Une idée en vaut une autre
Jason et Adam

Adam Harper était un fervent amateur du bordel organisé : autant dire que le paysage chaotique qui s'étalait sous ses yeux n'était autre que la vacuité d'un lieu des plus commun, à savoir, la chambre d'un adolescent peu consciencieux de quinze ans. Des dizaines de livres trop épais a la reliure de cuir et aux pages jaunies et cornées s'étalaient en cercle méthodique, recouvrant les draps verts et les couvertures des lits défaits, formant un amas hétéroclite au travers des rideaux des lits à baldaquin. Si ce n'était le sentiment pesant de n'avancer à rien et de perdre un temps prodigieux dans l'expérimentation du sortilège à exécuter pour le lendemain, le brun ne pouvait estimer de réels progrès dans son actuel piètre compétence. C'était triste, harangueur et suffisamment décourageant pour ne pas remuer le couteau dans une plaie douloureuse en rappelant moqueusement la menace planant au dessus de leurs têtes, couverte sous le nom plus subtile de BUSE. Les cours avaient repris depuis un certain temps désormais et le mois d'octobre succédant à celui de Novembre puis aux périodes enjouées de Noël s'étaient déroulées avec une morne monotonie. Rien dans les habitudes des professeurs, dans les devoirs demandés où dans l'attitude des élèves ne laissaient présager une année nouvelle d'examen. La salle commune était toujours occupée par les mêmes élèves avachis sur les mêmes canapés abîmés et les mêmes assidus un peu plus travailleurs étaient plongés dans la lecture silencieuse d'une pile volumineuse d'ouvrages vacillant entre moldu et sorcellerie. Des classiques, des romans moins célèbres, des magasines a moitié déchirés... Depuis la rentrée scolaire, le brun avait évité les corvées de travail journalière et croulait désormais sous le poids de tâches trop longtemps repoussées.

Ajoutant à cela une dose savante d'ennui, de flemme et de lassitude offrait au curieux un peu distrait la vision actuel de la chambre d'adolescent. Il n'était pourtant pas malheureux de retrouver les murs sombres du cachot, la lumière vacillante des flammes éclairant la grande salle, les caquètements incessants des élèves, les bêlements niais de certains enfants un peu plus moutonneux que d'autres, les yeux globuleux et le teint laiteux. Bien sûr, la vaste demeure familiale avait offert aux yeux du brun les jouissances bienséantes d'un terrain de jeux retrouvé l'espace des premiers jours mais l'habitude avait succédé rapidement au plaisir des sensations retrouvées. Londres était une ville terriblement conformiste, ancrée dans les vieilles habitudes et Adam avait rapidement fait le tour des quelques activités qu'il pouvait faire en dehors du monde magique, privé du droit légitime d'user de sa baguette. La famille s'était réunie pour la cession annuelle autour des tables que venaient survoler les elfes rachitiques entre deux reniflements éloquents mais seul cet événement et la perspective d'un voyage à venir en Irlande où siégeait la branche paternelle avait égayait un peu ces heures d'ennui. Il retrouvait presque avec le sourire le ton maternel de certains professeurs et les remarques belliqueuses de certains autres, les piques acerbes et la rigueur bien connue d'autres. Les jours avaient été parfois marqués également de brefs passages chez quelques camarades grâces au volumineux réseaux de cheminées mais le brun avait passé la plupart de son temps dans l'ambiance poussiéreuse de sa chambre.

