La nuit avait été tumultueuse, passionnée, ponctuée de cris et de plaintes, de peau s'entrechoquant, de morsures et de griffures. Ils avaient fait l'amour parfois violemment, parfois tendrement, profitant à fond des quelques heures qu'ils avaient rien qu'à eux. Ce n'est que lorsqu'ils avaient tous les deux sentis qu'ils étaient tout simplement trop épuisés pour continuer qu'ils se glissèrent pour de bon sous la couette, échangeant quelques baisers et mots tendres avant de sombrer dans les bras de Morphée. À peine une heure plus tard, une faible clarté caressait les lourds rideaux de la pièce.

Ce n'est qu'aux premières heures de l'après-midi que le gallois se sentit tiré de son sommeil, ses paupières peinant à s'ouvrir. Il se frotta discrètement les yeux d'une main, l'autre retenue par le corps toujours assoupi de son amante. Le brun resta immobile un instant, repassant les évènements de la veille dans sa tête. Cela avait été une magnifique soirée. Probablement qu'elle ne se reproduirait plus, c'est ce qui l'avait rendue si importante.

L'étudiant était heureux de ne ressentir aucun regret, aucune peine. Il était heureux, tout c'était passé comme il l'avait voulu et il ne souhaitait pas non plus trop s'accrocher à cette aventure. Ils n'étaient pas faits pour être ensemble. C'était une fille bien, mais ils étaient tout simplement trop différents pour que ce soit quelque chose de viable. Puis bon, il n'avait pas particulièrement envie d'être en couple pour le moment. Il ne dépendait pas de l'amour d'une femme pour se sentir combler. Du moins, pas présentement.

Le brun sentit que la masse délicate à ses côtés bougeait un peu. Il se retourna dans sa direction, ses bras enlaçant doucement sa taille et ses lèvres effleurant sa nuque et ses épaules. Elle goûtait aussi bon que la veille...Le jeune homme laissa le bout de ses nez s'enfouir dans ses cheveux de sang. Il restait toutefois très doux et bref dans ses mouvements, ne souhaitant pas la réveiller tout de suite si l'envie n'y était pas. C'était une façon silencieuse de lui faire savoir qu'il était là, qu'il n'était pas parti comme un ingrat, qu'il avait vraiment apprécié sa compagnie.

Le jeune homme n'avait pas particulièrement envie de partir. Il était bien sous la chaleur des draps, aux côtés d'une beauté sombre, les sensations de sa soirée d'hier et de sa nuit de sommeil lui collant délicieusement à la peau. Dehors, il faisait froid, c'était inaccueillant. Disons qu'il profiterait volontiers des derniers moments de proximité qui lui restaient avec Ella.

Le gallois sentit la ténébreuse bouger sous lui, leurs joues frottant doucement l'une contre l'autre, ses doigts enlaçant doucement ceux de son amante.

« Bien dormi...? », murmura-t-il à son oreille avant d'y déposer quelques petits baisers.

Lorsque l'Allemande s'éveilla, les yeux encore clos, enroulée dans son édredon de plumes, elle sentit la chaleur d'Emmanuel à ses côté. La lumière du jour filtrait déjà derrière les rideaux tirés, signe que l'heure devait être tardive. Mais Ella en avait cure. La jeune femme sentait la respiration calme et régulière de l'étudiant sous les draps qui se soulevaient et s'affaissaient en rythme. Que ne donnerait on pas pour que tous les réveils puissent être aussi doux ? Enfin, cela deviendrait sans doute ennuyeux et lassant à force. La mangemorte n'était certainement pas faite pour rester à paresser dans un petit cocon confortable. Mais à l'occasion, comme ce matin c'était vraiment agréable.

La ténébreuse remua légèrement et sentit les bras forts du jeune homme l'enlacer. Quoi qu'elle puisse en dire et qu'importe qu'elle essaie de soutenir qu'elle n'avait nullement besoin de ce genre de stupides démonstrations de tendresse, elle fut incapable de se dégager de cette étreinte; non pas parce qu'Emmanuel la serrait trop fort mais la volonté n'y était pas. Elle se sentait étonnamment bien ainsi protégée, appuyée contre son torse.. Laissant échapper un soupir de bien-être, l'ancienne serpentard referma les yeux, souhaitant profiter jusqu'au bout de ces précieux instants et se reserra contre le gallois.

La belle pu sentir le souffle chaud de son amant sur sa nuque, avant que sa joue ne vienne délicatement frôler la sienne. Les doigts d'Emmanuel vinrent se glisser entre les siens et le doux murmure de l'étudiant contre son oreille la fit sourire. Oh ça oui, elle avait bien dormi. Rares étaient les nuits où la ténébreuse pouvait à loisir se blottir dans les bras d'un bel homme et ne pas devoir écourter ces moments en se levant pour aller en cours ou quoi que ce soit d'autre. La ténébreuse acquiesça donc d'un petit signe de tête tout en se laissant sombrer dans le regard vert de son compagnon.

