Amaranth fixait l'antique horloge de la bibliothèque. Plus qu'un quart d'heure…

Pensant tromper son impatience en allant dans ce lieu où elle passait le plus claire de son temps, la petite Serdaigle était venue se réfugier dans ce temple de l'érudition dès la fin des cours. Mais elle avait beau lire les ouvrages les plus passionnants, s'attaquer aux devoirs les plus intéressants, et même faire les mots croisés les plus prenants, elle n'arrivait pas à contenir sa hâte d'arriver à l'heure du rendez-vous.

LE rendez vous.

Celui où elle rencontrerai enfin une Serpentard! Une vrai! La jeune Rynn tremblait d'excitation à cette unique pensée. Au début de sa première année, elle s'était tellement sentie abattue en étant envoyée à Serdaigle que son seul recours pour ne pas sombrer dans la consternation était l'espoir de fréquenter des membres de la noble maison vert et argent même sans en faire partie.

C'était difficile à comprendre pour quelqu'un d'extérieur à la famille Rynn, mais côtoyer des enfants appartenant au cercle très fermé des aristocrates du monde magique était une absolue priorité, un objectif sans lequel plus aucune conception d'avenir n'était possible. Et il était évident dans la petite tête encadrée de boucles lilas que tout ces rejetons ne pouvaient se trouver qu'à Serpentard.

Plus que dix minutes…

Le problème majeure qui se posait à présent était que Amaranth était pour ainsi dire complètement novice en matière de relations sociales. Ses parents, dans leurs fantaisie ridicule, avaient tellement mis un point d'honneur à ce que leur précieuse fille ne fréquentât que des enfants de haut rang, alors qu'elle était elle même issu d'un milieu modeste et que sa généalogie comptait nombre de moldus, qu'elle n'avait finalement fréquenté… aucuns enfants. Si l'on mettait à part la petite folle qui habitait dans le même immeuble que la famille Rynn et qui avait le même âge que Amaranth : Kirieh Malinovski.

Même après deux ans à Poudlard, cet isolement précoce et la réserve naturelle de la jeune fille avait n'avait conduit qu'à de rares discutions et à aucune amitié réelle. Toujours si l'on mettait à part Kirieh et que l'on ne considérait pas qu'être traquée sans relâche et être harcelée avec hystérie constituassent un lien d'amitié. La petite Serdaigle n'avait donc qu'une vague idée de la manière dont elle devait meubler un échange verbale, comment être aimable, quels étaient les sujets à évités etc… Ou tout du moins elle en était persuadée et cela représentait pour elle une grande source d'angoisse. Surtout à seulement cinq minutes du rendez-vous.

"Oh et puis zut, je serais en avance." céda enfin Amaranth en ramassant hâtivement ses affaires.

Elle se précipita ensuite dans les couloirs, courant presque. Cependant, arrivée à mi parcours, une vision d'horreur la glaça d'effroi. Elle crût reconnaître Kirieh au détours d'un couloir et se réfugia immédiatement dans une classe vide.

"Mais qu'est-ce qui pourrait m'arriver de pire?" se lamenta la petite Serdaigle "Si jamais Kirieh me suit jusqu'à la volière et que Sharr-Lun en vient à penser que je fréquente une furie pareil, je suis fichue! Non seulement auprès de Shaar, mais surtout auprès de tout Serpentard! Ca m'étonnerai qu'un tel scandale puisse rester longtemps confidentiel…"

La jeune Rynn jeta un regard discret dans le couloir. La personne qu'elle avait prise pour la rouquine qui la terrorisait semblait avoir passé son chemin.

"Je ne peux pas prendre de risque." se résigna-t-elle "Je vais devoir faire un détour, quitte à arriver un peu en retard."

La petite Serdaigle repris donc le même couloir en sens inverse, et s'élança sur un nouvel itinéraire. Elle courait à présent, passant de couloirs en escaliers à une vitesse folle. Enfin elle arriva la tour où se trouvait la volière. Elle attrapa nerveusement un Poufsouffle de première année et exigea l'heure avec autorité. Le garçon s'exécuta. C'était bon, il restait une minute, elle serait à l'heure. Amaranth relâcha le Poufsouffle qui repris son chemin avec empressement et en se demandant qui était cette folle avec des cheveux violets. Avec soulagement, elle repris sont souffle, se remettant de cet effort physique inhabituel, et réajusta sa cravate avant de monter les escaliers qui menaient au lieu du rendez-vous.

Arrivée au sommet, la petite Rynn poussa le lourd panneau de bois de la porte et aperçut alors la jeune Dedrak qui lui tournait le dos.

