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Page et William devant, mains attachées dans le dos, Ultan avait d'un pas tranquille, tenant dans une main les cordes le reliant aux deux élèves, sa baguette dans l'autre. Deux questions taraudaient tout de même le Serpentards, sans qu'elles soient trop importantes pour diminuer la jubilation qui l'habitait. Comment la Brigade Inquisitoriale n'avait-elle pas pu capturer les Brigades Rousses avant, surtout qu'elle n'était composée que deux élèves, un Troisième Année, une Première Année ? Mais aussi, comment ces deux enfants avaient-ils pu croire qu'ils résisteraient indéfiniment à Ombrage et ses sbires ? Peut-être qu'en définitive, ils ne s'étaient pas attendus à voir débarquer le Serpentard...

Ultan demeurait silencieux, hormis pour indiquer, de temps en temps, le chemin, par des "à gauche", "descendez"... Les trois Poudlardiens pénétrèrent finalement dans le couloir des cachots. Ils passèrent devant la salle où le professeur Rogue donnait ses cours. Le futur geôlier et bourreau se demanda si son directeur de maison était là, et s'il réagirait en entendant William crier...

"Arrêtez-vous."

Le Vert et Argent tira sur la corde, pour être sûr que les Gryffondors obéissent, et il pointa sa baguette sur la serrure de la porte devant laquelle ils se trouvaient. Un déclic retentit. Et le sourire s'élargit. Ultan poussa le battant, révélant un cachot sombre, avec une petite fenêtre juste sous le plafond, laissait passer trop peu de lumière pour qu'on y voie.

"Entrez."

Le Serpentard, après avoir refermé derrière lui, plongeant momentanément la pièce dans l'obscurité, pointa sa baguette sur une torche au mur. Un "Incendio" lui permit de l'enflammer. Il répéta l'opération avec la torche sur le mur d'en face. Une douce lumière, qui pourtant ne suffisait pas à ôter le côté lugubre du lieu, baigna alors le cachot. Ultan laissa Will et s'occupa de Page. Il défit la corde et, sans lui laisser l'occasion de tenter quoi que ce soit, l'immobilisa contre la pierre du mur. Des chaînes prévues à cet effet prirent le relais des cordages.

"Voilà. Maintenant, tu vas être bien sage. Ne crie pas, personne n'entendra."

Ultan se tourna ensuite vers Will. Le Gryffondor était à sa merci. Il s'approcha de lui et, sans crier gare, lui décolla une gifle monumentale, suffisamment forte pour le faire tomber.

"Ca, c'est pour ce que tu sais."

Il attrapa le Préfet par le col de son sweat et le remit sur pieds.

"Enfin, en partie." ajouta-t-il.

La joue de William avait pris la teinte de son écusson.

"Prêt pour la suite ?" demanda-t-il ensuite, rhétoriquement, bien sûr, en sortant une dague.

Dague de famille, que Lynn connaissait bien...

[je vous laisse quand même répondre... dommage, j'étais lancé ]

La lame entre les doigts, Ultan l'observa un moment, la faisant tourner à la lumière. Il avait d'ailleurs remarqué que Will ne lâchait pas non plus la dague des yeux. Le Serpentard n'avait pas prêté attention au cri de la fille, attachée à son mur. Elle pouvait crier tant qu'elle voudrait, jamais personne ne l'entendrait. Puis il approcha lentement l'arme du visage de petit Préfet. Sans le toucher, simplement pour lui faire peur. Il passa dans le cou, se disant qu'une entaille ici serait un bon moyen de le tuer... Et il ne voulait pas sa mort. Première raison : il préférait le voir souffrir. Seconde raison : commettre un meurtre au sein de Poudlard, c'était le meilleur moyen de se faire prendre et envoyer à Azkaban.

Ultan se tourna ensuite vers Page. Elle venait de le traiter de lâche. Et l'avait menacé. Cela le fit doucement rire. Il soutint sans aucun souci le regard flamboyant de la petite lionne. Il avait rangé sa baguette, dans la même poche que celle de William, et n'avait donc en main que la dague, dans la famille Bower depuis des décennies. Et la fille recommença. Cette fois, le Serpent ricana. Un rire sans joie, qui se répercuta contre les murs du cachot. Il s'approcha d'elle et lui attrapa le visage de sa main libre.

