Malgré les quelques courants d'air frais qui se glissaient entre les rues et bâtiments de Pré-au-Lard et qui arrivaient à se frayer un chemin jusque sous le tissu du chandail du jeune homme, celui-ci avait chaud. Peut-être était-ce les doux rayons du soleil contre son visage ou encore la main de Zélie dans la sienne, mais cette chaleur s'étendait jusqu'à son cœur qui avait été un peu refroidi, ces derniers temps. Il se sentait en paix, comme s'il n'avait pas besoin de s'inquiéter de quoique ce soit. Mais la jeune Aiglonne avait toujours eu cet effet sur lui. Comme un baume, une caresse sur la joue, un chocolat chaud.
Il se souvenait d'ailleurs d'un moment spécifique où il avait réaliser à quel point Zézette avait un don pour apaiser les âmes en peine. C'était pendant l'été où elle était venue habiter chez lui. Les gens qui connaissaient bien la famille Perks savaient très bien que les deux personnes qui s'entendaient le moins bien, c'était Emmanuel et son père, Azrael. Ils s'étaient engueulés ce soir-là à propos de quelque chose qui échappait aujourd'hui totalement à Manu. Toujours est-il qu'il était parti à sa chambre en trombe, jurant silencieusement et claquant la porte. Deux minutes n'étaient pas passées qu'il entendit quelqu'un cogner à la porte et entrer, évidemment, sans attendre de réponse. Elle était là, le regardant d'une façon à la fois douce et espiègle. Jamais elle ne mentionna l'engueulade. Elle ne fit que lui proposer de regarder un film moldu avec Sally-Anne et elle. Avec le plus beau sourire qu'elle put lui offrir.

Aujourd'hui, il avait retrouvé ce sourire à un moment où il en avait réellement besoin.

Le regard du gallois hésita un peu lorsqu'elle mentionna l'idée d'une petite amie. Devait-il la regarder ou fixer son attention sur le sol..? Il balançait entre les deux, ne sachant d'abord pas quoi répondre. Ses yeux effleurèrent la pierre puis les yeux clairs de Zélie, ses lèvres s'étirant en un sourire doux et timide à la fois.

« C'est compliqué. En fait, je ne sais pas trop si nous sommes toujours en couple ou non. Disons que l'on s'est parlés un peu fort la dernière fois que l'on s'est vus, il y a quelques jours. »

Il soupira un peu. Il ne se sentait pas inconfortable de parler de cela à Zélie mais ne voulait pas particulièrement qu'elle s'en fasse avec ses histoires d'amour.

« Je doute qu'elle veuille réellement me reparler... Mais... » Il sourit. « ...ce n'est pas important du tout. Ce qui est important, c'est que je suis avec toi aujourd'hui et que nous allons rattraper le temps perdu autour de quelques bons verres... Tu en dis quoi? »

Oui, c'était bel et bien ce qui était important. Qu'ils soient tous les deux heureux de passer cette journée ensemble et que, quoi qu'il arrive, ils ne regretteraient rien du tout. Pas qu'il prévoyait quelque chose en particulier, mais... Mais bon, ce n'était pas l'envie qui manquait. À chaque fois qu'il la regardait, il avait l'impression qu'elle était toujours plus belle, toujours plus rayonnante et que ses lèvres l'appelaient de plus en plus. Il laissa la jeune femme passer devant lui, tenant la porte derrière elle et la suivit jusqu'à une table, ses mains ayant, d'une façon même surprenante, bien du mal à ne pas venir se poser contre ses hanches fines. Il attendit poliment qu'elle soit assise avant de faire de même, souriant à ses quelques mots.

« T'inquiète, je vais essayer de ne pas abuser de ton état... »

Sa phrase fût ponctuée d'un clin d'oeil avant qu'il ne vienne porter attention à la serveuse qui s'était approchée d'eux. Il laissa Zélie choisir puis demanda quatre verres de Whisky pur feu. La demoiselle sembla surprise de sa commande mais s'exécuta, se dirigeant vers le comptoir où elle prépara les boissons.

« Si tu veux commencer à boire, on va t'instruire en bonne et due forme, hm? »

La main du gallois vint naturellement se poser contre l'avant-bras de la française, la caressant doucement jusqu'à ce que sa main vienne se retrouver dans la sienne. Il laissa ses doigts danser à leur guise avec ceux de la Serdaigle, ses yeux plongés dans les siens.

