Soleil et sucreries [Terminé]

Cela faisait déjà six mois qu’il attendait ce jour. Six mois qu’il laissait son esprit vagabonder vers ce petit magasin qui lui apportait tant de plaisir mais qu’il se privait de visiter pendant l’hiver. Le monde sorcier faisait bien des choses, permettant à quiconque le désirait bien de profiter des bonnes choses de la vie à n’importe quel moment de l’année, incluant des choses qui, normalement, étaient appréciées dans le monde moldu de façon saisonnière. Mais Emmanuel était de ceux qui se privaient pour pouvoir mieux apprécier ces choses en saison.

C’était le cas de la glace. La dent sucrée du Gallois était chose connue depuis bien longtemps. On le connaissait à travers l’UMA comme ayant toujours un sac de bonbons bien plein avec lui. On le savait également très généreux. Une rencontre se faisant autour d’une sucrerie était presque certaine de mener à une amitié. La glace était donc quelque chose qu’il savait apprécier, déguster. Mais pour lui, cela se faisait lorsque les temps doux étaient arrivés. Rien n’égalait une bonne glace sur la terrasse, les doux rayons du soleil réchauffant l’air et la peau, une petite brise tiède, et le beau sourire de la serveuse. Le brun visitait l’établissement de Fortarome une fois par semaine durant la saison estivale, c’était une tradition. Le plus souvent, il s’accompagnait d’amis ou d’une de ses sœurs. Mais aujourd’hui, il avait décidé de s’y rendre seul. Pour passer du temps de qualité avec lui-même.

Ses relations sociales s’étaient un peu améliorées, au sein de l’université. Peu à peu, il s’était détaché du passé. Cela ne servait à rien de s’attarder aux erreurs qu’il avait pu commettre, il était temps de progresser, d’envisager le futur et de s’en réjouir. C’est donc avec un sourire aux lèvres que l’étudiant était venu s’asseoir sur la terrasse du Glacier, profitant de la chaleur réconfortante d’une fin d’après-midi du mois de juin. Il était environ 17h, l’heure à laquelle il pourrait possiblement rencontrer quelqu’un qu’il connaissait ici. Il s’assura donc de s’asseoir à une table où il restait deux sièges de libre après qu’il fut installé. Il avait également fait attention d'être suffisamment bien habillé; un jean foncé et propre ainsi qu'un t-shirt à la mode, violet accentué de motifs bruns et beiges. Un accoutrement beau, classique, sexy mais accessible. Comme Manu.

À peine une minute plus tard, le Gallois fut interpellé par la voix cristalline de la serveuse, qu’il connaissait bien. Il lui sourit sincèrement, en profitant pour prendre un peu de ses nouvelles, puis lui dicta sa commande. Il prenait toujours la même chose : Deux boules, une au caramel au beurre salé et une à la noisette dans un cornet gaufré avec un café viennois. Il pouvait déjà y goûter. En entendant les pas délicats de la demoiselle s’éloigner, le Gallois soupira doucement et se cala un peu plus confortablement dans son siège, fermant les yeux pour mieux apprécier le moment. Ça sentait le sucre et l’air chaud, les fruits et le soleil.

C’était parfait.

( Can I ? ^^)

Le glacier Fortarome. Alan en avait beaucoup entendu parler mais n'avait jamais eu le plaisir d'y rentrer, alors qu'il était un gourmand fini quand il s'y mettait. L'étudiant était bien décidé à remédier à cette mauvaise manie de passer à côté des bonnes choses, et après une journée bien chargée de cours et d'études parallèles et secrètes sur le rituel des animagi, il décida de s'offrir une pause et de se détendre un peu. Mais il n'eut pas le temps de prévenir ses amis et se résolut sur un coup de tête d'y aller seul, quand même. Il transplana directement dans le Chemin de Traverse, réussissant magistralement son entrée comme à son habitude puisque au moment où il était arrivée et de nouveau tangible une grosse mégère eut la très bonne ou mauvaise idée de rester plantée là au milieu du chemin, et forcément le transplanage la repoussa quelques centimètres plus loin, la faisant tomber et rugir d'indignation devant le pauvre jeune homme maladroit et dans ses pensées :

- "Par la barbe de Merlin, vous ne pouvez pas faire attention, jeune homme ? Mais quel insolent vous faites !"