"Me tuer ? Tu crois que tu en serais capable ?"

Il la lâcha et sortit sa baguette, qu'il pointa sur William.

"Pour tuer, il faut avoir suffisamment de volonté et d'expérience."

Lui pourrait certainement tuer. Il ne l'avait jamais fait, mais il aimait bien un autre sortilège.

"Endoloris."

Le sort ne dura que trois secondes, mais il avait été plutôt fort. Ultan regarda Page.

"Alors, tu me tues ? Ah non, pardon, je ne l'ai pas touché."

Après un nouveau rire, il releva de nouveau le Gryffondor, qui n'avait pu rester sur ses jambes.

"Je l'ai touché, cette fois-ci. Et ce n'est pas fini."

Il rangea de nouveau sa baguette. Dague en main, il passa la lame, lentement, sur la joue du jeune garçon. Un mince filet de sang s'écoula de la coupure.

"Tu vois, du Sang-de-Bourbe." dit-il, en levant l'arme à la lumière.

La lame était en partie rougie. Ultan ôta sa chemise, enfilée rapidement un peu plus tôt, et qu'il ne voulait pas tacher, et l'accrocha à la poignée de la porte. A présent torse nu, il saisit le sweat de Will, par devant, et d'un coup de couteau, l'ouvrit, de haut en bas. Il recommença avec le T-shirt [hj j'imagine^^], de façon à dévoiler le torse du Rouge et Or.

"Ne ferme pas les yeux, profite du spectacle." dit-il à Page.

Il reprit, encore, sa baguette, pour faire disparaître les liens de William. Celui-ci était à présent libre de ses mouvements, probablement encore sous le coup du Endoloris, mais opposé à un garçon plus âgé que lui et armé d'une baguette et une dague.

"Maintenant, que veux-tu que je te fasse ? Tu as le droit de participer."

Il jeta un oeil à sa camarade.

"Si tu le souhaites, elle peut aussi participer, elle."

Ultan était comme un chat jouant avec une souris. L'issue ne l'intéressait pas, c'était ce jeu, qu'il voulait faire durer, qui était excitant.

