[ Ce n'est pas très grand, mais je ferai mieux la prochaine fois. Espérant que celui-ci te plaise ]

Une nuit sans Lune, sans lumière. Une nuit étrange à toutes les autres. Cela faisait bien longtemps que le jeune Ultan n’avait pas été plongé dans une telle pénombre. Il faisait tellement noir ce soir là, qu’il avait du mal à voir juste devant lui, marchant doucement de couloir en couloir vers la salle de bains. Qu’allait-il faire dans un tel endroit, à de telles heures ? Il ne le savait pas lui-même. Il était tout simplement sorti des cachots, lassé de rester dans l’humidité et l’ambiance froide de la salle commune des Serpents. Il utilisait souvent cette excuse d’ailleurs, pour un peu s’isoler des autres Verts et Argents.

Il n’était jamais venu dans la salle de bains des Préfets. Chose très étonnante quand on pense que ça faisait 5 ans qu’il était dans cet établissement, qu’il aimait tout connaître, tout voir et que c’était l'un des meilleurs endroits pour se retrouver en tête à tête avec lui même.

Habillé simplement d’un t-shirt noir et d’un pantalon aux couleurs de sa maison le jeune homme avançait, ne s’intéressant ni aux sculptures, ni aux armures se trouvant dans les couloirs.

De son regard acier, il parvint à repérer à une centaine de mètres plusieurs tableaux, les uns plus ou moins importants, et d'autres infimes. Il fit le premier pas, quittant les couloirs pour pénétrer enfin dans l’immense salle de bains. Endroit calme et sombre car seule la lumière des chandeliers se reflétaient sur l’eau. Ultan ne s'y sentait pas mal à l'aise, d'ailleurs, le calme qui émanait de l'endroit était même agréable. On entendait absolument rien, sinon le bruit de ses propres pas, et les quelques goûtes d’eau pas encore tombées dans la baignoire. C’était une situation peu commune, mais agréable.

Le jeune Serpent se déshabilla, prenant place dans la baignoire sentant la chaleur intense de l’eau parcourir son corps. Les yeux fermés, il ne percevait plus les décorations sur les murs. Il ne voyait plus les quelques lueurs que reflétaient les chandeliers placés non loin de là. Mais il avait toujours ce sentiment de bien être. Un sentiment qu’il n’avait jamais goûté auparavant. Et l'endroit était paisible, tellement paisible. Le corps d’ Ultan paraissait si léger, aussi léger que la plume d'un hippogryffe.

A cet instant précis, il se sentait plus fort que jamais. Et plus les jours avançaient, plus il laissait ses idées stupides et enfantines de côté pour se préoccuper de ce qui le ferait avancer dans la vie, ce qui le ferait devenir comme son père. Cependant, il était conscient qu'en entamant ces procédures complexes pour prédire et organiser son futur, il perdait du temps présent.

D’ailleurs, le présent, il ne savait que très peu ce que cela voulait dire. Surtout que depuis quelques jours, les heures passaient plus vite que les minutes, les secondes plus vite que les jours. Pourquoi ? Ultan l’ignorait. Mais c’était comme si Merlin était contre lui, et s’amusait à faire tourner le sablier du temps à ses dépends..

Dans tous les cas, maintenant, il profitait du silence et du calme. Silence, un mot si futile, utilisé plus souvent qu'il ne devrait car rares sont ceux ayant une pleine conscience de ce qu'il signifie…Pourquoi dit-on que les Serpentards sont silencieux et avides de sujets intéressants ? Tout simplement parce que ces gens là, n’ont pas pris le temps de les connaître. De bien les connaître. Car malgré les apparences, Ultan était un jeune homme très bavard quand il se sentait en confiance. D’ailleurs, le problème venait peut-être de là. Il ne faisait confiance qu’à lui-même. Sous prétexte que les autres étaient plus faibles et donc forcément moins fiables.

Sa chevelure vers l'arrière, les yeux toujours clos de délice, il entendit un bruit venant des pièces en dehors de la salle de bains, mais ne s'en souciant pas, d'abord parce qu'il était dans une école et qu'il était normal qu'il y ait des élèves et ensuite, plus simplement parcequ' il n'en avait pas envie. Puis, il entendit la porte s’ouvrir…

Le jeune homme resta sourd à ces manifestations de présence humaine qui, en temps normal, aurait déclenché son système d’alarme, lui faisant probablement ouvrir les yeux et lancer une quelconque réplique cinglante et meurtrière à cette intrusion dans Son monde, perçant Sa bulle. Mais aujourd’hui, différemment des autres jours, le jeune Serpentard resta silencieux bien que sur la défensive. Toujours les yeux fermés, il attendit impatiemment que la personne se présente.