Bien sûr, la rentrée avait été porteuse de nouvelles moins chaleureuses : la nervosité presque hystérique de quelques enseignants, les ricanements moqueurs de certaines filles qui méritaient difficilement attention. L'approche des bals, des examens, des contrôle de routine et des interrogations à répétition. En quelques mots, le quotidien de bon nombre d'élèves réunis en ce jour. Aussi, c'était avec impatience qu'il guettait le week end, l'occasion virulente de prendre du bon temps et voyait d'un très mauvais oeil le devoir récemment imposé par un professeur de mauvais humeur. Bon nombre de rumeurs avaient circulé au sujet de l'état du dit professeur et dès lors, les hypothèses les plus improbables et les plus farfelues avaient battues leur plein. Peut être une petite amie en voie de rupture ou un oncle proche au bord d'une grave maladie ? Devant ce fourmillement d'interrogations, le charmant et délicat enseignant avait insidieusement servit a l'assemblé trop curieuse une copieuse série d'exercices dont l'usage d'un sortilège particulièrement retord. Et les nerfs fragiles mis à vif par la difficulté de l'entraînement, le brun secouait copieusement sa baguette de long en large dans l'espoir – certes improbable – d'une brusque révélation. Révélation qui s'avéra malheureusement inexistante ou au meilleur des cas bien tardive. Renonçant aux délicatesses de l'étude pratique, Adam s'était rejeté avec une grâce conquérante sur le livre épais sujet de toutes les peines et les misères encourus par des élèves incertains.

" La guerre des géants... Utopie machiniste ou réalité ? " Déchiffra t-il.

D'une main experte, les doigts effilés du jeune homme parcouraient avec dextérité la surface lisse du papier, une moue indécise sur les traits fins et altier d'un visage aux pommettes hautes, saillantes, linéaires et hautaines, ses yeux accrochant par instant une phrase avec plus d'insistance. Non sans une certaine amertume, il était forcé d'admettre qu'il aurait été bien en peine de trouver le sujet, le thème ou ne serait ce que quelques brides d'idées perdues dans le flou du cours précédent. Seul la voix lourde de somnolence, rebondi et mielleuse du professeur lui revenait par instant comme les éclats d'un mauvais rêves, volutes mal définies de fumée qui s'évaporaient avant d'avoir été rattrapées dans l'air moite, aqueux. Le sujet seul qui s'offrait a la vision conformiste du brun suffisait a faire retomber le jeune homme dans cette douce torpeur menée de main de maître par un enseignant gâteux. On y expliquait la sorcellerie et ses origines de manière pragmatiques, peu concises, mornes là où un personnage un temps soit peu ambitieux avait mis de l'ardeur, de l'âme, des parcelles de sentiments.

« La guerre des géants... » Laissa t-il échapper, mince filet de voix. « Qu'est ce que... » Qu'est ce qu'un sujet aussi vaste pouvait-il laisser comme interrogation ?

- Mon cher et tendre Jason...

Jason coupa immédiatement son ami par un regard glacial.
Par la barbe du grand glucosé qui leur servait de directeur, QUE SE PASSAIT-IL ENCORE ? ><

- Zeph' qu'y a-t-il encore ?

- Eh bien... Dans ton infinie bonté accepterais-tu d'aller chercher un livre dans le dortoir de mon petit et adorable frère ?

- ...

- Jason me laisse pas tomber !!!!
Si jamais il me voit, tu sais qu'on va encore se disputer et...

- ... Tu exagères et tu me le revaudras, finit-il par dire d'un air blasé.

Il se leva de son confortable fauteuil et se dirigea vers le dortoir du frère de Zeph' assez lentement. À vrai dire, il ne s'entendait bien qu'avec Zeph', les deux autres frères étaient de véritables abrutis consanguins...
Donc c'est d'un pas tout sauf enthousiasme qu'il grimpa les escaliers sans prêter attention aux remerciements de l'empoté qui avait prit sa place tssss...
C'est donc avec un air maussade qu'il entra dans le dortoir.
...
Whao, quel bordel !!! Il jeta un vague coup d'oeil sur le garçon dans la pièce, qui était d'ailleurs très mignon, et se dirigea vers le lit du petit frère absent. Il regarda la commode et vit quelques livres.
Heu... Quel était déjà le nom du livre que voulait Zeph' ?
C'est en soupirant qu'il chercha le livre de Zeph' parmis les autres avant de penser à un accio.
Il lança donc un 'accio' informulé et se retrouva avec trois-quatre livres... Il regarda les titres et se demanda un court instant à quoi pouvait servir ces livres pour le cinquième année... Il haussa mentalement les épaules et se retourna pour retourner dans la salle commune et vit que le garçon de tout à l'heure le regardait.
Il voulut tirer sur son écharpe pour bien cacher le bas de son visage et remarqua qu'elle n'était plus là. COMMENT çA PLUS LÀ ?????
Zeph' !!! Ce traître !!! ça exliquait les rougissements et les chuchotements des filles qui avaient été plus bruyantes que d'habitude lorsqu'il été passé. Il allait le tuer, mais avant, il allait beaucoup beaucoup souffrir mouahahahahahaha
Bref, il regarda donc le Serpentard et son regard dériva sur le titre du livre que tenait son comparse. Il lut le titre à mi-voix :

