[Désolé, c'est un peu nul comme intro u_u] Il ne restait que deux mois avant les ASPIC. Mervin avait l’intention d’obtenir ses examens mention optimale mais, comme si les révisions ne suffisaient pas, il avait fallu qu’il s’inscrive à cette fichue cérémonie anniversaire. Il n’était pas dans ses habitudes de se plaindre ou de regretter ses choix cependant, les motifs de sa participation n’étaient pas très clairs. McGonagall lui avait soufflé bien gentiment que la présence du préfet-en-chef serait appréciée. Il avait ensuite songé aux avantages que l’hommage pourrait lui apporter. Le ministère favorisait l’ouverture aujourd’hui. S’il prouvait son investissement dans la reconstruction du monde après-guerre, les entrées lui seraient plus faciles d’accès. Tout cela était très bien. Seulement, il n’avait aucun projet à montrer pour célébrer la chute du seigneur des ténèbres. Lorsqu’il essayait d’y réfléchir, rien ne lui venait. Ces histoires d’unification et de tolérance l’ennuyaient plus qu’autre chose. Il n’y croyait tout simplement pas. L’âge où moldus et sorcier vivaient en paix était révolu depuis plus d’un millénaire. La fracture était trop profonde aujourd’hui. Dire que les sorciers étaient les seuls responsables de ce carnage lui semblait hypocrite. Mais l’heure n’était pas aux analyses historiques profondes. Il devait jouer le rôle de l’étudiant, c'est-à-dire, tenir un discours naïf, moral et plein de belles formules. La principale difficulté de l’exercice était de garder les idées les plus ridicules en essayant de se convaincre qu’elles étaient bien… En général, les jurys aimaient les exposés très conventionnels. Ils réclamaient de l’originalité et récompensaient tout ce qui ne l’était pas. Donc, pour résumer, il devait trouver un projet simplet, codifié, et tourné de manière à paraître exceptionnel. Mervin s’était jamais senti aussi désemparé devant une épreuve. Pourquoi n’avait-il pas mesuré l’absurdité de ce concours plus tôt ?
Mais, depuis deux semaines, les pensées du Serpentard étaient troublées par des événements extérieurs imprévus. Sa relation avec Clarisse ressemblait de plus en plus à une liaison et ses convictions familiales commençaient à en prendre un coup. Il ne savait pas quoi faire. Ces curieuses pensées adolescentes parasitaient toutes ses réflexions. Cette histoire n’avait pas d’avenir. Il devait l’arrêter rapidement, comme il l’avait fait deux ans plus tôt en résistant aux avances de sa cousine malgré ses sentiments. Néanmoins, quelque chose avait changé depuis. Mettre fin à l’aventure charmante qui s’offrait à lui signifiait retourner à la solitude. Cet état lui pesait maintenant qu’il se sentait enfin prêt à vivre, à devenir une personne à part entière. La Serdaigle s’était inscrite au concours quelques jours après lui et, comme par hasard, ils s’étaient retrouvés dans le même groupe. Mervin n’en était pas mécontent, cependant, aucune de leur discussion au cours de la semaine ne leur avait permis de tracer l’esquisse d’un projet. A la place, ils avaient plutôt évoqué leur vision de la guerre et parlé de la situation actuelle avec le plaisir léger de deux amants qui apprennent à se connaître. Tout ce qui semblait trop sérieux finissait par les ennuyer. Il espérait que William pourrait les sauver de la page blanche. Un Gryffondor activiste avait sans doute plus de choses à dire que lui… non ?
Une vague idée lui était venue deux jours avant leur rendez-vous, alors qu’il essayait de faire le lien entre les points communs des élèves du groupe. La piste la plus évidente était celle de leur couleur de cheveux bien entendu. Or, les roux avaient beaucoup fait parler d’eux à Poudlard. Tout avait commencé en 1995 avec les Brigades Rousses. Et le duo avait fait parler de lui jusqu’en 1998. Plus ou moins démantelé par les Carrow, leur mémoire avait inspiré un petit mouvement de révolution baptisé « tous roux contre l’oppression ». En effet, afin de soutenir les deux né-moldus, tous les élèves rebelles s’étaient teints les cheveux en orange. A l’époque, Mervin avait trouvé sa couleur capillaire quelque peu embarrassante puisqu’il avait tout fait pour garder sa neutralité. Mais, finalement, le roux était devenu un symbole de la lutte au château. Que pouvait-il en faire ? Il n’en savait rien. Il songeait aussi, avec amertume, que cette belle histoire n’avait pas calmé les moqueries. De la même manière, ceux qui voyaient les né-moldus comme des sorciers inférieurs n’avaient pas changé d’avis. La tolérance absolue était impossible. A tout hasard, le préfet-en-chef avait consulté les archives de la gazette de Poudlard pour récupérer une affiche qui appelait les élèves à se teindre les cheveux. Il la posa devant lui sur la table d’une salle de classe libre en espérant que ses partenaires de rouquinite seraient inspirés par ce petit souvenir…
Dernière édition par Mervin Caerwyn le Sam 23 Juil - 13:45:35, édité 1 fois
Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Sam 16 Juil - 22:49:46
Les affiches apposées sur tous les tableaux d'affichage de l'école avaient suscité un enthousiasme certain chez les élèves – sauf chez William. Il était maintes fois passé devant les affiches annonçant un concours pour le mois de mai, une commémoration de la fin de la guerre, sans même se donner la peine de les lire. Les quelques mots les plus apparents lui avaient suffi ; on allait donc fêter l'unité retrouvée, se congratuler, jouer un moment au monde parfait, puis tout rentrerait dans l'ordre. Les puissants d'aujourd'hui étaient les puissants d'hier, seul le masque avait changé. On se réclamait à présent de l'ouverture, on s'extasiait sur les Moldus - « ils sont vraiment trop, ma chère ! » mais on les tenait toujours dans le même mépris. La tolérance n'était qu'une posture ; le monde magique n'avait pas changé de valeurs, le sang versé n'avait en définitive servi à rien... Les nés-moldus n'avaient rien gagné à tous ces changements de façade. Aujourd'hui comme hier, ils seraient les laissés pour compte de la société sorcière, les inférieurs que l'on accueillait par charité mais que l'on reléguait au bas bout de la table... On pouvait bien monter en épingle quelques exemples de nés-moldus aux carrières brillantes, ils ne valaient que pour ce qu'ils étaient : des exceptions. Pour la majorité des Sang-de-bourbe, il n'y aurait ni promotion, ni émancipation. Les vieilles familles qui verrouillaient le monde magique veilleraient à ne pas laisser se développer la concurrence. Il suffisait de voir comme ils s'étaient relevés de la guerre, alors que la plupart d'entre eux étaient officiellement dans le camp des vaincus...
