« C’est compris Aed, je fais ça dès ce soir. »

Elle réprima une forte envie d’ébouriffer les cheveux du gamin qui lui semblait bien digne de sa maison, et enchaîna sur le cours, posant la première question de sa vie professorale. Les réponses fusèrent, et April sourit, ravie. Ses élèves lui parlaient. Bon, c’était un peu normal quand on pensait au contexte, mais la jeune enseignante ne pouvait s’empêcher de se réjouir. D’un coup, elle comprit pourquoi elle avait choisi ce job. Ils réfléchissaient, se lançaient, que ce soit correct ou pas. Même l’intervention inutile d’Ange, vite reprise par une petite lionne, ne parvint pas à lui faire perdre son sourire. Elle hocha la tête d’un air intéressé, ne montrant pas la moindre frustration. La blondinette avait déjà étudié les épouvantards ? Parfait, April pourrait alors donner une bonne note à une Serpentard pour la théorie, et ce serait une bonne chose. La gamine pouvait se réjouir de connaître le sujet, ou d’en apprendre un peu plus. Parfait non ?

« Très bien. Miss Dawster, comme l’a justement fait remarquer Mairin, les épouvantards évoluent avec leur adversaire. Depuis mes études, j’ai connu deux formes d’épouvantards. Donc si c’était un loup garou la dernière fois, cela peut très bien être différent, puisqu’à priori, vous avez gagné en maturité. Sans oublier que les récents évènements peuvent influer sur vos peurs. »

La craie, derrière elle, nota ce premier point, sur l’évolution de l’épouvantard, tandis qu’April reprenait.

« Par contre, vous avez raison pour le nom du sort, ce qui prouve que vous avez au moins retenu une chose de ce cours passé concernant les épouvantards. C’est déjà ça de gagné. Je ne vous donnerai pas de points pour votre réponse cela dit, votre attitude est déplaisante et vous en féliciter serait ridicule. Surtout que vous l’avez-vous-même précisé : vous n’avez aucun mérite pour cette bonne réponse. »

La craie appuya un peu fort en notant le nom du sort, seul signe visible de l’agacement de la jeune anglaise. Les serpents ne changeaient jamais. Tssk. Rapidement, sans accorder plus d’importance à la petite poupée blonde, April passa aux autres réponses, à ceux que le cours intéressait. A commencer par Lyriel dont la réponse l’amusa.

« Il est tout à fait possible de se mesurer à un épouvantard en cours miss Rosebury. Comme l’a souligné Ambrine, un épouvantard aura plus de mal à trouver sa forme définitive face à un groupe serré, puisqu’il ne sait pas quelle personne effrayer. Cela dit en général, ces créatures affrontent l’individu le plus proche d’eux. Donc si vous vous mettez en rang, et approchez un à un, l’épouvantard trouvera la bonne forme à prendre. Si, par exemple, vous ne parvenez pas à le combattre et qu’un de vos camarades ou moi-même vous vient en aide, l’épouvantard changera de forme. Quoi qu’il arrive, il finira par choisir un adversaire. C’est un peu comme un caméléon que l’on mettrait devant quelque chose de très bariolé. Il aura des difficultés à trouver le bon teint, mais parviendra par en adopter un par défaut, tu vois ? »

C’était assez simpliste, mais c’était le mieux qu’elle puisse faire pour expliquer le fonctionnement de la chose à des enfants de onze ans. Avec eux, impossible de partir dans une explication neuropsychologique pour leur faire comprendre le mécanisme.

« Ensuite, Sammy a tout à fait raison concernant l’apparence naturelle d’un épouvantard. Puisque c’est une créature que l’on nomme protéiforme, c'est-à-dire qu’il est instable et peut changer de forme très facilement. Il faudrait, pour savoir à quoi il ressemble à l’abri, pouvoir voir à travers les parois de sa cache. Et effectivement, leur forme est celle de la plus grande peur de leur adversaire, sorcier ou moldu, mais pour y parvenir, ils peuvent passer par plusieurs étapes, un peu moins effrayantes que leur apparence définitive. Ce qui fait qu’ils sont qualifiés de moche, Aed, c’est que les peurs des gens agissent comme des répulsifs, donc bien sûr, on ne peut pas les trouver beau. Si une demoiselle à peur des araignées, par exemple, c’est ce qu’elle verra en regardant l’épouvantard. Et pour elle, ce sera laid à mourir. Je ne reprendrai pas toutes vos réponses une par une, parce que ça prendrait tout le cours, mais tous ceux qui ont répondu font gagner deux points à leur maison. Et je vais résumer tout ça.