Ce qui suivit l'évocation de cette fille, cette fille qu'Ultan avait considéré comme objet de son quotidien, un objet à utiliser à sa guise, fut un bien agréable moment. Sa nature ne l'avait jamais auparavant poussé à agir de la sorte... Il était plutôt du genre à repousser ou attaquer. Mais il avait seize ans, un âge où tout était certes permis, mais aussi auquel l'intérêt pour le sexe faible grandissait chaque jour...

Suite au baiser qu'avait donné le Serpentard à Narcissa, sa camarade de maison le lui rendit. Plus longuement, un peu plus violemment... Ce fut comme si l'incendie qui avait envahi le jeune homme s'était étendu jusque dans sa bouche, jusqu'au bout de ses lèvres... Elle l'avait mordillé. Et lui ne s'était pas reculé... Il avait simplement profité de cet instant que lui offrait la vie... et qui ajoutait à son bien-être...

Lorsqu'elle se recula, lorsqu'elle brisa ce lien qui les unissait, leurs bouches n'avaient plus fait qu'une, il resta quelques instants immobiles, le regard dans le vide... Puis ses yeux gris glissèrent lentement vers la silhouette de la jeune fille... Il passa sa langue sur ses lèvres, comme pour savourer encore le goût de celles de la vipère...

Ultan se rendit alors compte que son corps s'était raidi, il frissonna. Puis il remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Et il vint s'accouder au rebord du bassin, au plus près de Cissa. Il laissa alors aller sa tête vers l'arrière, sa chevelure ruisselante se balançant légèrement.

Il hésita à parler, et ne dit rien. Quelque fois, on pouvait se passer de mots pour exprimer certains sentiments. Redressant la tête, il passa délicatement sa main droite sur le dos de Narcissa. Qu'avait-il pu se passer pour qu'elle porte de telles marques ?

Toujours aussi doucement, le serpent se plaça devant elle et l'attira contre lui. Dès le premier regard posé sur cette apparition, il avait été séduit, touché en plein coeur... Lui qui longtemps avait cru que ce coeur était de pierre, insensible... Mais non, il y avait au sein même de Poudlard des raisons de le laisser s'épanouir. De se laisser s'épanouir...

"Comment ai-je pu ne pas te voir auparavant ?" lui murmura-t-il à l'oreille.

La question n'attendait pas vraiment de réponse. Il l'avait certainement déjà aperçue, mais ses propres sentiments n'étaient pas à ces moments-là les mêmes qu'à l'instant présent... Lynn, Aïlin... Tous les soucis avec eux, les ordres de leur père, il ne pouvait se permettre de dévier de ce chemin... Mais aujourd'hui, il avait tellement envie de vivre quelque chose d'autre.

Aucun mot ne pouvait sortir... Que dire à une fille, si belle, si séduisante, pourtant si... cruelle... Le genre d'Ultan ? Certainement, mais il ne connaissait pas les mots à lui sussurer, il ne savait comment signifier ce que son coeur le poussait à faire...

"Je..."

Ultan hésita, encore. Il éprouvait pour la première fois quelque chose d'aussi fort. Mais il ne pouvait se résoudre à le déclarer ainsi... Lui ? Dire "Je t'aime" ? Cela n'était pas lui... Et puis, si rapidement ? Etait-ce cela, ce que l'on appelait coup de foudre ? Il déposa ses mains sur les joues de Narcissa et planta son regard dans celui de la jeune fille... Il lui offrit un furtif baiser avant de dire, à voix basse.

"Je t'aime..."

Les mots étaient sortis, un poids venait de quitter son estomac... Mais un autre semblait être apparu, dans sa gorge. Il pensa à son père. Etait-ce normal, en un tel instant, magique, d'avoir des pensées naviguant vers lui, cet homme qui menait sa famille de la meilleure main et que lui, Ultan, son deuxième fils, tenait pour modèle ?

Il chassa l'image de Devin. Il y aurait d'autres moments pour se rappeler son devoir... Là, il était seul au monde, avec Narcissa, qui avait allumé une mèche dans son coeur... Et il ne pensa plus qu'à elle, qu'à eux, dans l'eau chaude, enlacés...

Non, il ne pouvait pas... Comment pouvait-il ainsi se laisser aller ? Il était Ultan Bower. Peut-être un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu, il se recula. Et nagea jusqu'à l'autre extrémité du bassin, auquel il s'accouda. Cela avait été trop vite pour lui, pour elle aussi peut-être, mais ça, c'était à elle de lui dire.

