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 La couleur du sang [PV William] [1999/2000]
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  • Erin Audronn
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MessageSujet: La couleur du sang [PV William] [1999/2000]   La couleur du sang [PV William] [1999/2000] EmptyLun 25 Juin - 17:41:27

[HJ]C'est long, c'est chiant et il ne se passe rien, désolée! aha [/HJ]

* * * * * * * * * *

Mars s'installait lentement sur le château mais le temps ne semblait pas l'avoir compris. Février c'était terminé comme il avait commencé, sous une épaisse couche de neige. Seul le ciel commençait à changer, les épais nuages gris qui s'amoncelaient au dessus du château depuis des semaines avaient enfin disparus, laissant leur place à un ciel limpide dans lequel brillait un soleil blanc et froid qui faisait scintiller l'épais manteau immaculé couvrant le parc et les longs glaçons translucides pendant des toits. L'air était pétillant, vif et glacial. Tout paraissait nouveau, comme si le monde entier venait de s'éveiller pour la première fois.

Le parc de Poudlard était méconnaissable, la neige atténuait les contours des murs et des arbres et faisait disparaître les points de repère. La cabane de Hagrid ressemblait à l'un de ces gros gâteaux couverts de sucre-glace que Séra aimait servir à l'heure du thé. Un filet de fumée sortait de la cheminée, dansant dans le vent tandis qu'un corbeau lançait de sombres croassements perché sur l'épouvantail délabré du potager du garde-chasse.

De profonds sillons dans la couche immaculée montraient que d'autres élèves étaient sortis pour profiter du premier jour de soleil depuis des semaines. Plusieurs d'entre eux se livraient à une féroce bataille de boules de neige au bord du lac, leurs rires et leurs cris se répercutant en échos contre les murs du château. Erin ne se préoccupa pas d'eux, elle n'avait strictement aucune envie de se joindre à eux, et encore moins de prendre par mégarde une boule de neige perdue. Leur jeu l'agaçait plus qu'autre chose et quelque part, elle leur en voulait d'être aussi futile alors que des hommes et des femmes étaient morts pour eux à cet endroit même. Si les autres avait été marqués par ce qui s'était passé deux ans plus tôt, ils n'en montraient pas grand chose. Erin se demandait souvent si elle était la seule que ce cauchemar avait ébranlé ou si ses camarades s'en fichaient complètement, profitant de leur petite vie et de leur liberté sans s'inquiéter. C'était plus confortable que se poser des questions!

Erin les comprenait quelque part, elle ne se sentait plus à l'aise depuis que ces inconfortables questionnements ne cessaient de la tourmenter. Mais d'un autre coté, elle ne comprenait pas qu'on puisse si facilement oublier toute la souffrance que la haine d'une poignée de fous-furieux avait fait naître dans le monde sorcier. Était-ce donc si facile d'oublier et de pardonner, de continuer sa vie comme si de rien n'était? Elle n'y arrivait pas. Elle avait essayé mais quelque chose l'en empêchait. Elle avait l'impression que si elle oubliait les évènements horribles que l'école avait connu, rien ne les empêcherait de se reproduire à nouveau, et les personnes mortes ici même pour y mettre un terme se seraient sacrifiés en vain. Elle avait le sentiment que c'était à eux, les sorciers de la jeune génération, de faire en sorte que ça n'arrive plus.

Mais comment?

Erin savait parfaitement qu'elle n'était qu'une gamine et qu'elle était incapable de lever le petit doigt pour protéger les personnes qu'elle aimait. Pourtant Harry Potter était venu à bout du Seigneur des Ténèbres. Et il n'avait que dix-sept ans à ce moment. Potter avait fait tellement de choses qu'on disait impossible pour des sorciers de son âge. A quatorze ans, l'âge d'Erin, il avait réussi à affronter les trois épreuves du Tournois des Trois Sorciers et avait même réussi à échapper à Qui-vous-savez. L'année suivante, il avait affronté une armée de Mangemorts dans les couloirs du Ministère de la Magie et échappé encore une fois au Lord Noir. Peut-être que Potter était spécial, mais ça prouvait bien que même aussi jeune on pouvait lutter contre les forces obscures. Bien entendu Harry n'avait pas tout fait tout seul, ses amis l'avait grandement aidé dans ses aventures. Mais elle qui avait-elle? Quelques camarades de classes qui ne comprenaient pas pourquoi elle était si sombre depuis son retour de France et ...

Et ses frères ...

Mais Erin ne voulait pas parler de ses tourments avec eux. Elles savaient d'avance quelle serait leur réaction. Ils lui diraient qu'elle n'avait pas à s'inquiéter de tout ça, que des personnes spécialement formées pour ça les protégeaient, et qu'elle devrait plutôt se concentrer sur ses devoirs. Ses devoirs? Erin avait tellement travaillé pour s'occuper l'esprit et penser à autre chose qu'à ses idées noirs, qu'elle avait entièrement rattrapé le retard dû à son année en France et avait même réussi à prendre de l'avance sur le programme. Mais ce n'était pas la solution. Elle savait que ses frères ne voulaient rien de plus que la protéger mais elle ne le supportait plus. Elle avait grandi dans un cocon, isolée de toutes menaces extérieures, vivant dans l'insouciance sans savoir ce qui se passait réellement en dehors du manoir familiale. Même ici même à Poudlard, les élèves étaient protégés, le château faisant lui aussi office de cocon pour les garder contre les menaces extérieures. Sauf que les menaces avaient fini par les rattraper, qu'elles avaient percé les murs épais de leur cocon et avait changé le château en champ de bataille sanglant. Quelque part Erin se sentait trahit par le château. Il devaient les protéger mais il avait finalement laissé le Mal les menacer.

Elle ne voulait plus dépendre de la protection des autres. Elle voulait être celle qui protégerait les siens. C'était un instinct tellement profondément ancré en elle qu'elle se demandait comment elle avait fait pour ne pas s'en rendre compte plus tôt.

Que devait-elle faire? Repousser ses remises en question dans un coin obscure de son esprit et ne plus y penser? Ignorer ses instincts protecteurs? Continuer sa vie comme si de rien n'était et faire comme si rien ne s'était passé dans ce parc en Mai 1998? Elle ne savait. Elle était complètement perdue entre ses certitudes vacillantes de petite fille gâtée et la découverte que le monde était loin d'être aussi paisible qu'on se plaisait à le lui dire.

Et même si elle décidait d'ouvrir les yeux et de suivre ce que son coeur lui dictait, comment faire? Elle était lâche, c'était un fait. Elle n'avait même pas levé le petit doigt contre les Carrow, cette année là. Paralysée par la peur, elle n'avait fait qu'une chose: rentrer la tête dans les épaules et suivre le mouvement comme un bon petit mouton qui se laisse gentiment conduire à l'abattoir. Elle avait même critiqué ceux qui s'élevaient contre les Carrow en les traitant de fous. Oui peut-être qu'ils l'étaient, mais on disait bien que du courage à la folie il n'y a qu'un pas, n'est-ce pas? Eux au moins avaient tenté quelque chose, si dérisoire que ce fut. Ils ne s'étaient pas laissé faire en tremblant comme la majorité des autres, elle compris. Elle se demandait ce qui pouvait conduire quelqu'un, adolescent ou adulte, à s'opposer à un oppresseur. Quel instinct les motivait? L'envie de protéger ceux qui leur étaient cher? La révolte devant l'injustice? Le simple fait de ne pas savoir rester les bras croisés quand le monde souffre autour d'eux? Ou simplement un idéal, une opinion politique, une conviction profonde à défendre?