Déjà rendu très tendu en raison de ses nuits courtes pour essayer de comprendre le rituel des animagi et des cours à suivre malgré tout, Alan lui jeta un regard torve de ses yeux noirs, avant de prendre sur lui pour essayer un petit peu de garder son calme alors qu'il se sentait imploser de l'intérieur et prit une voix un tout petit peu agacée mais restant dans les normes de la politesse et d'une excuse presque sincère :

- "Ecoutez madame, je suis sincèrement désolé, mais je ne vous avais pas vu et..."

- "Espèce de malotru ! Et vous osez encore répondre après votre offense !"

- "Oui madame... bien madame... je sais madame... j'suis désolé madame.... Bonne journée madame !"

Forcément, il devait tomber sur la pire des mégères, lui, une richissime dame qui déteste les chenapans de son genre ! Alan grommella tout en faisant un pas vers la boutique de glaces, commandant la sienne, avant de venir s'installer sans vraiment réfléchir, encore furibond de la petite saynette, près de la table d'un camarade de classe.

[Hj: Of course you can I love you

]

Le Gallois se sentait peu à peu vaciller dans une sorte d’état de méditation, alors qu’il se concentrait sur les bruits et les odeurs qui provenaient de l’environnement. Les yeux fermés, l’étudiant s’amusait à deviner l’allume et l’accoutrement des gens qui passaient rien qu’à entendre leur voix. C’était étonnant de voir à quel point on pouvait déduire des choses à partir de si peu d’information. Parfois, cela donnait des résultats plutôt rigolos. Une voix bien grave menait à l’image d’un homme à l’allure colossale, muni d’une toute petite tête. Une voix de femme trop expressive menait à l’image d’une bimbo en talons hauts, avec un chihuahua dans son sac à main, les cheveux blondis au peroxyde et des faux seins lui montant jusqu’au menton. Le jeune homme sourit finement, avant d’être dérangé par un discours qui lui semblait beaucoup trop intéressant pour qu’il n’ouvre pas les yeux.

Une vieille dame visiblement de mauvaise humeur et aigre comme tout était en train d’engueuler un jeune homme – une première année de magico-soins, il croyait bien – tandis que lui tentait de garder son sang froid, les poings et la mâchoire crispés. Par Merlin qu’elle était désagréable, cette femme. Tout d’elle irritait. Le ton de sa voix, ses vêtements, son air hautain et enragé. Alors que le Gallois regardait attentivement la scène qui se déroulait devant lui, la serveuse s’approcha de lui et déposa ses articles devant lui ; la glace se tenait bien droite dans un petit socle en métal et le café, fumant, dégageait ses douces arômes. Elle ne put s’empêcher de jeter un regard curieux vers le duo avant de murmurer pour elle-même qu’elle souhaitait vraiment que cette vieille chipie de vienne pas dans son établissement. Le brun sourit finement à ses paroles et la regarda s’éloigner avant de reporter son attention sur la scène qui s’était estompé.

Alors que l’étudiant de l’UMA venait s’installer non loin de lui, le Gallois eu une idée. Elle ne saurait jamais de qui il s’agissait.. Emmanuel dégaina subtilement sa baguette de peuplier de son fourreau et la pointa avec une infinie discrétion vers la vieille. Il lui lança un Jambencoton informulé et rangea sa baguette presque aussitôt, prenant sa glace entre ses mains d’un air innocent. Et dans les secondes qui suivirent, la mégère s’écroula sur le sol, incrédule de voir que ses jambes n’arrivaient tout simplement pas à rester bien fermes et droites. Plusieurs rirent, et un vieil homme s’offra pour l’aider. Mais elle lui dit d’un ton sec qu’elle n’avait pas besoin de quiconque. On la laisserait donc tranquille, si c’est ce qu’elle voulait.