Les épouvantards sont des créatures magiques protéiformes, nommés par les moldus ‘Croque-mitaine’ ou ‘Monstre sous le lit’. En effet, puisqu’ils se sentent en sécurité et vivent dans des endroits sombres et confinés, dessous de lit, armoires, malles, meubles sont des endroits idéaux pour eux, surtout lorsqu’on n’y regarde que très rarement et qu’on ne les dérange pas. Lorsqu’ils sont découverts, ils ont un réflexe de défense qui leur fait adopter la forme de la plus grande peur de leur opposant, de sorte qu’on a rarement envie de trop s’en approcher et qu’en général, quand ils ont à faire à un moldu du moins, on les laisse tranquille. Comme l’a dit Ennis, et c’est le terme parfait, ils se nourrissent de la peur des gens. Ce qui implique qu’ils n’aiment pas les sentiments heureux et qui aident à prendre courage, et donc le rire. C’est pourquoi nous leur infligeons un sort nommé riddikulus, qui les force à changer de forme pour devenir ridicule. Le nom du sortilège ne laisse pas beaucoup de doute à ce sujet. Ainsi, on peut voir une araignée en patins à glace, avec ses nombreuses pattes partant dans tous les sens. Si les rires partent, alors c’est gagné, et l’épouvantard explose plus ou moins, en effet. Sa forme disparait en fumée, et il tente généralement de rejoindre une nouvelle cachette ou, s’il a plusieurs adversaires, de trouver une nouvelle forme. En somme, l’épouvantard n’est pas une créature très dangereuse, si ce n’est qu’une exposition trop prolongée à ses pires peurs peut faire perdre la tête. Mais il est plus défensif qu’offensif, et on peut même supposer que c’est une créature assez craintive. »

April balaya la salle du regard et jeta un rapide coup d’œil au tableau, recouvert des notes de la craie ensorcelée qui avait presque totalement disparu. C’était un peu long, mais au moins, c’était complet et avec ça, ses élèves sauraient exactement quoi dire si jamais une épreuve d’un examen ou d’un concours portait sur les épouvantards. Elle leur laissa un peu de temps pour finir de copier, et leur demanda de se préparer à la pratique en avançant devant les bureaux, sans trop s’approcher trop de la malle pour le moment.

« Je vais vous montrer l’exercice en passant avant vous. Etant donné que je sais exactement quelle forme prendra l’épouvantard face à moi, ça ne sera pas très long mais vous verrez mieux en quoi consiste l’épreuve. Vous serez noté sur vingt. Le premier à passer peut d’ores et déjà se préparer, dès que j’aurai fini, il prendra ma place, compris ? »

S’il y avait des questions, mieux valait qu’ils les posent maintenant, avant qu’elle soit concentrée sur la vision cauchemardesque qu’allait lui offrir l’épouvantard. Se plaçant devant le groupe, elle ouvrit la malle d’un sort et une créature informe apparut pour, en un quart de secondes, commencer à se transformer, passant d’abord d’une forme longiligne, reptilienne et énorme, avec des yeux comme les cavités d’un squelette pour devenir un homme d’une vingtaine d’année, assez beau, aux cheveux blonds foncés. Assez musclé, sans rien de trop, baguette en main, la mine sombre et l’air menaçant. Jules. Son ancien monde, son horreur personnelle. Elle se sentit frissonner et soupira. Concentrée, elle pointa la baguette sur l’image de son ancien amant, et prononça le sort d’une voix claire. L’homme rapetissa et ses cheveux se firent plus longs et bouclés. Elle fit face à un gamin d’une dizaine d’années qui, l’air boudeur, croisa les bras avant de donner un coup de pied dans un caillou imaginaire. Elle éclata de rire, consciente d’être la seule à pouvoir comprendre ce genre de farce, et la créature sembla s’évaporer.