Erin était perdue. Était-ce des questions normales pour une gamine de quatorze ans? Elle n'en avait aucune idée, elle s'était toujours contenté de suivre son éducation tolérante parce que ça faisait partie d'elle et qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle aurait dû rejeter d'autre personne pour la simple raison qu'elle n'était pas né dans une famille de sorciers. Mais rien ne l'avait jamais préparé à ce genre de préoccupations. Elle aurait souhaité pouvoir en parler à quelqu'un mais elle ne savait pas à qui s'adresser. Ses frères? Sûrement pas, pour les raisons déjà évoqués. Ses camarades de maison? Aucun ne serait en mesure de comprendre. Les profs? Elle n'en connaissait plus aucun, et, de toutes façons, ils n'étaient pas là quand ça c'était produit! McGonagall aurait put être un bon choix, si la directrice n'avait pas un tas de choses bien plus importantes à faire que d'écouter les états d'âmes d'une élève. Un élève plus âgé, peut-être? Les BUSE et les ASPIC les occupaient presque tous et ceux qui n'étaient pas occupés par leurs révisions n'avaient tout de même pas de temps à perdre à écouter les jérémiades d'une gamine.

Pour la première fois de sa vie, Erin se sentait vraiment seule et détestait ça.

Un soupir lui échappa formant un nuage de buée devant ses lèvres. Resserrant sa cape sur sa poitrine, la jeune fille, tirée de ses pensées par la sensation d'une présence non loin d'elle, jeta un coup d'oeil autour d'elle pour la première fois depuis qu'elle avait quitté le château. Ses pas l'avaient entraîné dans un coin reculé du parc, non loin du Saule cogneur. Un endroit où il n'y avait généralement pas grand monde. Pourtant, le regard de Erin croisa celui d'un autre élève qu'elle n'avait pas encore remarqué. Haussant un sourcil à la brusque réalisation qu'elle n'était pas seule, elle reconnu le préfet roux de Gryffondor. Il était seul et semblait aussi surpris qu'elle.

- Oh! Je suis désolée, fit-elle d'une voix douce. Je ne voulais pas te déranger, je ne t'avais pas remarqué.
Elle lui adressa un petit sourire d'excuse avant de tourner les talons pour s'éloigner.

Il fallut quelques instants à son cerveau pour additionner toutes les informations. Il était plus âgé, il avait connu l'effroyable dictature des Carrow, et avait même goûté à leur sympathique sens de l'hospitalité, autant qu'elle se souvenait. Erin ne savait pas vraiment s'il avait essayé ou non de leur résister, mais sur le coup ça ne lui sembla pas important. Il était préfet en chef et son rôle était d'aider les autres élèves non? Peut-être accepterait-il de l'aider à y voir plus clair. Ils ne se connaissaient pas mais ça ne semblait pas dérangeant à la jeune fille, au contraire, ils n'avaient aucun a priori l'un envers l'autre et il lui paraissait plus facile de se confier à quelqu'un avec qui elle n'avait aucun lien. Qu'est-ce qu'elle risquait après tout? Se faire envoyer sur les roses? Elle n'allait pas en mourir! S'arrêtant net, elle se tourna lentement vers lui et revint sur ses pas.

- Excuse-moi ...
Il lui fallut un instant pour parvenir à retrouver le prénom du rouquin.

- William! ... Je sais qu'on ne se connaît pas mais je me demandais si tu n'avais pas un moment à consacrer à une pauvre jeune fille complètement perdue?
Elle laissa passer un instant avant d'avouer, l'air un peu honteuse.

- J'ai tellement d'idées et de questions qui me tournent dans la tête que je crois que je vais finir par exploser. J'ai besoin d'en parler à quelqu'un. Mais si tu n'as pas le temps, ce n'est pas grave, je ne veux pas te déranger.
Un petit rire nerveux lui échappa tandis que ses mains commençaient à trembler légèrement tant elle était nerveuse. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle se rendit compte que le vent était tombé et que si les branches du saule s'agitaient toutes seules c'était bien parce que l'arbre cherchait à se débarrasser de sa couverture de neige.


Dernière édition par Erin Audronn le Dim 28 Oct - 19:52:02, édité 1 fois
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  • William J. Craig
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MessageSujet: Re: La couleur du sang [PV William] [1999/2000]   La couleur du sang [PV William] [1999/2000] EmptySam 30 Juin - 14:36:39

Enfin, on y était : le week-end était là, et en prime, il faisait beau. William attendait avec impatience ces deux jours de repos et de calme : l'année des ASPIC était plutôt éprouvante, les devoirs s'amoncelaient durant toute la semaine sans laisser beaucoup de temps aux élèves, et la compagnie des autres, dans la salle commune, n'avait rien de réconfortant. Autour de lui, on ne parlait que révisions, contrôles, notes et autres joyeusetés... Le préfet-en-chef se sentait particulièrement démoralisé lorsque ses camarades se lançaient sur ce genre de sujet. Tout d'abord parce que ses notes étaient loin d'être faramineuses, et que les examens risquaient de s'achever en fiasco pour lui ; ensuite parce que, à supposer qu'il obtienne un nombre satisfaisant d'ASPIC, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait faire l'année suivante. Bien sûr, mentionner un stage dans le service de la sous-secrétaire d'Etat Margaret Bailey serait du plus bel effet sur son CV ; mais il n'en demeurait pas moins qu'il n'avait même pas le début d'une idée pour la suite de ses études. À la rigueur, redoubler aurait été un soulagement pour lui, puisque cela lui aurait laissé encore un peu de temps pour réfléchir, et aussi, si c'était possible, pour remonter ses notes. Car vu le niveau actuel, il ne pourrait pas prétendre à grand-chose à sa sortie de Poudlard, McGonagall le lui avait expliqué sans détours...

Il réfléchissait à tout cela, dans la salle commune de Gryffondor, en fixant d'un œil absent son agenda. La quantité de devoirs à rendre le déprimait – McGonagall avait accepté son départ en stage, mais à condition qu'il rende tous les devoirs exigés par les professeurs... Les journées filaient à une allure incroyable au Ministère, et le soir, il était très difficile de travailler, pour toute une série de raisons. Tout d'abord parce que la salle commune de Gryffondor n'était pas réputée pour être un lieu calme ; ensuite parce que s'y trouvaient quelques joyeux lurons tout disposés à vous débaucher, comme Apollon Oaken que la moindre velléité de travail semblait effrayer ; ensuite parce que la motivation était assez rarement au rendez-vous, et enfin parce que les obligations du préfet-en-chef lui prenaient pas mal de temps. Finalement, cette semaine, il n'avait guère pu terminer qu'un seul devoir à rendre au professeur de potions ; il restait la dissertation de métamorphose, des exercices en arithmancie et un long essai à rédiger pour le cours de sortilèges... Un week-end de travail en perspective, donc. Démoralisant ! Refermant son agenda dans un claquement sec, William jeta un coup d’œil ennuyé autour de lui. Une belle agitation régnait dans la salle commune ; les plus jeunes élèves couraient partout, tout excités à l'idée d'aller folâtrer dans la neige. Le préfet-en-chef évita de justesse un minuscule garçon coiffé d'un bonnet à pompon, et estima qu'il pouvait bien s'accorder un moment de détente et de solitude, avant de s'attaquer à sa pile de devoirs. Il remonta en vitesse dans son dortoir, passa un blouson, des gants et un bonnet, et fila de la salle commune sans avoir dit un mot à quiconque.