Satisfait, le brun esquissa un sourire et prit une bonne lampée de sa glace. Délicieuse, comme d’habitude. La magie avait bien un fort avantage sur le monde moldu, par rapport à ses glaces ; elles ne fondaient pas. Il pouvait donc manger à son rythme sans courir le risque de tacher de son beau t-shirt. Une fois que l’ambiance fut calmée, le Gallois se tourna vers l’étudiant qui s’était fait réprimander et se pencha dans sa direction, un sourire aux lèvres :

« Alors comme ça, on a des problèmes de femme ? », lui dit-il sur un ton taquin.

Sans demander la permission, le jeune homme agrippa ses choses et se leva avant de venir s’asseoir à la table où son collègue étudiant était assis. Il s’assied sur la chaise en face de lui et lui tendit la main :

« Emmanuel Perks, troisième bientôt quatrième année en filière académique. Et si je ne me trompe pas, tu es en médicosoins. J'ose même m'aventurer; tu étais à Poufsouffle aussi, nan? Tu t’appelles comment, déjà ? »

… Ou comment briser la glace avec aisance… La manger aussi, peut-être

Alan avait été excédé et mit de très mauvaise humeur par la mégère je-te-regarde-de-haut-et-je-te-hurle-dessus-comme-un-âne-mort, mais très vite reprit un peu de sa bonne humeur quotidienne quand il surprit de son regard noir vigilant son voisin sortir sa baguette magique et esquisser très remarquablement un joli sortilège informulé, avant de reprendre un air innocent tandis que la vieille pie râleuse en prenait pour son compte en tombant très joliment par terre. Très vite un immense sourire ravi vint gagner ses lèvres et il ne put résister très longtemps à la tentation d'éclater de rire dans l'hilarité générale des passants, avant que la voix de son collègue de l'UMA ne lui parvienne pour l'aider à reprendre son calme :

« Alors comme ça, on a des problèmes de femme ? »

Un sourire plus chaleureux envers son aîné de l'UMA qu'il avait croisé à plusieurs reprises dans les couloirs, Alan lui donna toute son attention avant de rire de bon coeur en lançant avec une pointe d'humour :

- "Bah ce n'est pas nouveau, ca fait des années que j'en ai, et avec toutes les panoplies d'âges ! Je crois que je suis maudis... la gente féminine doit avoir une dent contre moi pour une raison que j'ignore ! Sauf avec Lavande, bien sûr, heureusement car c'est une amie très importante !"

En disant cela, il avait à la pensée "La Dolorès" comme il aimait l'appeler pour la déprécier encore plus si possible, Honor Mac Tansey qui de son vivant n'arrêtait de se chamailler avec lui en lui lançant toutes les mauvaises plaisanteries magiques possibles et réciproquement d'ailleurs, sa diabolique de mère, ainsi que sa petite soeur Honor Desoya, ou plutôt "le monstre" ou Horror pour Alan. Ses déboires avec la gente féminine étaient bien connus, nottament ses histoires avec la Mac Tansey du Temps de Poudlard, les noirs et or et les verts et argent s'amusant gaiement ou se moquant copieusement de leur relation amoureuse inavouée que les deux s'obstinaient à nier en se menant une mini guerre froide en public, alors que... bref, Patrick Blake, son ami des Poufsouffles, s'amusait d'ailleurs à raconter leurs disputes à la volée dans la Salle Commune, ce qui rendait fou de rage son voisin de dortoir, présentement Alan. L'étudiant vint se déplacer à sa table, ce qui ne déplaisait nullement au première année très sociable et toujours content de faire de nouvelles connaissances, surtout quand ces dernières savaient faire des petits tours aux gens le méritant amplement, il l'invita d'un geste de la main pour lui donner la pleine confirmation qu'il pouvait venir avec grande joie et curiosité du jeune étudiant.

