(HJ Voilà le début, MP si cela ne te va pas Bises )

Avril 2000, vers la moitié du mois. Un mois, quatre semaines après le désastre du début du joli mois de Mars. Un mois qui avait commencé sur les chapeaux de roues avec le fiasco de la manifestation étudiante, du moins des partisans vers un rapprochement immédiat et "brutal" du monde sorcier et du monde moldu, menés par la pétillante Elena Pinkstone. Une manifestation qui s'était voulue pacifique et avait mal tournée à cause d'intervenants du spectacle, étudiants eux aussi, contre ce rapprochement ou simplement pour mettre le bazar, menés entre autres par Ann-Charlotte Doeringer et Gregory Malone. Bien que le rôle de ce dernier, son implication, fut bien plus complexe qu'à première vue, comme il l'avait apprit plus tard. Oh, on y avait bien vu de tout : des sortilèges plus ou moins gentils voler dans tous les sens, des bonbons et sucreries magiques, des balais voler dans les cieux, un tapis-volant, des farces et attrapes sorcières, une licorne totalement paniquée par tout cela et, cerise sur le gâteau, un authentique dragon voler dans les cieux en essayant de cramer les deux mouches humaines qui essayaient de le contenir de leur mieux. Et devinez quoi, il avait été aux meilleures loges pour assister au désastre...

Quand il y repensait, en ce premier jour de vacances et fort tôt dans la matinée, assis sur sa chaise de bureau et en face de ce dernier, cela le déprimait autant que cela ne l'exaspérait. Tomas n'avait pas l'air d'avoir la grande forme depuis, avait-il apprit quelque fâcheuse nouvelle concernant les clichés qu'il avait envoyé au ministère ? Il n'en savait rien, et n'avait pas vraiment le coeur à en parler, pas plus que son meilleur ami d'allemand. Quand à Lavande, n'en parlons même pas, question moral aussi après cela ce n'était pas la grande forme non plus. En même temps, bien qu'elle y participa de sa pleine volonté - et à sa grande exaspération à lui - c'était elle qui s'était prit un taser dans le dos, et faite malmenée par des gardes de la brigade moldue contre-terroriste avant qu'il ne puisse intervenir, débordé de son propre côté, traitée injustement comme une criminelle. Bien qu'il y eut fort peu de chance qu'il recroise un jour la route des responsables, il espérait pour eux comme pour lui que cela n'adviendrait jamais. L'étudiant avait fort mal digéré cela, tant par son impuissance que la violence des abrutis de service, et s'était montré très peu bavard sur le sujet. Bien entendu, il suivait la presse tant moldue que sorcière sur l'affaire, mais il ne voulait plus jamais entendre de politique, de la bouche de ses amis comme de ses camarades. Il avait donné, et bien assez. D'abord, il n'avait jamais voulu y participer, c'était juste pour garder un oeil sur Lavande et Tomas, comme dévoré à ce jour par un mauvais pressentiment qui s'était avéré exact au final. Les trois amis avaient préféré garder ce sujet sous silence, pour éviter quelques discussions épineuses tout à fait hors de propos. Bref. Personne n'en n'était revenu totalement indemne physiquement ou dans son estime, lui-même s'étant récolté une jolie estafilade de sa "danse" avec la licorne pour essayer de calmer cette dernière et quelques autres égratignures du vol endiablé avec Harry dans l'espoir de distraire le gros lézart géant et volant à écailles bleues et qui crachait du feu par moment dans les cieux de Londres. Heureusement, les miracles de la médecine magique avaient bientôt presque tout effacé de ces "cicatrices de guerre" !

Mais en dépit de tout cela, il était parvenu à garder sa bonne humeur perpétuelle, car il y avait ces échanges épistoliers intenses avec Lynn, quand cette dernière et lui étudiaient respectivement à Poudlard et l'UMA, l'une en Ecosse et lui en Angleterre. Il y avait aussi, plus précieux encore, ces jours où ils arrivaient à croiser leurs emplois du temps pour sortir, se revoir et... profiter l'un de l'autre. A sa plus grande joie, tout allait très bien entre eux depuis qu'ils sortaient ensemble - es dire depuis fin Février 2000 - et l'étudiant espérait sincèrement que cela puisse durer le plus longtemps possible, tiré vers l'éternité. Dès que Lynn était là... plus rien ne comptait, sauf elle. Jamais il n'avait ressenti cela avant, même avec Adler, il pouvait y mettre sa main au feu sans hésiter et craindre des représailles divines, puisque ce n'était pas un mensonge. Il aimait tout simplement, il était diablement amoureux de la jeune femme de septième année chez les sang et or, et à ce qu'il avait pu voir, c'était réciproque, et cela ne l'enchantait que davantage s'il était possible. D'ailleurs, il se montrait plus tolérant vis à vis de ses remarques sur les manies des couples, restant juste dans le registre de la taquinerie en ce qui concernait Lavande/Kael et Tomas/Maureen. On ne le changerait pas non plus entièrement ! Chacune de leurs retrouvailles étaient plus délicieuse, agréable, tendre et chaleureuse que la précédente, comme le jour était au beau fixe, et Alan guettait ces moments avec impatience, avide de prendre en direct des nouvelles de la demoiselle de ses pensées et juste de profiter de sa présence...

En tout cas, la manifestation, l'évolution de sa relation avec Lynn lui avaient fait prendre conscience d'un certain nombre de choses, en particulier l'urgence de laisser derrière lui ses habitudes passées, du moins les plus noires d'entre elles. Il continuait de mûrir, sûrement, et avait presque totalement arrêté ses enquêtes personnelles à risques en des lieux pas très fréquentables et sous incognito, bien qu'il se garda de le dire à Lavande ou au moindre de ses proches. De loin il surveillait encore les bruits qui couraient, concernant le responsable des malheurs des deux enfants de Juillet 1999, mais il avait laissé le reste en repos pour durée indéterminée. Il n'avait pas besoin de cela. Il était déjà comblé au possible, et prenait conscience de la nécessité de veiller aussi sur sa personne pour le bien d'autrui. En outre, profitant des temps libérés par ce changement d'attitudes, il flânait plus avec ses amis tout en renforçant l'intensité de ses recherches biologiques et chimiques en potions, gardant ses projets en tête et avançant particulièrement bien sur celui de la "potion de régénération mémorielle". Si tout se passait bien, peut-être qu'avant la fin de l'année scolaire il pourrait proposer un premier patron de la recette et la tester sur sa personne, avant de déclarer victoire. Il essayait de se hâter avec prudence, motivé aussi indirectement par Lynn, ses encouragements passés et présents.