Un vent glacial soufflait sur le parc de Poudlard, mais cela ne dissuadait pas les élèves de s'amuser dans la neige. Le roux fit un grand détour pour éviter le lieu où se déroulait une gigantesque bataille de boules de neige – à en juger par les cris, des dizaines d'élèves devaient s'affronter, et un préfet-en-chef constituerait à n'en pas douter une cible de choix. Il s'éloigna donc au maximum du château, jusqu'à un coin où personne n'avait encore mis les pieds. Il était le premier à fouler la couche de neige encore récente, et ce petit plaisir lui faisait presque oublier qu'il était assez contrarié par sa situation actuelle... Il s'arrêta au pied d'un bouquet d'arbres, à peu de distance du Saule Cogneur, et ôta ses gants pour fouiller dans ses poches. Il en tira un paquet de bonbons, acheté lors de la dernière sortie à Pré-au-Lard et miraculeusement conservé depuis ; il avait fait une belle provision de gros dragons gélifiés, entre autres sucreries, et il décapita un Boutefeu chinois d'un coup de dents avant de reprendre d'un pas nonchalant sa promenade. Il se sentait bien dans ce parc silencieux, malgré le froid, et voulait retarder au maximum le moment de rentrer pour s'atteler à ses devoirs. Il s'arrêta pour observer le manège des oiseaux autour d'un buisson, et regretta de ne pas avoir apporté un peu de pain pour le leur donner... Au bout d'un moment, les pieds glacés, il se décida à reprendre sa marche, fit demi-tour, et tomba nez à nez avec une élève de Poufsouffle dont le nom lui échappait. La demoiselle s'excusa promptement et rebroussa chemin avant même que William ait pu lui répondre ; après quelques pas, elle se ravisa et revint vers lui, un peu gênée apparemment. Interloqué, le roux répondit :

-Ne t'en fais pas, tu ne me déranges pas. Si je peux t'aider, ce sera avec plaisir... à condition que ce soit dans mes cordes...

Il haussa les épaules. Pas gagné que ce soit dans ses cordes, justement ; il se sentait tellement incapable de faire quoi que ce soit de bon... En tout cas, si la question était d'ordre scolaire, la Poufsouffle pouvait aller voir quelqu'un d'autre, c'était certain. Il lui tendit le sac de bonbons qu'il tenait encore et proposa :

-Un petit dragon ?... Euh, désolé... je crois que j'ai oublié ton prénom en fait...

Ou que je ne l'ai jamais su, peut-être....


Dernière édition par William J. Craig le Dim 15 Juil - 20:50:59, édité 1 fois
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  • Erin Audronn
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MessageSujet: Re: La couleur du sang [PV William] [1999/2000]   La couleur du sang [PV William] [1999/2000] EmptyVen 6 Juil - 18:15:34

Contre toutes attentes, William accepta de lui apporter son aide, même s'il semblait émettre des réserves quand à son utilité. Erin ne s'en formalisa pas. Elle était déjà reconnaissante qu'il prenne sur son temps pour l'écouter. Même s'il ne pouvait l'aider à trouver une réponse à ses questions, le simple fait qu'il l'écoute était déjà beaucoup pour elle. Elle lui adressa un sourire quand il tendit vers elle un sac de papier en lui proposant un dragon gélifié.

- Volontiers! Fit la jeune fille en prenant une sucrerie. Merci.
Elle ne s'offusqua pas d'apprendre que le Rouge ne connaissait pas son nom. Il ne pouvait pas connaître tout le monde, après tout. Elle n'était pas comme certaines princesses de Serpentard, capables de faire un scandale parce qu'un autre élève ne savait pas qui elles étaint. Erin se fichait bien qu'on la reconnaisse ou pas.

- Ce n'est pas grave, assura-t-elle avec un sourire. Je ne pense pas qu'on ait déjà eu l'occasion de parler, en fait.
Elle lui en était d'autant plus reconnaissante de bien vouloir lui accorder de son temps.

- Je m'appelle Erin ... Erin Audronn. Tu connais certainement mon frère Pavel, il est à Gryffondor, lui aussi.
En espérant qu'il n'aille pas tout raconter à Pavel une fois la conversation terminée. Pour une raison qu'elle ne parvenait pas à s'expliquer, Erin ne voulait pas que ses frères soient au courant de ses préoccupations. Elle ne voulait pas qu'ils s'en mêlent. C'était déjà assez compliqué comme ça.

- Je te remercie de bien vouloir m'accorder de ton temps alors que tu dois certainement être débordé par tes révisions.
La jeune fille marqua une pause et laissa son regard vagabonder sur la couche de neige, tandis que non loin d'eux, le Saule cogneur s'agitait en tous sens pour chasser de petits oiseaux qui voulaient se poser sur ses branches.

Maintenant qu'elle était au pied du mur, devant quelqu'un prêt à l'écouter, Erin ne savait plus que dire. Les idées se bousculaient dans sa tête sans qu'aucune ne parvienne à prendre l'avantage. Elle ne savait pas par où commencer. Elle n'avait pas l'habitude de se confier, étant plutôt du genre à tout garder pour elle, quitte à souffrir en silence. Mais cette fois, elle avait l'impression que c'était trop gros pour elle, qu'il fallait qu'elle en parle. C'était comme si elle portait un fardeau trop lourd pour ses épaules. Elle s'en voulait un peu d'obliger William à le partager alors qu'il ne savait pas encore ce qui allait lui tomber dessus et qu'il avait certainement ses propres problèmes à gérer. Elle espérait cependant qu'elle n'allait rien dire qui puisse blesser le rouquin.

- C'est bête, fit-elle avec un petit sourire contrit. Maintenant que je peux en parler, je ne sais même plus par où commencer.
Son regard se fit vague, comme si elle se plongeait dans une profonde réflexion.

- Je ne sais même pas comment ça a commencé ...
Elle s'interrompit quelques instants, fixant vaguement un point imaginaire situé quelque part au dessus de l'épaule droite de William.

- Non, en fait c'est faux, rectifia-t-elle d'une voix douce, toujours sans regarder le rouquin. Je sais parfaitement comment et quand ça a commencé ... Cette année là, à cause de cette horrible bonne femme et de son immonde frère.
Elle ne précisa pas de qui elle parlait, ni de quelle année il s'agissait, pensant que William comprendrait sans mal.

- C'était ... La pire année de ma vie. Encore pire que cette année complètement inutile que je viens de passer à Beauxbâtons. Ces gens ... leurs idées immondes ... leurs "méthodes" de travail ... les punitions qu'ils infligeaient aux élèves "désobéissants" ... Comment tout ça a pu arriver? Comment a-t-on pu laisser ces gens entrer à Poudlard et prendre des élèves en charge? Des enfants sans défense, de adolescents instables, tous ces jeunes esprits malléables.
Tandis qu'elle parlait, les souvenirs de cette année là affluaient dans son esprit, lui rappelant cruellement sa passivité et sa lâcheté. Elle sentit une boule remonter dans sa poitrine et se mordit la lèvre inférieur pour l'empêcher de trembler.

- Je ne suis pas naïve, reprit-elle une fois qu'elle eût réussi à se reprendre. Je sais qu'empoisonner les jeunes esprits est la meilleure façon de répandre leurs idées répugnantes. Et même sachant ça, ils nous ont laissé nous débrouiller seul face à ces montres.
Elle laissa passer un instant et prit une profonde inspiration avant de reprendre.