William envisageait de plus en plus un retour au monde moldu, mais il savait que ce serait difficile sans la moindre qualification reconnue. S'il quittait Poudlard, il était bon pour reprendre toute sa scolarité secondaire depuis le début, et il ne se voyait pas, à seize ans, repartir en sixième... Il restait donc à l'école des sorciers, par défaut, tout en songeant qu'il ne mènerait probablement pas une carrière dans le monde magique. Que faire, de toute façon ? Rien ne l'intéressait plus, et les sorciers dans leur ensemble l'exaspéraient. Les sang-pur lui semblaient hautains, les nés-moldus trop soucieux de s'intégrer à un monde qui n'était pas le leur. Peu d'individus trouvaient grâce à ses yeux – raison de plus pour ne pas s'intéresser à un concours qui supposait un travail en groupes. Pour autant, son attitude de rejet n'avait rien de virulent ; elle participait plutôt d'un ennui désabusé qui lui faisait traîner les pieds pour tout et broyer du noir, que d'une volonté de tout mettre à bas... Aussi, lorsque le professeur McGonagall, au détour d'un couloir, lui indiqua avec un sourire pincé que les préfets de Gryffondor étaient vivement priés de s'inscrire, il avait obtempéré passivement, sans même émettre une protestation. À quoi bon ? Participer, ne pas participer, il s'en foutait éperdument, dans le fond. Du moment qu'on ne prenait pas des baffes dans la gueule comme du temps des Carrow, il voulait bien se prêter à toutes les mascarades. Et cela ferait peut-être passer le temps plus vite jusqu'aux vacances... non qu'il fût pressé de rentrer à Brighton, mais deux mois sans voir personne, c'était précieux.
Le sort n'avait pas été trop vache avec le rouquin, et lui avait attribué Mervin Caerwyn et Clarisse McBrien comme coéquipiers. Au moins, il n'était pas avec d'insupportables crétins... Il s'entendait même plutôt bien avec les deux autres, lorsqu'il voulait bien se donner la peine de se montrer un peu moins malgracieux que d'habitude. Pour autant, il ne se réjouissait pas de devoir les retrouver dans une salle de classe vide pour travailler à un inutile projet. Il s'efforça néanmoins de ne pas arriver au rendez-vous avec une mine trop morose... Mervin était déjà arrivé ; William eut un instant d'inquiétude en voyant la feuille qu'il avait posée devant lui, et se demanda s'il était convenu de venir avec quelque chose, ou si le préfet-en-chef avait simplement pris les devants.
-Salut, Mervin... fit-il en s'approchant de la table qu'occupait le Serpentard. Tu lis quoi de beau ? ajouta-t-il presque aimablement en se penchant sur le papier, qu'il reconnut avec un mélange de plaisir et de profond désarroi.
L'affiche « tous roux contre l'oppression ». Pour quelle obscure raison Mervin l'avait-il apportée ? Bien sûr, tous les membres du groupe étaient roux, mais pourquoi cette affiche ? Le projet qu'ils devaient monter n'avait rien à voir... Il s'assit sur une des tables, en s'efforçant de ne pas regarder l'affiche qui lui rappelait de mauvais souvenirs, et fit :
-Dis... pourquoi tu as ramené ça ? Tu as une idée précise, ou bien... ?
Mervin Caerwyn
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Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Sam 23 Juil - 20:55:36
Plus il lisait cette affiche, plus son idée lui semblait stupide. Il ne voyait vraiment pas comment l'exposer à ses camarades en gardant son sérieux. Ce point de départ manquait d'inspiration. Clarisse allait le trouver idiot. Il soupira et trempa sa plume dans son encrier dans l'espoir de trouver un projet à griffonner. Quelques mots clés s'esquissèrent en tremblotant aux quatre coins de la page. Il ne tenait rien de très concluant. Le concours ne visait qu'à rassembler les élèves au final. Les enfants de l'école seraient heureux de présenter leur petit exposé, les journalistes publieront dans la Gazette un article plein de bons sentiments et l'affaire sera oubliée. Seuls les politiques s'intéressaient à l'événement. Il suffisait de voir le nom des élèves inscrits pour saisir toute la vanité de cet hommage. A part William, personne n'avait vécu la guerre côté victime. Quelques ex-miliciens essayaient par ce moyen de se faire bien voir et les autres étaient trop jeunes pour avoir connu la grande catastrophe au premier rang. Personne ne se faisait d'illusion. Clarisse elle-même disait qu'elle ne participait que pour les points. Les véritables rebelles étaient contre cette manifestation, ce qui prouvait bien l'étendue de la mascarade. Alors que faire ? Jouer le jeu des bons sentiments à la manière d'un gamin de onze ans mais sans la moindre sincérité ? Il lui fallait l'avis d'une personne plus concernée. Et cela tombait bien puisqu'un Gryffondor né-moldu était dans son équipe. Lorsque la porte s'ouvrit, Mervin fut soulagé de voir apparaître William. Il préférait sonder l'opinion du rouge et or avant de donner les premières pistes de recherche à Clarisse. Et, au pire, il dirait que la proposition ne venait pas de lui...