Très souriante, elle se retourna vers ses élèves avant de s’écarter.

« Suivant. »

Les réponses fusaient de toute part de la classe et Ennis, calmé par le ton studieux et concentré que prenaient ses compagnons, prenait en note tous ce que professeur et élèves dictaient. Prenant bien soins d’annoter et de commenter ce qu’elle jugeait important. En bonne élève de serdaigle Ennis était tant concentré et obnubilé par ses notes que le moment ou son professeur commença l’exercice pratique sur les Épouventards, elle ne le remarqua pas toute suite.

Pourtant elle fut bien obligée de lever le nez de ses notes lorsqu’elle entendit des murmures d’excitation et de l’agitation. Tous étaient maintenant placé près de Miss Lightman et attendaient avec de l’appréhension, mélangé à de l’impatience, la venue de la créature.

Lors de la démonstration du professeure Ennis regarda l’exercice les yeux ronds, le souffle coupé. Peu adepte des sensations fortes, la jeune fille aurait de loin préféré rester bien installée sur son siège au fond de la classe, loin des regards. Pourtant le destin voulu que le moment fatidique se passe plutôt que prévu et la auburn se retrouva presque au devant de la ligne.

La peur lui saisit l’estomac lui donnant le tournis. Elle avait peur, elle était effrayé en fait car la pauvre aiglonne n’avait jamais réellement réfléchit sur sa plus grande peur. Elle savait bien qu’elle en avait une qui l’habitait, au fond d’elle, comme tous, Ennis n’était pas sans terreur et quelque chose l’effrayait, mais c’était probablement beaucoup plus l’idée de la découvrir et de l’affronter au même moment qui la troublait.

Respirant profondément, Ennis regarda les épouventards défiler devant ses yeux pour arriver enfin à celui Akiko, se débarrassa de son épouventard, avec quand même beaucoup de classe! Réussissant à trouve un courage qu’elle ne se connaissait pas encore, la serdaigle jeta un coup d’œil inquiet vers son professeur puis s’avança.

L’armoire devant elle trembla quelque seconde puis la porte s’ouvrit lentement, beaucoup trop lentement aux yeux de la pauvre Ennis qui se faisait de plus en plus petite. Un pied apparut enfin, puis un deuxième suivit du reste du corps. Le sang d’Ennis se figea dans ses veines lorsqu’elle vit pénétrer dans la salle de classe la vieille Honoria Nutcombe. La vieille fondatrice de la société de la réinsertion des harpies lançait des regards de dégout et de honte à l’aiglonne, pointant un doigt accusateur vers la jeune fille de douze ans. Sa voix dure raisonnait dans la salle accusant la pauvre serdaigle de lâche :

- Comment as-tu pu osée? Tu les as abandonnés, toi qui voulais tant suivre mes pas. Tu me fais honte! Lâche!

La vieille idole de la jeune Lufkins continuait de la traiter de tous les noms du monde et les yeux d’Ennis s’embrumèrent d’eau et la jeune fille leva sa baguette. Consciente que ses paroles ne pouvaient être prononcées par la vieille femme maintenant morte. Tenant de se convaincre qu’elle parviendrait à son but, qu’elle ne laisserait pas tomber la cause des Lycanthropes et qu’elle réussirait, elle aussi, à les aider à mieux s’intégré un jour dans la société magique.

L’aiglonne se concentra donc, humilier et imaginer la femme qu’elle admirait le plus au monde était difficile, mais finalement elle trouva quelque chose de convainquant, inspirant un bon coup en séchant ses larmes elle lança le sort :

- Ri….Ridi…Ridikulus!

Devant elle Honoria Nutcombe se mit à caqueter comme une poule, son nez se transformant en bec, sous le regard surprit de celle-ci. Ennis devant cette drôle d’image se mis à rire avec soulagement et baissa sa baguette, recula et se dirigea vers le fond de la classe, ou elle pourrait avec soulagement admirer le travail des autres.

Malgré tout, un pincement au cœur continuait de la chicoté et cette vision continuerait sans doute à la hanter pour un long moment.