D'humeur radieuse ce matin là - il devait retrouver Lynn en tout début d'après midi - il sifflotait un air enjoué, tandis que les idées affluaient dans son esprit. Même le réveil eut un traitement plus doux que d'ordinaire quand l'affreuse voix mécanisée de sa petite soeur retentit dans le silence de la pièce, quelques heures plus tôt. Il avait déjeuné en quatrième vitesse, s'était préparé en prenant son temps, avait enfilé en ce doux mois d'Avril une de ses habituelles tenues entre casuel, décontracté mais un minimum élégant : un polo sans col simple et blanc pas trop court non plus, à manches arrivant aux coudes, une sobre veste noire avec un col, ceintrée et munie de deux poches fermées à bouton devant, ainsi qu'une poche interne, le tout avec un jean d'un bleu plutôt clair - plus que le jean habituel en tout cas - ses confortables chaussures de ville, portant au cou comme d'ordinaire l'amulette que lui avait offert à Noël dernier Lynn. Comme il ne ferait pas d'essais en potions, juste de la réflexion et de la recherche, il s'était habillé tout de suite en tenue de ville. Quand il fut l'heure de partir vers le rendez-vous, un sourire aux lèvres, il éteignit l'alarme qu'il s'était fixée et se redressa silencieuse de sa chaise, griffonnant rapidement un mot à l'attention de Lavande et de Tomas, stipulant :

Citation :

Je ne suis pas là de la journée.
Je risque de rentrer assez tard.
Si besoin de me contacter j'ai mon portable
Ou réussir à trouver ma chouette Cal',
Me laisser un message ou prendre votre
Mal en patience !
Si je tarde trop m'attendez pas pour dîner.

Affectueusement, Al'

Reposant la plume dans l'encrier, il le laissa en évidence sur son bureau, avant de prendre un sac à dos léger dans lequel il rangea son habituel minimum vital en potions, en pochettes à dessin et autres choses, prit quelques critériums et des feuilles vierges, et glissa ses papiers moldus ET sorciers dans sa veste, avec ses clés et son téléphone portable allumé mais en vibreur. Il ne tenait pas à être dérangé pour rien ces jours là lui ! Vérifiant qu'il n'avait rien oublié, il repoussa sa porte, la ferma à clé avant d'accrocher sur le front de la porte son mot et de filer sans demander son reste. Il ne transplanerait pas, non, il marcherait, le rendez-vous n'était pas si loin que cela. Un petit café moldu sympa se trouvant à peu près au milieu du trajet pour les deux jeunes gens. Histoire de bien commencer ces retrouvailles. Quoi, cela ne faisait pas si longtemps qu'ils s'étaient revus ? Et alors ? Marchant d'un bon pas, ignorant les voitures, les gens malpolis, trop de bonne humeur pour râler, il arriva bientôt au croisement, et commença à descendre la rue menant au petit café. Guettant de ses yeux noirs la personne qu'il désirait le plus revoir ces derniers temps, joyeux et impatient en même temps, suivant la vive et colorée mélodie d'un bonheur simple et pour l'heure tranquille... et à venir.

Lynn était d’humeur joyeuse ce jour-là. Même si ses progrès –ou plutôt l’absence de progrès- avec la psychomage la frustraient, elle oubliait tout dès lors qu’elle s’apprêtait à revoir son étudiant de petit ami. Petit Ami. Cela sonnait étrangement à ses oreilles, surtout qu’Alan était bien plus grand qu’elle, mais elle aimait bien cette idée. Un sourire se dessinait sur ses lèvres chaque fois qu’elle pensait à lui ou à leurs retrouvailles. Elle avait appris à apprécier la chaleur de ses bras et de ses lèvres et une partie de sa timidité s’était envolée grâce à la douceur de l’ex poufsouffle. Il semblait lui aussi avoir trouvé une confiance nouvelle et les démonstrations d’affection ne le dérangeait plus.
Ces moments-là n’appartenaient qu’à eux et elle en savourait chaque minute toujours trop courte.
Elle trouvait merveilleux la façon dont il la regardait comme si elle était la chose la plus précieuse au monde. Et il portait toujours son amulette autour du cou, ce qu’elle trouvait absolument craquant. Il avait toujours un petit bout d’elle avec lui.

Ils avaient rendez-vous dans un petit café moldu sympa et si Lynn s’était promis d’arriver la première, pour changer, mais il était déjà là quand elle arriva avec un peu d’avance.

Quand elle le vit, son cœur s’emballa et elle sourit :

- Alan ! L’appela-t-elle avec un petit sourire pour qu’il la remarque et cesse de la chercher des yeux.

Il se leva et elle le rejoignit rapidement pour se jeter dans ses bras et l’enlacer, en riant avant d’enfouir son visage contre son torse :

- Tu m’as manqué… murmura-t-elle.

Pourtant ils s’étaient encore vus la semaine précédente, mais elle avait l’impression que cela remontait à des siècles. Et puis, après l’échec de sa dernière sortie avec ses amis, elle s’était promis de passer plus de temps avec lui pour lui éviter ce genre d’ennuis.
D’ailleurs, elle redressa la tête et prit son visage entre ses mains pour regarder sa cicatrice :

- Montre-moi… ha c’est bien, on ne voit presque plus rien… cela aurait été dommage que tu restes défiguré… dit-elle d’un ton malicieux avant de déposer un baiser léger comme un papillon sur sa blessure de guerre.

Elle lui sourit à nouveau avant de lui offrir cette fois un vrai baiser. Elle ne se lassait pas de cette proximité, même si elle n’avait pas encore envisagé de passer à l’étape suivante. Pas tant qu’elle n’aurait réglé ses autres problèmes. Mais rien ne l’empêchait de profiter d’Alan autrement.

- Tu es sûr que tu veux boires un verre ? Je préférais aller me promener… proposa-t-elle en glissant ses mains dans les siennes, toujours collée contre lui.

En fait, pour l’instant, elle avait surtout envie de rester là et de se laisser hypnotiser par son regard amoureux et ses baisers langoureux.

Lynn se laissa aller dans les bras du jeune homme, trop heureuse de le retrouver :

- Je vais bien, maintenant que tu es avec moi. Sourit-elle.

Alors qu’elle se laissait envahir par la joie de le retrouver, elle lui avoua à quel point sa présence lui avait manqué et ne put contenir un nouveau sourire lorsqu’il lui avoua la réciprocité de ce sentiment en lui caressant amoureusement les cheveux.
Elle aurait pu rester des heures entre ses bras, à profiter de sa chaleur, mais elle se souvint alors des aventures de son petit ami et de ses blessures et s’empressa de prendre son visage entre ses mains pour vérifier qu’il ne garderait pas de séquelles sur son joli visage.