- Et moi, je ne suis pas meilleure. Qu'est-ce que j'ai fait contre eux? ... Absolument rien! Je suis restée là à me faire laver le cerveau par ces types sans broncher, comme un bon petit mouton bien obéissant.
Cette fois son regard perçant se fixa sur le rouquin qui lui faisait face.

- J'ai laissé ces gens bafouer tout ce en quoi je croyais sans rien faire. Mon grand père dit qu'il faut aussi savoir se battre pour protéger ce en quoi on croit vraiment et pour protéger ceux qui comptent pour nous. Certains ici l'ont fait, même en sachant que ça ne servirait à rien et qu'il y avait des risques. Et moi? Je n'ai rien fait. J'ai fait semblant de ne pas voir ce qui se passait autour de moi. Tout ce que je voulais c'était disparaître, me fondre dans la masse, surtout ne pas me faire remarquer. J'étais paralysé. Ma lâcheté me dégoûte, mais j'avais tellement peur.
Une larme unique coula sur sa joue pale tandis qu'elle se mordait à nouveau la lèvre.

- Tout ça pour quoi? Pour des histoires stupides au sujet du sang.
Elle eut un ricanement dénué de joie.

- Le sang! ... C'est quelque chose de vital pour toutes les créatures existant. Ce ne devrait pas être une raison pour tuer ou torturer les autres.
Elle se tut à nouveau, laissant ces mots s'élever entre eux.
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  • William J. Craig
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MessageSujet: Re: La couleur du sang [PV William] [1999/2000]   La couleur du sang [PV William] [1999/2000] EmptyDim 15 Juil - 20:49:33

La jeune fille ne sembla pas vexée que le préfet-en-chef ne connaisse pas son prénom : un bon point pour elle. Après tout, il ne pouvait pas connaître tous les élèves de Poudlard ; il s'efforçait de retenir un maximum de noms, et, pour les élèves qui lui étaient inconnus, tâchait au moins de repérer à quelle maison ils appartenaient. Ainsi, c'était plus facile en cas de problème ; il suffisait d'aller parler au directeur de la maison, et il était ensuite enfantin de retrouver l'élève qui avait fait des siennes ou qui avait besoin d'aide. Depuis le temps qu'il était préfet, puis préfet-en-chef, le roux avait fini par connaître, au moins de vue, la grande majorité des élèves de l'école. C'est ainsi qu'il savait que cette jeune fille, dont il ignorait le nom et l'année, était élève à Poufsouffle. Elle ne devait pas être parmi les plus turbulents, car il aurait certainement retenu son nom si elle en avait fait partie ; elle était de ces élèves discrets qui formaient le gros des troupes, et que les préfets appréciaient unanimement : il y avait assez de pénibles en tout genre pour savourer les élèves sans histoire...

William croqua un autre dragon gélifié, tenant toujours le sac ouvert entre eux pour que la Poufsouffle puisse se resservir si elle le souhaitait. Elle commença par se présenter, et il ouvrit des yeux ronds... Erin Audronn ? Il y avait un Pavel Audronn en septième année, à Gryffondor... Erin s'empressa de confirmer le lien : elle était la sœur dudit Pavel, celui-là même qui était en classe avec William. En y repensant, il arrivait qu'Audronn parle de sa sœur, mais pas suffisamment pour que le préfet-en-chef ait retenu quoi que ce soit à son sujet.

-Ah oui, Pavel, il est dans la même classe que moi, fit le roux entre deux bouchées de dragon.

Un type sympa, avec lequel il s'entendait plutôt bien sans qu'ils soient des amis proches, mais là n'était pas le sujet, de toute évidence. Erin ne l'avait certainement pas abordé pour lui parler de son frère. Il adressa un sourire engageant à la jeune fille pour l'inciter à parler sans crainte, mais elle hésitait à présent... Lorsqu'elle se lança dans des explications, ce fut de manière assez confuse ; elle commença par tourner un peu autour du pot, puis se décida à parler. Sans regarder William, elle se mit à parler d'une horrible bonne femme et de son frère – les Carrow, à n'en pas douter, qui étaient le seul duo de frère et sœur qu'on ait vu à Poudlard. William sentit sa gorge se nouer ; il évitait généralement de repenser à cette période, et lorsque les souvenirs remontaient, ils avaient le goût amer du sang. Il portait encore la trace des coups infligés par la Carrow, et il lui arrivait de se réveiller, en pleine nuit, couvert de sueur, lorsqu'il revivait en rêve les moments les plus pénibles de l'année. Reparler de cette période allait être infiniment pénible... Il en oublia le dragon gélifié dont il tenait encore une moitié dans sa main, et se contenta d'un vague « Hmmm » pour montrer qu'il avait saisi.

Erin poursuivait, évoquant la terrible année passée sous le pouvoir des Carrow. Oh, elle n'avait pas besoin de détailler, William savait de quoi il s'agissait... Les punitions, il en avait récolté pas mal, et souvent sans avoir rien fait d'autre qu'exister. Rien que d'y repenser, il se sentait frissonner... Aurait-il, aujourd'hui, autant de courage s'il fallait à nouveau subir cette tyrannie ? Rien n'était moins sûr ; les coups et les humiliations l'avaient brisé, lentement mais sûrement, et désormais, s'il se trouvait dans une situation similaire, il était à peu près certain qu'il s'écraserait, qu'il chercherait à éviter les coups plutôt qu'à relever la tête.

C'était précisément ce qu'Erin se reprochait : elle n'avait pas bronché, elle avait laissé les Carrow et leurs acolytes semer la terreur sans rien faire... William eut un sourire amer. Qu'aurait-elle pu faire, sinon recevoir les coups avec les autres ? Mieux valait, lorsqu'on le pouvait, se tenir tranquille et se faire oublier... Autant qu'il s'en souvienne, les Audronn étaient des sorciers de sang pur, donc pas les cibles prioritaires des Carrow. Elle avait eu raison de ne pas s'élever contre la tyrannie, pour son propre bien, mais on ne pouvait pas dire tout cru à une fille au bord des larmes qu'elle avait bien fait de sauver sa peau... Le roux murmura, sur un ton amer :

-Quel âge avais-tu à ce moment-là, hein ? Douze, treize ans ? Crois-moi, tu te fais des reproches pour rien. Tu n'aurais pas pu faire grand-chose, tu sais... J'ai essayé, moi, et à part prendre des coups, ça n'a servi à rien.

Il croqua rageusement dans le reste de son dragon gélifié, et reprit, le regard dur :

-Tu veux la preuve que ça n'a servi à rien ? Quand tout ça a été fini, il n'y a rien eu. Dehors, les gens de l'Ordre du Phénix ont été décorés, les Mangemorts arrêtés... Mais ici, rien. Ceux qui ont résisté n'ont même pas eu un mot de remerciement, et ceux qui nous ont tapé dessus n'ont jamais été inquiétés. C'est ça qui me fait le plus mal aujourd'hui... ils sont encore là, dans les mêmes classes que nous, et ils n'ont jamais eu à répondre de leurs actes.

Misère, voilà que de son côté aussi, les larmes menaçaient – mais des larmes de rage. Lorsqu'il repensait à tous les salauds qui s'en étaient tirés comme des fleurs, ses nerfs étaient soumis à rude épreuve... Dans ces moments-là, il aurait tout donné pour pouvoir en tenir un et lui éclater le visage à coups de pied. La gorge nouée, il fit :

-Crois-moi, tu n'aurais rien pu changer. Ça nous dépassait, tout ça. Tu as mauvaise conscience aujourd'hui, mais je préférerais avoir ta mauvaise conscience qu'avoir mes souvenirs, je peux te le jurer.