Un lourd silence s'était installé tandis que Bower faisait miroiter la lame de son poignard ; William retenait son souffle, les mâchoires serrées, et attendait... Un cliquetis de chaînes, un cri vinrent rompre cette tension : Page, furieuse, venait de proférer des menaces à l'encontre de leur geôlier. William tourna la tête pour lui lancer un regard de gratitude, et songea que si l'un des deux méritait bien sa place à Gryffondor, c'était bien elle. Elle était dix fois plus courageuse que lui qui n'arrivait pas à prononcer une parole et ne parvenait qu'à suivre avec angoisse chacun des gestes de Bower.
Celui-ci venait d'éclater d'un rire de dément, un rire à glacer le sang, que William avait déjà entendu et qui présageait de catastrophes imminentes...
Le rouquin eut à peine le temps de saisir les quatre syllabes prononcées par Ultan, qu'une terrible douleur envahit chaque fibre de son corps. Il tomba à genoux, plié en deux, tandis qu'un cri rauque s'échappait de sa gorge... Le sort ne dura pas longtemps, quelques secondes tout au plus, puis le préfet roula sur le côté, le corps parcouru de tremblements... Maugrey leur avait parlé de ce sort, l'année précédente, mais il avait été au-dessous de la réalité. C'était pire que tout ce qu'on pouvait décrire, se dit William hors d'haleine, tandis qu'une poigne ferme se refermait sur son col.
Hop, encore une fois Bower venait de le relever et de le replacer face à lui... Son regard fébrile trahissait son excitation, sa jouissance même...
Curieusement, le sortilège Doloris avait rendu un peu de courage à William. Plus question de baisser les yeux, à présent ; il soutenait le regard du Serpentard, avec fierté, avec autant d'aplomb qu'il le pouvait... et il ne détourna pas la tête lorsqu'il sentit la lame entailler sa joue, et le sang couler jusque dans son cou. Du Sang-de-Bourbe... Le préfet avait momentanément oublié que le Serpentard avait aussi cela à lui reprocher... cela, en plus de mille autre choses- et encore n'était-il pas au courant de ce qu'Aïlin avait vu, certain soir, au stade de Quidditch... Enfin, normalement...
Avec un soin dont Will ne l'aurait pas cru capable, Ultan venait d'ôter sa chemise, qu'il accrocha à la poignée de la porte. Torse nu, il revint se placer face à sa victime, qui ne put que remarquer sa musculature d'homme, impossible à deviner sous la chemise. Deux coups de dague, et William se retrouva à-demi déshabillé, révélant des muscles qui n'avaient rien de comparable avec ceux de son geôlier.
Celui-ci s'amusait visiblement beaucoup. D'un coup de baguette, il défit les liens de William, qui ne trouva rien de mieux à faire que de masser ses poignets meurtris par les cordes trop serrées. Face à lui, Bower tenait toujours sa baguette et sa dague, et il feignait de demander son avis pour la suite des événements. Méthode classique de bourreau, mais cela, le Gryffondor ne le savait pas... Instaurer une forme de complicité malsaine avec sa victime, lui faire croire qu'elle a un quelconque pouvoir de décision... Haletant, le préfet regarda Ultan se tourner vers Page et proposer qu'elle participe, avec un amusement palpable. William imagina un instant la première année entre les sales pattes du Serpentard, la dague courant sur sa joue... Hors de lui, il s'écria :

-Elle, tu lui fous la paix !

Ce type le dégoûtait. Un parfait petit Mangemort, lâche, sadique, prenant son pied en faisant souffrir plus faible que lui... William s'approcha de lui, très décidé, comme s'il voulait se battre ; il avait la gorge sèche, mais il se campa sur ses pieds face à lui et parvint à lui cracher au visage, en signe de mépris absolu et irrémédiable.
Tactiquement, c'était une erreur ; quand un type vous tient en respect avec une baguette et une dague, ce n'est pas très habile de lui cracher dessus. Généralement, ça aurait même tendance à énerver le bourreau. William en était parfaitement conscient, et il attendit les représailles, le ventre noué. Il avait fait ça parce que c'était la seule chose qu'il pouvait faire, mais cette offense à son tortionnaire lui coûterait cher, il était prêt à le parier. Mais peu lui importait. De toute façon, avec Ultan, le simple fait d'exister était déjà une erreur ; et même s'il ne résistait pas, l'autre allait le massacrer sur place. Autant lui donner un peu de fil à retordre ; au moins, on ne pourrait pas dire qu'il s'était laissé faire.
L'ennui, et William le pressentait, c'est que cette résistance était précisément ce que Bower attendait de lui, et ce qui l'amusait le plus.