- La guerre des géants... Utopie machiniste ou réalité ?
Dis-moi, le livre que tu lis est vraiment intéressant ?

Il en doutait fortement et il ne savait pas commencer la conversation alors bon...
C'était un début, n'est-ce-pas ?
Après tout il commençait rarement une conversation alors hein...

Il y a des jours comme ça où rien ne va plus. Ces journées mornes, grises, suintantes d'une humidité compacte et d'une tristesse morose. Ces heures de lassitude était malheureusement monnaie courante lorsque l'on croulait sous le poids de livres aux sujets aussi diverses que rébarbatifs, traitant sous le coude d'une guerre des géants qui ne pouvait intéresser qu'une faible minorité d'élèves, certainement proche de l'inexistence. Ces matinées brumeuses se traduisent toutes d'une façon commune et bien souvent invariable, identique une succession d'heure à feuilleter d'un air absent un ouvrage conséquent en contemplant d'un œil morne une pluie discontinue. C'était le reflet qui transparaissait actuellement aux yeux du brun, un reflet doucereux, âcre qui témoignait bien de son état d'esprit. A travers les vitres encrassées par les passages réguliers d'une paire d'yeux interrogateurs, les fines gouttelettes d'eau claires coulaient en discontinu, ruisselant le long des murs de pierre du château, ricochant sur les gouttières, produisant un son métallique tandis qu'elles suintaient sur le toit de tuiles ave un tintement métallique proche du raisonnement. Le parc avait caché toute vision colorée, chaleureuse, et était recouvert de cette ambiance morne et grise qui avait poussé Adam à quitter son dortoir sans trop de mauvaise volonté. A l'approche des vacances de noël, les couloirs de l'imposant bâtiment se vidaient peu à peu, déversant au dehors des flots disparates d'élèves frétillants d'impatience à l'approche des fêtes et des périodes festives entrant en compétition houleuse. Les premières années courraient précipitamment, un sourire inébranlable affiché sur le visage, et les plus âgés, mains enfoncées dans les poches de jeans détrempés s'éloignait avec une fausse décontraction.

Adam ne faisait pas partit de ces derniers. Tandis que sonnait l'annonce d'une pause conséquent dans le travail et la vie quotidienne au sein du château, il ne pouvait voir cette nouvelle imposante que comme le fruit d'un augure plus néfaste que chaleureuse. Rares étaient ceux qui rester, de bonne grâce ou par obligation. Ethel était repartie en Finlande où son frère aîné étudiait les aspects magiques des plantes exploitables en potion le cours des plaines nordiques et son frère lui, était resté dans la demeure familiale qu'ils avait à Glasgow, feuilletant des magasines regorgeant de publicités mensongères à longueur de journée. La galloise s'était contenté d'une courte lettre depuis et Adam n'avait pas cherché à renvoyer un hibou quelconque dans le froid glacé d'hiver. Etait-il à ce point dédaigneux de ces deux camarades ? Adam en doutait. Le brun appréciait la galloise mais son absence, si elle creusait un vide provocant dans son cercle d'amitiés soigneusement triées sur le volet, lui offrait également la perspective d'une liberté indépendante qu'il n'avait pas ressentit aussi grisante depuis longtemps. Lui-même avait décliné d'un ton las l'invitation à rejoindre la demeure familiale pendant les vacances de noël. Il connaissait déjà la perspective de telles retrouvailles, à savoir des journées entières de somnolence passive et d'un ennui morne. Poudlard n'offrait pas un terrain de jeux particulièrement conséquent mais les rencontres que l'on pouvait y faire satisfaisait bien d'avantage l'esprit rhétorique du vert et argent. Bien sûr, il était difficile de parler de journées excitantes emplies de ces histoires un peu fantastiques qui creusaient l'esprit d'enfants un peu naïfs. Le plus clair de son temps, le brun vaquait, errant le long des cachots, retrouvant par instant quelques camarades plus ou moins douteux dans un recoin sombre.