Les souvenirs, et les marques. Plus jamais depuis cette époque on ne l'avait vu, l'été, torse nu sur la plage de Brighton ; les traces du fouet n'étaient jamais bien parties malgré les potions de soins qu'on lui avait administrées après la chute des Carrow, et il ne voulait surtout pas que son père les voie... Frissonnant à nouveau, il marmonna :

-Viens, faisons quelques pas, il fait froid à rester immobiles...
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  • Erin Audronn
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MessageSujet: Re: La couleur du sang [PV William] [1999/2000]   La couleur du sang [PV William] [1999/2000] EmptyJeu 26 Juil - 10:49:27

Dès la première évocation des Carrow, Erin sentit son confident improvisé se renfrogner. Ce n'était rien de flagrant au premier abord, un froncement de sourcils, une crispation de la mâchoire ... quelques détails auxquels la plupart des gens ne feraient pas vraiment attention. Erin non plus n'y aurait pas fait attention, si elle n'avait pas attendu ces réactions. Plus que le manque de réponses, ce qu'elle craignait pour l'instant c'était de blesser William de quelle manière que ce soit. La gamine n'était pas idiote, elle savait qu'il venait d'une famille de Moldus et que ce simple fait faisait de lui une immondice n'ayant pas le droit d'exister aux yeux des Carrow. Elle s'en voulait un peu de l'obliger à repenser à ce qui c'était passé cette année là, mais comme disait Séra: "il faut crever l'abcès pour qu'il puisse guérir". Peut-être pouvait-elle l'aider, elle aussi.

Comme elle pouvait s'y attendre la réponse de William ne fut pas des plus encourageantes. Son ton était aussi acide que son sourire cependant ses propos n'avaient rien de méchants, il ne faisait que confirmer ce que Erin savait déjà. Elle avait largement eu le temps d'y penser, durant les nuits qu'elle avait passé allongée dans le noir, incapable de se rendormir après un cauchemar.

- Je sais ça, fit-elle d'une voix lente en fixant le manteau de neige des yeux. Je sais parfaitement que je n'étais rien face à ces gens, qu'une gamine de mon âge ne pouvait strictement rien faire contre des mages noirs aguerris. Mais ça ne rend pas ma lâcheté plus supportable. C'est peut-être complètement idiot, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que si j'avais fait quelque chose, ça aurait peut-être évité à d'autres d'avoir à le faire. Si j'avais pu prendre les coups à leurs place et leur épargner ça, ça aurait peut-être pu changer quelque chose. Je sais que c'est complètement ridicule, mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser.
Elle était certainement idiote de penser des choses pareilles. Quel être sain d'esprit pouvait souhaiter prendre les coups à la place des autres? Elle n'en avait aucune idée. La majorité des gens préféraient nettement regarder quelqu'un se prendre une raclée plutôt que de songer à prendre sa place pour lui éviter des souffrances inutiles. Erin l'avait fait, comme tous les autres, cette année là, mais ça l'avait révolté. Elle ne voulait plus jamais avoir à regarder sans réagir. Était-ce seulement la culpabilité qui la rongeait ainsi? Ou y avait-il là dessous une réelle intention de protéger les autres? C'était tellement dur de savoir.

Un soupire s'échappa de la poitrine de la jeune fille, formant un léger nuage de vapeur devant son visage, consciente de la colère qui semblait s'emparer de son confident, réaction qu'elle comprenait parfaitement. Elle même gardait une profonde colère en elle depuis cette année. Colère qu'elle n'avait jamais pu déchaîner contre quoi que ce soit. Erin ne tarda pas à comprendre ce qui rendait William si furieux: l'impunité des élèves qui s'étaient rangés avec les Carrow et leur foutue milice, et l'indifférence des adultes pour les élèves ayant essayé de mener la résistance entre les murs du château. Oui, Erin le comprenait, elle même avait parfois la main qui la démangeait quand elle croisait l'un de ces petits collabos de pacotille dans les couloirs. Mais il fallait bien se faire une raison, visiblement les guerres étaient réservées aux adultes et peu importaient les enfants entraînés malgré eux dans leurs jeux de mort et de pouvoir.

- C'est vrai, approuva-t-elle en hochant pensivement la tête, et ça me fait mal de les voir se pavaner comme des coqs sans rien pouvoir faire contre eux. Mais que veux tu? Il y a toujours eu des lâches pour profiter d'un pouvoir qui ne leur appartient pas, ou d'une situation favorable, pour jouer au petit chef et essayer d'écraser les autres. Et il y en aura toujours. Les humains sont ainsi fait. Tout ce qu'on peut faire c'est se dresser contre eux et protéger les plus faibles. Mais pas pour l'honneur, ni pour les récompenses, ça ne sert à rien et c'est tellement vite oublié. Et tellement de gens en ont obtenu qu'ils ne méritaient pas. Comme les Malefoy. On peut très bien être considéré comme un héros à une époque et comme un lâche à une autre époque. L'esprit humain est si versatile.
Elle laissa passer un instant avant de reprendre avec un petit sourire contrit.

- Remarque, c'est facile pour moi de critiquer et de parler d'idéal alors que j'ai été protégé de tout, toute ma vie. Mais c'est fini maintenant. Je ne veux plus qu'on me protège.
Ce n'est qu'à ce moment, quand elle se tourna à nouveau vers lui, qu'elle se rendit compte que William luttait contre ses larmes. Et voilà, elle avait réussit à le blesser, quelle idiote! Sa première réaction fut de s'avancer vers lui pour le prendre dans ses bras, mais elle se ravisa aussitôt. Certains garçons n'appréciaient pas d'être ainsi traité, ils voyaient ça comme un affront à leur masculinité, pour ne pas dire leur virilité. Elle ne voulait pas l'embarrasser d'avantage en plus de raviver ses souffrances enfouies. Il n'y avait pas grand monde dans le parc mais Poudlard était bourré de mauvaises langues toujours ravies de faire circuler toutes sortes de ragots. Tout le monde n'aimait pas être vu en compagnie d'un Poufsouffle, après tout!

- Tu sais, commença-t-elle d'une voix hésitante, les adultes vous ont peut-être ignoré, mais ça ne veut pas dire que tous le monde s'en fout. Je n'oublierai jamais ce que certains d'entre nous ont eu le courage, parfois la bêtise, de faire contre les Carrow et leurs minons. Et je n'oublierai pas non plus les punitions qu'ils ont subi pour ça. C'est peut-être moins prestigieux que l'Ordre de Merlin, mais crois moi c'est sincère, et c'est le plus important. Ma gratitude est éternelle, alors qu'une médaille, ça sert à quoi à part prendre la poussière dans un placard?
Elle adressa au jeune homme un sourire d'encouragement. Oui, bon! La formulation était peut-être un peu pompeuse mais l'essentiel y était. Elle espérait simplement que savoir que quelqu'un était reconnaissant pour tous les efforts, et les souffrances, que les résistants ou les "Impurs" avaient subi aux mains des Carrow, pouvait apaiser la rancoeur de William et l'aider à guérir.

Ravalant ses larmes, le Gryffondor affirma d'une voix étrangement étranglée qu'elle n'aurait rien pu faire. Encore quelque chose dont Erin avait pris conscience. Mais encore une fois savoir que la lutte était inutile ne suffisait pas à alléger le poids qu'elle sentait sur sa poitrine auquel William trouva aisément un nom.

