« Miss McLane ! Miss MacLane ! Réveillez vous ! »

Précieuse s’emmitoufla davantage sous ses couvertures de sorte que seules quelques mèches blondes restaient visibles de l’extérieur. Qui avait assez d’audace pour oser venir la réveiller en pleine nuit ! Ce chenapan serait pendu à l’aube pour un tel sacrilège. Qu’il aille se faire foutre.

« Miss McLane ! Je suis vraiment désolé mais c’est vous qui m’avez demandé de vous réveiller si… »

Précieuse se réveilla en sursaut et balança la couette sur le côté. Tout lui était revenu en un instant. Suite à la dernière attaque des BR, elle avait demandé à 3 élèves de première année de Serpentard de faire les rondes nocturnes à sa place et de la prévenir en cas d’évènement suspects, en échange d'une compensation financière. En effet, Précieuse ne comptait pas louper ses nuits à cause de ces satanés BR, d’autant plus qu’elle avait entendu dire que c’était mauvais pour le teint.

« Où sont-ils ? Réponds vite ! »

« Euh… vers le panneau d’affichage des décrets. »

Chaussant la première paire de chaussure qui lui tomba sous la main (des escarpins à talons hauts en cuir), elle attrapa sa baguette et un pull et fila vers la sortie de son dortoir. Après avoir traversé sa salle commune vêtue de sa nuisette blanche en velours, elle couru du mieux qu’elle pu dans le couloir près des cachots. Même si l’été approchait à grands pas, la température des sous-sols continuait de rester glaciale. La baguette à la main, Précieuse baissa la cadence dans le couloir qu’elle emprunta après avoir escalader les escaliers qui menaient aux étages. Même si le temps pressait, elle devait se montrer silencieuse pour ne pas se faire repérer. Malheureusement ses talons continuaient de provoquer une petite vibration à chaque pas qui la rapprochait des mystérieux attaquants.

*Ce soir je les aurais*

Quand enfin elle tourna dans le couloir qui menait au panneau d’affichage, Précieuse retint sa respiration. Ils étaient là, à quelques mètres d’elle, en train de coller je-ne-sais quoi sur le panneau. La blonde eut tout d’abord envie de partir directement à l’assaut, mais elle se ravisa en jugeant qu’il était d’abord préférable de les observer. Ils étaient deux, un grand et l’autre petit. Les deux étaient minces. La personne la plus petite faisait des mouvements vifs ce qui pouvait rappeler l’hyperactivité de Lucy ou de Page. Quand à l’autre personne, Précieuse n’arrivait pas à savoir si c’était un garçon ou une fille. Ces salopards étaient vêtus de noir et leurs visages restaient cachés dans la pénombre, ce qui ne permettait pas de les identifier.

*Retournez vous… que je vois vos visages*

Alors qu’elle hésitait à leur lancer un sort de stupéfiction, elle comprit qu’ils étaient sur le point de mettre les voiles. Elle n’avait donc pas le temps de lancer un sort, elle devait partir à l’assaut comme n’importe quel guerrier. C’était donc maintenant ou jamais qu’elle pourrait les attraper et devenir la star de l’école. Quoique à bien y réfléchir, elle l’était déjà. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait été élue Reine du Bal. Mais devenir une héroïne de guerre, c’était encore plus valorisant.

Prenant son courage à deux mains, Précieuse brandit sa baguette en avant et couru le plus vite qu’elle pu dans leur direction, ses talons provoquant un bruit assourdissant.

« Ne bougez pas où je vous réduis en paté en croûte !!! »

Alors que Précieuse se rapprochait de sa cible, sa nuisette volant à chacun de ses pas, elle eut juste le temps de voir qu’un des deux voyous l’avait repéré. Elle tenta de réagir le plus vite possible mais son ennemi fut plus rapide. Le sortilège la figea sur place, la faisant entrer dans un profond coma.