« Alors, quoi de neuf? Ça fait un moment... Parle-moi de tout. »

Même si son ton était des plus naturels, ses gestes, eux, traduisaient l'affection profonde qu'il ressentait pour elle.

Mais en même temps, cela lui semblait, justement, tellement naturel...

Emmanuel avait certainement eu mot de tout ce qui avait bien pu se produire dans la vie de la jeune Aiglonne. Certes, les explications que Sally-Anne lui avait fournies n'étaient que peu précises mais amplement suffisantes pour décrire le caractère des plus chaotiques des évènements qui avait fait partie du quotidien récent de Zélie. D'ailleurs, alors qu'elle racontait plus en détail tout ce qui c'était produit, le gallois ne put s'empêcher de penser qu'elle avait été affreusement forte, au fil des années. C'était une situation déstabilisante, inquiétante pour une jeune femme de son âge et pourtant, elle semblait rayonner. Elle était belle, souriante. Il devinait qu'elle était ressortie plus forte de cette expérience et qu'elle appréciait d'autant plus sa vie poudlardienne après en avoir été séparée pendant un an. Même s'il arrivait à tout le monde de vouloir en sortir un jour ou l'autre, Poudlard finissait toujours par nous manquer. L'insouciance, les lieux, les dortoirs, les professeurs -enfin, certains professeurs. Quand on y passe sept ans de sa vie, c'est presque naturel de s'y attacher, même juste un peu.

Le jeune homme avait siroté l'un des verres de Whisky pur feu en écoutant attentivement le discours de la Serdaigle et le déposa sur la table alors qu'elle terminait, lui adressant un tendre sourire en examinant les traits de son visage. Il était encore confus. En fait, confusion était le mot qui résonnait le plus dans sa tête de ces temps-ci. Avec le départ de Lucy Ann, il se remettait en question. Et là, juste là, il ne savait pas comment se sentir en compagnie de la française. En apparence, c'était bien évident, il l'aimait bien, il appréciait sa compagnie. En fait, si on ne les connaissaient pas, ils avaient l'air de former un couple très mignon. Mais le gallois sentait au plus profond de lui-même que ce n'était pas complètement le cas. Il n'était pas amoureux d'elle. Pour une raison qu'il ignorait, il s'empêchait de se laisser aller. Peut-être que le fait que cela soit Zélie le freinait un peu. Après tout, ils avaient eu une relation toute autre avant leurs retrouvailles. L'étudiant trouverait sans doute cela très difficile de passer d'une relation amicale basée sur sa petite soeur à une relation de couple. Enfin, il n'envisageait rien de cela sérieusement pour le moment. Il laissait son imaginaire divaguer.

« Je sais pas... » Il lui sourit doucement, ses lèvres venant effleurer le bout de ses doigts « Tu as envie de me dire autre chose? »

Emmanuel se perdait peu à peu dans le regard de sa compagne. Il ne savait pas trop de quoi discuter, quel sujet aborder, quoi lui demander. Pas qu'il ne voulait pas converser, mais les mots lui semblaient presque superflus. Il n'avait pas besoin de mots, juste de ses yeux, de ses mains. Il ne pensait plus à rien non plus. En fait, si. Il se demandait pourquoi il n'avait jamais vu Zézette comme il la voyait maintenant, juste là. Sublime.

« Tiens, j'ai une idée. On va jouer à un petit jeu, c'est bon? » Il prit une gorgée du liquide ambré. « Tu me poses une question, absolument n'importe laquelle, ce que tu aimerais savoir à mon sujet. Je te réponds et si ce que je te dis te surprends, tu prends une gorgée. Si tu t'y attendais, tu ne bois pas. Ensuite c'est à moi et on continue comme ça... Tu en dis quoi? »

Il lui adressa un clin d'oeil. Taquin, charmeur. Manu, quoi.