"Hum… salut." dit-elle avec hésitation pour signaler sa présence.

C’était étrange cette sorte de rendez vous a double sens, si attendu et un peu étrange. A dire vrai, la jeune fille se demandait les raisons qui avaient pût la pousser à ouvrir sa langue et à prononcer ces paroles qui avaient visiblement marqué un tournant confus et frénétique dans la vie de la serdaigle. En contre partie, l’adoration peinte sur le visage d’Amaranth avait soulevé quelques interrogations rapidement élucidées par les langues de vipères experts de la salle commune et la petite verte et argent s’était empressée d’écouter les avis et rumeurs les plus invraisemblables a ce sujet, les plus délicates et les plus erronées pour finalement retenir le vernis superficiel et classique d’une ébauche de vérité. C’était le propre certain de l’adolescence : un réseau d’informations incroyablement développé qui lançait sur la course une flopé innombrables de conneries en nombre considérable, incalculable dans leur diversité et, plus encore, dans leur contradiction. Mais ce qu’elle avait retenue sur la deuxième année aux cheveux d’un violet éclatant lui avait semblé relativement vrai : d’après les plus au courant, les commères de première classe a la langue bien pendue et qui partageait leurs précieuses informations avec une joie avide, Amaranth Rynn rêvait de devenir mangemorte. Personne n’avait soulever la moindre remarque si ce n’est quelques rires gras et moqueurs exprimant avec une clarté singulière l’irréalité de la scène : une fillette de douze ans qui voulait se lancer sur ce genre de traces ? C’était ridicule ou la bleue et bronze avait sûrement cet espoir un peu gamin. Shay n’était pas sûr de vouloir croire a ces conneries mais, en revanche, avait pioché une théorie aux aspects plus véridiques : la demoiselle rêvait d’avoir été envoyée dans la noble maison de Salazar et le chapeau rapiécé et miteux qui décidait du futur sort des étudiants avait brisée avec force ses attentes, ses rêves et ses espoirs. « Depuis, elle rêve de sympathiser avec nous apparemment mais bon… Tu sais ce que c’est… Et puis, elle traîne toujours cet espèce de clebard, une rouquine aux cheveux roux symbole rêvé de la naïveté gamine et collante : une chieuse comme jamais ». La fillette avait nerveusement hoché d’un signe de tête tandis que les idées les plus improbables fusaient.

Oui, Amaranth était de ce genre de personne qui écouterait aveuglement les idées de la verte et argent et la soutiendrait. Avoir quelques appuis dans d’autres maisons n’étaient pas une situation négligeable mais plutôt, a proprement parler, utile. Une amie ? Peut être mais une amitié peut être un peu délicate, plus perverse qu’autre chose puisque la demoiselle se demandait doucement jusqu'à quel point la bleue et bronze était prête a la suivre dans ses idées et ses réflexions. Bien des serpentards étaient réticents mais après tout, Cyan n’avait t-elle pas quelques amies dans la maison couronnée d’un aigle ? Alors l’idée n’était pas aussi incongrue qu’elle pouvait le paraître et Amaranth serait quelque chose… de pratique. Ce qu’il faudrait faire a présent, c’était vérifier les rumeurs, tester le vrai du faux et surtout, confirmer cette histoire d’adoration et de soi-disant affinités désirées avec le mage noire, sans lâcher de bévues et restait dans la limite qui séparait le mensonge outrageant a la vérité légère. Elle ne connaissait aucunes personnes susceptibles d’avoir des affinités quelconque avec le lord mais quelle importance ? Il suffisait de renforcer a grands renforts de phrases pré conçues les clichés soigneusement nourrit par la bleue aux cheveux violets et ça, c’était totalement dans ses cordes. Les grandes tirades a la « je te comprend » n’étaient pas faites pour elle et elle l’avait rapidement comprit qu’elle ne faisait pas quelqu’un de très douée pour offrir une épaule consolatrice a une personne ou une autre et elle évitait donc de creuser et d’approfondir pour donner l’impression fausse qu’elle était d’une grande aide dans les cas difficiles.

