A Blackpool, une ville portuaire moldu du nord de l’Angleterre, un bateau au loin, sonnait le signal du départ pour une longue traversée. Mais Eliad était bien trop occupée pour l’entendre, il était poursuivi…

Il passa devant un carrosse dont les chevaux manquèrent de l’écraser et tourna dans une ruelle sombre. Mais la sombre silhouette le rattrapa… Elle avait maintenant sa baguette posée tout contre son visage alors qu’il la regardait fixement. Elle lança un endoloris, et il tomba au sol, le corps convulsé. Mais il se reprit, se remettant debout péniblement, tentant de résister à la douleur qu’elle venait de lui infliger. Il ne pouvait que plonger son regard dans le sien, tout son visage étant recouvert par son masque de mangemorte, mais il savait quand même qui elle était. Il la connaissait par cœur, ses envies de faire souffrir, ses rires alors qu’il hurlait. Sa propre faiblesse qu’elle se plaisait à exploiter contre lui. Il lui avait échappé déjà une fois, enfin, c’était ce qu’il croyait… Mais une fois qu’on était sa proie, la fuite n’était qu’une simple partie remise avant la fin. Puis contre toute attente, elle enleva son masque lentement et… Ce n’était pas celle qu’il croyait. C’était son père qui le fixait maintenant. Révélant sa vraie nature. Il entendait des pleurs tout prés de lui, mais il savait que ce n’était pas les siens… Et pourtant ils étaient si proches, alors qu’ils n’étaient que deux dans la ruelle. Puis son père lança un sortilège. Il ne put entendre que les premières syllabes… Avada… Une lumière verte surgit de la baguette et Eliad s’écroula sur les pavés crasseux de cette ruelle abandonné, remplis de tonneaux et de caisses en bois. Le père d’Eliad en s’enfuyant, renversa un tonneau sur le sol, ce qui eut pour effet d’effrayer bon nombres de rats qui marchèrent sur le corps du jeune garçon simplement inconscient… Ou mort.

Eliad se réveilla en sursaut, criant le nom de sa mère.

« Grace! »

Ca ne lui jamais été arrivé après la mort de sa mère, qu’il l’appelle comme ça, dans un cri. C’était lui qui mourrait, mais pourtant, il savait que ce rêve avait un lien avec elle. Il se tourna légèrement sur le coté et… Se rattrapa de justesse au rebord, alors qu’il allait tomber. Il s’était endormi contre l’une des alcôves qui servaient de fenêtre dans la volière. Il y passait une grande partie de ses jours à attendre une lettre et à en envoyer à tout ceux qui pouvaient avoir vu son père dernièrement. Aucune réponse, rien, et Eliad ne cessait pourtant pas d’y croire. Sa manche était relevée et il observait la brûlure comme il le faisait depuis des jours, à chaque réveil. Comme s’il y avait une possibilité qu’elle disparaisse enfin. Mais sachant que ça ne serait jamais le cas sans l’aide du destin, il avait essayé de trouver un moyen de la guérir. Il ne lui manquait plus qu’une chose… Qu’il attendait depuis des jours. Un hibou vola vers lui. Ce dernier lança le paquet au jeune garçon qui l’ouvrit aussitôt et sourit, visiblement satisfait. Tout était prêt. Le dernier ingrédient pour le remède rejoignit les autres dans sa petite boite. Il quitta la volière précipitamment, ne prenant même pas la peine de saluer ceux qui montaient. Direction maintenant, le septième étage, dans une ancienne salle de potions, maintenant plus utilisée, où il y avait tout les ustensiles et tout les accessoires nécessaires pour réaliser la formule. Il avait passé des jours et des jours à la bibliothèque pour trouver une potion utile contre les brûlures, parcourant de ses doigts et de son regard, nombre de livres de médico magie et de potions. Il n’avait pas osé en parler à Mme Pomfresh pour éviter d’avoir à expliquer le pourquoi de cette marque. Cela aurait attiré les questions et fait placer les professeurs en un étau autour de lui.