« Je te laisse le privilège de commencer... »

[HJ: c'est court... Désolée --' ]

Zélie avait toujours été quelqu’un de psychologiquement instable. Enfin, le mot est bien exagéré. Toujours est-il que tout le monde l’avait toujours considéré comme quelqu’un d’étrange, de différente. Pourtant, l’adolescente sentait bien qu’à ce moment présent elle était comme toutes les autres filles de son âge : euphorique intérieurement. Manu en face d’elle, les verres de whisky, la Française ne savait plus où donner de la tête. Elle parlait, c’était tout. D’ailleurs elle savait bien le faire ça, parler de sa vie, de tout et de rien, et c’était quelque chose qu’elle adorait. Alors imaginez sa réaction lorsque l’étudiant lui parla de son petit jeu. Le fait de poser une question à quelqu’un. Mais quelque part, c’était plutôt gênant. La Serdaigle passa son doigt sur la table avant d’hocher la tête. La seule question qui courait dans son esprit était : qu’est-ce qu’elle pouvait bien demander à son amoureux ? S’il l’aimait ? Non c’était trop tôt, trop directe, trop pas Zélie. Pour une fois elle ne voulait pas aller droit au but, oui, de peur d’être déçue. Elle sourit pour elle-même. Un blanc venait de s’installer entre les deux jeunes gens. L’Aiglonne réfléchissait le plus vite possible et ça se voyait. Elle ne voulait pas paraître indiscrète, ni trop chiante, en fait, elle voulait être parfaite pour son Manu. Il fallait qu’il la trouve géniale. Pas facile comme mission.
Finalement, Zélie ne savait pas comment poser une question sans être indiscrète. Alors elle fonça. Elle avait sa question en tête, y’avait plus qu’à trouver comment dire ça sans trop hésiter. Elle déglutit lentement et ouvrit enfin la bouche.

- Mmm. Combien de fois as-tu été vraiment amoureux dans ta vie ?

L’adolescente plongea son regard dans celui du jeune homme. Il ne devait pas lui mentir, pour Zélie Manu avait du tomber amoureux peut-être une seule fois amoureux dans sa vie, ou pas du tout. L’amour c’est compliqué, et c’est surtout compliqué à trouver. Elle fit glisser un des verres de whisky pu feu vers elle, laissant tomber la bièreaubeurre. Oui, elle savait que l’étudiant pouvait être surprenant quand il le voulait. Peut-être qu’il avait été amoureux trente six fois dans sa vie, qui sait ? En tout cas, cette question fit réfléchir la Française. Et elle ? Certes elle avait eu le béguin pour certaines personnes, June et Manu étaient celles du moment. Mais à part ça ? Harry ? A vrai dire, la jeune fille avait du mal à décrire ce qu’elle avait pu ressentir envers le survivant. Vraiment, l’amour c’est moche. Surtout que Potter avait du l’oublier depuis le temps. Et bizarrement Zélie ne ressentait plus rien pour lui. Juste pour Manu, même si elle ignorait si c’était vraiment de l’amûr ou juste des petits sentiments de passage. Oui il était beau, grand, intelligent. Mais pourrait-il l’aimer réellement ? Haha. C’était ça la question.

La rouquine releva les yeux vers son amoureux, mine de rien. Elle le contemplait, peut-être réfléchissait, peut-être passait-il dans sa tête l’image de toutes les filles avec qui il avait couché. Les boules si c’était ça. Mais Zélie retint de justesse un soupir. A cet instant, une histoire d’amour entre Manu et elle lui semblait terriblement impossible. Fallait pas penser à cela, surtout pas. Aujourd’hui elle était là pour passer une bonne soirée en compagnie d’un ravissant jeune homme, ce qui ce passerait ensuite, on s’en fout.

Emmanuel ne s'attendait pas à ce qu'elle commence avec une question dans ce genre-là. Lui s'attendait plutôt à des questions concentrées sur les couleurs favorites et les saveurs de glace préférée. Mais visiblement, la Française voulait en savoir beaucoup plus sur lui que ce qu'il aurait pu le prédire. D'ailleurs, juste pour cela, il se dit que s'il voulait suivre les règles de son jeu à la lettre, il était dans l'obligation de prendre une gorgée de Whisky. Ce qu'il fit après s'être ressaisi. Non, ce n'était pas un malaise, c'était inattendu, c'est tout!

