière de voir les choses à Mathias... Même si j'ai l'impression que contrairement à vous elle ne pense pas à juste avoir une petite discussion..."

Encore une chose que ses amies ignoraient, sa bonne entente avec celle qui semblait pourtant une des plus détestables des Serpentards encore quelques mois auparavant.
Clarisse avait aussi dit qu'à son avis, Mathias loupait quelque chose de bien, et que c'était tant pis pour lui. Exactement ce qu'elle avait dit à Cyanur lors de ce fameux cours de métamorphose...

"-Tu as raison Clis', il loupe quelque chose... Et il y a beaucoup d'autres garçons dans l'école."

Au moment où elle prononça la phrase, une petite part d'elle s'effondra. Bien sur qu'il y avait d'autres garçons. Mais ils étaient nuls. Presque tous. Il était le meilleur, à son avis, et elle n'en voulait aucun autre. Son joli petit sourire s'évanouit et elle baissa la tête, regardant le carrelage blanc. Un autre... Non.

"-Mais c'est le seul que je veux..."

Lynn regarda Nervia laisser échapper un petit rire et en fut rassurée, se préoccupant peu de ce qui l'avait provoqué. Néanmoins, la petite blondinette précisa ses pensées en associant les deux comploteuses à Cyanur, une serpentarde de leur année.

La rouge et or fronça les sourcils, étonnée par la comparaison et encore une fois, la serdaigle prit les devants en s'expliquant.
Nervia avait fait connaissance avec le célèbre poison lors d'une ballade au parc et elles avaient toutes deux sympathisé. En apprenant ce que Mathias avait dit, et surtout de la manière dont il l'avait dit, la vipère avait, à l'image des deux amies de la serdaigle, décidé d'avoir avec lui une petite discussion. Voir un peu plus...

Lynn acquiesça, amusée:

- Ca ne lui ferait peut-être pas de mal, plaisanta-t-elle.

Clarisse essaya de consoler la jolie blondinette en lui assurant qu'il y avait beaucoup d'autres poissons dans l'océan Poudlarien et Nervia comme Lynn en avaient conscience. Néanmoins, la petite bleu et bronze résuma très bien la situation par quelques mots, soupirés avec tristesse :

Citation :

"-Mais c'est le seul que je veux..."

Et quelque chose disait à Lynn qu'elle l'aurait... un jour... mais qui était-elle pour parier sur l'avenir ? Sur un avenir amoureux qui plus est...? Elle qui n'arrivait même pas à comprendre ce qui se passait entre elle et un certain gryffondor....

- "Le coeur a ses raisons que la raison ignore..." Cita-t-elle. Tu verras, ca s'arrangera... tout finit toujours par s'arranger...

C'était une phrase qu'elle s'était répétée, et se répétait encore, des milliers de fois... peut-être qu'ainsi, elle finirait par le croire.... En tout cas pour elle, les choses s'arrangeaient petit à petit... il y avait des hauts et des bas, mais globalement, cela lui réussissait plutôt bien... Même si elle redoutait toujours que tout s'arrête brutalement... et que sa vie d'avant recommence...

- Je suis sûre qu'il en pince pour toi. Assura-t-elle. Laisse lui un peu de temps... tu verras...

Et elle lui sourit chaleureusement, esperant être aussi convaincante qu'elle était convaincue. Lavande lui avait appris, lui avait montré comment reconnaître les petites étoiles dans les yeux de Nervia. Et Mathias avait les mêmes...

Et jusqu'ici, les conseils de Lavande ne lui avaient jamais fait défaut !

Nervia parut étonnée lorsqu’elle lut autant de détermination dans les yeux de Clarisse. Quoi de plus normal ? La rouquine ne s’était jamais énervée, et n’avait pas non plus l’habitude de se mêler des affaires des autres, pas plus qu d’élever la voix. Pas surprenant que son amie fasse une drôle de tête! Clarisse n’eut pas le temps de s’épancher plus longtemps sur son effet, Nervia venait de prononcer une phrase qui la cloua sur place. Sa meilleure amie venait de dire que Lynn et elle lui faisait penser à Cyanur. Oui, oui, vous avez bien lut, et Clis’ bien entendu, c’est effectivement le prénom de Cyanur, poison répartit dans la maison de Salazard Serpentard que la petite blonde avait prononcé, en la comparant aux deux petites à ses côtés.