Arrivé devant l'ancienne salle de potions, il poussa lentement la porte qui grinça…

Personne apparemment. Il allait être tranquille. Rapidement, il déplaça des ustensiles afin de les réunir devant lui, pour avoir tout à portée de main. Pour s’éclairer, il alluma quelques bougies, répandant dans la pièce, une lumière tamisée, mais suffisante pour bien voir. La seule fenêtre ayant été barricadé par des grandes planches de bois, il n’y avait pas d’autres solutions, et pris par la préparation de la potion, il n’aurait pas pu tenir son lumos dans l’air très longtemps. La boite à ingrédients atterrit sur la table alors qu’il installait le petit chaudron en cuivre au dessus de la table. Trop pris par l’installation des diverses choses, il n’entendit pas une autre personne arriver derrière lui…

Un coup de baguette rapide ensorcela le chaudron afin de faire jaillir, en dessous, des flammes invisibles, qui révéleraient sa couleur cuivre aux yeux d’Eliad. Dans ce reflet jaune orangé, qui se mêlait à la lumière tamisée, ses yeux commençaient à s’éclairer, entrevoyant une solution possible au problème qui le rongeait, fait de feux… et de sang. Les ingrédients étaient désormais séparés les uns des autres et rangés proprement dans un coin de la table. Un souci de maniaquerie, les lui avait fait voir et revoir, afin de vérifier qu’ils n’avaient pas de défaut pouvant altérer la potion. Il n’était vraiment pas doué pour ça et ne s’en cachait pas. Pour autant, il tenait tellement à la réussir…

Avant de s’atteler à la préparation, il prit soin de relever sa manche, pour jeter un simple coup d’œil sur sa brûlure, afin de lui rappeler la nécessiter d’y mettre un terme. Plus de sombre poignet, plus de marques à cacher, plus le besoin d’empêcher Ceres d’enlever sa chemise, plus le besoin de se rappeler qu’en ces temps troublés, l’imprudence pouvait faire perdre la vie, et qu’aux méchants appartenaient le pouvoir de l’enlever ou non.

Alors qu’il était de nouveau perdu dans ses pensées, revivant le combat perdu d’avance contre Bellatrix, une nouvelle voix fit son apparition dans la pièce, par réflexe, il remonta sa manche rapidement, puis se retint de cacher tout le matériel, ainsi que les ingrédients… Ce ne serait pas discret, ni très efficace de tout cacher, notamment le chaudron qui était assez encombrant.

« Oui, je suis venu faire une potion, d’habitude je n’utilise pas cette salle, alors disons qu’il s’agit juste d’une coïncidence… »

Devais t-elle rester ici, ou devait-elle partir ? Tant qu’il gardait le parchemin où la formule était recopiée, loin de son regard, cela ne devrait pas poser problème. Quel dommage de ne pas pouvoir demander à son ancien maître de maison, de lui concocter une potion… Il se retrouvait seul dorénavant, et c’est là qu’il regrettait de ne pas avoir développer plus de relations solides durant ces cinq premières années.

« Non, non, tu ne me gènes pas, il y a bien assez de place pour nous deux oui… »

De toutes façons, elle ne l'avait pas vraiment attendu pour se retrouver à la table voisine, et sortir tout ce dont elle avait besoin… Tant qu’elle ne s’accaparait pas l’un de ses ingrédients alors qu’il avait le dos tourné, Eliad n’avait rien à craindre. Ce ne fut que lorsque son visage passa devant une bougie allumée, s’extirpant de la pénombre, qu’il la reconnut enfin. Lynn Bower. Les Bower avaient une sombre réputation, mais il aurait été bien trop long d’y revenir dessus. Et tout son temps était maintenant consacré à sa potion anti-brûlure.

Machinalement, il s’empara d’une fiole vide avant de la fixer du regard, se demandant quel serait le premier ingrédient, broyé par le pilon, qui viendrait être glissé de force dans l’étroit conduit. Sa main tremblait c’était indéniable. Il n’y avait pourtant rien de bien dangereux à faire pour cette potion, mais il n’était pas à l’aise…

Au contraire de la jeune Gryffondor qui prenait ses aises et qui avait déjà commencé à préparer les ingrédients. Coupant les limaces, les décapitant, sans autre forme de procès.

Il ouvrit le parchemin et récita plusieurs fois la formule dans sa tête. C’était plus qu’une potion normale qu’il devait fabriquer. Il s’agissait de magie médicale, d’un bien autre niveau d’apprentissage… Il devait arriver à créer une pâte de couleur orange qu’il appliquerait sur lui, pour soigner son poignet et la marque qui y avait été faite.

Il prépara la mandragore, déjà morte heureusement, et il la coupa lentement, prenant soin de ne pas faire de morceaux trop gros. C’était cette plante qui allait constituer la pâte de la recette et rendre le tout applicable sur la peau. Une potion orale n’aurait jamais pu réparer correctement les tissus brûlés de sa peau.