Il la taquina et elle acquiesça, entrant dans son jeu :

- Fort dommage, oui…

Après un délicieux baiser, elle lui proposa d’aller se promener mais son regard se fi malicieux et il approcha ses lèvres de celles de la jolie lionne. Leurs souffles se mêlèrent sans pour autant qu’il ne l’embrasse et elle se serait amusée de petit jeu si son cœur ne s’emballait pas tant face à cette proximité.

- Je ne suis pas contre cette idée... mais peut-être préférerais-tu
ceci pour le moment...

Lynn frissonna alors qu’il comblait enfin l’espace entre eux et son corps se tendit alors qu’elle répondait à ce baiser délicieux. Les sensations qu’Alan éveillaient en elle étaient nouvelles et la jeune femme ne savait pas toujours comment y réagir. Elle connaissait les symptômes et elle savait ce que promettaient ces baisers mais elle s’efforçait de ne pas trop y penser. Cette complicité et cette intimité qu’ils partageaient lui convenaient parfaitement. Elle ne pouvait imaginer être plus heureuse que lorsqu’il l’embrassait et quand les choses s’emballaient un peu, c’était le souffle court qu’elle trouvait une raison d’interrompre ce que Lavande appellerait probablement des préliminaires. Lynn ignorait si elle était prête pour ça. Elle se demandait même si elle ne le serait jamais après ce qu’elle avait vécu. C’était un sujet qu’elle n’avait pas encore abordé avec lui mais elle savait qu’il faudrait y venir tôt ou tard. Elle n’avait pas le droit de le laisser dans l’ignorance, surtout pas maintenant que leur relation devenait si sérieuse. Le sexe était la prochaine étape. C’était naturel, normal. Du moins, cela aurait-il dû l’être. Par chance, Alan ne lui mettait aucune pression et il n’avait jamais vraiment abordé le sujet si ce n’était pour lui avouer à mi- mots son inexpérience. C’était plus facile comme ça de faire semblant qu’il n’y aurait rien d’autre.

Quand elle était avec lui, elle ne s’inquiétait pas. Ce n’était qu’une fois seule que son esprit la torturait :Quand elle repensait à ce que Carpenter lui avait fait, elle en avait la nausée. Quand elle imaginait devoir avouer à Alan qu’elle n’était plus vierge, elle en avait les larmes aux yeux. Comment pourrait-il encore vouloir d’elle après qu’elle ait été tant souillée ?
Le projet de se débarrasser de cette ordure l’aidait à patienter. Elle était convaincue, ou du moins, essayait-elle de se convaincre, qu’une fois qu’il serait mort, elle pourrait enfin oublier et reprendre sa vie en main. Elle pourrait s’investir totalement dans cette relation avec Alan.

Le baiser se fit plus passionné et Lynn laissa échapper un soupir de bien-être quand il se détacha finalement d’elle.

- Ce n’est pas gentil de te joueur de moi alors que tu m’as tellement manqué ! Tu sais bien que je ne pourrais rien te refuser…chuchota-t-elle avec un petit rire charmant.

Les yeux brillants et les joues rosies, elle se recula légèrement, sans lâcher sa main et l’entraîna avec elle dans une ruelle un peu plus à l’abri des regards. Dos au mur, elle se mit sur la pointe des pieds et passa ses bras autour de son cou pour l’embrasser à nouveau.
Il entoura sa taille et elle sourit contre ses lèvres, ses mains glissant dans l’épaisse tignasse de son compagnon :

- Je voudrais que ce moment ne s’arrête jamais….

Elle ne chercha pas à résister à l’assaut de ses lèvres et elle dut se faire violence pour se détacher de lui quand la passion rendit leurs baisers trop fiévreux.
Haletante et étourdie, elle se serra contre lui pour essayer de reprendre ses esprits, reconnaissante que ses bras et le mur derrière elle la soutiennent.
Ses yeux s’attardèrent sur l’amulette qu’il avait au cou et elle y glissa les doigts, lui effleurant le torse au passage, toujours étrangement émue de la lui voir porter. Elle arrivait à peine à réfléchir quand il était là. C’était comme si elle était incapable de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait.

- Tu as du me faire boire un philtre d’amour pour me faire tant perdre la tête…plaisanta-t-elle en plongeant son regard argenté dans ses pupilles noires.

(c'est court, je m'en excuse d'avance)

Il s'y faisait et se plaisait bien plus dans le rôle qu'il n'aurait jamais pu et voulu le croire. Il ne répondit pas, il n'en avait pas besoin, ses gestes parlaient pour lui. Bien évidemment qu'il était aussi heureux qu'elle de la retrouver ! Cela faisait un bon moment qu'ils n'avaient pu se revoir - à ses yeux - et les lettres avaient beau pallier quelque peu à cette distance inévitable, mais en rien elles ne remplaçaient l'être que l'on aimait. Et là, l'avoir dans ses bras, être proche d'elle... quel bonheur ! Il aimerait que cela puisse durer une éternité, qu'ils ne soient pas tous les deux à un moment ou un autre rappelés par leurs devoirs, leurs études respectives... et la cruauté de la vie aussi. Il aurait aimé que cela puisse durer encore un an, encore plusieurs, encore... ils auraient été tous deux diplômés de l'école, il aurait été plus aisé de se revoir, il aurait...

L'idylle n'était pas si parfaite cela, mais peu importe. Peu importe s'il sentait certaines failles potentielles, il croyait sincèrement qu'elles pourraient se résorber avec le temps. Peu importe si tous deux gardaient certains secrets sans les dire à l'autre. Il sentait bien parfois que Lynn ne lui disait pas tout, mais il ne disait rien, du moins ne lui forçait pas la main. L'étudiant pensait réellement que quand le temps serait venu, elle lui ferait part de ce qui la tracassait en silence et que lui en ferait de même. Mais sa prudence restait encore présente pour certaines choses, par exemple le fait qu'il soit animagus - sauf un accident totalement imprévu et la mise au silence de la personne concernée - il avait eu un mal fou à le dire à Lavande, ou encore à la regrettée Ophélia maintenant partie en Grèce avec son mari et leurs jumeaux. Cela avait attristé un peu le jeune homme, mais il se disait qu'au moins ils seraient heureux, en paix, loin de la pression résidant en Angleterre. Il enverrait une lettre de temps à autres pour prendre des nouvelles, au moins une lettre de voeux à la New Eve prochaine.