- Mauvaise conscience? Répéta la jeune fille d'une voix lente comme si elle cherchait à considérer ce raisonnement. Oui, peut-être. Je ne sais pas. J'avoue que je ne voyais pas les choses sous cet angle, mais tu as peut-être raison.
C'était bon signe, non? Ca voulait dire qu'elle n'avait pas accepté tout ça sans sourciller, comme les autres? Que ça l'avait révolté et qu'elle n'était pas comme les moutons ou comme leurs tortionnaires, pas vrai? Ca voulait dire qu'elle avait voulu se battre sans oser le faire.

Elle en était là de ses pensées sans queue ni tête quand William l'invita à marcher un peu en remarquant qu'il faisait trop froid pour rester immobile plus longtemps. Ce n'est qu'à ce moment que Erin se rendit compte qu'il avait raison. Plongée dans ses préoccupations et dans ses raisonnements troublés, elle n'avait pas remarqué le froid qui les enveloppait. Ses pieds étaient gelés et ses orteils douloureux, ses joues rougies par le froid picotaient désagréablement et ses doigts engourdis auraient été bien incapables de se saisir de sa baguette, même si sa vie en dépendait. Se hâtant de glisser ses mains dans les poches de sa cape pour les réchauffer, elle tapa du pied sur le sol afin de les dégourdir un peu.

- Volontiers, accepta-t-elle. Je ne m'étais pas rendu compte du froid à force de cogiter comme une idiote.
Elle adressa un petit sourire d'excuse au Gryffondor avant de le suivre dans le parc. Ils marchèrent quelques instants en silence. Lorsqu'ils passèrent non loin des quelques élèves engagés dans une féroce bataille de boule de neige, Erin s'arrêta un instant pour les regarder rire et s'amuser avant de reprendre sa marche en compagnie de William.

- Je ne dois pas être faite comme les autres, au fond, murmura-t-elle après un instant, les yeux fixés sur la couche de neige à ses pieds. Tous le monde à l'air d'avoir oublié ce qui c'est passé ici il y a deux ans. Comme si rien ne s'était produit. Comme ces idiots, là-bas! Je me demande s'ils se souviennent que des gens sont morts ici même, dans ce parc, afin de libérer le monde magique de ses ténèbres. Je me demande s'ils font des cauchemars la nuit.
Elle se tut une seconde avant d'ajouter dans un soupir:

- J'en fais encore.
Son regard vagabonda sur la couche de neige avant de remonter le long de l'un des murs de l'école portant encore les cicatrices des combats qui s'étaient déroulés à son pied, deux ans plus tôt.

- Qu'est-ce que tu as fait, le soir de la chute de ... de Tu-sais-qui? Tu as aussi été renvoyé chez toi? Demanda-t-elle soudainement.
Un frisson qui n'avait rien à voir avec le froid la traversa et elle serra sa cape autour d'elle d'avantage pour se protéger de ses mauvais souvenirs que pour se réchauffer.
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  • William J. Craig
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MessageSujet: Re: La couleur du sang [PV William] [1999/2000]   La couleur du sang [PV William] [1999/2000] EmptyJeu 9 Aoû - 21:06:32

William avait fermé les yeux, mais une larme réussit à passer tout de même. Le froid, sans doute ; une bise glaciale s'était levée et parcourait le parc de Poudlard en soulevant çà et là de petits tourbillons de neige poudreuse. Les deux adolescents se tenaient face au vent, et cela expliquait sans doute cette larme importune. Non, il ne pleurait pas. Il ne pleurait plus. Il s'était juré de ne plus jamais verser la moindre larme, et ce n'était pas l'évocation de cette année d'enfer qui allait le faire dévier de ce principe. Il s'essuya la joue d'un geste machinal, signe qu'il n'accordait pas plus d'importance à cette larme perdue qu'à une poussière sur sa cape. Ce n'était rien, une simple réaction corporelle aussi insignifiante qu'une envie d'éternuer. Oh, bien entendu, il doutait qu'Erin ait la même interprétation ; elle semblait le regarder avec un peu plus d'insistance à présent, comme si elle craignait qu'il fonde en larmes dans ses bras, et elle esquissa même un geste en sa direction... Heureusement, elle se rendit très vite compte que ce n'était pas la bonne chose à faire, ce dont William lui fut reconnaissant. Il n'avait pas besoin qu'on le console ou qu'on s'apitoie sur son sort, il n'avait pas besoin qu'une fille inconnue le prenne dans ses bras. Ou peut-être que si, mais pas pour recueillir ses sanglots.

Il ne répondit pas tout de suite à la jeune fille, dont les propos l'avaient plongé dans de profondes réflexions. Prendre les coups pour protéger les autres ? Noble idée... C'était plus ou moins ce qu'il avait fait, après tout... Mais qu'en avait-il retiré ? De la reconnaissance ? Peut-être ; mais de l'amertume et de très sales moments, surtout. Et si cela se reproduisait ? Il était presque certain qu'alors, il ne serait plus du côté des héros et qu'il ferait tout pour éviter les coups. Bien sûr, sous les Carrow, il aurait morflé même s'il avait baissé la tête ; il n'était qu'un Sang-de-Bourbe, une vermine à châtier et à éliminer, et cela suffisait à justifier les pires sévices. Mais s'il n'avait pas relevé la tête, s'il avait accepté sans broncher la domination des purs, il aurait été une cible bien moins intéressante. Il s'en rendait compte à présent; en se rebellant, il avait attisé la cruauté des maîtres de Poudlard. Puis, quand la souris cesse de bouger, le chat ne trouve plus aucun plaisir à l'asticoter... Alors, courage ou sottise ? La différence était mince... Il eut un sourire amer et, sans détours, déclara :

-Je pense que ça n'aurait rien changé, même si tu avais bougé. Tout simplement, comme tu le dis, tu aurais pris les coups à la place des autres, mais les coups seraient tombés quand même. Peut-être même que tu aurais pris les coups en plus des autres, et pas à leur place... Tu es une sang-pur, je crois. Ils n'auraient pas renoncé à nous taper dessus, même si tu avais voulu prendre notre place. Ce n'est pas comme ça que ça marche... ça aurait juste fait une cible de plus, à mon avis, mais c'étaient tout de même nous, les Sang-de-Bourbe, qui étions visés en priorité.

Il parlait tranquillement, sans rancœur, sans condescendance ; il expliquait les choses, posément, mais il ne reprochait rien à Erin. Après tout, qu'aurait-il fait, si son statut du sang lui avait permis d'être à l'abri des exactions des Carrow ? Rien, certainement, il fallait être honnête. Comme la plupart de ses camarades. Peut-être même aurait-il collaboré, tiens... Les choses devaient être si différentes, lorsqu'on ne risquait rien... Il adressa un sourire étrangement doux à Erin qui l'assurait de sa reconnaissance, et fit :

-Je m'en fiche, de ne pas avoir eu de médaille. Juste un mot, par contre, un merci, un bravo, ça m'aurait fait plaisir, comme ça je n'aurais pas le sentiment d'avoir fait tout ça pour rien. Enfin, je suis content que tu dises ça...

Il fut soulagé qu'elle accepte de marcher un peu ; il commençait à avoir mal aux orteils à force d'avoir froid, et le bout de son nez lui semblait sur le point de se détacher. Ils tournèrent le dos à la bise, avançant dans le parc en direction du lieu de la bataille de boules de neige. Erin continuait de réfléchir à voix haute, apparemment très perturbée par les événements de l'ère Carrow. Ils arrivèrent à proximité des élèves qui se livraient un combat acharné à coups de boules de neige ; Erin fit une réflexion amère à leur sujet, et William répondit :

-Bien sûr qu'ils s'en souviennent. Et heureusement qu'ils parviennent à jouer tout de même à l'endroit où des gens sont morts. C'est pour ça qu'ils sont morts, non ? Pour que la vie continue comme avant. C'est le meilleur hommage à rendre à ceux qui se sont sacrifiés, je trouve. Viens, on va passer un peu loin d'eux, je ne tiens pas à ce qu'ils me voient... un préfet-en-chef, c'est la cible idéale dans une bataille de boules de neige !