Suivant. Suivant. Comme si c’était si facile d’affronter sa plus grande peur. Surtout que la petite sorcière ne savait pas du tout devant quoi elle allait se retrouver. Quand elle était petite, sa plus grande peur était les toilettes. Trop haut, trop blanc, et ce tourbillon… Brrrr. Mais elle avait grandi maintenant. Alors elle avait peur de quoi ? Le noir ne lui faisait pas peur, le sang non plus, la mort, elle n’y pensait pas, les professeurs étaient tous gentils apparemment. Non vraiment, elle ne voyait pas à quoi elle aurait à faire. Une bêbête peut-être ? … Oui, sûrement, mais quoi ? L’épouvantard de Miss Lightman se transforma en un monsieur. Son papa ? Non, il était un peu jeune. Son frère ? Tiens, est si c’était Logan la pire crainte d’Ambrine ?

A cette pensée, Ambrine eut un sourire. Non mais franchement… N’importe quoi. Pourquoi Logan lui ferait peur d’abord ? Côté famille, ce serait plutôt son oncle Robert qui pourrait devenir son épouvantard. Il fichait la frousse avec ses trois dents et son long nez. Et puis, il disait toujours des trucs du genre « Si t’arrêtes pas tes bêtises, je vais t’enfermer dans la malle à Scrout. » Ouais, ça, ça faisait vraiment peur ! En y repensant bien, son oncle était un monstre ! Ambrine n’avait que 6ans la dernière fois qu’elle lui avait rendu visite. D’ailleurs, elle s’était toujours demandé ce que c’était, un scrout.

Trêve de rêverie, le cours avait commencé. Et déjà les premiers élèves avaient découvert leur plus grande peur. Des vivants, des morts, des araignées, des machins volants et… Une chocogrenouille ? La petite sorcière était partagé entre le rire et l’angoisse. Pourquoi une chocogrenouille faisait-elle peur à un vaillant Gryffondor. En plus, Aed n’avait pas l’air trouillard. Enfin, la grenouille devint beaucoup moins rigolote quand elle se changea en une grenouille « jet de bave à ailes qui poussent ». Et heureusement que Lyriel était juste devant elle, sinon, le machin visqueux et vert qui sortait avec puissance de la bouche de la bestiole lui aurait atterrit en plein visage. Beurk. Trois fois beurk même. La petite fille aida son amie Lyriel à se relever, reconnaissante d’avoir joué le rôle du bouclier, puis attendit avec patience son tour. Quelle forme pourrait bien prendre cette grosse grenouille quand ce sera son tour ?

Une fois Lyriel passé, et après un bon fou rire, Ambrine se retrouva face à la vitre rempli de doxys écrasées, qui changea de forme plusieurs fois, passant par des teintes vertes, bleues, roses, avant de reprendre une consistance solide. Des toilettes ? Non. Une malle rempli de scrout ? Non plus. Pire. Bien pire. Enfin, du point de vue d’Ambrine. Là, juste devant elle, se tenait, menaçant à souhait, un énooooorme Clabbert. Ces, de base, petites créatures vertes des forêts, avec leurs dents pointues et tranchantes, leurs petits yeux jaunes et méchants, leurs trop grands bras qui donnent l’impression qu’ils sont élastiques, et leur gros bouton rouge sur la tête. Et ben voilà ce qui se trouvait devant Ambrine, plus grand qu’elle encore, et donc plus affreux et terrifiant.

Ses poumons se serrant, Ambrine fît plusieurs pas en arrière, les yeux exorbités. Elle les avait oublié. Elle en avait fait tant de cauchemars… Des nuits passés dans le lit de ses parents pour se sentir en sécurité, depuis que son crétin de frère lui avait fait croire qu’une de ces bestioles lui avait mangé la main. Tremblante du pied à la tête, la respiration coupée, le visage tordu par une grimace d’horreur, Ambrine était paralysé. Elle resta cinq interminable secondes dans cet état, puis prit sa baguette dans sa poche avec beaucoup de maladresse, et la pointa vers la bête.

- R…

Elle devait y arriver. Elle ne craignait rien, Miss Lightman était là en cas de besoin. Et puis, elle ne pouvait pas rester comme ça, sans bouger. La bestiole avança, fixant de ses gros yeux jaunes la petite sorcière, avec un grand sourire carnassier. Stop, c’était elle qui tenait la baguette. C’était elle qui devait ridiculiser l’autre ! C’était quoi déjà la formule ?