Message reçu. Toute tentative de résistance serait suivie de représailles sur Page, ce que William voulait éviter à tout prix. Pour une fois, il était d'accord avec Bower ; être simple spectatrice était suffisamment pénible pour elle, et- le rouquin la connaissait assez bien pour en être certain- être impuissante devait être une véritable torture. William attendit la suite avec inquiétude ; qu'allait-il faire à Page ? Les yeux effarés, il suivait chacun des gestes de Bower, et ne réagit même pas lorsque le Serpentard lui arracha les restes de son sweat et de son T-shirt. Ils étaient face à face, torse nu, comme deux boxeurs entrant sur le ring... à la différence près que dans leur cas, un seul allait recevoir les coups.
Ultan semblait avoir oublié Page, pour le plus grand soulagement de William. Il s'essuya posément le visage, avant de faire flamber les vêtements arrachés au Gryffondor. Le préfet eut un serrement au coeur en voyant ces deux misérables chiffons noirs se consumer ; il avait fini par les réserver spécialement pour les actions des BR, et les voir disparaître ainsi lui faisait prendre conscience que tout était terminé. Les BR, certes, mais aussi, tout simplement, Poudlard... Ils seraient certainement renvoyés, et il n'aurait plus qu'à rejoindre sa soeur dans son collège moldu.
Bower parla de son père. Un Mangemort, celui-là, un vrai, William le savait ; Lynn le lui avait dit sous le sceau du secret. Il avait appris un sort à son fils, et il ne s'agissait certainement pas d'un sort pour réparer les trous des chaussettes... Une sorte de fouet, d'un vert violent, sortit de la baguette de Bower, et le rouquin se demanda un instant ce que l'autre allait en faire. Un instant seulement, car le Serpentard ne le laissa pas longtemps dans l'ignorance. D'un geste souple du poignet, il dirigea le fouet vers son prisonnier, avec la précision d'un spécialiste ; William sentit une intense brûlure sur sa joue, et laissa échapper un petit cri de douleur ; le sang se mit à couler, sur sa joue droite cette fois- la gauche était déjà rendue un peu raide par le sang séché. Encore un claquement, encore une brûlure sur la joue... Cette fois, William s'y était préparé, et il retint son souffle pour ne pas crier. La douleur, cependant, le fit grimacer tandis qu'il essuyait le sang, et il attendit le claquement suivant...


"Oh, le feu est éteint. Tu as quelque chose pour le rallumer ?"

La question n'était pas venue par hasard, William en était sûr. Aucune des paroles de Bower n'était prononcée sans raison, et celle-là pas davantage que les autres. Le préfet fit non de la tête, et il eut honte de se voir en victime consentante qui répond docilement aux questions de son bourreau. Mais d'un autre côté, s'il ne répondait pas, s'il ne se pliait pas à la volonté de Bower, le sadique n'allait-il pas s'en prendre à Page ? Mieux valait être une gentille petite souris et ne pas déplaire au chat, en espérant qu'il serait magnanime, même si c'était dur- presque aussi dur que d'encaisser les coups et les maléfices.
Bien sûr, Bower ne réagit pas à la réponse du préfet. Il percevait toute l'angoisse de sa victime, son appréhension, son attente de la prochaine trouvaille, et il se délectait de le savoir mortellement inquiet. C'était du moins ainsi que William voyait les choses. Le rouquin avait renoncé à garder un visage impassible, et il affichait, en regardant son tortionnaire, une mine effarée. Qu'allait-il encore inventer ? Voir Bower immobile, baguette en main, ne lui disait rien qui vaille. Son imagination féconde devait travailler, chercher de nouvelles façons de faire payer à William l'intervention de Maugrey. Un "simple" Doloris n'était pas assez raffiné pour lui... Ultan Bower était bien, comme l'avait dit Lynn, un artiste de la torture, en perpétuelle recherche de nouveauté.
William aurait presque préféré que les coups pleuvent, plutôt que d'être là, pétrifié, à attendre la suite et à se demander en quoi elle consisterait. Un coup, un simple coup de pied ou de poing ? un maléfice ? un sortilège impardonnable ? une entaille, avec la lame d'argent de la dague ? autre chose ? L'instant de témérité qui avait suivi le Doloris était bien loin, et le jeune Gryffondor regardait son bourreau, résigné- mais pas suppliant ; jamais il ne lui demanderait grâce, il se le jura.
Il guettait le moindre mouvement, se demandant vaguement à quelle heure Ombrage les enverrait chercher, et si elle avait donné carte blanche à Bower pour s'occuper d'eux avant leur jugement. Certainement ; n'avait-elle pas parlé d'un avenir "sombre et douloureux" ? ça ne faisait que commencer...
Bower bougea enfin, et William serra les dents. Il ignorait ce que l'autre lui réservait, mais son regard concentré l'inquiétait au plus haut point...