William se pencha rapidement sur l'affiche qu'il tenait. Il le salua avec un sourire mais son compagnon eut un mouvement de recul à la lecture du document. Certes, cette affaire le concernait directement puisque les Brigardes Rousses étaient soupçonnées à l'époque d'avoir saccagé le bureau d'un Carrow. Malgré une absence de preuves flagrante, ils avaient été accusés et châtiés à cause de leurs antécédents. L'événement avait cependant donné lieu à une campagne de soutien touchante puisque plusieurs élèves s'étaient teints en roux à la suite de cette condamnation injuste. Cette histoire avait mis un beau chaos à Poudlard et avait quelque peu ravivé la flamme de la résistance dans le cœur meurtris de tous les élèves que le terrible duo avait pris pour cible. Le Serpentard leva les yeux vers William en gardant un sourire tranquille. Il acquiesça doucement et l'invita à s'installer, le temps que l'esprit du Gryffondor s'apaise. Puis, il murmura avec douceur :
- ça va sans doute te paraître un peu bête, mais je cherchais un thème qui pourrait nous rassembler tous les trois... Alors en tombant sur cette affiche, je me suis dit que je pouvais l'emporter au cas ou elle puisse inspirer l'un d'entre nous. Il me semble qu'elle a entraîné un beau mouvement de soutien entre les élèves l’année dernière... Et, finalement, depuis l'arrivée d'Ombrage à Poudlard, la contestation au château s'est souvent manifestée autour de la couleur rousse... - Ses derniers mots s'étouffèrent dans un rire léger. - Même s'il reste toujours aussi difficile de passer à la postérité avec cette particularité génétique. Mais tu dois connaître la question mieux que moi... Il posa un regard insistant sur le Gryffondor afin de l’inciter à parler. Si cette affiche ne lui disait rien de bon, il n’aurait plus qu’à la ranger et attendre qu’une autre idée soit proposée. Néanmoins, il n’y avait pas trente-six choses différentes à présenter sur la solidarité entre les sorciers. En se concentrant sur les roux, ils étaient à peu près sûrs de ne pas imiter involontairement le projet d’un autre groupe, et c’était à peu près tout ce qui importait au final. En réalité, Mervin avait un peu plus creusé la question qu’il ne voulait l’avouer. Il ne restait qu’à savoir si sa pensée pourrait rejoindre celle de son partenaire. Et Clarisse ? La Serdaigle n’était toujours pas là et ses prunelles glissaient de plus en plus souvent sur la porte fermée. Ce retard ne lui ressemblait pas. S’était-il passé quelque chose depuis avant-hier ? Il se laissa à nouveau déconcentrer par le souvenir de leur dernier rendez-vous qu’il tenta de disséquer dans les moindres détails, à la recherche d’une phrase susceptible d’expliquer l’absence de la jeune fille. Il l’avait peut-être mise plus en colère qu’il ne le pensait en lui parlant de sa vision du couple. Clarisse n’était pas du genre à annuler au dernier moment une chose pour laquelle elle s’était engagée… Mais qu’en savait-il après tout ? Il ne la connaissait pas assez. L’hypocrisie de l’événement l’avait peut-être exaspérée. Elle avait très bien pu tomber sur des élèves contestataires qui l’avaient dissuadée de venir… Et sans le prévenir ?
- As-tu croisé Clarisse aujourd’hui ? Finit-il par demander à William d’un air faussement détaché.
Si son idée n’était pas stupide, il avait l’air plutôt idiot à présent. La rumeur de sa relation avec McBrien avait déjà fait le tour du château – apparemment, les histoires d’un préfet-en-chef intéressaient plus que celles d’un élève moyen – et il n’était même pas capable de dire où se trouvait la jeune fille alors qu’il l’attendait pour travailler sur un exposé commun… Vraiment, cette affaire commençait admirablement bien.
Le souvenir était douloureux, mais, après quelques instants de contemplation de l'affiche, un léger sourire passa sur les lèvres de William. Ah, le bon vieux temps des Carrow... le temps de la torture et des bleus, certes, mais aussi de l'héroïsme aveugle, de la solidarité, des grandes idées... Le roux avait perdu tout cela avec ses dernières illusions, sous les coups des Carrow et de leurs séides. Il avait mis du temps à comprendre ce que la grande majorité des autres élèves savait instinctivement : en période de répression, mieux vaut raser les murs, se faire oublier, et surtout ne pas s'exposer au danger pour des notions aussi nobles et vagues que le bien commun ou l'égalité. L'adolescent avait commis l'erreur fondamentale de résister dès le début à la tyrannie des Carrow ; tous ses ennuis ultérieurs avaient découlé de cet engagement précoce, puisque par la suite, il avait endossé – avec quelques autres – la responsabilité de tous les sabotages commis à l'école... Partant du vieux principe qui veut qu'on ne prête qu'aux riches, les deux Mangemorts et leurs larbins avaient rapidement pris l'habitude d'attribuer à un petit nombre de résistants notoires toutes les actions dont ils peinaient à retrouver les auteurs, de sorte que William n'avait pas eu un moment de tranquillité, même lorsqu'il avait fini par s'assagir. Il faisait partie de ceux qui avaient arboré de superbes hématomes de septembre à mai, sans interruption ; son dos portait encore les marques du fouet d'Alecto, malgré les potions données en secret par Madame Pomfresh pour les atténuer... Plus jamais, sur la plage de Brighton, il ne prendrait le soleil torse nu, pour éviter d'exposer ces zébrures blanchâtres. Mais irait-il encore à la plage ? Tout l'été précédent, il s'était cloîtré dans sa chambre, entre livres et jeux vidéo, pour essayer de ne plus penser à tout cela – en vain, puisque ses nuits ramenaient immanquablement les mêmes cauchemars, ceux-là qu'il faisait encore aujourd'hui.