* Oulà, j’ai dû rater quelque chose moi ! Depuis quand Nervia est amie avec cette fille ? Depuis quand …. Mais… c’est… je...croyais que… ça explique leur comportement en métamorphose… *

Eh oui, jusqu’à peu de temps auparavant, Clarisse et Nervia étaient d’accord sur tout un tas de choses, mais aussi sur cette verte et argent, et toutes deux s’accordaient à dire qu’il s’agissait d’une petite peste. L’Ecossaise n’avait pas d’a-priori sur les gens juste parce qu’ils appartiennent à telle ou telle maison, mais cette jeune fille au regard angélique s’était montrée plus d’une fois sous un jour moins … agréable ? sympathique ? En réalité, Clarisse ne la connaissait pas, et parfois, les apparences sont trompeuses. Et puis, après tout, si Nervia la trouvait sympas, elle avait probablement raison. La petite bleue faisait confiance à sa camarade de ce côté là. Pourquoi ne pas tenter alors de faire connaissance avec cette demoiselle ? Nervia ajouta tout de même quelque chose qui retint son attention. Comme elles, le poison avait décidé d’aller parler avec leur préfet. Sauf que d’après la serdaigle, elle ne comptait pas « juste » lui parler. Clis’ lança un bref regard à son amie avant de le poser sur Lynn, d’un air interrogateur.

_ Nous devrions peut être aller parler à Mathias avec elle. Si ce que tu penses est vrai, il vaudrait sans doute mieux que quelqu’un soit là à ce moment, pour qu’ils ne finissent pas tous les deux en morceaux…
…
Et aussi parce que si nous trouvons ce cher préfet après Cyanur, j’ai peur qu’il ne nous reste plus grand chose à lui dire…

Elle fit une petite grimace, suivie d'un grand sourire. Elle avait dit ça pour rire évidemment.

_ Tu es d’accord Lynn ?

La gryffondor elle essayait de son côté de vraiment réconforter Nervia, chose que Clarisse aurait bien voulu faire aussi, sauf qu’elle ne savait pas quoi dire, ni quels mots utiliser, et n’avait tout simplement pas d’idée. N’ayant pas l’habitude de ce genre de situations, elle se trouvait un peu bête. Elle baissa la tête. Elle était stupide. Parler d’aller voir Mathias n’était sûrement pas la meilleure façon de consoler la petite blonde. Evidement qu’elle ne voulait que lui. Sinon, pourquoi aurait-elle tant pleuré ? Pourquoi avait-elle tant de chagrin, pourquoi, pourquoi ? Elle n’y connaissait rien dans ce genre de sentiments. Elle lança un coup d’œil désolé à sa camarade bleue.

_ Oh, je suis nulle ! Je te parle d’aller le voir et je ne fais que remuer le couteau dans la plaie. Je crois que Lynn a raison…

Elle insistait encore une fois ! C’était plus fort qu’elle ! Mais quand elle avait une idée dans la tête, elle faisait tout pour qu’elle se réalise. Oui, sauf que ce n’était pas le bon moment pour en parler. Elle enverrait un hibou à la jeune lionne plus tard. La chose la plus urgente était que Nervia pense à autre chose. Il lui sembla bien que c’était raté par sa faute !!!

Le moral de Nervia n'était pas encore au beau fixe mais les tentatives de ses amies pour l'aider à remonter la pente l'aidaient à de pas sombrer encore dans le désespoir. Mieux, certaines de leurs paroles la faisaient rire. C'est dire! Lynn était presque persuadée que Mathias avait aussi des sentiments pour Nervia, mais qu'il fallait lui laisser le temps. La petite blonde lui sourit, reconnaissante.

"-Si tu le dis... Mais j'avoue que je préfère ne pas trop espérer... Pour ne pas être déçue une nouvelle fois. A la limite, s'il change d'avis ça ne pourra qu'être une bonne surprise."

L'aiglonne et la lionne semblaient de plus bien décidées à avoir cette conversation avec le plus jeune préfèt de l'école. Et, pourquoi pas, d'y aller avec Cyanur dont elles ne désapprouvaient pas totallement les méthodes. Soudain, Clarisse s'excusa auprès de son amie de remuer le couteau dans la plaie. Le petite blonde ne comprit pas tout de suite à quoi elle faisait référence.

"-Ah, à parler de Mathias tu veux dire? Ne t'en fais pas Clis', ça ne me blesse pas. Et je préfère que vous parliez de lui plutôt que vous fassiez comme s'il n'existait pas. D'ailleurs, que ça ne vous empèche pas d'être comme d'habitude avec lui... C'est pas parce qu'on a quelques petits problèmes lui et moi..."

Elle accompagna ses paroles d'un joli sourire, sincère, afin de leur prouver qu'elle pensait vraiment ce qu'elle disait. Le calme était revenu dans les toilettes des filles, et avec lui l'apaisement dans le coeur de Nervia. Elle avait les meilleures amies du monde et rien, pas même un garçon ne pourrait l'empecher d'avancer.
Lentement, elle se releva afin de boire encore un peu d'eau, et de s'en passer sur le visage pour nettoyer le sel de ses larmes.

"-Qu'est ce que c'est compliqué les relations avec les garçons. Vous avez de la chance de pas connaitre ça..."

Le silence, toujours. La Serdaigle se redressa, s'essuya le visage et tourna vers ses deux amies un regard légèrement interrogateur.