- Et toi ? Demanda t-elle pour lui renvoyer la question avant d'ajouter avec un semblant de provocation, Alors, tu as rêvé de moi ?

Esquissant un sourire, la belle déposa un baiser taquin sur les lèvres de l'étudiant avant de se reculer. Une brève inspection de son bandage factice au bras gauche, il permit de constater avec soulagement que celui avait bien tenu. L'Allemande se glissa alors hors du lit, ne souhaitant pas passer toute la journée à trainer ici, tirant partiellement les rideaux pour laisser passer un peu plus de lumière, puis revenant sur ses pas, elle se penchant vers son amant et murmura tendrement:

- Je reviens.

La belle se hâta hors de la chambre, laissant la porte entrouverte, pour rejoindre la cuisine dans l'idée de servir un petit déjeuner correct au jeune homme. L'ennui, comme elle s'en rendit bien vite compte, c'est qu'elle avait depuis plusieurs jours négligé les courses.. Il faudrait qu'elle pense à faire venir l'elfe de maison de la famille un jour, il pouvait bien faire les voyages entre le manoir et son appartement, au moins il serait doublement utile.. Enfin là n'était pas la question, par chance il lui restait de quoi faire des oeufs et des toats, ainsi d'une bouteille de jus de citrouille, du lait et du thé. Après qu'il n'aille pas se plaindre alors qu'elle faisait déjà l'effort de le servir La magie culinaire n'avait jamais été son fort, mais au moins elle réussit à disposer sur le plateau de quoi faire un petit déjeuner satisfaisant. Faisant léviter le tout d'un coup de baguette, la ténébreuse revient quelques minutes plus tard, se réinstallant aux côtés d'Emmanuel, le plateau déposé devant eux.

- Navrée, je n'ai plus de café..

Emmanuel n'avait pas réellement besoin d'une réponse vocale et articulée de la part de la Mangemort. Son soupir et ses caresses avaient parlés pour elle, traduisant parfaitement au gallois qu'elle était où elle voulait être, emprisonnée dans ses bras, victime de ses baisers. Le brun esquissa un fin sourire lorsque l'Anglaise acquiesça, s'élargissant ensuite lorsqu'elle lui demanda s'il avait rêvé à elle. Il laissa ses lèvres errer contre le cou et la nuque de la rousse avant de lui répondre doucement à l'oreille, ses doigts traçant délicatement la courbe du côté de son corps.

« À vrai dire, tu m'as trop épuisé pour que je puisse me souvenir de mes rêves. Mais cela en valait tout à fait la peine. »

L'étudiant goûta une énième fois au sucre des lèvres d'Ella contre les siennes, lui rendant son baiser tout de suite après, desserrant son étreinte autour de son corps fin pour la laisser s'échapper. Ainsi, se dit-il, elle pourrait mieux revenir. Son regard gourmand effleurait la silhouette alléchante de son corps, magnifiquement projetée dans sa direction grâce à la lueur du soleil. Il avait eu la chance de la caresser à maintes reprises durant la nuit et ce souvenir resterait à jamais gravé dans sa mémoire. À chaque fois qu'il entrerait au Poltergeist, à chaque fois qu'il la croiserait dans les corridors ou dans les cours. Oh, il était bien prêt à vivre avec cela.

Le jeune homme hocha discrètement la tête aux mots de l'étudiante, s'asseyant sur le matelas du lit, les draps couvrant la partie inférieure de son corps. Il la suivit doucement du regard avant de se perdre dans ses pensées. Ses soucis réapparaissaient l’un après l’autre. Lucy Ann, l’école, sa famille, Hayden… La fin de l’année approchait lentement mais sûrement et bien vite – il ne se faisait pas d’illusion – il devrait faire face à ces problématiques et à d’autres encore. D’un autre côté, il savait très bien que c’était le cas d’une grande majorité de la population sorcière. Les menaces se faisaient grandissante et à l’heure où le glas s’apprête à sonner, tout le monde était invité voir sommé à prendre une côté. Manu avait pris sa décision depuis bien longtemps. Les propos discriminants des Mangemorts étaient tout simplement répugnants.

Le brun sourit largement en voyant Ella entrer dans la chambre, un plateau fumant derrière elle. Il attendit qu’elle soit assise à ses côtés avant de déposer un tendre baiser contre sa mâchoire en guise de remerciement.

« Quelle douce attention. Le thé ferra amplement l’affaire, merci beaucoup. » , ajouta-t-il avant de prendre une petite bouchée d’œuf, trempant ensuite ses lèvres dans le thé chaud.

Il mangea silencieusement, son estomac satisfait d’être nourri après une nuit mouvementée. Un repas complet était nécessaire pour donner à son corps l’énergie nécessaire pour pouvoir recommencer de telle prouesse. Enfin, il ne comptait pas là-dessus en cet après-midi, mais si elle en venait à lui proposer, il ne le refuserait certainement pas.