Inutile pourtant de se leurrer, Adam s'ennuyait. Des crises continues de ces deux frères qui avaient malheureusement choisis de rester pendant les vacances, de l'allure mièvre de l'aîné et du côté teigneux du cadet, des gloussements d'un petit groupe de filles de première année qui semblait avoir élue domicile quelques sièges plus loin, des rictus ventripotents d'un solitaire qui enfournait de façon presque irréelle une quantité impressionnante de friandise et avalait dans un tonnerre provocant de bruits gutturaux. Ces derniers temps, le trafic de chocogrenouille battait son plein. Ces derniers temps, le trafic de chocogrenouilles battait son plein. Dans les dortoirs, ils étaient de moins en moins rare d'apercevoir quelques petits groupes d'échange où le troc battait son plein au milieu des rires, des exclamations et, dans un e grande majorité des cas, des concerts de protestations animées. On discutait des cartes recherchées, des communes dont il valait mieux se débarrasser et plusieurs vendeurs avaient affiché, ostensiblement, les pièces de leur collection pour les éventuels intéressés sur le panneau trônant au milieu de la salle commune. Désormais, les préfets de Serpentard devait se frayer un chemin délicat parmi les brochures alléchantes pour placarder les annonces officielles, et les professeurs arrachaient consciencieusement certaines des affiches publicitaires pour afficher les dates de compte rendu de devoirs dont le succès était a l'évidence bien moins grand.

On parlait de certaines collectionneuses de renommée dont les noms flottaient sur les lèvres, on jalousait, possessif, certaines pièces de collection et essayait de refourguer aux moins aguerris des cartes mineures. C'était un véritable jeu de trocs, de magouilles qui fusaient de part et d'autre des couloirs. Ce fut le vol silencieux de livres qui tira le brun de ses songes et l'amena à dériver lentement la tête de côté, les yeux clairs et neutre fixant d'un air vaguement absent les ouvrages planant silencieusement pour rejoindre les mains tendues de l'heureux propriétaire du sortilège informulé. Ce dernier point avait fait le sujet d'un cours récent qui n'avait été qu'une lente accumulation d'échecs vigoureusement réprimandés par l'actuel professeur de défenses contre les forces du mal, à savoir le directeur de sa maison. Le regard en premier lieu attentif d'Adam avait successivement dérivé vers tout autre chose et il avait eu toutes les peines du monde à capter son attention. Distrait, il avait finit par feindre les mimiques qu'il percevait chez d'autre de ses camarades et s'était contenté de piètres résultats. Il lui avait fallut plusieurs séances pour parvenir à un résultat à peu près convaincant et d'autre séances d'entraînements.Pourtant, le brun était quelqu'un de relativement doué en ce qui concernait la magie : petit, ses dons s'étaient dévoilés bien plus tard que ses camarades mais il avait rapidement comblé le fossé par une capacité d'analyse qui retirait un peu de ses lacunes. Mais le regard révulsé sur un objet qui exigeait des trésors de persévérance n'était pas venu compléter la pile nébuleuse de ces qualités. Le blond lui disait néanmoins quelque chose, cet éclat un peu familier dans le regard sans que le brun parvienne à mettre un nom sur les traits altiers du jeune homme lui faisant face. Captant visiblement l'attitude outrancière dont Adam faisait preuve depuis plusieurs minutes, le blond s'était avancé et, ses yeux se posant sur le livre que le vert et argent tenait d'une main, adressa a ce dernier une question fatidique.