……

« Hein ? Quoi ? Que se passe-t-il ? » déclara Précieuse en se relevant et en constatant avec horreur qu’elle se trouvait en nuisette dans un couloir. Elle avait l’impression d’avoir fait un long cauchemar où elle se faisait attaquer par des brigands à mèches rousses hurlant d’une voix familière. Etrange.

Elle discerna alors la silhouette de Pansy Parkinson juste devant elle, sa baguette encore à la main. Puis mécaniquement son regard se tourna vers le panneau d’affichage des décrets et elle se rappela de tous les évènements qui venaient de se dérouler. Elle avait été réveillée en plein milieu de la nuit pour aller attraper ces satanés BR qui ne cessait de leur échapper. Et comme une imbécile, elle s’était faite stupéfixer ! Conneries !

Le son d’un corps qui tombe l’interpella. Pansy semblait en avoir touché un ! Retrouvant son courage et sa force, Précieuse abandonna sa camarade qui semblait ne pas vouloir continuer plus loin. Ce n’était pas plus mal, elle voulait aussi son quart d’heure de gloire. Courant le plus vite qu’elle pu, elle arriva alors devant la personne inanimée qui se trouvait à ses pieds. Comme les deux brigadiers étaient vêtus de capuche, elle ne savait toujours pas de qui il s’agissait. Elle s’accroupit alors et laissa glisser du bout des ongles la capuche avant de laisser échapper un petit cri.

« Je le savais ! Je le savais ! Merde ! »

Des bruits de pas au fond du couloir l’interpellèrent. Elle devait faire vite si elle voulait tenter d’atrraper le suivant. Précieuse fit une grimace en regardant Page inanimée et ne put s’empêcher de lui piquer sa baguette de ses mains et de la jeter avec force contre le mur le plus proche. Même si cet acte inutile lui avait perdre quelques secondes, elle se sentait à présent revigorée et prête à rattraper sa prochaine cible dont elle ignorait encore l’identité.

Elle s’élança une fois de plus dans le couloir qui s’avançait devant elle. Après quelque pas et enchainements de couloir, il lui sembla qu’elle avait perdu la trace de l’intrépide fugitif. Mais instinctivement, elle se dirigea vers l’escalier qui menait vers la tour de Gryffondor. Le mystérieux complice de Page avait de forte chance d’être de la même maison que la rouquine. Elle entendit alors des bruits de pas dans les escaliers et continua de monter les marches, ne sachant pas exactement où il allait aller. Le problème était que la blonde ne connaissait pas l’emplacement exact de la salle commune des Gryffondors.

Elle était tellement épuisée d’avoir trop couru qu’elle jugea utile d’alerter une fois de plus le château, même si elle continuait d’avancer.

« BLOQUEZ L’ENTREE DE LA SALLE COMMUNE ET DU DORTOIR DE GRYFFONDOR !!!!! VITE !!! »

Si le reste du château réagissait vite, elle aurait peut-être l’occasion de pouvoir coincer le dernier fugitif.

Un bruit infime, étouffé. Une gémissement dans le sommeil. Un bruit un peu plus fort. Un autre gémissement. Puis le martèlement, pourtant peu audible par qui que ce soit d'endormi, de quelque chose contre le sol de la salle commune. Ce bruit, c'était Précieuse McLane, jeune fille de Serpentard, qui courait en talons. Et ce bruit avait réveillé Ultan.

Pas que le Sixième Année avait le sommeil léger, mais il avait chaud, et il n'était donc qu'à moitié dans les bras de Morphée. Il se redressa, se demandant ce qu'il pouvait bien se passer. Puis il décida d'aller voir. Il dormait uniquement vêtu d'un boxer noir, et c'est dans cette tenue qu'il se rendit dans la salle commune de sa maison. Il avait pris sa baguette et la pointa sur une bougie, accrochée au mur. Une faible lueur éclaira la vaste pièce. Un élève de Première Année s'était figé.

Ultan, de sa main libre, dégagea une mèche de son visage. Il était beau et le savait, pas mal de filles étaient amoureuses de lui. Le Première Année demeura immobile et muet, intimidé par la présence d'un jeune homme qui faisait quelques têtes de plus que lui et laissa voir sa musculature.

