Les pas du dernier des fils Bower encore présent à Poudlard résonnaient dans les marches qui montaient jusqu'au dortoir des Serdaigle sous ses pas lourds. Il était épuisé mais malgré cela, la tension qui résidait en lui et qui le faisait peiner à trouver le sommeil depuis quelques jours lui soufflait qu'elle ne le libérerait pas ce soir pour lui permettre une nuit d'apaisement ; depuis plusieurs jours, l'esprit du Serdaigle tournait et retournait sur sous les questionnements. Sa seule chance de trouver le repos de l'esprit était l'occlumencie, domaine dans lequel il s'était énormément perfectionné depuis deux ans maintenant.
Le jeune homme était au courant de beaucoup de choses, bien plus qu'un élève normal et pour cause, son frère avec qui il résidait au manoir Bower était un mangemort. Aussi savait-il que les deux nouveaux enseignants, les Carrow, étaient des mangemorts et qu'ils allaient à leur manière révolutionner Poudlard. Cette année serait l'aube d'un remaniement à l'échelle nationale, et la célèbre école de sorcellerie ne serait pas épargnée.
Du haut de ses seize ans et de son mètre soixante-dix huit, il ne pouvait pas grand chose contre cela. C'était une bien amère constatation pour le cadet des hommes Bower qui tout au long de sa jeunesse avait lutté contre ce mal au sein même de sa famille et qui s'était à présent répandu dans toute l'Angleterre comme une traînée de poudre. Il ne pouvait pas lutter contre cette force obscure, malgré ses talents de sorcier celle-là le dépassait. Il avait à peine sut résister à celle présente au manoir et lui même était loin d'être blanc comme neige. Comme tous les fils de Devin Bower, Aïlin savait être capable du pire... La preuve en était que ça n'était ni Lynn, ni Torin, ni Ultan qui avait osé lever sa baguette contre l'ancien Maître de famille jusqu'à ce qu'il rende son dernier souffle. Pour la vengeance, pour sa colère, Aïlin était capable d'une violence meurtrière et si Torin l'avait aidé dans cette voie, il n'avait été que le déclencheur qui avait éveillé la noirceur qui sommeillait en lui. Mais que ferait-il cette année ? Sa sœur n'était plus l'excuse pour combattre et si la cause des sang-mêlés pouvait être la sienne, le grand public avait toujours affiliés les Bower aux sang-purs si bien qu'il serait, lui et sa soeur, en sécurité entre les remparts de Poudlard. Tant qu'ils se tiendraient sagement... Alors, à quoi bon chercher la lutte pour une minorité qui n'était plus admise à l'école de Sorcellerie ? Aïlin n'avait certes jamais pensé un seul instant qu'il existait une élite parmi les sorciers, si ça n'était ceux dont le talent dépassait les limites du commun. Néanmoins, il avait assez usé sa jeunesse pour des combats qui auraient put ne jamais être les siens.
Il était las de jouer au « héros » et au gentil protecteur. Il n'était pas gentil, et puis... Il y avait Torin. Si le Serdaigle s'engageait contre la politique gouvernementale, cela ne ferait guère plus d'écho dans le monde qu'un battement d'aile de papillon et par le biais des Carrow cela retomberait certainement aux oreilles de son aîné. S'il ne le craignait plus, Aïlin ne désirait pas pour autant briser la paix précaire qui s'était instaurée entre eux. Il y avait autre chose, aussi... Il ne voulait pas aller contre son frère et d'une manière ou d'une autre lui causer du tort, malgré l'immoralité de la cause à laquelle il se vouait. Il y avait eu bien assez de morts et de désastres au sein de sa famille et si aujourd'hui leur fratrie était divisée, éparpillée et à des années lumières des liens de solidarité et d'amour qui étaient normalement présents entre frères et sœurs, le Bleu et Bronze ne souhaitait pas en rajouter. Aïlin l'avait dit à Torin : il ne ferait jamais parti des Mangemorts. Malgré tout, il ne se battrait plus contre son frère. S'en était finit de cela.