Non. Un non de la tête. Mais à présent, William n'avait plus ce défi dans le regard, il avait abandonné le courage qui était censé caractériser les Gryffondors... Le courage. Le mot même dégoutait Ultan. Utiliser la ruse, être fourbe, c'était tellement plus jouissif, mais surtout plus efficace. Dans une telle situation, il n'y en avait pas besoin. Le Serpentard n'avait aucun obstacle. Rien ne pouvait l'empêcher de torturer sa victime. Immobile, il contemplait, de sa hauteur, le Préfet, torse nu comme lui, marqué sur la poitrine, les joues ensanglantées.

Après ce moment où il avait pu sentir l'appréhension, cet instant durant lequel William avait dû cogiter sur ce qui allait lui arriver ensuite, sur les nouveaux sévices qu'il allait subir. Ultan leva sa baguette et fit un pas en avant. Mais à ce moment, la petite rouquine se fit entendre. Il ne réagit pas vraiment aux mots prononcés, il savait qu'il pouvait tranquillement laisser glisser les insultes. Il se retourna simplement pour la faire taire. Le silence était encore plus propice à la douleur, pour faire souffrir un être sans défense... Mais à sa surprise, il se passa quelque chose qu'il n'attendait pas. La première chose qu'il vit, ce fut une chaussure, qui vint l'atteindre violemment à l'épaule, semelle en avant. La marque de ladite semelle était bien visible à l'endroit où il avait été touché. Ultan regarda la zone rougie, puis leva les yeux vers Page. Cette fille minuscule avait de la ressource. Courage ou témérité ?

"Et bien, tu es une vraie teigne, toi."

Ultan la regarda de haute pendant quelques secondes, une expression neutre sur le visage. Puis il se détourna d'elle et ramassa le projectile de la petite lionne par les lacets. Et il s'en servit comme d'une nouvelle arme. Celle-ci tombait à pic. Il frappa Will à la tempe, le faisant chuter. Puis il enchaîna cinq coups sur la peau nue du Gryffondor. Voilà qui ferait de beaux bleus.

"Tu vois, ta copine m'aide, finalement." souffla Ultan en s'agenouillant près du Rouge et Or.

Il glissa la dague entre la ceinture et la peau et tira un coup sec.

"Oups."

Le pantalon avait été déchiré en même temps que la ceinture, nettement sectionnée. Le Vert et Argent attrapa, d'une main, William à la gorge et le remit sur pieds, contre le mur. Il agita sa baguette et des chaînes semblables à celle qui retenaient Page attachèrent le roux. Sans lui accorder un regard, Ultan retourna vers Page.

"C'est à toi, il me semble."

Il frappa la Première Année au visage avec sa propre chaussure, avant de jeter la pseudo-arme dans un coin. Et une nouvelle fois, son entière attention revint sur William.

"Alors Craig, la suite des événements ?"

Ultan s'approchait donc de William. Le Gryffondor était bien beau, comme ça. Torse nu, des marques rouges, qui bleuiraient bientôt, aux endroits où les coups avaient plu, du sang sur le visage et deux belles entailles sur la poitrine. Le Serpentard ne pouvait que sourire devant ce spectacle. La petite Gryffondor n'avait pas l'air d'être de cet avis, elle décida apparemment d'abandonner totalement. Un choix intelligent, mais un peu tardif. Ca avait été peine perdue depuis le début, elle avait simplement gâché des forces, tout cela pour récolter une claque avec sa propre chaussure.

Le grand brun avait l'intention de sussurer d'ultimes bonnes paroles à l'oreille de sa victime avant de porter les derniers coups. Et tout comme Page l'avait étonné, Will se montra tout aussi surprenant. Il lui restait de la ressource, et avec le peu de force qu'il avait pu réunir, le Gryffondor balança ses pieds en avant. Le Vert et Argent eut le réflexe de reculer. Mais également celui d'attraper le pied du Rouge et Or. Et il resta dans cette position pendant quelques secondes, alors que les chaînes meurtrissaient encore plus la chair du rouquin.

"Que crois-tu ? Que tu peux tenter quelque chose ?" demanda-t-il, en secouant la tête.