Il se tourna un instant vers sa compagne solitaire, préférant rompre le silence qui aurait pu durer si longtemps…

« Tu es là pour t’entraîner avec une potion mineure, où tu es là pour un besoin spécial ? »

Il s’était juré de ne pas poser de questions, mais c’était plus fort que lui, alors qu’il devait rester discret, il ne supportait pas de ne pas savoir ce qu’elle faisait à coté de lui, ce que tout ses ingrédients, bientôt mélangés l’un à l’autre, pouvait signifier…

Sans porter une grande attention à son voisin du jour, Lynn continua à préparer soigneusement les ingrédients dont elle aurait besoin.
Un livre de potion de quatrième année était posé à la gauche de son chaudron et elle vérifiait parfois qu'elle n'oubliait rien en répétant à mi-voix la liste des composants.
La potion n'était pas particulièrement compliquée et elle pensait bien la réussir du premier coup.

Elle se rendait compte avec plaisir que les sorts de quatrième année ne lui posaient pas de problèmes bien qu'elle n'ait pas pu assister à leur théorie ou leur pratique en cours l'année précédente. Aïlin avait fait du bon travail avec ses cours de rattrapage.

Complètement absorbée par ce qu'elle faisait, Lynn ne releva pas la tête quand le garçon s'adressa à elle et répondit en souriant alors qu'elle broyait quelques scarabés desséchés:

"Ho ce n'est qu'une potion du programme de quatrième année, je devrais la réussir sans problèmes mais comme j'ai été absente l'année dernière, je préfère les réaliser toute au moins une fois pour être sûre de ne pas accumuler davantage de retard !"

Elle ne voyait pas l'interêt de cacher ce genre de choses et elle pensait bien que le vert et argent ne souhaiterait pas en savoir plus.
Elle consentit enfin à le regarder et à lui adresser un sourire en demandant logiquement:

"Et toi ? Qu'est-ce que tu nous concoctes de bon ? Un philtre d'amour ? Un potion remue-ménage ?" Proposa-t-elle en riant. "Tu as l'air d'avoir pas mal de matériel, c'est une potion compliquée ?"

C'était simplement de la curiosité inoffensive et elle retourna très vite à ce qu'elle faisait, le laissant libre ou non de continuer la conversation.

Elle réduisit le feu sous son chaudron qui commençait à bouillir et y jeta les premiers ingrédients. Elle observa d'un air satisfait quelques voluptes de fumée grise s'échapper du chaudron et tourna son sablier. Il devait faire 2 tours avant qu'elle n'ajoute la poudre de scarabée. Ensuite remuer trois fois dans le sens d'une montre, deux fois dans le sens inverse et ajouter 5 écailles moyenne de lézard flammand. Lynn compta les écailles et en fit un petit tas qu'elle mit de côté, relisant la marche à suivre une nouvelle fois les consignes. Bave, limaces, scarabés, lézard, araignées...

"Ho non... quelle idiote ! Il me manque les pattes d'araignées... Est-ce que tu en aurais par hasard ?"

Les pattes d'araignées étaient un ingrédient plus que basique dans la confection des potions mais Lynn les avait visiblement laissé par mégarde dans la malle de sa chambre. Le temps qu'elle avait étant limité, elle ne pouvait pas se permettre d'aller les chercher à l'autre bout du chateau...

Attendant sa réponse, elle ajouta:

"Au fait, je m'appelle Lynn, Lynn Bower, et toi tu es ?"

Elle avait volontairement donné son nom au cas où le Serpentard ai eu de mauvaises intentions. C'était une mise en garde polie qui passait inaperçue et permettait également à la jolie gryffondor de connaître l'identité de son compagnon du jour. Par les temps qui courrait, mieux valait-il savoir à qui on s'adressait...

« Absente ? A quelques cours, ou l’année entière ? »

Etrange… Qu’est ce qui pouvait bien retenir une Bower, loin des cours et de l’école pendant toute une année entière. Le pilon faisait son office dans sa main, broyant et pressant les ingrédients en une fine purée compacte, d’apparence verte. Du mélange des plantes entre eux, toutes différentes, naissait une mixture qu’Eliad ne se voyait frotter contre sa brûlure. Les questions de Lynn n’étaient pour l’instant pas très embarrassante… Il se demandait quand elles le deviendraient vraiment.