Et pourquoi tout cela ? Pourquoi tous ces coups encaissés ? Aujourd'hui, on se réconciliait, on oubliait de châtier ceux qui, de leur plein gré, avaient secondé les Carrow. La tyrannie des deux Mangemorts n'aurait pas été possible, cependant, sans ces auxiliaires dévoués... William aurait pu citer dix noms d'élèves ayant utilisé des sortilèges impardonnables – crime passible, en théorie, de la prison d'Azkaban... Et tous étaient là aujourd'hui, sans inquiétude, avec toute l'assurance que donne l'impunité. C'était écoeurant, et leur commémoration n'était qu'un théâtre de Guignol...
William écouta les explications de Mervin, et un petit sourire apparut sur ses lèvres à mesure que le Serpentard parlait. Les roux... voilà une idée séduisante ! Puisqu'il fallait faire quelque chose pour cette commémoration idiote, autant se débrouiller à saboter la cérémonie par une participation complètement déjantée... On attendait d'eux qu'ils entonnent en choeur le catéchisme de la réconciliation, mais le Gryffondor n'en avait pas l'intention – et si la présence de ses deux camarades devait l'empêcher de semer le dawa dont il aurait rêvé, il entendait tout de même ne pas sombrer avec eux dans le conformisme gluant des bons sentiments. Une vague idée commençait à naître dans son esprit, mais il n'était pas encore temps de l'exposer à Mervin ; il fallait encore l'affiner, la finaliser. Une lueur sombre dans le regard, il répondit :
-Tu as raison... C'est vrai qu'à une époque, roux a été synonyme de résistant à Poudlard... Il y a quelque chose à faire avec ça. Et ils ne verront rien venir, ajouta-t-il sur un ton satisfait.
Bien sûr, Mervin, tout roux qu'il fût, n'avait pas précisément été un résistant, mais William était plus enclin à pardonner aux neutres qu'aux salauds. Pour un Serpentard, Mervin s'était comporté de manière plus que correcte – et l'attribution du titre de préfet-en-chef saluait probablement cette droiture. Il s'était cantonné à un attentisme forcément lâche, mais il n'avait pas prêté main-forte aux bourreaux – à l'occasion, il s'était même montré compatissant envers ceux qui souffraient.
Plongé dans une intense réflexion, le préfet s'avança vers la fenêtre pour jeter un coup d'oeil dehors, tout en songeant à la meilleure façon de piéger la commémoration sans en avoir l'air. Il se retourna en entendant Mervin lui parler de leur coéquipière, et il répondit d'une voix indifférente :
-Clarisse ? Non, je ne l'ai pas vue. Bon, pour en revenir à cette affiche... Est-ce que ton idée était de faire quelque chose sur les roux qui ont contribué à la résistance ? Parce que ça fait quand même pas mal de monde, entre les vrais roux et ceux qui se sont teints après cette affiche. J'étais parmi les concernés, et je peux te dire que ça a fait chaud au coeur de voir qu'il y avait encore un peu de solidarité dans cette école. Ce serait l'occasion de remercier ceux qui ont accepté de prendre des risques avec nous...
William n'avait pu s'empêcher de parler sur un ton amer, vaguement accusateur ; Mervin prendrait cela comme il voudrait, peu importait. Il avait trop de lucidité pour se mentir sur son propre comportement, l'année précédente. Il avait pu être associé à l'idée de résistance à cause de sa couleur de cheveux, mais il était manifeste que c'était bien contre sa volonté.
Mervin Caerwyn
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Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Mar 26 Juil - 14:39:08
Ses explications trébuchantes furent récompensées par un sourire. Finalement, son idée plaisait à William et personne n’allait lui rire au nez en lui demandant s’il n’avait pas autre chose de plus tordu à proposer. Mervin ne s’était encore jamais impliqué de cette manière dans un projet. Parler de roux était finalement un investissement très personnel. Il n’avait jamais osé se plaindre de sa couleur de cheveux. Pourtant, une petite voix au fond de lui murmurait souvent que, s’il avait été blond ou brun, son destin aurait pu être différent. Il ne faisait pas toujours bon d’être roux à Serpentard. Si personne n’était là pour vous protéger, vous aviez d’emblée une tête de victime affichée. En première et deuxième année, il lui avait semblé que les Gryffondor n’avaient d’yeux que pour lui. Etre discret ne suffisait pas avec une couleur de cheveux flamboyants. D’ailleurs, ce trait n’était probablement pas indifférent à son long isolement. On lui avait fait sentir au sein de sa maison qu’il resterait un inférieur. Son statut de sang-mêlé ne justifiait pas tout. Les tâches de son sur son visage avaient aggravé sa situation. Il l’avait souvent pensé, mais sans oser l’affirmer. William partageait-il le même sentiment ? Après tout ce qu’il avait fait pour aider ses camarades à Poudlard, personne n’avait voulu le voir comme un héros. Il n’avait pas plus de succès qu’un garçon quelconque quand un autre, moins méritant, n’avait besoin que de quelques cabrioles pour avoir la moitié du château à ses pieds. C’était bien dommage… Le gallois n’avait pas l’intention de verser dans le militantisme mais, finalement, il était difficile de plonger dans ce sujet sans éprouver une certaine rancœur vis-à-vis des autres élèves.