"-A moins que... ?"


[HJ: Disoulée pour le temps de réponse ^^]

La petite blondinette retrouvait peu à peu des couleurs et le moral, ou du moins en avait l'air. Elle souriait et riait avec ses amies, même si elle semblait toujours triste. Elle avoua à Lynn préferer ne pas se faire d'illusions. La petite lionne acquiesça, pensive. Elle ne savait pas ce que signifiait se faire de faux espoirs... elle n'avait jamais été décue puisque de part son passé, elle avait toujours été pessimiste face à tout.. du moins en ce qui la concernait... Pour l'avenir de Nervia en revanche, elle ne voyait qu'un grand ciel bleu...

La jolie rouge et or préféra donc ne pas insister.

Nervia conseilla aux deux jeunes filles de continuer à se comporter normalement en présence du préfet. Lynn imaginait la scène avec amusement. Elles étaient censées le réprimander... il serait bizarre de faire comme si de rien n'était ! Mais il était évident, qu'elles ne tenaient pas à ruiner leur amitié ! Et si Lynn ignorait le comportement possible de Clarisse, elle connaissait celui enflammé de Cyanur, et elle pensait déjà être la voie de la raison lors de cet entretien...

La blondinette se remit à boire et s'aspergea le visage d'eau avant de déclarer:

Citation :

"-Qu'est ce que c'est compliqué les relations avec les garçons. Vous avez de la chance de pas connaitre ça..."

Lynn ne répondit pas, tout à coup légèrement embarassée.

Citation :

"-A moins que... ?"

Elle sentit alors le regard de Nervia posé sur elle et se mit à rougir sans pouvoir s'en empêcher.... Elle baissa les yeux, sans savoir quoi dire, esperant que Clarisse la sortirait de cette situation.

Les relations avec les garçons...? Si, elle connaissait ça... à son niveau... Wiliam et elle devenaient proches... ses sentiments étaient confus, elle ne savait ni quoi penser... ni comment agir... elle avait conscience que quelque chose se passait, mais pour le moment elle se refusait à appeler cela autrement que de l'amitié... Vu ses rapports avec les hommes de sa famille... avec son père plus particulièrement... il lui était impossible de concevoir des relations plus intimes et sérieuses avec un garçon... A son arrivée à Poudlard, la simple présence d'un garçon la faisait paniquer... et si cela avait changé, il lui arrivait encore d'être très mal à l'aise...

Elle ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Que pouvait-elle bien répondre...? Mais finalement... elle avait dit elle-même qu'elle avait besoin de parler... quand aurait-elle une meilleure occasion ?

- A vrai dire... murmura-t-elle.

Elle s'interrompit, réalisant qu'elle ne pouvait plus faire marche arrière.

- Je... je voulais... vous demander... quelque chose...

Après tout, elles étaient amis avec William bien avant elle, elles pourraient peut-être l'aider à y voir plus clair...

Nervia était toujours debout, à présent dos au lavabo, appuyée contre le rebord. Sa tête était inclinée vers le bas, afin de voir ses amies, toujours assises à même le carrelage. Elle venait de lancer une petite phrase des plus innocentes en apparence, un léger "A moins que..." auquel personne n'aurait pu s'attendre. Mais la jeune Serdaigle était perspicace et avait de la suite dans les idées et, malgré le fait qu'elle ait été obnubilée par elle même et sa relation avortée avec Mathias durant la semaine passée, elle avait tout de même eu le temps de remarquer des choses inhabituelles dans le comportement de certains de ses amis. C'était surement le mois de Février et l'approche de la Saint Valentin qui faisaient ça.

Elle n'attendait rien de particulier de la part de Clarisse. Bien sur, elle aurait été heureuse de voir son amie envisager les relations avec les garçons de Poudlard d'une manière différente, plus heureuse. Mais tout de même, il s'agissait de sa meilleure amie, et elle l'aurait remarqué, sans doute. Comme prévu, même si la jeune fille l'étonnait de jour en jour, sa remarque ne l'atteignit pas du tout.

Il n'en fut pas de même pour Lynn, chez qui la petite phrase sembla faire mouche. La jeune Gryffondor rougit brusquement, baissant la tête et cherchant ses mots. Elle avait quelque chose à leur demander. Nervia fut heureuse d'avoir deviné juste, même si elle espérait n'avoir pas mis son amie dans l'embarras, sans le vouloir.

Clarisse, comme elle, s'était tue. Les deux petites filles attendaient avec peut être une pointe d'impatience ce que pouvait être la requête de la lionne. La petite blonde lâcha le rebord de l'évier derrière elle et se laissa doucement glisser au sol, bien plus doucement que la dernière fois. Elle retrouva donc sa place entre ses deux amies et continua d'observer Lynn avec curiosité et douceur. Celle-ci ne se décidant pas à parler, elle essaya de la mettre à l'aise.

"-Vas y... On t'écoute."