"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda finalement Ultan.

L'élève parut hésiter. Mais mieux valait coopérer avec le Bower, où il aurait à le regretter.

"C'est... Y a des élèves dans les couloirs... Miss McLane est allée s'en occuper..."

"Des élèves ?"

"Les... les BR, je crois..."

Les BR... Fameuse organisation secrète... Ombrage avait tout mis en oeuvre pour que le groupuscule tombe. Peut-être en était-ce la fin ?

"Retourne te pieuter."

L'élève obéit instantanément. Ultan bailla puis retourna à son dortoir. Il enfila un pantalon noir et une chemise blanche, qu'il ne prit pas la peine de fermer, et quitta la salle commune de Serpentard, pieds nus, baguette à la main.

Il gravit en silence les marches pour arriver au rez-de-chaussée et entendit résonner un nombre plutôt important de Stupéfix, prononcés par la douce voix de Pansy Parkinson... Il alla donc par là, visiblement, c'était l'endroit où les décrets étaient affichés. Il était plus curieux qu'autre chose, du moins, pour le moment. Puis ce fut la voix de Précieuse, qui hurlait d'empêcher l'accès à la salle commune de Gryffondor...

Le Bower pressa le pas. Soudain, alors qu'il débouchait à l'extrémité d'un couloir en T, il vit passer devant lui une silhouette noire. Celle-ci courait si vite que le Serpentard n'eut pas le temps de voir qui c'était. Il se mit donc à le suivre, jusqu'à ce que ce soit cette fois la voix d'Ombrage qui se fasse entendre. La directrice...

Oubliant complètement qu'il n'était pas dans un uniforme réglementaire (pas de robe, pieds nus, chemise complètement ouverte), il se plaça derrière William. Une chevelure rousse.

"Bonjour, Madame Ombrage." salua-t-il, poliment.

Tel qu'il était placé, le Gryffondor n'avait aucun moyen de s'en sortir.

"Tiens, salut, Craig." dit-il ensuite, un rictus mauvais apparaissant sur son visage.

Puis il fit tourner sa baguette entre ses doigts.

"Avez-vous besoin d'une quelconque aide, Madame ? Je suis à votre entière disposition."

Il ne faisait pas partie de la BI, ça lui aurait donné trop d'obligations, mais il était à présent dans une situation que seul un membre de la Brigade aurait pu connaître. Il se sentait presque privilégié, avec William devant lui, à sa merci.

"Allez, donne ta baguette. Au point où tu en es, ta situation ne peut qu'empirer."

Intérieurement, il jubilait. L'année précédente, Ultan avait brisé la baguette du Rouge et Or, mais malheuremement, Maugrey s'était pointé. Et depuis, Ultan cherchait un moyen de pouvoir se payer Will sans qu'aucune aide extérieure ne lui soit apportée.

Probablement poussée par la rage d’avoir été stupefixée, Précieuse lui passa devant en courant pour aller voir qui avait été touché par les sorts de Pansy. Elle savait que Précieuse avait pas mal subit les attaques BR pendant l’année ce qui justifiait son envie de les attraper coute que coute, bien plus que Pansy elle même. Elle accéléra tout de même le rythme de ses pas et arriva à la hauteur de la silhouette qu’elle avait touchée. Précieuse venait de partir en courant probablement à la poursuite des autres.

Elle regarda qui était par terre, c’était une petite rousse de première ou deuxième année maximum. Elle fit une petite moue, quelque peu déçue que son moment de bravoure n’ait servit qu’à attraper une fille bien plus petite et inexpérimentée qu’elle. Quel gloire pouvait-elle tirer d’avoir stupefixé ça. Elle bougonna toute seule en allant récupérer à terre la baguette jetée peu avant par Précieuse et du se consoler en se disant que c’était quand même une belle prise aux yeux d’Ombrage qu’un membre des si détestés BR.