Néanmoins, le ton avec lequel lui répondit le rouge et or ne le rassura absolument pas. Quelque chose s’était ravivé en lui. Une lueur inquiétante brillait au fond de son regard et il disait que le jury n’allait rien voir venir… Mervin le considéra d’un air incertain. Il n’avait pas très envie de stimuler les penchants révolutionnaires de son collègue. Leur hommage pouvait être légèrement décalé, mais il n’était pas question de saboter la cérémonie. Hélas, le Gryffondor avait le visage des mauvais tours. Il se dirigea vivement vers la fenêtre et ne se soucia même pas de l’absence de Clarisse. Non, il n’avait déjà plus rien d’autre que ce projet en tête. Mervin se pinça nerveusement les lèvres. Il ne prévoyait pas une réaction aussi passionnée, et Salazar savait que les lions étaient intenables dès qu’une idée les séduisait… Il approuva prudemment à sa première question. L’idée principale était bien de parler des roux qui, d’une manière ou d’une autre, avaient participé à la résistance. William lui tint un discours plutôt correct même s’il le sentait encore bouillonnant. S’attendait-il à une réaction de sa part après avoir évoqué le mouvement de soutien aux roux ? Mervin se contenta d’un sourire artificiel. Le geste était beau mais il ne l’avait jamais concerné. S’il s’était tenu assez éloigné de la milice Pourpre, il n’avait pas moins veillé à rester dans les bons papiers des Carrow. Il était évident que l’accusation portée sur les roux ne visait pas les Serpentard. Contrairement à son camarade, il avait passé une année tranquille. Il avait su rester à sa place, comme toujours même si, en réalité, il avait couvert beaucoup plus de résistants qu’on ne le pensait. De mèche avec Bachelard, il avait parfois feint de punir des élèves, dont Page, pour mieux les protéger. La prise de risques, il ne connaissait pas. Il ne connaissait que la dissimulation, les jeux de dupe, et les machinations savamment étudiées. Personne ne pouvait dire qui il était car son masque était celui d’un jeune homme parfaitement neutre, lisse comme le marbre.
- Oui, je pensais qu’il pourrait être intéressant de donner les élèves qui se sont teints en roux, reprit-il d’une voix placide. Et au-delà de la couleur de cheveux, c’était aussi une manière de s’élever contre les différences en général. Mais il me semble qu’il vaut mieux utiliser un moyen détourné comme celui-ci pour rappeler l’origine du conflit tout en donnant d’autres angles de réflexions… qui seraient si possible un peu plus précis que cette simple idée d’unité. Sinon, ça ne ressemble plus qu’à un concept, une utopie à la signification incertaine… Je crois me souvenir des élèves qui se sont teints en roux. Il serait inutile de mettre tous ceux qui ont participé dans le projet, il faudra sélectionner les noms les plus connus de l’école. Et pour ce qui est des vrais roux… Il me semble que quelques notoriétés du monde magique pourraient très bien y avoir leur place… Sérieux et imperturbable, le préfet-en-chef reprit sa plume et traça trois colonnes sur un parchemin : une pour les adultes et une autre pour les élèves roux d’un côté, et les faux-roux de l’autre. Il ne restait plus qu’à sélectionner des noms. Pouvaient-ils commencer sans Clarisse ? Elle leur en voudrait peut-être de prendre toutes ces initiatives sans elle… Seulement, il n’avait plus le cœur à reporter et il lui semblait de plus en plus évident que la jeune fille ne viendrait pas.
Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Mar 26 Juil - 22:07:17
Quelques silhouettes familières traversaient la cour, mais pas de Clarisse à l'horizon. William les observa un instant, en se demandant vaguement pourquoi la Serdaigle n'était pas venue ; ce n'était pas son genre de leur faire faux bond, elle devait avoir une bonne raison pour cela... Cette question cruciale, cependant, le passionnait beaucoup moins que Mervin ; le préfet-en-chef se souciait de sa dulcinée, chose normale, mais William, de son côté, ne portait pas grand intérêt à ses camarades. Il ne s'attarda donc guère à de telles considérations, et revint à l'ordre du jour. La commémoration, le concours, la cérémonie tarte qu'il fallait dynamiter. Son principal souci – mais il ne pouvait pas l'avouer à voix haute – c'était son partenaire. Mervin était un brave type, et même une connaisance assez proche pour mériter le titre d'ami, mais il manquait singulièrement de fantaisie et d'audace. Tous ses efforts tendaient vers un seul et unique but : se fondre dans la masse, ne pas attirer l'attention par des extravagances, en bref être le plus ennuyeux possible. Pour l'associer à une quelconque tentative de sabotage, même très modérée, de la commémoration, il faudrait soit le secouer assez longtemps pour décoller la pulpe, soit manigancer dans son dos.
Bref, on verrait plus tard. Pour l'heure, l'essentiel était de l'aiguiller, l'air de rien, sur un sujet débile. Les roux, c'était parfait... Pour aller à l'encontre de l'exaspérante rengaine de l'unité, il n'y avait pas mieux... car quels étaient les parias du monde sorcier, sinon les roux ? On parlait de s'ouvrir aux Moldus, on célébrait ceux que la veille encore on traitait de sang-de-bourbe, on se congratulait... Dans les couloirs de l'école, les insultes faisant référence au statut sanguin étaient passées de mode. En revanche, les plaisanteries sur les roux, sur leur odeur supposée et sur la rouquinite demeuraient bien vivaces, quel que soit le régime en place. Ils seraient les derniers vraiment intégrés, après les Moldus, les gobelins, les licornes unijambistes et les cactus vénéneux. Un sourire amer sur les lèvres, William se rapprocha de Mervin qui griffonnait sur un parchemin, et ajouta :
-On peut partir de portraits de quelques résistants roux, et en profiter pour dire que malgré tous les beaux discours, la tolérance n'a absolument pas progressé. Ils parlent de s'ouvrir aux Moldus, ils nous bassinent avec leurs histoires d'ouverture d'esprit, d'enrichissement mutuel et tout, mais en attendant, les préjugés sur les roux sont toujours là. C'est le seul truc qui ne changera jamais, j'en ai peur. Ça m'étonnerait que ça change de sitôt, mais on peut toujours profiter de la commémoration pour se faire entendre, non ?
Il se pencha par-dessus l'épaule de Mervin, et commença d'énumérer quelques noms en désignant à chaque fois la colonne appropriée :
-Pour les vrais roux, on ne peut pas passer à côté des Weasley. En plus Fred a été tué pendant la bataille, ce sera un hommage pour lui... je crois que toute la famille a participé. Pour ceux qui se sont teints, il faut commencer par Ciel Appleby, le Serdaigle... c'est lui qui était à l'origine de la campagne je crois.