La petite plaisanterie de Lynn le tira de ses pensées et le rendit taquin, joueur. Bah, il se demandait si, dans le cas où il était revenu gueule cassée, si les groopies de l'université ne le laisseraient pas en paix. Mais il s'en serait voulu si cela avait déplu à Lynn. Par contre, il lui avait confié l'histoire de la manif, la réelle implication de Lavande et les réels responsables de tous ces ennuis. Il lui avait confié sa frustration de n 'avoir rien pu faire en ce cas d'injustice post-actum ni d'avoir pu assurer la sécurité de sa meilleure amie comme il l'avait désiré, en dehors du cas de la licorne qu'il lui avait narré mais à la manière d'une bonne plaisanterie. Néanmoins, il avait eu peur de se faire réellement embrocher, comme ce n'était parfois réellement pas passé loin du tout. C'est dangereux une licorne en colère !


Avaient-ils tous deux peur de passer à l'étape supérieure ? Peut-être. Sans doute y avait-il un peu d'appréhension - lui du fait de son inexpérience en la matière qu'il n'avait pas caché à Lynn à mi-mots - et dont il ne saisissait pas vraiment l'origine chez Lynn, c'était comment dire... son sixième sens qui le lui soufflait. Enfin... l'étape à laquelle ils étaient lui suffisait complètement pour le moment. Juste être complices, intimes, proches de l'autre, échanger des baisers sincères... il ne voulait pas mettre de pression sur Lynn, et aussi se rassurer peut-être pour baisser sa méfiance encore naturelle mais refoulée en ce genre de relation avec une fille. Mais il n'y pensait pas plus que cela quand il était avec elle. Ce n'était qu'une fois seul, et seulement parfois, qu'il prenait note des mots de ce silence. Mais il voulait faire confiance à Lynn, alors il essayait de ne pas y penser, et souvent y arrivait sans trop de mal

"Ce n’est pas gentil de te jouer de moi alors que tu m’as tellement manqué ! Tu sais bien que je ne pourrais rien te refuser…"

Le jeune homme eut un léger rire chaleureux en entendant ces mots, après toute cette passion mutuelle contenue dans ce baiser amoureux, et il lui répliqua sur un ton heureux, complice et lutin :

- Pas ma faute, c'est toi qui me rend joueur, plus encore comme tu m'as tout autant manqué. Et tu sais qu'il en va de même pour toi, hum ?

Surpris mais insouciant dans le bonheur du moment, il se laissa emporter en riant doucement, un immense sourire aux lèvres, alors que Lynn l'emmenait plus loin, dans une ruelle plus tranquille. Les yeux noirs plus vifs et étincelants que jamais depuis trois ans bientôt, il snobait magnifiquement les regards parfois mesquins des passants - ben quoi ? Eux aussi ont été jeunes avant ! Alors aucune plainte acceptée de leur part, ok ? - et laissa cette fois la demoiselle prendre les commandes, frissonnant de délice en sentant les bras de cette dernière entourer son cou alors que leurs lèvres se rejoignaient de nouveau avec douceur en un geste totalement naturel. Alors qu'elle prenait possession de son cou et se rapprochait, il fit de même de son côté en l'entourant de ses bras à la taille de cette dernière, terminant de les rapprocher et goûtant délicieusement à ses lèvres, mais avec douceur. Se réjouissant de son sourire, sentant les mains de cette dernière se glisser dans sa tignasse - plus tellement tignasse d'ailleurs comme il les avait raccourcit peu après la manif mais bon - qu'étaient ses cheveux bruns...

"Je voudrais que ce moment ne s’arrête jamais…."

Les yeux fermés, profitant de cet instant de délice, de ce présent si agréable qui effaçait complètement de sa puissance lumineuse le passé fort sombre et tumultueux, et un futur sans doute tout aussi noir et dangereux qui se profilait sur l'Angleterre, sur la communauté sorcière... et aussi sur eux. L'Amour les protégeaient encore sous son drap soyeux et aimant, mais combien de temps durerais encore son mécénat, son patronage ? Il ne voulait pas y penser, non, lui aussi aurait aimé que le temps se fige sur cet instant, maintenant et à jamais. Oublier les soucis de Lavande, oublier ses propres préoccupations, oublier les tensions à l'UMA, les tensions en famille, seulement se concentrer sur l'être comptant le plus en cet instant : Lynn. Presque en même temps, ils décidèrent inconsciemment de céder de nouveau à la fiévreuse passion dans leurs baisers, et ils durent se faire violence pour reculer à temps, de la même intensité l'un que l'autre. Néanmoins ils se collèrent l'un à l'autre, lui étant tout aussi essoufflé que Lynn, sonné tout en contenant, repoussant cette folle passion qui résonnait et s'amplifiait entre eux. Allons bon, profiter des bonnes choses mais avec un minimum de modération, quand même...

"Tu as du me faire boire un philtre d’amour pour me faire tant perdre la tête…"

Les doigts de la jeune femme avaient quitté sa chevelure puis son cou pour descendre sur son torse - il ne put retenir un léger frisson - et s'attarder sur l'amulette qu'elle avait fait pour lui en Décembre. Cadeau de Noël très important à ses yeux, car il avait marqué le début de l'évolution de leur relation - certes un début un peu chaotique au début - de la bonne amitié vers de l'amour sincère. Il espérait sincèrement que jamais ils n'auraient à faire marche arrière, et s'appliquait pour rester là où ils en étaient, cessant ses activités à risque, prenant soin de lui et aussi veillant avec attention sur elle, essayant de la combler autant que possible. Il suivit son regard tout en serrant de manière amoureuse et protectrice contre lui la jeune femme, et lui répondit sur un ton tout aussi plaisantin :

- Hum... tu crois ? Et toi, aurais-tu mêlé à cette amulette un sortilège pour me rendre autant fou de toi, Lynn ?

Il ne la quittait pas des yeux, ses prunelles noires prêtes à se noyer au coeur de la mer argentée qui s'offraient devant elles. Cet océan, miroir de la personne de laquelle il était tombé et était follement amoureux. Cette personne qui avait illuminé sa vie, et plus soutenue qu'elle ne le saurait jamais, à laquelle il tenait plus que tout au monde... et qui avait prit tant de place en son coeur depuis cette rencontre percutante sur le Chemin de Traverse, un pluvieux jour de fin Novembre 1999...

Lynn se mit à rire et secoua la tête:

- Non, mais j'aurais du y penser ! Cela m'aurait fait gagner quelques précieuses semaines à tes côtés.

Ils n'avaient pas reparlé de leur premier baiser catastrophique depuis le fameux jour où ils s'étaient retrouvés par hasard à Londres. Ce souvenir la faisait sourire aujourd'hui. Rien n'aurait pu présager après cela qu'ils finissent par si bien aller ensemble.