" Passionnant " souffla le brun avec un sourire amusé. " Mais Jason Liser sans son écharpe est un phénomène encore plus intéressant "

Ajouta Adam en approchant sans gêne son visage à quelques centimètres de celui du blond, pour mieux en examiner les traits fins, posant un doigt sur ses lèvres dans l'attitude du connaisseur. Désormais, l'expression du jeune homme s'était mué en un mélange détonnant d'espièglerie et d'une curiosité cinglante. Il venait de reconnaître cette silhouette familière, ces yeux qu'il connaissait vaguement comme ceux de ce serpentard de sixième année, le visage constamment emmitouflé dans une écharpe verte aux couleurs de sa maison, baisant obstinément les yeux sous les remarques et les mimiques. Adam ne le connaissait que brièvement. Quelques cours en commun avaient dût apporter le couvent de quelques saluts lointains mais seul le nom de l'adolescent lui restait désormais en mémoire.

" Un visage qui attire visiblement les curiosités " ajouta Adam, sans détachait son regard de celui du blond, dans un signe visible de provocation dénudée de méchanceté, son visage en suspension dans les mimiques souriantes d'un examinateur consciencieux. "Ou en tout cas les ricanements de certaines…" Peut être la journée était elle rattrapable après tout ? " Adam Harper " se présenta brièvement le brun en signe d'introduction, écartant quelques livres encombrant – avec méthode – son lit.

?
La personne à qui il s'était adressé quelques minutes plus tôt l'observait minutieusement. Heu oui ? Qu'y avait-il ? Il y avait un problème ? À priori non... Il fronça un peu les sourcils et regarda d'un air un peu interrogatif son comparse. Puis il vit celui-ci se mettre à sourire d'une façon amusée et finalement se décider à lui répondre :

" Passionnant " souffla le brun avec un sourire amusé. " Mais Jason Liser sans son écharpe est un phénomène encore plus intéressant "

Tiens ? Il le connaissait ?
Jason se décida à examiner à son tour la personne en face de lui et ne remarqua pas tout de suite que celle-ci s'était un peu trop approchée non pas à son goût mais à sa raison. Le Serpentard brun avait des traits fins, une peau plutôt pâle mais moins pâle que celle de Jason qui détestait la lumière du soleil mais appréciait la chaleur de cette boule incandescente. Mais ce n'était pas en Angleterre, à cette période que le soleil brillerait de mille feux, une chance, et les réchaufferait, une malchance.

Donc, le jeune homme s'était donc rapproché et avait approché son visage de celui de Jason qui regardait de façon stoïque ce qui se déroulait sous ses yeux et qui le concernait. Il vit le jeune homme le regarder avec une moue mi-curieuse mi-espiègle s'installer sur le visage de son comparse alors que celui-ci l'observait donc avec un doigt sur ses lèvres une attitude de... De quoi exactement ? Jason haussa élgamment un sourcil, il était plutôt amusé par la tournure des évènements.

- Adam, dit-il doucement et il reprit de cette même voix tranquille qui le caractérisait : Tu es Adam Harper... Quand à mon écharpe... Je sens que Zeph' me payera ce coup bas au centuple.

Il était vrai qu'il ne laisserait pas Zeph' s'en tirer ainsi... Il avait déjà une vengeance toute prête qui ne demanderait que cinq minutes tout au plus à préparer hé, hé.
Par contre il ne se souvenait pas vraiment d'Adam en tant qu'interlocuteur. Cela devait-être la première fois qu'ils se parlaient pour de bon. Une bonne chose selon l'avis de Jason qui ne pouvait s'empêcher d'admirer les traits du Serpentard. Jason se donna une baffe mentalement et cligne des yeux pour se remettre les idées en place et entendit les paroles suivantes :

" Un visage qui attire visiblement les curiosités"
"Ou en tout cas les ricanements de certaines…"
" Adam Harper " se présenta brièvement le brun en signe d'introduction, écartant quelques livres encombrant – avec méthode – son lit.

Le brun était provocateur et à cela Jason répondit par un sourire aimable et lorsqu'il entendit le brun se présenter, un de ses rares sourires éclaira son visage. Ainsi il ne s'était pas trompé...