L’envie de la laisser inerte au sol la titillait fortement mais elle savait que le sort n’était pas éternel et qu’il fallait aller rejoindre Ombrage sans perdre le gibier au passage. A contre cœur, elle pointa donc sa baguette en direction du corps à ses pieds et prononça de façon las :

« Finite Incatatem »

Ne voulant pas laisser le temps à la petite rousse de reprendre ses esprits tranquillement, elle la tira par le bout de la capuche pour la mettre debout puis se mit derrière elle avant de la pousser par des petits coups de baguette dans le dos.

« Avance ! Et si tu tente quelque chose pour t’échapper c’est bien plus qu’un stupefix que je vais te lancer»

Elle la poussa ainsi dans la direction des cris qu’elle avait entendus plus tôt, poussés par Précieuse qui semblait en avoir rattrapé un autre. Elle n’avait vu que deux silhouettes mais rien ne disait que les BR n’étaient que deux. Enfin au moins à présent ils en avaient deux à faire parler.

Elle continua de suivre les voix qu’elle entendait jusqu’à se retrouver dans le couloir où se trouvaient Ombrage, Précieuse, un autre BR et Ultan Bower, un élève de sa maison d’un an son ainé. Ils avaient du réveiller tout le château avec tout le boucan qu’ils avaient fait même si peu avaient du oser s’aventurer en dehors de leur salle commune. L’autre BR était donc le préfet de Gryffondor, pourquoi ne l’avait-elle pas touché lui ? Cela faisait plus d’effet d’arrêter un garçon préfet qu’une petite gamine. Il était dans la position du rendu, mains en l’air, baguette à terre. Pansy poussa la rouquine vers William. Elle leva le menton avant de dire :

« Voilà l’autre. Je crois que c’est les seuls qui étaient sortis ce soir. »

Elle tenait toujours les deux baguettes, une dans chaque main. Les BR étaient dévoilés, désarmés et encerclés de trois Serpentard et Ombrage. Restait à savoir si leur sort serait décidé au sein de ce petit cercle ou s’ils allaient avoir un droit de défense. Elle espérait que ce serait la seconde solution, ayant toujours rêvé participer à une exécution. C’était évidemment mal parti pour eux et il n’y avait pas grand-chose qu’ils pourraient trouver à dire pour se sortir de là. Elle les regarda de haut avec un petit sourire malicieux, contente de faire partie de ceux qui les poussaient dans une chute qu'elle prévoyait brutale et douloureuse.

Aouch ! Le stupéfix, c'était quand même bien plus drôle dans les coussins moelleux de la salle sur demande. En l'occurrence, les couloirs du château était bien moins accueillants. Telles furent les premières pensées d'une Page complètement déboussolée qui venait de se réveiller.

Pour se retrouver face à une Serpentarde bien plus âgée qu'elle, qu'elle avait déjà vu traîner avec Malefoy et sa bande. Encore un peu groggy, la petite rousse n'offrit aucune résistance lorsque Pansy la releva en tirant sur sa capuche.

La fillette jeta un regard noir à la brigadière mais ne tenta rien d'inconscient. Elle entendait des voix au bout du couloir et elle savait qu'au moins Précieuse trainait dans les parages. En plus, c'était l'autre nunuche derrière elle qi avait sa baguette. Page était faite comme un rat. Comme dans un cauchemar, elle se laissa guider par la Vipère vers le bout du couloir. Elle devait rêver. C'était obligé. Et elle allait se réveiller, il serait tout juste l'heure de se lever pour aller placarder leurs magnifiques affiches par dessus les décret Ombragiens. Mais les courbatures qu'elle ressentait déjà après sa chute semblaient vraiment convaincantes. Elle se pinça, dans le doute, avec le vain espoir de se réveiller, mais rien n'y fit. Ils étaient cuits. A entendre les intonations des voix dont ils s'approchaient, Will avait dû être pris lui aussi. Page espérait seulement que ce n'était pas pour elle qu'il avait pris du retard dans sa fuite au point de se faire attraper.
Elle avait stupidement pris un Stupéfix en pleine poire, et elle espérait que son complice ne s'était pas arrêté pour elle, et qu'il avait tout fait pour s'en sortir.