Sa prise se fit plus ferme sur le tissu du pantalon qui ne tenait plus qu'à un fil sur les hanches du lionceau. De l'autre main, il fit pareil avec le second pied et tira. Il laissa tomber le pantalon sur le tas de cendres et ralluma le feu. William était reparti en arrière et avait dû violemment heurté le mur... Tant pis. A présent, il n'était réellement pas beau à voir.

"Finissons-en." lâcha Ultan, alors que le fil de lumière verte réapparaissait à l'extrémité de sa baguette.

En finir... Non pas le tuer, simplement mettre fin, en beauté, à cette séance de torture. Alors, le Serpentard se sentirait vraiment vengé. Même si jusque là, n'importe qui aurait trouvé que William avait du retard à rattraper niveau vengeance.

"Tu peux crier, si tu veux." dit-il, sur un ton faussement miséricordieux.

Et les coups se mirent à pleuvoir, une nouvelle fois. Ultan se moquait des zones qu'il touchait. Il décrocha même quelques éclats du mur. Et, chose à laquelle il s'était attendue, William se mit à crier. La douleur, la souffrance. Des hurlements inhumains. Ultan espaça les coups, qui se firent plus légers. Lorsque le Gryffondor cessa de s'égosiller pour reprendre son souffle -avait-il terminé, ou bien était-ce une pause ?- le Serpentard leva le fouet de nouveau, pour frapper plus fort. Mais un déclic se fit entendre derrière lui.

Alors que la porte s'ouvrait, le fil de lumière disparut. Ultan s'écarta de William et se plaça face au nouvel entrant. Severus Rogue, son directeur de maison. Il n'avait aucune appréhension, mais se demandait ce qu'allait dire le professeur de Potions devant la situation présente : une fillette de Gryffondor qui paraissait avoir défailli, accrochée au mur ; le Préfet de cette même maison enchaîné en face, ne portant que son boxer, chaque parcelle de son corps visible semblant avoir servi de piste de danse ; et un élève de sa propre maison, réputé pour son caractère difficile, torse nu, portant une marque rouge, bien visible, au niveau de l'épaule. Au sol, l'avant-dernier vêtement de William achevait de se consumer.

"Bonjour professeur. Comment vous portez-vous, en cette heure matinale ?" demanda Ultan, sur un ton presque trop léger, au vu de la situation.

Il avait l'intention d'expliquer, ce qu'il ferait si Rogue le lui demandait.

La fin de l’année approchait à grands pas et quelque chose disait à Severus que Ombrage ne resterait pas ce qui voulait dire qu’il pouvait tenter une nouvelle fois d’obtenir le poste de défense contre les forces du mal, promotion à laquelle il rêvait depuis de très nombreuses années et que le directeur n’avait jamais voulut satisfaire, préférant prendre des professeurs complètement incompétents.

Severus avait décidé de passer sa soirée à corriger les dernières copies qu’il lui restait et qu’il rendrait aux élèves de troisième année demain, pour leur dernier cours. A la vue des résultats Rogue eut un sourire et se dit qu’il faudrait vraiment un miracle pour que l’un d’entre eux décroche ne serait-ce qu’un acceptable aux examens de fin d’année.

*Ces cornichons, tous pareils !*

Il continua à aligner de grands traits rouges sur les copies lorsqu’un bruit de porte grinçante se fit entendre. Rogue tendit son oreille fine, cela venait de la porte du cachot qu’il y avait juste en face de son bureau. Il n’entendit d’abord rien et décida de se lever. Il se dirigea vers la porte de son bureau, l’ouvrit à la volée et y découvrit un couloir vide. Le maître des potions haussa les sourcils, il était certains d’avoir entendu des voix quelques instants auparavant.

« Ce n’est pas drôle Peeves ! » aboya le professeur.

Il se retourna, fit claquer la porte et continua ses corrections. Un quart d’heure plus tard il avait enfin fini, les dernières copies de l’année, enfin ! Il les rangea dans sa serviette et se dirigea vers la petite pièce attenante à son bureau et qui lui servait de chambre. Il tira les rideaux et s’allongea sur son lit au moment où un cri se fit entendre. Un cri remplit de souffrance. Le maître des potions bondit hors du lit et tira sa baguette magique. Il sortit dans le couloir, presque sûr que le bruit venait de la porte du cachot en face de son bureau.