- Ri…

Soufflant un bon coup, elle fixa le Clabbert droit dans les yeux et articula:

- Riddikulus.

Au début, rien. Absolument rien. La grosse bêbête pas belle ne bougea pas, comme si le sort n’avait eu aucun impact sur elle. Puis ses yeux tournèrent dans leur orbite et devinrent des boules disco, tandis que la pustule sur sa tête explosait en des centaines de cotillons de toutes les couleurs. Ses dents tombèrent une à une, et une musique des Bizzar’sister retentit, sortant de la bouche édentée du monstre. Il était vachement plus marrant comme ça. Pouffant de rire, la petite sorcière se tourna vers sa professeure avec une fierté lisible sur son visage. Elle avait réussi ! Et en plus, elle s’était bien marré. Bon maintenant, suffisait juste d’oublier le passage « paralysie complète et tremblement incontrôlable ».

*Il faudra que je pense à glisser un lutin de Cornouailles ou des limaces dans le lit de Logan, un soir.*

Victory n'avait pas vraiment eu le temps d'en placer une, que tous les élèves présents en classe avaient déjà répondu à la question de la jeune femme. D'ailleurs, elle semblait très gentille cette Miss Lightman. Cela avait d'ors et déjà en confiance notre jeune Serdaigle. A vrai dire, se savoir entourée la rendait heureuse, et ce cour semblait très intéressant. La leçon du jour, était donc basée sur les Epouvantard. Ces créatures méconnaissables qui prennent forme en fonction des peurs des gens. Son père lui avait déjà parlé des Epouvantards, mais pas vraiment de manière détaillée, de plus la jeune fille ne se soucia guère de ce qu'il lui avait dis. Elle se contenta d'écouter son professeur répondre aux questions de ses autres camarades, puis elle leva la main à son tour.

"Professeur, je ne sais pas si ma question va vous sembler idiote mais... Si jamais on laisse une peur nous envahir... Que peut-il donc arriver à celui qui croise un Epouvantard ?" Demanda-t-elle en se grattant légèrement la tête.

En effet, Victory avait souvent le chic pour poser des questions dans le genre. Mais ce genre de réflexion marquait énormément son esprit, et cela l'aidera sûrement plus tard. Mais en attendant, leur jeune institutrice s'empressa de passer aux travaux pratiques. Elle leur montra comment se débarrasser d'un Epouvantard, grâce à la formule "Riddikulus." Un sort pour le moins efficace, qui transforme alors toute forme de crainte en un moment de pur amusement et de détente collective. Cela plut immédiatement à Victory qui s'empressa de vouloir essayer. Mais avant, certains élèves passaient déjà. Les différentes phobies des autres élèves étaient cependant très variées, des bestioles, à des humains, tout le monde en avait pour son grade, et c'était fabuleux de voir à quel point la peur pouvait réunir tant de personne pour un moment assez contradictoire. Bientôt, ce fut le tour de la brune qui attendait patiemment le moment ou elle allait passer. Après qu'une certaine Ambrine Illunia céda sa place au profit de notre jeune sorcière, Victory se mit en place en attendant que l'armoire ne s'ouvre. Celle ci n'avait pas parlé de ses peurs pour le moment... Mais après que la porte de l'armoire fut ouverte, une espèce de serpent géant commença à ramper jusqu'à elle. Sa langue qui sifflotait un bruit particulièrement désagréable fit légèrement trembler la Serdaigle qui tenta tant bien que mal de pointer sa baguette vers cette créature qui lui faisait tellement peur. Ses yeux se fermèrent un instant, mais très rapidement, elle se concentra afin de bien exécuter son sort.

"...RIDDIKULUS !" Cria-t-elle donc en direction du reptile.

Le serpent commença à se recroqueviller sur lui même, pour ainsi se transformer en une sorte petit cochon en salopette qui dansait avec une canne. Sur le moment, Victory ne fit rien, mais c'est juste après ce résultat qu'elle éclata dans un fou rire sonore en regardant la petite bête se trémousser devant tout le monde. Elle sourit, satisfaite de son résultat en se tournant vers son professeur en levant son pouce comme pour lui faire savoir que ce sort était bien, et que c'était déjà un bon point de départ pour son apprentissage de magicienne.