La jeune femme jeta un regard derrière Alan avant de reporter son attention sur lui:

- Même si j'adore ces petits interludes de douceurs et que je ferai bien ça jusqu'à la fin de la journée, on devrait peut-être vraiment aller se promener, qu'en dis-tu ?

A contrecœur mais avec un sourire malicieux, elle le tira vers elle pour un dernier baiser avant de rejoindre la rue principale, la main dans la sienne.

La journée était belle. Ou peut-être lui semblait-être belle simplement parce qu'elle était en bonne compagnie. Comme cela lui faisait du bien de se sentir ordinaire après ces dernières semaines difficiles de thérapie hebdomadaire au Manoir. Elle était ravie de passer la journée avec son petit ami et d'agir comme une adolescente normale, amoureuse et bien dans sa peau.
Et Alan la faisait se sentir bien. Elle adorait la façon dont il la regardait, comme si elle était la chose la plus précieuse au monde.

Ils se mirent à papoter tandis que leurs pas les menaient vers le chemin de traverse.

- Il y a quelque chose que j'aimerais te montrer…

Elle l'emmena devant une jolie boutique déserte. La devanture devait faire plus de cinq mètre de long. Deux belles vitrines encadraient un porche stylisé où se trouvait une porte double à laquelle était accroché un panneau "VENDU".

- Imagine… une belle enseigne avec écrit "Les charmes de Lynn" ou quelque chose comme ça je n'ai pas encore décidé !

Devant l'air circonspect de son petit ami, Lynn sourit et sortit une clé de sa poche. Elle ouvrit la porte et invita Alan à entrer:

- Tu as devant toi mon futur magasin ! Dit-elle avec enthousiasme, essayant de ne pas paraître surexcitée même si elle l'était. Aïlin m'a aidé à le trouver, il me l'a fait visiter il y a quelques jours et on a signé l'acte de vente ce matin ! Tu es le premier à qui j'en parle ! Le propriétaire m'a laissé la clé.

L'intérieur du magasin était spacieux et lumineux. Les murs étaient composés de grandes étagères intégrées aux murs et un comptoir trônait au fond de la pièce. Une porte au fond menait sur deux autres pièces, plus petites : des toilettes et une réserve qui avait dû servir de bureau.

- Bien sûr, on doit faire quelques travaux pour que ça corresponde davantage à l'image que je veux donner à ma boutique, mais je m'en occuperai cet été. J'installerai mon atelier au fond, comme ça les gens pourront me voir travailler. Je prendrai des commandes personnalisées, que ce soit de charmes, d'amulettes ou autre, mais je ferai aussi des bijoux et des accessoires que je mettrai en vitrine et dans les étagères. J'ai déjà commencé quelques pièces et fait des commandes pour avoir du stock à la rentrée…

Son frère lui avait été d'une aide précieuse. Elle ignorait complètement qu'il avait commencé à faire des recherches de son côté. Il tenait à ce qu'elle débute bien dans la vie. L'image des Bowers était en jeu. Elle n'aurait jamais pu s'offrir un aussi bel endroit sans l'aide d'Aïlin et elle lui en était reconnaissante. Il avait vu de quoi elle était capable et il croyait en elle, sinon il ne l'aurait jamais encouragé à se lancer la dedans avec le risque de se ridiculiser. Elle était plus que ravie. Son projet professionnel prenait enfin vie et elle avait vraiment hâte de faire découvrir ses créations au reste du monde sorcier. Elle avait plusieurs fois eu des compliments sur les bijoux qu'elle portait et qu'elle faisait elle-même et elle ne doutait pas qu'elle pourrait avoir un succès certain dans ce domaine.

- Je prendrai aussi quelques cours du soir à l'UMA, surtout pour la gestion de la boutique, mais aussi pour améliorer mes sortilèges. Alors, qu'est-ce que tu en penses ?

Si elle était très bonne en Runes et en protection, elle voulait mettre un point d'honneur à continuer de s'améliorer. Elle mettait beaucoup d'espoirs dans ce projet et elle espérait avoir le soutien de ceux qu'elle aimait. Elle avait déjà celui d'Aîlin et c'est ce qui comptait le plus. Tout ça l'aidait à tenir lorsque les séances de psychomagie devenaient difficile ou que les résultats tardaient à apparaître.
Bien sûr, elle comptait mettre toute son énergie dans cette entreprise mais elle n'excluait pas, à terme, laisser quelqu'un gérer la boutique et ne s'occuper que des créations, comme une véritable artiste. Mais elle n'en était pas encore là...

Lynn adorait trouver un écho à son enthousiasme dans celui d’Alan. L’idée qu’ils allaient pouvoir passer tant de temps ensemble semblait lui plaire tout autant qu’à elle et elle avait déjà hâte d’y être.
Lynn offrit un sourire tendre en réponse à Alan qui lui racontait les difficultés de son départ de Poudlard, mais aussi le soulagement de laisser derrière soi de mauvais souvenirs. Elle comprenait parfaitement cette idée. Si Poudlard avait été son refuge pendant si longtemps, il avait aussi été le théâtre de nombreux épisodes douloureux. Il lui tardait de pouvoir enfin passer à autre chose.
Elle savait que Patrick manquait à Alan, mais c’était souvent grâce au souvenir de ce vieil ami que le jeune homme prenait les bonnes décisions.

- J’aurais aimé le connaitre. Murmura-t-elle d’une voix douce. Ce devait forcément être un garçon exceptionnel si tu l’avais choisi comme meilleur ami.

Lynn fut surprise d’apprendre qu’Alan n’était pas chez sa mère. Elle ne savait pas grand-chose de MR DESOYA car Alan en parlait peu mais s’il était content d’avoir son fils chez lui, ça ne pouvait être qu’une bonne chose.

- Tu ne parles pas souvent de lui… fit-elle remarquer.

Sûrement y avait-il encore beaucoup de choses qu’elle ne savait pas sur Alan mais c’était étonnant de voir qu’il parlait tant de sa mère, et souvent en négatif, alors qu’il n’évoquait jamais son père. Elle-même ne parlait jamais de sa famille, mais elle avait une excuse : ses parents étaient morts et leur histoire faisait froid dans le dos. Aïlin était tout ce qu’il lui restait de famille et six mois auparavant il ne lui adressait plus la parole. Beaucoup de choses avaient changé depuis…

- Ne t’inquiète pas, tout s’arrangera très vite…. Ils ne peuvent pas la fermer indéfiniment. Ils ont voulu prendre une décision exemplaire mais ça ne va pas durer. C’est tout notre système scolaire qui serait paralysé, ce qui entrainerait beaucoup d’autres désagréments. D’ici une semaine ou deux tu seras de retour à l’UMA et tu te plaindras que toutes les filles te courent après… assura-t-elle malicieuse.