Il se garda bien de parler de Page et lui-même, craignant de paraître vaniteux ; ils avaient été, à un moment, l'âme de la résistance, avant que d'autres ne reprennent le flambeau, et il aurait été normal qu'un petit hommage leur soit rendu à un moment ou à un autre. Il ne pouvait cependant pas réclamer les honneurs pour lui-même, et c'était bien dommage. Encore une preuve que cela ne servait vraiment à rien de se faire trouer la paillasse, si on ne recevait même pas une médaille en chocolat pour prix du sang versé.
Mervin Caerwyn
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Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Mer 27 Juil - 15:29:33
Mervin approuva machinalement le discours de William avant de relever un regard étonné vers lui. Avait-il bien entendu ? Le garçon s'était enflammé en cours de route et parlait à présent de faire entendre la voix des roux. Ce n'était pas tout à fait l'objectif du projet. Il ne voulait pas passer pour un extrémiste, d'autant plus que la discrimination anti-roux n'était pas reconnue. Tout le monde se moquerait d'eux s'ils s'avançaient sur ce terrain. Et le sujet était déjà provocateur. Le Serpentard estimait plus sage de ne pas en rajouter même si le Gryffondor n'avait pas tout à fait tort. Pour une raison qui ne s'expliquait pas vraiment, les Hommes avaient toujours vu les roux comme des êtres à part. Il n'était pas certain de pouvoir citer une seule personnalité arborant cette couleur de cheveux parmi les figures passées. Dans les romans, les héros étaient toujours blonds ou bruns. Lorsqu'un personnage roux intervenait, sa place dans l'histoire était déjà toute trouvée : s'il n'était pas un traitre, il serait coincé dans le rôle du brave type pas très intelligent mais sympathique. Le problème était apparemment le même chez les moldus. Mais, au moins, contrairement aux noirs, les roux n'avaient pas cette curieuse manie de mourir au milieu de chaque aventure. Ces clichés ne disparaîtraient jamais. Personne n'enviait leur physique et personne ne voudrait s'identifier à eux. Il adressa un sourire navra à son camarade et essaya cependant de tempérer son propos :
- Je ne sais pas William... Ce que tu dis me semble un peu exagéré. Nous pouvons bien sûr prouver à travers notre exposé que les roux sont aussi capables de faire de grandes choses mais parler trop ouvertement de cette discrimination risque de sembler ridicule aux autres. Et, même s'ils ne le voient pas tous les jours à travers notre regard ils auront raison de le penser. Tu sais, même l'égalité avec les moldus ne pourra jamais exister, quoiqu'on en dise. Je ne crois pas en cette histoire d'unité. Nous nous mépriserons toujours les uns les autres sur des critères aussi idiots qu'une couleur de cheveux, de peau ou un statut de sang... Parfois, les actes d'une personne permettent de passer outre cette intolérance. Ça pourrait être l'occasion de les montrer tels qu'ils sont, commencer par l'approche purement physique avant de rappeler ce qu'ils ont fait...
Ils n'étaient pas seuls, c'était ce qu'il fallait se dire pour ne pas sombrer dans une passion que personne ne voudrait comprendre. Les temps où on brûlait les roux pour sorcellerie chez les moldus et utilisation de magie démonique chez les sorciers, était révolu depuis longtemps même si, dans les régions les plus superstitieuses, les femmes se figuraient encore qu'avoir un enfant roux était un avertissement divin. Certes, ces croyances étaient souvent remises au goût du jour lorsqu'on avait le malheur d'être né-moldu, sang-mêlé et bâtard comme eux, mais d'autres vivaient bien plus que ces petites vexations. Se concentrer uniquement sur leurs petits problèmes serait indécent. Ils devaient trouver un moyen d'en parler d'une manière plus détournée. Ce qu'il venait de proposer à William lui semblait être un bon compromis. Il fallait présenter des personnes dignes d'admiration en rappelant qu'elles étaient rousses. Et, après tout, les élèves qui avaient suivi le mouvement tous roux contre l'oppression ne l'auraient pas fait s'ils ne s'étaient pas sentis proches des deux gryffondors que les Carrow visaient. La plume appuyée sur le parchemin, il nota consciencieusement les noms que William lui donnait en opinant au fur et à mesure. La famille Weasley était à mettre en tête de liste. Les parents, qui étaient membre de l'Ordre du Phénix avaient mis leur foyer en danger pour protéger Harry à de nombreuses reprises. Il y avait bien sûr Ron, le grand acolyte du survivant, et Fred, qui était mort durant la bataille. S'il se souvenait bien, George avait eu l'oreille coupée par un mangemort et Bill s'était fait défiguré par Fenrir. Assurément, on ne pouvait pas passer à côté de ce nom. Ciel avait quand à lui lancé le mouvement de soutient aux roux.
- Oui, c'était lui. Qui devrait-on garder parmi les élèves qui ont suivi le mouvement ? Il me semble qu'ils n'étaient que trois à Serpentard, Alix, Isaac et Morgan si je ne me trompe pas... Et à partir de là, il ne sera pas déplacé de rappeler à cause de qui le mouvement a été lancé, c'est à dire Page et toi. Qu'en dis-tu ? Il posa la pointe de sa plume sur le parchemin dans la colonne appropriée en attendant l'aval du Gryffondor. William n'était pas forcément du genre à chercher à se faire remarquer et il trouverait peut-être prétentieuse l'idée de s'intégrer à son propre projet mais Mervin pensait sincèrement que la démarche serait justifiée. McGonagall avait à peine rendu hommage aux élèves qui avaient rendu la vie à Poudlard plus supportable ces trois dernières années. C'était comme si tous avaient préféré oublier que des élèves avaient véritablement frôlé la mort en tenant tête aux Carrow et même à Ombrage dont les méthodes restaient très discutables. Tous étaient quasiment retourné au rang des anonymes. Et, pire encore, les élèves reprochaient à ceux qui s'étaient battus et qui avaient été marqués à vie par les événements de revenir sur ce qui s'était passé. Ils n'avaient pas de reconnaissance et alors ? Les choses étaient retournées à la normale, ils devaient s'estimer heureux. Même si le Serpentard ne disait rien et ne pouvait pas vraiment partager le sentiment d'injustice qu'éprouvait probablement son camarade, il trouvait, au fond, cette attitude égoïste et désolante.