Il entraîna Erin un peu plus loin, poursuivant :

-Moi aussi, je fais encore des cauchemars. Il paraît que c'est normal... Il y a des périodes où c'est vraiment difficile, alors l'infirmière me donne une potion pour dormir. Ça fait du bien de pouvoir dormir sans rêver de ces tarés...

Il essayait de sourire, mais le cœur n'y était pas. Il ressortit son sachet de bonbons et le tendit à Erin, silencieux. Elle venait de l'interroger sur la nuit de la bataille de Poudlard... Pénible nuit. Il lui fallut quelques instants pour répondre :

-J'ai été évacué, comme tous les élèves mineurs, le soir de la bataille... Enfin, certains se sont cachés pour rester, mais pas moi. J'étais épuisé, je n'avais plus aucune volonté, à ce moment-là. J'avais juste envie de repartir chez les Moldus et de m'y installer pour de bon... On nous a évacués par ordre d'âge, les plus jeunes d'abord... ce qui fait que j'ai dû attendre un bon bout de temps. On était cachés à Pré-au-Lard, et on a tout entendu... J'étais mort de trouille. C'est ce soir-là que je me suis dit que je ne pourrais jamais être Auror ou quelque chose dans ce genre... j'ai failli m'évanouir rien qu'à entendre la voix de... Tu-sais-qui, avoua-t-il dans un souffle.

Il n'avait jamais reparlé de cette nuit d'épouvante, à personne, et avait toujours craint que rappeler ces souvenirs soit un supplice ; à sa grande surprise, il parvenait à rester calme, même si l'émotion lui brisait la voix par moments. Il eut un sourire d'excuse, et croqua dans un dragon gélifié jaune pour se réconforter un peu.
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  • Erin Audronn
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MessageSujet: Re: La couleur du sang [PV William] [1999/2000]   La couleur du sang [PV William] [1999/2000] EmptyMer 3 Oct - 14:53:13

[HJ]Désolée pour ce petit retard! ^^" [/HJ]




Visiblement, Erin avait sous-estimé l’impact que cette discussion pouvait avoir sur William. Pendant qu’ils continuaient à discuter des terribles événements qui leur laissaient à tous deux des souvenirs amers, Erin pouvait voir le jeune homme lutter pour ne pas se laisser déborder par ses émotions. La jeune fille avait souvent vu se frères en faire autant. Elle se demandait toujours pourquoi les garçons voulaient tous paraître plus forts et ne rien montrer de ce qu’ils ressentaient. C’était étrange pour elle qui pensait qu’il n’y avait aucune honte à montrer ses émotions. Quand elle leur en avait parlé, Pavel et Tavo s’était contentés de répondre qu’elle ne pourrait jamais comprendre parce qu’elle était une fille et que personne ne s’étonnait de voir les filles pleurer pour rien. Ca l’avait un peu vexé et elle n’avait plus adressé la parole à ses frères pendant des jours.

Cette fois, cependant, elle ne dit rien et se contenta de laisser le rouquin se calmer, en faisant comme si elle n’avait rien remarqué. S’ils tenaient tous à avoir l’air de gros durs, ça les regardait. Même quand il essuya une larme perdue d’un revers de main, la gamine résista tant bien que mal à toutes tentatives pour le consoler. Elle s’en voulait un peu de l’avoir embarqué dans cette conversation, ce devait être aussi dur pour lui que pour elle. Non, en fait, ça devait être encore plus dur pour lui, après tout, lui avait subi la colère des Carrow, là où elle n’avait subi que leurs idées répugnantes sur la supériorité des Sang purs. Erin était une sang pur, mais elle ne s’était jamais sentie supérieur à quiconque. Pourquoi le devrait-elle d’ailleurs? Il n’y avait aucune fierté à tirer du fait d’être de sang-pur. On ne pouvait pas être fier de quelque chose qu’on avait eu sans le mériter. Pour elle, les seules choses qui devaient vous rendre fier étaient celles obtenues en travaillant, en faisant des efforts. Ce qui ne signifiait pas qu’elle n’était pas orgueilleuse, loin de là. Gare à celui ou celle qui essaierait de la rabaisser, il risquait fort d’avoir un aperçu du mauvais caractère de la gamine. La Poufsouffle voulait bien être gentille et tolérante mais il y avait tout de même des limites.

Enfin, après avoir réussi à reprendre le contrôle de ses émotions, William put réagir au discours de la jeune fille. Comme auparavant, il parla sans détour, sans prendre la peine de faire semblant d’être d’accord, juste pour préserver l’orgueil de la gamine, comme on le faisait souvent en la pensant trop fragile pour faire face à la vérité. Erin lui en était reconnaissante, même si ça égratignait un peu sa fierté. Au moins, le rouquin ne semblait pas penser qu’un désaccord avec ses idées risquait de briser le pauvre petit esprit de la jeune fille, comme semblaient le croire tous ces vieux sorciers bien-pensants qui gravitaient autour de Darius en quêtant soit son accord, soit un don pour leurs affaires ou leurs associations de charité.

- Tu as sans doute raison encore une fois ... Mais ... Même si ça ne servait à rien, j’aurai dû tenter quelque chose. Quitte à prendre des coups, comme tu dis. Au moins, si cette folle avait pris du temps à me taper dessus, ça lui en aurait laissé moins pour s’occuper de toi, ou d’un autre élève. Et puis, si elle s’était mise à "punir" un membre d’une famille influente comme la mienne, ça aurait peut-être fait réagir le conseil d’administration de l’école.
Penser à tous ces vieux cons qui avaient laissé faire sans bouger le petit doigts la mettait hors d’elle. Finalement, elle était fier, à présent, que Darius ait démissionné de son poste, dans ce fameux conseil, pour protester contre la nominations des Carrow à leurs postes. Si, sur le coup, elle avait été déçu qu’il le fasse, elle comprenait à présent. Au moins Darius avait eu le courage de dire "non", pas comme tous les autres qui était resté dans leur petit fauteuil en tremblant de trouille. Erin comprenait que la plupart de ses camarades de classe soient restés paralysés de peur devant les agissements de deux fous-furieux, ils étaient comme elle: jeunes, sans expérience et aisément impressionnables, mais des adultes? ... Comment des adultes pouvaient avoir décidé de les abandonner à leur sort pour se protéger eux même. Ils ne valaient pas mieux que ceux qui avaient collaboré de leur propre chef!

- On ne le saura jamais, malheureusement, soupira-t-elle.
Elle adressa au rouquin un petit haussement d’épaule résigné.

Petit point positif de cette rencontre, William sembla au moins content de la reconnaissance que la jeune fille portait à ceux qui avaient osé résister aux Carrow, même si c’était peu de chose comparé à ce qu’elle aurait pu faire avec eux. Ca ne semblait cependant pas apaiser sa rancune à ce sujet, mais Erin préféra ne rien rajouter. Marchant près de lui, essayant de réchauffer ses mains gelée, la jeune fille fit une brève halte non loin de la bataille de boule de neige. L’inconscience de ces élèves agaçait le jeune fille mais quand elle en fit la remarque à William, la réponse de celui-ci la laissa pantoise.