Elle se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser et murmura contre ses lèvres :

- Mais ne t’avise pas de les laisser t’attraper… je n’ai aucune envie de te partager…

Elle fut ravie de le voir si enthousiaste à l’idée de passer quelques jours chez elle et se sentit rougir sans trop savoir pourquoi. Peut-être à l’idée d’être vraiment seule avec lui, dans un endroit privé, chose dont ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion jusque-là. Etre intime avec quelqu’un lui paraissait encore quelque chose de difficile, surtout alors qu’elle fouillait son esprit chaque week-end pour en découvrir plus sur son passé, ses souvenirs modifié et les sévices qu’elle avait subi. Elle n’avait encore pas osé évoquer ce sujet avec le jeune homme, même si elle avait évoqué les sombres secrets de son passé. Il n’avait aucune idée de la gravité du problème et elle lui était infiniment reconnaissante de ne pas la pousser à la confession. Il respectait ses non-dits et elle savait qu’un jour elle trouverait le courage de tout lui dire. Peut-être bientôt même, lorsqu’ils seraient si proche de franchir le pas.

Elle se mit à rire quand il la complimenta sur ses bonnes idées :

- J’essaye ! Tiens, en parlant de bonnes idées, il faut que je te montre quelque chose.

Elle se recula légèrement pour fouiller dans son sac et en sortit plusieurs parchemin qu’elle alla étaler sur le comptoir :

- Regarde… je viens de finir les dessins préliminaires, j’attaquerai la création la semaine prochaine…

Les croquis représentaient, en détails, divers bijoux, mais celui en haut de la pile représentait une chevalière aux initiales de Lynn. Une magnifique bague, suffisamment discrète pour être portée par la jeune femme et pourtant de laquelle émanait une puissance rare. Un bijou à la hauteur de son nom.

- Je pense créer une collection sur ce thème. Les armoiries ou les initiales, le genre de bijoux qu’on pourrait se transmettre de générations en générations. Je suis en train de travailler sur un enchantement qui ne permettrait qu’aux gens d’une même famille de la porter et s’adapterait automatiquement au doigt de son porteur.

Elle montra un autre dessin qui représentait une montre d’homme aux formes carrées avec une partie du mécanisme apparent et une infinité de petits détails. Deux versions, une qui indiquait l’heure, l’autre qui indiquait des endroits :

- J’ai trouvé l’idée chez l’antiquaire du bout de la rue. La montre indique la position des gens que tu aimes. Ce sera entièrement personnalisable. Mais on pourrait trouver d’autres utilisations, je pense que les gens viendront avec leur propres idées et que ce sera à moi de trouver un moyen de les mettre en œuvres. J’ai fait un essai sur une bague à l’école, qui permet de savoir si les gens sont sincères lorsqu’on leur sert la main. Ce n’est pas tout à fait au point, mais imagine les possibilités ! C’est fascinant !

Puis elle jeta un regard d’excuse à son petit ami et haussa les épaules :

- Désolée, je suis irrécupérable, je n’arrête pas de t’ennuyer avec tout ça… mais si tu savais comme ça me passionne !

Elle récupéra ses papiers et une feuille s’échappa du tas. Alan la lui ramassa et Lynn la récupéra vivement en devinant de quoi il s’agissait:

- Ho non, non non non, tu ne dois pas voir celui-là, c’est une surprise ! Dit-elle mystérieusement.

Elle travaillait actuellement à un autre prototype qu’elle comptait offrir à Alan lorsqu’il serait au point.

Elle lui sourit et enfouit la feuille au milieu des autres avant de les ranger dans son sac.

- Et si on reprenait où on en était ? Proposa-t-elle d'une voix joueuse se collant à lui pour l’embrasser à nouveau. Je crois que je ne m’en lasserai jamais !

(HJ Du coup c'est plus court mais sinon je ne vais jamais y arriver XD HJ)

"J’aurais aimé le connaitre. Ce devait forcément être un garçon exceptionnel si tu l’avais choisi comme meilleur ami."

Tout en gardant tendrement Lynn près de lui, il eut un léger soupir à l'évocation du concerné dans la discussion. La voix douce de sa petite amie, si délicieuse, se perdait, se mêlait aux souvenirs des jeunes années de Poudlard. Il avait déjà montré des portraits du défunt pouffy à la jeune demoiselle, la blondeur de ses cheveux, l'éclat si vif de ses yeux verts comme l'émeraude, beau gosse et encore mieux bâti que lui même, bien que légèrement plus fort en conséquence. Mister Lupin le voleur français. Tant lui admirait Sherlock Holmes que son ami s'inspirait des techniques de vol du Lupin pas si romanesque que cela, c'était assez amusant. Il réprima la pensée de se demander ce que serait devenu son ami s'il était encore en vie. Soit dans les créatures magiques, soit dans le professorat, si ses souvenirs étaient encore bons... il souffla avec une voix légèrement plus assombrie que sa joyeuseté ordinaire :

- Il l'était, tu l'aurais apprécié je pense ! Lavande aussi aurait aimé le connaître... un vrai luron heureux de vivre, et mort si jeune ! Pour me protéger en plus... je sais que ce n'est pas bien de penser ainsi, mais des fois je me demande si cela n'aurait pas été plus juste que.... nan, ce qui est fait est fait. Finalement, ça aurait pas été mieux que ce soit l'inverse. Même s'il n'était pas très partageur de son meilleur ami !

Alan eut un petit rire étouffé à cette idée, se souvenant fort bien du début de romance qu'il avait eu avec Alder et les réactions parfois exaspérantes du défunt sorcier. M'enfin, il en connaissait pas des masses des gens capables de tout donner pour vous, que ce soit risquer gros en venant vous tirer d'affaire, en vous couvrant, en gardant vos secrets ou en se prenant un sortilège mortel à votre place. Patrick était vraiment unique en son genre... il sentit son coeur se serrer un instant. Hélas, rien ne comblerait ce vide en lui... jamais...