Dernière édition par Mervin Caerwyn le Sam 30 Juil - 9:25:08, édité 2 fois
Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Ven 29 Juil - 13:24:39
Mervin fixait William de son regard d'enfant sage ; la perspective d'être associé à quelque chose de trop osé lui répugnait, l'effrayait peut-être. Ce type était la prudence et la mesure incarnées, et, de la prudence à la tiédeur, il n'y avait qu'un pas... Le Gryffondor dut réprimer l'envie de prendre son camarade par les épaules pour le secouer ; cela lui apporterait peut-être un bref soulagement, mais cela ne ferait que conforter le Serpentard dans son refus de se mouiller le bout des orteils... Il écouta, aussi calmement que possible, les objections de son camarade, et éprouva une pointe de tristesse en l'entendant dire qu'il ne croyait pas au rapprochement avec les Moldus. Lui non plus n'y croyait guère, mais entendre quelqu'un d'autre formuler la même conclusion le peinait. Il y aurait forcément des sorciers sincères qui voudraient vivre en bonne intelligence avec les Moldus, mais la majorité estimerait que leurs pouvoirs devaient leur permettre de dominer une population inférieure, de prendre enfin la revanche qu'ils méritaient... La vieille guerre n'était pas terminée.
Bien. Il n'arriverait pas à rallier Mervin à ses vues dans l'immédiat ; autant abandonner momentanément la partie, et faire mine de se ranger à sa sage opinion. William hocha la tête, et ils commencèrent à recenser les noms qui pourraient leur servir. L'adolescent se sentit rougir malgré lui lorsque son camarade proposa d'intégrer les BR à leur présentation ; bien entendu, objectivement, ils le méritaient, et William estimait d'ailleurs qu'on n'avait pas suffisamment rendu hommage à leur action ; mais un petit fond de modestie lui fit piquer un fard en entendant les paroles de Mervin. Le préfet-en-chef avait lancé cela comme une évidence, et le Gryffondor ne put que balbutier :
-Oh... tu crois ? Ça ne va pas faire trop... euh... enfin, si tu penses que...
Il n'était pas mécontent, finalement, de récolter enfin les lauriers de la victoire ; après tout, n'avait-il pas, lui aussi, risqué sa vie ? Il s'efforça de ne pas paraître trop flatté, et s'empressa de suggérer d'autres noms pour allonger la liste. Bientôt, ils décidèrent que la liste était assez longue, et ils se mirent à réfléchir à la meilleure manière de procéder.
-On serait chez les Moldus, on pourrait faire un film, regretta William. Une projection animée d'images, les photos de ces braves gens par exemple, avec une bande son, précisa-t-il. Mais là... il doit bien y avoir un moyen de projeter des images par magie, non ? Il me semble que ce serait pas mal de pouvoir montrer les portraits en grand. Et puis l'un de nous peut lire un commentaire...
Il comptait bien se réserver cette partie du travail, et profiter de l'occasion pour balancer quelques remarques très personnelles sur la prétendue tolérance que l'on célébrait la bouche en coeur. Mieux valait ne pas informer Mervin de ce détail ; il verrait bien sur place, et serait bien assez furieux d'être associé malgré lui à un sabotage de la commémoration.
-Si ça te va comme idée, il n'y a qu'à trouver une photo de chacun... voir comment on agence tout ça... et écrire le commentaire. Ça te dit ?
Un sourire sur les lèvres, le roux s'assit près de son camarade, et sortit un parchemin et une plume. À le voir, on n'aurait pas imaginé qu'un instant plus tôt, il parlait de torpiller la commémoration par une participation incendiaire. Il n'avait rien oublié de ce projet, mais il avait raisonnablement renoncé à y associer Mervin.
Mervin Caerwyn
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Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Sam 30 Juil - 15:47:32
En s'engageant dans ce concours, Mervin espérait ne pas avoir à donner son opinion. Il ne pensait pas changer le monde avec une telle manifestation, n'en avait aucune envie, et espérait simplement se faire remarquer en bien par les organisateurs. Comme il fallait s'y attendre, le Gryffondor voyait les choses sous un angle très différent. Il regretta le pessimisme de son discours lorsque les traits de son camarade s'affaissèrent. Mais, étant donné son attitude, la douche froide était nécessaire. Ils ne feraient rien de grandiose. Le bruit et l'agitation d'une provocation ne rendrait pas les hommes meilleurs. Ainsi, il était inutile de s'emporter en essayant de prouver quoique ce soit à une masse imbécile. Les gens ne changeaient pas. Ce n'était pas leur cœur qu'il fallait toucher. Les pulsions sentimentales étaient souvent erronées par une série de clichés. Ils devraient renverser le régime une fois de plus pour faire évoluer les choses et, évidemment, ce n'était pas possible. Les activités qu'il commençait à percevoir en souterrain lui laissaient même à craindre un retour plus pernicieux à ce qu'ils essayaient de fuir depuis un an. Cependant, il n'en toucha pas mot à William. Son camarade semblait calmé, c'était tout ce qui comptait. Ils retournèrent à leur travail et le préfet des rouges retrouva un peu de couleurs en l'entendant citer les BR. Même s'il jouait les garçons modestes Mervin sentait qu'il mourrait d'envie de voir son nom figurer dans ce projet. Il balbutia une velléité de résistance et se jeta sur d'autres prénoms pour approuver le choix du Serpentard sans en avoir l'air. Un sourire amusé se peignit sur les lèvres du vert et argent. Il approuva les autres propositions de son comparse, à savoir, Calypso, une petite Serdaigle rousse qui avait formé le groupuscule des DDD et Fred Morwind, l'acolyte de Ciel.