-Bien sûr qu'ils s'en souviennent. Et heureusement qu'ils parviennent à jouer tout de même à l'endroit où des gens sont morts. C'est pour ça qu'ils sont morts, non ? Pour que la vie continue comme avant. C'est le meilleur hommage à rendre à ceux qui se sont sacrifiés, je trouve.
Ces quelques mots traversèrent la jeune fille comme un courant électrique, la secouant de la tête aux pieds. Bien sûr, c’était tout à fait vrai. Tous ces gens qui étaient morts dans ce parc s’étaient sacrifiés pour que le monde sorcier continue à exister tel qu’il avait toujours été, sans monstre pour dire aux gens quoi penser et comment le penser. Continuer à vivre comme avant, c’était leur prouver que tout allait bien, ou presque, que le Lord n’était qu’un mauvais souvenir qui ne les empêcherait pas de vivre. Erin savait parfaitement que ses idées n’étaient pas mortes avec lui et qu’un petit nombre d’entre eux les partageaient encore, mais sans lui, il n’étaient justement plus que ça: un petit nombre de vieux schnocks dépassés qui n’empêcheraient pas les sorciers et sorcières anglais de vivre comme ils le voulaient. Regarder en arrière et regretter les morts de cette guerre était un affront envers leur sacrifice. Elle comprenait mieux maintenant. Pourquoi n’y avait-elle pas penser? Elle avait encore besoin de mûrir, la petite!

- Je n’avais pas vu les choses sous cet angle mais c’est vrai. Tu as encore raison, décidément, j’ai bien fait de te demander conseil. J’ai encore pas mal de choses à apprendre de la vie, on dirait. Ca n’aide pas d’être enfermé dans un cocon protecteur. Il faut vraiment que j’en sorte et que je vois le monde tel qu’il est.
Plus facile à dire qu’à faire avec Séra et Thalia toujours persuadées qu’elle était une petite chose précieuse et fragile à protéger de tout.

Erin suivit William un peu plus loin en se demandant lequel du Préfet-en-chef ou de la Poufsouffle formait une cible idéale pour les autres élèves. Beaucoup à Poudlard semblaient penser que les Jaunes faisaient des cibles ou des têtes-de-turc toutes trouvées, comme s’ils n’étaient pas capable de se rebeller contre eux. Il n’était pas rare que la jeune fille entende parler de ses camarades de maison comme d’idiots sans caractère ou comme de méprisables pique-assiettes dont Poudlard se passerait bien. Comme si Poufsouffle était un dépotoir où on envoyait ceux qui ne servaient à rien et n’avaient pas le moindre avenir. Ca la mettait hors d’elle et elle ne pouvaient s’empêcher de penser que ces idiot risquaient d’être surpris s’ils décidaient de se frotter à elle.

- Qu’ils essaient, menaça-t-elle simplement.
Ca ne les empêcha cependant pas de s’éloigner de la bataille qui faisait rage non loin, quelques boules ensorcelées fusant ça et là, poursuivant leur cible même quand celle-ci se cachait derrière un arbre.

- Oui, j’imagine, répondit la gamine à la suggestion de William. J’en ai pris au début, mais j’ai fini par arrêter. Ca me fait tellement dormir que la journée suivante, je suis dans le brouillard total, un vrai zombie c’est horrible. La grosse Maxime a même écrit à mes parents pour leur demander si je me droguais. Tu imagines! Parait que ma mère s’est évanouie en lisant sa lettre!
Levant les yeux au ciel, la jeune fille laissa échapper un soupir d’exaspération. Elle ne savait cependant pas vraiment ce qui l’agaçait le plus: la lettre de la directrice de Beauxbâtons ou la réaction de sa mère.

William lui tendit à nouveau son sac de bonbons et Erin en prit un en le remerciant. Troublé par les questions de la jeune fille, le rouquin ne répondit pas immédiatement. Erin craignit un instant d’être allé trop loin et de se faire envoyer balader en beauté, mais la réponse finit par venir, hésitante. Erin hocha la tête pendant que le Préfet-en-chef parlait, comme pour approuver ses propos, tortillant machinalement entre ses doigts la queue de son dragon en sucre.

- Pareil pour moi, avoua-t-elle quand William se tut. Je crois que je n’ai jamais eu aussi peur que ce soir là. C’était horrible! Tout c’est passé dans un tel désordre que j’ai perdu mes frères de vue dans la bousculade. Même Robin qui est à Poufsouffle avec moi. J’ai voulu les chercher mais c’était la panique et je n’ai rien pu faire. Un Poufsouffle plus pagé m’a attrapé par la peau du dos et m’a emmené avec lui. Je me suis retrouvée à Pré-au-Lard sans avoir retrouver mes frères. J’avais tellement peur de ce qui pouvait leur arriver que je ne pensais même plus à avoir peur pour moi. Pendant des heures je me suis demandée où ils pouvaient être et ce qu’ils étaient devenus. Je ne te raconte pas l’angoisse. J’imaginais des tas de trucs plus horribles les uns que les autres. Quand je suis arrivée à la maison, je me suis rendu compte que j’étais la première. Ma mère était en larmes et même mon grand père avait l’air un peu affolé. Robin est arrivé un peu après moi, et ça a été un soulagement, mais il a fallut attendre des heures avant de voir arriver Pavel et Tavo. Cet espèce de crétin de Serpentard ne voulait pas rentrer, il a fallut que Pavel aille le chercher et le ramène par la peau du dos. Ma mère était furieuse quand elle a appris ça et Tavo a vraiment passé un sale quart d’heure, le pauvre.
Elle marqua un temps d’arrêt avant de soupirer:

- Toute la famille s’en est sortie indemne, même ce gros débile de Dee. Couard comme il est, il a été le premier à s’enfuir, laissant ses deux frères derrière lui, le salaud. Tout dans la tchatche et rien dans le pantalon, celui là. Enfin, je suppose qu’on doit s’estimer heureux de n’avoir perdu personne. Il n’y a pas beaucoup de famille qui peuvent en dire autant.
Un soupir las lui échappa à ce moment. Pourtant, quelque chose que William venait de dire attira son attention. Auror? Les chasseurs de Mages Noirs. Ils avaient aussi payé un lourd tribut ce soir là. Mais c’était leur rôle: protéger les innocents contre les types comme Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom. Protéger la population sorcière contre les dangers de la Magie Noire ... Protéger les plus faibles.

- Auror? Murmura-t-elle à mi-voix, comme si ce mot venait de lui ouvrir des perspectives qu’elle n’avait pas imaginé avant. Tu voulais être Auror?
Elle n’y avait jamais songé, persuadée que les livres seraient son seul avenir. Elle n’en était plus certaines à présent. Que pouvait les livres pour protéger ceux qu’elle aimait? Pas grand chose.

- Les Aurors sont sensés nous protéger, fit-elle à voix basse, d’un air songeur. Peut-être que ...
Elle s’interrompit et poussa un nouveau soupir qui fit apparaître un nuage de vapeur devant son visage. Posant à nouveau le regard sur William, elle lui adressa un petit sourire d’excuse.

- Désolée, je pensais à voix haute. Je crois que je suis un peu perdue.
Elle se mordit la lèvre et poussa un autre soupir las en regardant ailleurs.

- C’est si difficile a expliquer. Je ne sais pas comment mettre les mots justes sur ce que je ressens. C’est tellement compliqué, comme si je n’arriverai jamais à mettre de l’ordre dans tout ça.
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