- Ainsi je ne m'étais pas trompé sur ton nom...
Les ricanements ? Je ne me pensais pas aussi moche pour provoquer des ricanements...

Jason se savait pas trop mal d'après ce qu'il avait entendu mais bon... Il était vrai que dire qu'il y avait des ricanements sur son passage n'était pas flatteur. Il préférait tout de même avoir son écharpe mais la vengeance se ferait en son temps.
Il désigna la place qu'avait fait Adam sur son lit dans une attitude interrogatrice très claire. Il demandait silencieusement si il pouvait s'asseoir.

Cinq ans, cinq années consécutives d'errance, de peines, de douleurs, de joie futile ou réelle et brûlante, le tout en un joyeux mélange virulent qui formait son parcours entre les murs sombres des cachots. La première année était, elle, bien loin, cette année d'insouciance où les quelques évènements quotidiens qui venait bercer une vie terriblement bien rangée d'une main implacable de méthode et de conformiste était les rares examens et les quelques disputes un peu gamines venant troubler l'habitude. Durant ces heures fluides qui à grande échelle ne représentait qu'un faible effectif, les gens entourant le brun avaient changés, mûrit, évoluant lentement vers un âge adulte inexorable. Le brun aussi, étrangement. Peut être moins que certain, peut être plus que d'autres mais c'était quelque chose de certain, une maturité lentement acquise avec le temps et une expérience, fruit de l'infortune ou des sourires d'un destin dans ses bonnes grâces. Difficile de dire en quoi le regard du brun avait changé. Une différence subtile, un éclat qui caractérisait l'évolution de l'être humain vers la courte progression d'une étape intermédiaire. L'adolescence succédant à l'enfance avait amené son lot de complications. Les premiers amours, l'attirance résolue qui amenait à une vision dépassant le seuil de l'amical dans une large majorité des cas, la rivalité plus forte pour obtenir une place dans le cœur de certains professeurs, l'irritation naissante du point de vue de certains, la réticence d'autres qui avait abandonné le seuil du sourire pour celui de la nonchalance. Adam avait été de ceux qui avaient changé tôt, ceux dont on aurait pu dire qu'ils étaient entrés prématurément dans la face nébuleuse et longuement controversée de la crise adolescente. Il avait très vite découvert les intérêts que pouvaient lui présenter un physique sans disgrâces trop éloquentes et s'en était servit avec une aisance des plus singulière.

A ce stade de la vie, l'espièglerie naturelle et le goût du jeu du jeune homme le poussaient dans cette direction qu'était celle du plaisir, plus que celui des responsabilités, du tact et de l'éloge, du travail et de la considération. Les premiers plaisirs de l'alcool et des sensations amoureuses de collectionneur savant avaient contribués à cette lente ascension. En somme, le brun était un adolescent tout ce qu'il y avait de plus normal et dont le caractère jovial et gamin s'effilochait au fil du temps, des années et des découvertes à l'intensité bien plus prononcée que les rires de trois fillettes dans une cours d'école. Le tempérament enfantin que le jeune homme avait conservé résonnait dans son naturel joueur, parfois aux limites d'une écoeurante provocation. C'était dans ces moments là d'intimité et d'amusement que les couleurs vertes et argent luisant sur la poitrine de l'adolescent rayonnait réellement et amenait à comprendre les décisions d'un chapeau miteux et rapiécé à qui le jeune homme devait pourtant beaucoup. Ainsi Adam trouvait-il un intérêt peu relatif aux faits et aux médisances de certains camarades dont les brutalités quotidiennes s'adressaient à la minorité des pouffys. Les joutes verbales étaient d'une lamentable simplicité et ricochaient invariablement vers de vagues semblants de duel à l'aide d'une baguette. La finesse manquait cruellement au jeu des potentiels protagonistes de la scène aux allures plus burlesques que tragiques ou plaisantes. Adam avait dont trouvé d'autres sujets de magouilles éventuelles et lui rapportant autant d'autosatisfaction qu'un pied lamentablement écrasé sur le visage d'un première année.