« Disons que je fais une potion de sixième année, et je m’entraîne moi aussi… Et oui, elle est assez complexe. Ce n’est pas une potion de Felix Felicis, ni une potion de force, mais elle me permettra de… d’apaiser certaines douleurs le soir disons. C’est en quelque sorte une potion de soin. Pas vraiment une potion nocive et qui risquerait de faire fondre ma cuillère quand je la plongerais dedans. Où qui risquerait de plonger la pièce dans une épaisse fumée orange, comme je l’ai vu arriver quelque fois, lors d’un cours de potion. Donc rien qui devrait saboter ta propre potion, je pense pouvoir t’en assurer. »

« Des pattes d’araignée ? »

Oui, il en avait… Dans sa petite boite, toute serrée, les pattes se mélangeaient aux divers ingrédients, sangsue, nez de blaireau, crocs de serpent, plume d’aigle, et bec de Griffon. Ce dernier ingrédient était celui qui lui avait coûté le plus cher d’ailleurs… Il avait du l’acheter à l’allée des embrumes, dans une étroite boutique… Qui finalement ne l’avait pas. Il avait du se rabattre sur un vendeur ambulant qui l’avait accosté au sortir de la boutique, et qui décrétait avoir ce qu’il cherchait. Les becs de Griffon étaient très rare, et se les procuraient nécessitait une autorisation… Pas facile d’en avoir une lorsqu’on était qu’un élève de sixième année. Il avait rapidement fait sa transaction, dans cette ruelle sombre et crasseuse, sous le nez des vagabonds et leurs haleines d’alcool, pendant qu’ils devaient se demander s’il était possible de le vider de sa bourse. Mais avec le retour de Voldemort, plus personne ne pouvait reconnaître un élève normal, d’un futur mangemort, et tous restaient maître de la situation chacun préférant ne pas affronter l’autre, au cas où, il ne serait pas seul. C’était les échos étonnant de ce type d’événement… Les mangemorts, en effectuant leurs manœuvres au grand jour, renforçaient intentionnellement la sécurité dans les ruelles sombres… Car personne n’osaient plus attaquait, ils pensaient juste à se défendre et à survivre.

Sans compter que les disparitions suscitaient encore plus de craintes, chacun ayant peur d’être enlevé de manière rapide, pour ensuite, ne jamais réapparaître.

« Tiens, j’espère que ça te suffira, j’ai besoin du reste pour la potion. »

Quelle coïncidence qu’il ait ses pattes dans ses ingrédients. Où alors avait-elle sciemment regardé dans sa boite… Non, c’était impossible, il prenait soin de toujours la fermer après avoir pris un des ingrédients. Pourquoi donc était-il si méfiant, alors que ce n’était qu’une potion de soin. Sans doute ne tenait-il pas à ce que l’on sache qu’il avait très largement perdu un combat face à une mangemorte. Et qui en plus, avait juré de ne pas le lâcher de sitôt… Lui faisant payer les erreurs de son père…

« Oui, je te connais déjà… Je sais reconnaître une Bower quand il m’arrive d’en croiser une… »

Il se reprit aussitôt.

« Pardon, je ne voulais pas paraître désagréable, c’est juste que les Bower ont une réputation derrière eux, et qu’ils sont toujours au centre de nombreuses discussions. Et toi, étant dans la maison Gryffondor, tu as suscité de nombreux commentaires, auquel, ni toi ni moi, ne pouvons échapper. La réputation qui suit mon nom serait plutôt en dehors de l’école, mais je sais ce que tu dois ressentir parfois… Moi, c’est Eliad Midnell… Ravi. »

Il lui adressa un rapide sourire avant de se tourner vers le nez de blaireau, et commencer à le couper en tranche.

Le Serpentard avait une attitude un peu étrange. Il semblait à la fois vouloir être discret et ne pas lui adresser la parole et en même temps trop intrigué pour garder sa curiosité sous silence.

Lynn sourit, elle connaissait ça, voulant parfois en savoir un peu trop...

"Toute l'année, répondit-elle, évasive."

Ce n'était pas un secret et elle lui répondrait s'il cherchait à en savoir plus mais elle ne voyait pas la necessité de l''ennuyer avec des détails qui ne l'interesseraient surement pas.

Alors qu'elle l'interrogeait sur sa potion, il lui répondu d'un air hésitant que c'était une sorte de potion de soin qui était normalement sans danger:

"Tant mieux ! Du moment que je ne risque pas de m'intoxiquer, en ce qui me concèrne tu peux faire toutes les potions que tu veux ! Mais si tu as des douleurs, ça ne serait pas plus simple d'en parler à Mme Pomfresh ou au professeur Slughorn ? Surtout si la potion est difficile !"

Elle disait ça dans son simple interêt mais il était vrai que les temps étaient peu sûr et qu'il était difficile de savoir à qui se confier. Peut-être avait-il une maladie honteuse ou une blessure qu'il avait du se faire dans des circonstances peu légales ? Toujours est-il qu'il ne semblait pas enclin à impliquer quelqu'un d'autre là dedans.