Ils arrivèrent enfin auprès du petit groupe qui s'était formé. Voir Will ainsi maitrisé et résigné lui fit un choc terrible. Elle réalisa enfin qu'ils avaient été capturés. Après toutes leurs actions téméraires, voilà que les BR s'étaient fait attraper par Ombrage et ses sbires.

Mais maintenant que c'était fait, elle n'avait plus peur. Elle était résignée. Ils s'étaient imaginé de nombreuses fois cette situation. Pour sûr qu'ils n'auraient jamais pu deviner la façon dont cela s'était finalement passé, mais ils y avaient tellement pensé qu'ils étaient prêts.

La petite rousse aurait bien le temps d'avoir peur plus tard, lorsqu'ils attendraient leur sentence. Pour l'instant, elle était juste fatiguée. Elle n'avait pas même l'énergie de fanfaronner devant Précieuse. Son regard se posa sur la blonde, puis sur un garçon qu'elle ne connaissait pas mais qui lui sembla antipathique dès le premier regard, et enfin sur la rosâtre, qu'elle dévisagea longuement.

*Regarde Crapaud, regarde bien. C'est CA qui t'a tenu tête pendant tant de mois !*

Un sourire insolent parvint à se former sur son visage. Elle ne regrettait rien.

Ultan, en apparence, était tout à fait calme et détendu. Seul son sourire mauvais laissait en partie savoir ce qui se passait à l'intérieur. Car en effet, une excitation, une jubilation, même, étaient nées en lui. Et il s'efforçait de n'en rien dévoiler, pas devant la nouvelle directrice. William devait par contre bien sentir ce bouillonnement. Le Serpentard pointa sa baguette sur celle du Gryffondor, qui avait finalement obtempéré et laissé tomber l'objet. De toute manière, il n'avait pas eu le choix, à moins de préférer se frotter à deux sorciers plus expérimentés que lui. Un "accio" informulé permit à Ultan de récupérer la nouvelle baguette de Will.

Il l'observa quelques secondes, se rappelant de la précédente, qu'il avait brisée. Là, il aurait pu recommencer, mais Ombrage n'aurait peut-être pas apprécié... Pas qu'il en ait peur, mais on ne savait jamais. Arrivèrent alors Pansy Parkinson et Précieuse McLane, escortant une fille que le Bower n'avait jamais vue. Elle devait être en Première Année, puisque sa taille lui aurait permis d'entrer dans une des poches de Hagrid...

Brigades Rousses... Le regard d'Ultan passa d'une tête à l'autre. Comment la BI n'avait-elle pas pu faire le lien durant tout ce temps ? Il secoua la tête mais se retint de faire une remarque. Puis la Grande Inquisitrice répondit à l'aîné des Serpentards présents. Il devait les escorter dans un cachot en attendant qu'elle ait réuni de quoi les juger. Un conseil. Ils allaient donc être punis. Mais Ultan ne prêtait pas vraiment grand intérêt à ce conseil. Non, ce qui lui plaisait le plus, c'était le moment qui allait s'écouler entre temps...

"Bien sûr, Madame, soyez assurée qu'ils ne m'échapperont pas."

Il ne précisa pas, bien évidemment, qu'il avait un compte à régler avec Craig, et donc qu'il se ferait une joie de le préparer pour le conseil... Une fois Ombrage partie, Ultan agita sa baguette. Des cordes en jaillirent et vinrent lier les mains des deux Gryffondors. Il glissa celle de William dans une poche et attrapa les extrémités des liens.

"Mesdemoiselles, beau travail." dit-il à ses deux camarades de la maison des Verts et Argent.

Puis son entière attention fut accordée aux Gryffondors. Il leur indiqua le chemin à suivre.

"Maintenant, à nous."

Et le cortège se mit en marche, Ultan gardant le bras tenant sa baguette le long du corps. Ayant les mains attachées dans le dos, les deux lionceaux n'avaient pas intérêt à tenter quoi que ce soit. Tout ce petit monde prit la direction des cachots. Le brun, par ses quelques virées dans cette zone du château, avait trouvé l'endroit parfait. Un endroit où personne n'entendrait les cris...