« Alors… Tu voulais rentrer à l’école bientôt ou bien laisser tomber le cours de l’après-midi…? » , demanda-t-il d’un air faussement innocent, la regardant droit dans les yeux.

La ténébreuse s'installa de nouveau précautionneusement sur le lit, tout contre Emmanuel, recherchant la sécurité protectrice et la chaleur de ses bras d'homme, tout en déposant délicatement le plateau du petit déjeuner prenant garde de ne rien renverser. Elle fut accueillie par un large sourire éclairant le visage de son amant. La belle ne protesta pas contre les baisers que l'étudiants déposa sur sa mâchoire, bien au contraire, tandis qu'elle même s'occupait de lui servir du thé encore fumant dans sa tasse. La boisson de la vieille lui laissait un léger mal de tête, quoique rien d'insurmontable, et manger lui ferait le plus grand bien.

Assise en tailleur, plus ou moins enlacée dans les jambes d'Emmanuel, la ténébreuse grignota son petit déjeuner avec appétit, ne parlant pas trop. Ella n'était pas du genre à bavarder pour ne rien dire, d'autant plus que ses pensées étaient occupées par tout ce qu'elle avait à faire aujourd'hui. Demeurer dans l'inactivité, ce n'était pas pour une femme comme elle. D'ailleurs, la question du garçon la ramena sur terre. Certes, une vie de passion et de luxure entre les bras de ses divers amants ne lui déplairait pas le moins du monde, mais toutes les bonnes choses ont une fin et il était temps de prendre congé.

- Tu sais combien j'apprécie d'être ici avec toi, mais j'ai énormément de choses à faire aujourd'hui.. d'ailleurs, je ne pense pas aller aux cours de cet après midi.

La jeune femme termina sa tartine de confiture et reposa la plateau sur la table de nuit pour faire plus de place, plongeant son regard de jade dans les yeux d'Emmanuel car ce contact visuel avait quelque chose d'intime. La belle esquissa un léger sourire puis se pencha pour embrasser son amant du bout des lèvres avant de se retirer pour échapper à son étreinte.

- Je vais aller m'habiller.

Expliqua-t-elle d'une voix douce, qui ne signifiait pas moins que c'était terminé. La jeune femme se dirigea vers son armoire pour en sortir ses affaires et commença par enfiler ses sous-vêtements sans grande pudeur.

- Et toi que comptes tu faire ?

Le déjeuner s'était passé fort silencieusement, les deux étudiants n'échangeant rien d'autre que des regards, des sourires et de brefs baisers entre leurs bouchées. Et puis, Manu était bien trop occupé à s'enivrer une dernière fois de la sensation de la peau de la ténébreuse contre la sienne pour dire quoique ce soit. D'ailleurs, il se demanda si les autres conquêtes de la belle – car les potins circulaient rapidement entre les murs de l'UMA et le jeune Perks était avide de ceux-ci – avaient eut droit à un petit repas dans les couvertures encore chaudes des activités de la veille de l'étudiante. Un fin sourire éclaira son visage. Il imaginait très mal Andrzej rester prendre le thé.

Le Gallois hocha simplement la tête lorsque son amante lui dit qu'il était impossible pour elle de continuer ce qu'ils avaient entreprit au cours de la nuit. Il en fut certes un peu déçu mais il savait que cela n'aurait pas été raisonnable. Le brun avala la dernière gorgée de thé qu'il restait au fond de sa tasse avant qu'Ella ne reprenne le plateau de service pour le déposer sur la table de nuit. Alors que la jeune femme se retournait vers lui, il lui sourit tendrement, sincèrement, ses mains se glissant contre sa joue et dans sa chevelure. Il se perdit un instant dans son regard d'émeraude puis l'embrassa doucement avant de la laisser s'échapper de son étau.

Le jeune homme se cala un instant contre les oreillers, traçant une dernière fois, du bout des yeux, les courbes nues du corps de l'Allemande. Décidément, jamais il n'aurait cru être de ceux qui avaient eu le privilège de passer quelque heures intenses avec la belle. Le hasard faisait bien des choses...

Le brun se dégagea à son tour des couvertures et se redressa, récupérant son boxer et son jean qui reposaient au pied du lit et les enfila sans se presser.

« Je ne sais pas. Rentrer à l'université, prendre une douche et ensuite je verrais si j'ai envie d'aller à ce satané cours. », , dit-il en cherchant son chandail du regard.

Il aperçu le vêtement aux pieds de son amante, s'avançant dans sa direction pour le prendre. Mais il ne le mit pas tout de suite, profitant de sa proximité pour glisser ses bras autour de la taille de la belle, la serrant tendrement contre lui.

« Merci pour la soirée, miss Schwarz », souffla-t-il à so oreille, ponctuant sa phrase d'un baiser au creux du cou.

Le gallois se dégagea, terminant de s'habiller, sortant ensuite de la chambre de son amante pour finalement se chausser et mettre son manteau. Il ancra un énième fois son regard dans celui de la Mangemort, lui sourit et dit simplement avant de franchir le seuil de la porte:

« À la prochaine. »