Oui. C'était un jeu qui ne l'amusait pas ou du moins ne l'amusait plus. Cette morne place de spectateur assistant au registre pathétique d'une mise en scène jouxtant au folklore, les sourires jouissifs de verts sincèrement dénués d'élégance. Seul quelques un rivalisaient de répartie et ils étaient facilement résumables aux cinq doigts de la main droite. Et dans ces cas là, c'est avec un plaisir non feint que le brun contemplait ces séquences hasardeuses. La présence de l'inconnu ravivait pourtant les espoirs que l'adolescent avait rangé de côté a l'annonce de vacances proches et sans saveurs devant la présence opportune d'un château vide. Pour une raison des plus simples qui faisait fit encore de l'état d'esprit un peu puéril de l'adolescent : Jason Lister était terriblement séduisant. Une peau pâle, diurne, qui avait à l'évidence évité le soleil avec autant de désistements que possibles, des traits altiers et des cheveux blonds s'accordant sans mal sur un tableau des plus potables. Etait il un personnage intéressant capable d'amener à la surprise le brun était autre chose mais son malaise léger ne faisait qu'accroître les légers battements de cœur du garçon qui d'une main neutre sentait affluer les idées très claires, concises. Lorsque le blond évoqua l'idée de ricanements moqueurs suivant une silhouette aussi laide que déplorable, Adam ne reteint pas un éclat de rire léger, cristallin, emplissant de son timbre tendre le dortoir.

" Loin de là... de mon point de vue " lâcha le brun en écartant de son front quelques mèches de cheveux d'un brun cendré, tirant sur le noir.

A l'interrogation muette du jeune homme pour s'associer au milieu du jovial et joyeux bordel ambulant trônant sur le lit, Adam répondit par un hochement de tête approbateur plus qu'éloquent, sa main réunissant en un tas désordonné les quelques morceaux de parchemin traînant encore le long des draps, se répandant parfois sur le sol de la pièce. Oui, Jason Lister était un garçon séduisant et l'approche d'un garçon séduisant, Adam était mue de toutes les réactions habituelles d'un adolescent de quinze ans. Adam ne croyait pas au coup de foudre, aux grandes déclarations qui s'élevaient en descriptions amoureuses ponctuées de signes enflammés de la main, empourprées. Pourtant, comme d'un jeu dont on a envie d'apporter la pièce à une collection, Jason Lister l'intriguait. L'intriguait par l'opposition singulière qu'il entretenait avec lui, avec sa discrétion, son envie visiblement résolue de se fondre dans le décors avec la lourde écharpe toujours portée à son coup, ses gestes fluides masquant l'excentricité du regard. Leur conception certainement très différente du monde et de cette notion abstraite de plaisir faisait donc fit des règles et tandis que d'une main distraite l'adolescent tentait de mettre dans un ordre vaguement convenable les quelques papiers traînant le long des draps verdâtres et argentés, l'idée d'un champs d'action plus agréable qu'une salle confinée où les livres formaient le principal sujet d'attraction. Si Jason était ici, rôdant dans la salle commune, ces vacances d'hiver devaient être pour lui aussi peu symbolique de retrouvailles familiales et conviviales qu'Adam.

" Mais c'est un point de vue anodin sous les gloussements de ces demoiselles… Tu passes tes vacances ici ?" Pause oratoire. " Un lit en bordel, aussi savamment organisé soit-il, n'est peut être pas le meilleur endroit pour une rencontre de vacances, non ? Tu es libre après midi ? " Interrogea le jeune homme tandis que sa joue droite venait rejoindre la paume d'une main délicate, interrogateur.

Pausé de cette manière, cette houleuse proposition aurait tout simplement pu être classée de "rencard". Mais y avait-il une manière moins incisive de présenter la chose ? D'un geste vague le brun inclina pensivement la tête et ajouta d'une voix tendre un " A la tête du Sanglier, Pré-au-lard, 14 heures… Tu viens si tu veux… " Acheva le brun en se redressant, saisissant au passage quelques livres cornés, quittant la pièce. La proposition n'avait rien d'innocente mais les vacances s'annonçaient bien trop longues et ennuyeuses pour priver Adam de toute initiative susceptible d'animer quelque peu ces journées de flânerie exubérante. Peut être qu'un autre bar ou café aurait-il été le point d'un lieu meilleur mais c'était un endroit familier qu'il fallait au brun, un endroit aux quelques points de repères invariables et pourvus de quelques visages familiers.