Elle se rendit compte avec embêtement qu'elle avait oublié ses pattes d'araignées et en demanda à son voisin. C'était l'un des éléments de base des potions et tout bon sorcier se devait d'en avoir sur lui lorsqu'il pratiquait cet art. Mais de toute évidence, Lynn n'était pas une bonne sorcière. Elle leva les yeux au ciel en souriant et accepta les pattes qu'il lui tendait:

"Merci beaucoup, c'est parfait ! Ca m'aurait ennuyé de tout devoir recommencer pour une malheureuse patte d'araignée !"

Elle finit par se présenter et c'est avec surprise qu'elle appri qu'il la connaissait déjà. Elle devrait s'y faire, sa famille était tristement célèbre. Il était d'ailleurs à Serpentard, peut-être était-il lui même un fils de Mangemort qui avait connu son père.

Son regard perçant plongea dans le regard du brun quelques secondes avec méfiance mais il s'empressa de se justifier.. Oui effectievement sa famille avait été au coeur de nombreux débats. Maintenant qu'Ultan travaillait au ministère, elle se demandait ce qui se passerait. De plus elle avait été absente une longue année et qui sait ce qui avait pu se passer pendant ce temps-là ? Aïlin ne lui aurait rien raconté et Ultan avait depuis longtemps deserté le manoir familliale. Lynn ignorait si son aîné était au courant du dérouelement de la mort de son père, mais il devait s'en douter et c'était sûrement pour ça qu'il était partit. Pourtant, il continuait à partager les idéaux de son frère aîné... et sûrement se retrouvaient-ils joyeusement pour tuer des moldus autour d'un feu de camps dans leur petit club des mangemorts !

Elle frissonna et chassa ces idées de la tête, pour l'instant elle ne préférait pas savoir.

Il finit par se présenter. Lui-même disait être connu en dehors de Poudlard mais pour avoir été coupée du monde pendant presque une année entière, ce nom ne lui dit rien:

"Je vois... c'est vrai qu'on échappe pas aussi facilement à son nom... Moi en tout cas je n'ai pas d'apriori sur toi, Eliad et j'espère que tu n'en auras pas non plus vis-à-vis de mon nom ou de ma maison... cela ne veut plus dire grand chose par les temps qui courent, mais mieux vaut se faire des alliés que des ennemis, pas vrai ?"

Elle ajouta les pattes d'araignée et retourna son sablier. Elle devait encore un peu patienter avant d'ajouter la poudre de scarabée. Sa potion avait une couleur argentée un peu semblable à celle de ses yeux. Elle continua à tourner dans le sens des aiguilles d'une montre, relisant encore une fois la marche à suivre. Elle ne voulait pas rater cette potion ! Elle en avait déjà prévu une autre pour le lendemain.

Jetant un regard à son voisin, elle fronça les sourcils :

"C'est normal que ta potion fasse ça ?" Interrogea-t-elle, surprise.

Un an… Ca faisait long pour une absence. A cause de la mort de Dumbledore, nombre de parents avaient refusés de faire venir leurs enfants une année supplémentaire. Et certains des élèves qu’il avait fréquentés, ne foulaient plus le sol de Poudlard aujourd’hui. Sans doute ces mêmes parents, attendaient que le gagnant du duel soit enfin connu, avant d’emmener leurs enfants dans des combats qu’ils ne pouvaient gagner. Potter contre Voldemort. C’était donner beaucoup de responsabilités à un élève, alors qu’il n’avait pas choisi le destin qu’il lui avait incombé. Et de plus, il avait quitté l’école et avait complètement disparu du monde magique. Disparition, ou mort du jeune élève… Les rumeurs allaient bon train… Mais étant donné que Voldemort n’apparaissait pas encore publiquement, beaucoup pensait qu’il se terrait quelque part. Tout en regrettant son destin.

La cuillère tournait sans cesse dans tout les sens, caressant ce qui devenait petit à petit une patte molle. Comme s’il était en train de remuer de la vase. La potion n’avait pas vraiment d’odeur particulière, il n’y avait que l’aspect qui était peu ragoûtant…

« Disons que je réserve autre chose pour le professeur Slughorn, je ne veux pas vraiment l’embêter avec mes problèmes. Et pour Pomfresh… Je préférais me débrouiller par moi-même. Il y a bien trop d’oreilles à l’infirmerie, de gens, qui sous couvert de paraître endormi, ne font qu’espionner les faits et gestes des malades. J’ai une certaine expérience de ce genre de chose…»

Il fronça les sourcils en pensant au professeur Slughorn… Ce choix aurait pu être judicieux. Mais il faisait tout pour rentrer dans son club, et il ne voulait pas que le professeur se pose des questions sur la marque sur son bras. A travers les flatteries et les beaux discours, il ne se voyait pas lui raconter son combat perdu contre une mangemorte. Il pourrait penser qu’elle en avait vraiment après lui, et il aurait alors pris peur… Le sentiment que Bellatrix semait chez toutes ses victimes.