Lynn fit remarquer ensuite qu'il ne parlait guère de son père. D'ailleurs, hormis sa soeur, il parlait peu de sa famille de sa propre initiative, et dans le cas inverse que de sa mère. Il faut dire que son père... était encore plus humble, simple et marginal que cette dernière, et encore moins exempt de travers qu'elle, en dépit d'immenses qualités étouffées sous tout cet amas de torts depuis le divorce d'avec sa mère... un temps surpris de la question - que Lynn soit vraiment curieuse d'en savoir plus sur les siens de moldus - il prit le temps de réfléchir avant de répondre d'une voix voulue légère et égale :

- Il y a moins de choses à dire sur lui, et comme ma Chatham natale c'est pas la porte d'à côté, je le vois moins que ma mère d'ordinaire. C'est un type bien, simple, mais brisé depuis le divorce d'avec ma mère quand j'avais sept ans et qu'elle a bougé avec son amant du moment et moi à Brighton. Il s'est mit à sombrer dans l'alcool, la clope et les aventures de courte durée. On se prend le chou à cause de cela - mon côté aspirant doc' qui s'indigne et s'inquiète - et il aime pas cela du tout. Il est très aimant et prêt à tout pour nous aider en cas de pépin. Dès qu'il a sut que j'avais pas de coin où loger après la manif en version officielle, il a annulé ce qu'il avait prévu avec des potes pour que je puisse rentrer. C'est une forte tête, très caractériel, épicurien et plus intelligent qu'il ne le laisse voir. Il est assez ouvert question relation avec les trucs sorciers. Il se désole de nous avoir assez souvent, ma soeur refuse de le rencontrer, alors c'est la joie quand je viens. ll aime bien avoir, je cite, "son emmerdeur de première de fils". Sinon, il est informaticien et réparateur d'ordinateur à domicile, très doué, j'ai tout appris de lui. Un jour si tu veux je pourrais arranger une rencontre... tu verras, il est sympa et bon vivant quand même, le vieux !

Puis la discussion revint sur l'UMA alors qu'ils restaient devant la future boutique de la jolie lionne de ses pensées. Ah cette fichue fermeture ! D'abord les profs qui disparaissent de la circulation, puis ceux qui meurent, puis encore des idiots de congénères qui foutent tout en l'air pour la politique, et enfin une fermeture ! Il s'était vivement prononcé contre du peu de voix qu'il avait eu en raison de sa place dans le Bureau Des Etudiants, et savait combien il était ardu de se débrouiller pour garder un minimum de cours et de garder contact. Lavande, Tomas lui manquaient terriblement, presque autant que Lynn quand ils ne se voyaient pas. Sans parler de ses autres bonnes connaissances, du genre Manu, Kael, Sean, Hayden ou Harry. Il se sentait un peu tout seul en sa ville portuaire bien isolée de la capitale et il n'aimait pas cela ! Lavande étant punie, il ne pouvait l'inviter, et Tomas profitait de la période pour se rendre en Irlande avec sa petite amie à lui, Maureen Doherthy. Préférant ne pas s'attarder sur le sujet, de peur de repasser de méchante humeur, il répliqua simplement en tournant la fin à la plaisanterie:

- 'Fin on m'empêchera pas de penser que cette mesure de fermeture, c'est une erreur monumentale ! J'la sens mal, toute cette histoire de politique... j'sens que ça va mal tourner tout cela... bref... le seul bon truc, en effet, c'est que j'ai la paix avec les groopies. Mais t'en fais pas, elles ne me....

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, puisque la demoiselle se hissant sur la pointe des pieds l'embrassa sans le moindre avertissement. Surpris deux secondes, il reprit rapidement son pied avec délice, comme s'envolaient toutes les sombres pensées de nouveau par ce seul baiser absolument sublime. Il se souvint avec un sourire de la provocation de Lavande quand elle lui avait remonté le moral de force et soutiré un aveu lors d'un rendez vous privé amical dans les gradins déserts de la piscine universitaire de l'Université de Magie Avancée d'Angleterre. Oh que non, Lynn n'embrassait pas comme un pied, bien au contraire, comme l'ange qu'elle était...

Encore ce sentiment de malaise obscur, comme un sombre pressentiment bien qu'il n'était pas du tout un fervent adepte de la divination. Ce sentiment qu'elle ne lui disait pas tout, qu'elle lui cachait quelque chose qui la faisait souffrir, qu'elle ne voulait pas dire. Bien que l'étudiant brûlait de savoir de quoi il s'agissait, afin que la jeune femme puisse s'en libérer, il préférait être délicat et attendre qu'elle juge bon le moment pour le faire. Il faisait de même avec Lavande, alors... mais ce pressentiment refusait de le lâcher, le vilain...

Restant plutôt silencieux, il laissa la parole à Lynn et s'amusa de l'enthousiasme de cette dernière devant son projet, se délectant de la voir si rayonnante et si heureuse. Il devait avouer que les projets étaient ambitieux mais aussi passionnants même pour un non-initié comme lui, alors qu'il observait avec une attention bienveillante les croquis proposés par Lynn tout en l'écoutant soigneusement, avec un sourire appréciateur aux lèvres, quelques hochements de tête d'approbation par ci par là, sincères. Son sourire s'élargit alors qu'elle s'excusait, et il rit avec douceur en répliquant d'un ton badin et léger :

- Tu ne m'ennuies pas, tu sais ! Je suis curieux et je trouve cela vraiment fascinant ! J'ai hâte de voir que cela se concrétise ! Je suis sûr que tu y arriveras, sincèrement ! Tu y arriveras, tu es débrouillarde et cela te passionne ! Alors fonce... oh attends, t'es en train de perdre quelque chose là !

Avec adresse - l'ayant repérée avec ses réflexes, sa vigilance naturelle et sa bonne vue - il attrapa au vol un feuillet qui voulait s'envoler vers d'autres cieux et le tendit soigneusement à sa propriétaire. Curieux, il voulut regarder ce qu'il représentait, mais Lynn le lui reprit des mains avant qu'il ne puisse le faire. Cela ne fit que l'intriguer davantage, et perplexe, il haussa légèrement d'un sourcil, un sourire en coin. Il répliqua seulement avec une once de malice :

- Oh, une surprise ? Tu devrais pas laisser cela à portée de vue alors ! D'ailleurs, parlant de cela, j'ai pas mal avancé aussi de mon côté... je pense pouvoir bientôt tester un premier protocole expérimental de la "potion de régénération mémorielle". Sur moi bien entendu, j'ai tout prévu, même pour un possible échec. J'ai raté avant, mais là ca a marché, rien n'a explosé ni tourné. Plus qu'à tester sur un sujet vivant, sur une période, puis peut-être que je pourrais aller plus loin... j'ai pas encore averti Lavande, t'es la première à savoir. Tu le seras aussi quand j'aurais réussi la première version. Si tu veux... si c'est approuvé, le premier flacon sera pour toi. Ca te dit ?