- Est-ce que penses que ça ne fera pas « trop » si je te place en tête de liste avec Page ? Demanda-t-il à la fin sur un ton taquin. C'est à cause de vous que ce mouvement a été lancé, vous devez occuper une place de choix. Je ne pas que les gens y verrons de la prétention, au contraire, c'est une belle façon de remercier ceux qui vous ont soutenus.
D'autres noms s'ajoutèrent à la liste. Ils y mirent celui de Mark Benson, directeur de la justice et ex-membre de l'ordre du Phénix, ce qui serait parfait pour séduire le ministère et ils hésitèrent un instant sur celui de Dumbledore. L'homme avait des cheveux blancs depuis plus d'un demi-siècle et les photographies de sa jeunesse étaient en noir et blanc. Néanmoins, Mervin avait déjà trouvé des clichés du sorcier avec des cheveux bruns tirant sur le roux datées des années 1950. La qualité n'était pas excellente et il ne savait pas s'ils pouvaient ou non se risquer à le glisser dans la liste. William approuva rapidement l'idée et il se décida en songeant que l'idée aurait sans doute amusé ce grand mage excentrique. Ensuite, il eut Lily Potter, membre de l'ordre durant la première guerre, victime et mère d'Harry. Fallait-il aussi mettre Harry en rappelait qu'il était finalement le fils d'une femme rousse ? Ils s'arrêtèrent un instant sur cette question et mirent le prénom du jeune homme en parenthèse en attendant de se mettre d'accord.
Il ne resta bientôt plus qu'à travailler la présentation de ce projet. Mervin regarda William un peu bizarrement lorsque celui-ci lui parla de faire un... film ? Ah oui ce truc qui... L'explication du Gryffondor lui permit de remettre une définition sur cette obscure invention. Il était vrai que ces films semblaient assez pratiques mais pour ce qui était de projeter des images avec une bande-son, la magie se plierait à tous leurs désirs.
- Oui bien sûr, dit-il en riant doucement. Les sorciers ont aussi leurs projecteurs magiques. Ils fonctionnent avec une sorte de potion dans laquelle il faut tremper chaque image dans l'ordre souhaité. Il me semble que Flitwitck en a un, j'essayerai de le lui demander, si tu veux bien t'occuper de récupérer toutes les photos nécessaires de ton côté. Et on pourra aussi projeter les commentaires avec un sortilège au lieu de les lires, ça nous permettra d'ajouter un simple accompagnement musical... S'ils réussissaient le résultat pourrait avoir belle allure. En revanche, Mervin ne se sentait pas très inspiré pour les commentaires. William l'avait relayé à la plume en prenant un autre parchemin, visiblement un peu plus motivé pour cette partie. Il observa un instant la page vierge et lança finalement :
- Que dirais-tu de garder un côté mystérieux au début en commençant par « Ils se sont battus pour vous... » ?
Sujet: Re: Concours [Groupe 5] Dim 31 Juil - 10:15:07
Les joues brûlantes, William entendit Mervin suggérer de les placer, Page et lui, en tête de leur petite liste des martyrs roux... Dans les faits, il n'avait pas tort : tout était parti d'eux, de leur action au sein des BR du temps d'Ombrage. Les deux activistes avaient repris du service sous les Carrow, mais leurs antécédents avaient joué contre eux ; il devait exister, quelque part dans l'école, une liste noire des perturbateurs identifiés, et ils devaient y figurer en bonne place. Les Carrow n'avaient eu aucun mal à leur voler dans les plumes, sans même leur laisser le temps de commettre leur premier méfait. Les autres élèves – pas la majorité, bien sûr, seulement quelques courageux- avaient manifesté leur solidarité avec leurs camarades roux, et comme le disait Mervin, ce serait l'occasion de les remercier. Il fallait être sacrément téméraire pour se teindre en roux, en sachant pertinemment que les Carrow considéreraient cette fantaisie capillaire comme une provocation personnelle. William craignait cependant de paraître décidément trop vaniteux s'il se plaçait en tête de liste, et il suggéra :
-Tu ne crois pas qu'il vaudrait mieux commencer par... par les adultes, par exemple ? Ou par ceux qui sont morts. Fred Weasley, par exemple... tout le monde les aimait bien à Gryffondor, George et lui. Sur son parchemin, il reporta rapidement les noms, dans l'ordre qui lui semblait adéquat. Il y eut encore quelques discussions avec Mervin, mais ils arrivèrent assez vite à un accord. Le point suivant consista à écrire la légende de chaque photo – chose facile – et les commentaires qui devaient porter le message philosophique profond de leur travail. Mervin fit un peu plus de difficultés ; il avait du mal à accepter les propositions de William, demandant à chaque fois « tu crois ? » sur un ton sceptique qui exaspérait le Gryffondor... Au fur et à mesure de l'avancée de leur travail, cependant, il baissa les armes, et laissa passer des choses vraiment inattendues. Puisqu'on ne pouvait pas torpiller la commémoration autrement, on le ferait en présentant un travail stupide...
Lorsqu'ils se quittèrent, les rôles étaient répartis. Mervin se chargerait de trouver un projecteur magique, William de rassembler les photos. Ils se donnèrent rendez-vous le dimanche suivant, pour le montage final, tel qu'il serait présenté le jour du concours. Mervin apporta une flûte et annonça joyeusement qu'il allait jouer un air gallois pour accompagner les photos, tandis que William surveillerait le bon fonctionnement du projecteur magique ; après quelques essais, ils trouvèrent la musique appropriée, et purent procéder à la grande première de leur travail.
(HJ : Désolés pour la musique qui a bugué à l'enregistrement... Enjoy !)
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