Il donna alors un coup de pied dans celle-ci qui s’ouvrit à la volée.

« Lumos ! »

Le bout de sa baguette magique projeta alors un rayon et Rogue ouvrit une nouvelle fois des grands yeux. McHenry se tenait suspendue au mur par des chaînes, Craig était en caleçon au milieu de la piège et avait l’air sacrément amoché et Bower était torse nu, une marque rouge sur l’épaule. Le Serpentard commença à lui parler sur un ton tout à fait naturel mais Rogue le fusilla du regard, ce qui était très rare. Visiblement il n’avait pas envie de plaisanter. Il se dirigea vers les murs et éclaira es vieilles torches. Il se tourna ensuite vers McHenry et la défit de ses chaînes et la laissa s’écrouler au sol. Il se tourna aussi vers Craig.

« Qui peut m’expliquer ce qui s’est passé ici ? Visiblement Bower vous allez avoir de graves ennuis… Mais qu’est-ce qu’il vous a pris ?? Vous vous rendez compte de ce que vous risquez si un de mes collègue l’apprend ? L’EXPULSION ! »

Il avait prononcé le dernier mot avec force, laissant échapper un postillon de sa bouche.

L'arrivée de Rogue marquait visiblement la fin de la séance de torture. Ultan laissa le professeur de potions analyser la situation. Intérieurement, il lui restait de l'excitation. Mais il se disait aussi que son directeur de Maison pouvait être vache, sur ce coup. A moins d'explications claires. L'homme aux cheveux gras défit les chaînes de Page, avant de se tourner vers Will et demander, enfin, ce qui se passait ici. Le dernier mot résonna dans le cachot. Expulsion. Le Serpentard visualisa la situation. S'il était viré de Poudlard, son père serait mécontent. Mais lui-même n'avait plus qu'une année à faire, et rien ne le retenait réellement ici. La seule chose qu'il aurait pu regretter de n'avoir pas faite, c'était se venger de Craig. Et il se trouvait qu'il venait juste de le faire.

Ultan regarda à son tour William. Vrai qu'il était dans un piteux état. Mais apparemment, ça n'était pas le Rouge et Or, ni sa camarade, qui répondrait à la question. Le Vert et Argent soupira, puis il répondit lui-même :

"Ces deux élèves font partie des BR, le groupe secret qui a fait suer la nouvelle directrice sa BI pendant toute l'année. Ils ont été capturés cette nuit et Ombrage m'a dit de les amener ici, en attendant le conseil qui va les juger."

Il avait parlé d'une voix très calme, sûre. Les risques qu'il encouraient étaient faibles, du moins d'après ce qu'il pouvait en juger.

"Elle ne m'a pas donné de consigne particulière, et ils ne se sont pas montrés coopératifs."

Ces dernières paroles étaient fausses, mais il n'allait tout de même pas avouer qu'il avait eu un compte à régler avec William et que ce compte était devenu largement bénéficiaire. Ultan, sans geste brusque, pointa sa baguette sur sa chemise, qui vint à lui, et l'enfila, toujours sans la fermer.

"Le mieux serait de les laisser ici, puisque c'est un ordre de la Directrice."

Et Rogue, même s'il n'approuvait pas Ombrage, n'avait certainement pas envie de désobéir à un ordre direct des plus hautes autorités du château.

"Si vous souhaitez me punir, ou quoi que ce soit, je suis prêt à vous suivre, Professeur."

Après tout, il était en tort aussi. Mais les derniers instants qu'il venait de vivre resteraient tellement gravés dans sa mémoire que tout ce qui pouvait lui arriver maintenant ne changeait rien. Il était content de lui. Il tendit sa baguette, manche vers Rogue, à ce dernier.

[HJ Que tu la prennes ou non, quoi que tu fasses, ce devrait être mon dernier post. Quoi qu'il arrive, je quitterai le cachot^^]