Le claquement régulier de pas la tira de ses rêveries, ses derniers songes s’estompant avec raideur tandis qu’elle tournait le regard en direction de la nouvelle et récente arrivante dans la volière. Les lieux auraient pu paraître agréables avec l’effervescence de plumes des volatils mais la demoiselle n’y voyait que l’aspect terne des hiboux et l’odeur écoeurante des fientes d’oiseau. Le portrait physique de la pièce n’était pas des plus charmeurs mais qu’importe. Le regard sombre de la miss se tourna vers la serdaigle. Ponctuelle. Tout le contraire de Shaar mais cette dernière aurait certainement pester avec irritation devant un quelconque retard. Les rumeurs circulants a propos de son aîné avait assombris d’un voile étrangement maussade son humeur changeante mais elle se contenta ‘un vague haussement d’épaule pour signaler qu’elle l’avait aperçue et capter le petit « Hum… salut » qui était sortit des lèvres de la bleue et bronze. « Tiens… Salut ». Elle siffla a l’adresse du grand duc a qui elle attachait le paquet qui s’élança disgracieusement au second avertissement énergique de la brune.

« Pile a l’heure » approuva la demoiselle a s’installant contre un mur, s’asseyant sans crainte sur un des rares espaces propres du lieu, les jambes croisées. Comment commencer la conversation ?! C’était a elle bien sûr, invitante et non conviée, de débuter la discussion mais les phrases pour combler les blancs n’étaient pas non plus un domaine dans lequel elle excellait. Pas qu’elle soit vraiment franche et parfois taquine mais vite lassée d’un échange comblé uniquement par des stéréotypes d’amorces de phrases. « Alors comme ça, tu es à Serdaigle ? ». Ton juste ce qu’il faut de méprisant vis-à-vis de la maison pour pousser Amaranth a se récrié devant cette injure, approuver ou défendre l’honneur de sa maison et mettre termes aux hypothèses. « Ce te dérange que je t’appelle Ama ? ». Ca ne la dérangerait pas et la jolie brune n’attendait pas vraiment de réponses à sa question. Elucider le mystère de la dévotion typiquement amarienne n’était qu’une brève question de temps et elle espérait juste que Rynn parlerait d’elle-même sans avoir besoin de supplications idiotes qu’elle ne ferait pas.

Lorsque Shaar-Lun évoqua la maison bleu et bronze, Amaranth tenta de dissimuler sa déstabilisation. Et quoi? Fallait-il fatalement que les conversations tournent toujours autour des maisons des uns et des autres? De plus, le jeune fille n'y allait pas avec des pincettes. A son ton sans ménagement, la jeune Rynn commença à se dire qu'il ne s'agissait peut-être pas du rendez vous idéale pour faire "ami-ami" qu'elle avait imaginer.

Amaranth avait l'habitude d'être le dindon de la farce. Les gens se moquaient d'elle à cause de ses cheveux, à cause de son attrait pour Serpentard, ou tout simplement parce qu'elle était "troop bizarre!". Si la jeune Dedrak se mettait à se moquer d'elle et à vouloir lui jouer un tour, cela n'étonnerait personne, cela expliquerait même cette entrevue inimaginable.

Mais même si la Serdaigle avait un esprit rationnel, elle ne pu s'empêcher de pencher pour la solution la plus improbable : que Shaar-Lun soit sincère et qu'elle puisse enfin se faire une vrai amie. Qu'importe si la désillusion était dure. Amaranth voulait goûter ne serait-ce qu'un instant au flottement d'y croire.

"Ouais…" répondit-elle enfin, visiblement gênée, avec un mouvement furtif vers sa cravate bleu et bronze "Mais… c'est vraiment une maison nulle… Tu vois ce que je veux dire? Enfin… Si j'avais pu choisir j'aurais voulu aller ailleurs… Tu comprends?"

Et voilà! Elle se mettait à bafouiller! Amaranth manquait vraiment d'expérience en matière de relations sociales. Elle ne pu d'ailleurs pas retenir une exclamation de joie en entendant la demande de la jeune Dedrak.

"Oh! Oui bien sur!" répondit-elle avec enthousiasme "Je trouve ça très joli, euh, enfin, beaucoup plus joli que les surnoms qu'on m'a donné jusqu'à présent!"

Après avoir effacé la pénible pensée de Kirieh de son esprit, Amaranth osa s'approcher de la jeune Serpentard. Elle s'adossa au même mur, ni trop loin, ni trop près, respectant une distance de courtoisie.