Peut-être même qu'ainsi le jeune Bower parviendrait à profiter de son avant dernière année à Poudlard ? Il l'espérait car à ses yeux, il avait déjà trop gâché sa scolarité et ses résultats brillants – il avait été parmi les meilleurs de sa promotion, avec une distinction pour avoir rendu la meilleure copie de toute l'école – n'avaient été qu'une façade sur le désastre de sa situation sociale au château. Tant pis pour la guerre, sa culpabilité et ses doutes lui faisaient peut-être peiner à trouver le sommeil pour un temps, mais lui abandonnait la bataille. Il profitera et qu'importait le sang et le statut social de ses prochains nouveaux camarades de jeux, Aïlin vivra sans scrupules tandis que son frère aîné mettra à mort des tas d'inconnus. À chacun ses choix.

Quand le sixième année entra dans le dortoir, il fut surprit de le trouver pratiquement vide. Il n'y avait qu'aux pieds de deux lits seulement que des bagages avaient été déposés. Les siens avaient été installés en bout de pièce, là où il avait l'habitude de dormir depuis des années maintenant, à l'écart. Les autres avaient-ils désertés ? Ou bien beaucoup de places dans les dortoirs s'étaient libérées depuis que les nés-moldus n'étaient plus admis à l'école. Un sourire noir s'afficha sur le visage du jeune homme malgré le fait qu'il ne soit pas seul. La cruauté de ses pensées n'arrivaient plus à lui percer le cœur. Il s'effaça bien vite cependant, tandis que son regard foncé se tournait en direction d'un autre jeune homme qui s'affairait à préparer ses affaires pour l'année à venir.

« Bonsoir... »

Murmura-t-il d'une voix grave, mais douce. Après une brève inspection, Aïlin conclut qu'il ne connaissait pas ce garçon. Peut-être ne l'avait-il tout simplement pas remarqué jusqu'alors, il y avait tant de monde que l'on découvrait chaque jour dans la salle commune des Serdaigle et dans le château que ça n'en était pas étonnant, bien que ses cheveux flamboyants n'étaient pas pour le rendre très discret.

Ce qui était gênant, c'était le fait que les deux garçons seraient les seuls dans le dortoir pour le moment. S'il se remplirait peut-être dans le courant de l'année, ils seraient en attendant obligés de se croiser matin et soir et si une vie dans un dortoir remplit permettait à certains, comme à lui par exemple, de rester dans leur indifférence, ce fait l'obligerait indéniablement à créer des liens sociaux avec l'autre Bleu et Bronze. Le strict minimum tout du moins. Mais Aïlin avait prit des résolutions cette année, alors, il était tant de s'entraîner à les appliquer dès ce soir, il serait ainsi moins facile de glisser vers la routine dans laquelle il s'était confortablement installé depuis trop longtemps.

« Et bien, nous allons être tranquilles, cette année. Je crois que nous n'avons pas le loisir de nous connaître, autant faire les présentations car je crois que l'on va être forcés de se côtoyer un petit moment. »

Malgré l'austérité de ses paroles, le grand brun adressa une ombre de sourire qui se voulait sympathique à l'adresse du garçon à la chevelure rousse. C'était devenu un exercice difficile, cela faisait deux mois entier que le jeune homme n'avait trouvé que de rares occasions pour sourire... s'il en avait eu beaucoup avant.
Au lieu de se présenter cependant, l'apprenti sorcier sortit sa baguette magique de bois sombre perlé de quelques graviers d'ambre jaune harmonieusement incrustés et lança un sortilège à sa valise qui s'ouvrit toute seule et libéra les livres du garçons qui allèrent se ranger d'eux mêmes sur et dans la table de chevet à côté de son lit à baldaquin. Les plus importants restaient à portée des mains d'Aïlin lorsqu'il serait installé dans son lit. Cette année, tous les livres sans exception qui restaient à vu d'œil portaient sur l'alchimie.
En l'espace de quelques secondes, tous les livres avaient trouvé leur place et le jeune homme reporta son attention sur le second résident du dortoir, l'air d'attendre paisiblement que celui-ci engage les présentations.