*Les épouvantards??!!*

-Han nan, encore?! Pfff

Lilou soupira bruyament et se laissa tomber su le dossier de sa chaise en croisant les bras. L'année dernière c'était la même chose, la même histoire et la même saloperie de monstre qui était apparue devant la gamine. Mais peut être qu'avec la guerre, les peurs de la gamine avaient peut-être changé?
Elle ne daigna pas de prêter attention à Lightman et aux autres premieres années qui se trémoussaient stupidement sur leur chaise en attendant que la maitresse interroge ses petits enfants. Après un long moment de blabla, une heure ou deux peut-être, tous se leverent
Terriblement agacée, la Gryffondor se plaça tout à la fin de la file, derrière Dawster.
Histoire de faire chier, Lilou lança à mi-voix à la verte:

-Peut être que ton épouvantard va prendre mon apparence, qui sait?

Non. Il prit l'apparence d'un ridicule petit Loup Garou de lopette, digne d'Ange. Un bon coup sur le pif et l'animal tombait raide mort. Très décevant, surtout venant d'une "digne descendante de sang pur".

Quand vint, son tour, Lilou laissa echapper un baillement bruyant et regarda le Loup-Garou à présent roux changer petit à petit de forme et donner naissance à * Merde... *

L'ombre sombre, décharnée, boueuse et répugnante qui formaient le Golem s'avançait de nouveau vers elle en rempant et en laissant échapper de son immense bouche noire d'infames bruits de clapotement ponctués de ricanements cruels. Cette créature faisait au moins trois mètres de hauteur, soit deux fois plus grand que l'année précédente, et laissait sallir ses côtes ainsi que tous ses autres os, notament de son visage. Il était couvert d'une sorte de vase verte et ses dents étrangements blanches s'échappaient de sa large bouche noire sourillante telles des défences d'éléphant.
La bête tentait de se relever et essayait désepérément d'attrapper les fines chevilles de Lilou tout en vomissant de la boue entre deux éclats de rire.
C'était toujours la même horreur imagée car abstraite que la brunette fuyait dans ses rêves.
Dégoutée, Lilou brandit sa baguette et prononça distinctement:

-Riddikulus.

Un pain de savon magique vint alors astiquer le Golem, laissant dégouliner la boue de tous les côtés. C'était pas drôle. C'était totalement absurde. Riddikule !
Retourna derrière la file et lança un regard désolé à Lightman: la vase tapissait à présent le fond de la classe.
* Pfff, façon, c'trop facile. *

*Hum plutôt pas mal ce cours…* pensait Enola.

Oui, à première vue la Défense Contre les Forces du Mal ne l’attirait pas plus que ça, la théorie plaisait trop à la gamine pour qu’elle soit douée en pratique.
Etudier dans les livres, apprendre des formules magiques, passer des heures à la bibliothèque, pas de souci, mais quand il s’agissait de mettre en pratique ce qu’elle avait appris, on pouvait le dire elle était nulle…

La Prof était plutôt sympa, jeune, dynamique et intéressante malgré son apparent jeune âge.
Bref, comme à son habitude, l’Aiglonne, installée seule à sa table, un brin associable, avait suivi le cours de manière très sérieuse et appliquée.
Le nez collé à son parchemin elle notait, notait, notait, notait sans s’arrêter tous les dires d’April Lightman et des élèves, enfin de certains, lorsque les répliques étaient justes.
La fillette n’avait pas pris la parole pour tenter une réponse, encore peu à l’aise au milieu de ses camarades.
Certains semblaient plutôt sympas, d’autres par contre, la mettaient hors d’elle. Cette Ange Dawster avait un ego démesurable.
Ok elle était mignonne, plutôt classe, et cette chevelure blonde intense lui allait à ravir, mais derrière ce joli minois se cachait, c’était sûr, une vipère.
Elle avait passé son cours à regarder ses ongles, le genre de fille qui s’admire en marchant quoi…
Et puis ce ton dédaigneux qu’elle prenait, cet air désinvolte, sûr d’elle…
Oui c’était décidé, celle-là elle aurait du mal à l’encadrer…