"Hum… et toi?" demanda-t-elle timidement "Tu… Tu as un surnom? Je veux dire, par lequel je pourrais t'appeler…"

Qu’Amaranth eut envie de croire ou pas à l’inexistence de fossé, languissant poids douloureux mais présent à une relation amicale était plausible, voir tout a fait dans les cordes sommaires de compréhension partielle de la demoiselle n’était pas une surprise : mais la différence apportée par les couleurs des robes et des insignes étaient malheureusement présent. Elle se voyait, aussi discrète et estompée sans craintes puisse t-elle paraître. Mais serdaigle et serpentard n’avait jamais eu de grosses animosités, de tensions froides et implacables et plusieurs fois, des amitiés avaient été tissé sans attiser les foudres de quelques verts et argents conservateurs des anciennes traditions. Alors pourquoi pas ? Si la fillette aux cheveux violets dont Shay appréciait l’excentricité clairement mise en évidence et en avant avait été dans la maison des « courageux », les choses auraient sûrement été différentes mais les bronze, eux, posaient un problème moins gênant, écartable grâce a quelques phrases acides et faux semblants pincés, ironiques, et bien placés. Aussi, son ton se radoucit et les phrases que la petite brune énonça par la suite furent plus naturelles, moins forcées dans une attitude de test, de suspicion. Il y avait du travail a faire dans certaines manies d’Ama mais le travail restait moindre : elle possédait un minimum d finesse et, du moins la verte l’espérait elle, de répartie. Elle savait se démarquer du lot et malgré cette naïveté que prouvait nettement son adoration pour la classe de Salazar et les centaines d’a priori qu’elle nourrissait, elle montait un peu plus haut que d’autres. D’ailleurs, entre autres exemples, Cy’ avait tissé quelques amitiés comme cette Nervia dans la même maison que la fillette de deuxième année présente a ses côtés. "Ouais… Mais… c'est vraiment une maison nulle… Tu vois ce que je veux dire? Enfin… Si j'avais pu choisir j'aurais voulu aller ailleurs… Tu comprends?". Sa gêne était nécessaire, la demoiselle en avait besoin fermement et e regrettait pas la pointe d’amertume qu’elle surprenait parfois dans les yeux d’Ama, mêlé a quelque chose qui ressemblait a de l’espoir.

Elle hocha néanmoins la tête en signe de compassion, a peine feinte. La communauté salazarienne était fermée et régit par des lois aussi dures que stricts vis-à-vis des bonnes fréquentations et faisait question de vie ou de mort face a l’honneur. Difficile de critiquer ce régime puisque la petite brune l’appréciait et le défendait rageusement en hochant la tête a chacune des affirmations de ses camarades respectables souvent plus âgés. « Oui, bien sûr. C’est regrettable… » murmura l’adolescent en inclinant légèrement la tête, détaillant le visage pâle de la serdaigle, ses formes menues et son âge qui semblait faire moins que ses douze ans. Lorsqu’Ama enfin répondit à son interrogation d’avantage qu’une demande intérieure, elle sentit sa nervosité mêlée a l’excitation, provoquant une série de bafouillages presque comiques. La demoiselle se garda d’en rire et hocha la tête une nouvelle fois, histoire d’indiquer la réception. La bleue et bronze prenait pourtant de l’assurance. Une bonne chance. Pas qu’elle en prenne trop non plus mais un peu plus de confiance en soi ne lui ferait pas de mal et éviterait des hésitations timides qui auraient pu en devenir agaçantes, s’installant a ses côtés, retournant finalement sa question avec réserve.

« Tu peux m’appeler Shay ». Elle lui accorda un sourire confiant, sortant de son sac de cours une poignée de friandises, berty crochues et chocogrenouilles piqués la veille aux cuisines et en proposa un a cette future amitié, pour l’instant fragile et instable mais qui pouvait tenir la route. « Tiens, si t’en veux miss… Sers toi. » lâcha la serpentarde en en tendant quelques uns a amaranth, mordant vaillamment dans une dragée surprise. Grignoter a longueur de journée expliquait put être le manque, de temps a autre aux repas du soir et de fêtes, d’appétit de la brune qui se gavait de conneries savoureuses a longueur de temps. De constitution naturellement menue, et une dose imposante de sport conservait les traits fins d’origine et évitait un empâtement qui aurait peut être eut lieux si elle n’avait pas été dotée d’un caractère naturellement sportif. Un regard vers les hiboux, le perchoir d’une imposante chouette hulotte avant que la petite ne reporte son attention vers sa camarade. « J’aim’ bien ce que t’as fait a tes cheveux… Original » lança, a tout hasard la verte et argent d’un ton qui se voulait enjouée, ne se départissent d’une espièglerie naturelle que pour pousser la serdy a se détendre et a partir sur une conversation de filles naturelle et banale.

« J’ai entendue dire que t’étais l’heureuse élue d’un stage au ministère, c’tait bien ? C’pas tous les jours que t’as une occasion de ce style là non ? ». Les quelques information qu’elle savait a propos de la jeune Rynn permettrait de faire avancer la conversation. Dans un futur proche, elle prendrait peut être un tournant plus intime tel que les garçons, le dernier groupe de musique en vogue, en attendant, la petite se contentait de paroles un peu neutres et officielles.