Précieuse s’essoufflait de plus en plus à force de monter les escaliers. Elle était contrainte de s’agripper à la rampe pour avancer. Elle qui était habituée à un rythme de croisière, cela la changeait ! Chaque pas lui faisait un peu plus mal dans les mollets mais son envie d’attraper celui qui l’avait élue « Fayot d’Or » était encore plus forte. Des bruits de pas pressés se firent entendre dans les étages supérieurs. Son cri de désespoir avait dû produire l’effet attendu. Puis soudain ce fut le son d’un corps qui tombe qui l’interpella. Comme les bruits caractéristiques des pas du fuyard venaient de s’interrompre, Précieuse devina que le fugitif venait de s’effondrer sur le sol. Elle accéléra un peu plus la cadence, usant dans ses maigres réserves d’énergie. Cependant, quelques secondes plus tard, les bruits de pas reprirent. Son ennemi venait de filer à nouveau. Finalement, Précieuse entendit un véritable remue-ménage juste au dessus de sa tête. Un élève avait peut-être réussi à interrompre l’élève mystérieux ?

Au prix d’un effort insurmontable, Précieuse parvint à l’étage voulu. Et là quelle ne fut pas sa surprise de voir une crinière rousse face à la grosse dondon. C’était donc ce satané Craig ! Et dire qu’elle l’avait déclaré non coupable ! Quand elle l’avait interrogé dans son bureau, elle le tenait ! Elle aurait pu le mener direct au pénitencier ! La blonde s’approcha des deux individus qui s’observaient dans le blanc des yeux et constata qu’un élève de Serpentard beaucoup plus âgé qu’elle se tenait à leur côté. Précieuse fut soulagée de voir qu’elle n’était pas la seule à se balader en tenue audacieuse devant un professeur.

De nouveaux bruits de pas venant de l’escalier se firent entendre. Quelques instants plus tard, Pansy fit son apparition, la baguette pointée dans le dos de la vile lionçonne. Précieuse souffla un grand coup et tenta d’imprimer cette vision merveilleuse dans sa tête. Que c’était bon de voir ses deux ennemis pris la main dans le sac ! Ils étaient fichus, c’était évident. La brigade avait gagné. Elle eut envie de rappeler à Page que la petite victoire qu’elle avait eu dans le bureau d’Ombrage n’était rien comparé à la guerre que Précieuse et ses compères venaient de gagner. Cependant, en brave fille obéissante, elle ne fit rien. Ombrage était occupée à distribuer les châtiments, elle ne devait pas la déranger.

Quand Ombrage ordonna à Ultan d’embarquer les deux coupables vers les cachots, Précieuse réalisa alors que c’était peut-être la dernière fois qu’elle les verrait. Vu ce qu’ils venaient d’accomplir, la dondon ne les laisserait jamais revenir à Poudlard. Même si c’était difficile à admettre, Précieuse étaient assez triste de s’imaginer une année sans eux. Elle allait s’ennuyer l’année prochaine sans personne à pourchasser ou à martyriser. Et il fallait bien avouer que ces deux là avaient un sacré tempérament. Et aussi un sacré courage. La blonde savait bien qu’elle n’aurait jamais osé faire la moitié de ce qu’ils avaient entrepris.

Alors qu’ils s’éloignaient de plus en plus, Précieuse réalisa qu’il y avait encore une zone d’ombre dans cette histoire. Il fallait qu’elle comble sa curiosité avant qu’il ne soit trop tard.

« Hey ! Page ! Will ! Qu’est ce que ça voulait dire BR ? » lança-t-elle d’une voix forte au deux Gryffondors.

Aucune réponse ne lui parvint. Avaient-ils entendu ? Résignée, Précieuse tourna les talons et se dirigea vers son dortoir pour finir sa nuit. Elle aurait pu crier à tout le château que les BR avaient été attrapés mais curieusement elle n’avait pas envie de faire la fête.