« Tu parles de Slughorn… Ferais tu partie de son club ? »

D’un hochement de tête, il attendait sa réponse. Mais après un an d’absence, le fait qu’elle réponde positivement à sa question, l’aurait vraiment étonné.

« Ne me remercie pas pour les ingrédients, je ne voulais pas me priver de ta compagnie, en te faisant laisser ta potion sur le feu, un temps infini avant que tu reviennes avec les bons ingrédients… »

Un rapide sourire, avant de continuer la préparation.

« Je n’ai rien contre les maisons en général, même si je n’accorde aucune confiance en général aux gens. Une manière de ne pas se faire avoir, une manière de ne pas souffrir bêtement. Mais je n’ai pas d’a priori sur toi ou ta famille. La mienne n’est pas exempte de défauts bien au contraire, même si… Je préfère ne pas en parler. »

Eliad se repliait toujours sur lui-même lorsqu’il parlait du nom de sa famille. Sans l’avouer, il souffrait beaucoup de la lâcheté de son père.

« Ma potion ? »

Il détourna son regard pour en revenir à l’objet de toutes ses attentions qu’il avait largement oublié, pour le beau regard sombre de Lynn.

La potion allait déborder, et une fumée âpre, de couleur mauve s’étendait maintenant au dessus de leur tête. Ca avait pris Eliad totalement de vitesse. Il arrêta l’enchantement qui permettait au chaudron de chauffer, et se mit à tousser rapidement, perturbé par la fumée…

« Je suis… »

Tousse.

« Vraiment navré… Tu sais comment faire partir la fumée par hasard ? »

Le chaudron ne brûlant plus, la fumée ne progressait plus, mais elle restait en l’air, se contentant de jouer les nuages dans cette petite pièce… De là à ce qu’il tombe bientôt la pluie…

Lynn haussa les épaules lorsqu'il déclara qu'il préférait ne pas ennuyer Slughorn. Elle se demanda ce qu'il voulait dire par "lui reserver autre chose" mais elle préféra ne pas poser la question.

Quant à l'infirmerie, elle savait par experience qu'il avait raison et que les petits tracas honteux ou pas des élèves étaient rapidement mis à jour d'une façon ou d'une autre.

"C'est si grave que ça que tu ne veuilles en parler à personne ? Tu ne pourrais pas te tourner vers Sainte Mangouste si tu veux que cela reste secret ?"

Alors qu'ils parlaient du professeur de potion, Eliad lui demanda si elle faisait partit de son club.
Lynn fronça les sourcils:

"Un club ? De quel club s'agit-il ? Un truc pour les fans des potions ?" S'informa-t-elle avec un sourire amusé.

En même temps elle avait été absente longtemps. Elle savait que son père avait eu Slughorn pour professeur mais n'avait jamais eu plus de détails...

Lorsqu'elle le remercia pour les ingrédients il argua qu'il ne voulait pas se priver de sa compagnie sans savoir quand elle reviendrait.

"Je n'aurais sûrement pas pu revenir ! Il me reste moins d'une demi-heure pour terminer avant mon prochain cours !"

Il lui expliqua alors qu'il ne faisait généralement confiance à personne, pour se protéger. Lynn était plutôt d'accord sur le principe, mais finalement c'était grâce à des gens auxquels elle s'était confiée et à qui elle avait fait confiance qu'elle s'en était sortit.

"C'est censé. Mais triste. Il y a toujours des gens digne de confiance, il faut parfois.. prendre le risque ! Ca en vaut la peine."

Alors qu'ils discutaient quelque chose semblait s'être mal passé dans la potion du garçon qui se mit à émettre une fumée épaisse et mauve qui prenait à la gorge.

Elle se mit elle aussi à tousser et évacua l'air devant elle d'un mouvement agacé de la main.

Il s'excua entre deux quintes de toux et lui demanda si elle savait comment faire disparaitre la fumée. D'un coup de baguette Lynn ouvrit la fenêtre de la pièce et fit jaillir de l'air pour aider à la faire sortir plus rapidement:

"Je ne vois pas trop d'autres solutions" Dit-elle en souriant et en essuyant ses yeux irrités par la fumée.