La partie du cours tant redoutée était arrivée, le TP. Qui disait travaux pratiques disait forcément « stress intense » pour la Serdaigle.
Un à un les élèves s’étaient approchés de la malle où l’Epouvantard étudié dans le cours prenait, suivant les peurs les plus fantasques de chacun, des apparences plus ou moins ténébreuses.
Certains étaient terrorisés par des monstres magiques, d’autres par un père tyrannique etc, mais la forme la plus surprenante qu’il eut prise fut pour Tyler, un petit Serpentard. Oui, il avait en face de lui son propre reflet, plus grimé, plus maigre, et si triste.
Ce qu’elle voyait lui serrait les entrailles : de quoi pouvait donc avoir si peur le petit garçon ?
Malgré tout, Tyler s’en sortit à merveille et à présent on pouvait voir l’Epouvantard danser des claquettes avec un chapeau ridicule sur la tête.
La jeune fille applaudit et rit de bon cœur.
Un Gryffondor à son tour dut se confronter à l’Epouvantard, et cette épreuve apparemment avait été difficile pour lui, et la fillette, trop préoccupée à la regarder retourner à sa place, les larmes aux yeux, ne se rendit pas compte qu’elle se trouvait maintenant face à face avec l’Epouvantard qui, petit à petit, après un nuage de formes inquiétantes, s’était transformé en une fillette blonde, aux yeux verts d’eau et dont le regard était si perçant.

L’Epouvantard s’adressa alors à la petite Serdaigle :

Enola, Enola… Tu ne peux me fuir…

La blonde s’avançait alors en direction de l’Aiglonne, qui se rendait enfin compte que son tour était arrivé.

*Nom d’un Magyar à Pointes, mais qu’est ce que… C’est qui celle-là ? Non, c’est impossible, ce n’est pas vrai, ce n’est pas m..*

Je suis toi Enola, toi, ton for intérieur, ce que tu refuses de montrer, ce que essayes de cacher. Tu ne peux plus me fuir, accepte et rejoins moi, deviens moi…

Des gouttes de sueur perlaient dans le cou de la jeune fille. Elle comprenait. Depuis toujours Enola avait une enfant sérieuse, calme, gentille. Mais au fond d’elle-même, une sorte de colère intérieure, puissante, la rongeait. Elle ne savait d’où cela venait, mais c’était en elle, enfoui.
Elle s’était toujours demandé, si elle avait eu à choisir entre le bien et le mal, entre la bonne et la mauvaise magie, entre la mort et la vie, vers quoi elle se serait penchée.

Ce reflet aux cheveux dorés et aux yeux d’un vert éclatant n’était autre que ceui de la sombre partie de son cœur.
Vacillante, elle reculait, et elle ne voyait plus qu’elle qui s’avançait en vainqueur.
Comment pouvait-elle lutter ? Les regards de ses camarades étaient tournés vers elle, certains souriaient, d’autres semblaient un peu plus perturbés… Devant eux elle ne pouvait pas flancher, ils deviendraient peut-être ses amis, ses camarades, et les sept ans qui l’attendaient ne devaient être que bonheur.

*Tu es peut-être en moi, mais on a tous notre côté noir, il me faut juste t’accepter, alors tu vas voir ce que tu vas voir blondasse écervelée !*

Toujours tremblante mais le regard conquérant, la fillette leva sa baguette et lança un :

Riddikulus !

Non, la blonde avançait toujours…

RIDDIKULUS !!!!

Cette fois-ci, son double noir s’arrêta net, son sourire disparut, et à la place de ses longs cheveux soleil se trouvaient une horreur : de la paille couleur vert Troll. La gamine avait les yeux exorbités et hurlait, tournant sur elle-même, comme une furie exacerbée. Plus elle tournait plus elle rapetissait, devenue alors ridicule.

Enola souriait, mais n’en ramenait tout de même pas large. Elle regarda tout autour d’elle ses camarades et se promit qu’elle ferait tout pour bien s’entendre avec eux, et pour ne jamais laisser paraitre à la surface ce mauvais coté, qu’elle espérait enfoui à jamais…