Le Gallois déposa son verre sur la table et réfléchi un peu à ce qu'il allait répondre à tout cela. Bien entendu, il y avait Lucy Ann, qu'il aimait encore, d'ailleurs. Mais il hésitait vraiment à parler d'Andrea McAllen. Il hésitait à en parler surtout parce qu'il s'en voulait encore d'avoir été complètement aveugle et idiot. Elle l'avait joué comme un pantin, comme un jouet et lui en était complètement amoureux. Cependant, il se sentait dans l'obligation de répondre honnêtement à la jeune femme. Après tout, il ne voulait pas entrer dans les détails et sa question n'impliquait aucunement qu'il devait en fournir.

«  Je suis réellement tombé amoureux deux fois dans ma vie. Une fois à Poulard et la fille en question me l'a amèrement fait regretter et une fois à l'UMA. Je ne sais pas trop ce que l'avenir me réserve au niveau de l'amour mais bon... »

Il faisait de son mieux pour ne pas avoir l'air attristé. Il repensait à sa première soirée avec Lucy Ann, à leur été magnifique, à leurs mots doux échangés avant, pendant et après les cours.. Elle lui manquait tellement. Mais Emmanuel s'efforçait de faire en sorte que Zélie ne voit rien du tout de sa tristesse. Il était là pour elle, avec elle, sa main caressant tendrement la sienne. Les beaux yeux de miss Donovan hantaient peut-être encore son esprit mais présentement, c'était ceux de mademoiselle Colien qui le captivaient.

Le brun sourit doucement à l'Aiglonne. Il ne pensait absolument pas au fait que la Française suivait un cours de Soins aux créatures magiques avec sa copine/ex et il était loin de se douter que c'était un cours que la Serdaigle appréciait beaucoup. Et heureusement qu'il n'y pensait pas, sinon, il aurait mal, mais mal!

« Et toi, mam'zelle... Quelle est la chose que tu regrettes le plus dans ta vie?

Oh qu'il avait hâte de l'entendre, celle-là. Il était tellement curieux de savoir ce qu'elle aurait bien pu faire qui aurait causer du regret chez elle. En fait, il s'attendait à boire une bonne gorgée. Parce qu'il ne voyait que très peu de choses qui, à son âge, auraient pu lui causer des regrets.

[HJ: Désolé du retard! Ca n'arrivera pu! ]

La soirée commençait tout doucement, les verres de whisky sur le côté, et les questions commençaient à défiler tout doucement. Si la suite et fin de la soirée semblait encore dans l’ombre, le moment présent était presque parfait. Une sorte de plénitude était en train d’englober Zélie, et c’était très bien ainsi. Même si la question de la rouquine pouvait sembler un peu précipitée, la réponse de son ami l’avait surprise. Deux fois. C’est pas beaucoup quand même. Pour la peine elle but deux ou trois gorgées de whisky. Il y avait eu une fille à l’UMA. Or Manu était à l’UMA, ça veut dire que ça ne datait pas si longtemps que ça. Non, la Française n’avait pas le droit d’être déçue, tout simplement parce qu’elle n’avait pas le droit de dire que l’étudiant lui appartenait rien qu’à elle. Oui vraiment, c’est trop moche l’amour. Mais le pire dans cette histoire, c’est que c’était décidé. La course au Manu était dorénavant réellement mise en place. Et Zézette, ben elle allait se battre, même si elle voyait le frère de Sally que très rarement. Mais tout cela pouvait changer n’est-ce pas ? Oooh elle en rêvait déjà ! Les week-end avec le beau brun. Ce serait super génial. Super. Génial. Dans ses bras, peut-être même dans un lit, à parler de tout et de rien, à se taquiner. Brroouu. Du calme. On en est pas encore là.

Manu posa donc une question à Zélie. Qu’est-ce qu’elle regrettait le plus dans sa vie. A peu près rien. A part le fait de tomber trop souvent amoureuse. Ah ben oui, fallait rester sur le thème de l’amour sinon ça pouvait pas aller, du tout du tout. Il fallait le stimuler le beau brun ! Héhé ! La Serdaigle fit mine de réfléchir, les yeux tournés vers le plafond. En fait, elle aimait sa vie telle une belle mascarade. Ouais. Elle était aimée et aimait en retour, elle faisait un sport totalement délirant, elle avait des notes qui se maintenaient, une belle famille. Certes, pas encore d’amoureux, mais ça pouvait arriver vite. Elle sourit doucement.