La jeune femme se fit joueuse alors qu'elle avait tout rangé de ses projets, se collant contre lui pour lui voler un énième baiser. A croire qu'elle se vengeait presque du premier baiser qu'il lui avait dérobé par accident en le surprenant ainsi Bien que cela était très loin de lui déplaire, au coco ! Il l'avait sentie venir cette fois, mais il ne s'en défendit pas. En réponse, il lui murmura d'une voix mutine et joyeuse :

- Tes demandes sont des ordres, princesse...

Toujours avec tendresse et amour sincère, il combla le fossé aérien qui séparait leurs visages, prenant avec douceur mais assurance amoureuse possession des lèvres de la lionne qui en faisait de même avec les siennes. L'étudiant se sentait si heureux, presque en perfection quand elle était avec lui. Il se sentait plus fort en l'aidant et la rendant heureuse autant qu'il le puisse. Il avait déjà un présent pour elle, qu'il comptait lui remettre dès que l'occasion se présenterait - une petite bague en or jaune doré fin avec deux arcs croisés, en leur centre sertis d'un petit rubis ensorcelée par la même professionnelle que pour sa soeur qui servait de charme de protection de qualité plus que correcte et qui resta dans ses modestes moyens - mais pour le moment, la petite bague restait à l'abri dans son coffret dans la poche intérieure de sa veste. Après tout, c'était un présent commun des petits amis à celle qu'ils aiment, non ? Il espérait que cela lui plairait. Pour l'heure, il profitait du délice du moment, ne pensant à rien autre. Pas même aux secrets qu'il n'avait pu dire à Lynn, si lourds, le fait qu'il soit animagi illégal par exemple, qui le tiraillaient en lui rappelant sa faiblesse à ne savoir encore les lui confier. Un instinct obscur qu'il maudissait, sans savoir que cet inconscient lupin avait peut-être des raisons d'agir ainsi...

- Ne dis pas ce genre de choses… je sais que c’est difficile de perdre les gens qu’on aime… mais il ne faut pas dire ça.

Puis voyant qu’il se forçait à prendre un ton plus enjoué elle ajouta, joueuse :

- Mais il aurait bien fallu qu’il te partage avec moi !

Puis il parla de son père et en l’écoutant elle réalisa à quel point ils avaient grandi dans des mondes différents. Alan était tellement à l’aise avec tout qu’elle en oubliait souvent qu’ils ne venaient pas du même monde. Non seulement il était né-moldu, mais ils ne partageaient pas non plus la même classe sociale. Elle se rendit compte avec une pointe de regret qu’Alan ne serait jamais accepté par Aïlin et qu’il l’aurait encore moins été par Devin. Elle imaginait sans peine les commentaires qu’auraient eus son géniteur s’il avait rencontré le jeune homme.
Il avait déjà été odieux lorsqu’il parlait de son ami William, mais à l’époque, elle n’avait que 11 ans et ses éventuels flirtent ne portaient pas à conséquence. Alors qu’aujourd’hui, si elle épousait quelqu’un comme Alan, le nom des Bowers en serait entaché. Elle frissonna à cette pensée terrible et se sentit coupable d’y penser. Mais elle n’y pouvait rien. Pour l’instant, elle ne pouvait que tenter de l’ignorer. Elle s’en inquiéterait le temps voulu.
Tout ce qu’elle devait retenir sur le père d’Alan c’est qu’il aimait ses enfants. Le reste n’était pas important.

Ils revinrent à discuter de l’Uma et Lynn plaisanta sur le fait que sa fermeture avait au moins l’avantage de le tenir hors de portée des étudiantes trop entreprenantes, puis elle se remit à l’embrasser, coupant court à la conversation. Elle n’avait aucune envie d’imaginer d’autres filles l’embrasser.

Elle se laissa emporter par l’excitation de son projet et fut reconnaissante à Alan de montrer tant d’enthousiasme et de soutien pour ce qu’elle entreprenait. C’était important pour elle qu’il soutienne ses projets.

Quand Alan lui parla de la potion de régénération mémorielle, Lynn se dit que ce serait fantastique si cela pouvait l’aider dans son cas. Elle aurait voulu expliquer cela à Alan, qu’elle suivait une thérapie pour tenter de démêler le vrai du faux de ses souvenirs manipulés par son mangemort de frère. Mais la seule idée d’en parler à haute voix avec quelqu’un qui n’avait jamais côtoyé la famille Bower lui semblait irrationnelle.
C’était trop grave, trop sombre, trop important. Ce qui se passait au sein de la famille Bower devait y demeurer, à jamais. Les secrets étaient nombreux à y être enfouis et on avait probablement plus de cadavre dans les placards que la majorité des familles d’anciens mangemorts.
Lynn ne s’imaginait pas capable d’en parler à qui que ce soit, pas sans une excellente raison.
Alan ne s’en portait que mieux de ne pas savoir tout ça. C’était du passé, il n’avait pas à y être mêlé.

- Ho, c’est gentil. Avec plaisir oui… je serais curieuse de voir le résultat !

Mais très vite, elle lui vola un nouveau baiser, amusée de ce retournement de situation, profitant de chacun comme elle n’avait pas pu profiter du premier.

Après une énième séance de câlin, ils reprirent leur ballade sur le chemin de traverse, main dans la main, profitant avec délectation de la présence l’un de l’autre.
L’après-midi passa si rapidement que Lynn en aurait presque pleuré quand il sonna 18h00. Elle avait rendez-vous avec la psychomage au manoir et elle ne pouvait pas repousser la séance. Ils étaient près du but, elle en avait conscience et c’était trop important pour gaspiller du temps, même si c’était entre les bras protecteur d’Alan.

Elle s’arracha de lui avec regret :

- Il faut que j’y aille…

Ils se retrouveraient le samedi suivant mais le temps allait lui sembler terriblement long jusque-là.

- Je suis désolée mais j’ai un rendez-vous important que je ne peux pas repousser… tu vas me manquer… se plaignit-elle avec la mine triste.

Elle serra ses mains dans les siennes :

- Ecris-moi, sans faute ! Et ne te laisse pas déprimer. L’UMA rouvrira bientôt, j’en suis sûre... et en attendant, tu peux te consacrer tout entier à tes projets de potions, d’accord ?

Elle ne comprenait pas pourquoi cette séparation lui était encore plus pénible qu’à l’accoutumée alors elle se serra longuement contre lui et se laissa embrasser plus longtemps que cela n’était raisonnable.

- A très vite….murmura-t-elle en l’embrassant une dernière fois.

Puis elle recula à contre cœur et lui fit un petit au revoir de la main avant de disparaître dans un craquement sonore.