Le rire d'Adam emplit la pièce. C'était un véritable rire, de plus il était clair et cristallin si il pouvait se permettre une comparaison. Jason cligna des yeux car à vrai dire il ne s'attendait vraiment pas à ce que son condisciple rit, ce qui n'était pas pour lui déplaire, loin de là même. Jason sourit face à ce rire, à vrai dire peu de gens riaient en sa présence et bien qu'il s'en fiche de manière éperdue, ce rire là lui avait fait plaisir. Allez savoir pourquoi...

" Loin de là... de mon point de vue " lâcha le brun en écartant de son front quelques mèches de cheveux d'un brun cendré, tirant sur le noir.

Aha ?
Donc, en conclusion il n'était pas si moche que ça. Bizarrement, encore une fois, cela lui faisait plaisir... Peut-être Jason était-il malade aujourd'hui ? À force de se balader sans son écharpe quand il la retirait maintenant il avait froid. Satané Zeph' il lui payerait en temps voulu celui-là foi de Lister enfin de Jason Lister.

" Mais c'est un point de vue anodin sous les gloussements de ces demoiselles… Tu passes tes vacances ici ?" Pause oratoire. " Un lit en bordel, aussi savamment organisé soit-il, n'est peut être pas le meilleur endroit pour une rencontre de vacances, non ? Tu es libre après midi ? " Interrogea le jeune homme tandis que sa joue droite venait rejoindre la paume d'une main délicate, interrogateur.

D'un geste vague le brun inclina pensivement la tête et ajouta d'une voix tendre un " A la tête du Sanglier, Pré-au-lard, 14 heures… Tu viens si tu veux… "

Jason s'assit sur le lit puis ouvrit la bouche pour protester et la referma. Après tout il ne connaissait pas très bien Adam Harper alors lui dire que son point de vue était plus intéressant que celui des glousseuses, bien que ce soit entièrement vrai, était proscrit. Aussi répondit-il simplement :

- Oui je passe mes vacances ici. Je préfère éviter les réunions familiales. Jason adorait sa famille mais il vivait aussi très bien sans les voir pendant plusieurs mois.

Et il ne put s'empêcher de sourire lorsque Adam lui parla du bordel. Par contre à la mention du rendez-vous il regarda Adam droit dans les yeux. Cela l'étonnait mais il acquiesca et dit tranquillement :

- Je serai à l'heure...

Un vague sourire s'installa sur les lèvres du blond tandis que l'autre Serpentard quittait la pièce. Il resta quelques minutes seul sur le lit puis Zeph' entra. Et Jason se leva avec un regard féroce tandis qu'il souriait comme un abruti de Pouffys. Zeph' afficha un sourire gêné et Jason lui lança sans pitié les livres à la tête puis il s'avança d'un air menaçant et attrapa son ami par le col.

- Jason je t'assure que c'était pour que tu gagnes ton pari par rapport à mon frère et...

- J'ai déjà une cavalière !!!

- Vraiment ? Mais tu ne me l'as pas dit, je ne pouvais pas savoir !!!

- Mon écharpe... MAINTENANT !!! Il attrappa son écharpe d'un geste sec, la mit et dit à son ami : Ne t'inquiètes pas je saurai me rappeler de ce geste et pour ton information, vu que tu sembles tout vouloir savoir, cet après-midi je serai avec Harper à La Tête du Sanglier.

Puis il désigna les livres par terre.

- Ne les oublie pas ce serait dommage...

Il quitta le dortoir et croisa le frère de Zeph et lui dit d'un air innocent que Zeph' était dans son dortoir et souhaitait discuter des notes de son cadet. Il vit le petit frère partir furieux en direction de son dortoir et se décida à aller se balader.