"Il n'y a pas trop de dégats ?" S'enquit-elle en jetant un coup d'oeil au chaudron de son compagnon. "Tu vas pouvoir la récupérer ?"

Il haussa les épaules par dépit. Elle avait raison sur beaucoup de points, mais il ne pouvait pas suivre ces conseils… Alors autant lui donner ce qui se rapprochait le plus d’une excuse bidon, même si c’était bien trop visible.

« St Mangouste ? Avec toutes ces manipulations pour découvrir les sorciers de sang moldu et les séparer du monde magique, ils seraient capables de me faire signer un papier de recensement, alors que je me trouverais encore dans les vapes, incapable de réfléchir à mes actes. Ils m’inscriraient comme cracmol, s’ils leur en prenaient l’envie. Dans tout les cas, ça sera bientôt terminé… Une fois que la potion aura été remuée trois fois avec une cuillère en os, tout en récitant le conte de Beedle le Barde une bonne centaine de fois. Non je plaisante, je te rassure. »

Il lui adressa un clin d’œil, mais avant d’appliquer la potion sur son bras, il devait vérifier qu’elle ne regardait pas dans sa direction. Qu’allait-elle faire s’il partait soudainement à l’autre bout de la salle, et qu’il s’évanouissait soudainement si la potion était en fait raté? Le nuage orangé n’était pas encore parti, et dans son malaise, ce dernier pouvait encore l’envelopper et elle ne l’aurait plus remarqué… Mais c’était la seule possibilité qu’il avait. Se cacher plutôt qu’appeler à l’aide. Quelle fierté…

« Pour Slughorn et son club… Disons que s’il devait y avoir une certaine élite dans l’école, et qu’elle devait réunir les meilleurs éléments, alors on pourrait dire que le professeur serait le recruteur et le chef de file… Mais il n’est pas nécessaire d’être doué en potion pour rejoindre ce club très privé, heureusement d’ailleurs. »

« Moins d’une demie heure ? »

Autant profiter alors de tester la potion, et de s’assurer de sa présence si ça tournait mal, avant qu’elle ne reparte en cours…

Elle fit sortir la fumée à l’aide d’un brillant sortilège… Plus de risque qu’elle ne le voie pas… Et plus de risques qu’elle voit sa blessure. Sans faire la part des choses, Eliad se faufila vers le fond de la pièce, s’excusant rapidement.

« Je vais la tester, à tout de suite. »

Ca avait l’air facile à dire comme ça, mais c’était surtout des mots. Rien ne disait qu’elle allait fonctionner et encore moins soigner sa blessure, elle pouvait même l’aggraver… Prenant soin de vérifier qu’elle ne regardait pas, et après avoir déplacé le chaudron, il commença à appliquer la pâte sur lui-même…

Est-ce que le résultat serait rapide, où lui faudrait-il attendre encore bien plus de temps que prévu ? C’est que la pâte commençait à se solidifier autour de son bras… D’ailleurs elle grossissait… Non, c’était son bras qui commençait à enfler, devenant plus large que l’autre. Son bras fut bientôt rejoint par les autres parties de son corps, qui elles aussi commencèrent à grossir… Son T shirt se déchira, brisé par ses épaules qui avait pris une largeur impressionnante. Ses chaussures étaient maintenant ouvertes en deux laissant dépasser quelques orteils. Lui qui avait le corps assez fin, mais bien formé, était maintenant aussi musclé qu’une sorte de sportif moldu.

Sa cravate verte déchirée traînait maintenant au sol comme un animal blessé, alors que lui devait maintenant atteindre presque les deux mètres… Perdant le contrôle de lui-même, devant cette transformation, il entreprit de se rapprocher soudainement de Lynn, qui n’allait sûrement pas rester calme.

« Aide moi… »

Les muscles qui lui étaient sortis du corps semblaient se stabiliser… Ils ne grossissaient plus. Las de devoir supporter un tel poids, ce qui était nouveau pour lui, il s’assit sur une chaise… qui se cassa aussitôt.

« Je crois bien que la potion était bien fichu… Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire maintenant… »

Il se retrouvait maintenant, regardant Lynn, sans espoir de ne pas passer par l’infirmerie ce coup là…

« Tu n’aurais pas un brillant sortilège pour moi, ce coup çi ?»

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Eliad semblait un peu paranoïaque en parlant de St Mangouste et elle frissonna:

"On en est pas arrivé là quand même..." Murmura-t-elle pour se rassurer. "Et puis, tu n'es pas un sang-pur ? Tu n'as rien à craindre, si ? Enfin, de toute façon tu fais comme tu veux !" Conclu-t-elle avec un sourire. "Tu peux toujours essayer et demander de l'aide si ca ne fonctionne pas !"