- Et bieen Monsieur ! Je regrette d’être tombée amoureuse de Harry Potter ! Le mécréant ! J’étais troop folle de lui tu vois. Il est venu chez moi itout, y’avait ta sœur d’ailleurs. J’suis sûre qu’il ressentait des trucs pour moi, il m’aimait bien au moins. Mais fin septembre dernier j’ai quitté l’école. Et j’ai pas eu de nouvelles de luuii ! T_T. Et pis, et pis, et pis, en juin tu vois, à la fin de l’année. J’l’ai vu embrasser JAINA WEDGERS. J’te jure. Il est horrible ce mec ! Et c’est bien qu’il soit parti ! Y’a pu intérêt à venir me voir ! Mais j’m’en fiche parce que… ben… il est pas avec Jaina. J’l’ai vu pendant les vacances Jaina. On s’est même embrassées ! Mais c’est pas allé plus loin t’inquiète

Sur le coup de l’émotion, Zézette finit son verre d’un trait. Chose qu’elle n’aurait pas du faire en fait, puisque qu’elle toussota légèrement et sa gorge la brûlait à mort. Elle tappa sur la table, et mit un autre verre de whisky devant elle, quelle question poserait-elle à Manu maintenant ? Difficile. Il fallait qu’elle y aille cache, puis bon maintenant elle avait un peu un verre dans le nez inh, don ça irait tout seul. Elle plongea son regard perçant (ouais ouais) dans celui du beau brin, et resta ainsi pendant quelques secondes. Elle avait la question en tête, mais elle savait pas si ça se faisait de le demander. Ben si, si ça se faisait, sinon la question n’existerait pas, évidemment ! Quelle logique. La Française s’éclaira doucement la voix, et fonça.

- T’as déjà fait des choses pas très catholiques ?

Heups.

Le gallois passa à deux doigts de s'étouffer environ trois fois durant le monologue de la rouquine. Quoi?! Pas qu'il n'était choqué, mais il n'avait pas réalisé encore à quel point il voyait encore Zélie comme une enfant. Certes, elle avait seize ans, mais cela faisait si longtemps qu'il la connaissait via sa petite sœur qu'il n'avait pas encore prit de conscience du fait qu'elle avait grandit. Et elle avait très, très bien grandit. Elle parlait de gens qu'il ne connaissait pas vraiment et, à vrai dire, il ne l'écoutait qu'à moitié. Bien entendu, c'était des histoires d'amour d'adolescents et il s'y connaissait dans cette matière. Le brun était partagé entre deux façons de voir les choses qui se chamaillaient pour avoir la priorité; d'un côté, il se sentait comme le simili-grand frère qu'il avait toujours été pour la jeune Colien et de l'autre, il voulait bien lui montrer comment les adultes vivaient leurs amours, eux.

« Eh bien, mam'zelle, juste parce que je suis complétement dérouté, confus, et parce que je ne m'attendais pas du tout à ce que tu embrasses une fille, je vais être obligé de vider mon verre d'une traite. C'est que tu es pleine de surprises, toi... »

Le beau brun ponctua sa phrase d'un clin d'oeil avant de prendre son verre presque plein et de le vider en quelques longues gorgées, une petite goutte réussissant même à couler contre sa joue jusqu'à son menton. Il l'essuya du revers de la main, prit une grande respiration pour contrôler les protestations de sa gorge et esquissa un sourire à Zélie. Qu'est-ce qu'elle allait lui sortir, là?

*Oh dear god, je peux pas croire qu'elle m'a vraiment posé cette question-là...*

L'étudiant rit presque nerveusement à sa question puis se dit que si elle lui avait posé, c'était simplement par curiosité et qu'il n'avait pas à faire de cas de ça.. Ou presque. Comment être honnête sans être vulgaire, sans lui donner de mauvaise impression, sans avoir l'air d'un être dévergondé (même s'il l'était un peu, en fait)?

« Si ça peut t'aider, j'ai perdu mon innocence – si on peut dire ça comme ça – à quatorze ans, j'en ai maintenant 19, j'ai eu des copines, des aventures... Bref, je suis un jeune homme et un amant plutôt prolifique. Je ne te dis pas le nombre de fois que j'ai fais des choses pas catholiques parce que j'ai perdu le compte, en fait... »

Il pausa.

« Je te renvoie ta question, miss... »