Il baissa la tête, et tenta de retrouver des pensées plus dignes de lui. Le pouvoir, la puissance, l'ambition et... tous les moyens pour y arriver. L'amour ne devait pas faire partie de sa vie, pas aussi vite, pas aussi soudainement... Mais, n'avait-il pas été séduit ?

Le regard toujours naviguant en des eaux troubles, Ultan ne prêtait plus attention à la jeune fille qui nageait dans le même bassin que lui... Ses pensées n'étaient plus tournées vers sa présence, mais sur son image, sur ce qu'elle était, comment il se la représentait. Et en vérité, il ne savait plus trop. Lorsqu'elle était arrivée, quelque chose d'irrepressible était né en lui, et il n'avait su contenir ce qui était plus que de l'intérêt. Il devenait un homme, et découvrait donc toutes les facettes de cette croissance, les découvertes qui en découlaient.

Si son père avait été présent, si Devin avait su ce qu'il venait de se passer, comment aurait-il réagi ? La situation était inédite, Ultan n'en avait donc aucune idée. Mais, Narcissa n'était-elle pas une jeune fille de Serpentard, qui semblait d'ailleurs partager plus d'un point de vue avec lui ? S'il ressentait cet amour, si soudain, si violent, c'était bien envers quelqu'un digne de le recevoir...

Le bruissement de l'eau lui parvint, elle s'approchait. La poursuite allait-elle durer éternellement ? Non, il n'avait plus l'intention de bouger. D'ailleurs, il ne leva la tête pour la regarder. De la honte ? Non, pas vraiment, quoiqu'une once avait pu se glisser dans ce mélange de sentiments éprouvés à cet instant par le fils Bower.

De l'incompréhension, surtout, devant ce qui était pour lui l'inconnu... A exécuter de près les voeux de son paternel, Ultan n'avait jamais pris de temps pour lui. Enfin, certainement un peu, mais pas au point de se découvrir un intérêt aussi puissant pour le sexe faible.

Mais aussi un certain plaisir. Car son regard avait glissé sur la silhouette bien dessinée de la jeune vipère, et il avait en lui distingué des mouvements étranges... Son coeur qui avait accéléré... Oui, elle avait eu un effet imprévu sur lui, et ça n'avait pas été pour lui déplaire.

Narcissa, qui l'avait rejoint, lui glissa quelques mots... Un fin sourire était apparu sur les lèvres du plus âgé des deux Serpentards . S'il avait été séduit par la beauté de la jeune fille, n'avait-elle, retour, pas été également séduite ? Les filles semblaient, pour certaines, incapables de résister à son charme naturel... Cette pensée, le beau Ultan, fit s'élargir son sourire. Il n'avait toujours pas levé la tête.

"Ton aura en déstabiliserait bon nombre..." murmura-t-il.

L'aîné des Bower encore présents à Poudlard se redressa alors pour se placer devant celle qui lui tenait compagnie dans l'eau chaude. Et il planta son regard au fond de l'océan de ses yeux. Si elle était une vipère, lui pouvait être un cobra. Et tous deux n'avaient pas craché leur venin. Entre élèves de la même maison, il aurait été déplacé de le faire, et l'alchimie qui paraissait s'être créée entre ses deux êtres jusque là inconnus l'un de l'autre s'y ajoutait. Et pourtant, il aurait pu sembler naturel qu'ils se testent, qu'ils voient jusqu'où l'autre résisterait.

"Sache seulement que si j'ai été, comme tu le dis, 'déstabilisé', j'en suis pour la majeure partie responsable."

Le sourire né quelques secondes plus tôt, et qui n'avait pas disparu, s'étira encore un peu plus. Il replaça en arrière une mèche humide qui faisait de l'ombre à son visage. Sans ciller, il demanda :

"Dis-moi... Tu es toujours si sûre de toi ?"

La question pouvait paraître étrange, et il s'attendait à ce que la réponse soit positive, cela aurait été logique. Mais quelque part, elle aurait aussi pu hésiter, rien que parce que cette question là lui avait été posée... Toujours en regardant Cissa dans les yeux, Ultan glissa lentement dans l'eau, jusqu'à ce que le niveau lui arrive au cou. Il savourait la douceur et la température du fluide, et, en même temps, réfléchissait... Pouvait-il tirer profit de cette relation ? Pouvait-il se permettre d'en entretenir... plusieurs ? Ultan, bourreau des coeurs...

Il se redressa, immergé jusqu'au dessus des hanches. Son sourire avait disparu, et ses iris n'avaient pas cillé. Il aurait pu de nouveau la détailler, mais les idées qui avaient germé dans son esprit machiavélique lui dictait de ne pas lâcher du regard le bleu des pupilles de la jeune fille...