Il lui expliqua qu'il n'avait plus qu'à remuer avec une cuillère en os et à réciter une centaine de fois un conte. Elle leva les yeux vers lui, dubitative mais il avoua qu'il plaisantait.

Il évoqua le club de Slughorn et elle haussa les épaules :

"Ca m'a l'air assez rédibitoire... de toute façon je ne suis ni très douée en potion ni faisant partie de l'élite... ce club restera pour moi un mystère, et je ne m'en plains pas !"

Profitant du fait qu'elle était encore là, il s'éclipsa un peu plus loin pour essayer sa potion. Lynn continua la sienne sans lui accorder plus d'attention. Elle ne releva les yeux que lorsqu'elle entendit des bruits de tissu déchiré et une exclamation de surprise étouffée.

"Par Merlin..." Murmura-t-elle en lachant ce qu'elle avait dans les mains.

Le serpentard gonflait à vue d'oeil. Sa carrure, sa taille et ses muscles se developpaient anormalement et elle recula instinctivement quand sa lourde silouette se rapprocha en lui demandant de l'aider:

"Holala mais qu'est-ce que tu as fait...?"

Il voulu s'asseoir mais la chaise se brisa sous son poid et il resta assis par terre à la regarder d'un air dépité. Effectivement, la potion devait être fichue. Une fois la surprise passée, Lynn l'observa plus attentivement et se mit à pouffer de rire:

"Excuse-moi, mais si tu te voyais... Tu sais si tu voulais m'impressionner, il y avait d'autres moyens !" Dit-elle en riant.

Bien que cela soit amusant elle ignorait quoi faire pour l'aider:

"Je ne sais pas trop comment m'y prendre... essayons ça : Finite Incantatem !"

Il préféra ne rien dire lorsqu’il vit Lynn ricaner… Il y a peu, il aurait pu en rire si cela était arrivé à quelqu’un d’autre que lui… Mais le cas contraire, cela se révélait vraiment gênant.

« Je ne referais plus jamais de potions… Je suis sur que c’est ta potion qui a du contaminer la mienne. »

De la mauvaise foi, certes, mais de la mauvaise foi justifiée, après tout, c’était elle qui avait commencé à rire de ses malheurs. Et puis la bataille des maisons, tout ça… Le serpent avec des bras musclés, contre la Gryffondor jeteuse de sortilèges maléfiques… Il se sentait peser au moins une tonne… Au moins le poids d’Hagrid sans ses poils, et sans sa barbe. Il se releva, et tituba une nouvelle fois. Cette masse de muscles était difficile à contrôler. Il ressentait une étrange envie de tout démolir. Ou une étrange envie de frimer devant les jeunes élèves, principalement les 4éme et 5éme année, il paraîtrait que ce sont les plus influençables…

Il y avait aussi cette couleur orangée qui parsemait sa peau… S’aurait pu être pire, il aurait pu finir vert, c’était un lot de consolation.

« Oublie Merlin et les sorciers de l’ancien temps quel qu’il soit. Au moins j’ai l’air guéri, c’est déjà ça… »

La brûlure avait en effet disparu. Etait-ce la couleur orange qui avait juste peint sa blessure de la même couleur, la cachant ? Où est-ce qu’elle était bel et bien parti…

« Je ne cherche pas à t’impressionner, mais je te défends de raconter cette histoire à quelqu’un d’autre… C’est déjà bien assez embarrassant comme ça. »

« Finite ? Tu penses vraiment que ça va marcher ? »

Le sort restait sans effet. Du moins le pensait-il. Alors qu’il tournait le dos à Lynn, sans qu’il s’en aperçoive, son corps commençait à rétrécir, ses muscles diminuaient et il retrouvait enfin sa pâleur d’antan. Ce n’est que lorsqu’il contempla sa main, devenu beaucoup plus petite, qu’il se rendit compte que ça avait fonctionné…

« Bon… Je pense pouvoir survivre à la prochaine potion, mais je ne désire pas qu’elle soit pour tout de suite… J’irais à l’infirmerie, si jamais je m’aperçois qu’il me reste des séquelles… Genre un muscle, ou deux surdimensionnées par rapport aux autres… Merci pour le sortilège malgré tout. »

Il rangea vite les ingrédients qu’il avait laissé sur la table et avant de franchir la porte une dernière fois, s’adressant à Lynn, il lui dit :

« Ah et j’espère que tout cela, encore une fois, restera entre nous… »

Ses lèvres se figèrent dans un sourire forcé, et il quitta la salle.

-FIN-