« Emmanuel Perks, troisième bientôt quatrième année en filière académique. Et si je ne me trompe pas, tu es en médicosoins. J'ose même m'aventurer; tu étais à Poufsouffle aussi, nan? Tu t’appelles comment, déjà ? »

Dans sa tête, les informations firent "tilt" ! Emmanuel Perks, deux ans son aîné, des blaireaux aussi. A deux petites soeurs, une à Serdaigle, et l'autre, la cadette, à Griffondor, Sally-Anne et Ethel précisément. Mais il ne s'était pas plus renseigné sur la vie de son ancien collègue de maison et serra avec vigueur, franchise et bon coeur évident la main tendue de l'autre étudiant, un sourire ravi aux lèvres alors que les yeux noirs reprennaient de la vivacité et de l'éclat par dessus la fatigue évidente :

- "Ravi de te retrouver, Emmanuel ! En effet, je suis en première année de Magico-soins, et tout comme toi je suis très fier d'avoir été parmi les noirs et or de l'école ! Et je m'appelle Alan Desoya, tu peux m'appeler Alan, je préfères ! Je me souvenais de ton nom mais dans les couloirs j'avais peur de faire erreur sur la personne, mais bon... en tout cas ca fait plaisir de trouver un ancien de Poufsouffle à l'UMA ! Et... merci au fait pour la mégère, j'ai beaucoup aimé le petit Informulé bien placé..."

Les sortilèges Informulés n'étaient pas franchement sa tasse de thé, mais des fois il arrivait à s'en servir, quand il était comme toujours dans le pétrin. Patrick, son camarade inséparable des noirs et or, avait pourtant tout essayé pour lui faire réussir l'exercice, avec de bien maigres résultats quand on y pense. Mais Alan était très content de ses compétences en potions et en botaniques, ainsi que sa régularité honorable dans la plupart des matières, cela lui suffisait pour préparer ses mauvais tours à Poudlard, bien qu'il s'était calmé avec les années... bon ok, le coup de la B-U avec Emilien Dawster, ce n'est pas vraiment réglo, mais ses intentions étaient bonnes au départ... alors que sa glace arrivait, une coupe composée de deux boules au chocolat et une boule à la vanille avec de la chantilly, il regarda son collègue de l'UMA avant de demander cordialement et chaleureusement :

- "Alors, tout se passe bien cette année à l'UMA pour toi ? Moi j'ai dû louper une semaine de cours et franchement j'en paye le prix fort avec tout ce que je dois rattraper en cours et en TP... mais je pense réussir à m'en sortir en les faisant très rapidement ! Tu viens souvent ici sinon ? Moi c'est la première fois que je viens, mais on m'en a beaucoup parlé donc..."

« La solidarité Poufsouffle transcende des années, mon cher Alan. », lança le brun, un rire dans la voix.

Emmanuel ne put s’empêcher de ressentir une certaine fierté ; il avait vu juste. Cependant, il n’avait généralement aucune raison de douter de sa mémoire des visages. Bien qu’il ne parlait pas nécessairement à tout le monde – mais presque – Manu avait une facilité impressionnante à enregistrer le physique d’une personne dans sa mémoire. Malheureusement, il n’était pas nécessairement capable d’associer le physique à un nom, mais l’intention y était. Suffisait qu’il y porte attention et qu’il soit moindrement intéressé à la personne, et ça se faisait. Pas qu’Alan ne l’intéressait pas… Mais il était tout de même de deux ans plus jeune que lui, et puis c’était un garçon. Était-ce surprenant de savoir que le Gallois se souvenait avec aisance du nom et de l’apparence de toutes les filles qu’il rencontrait, même si ce n’était qu’une seule fois ? Il n’avait pas la réputation d’être un Dom Juan et un homme à femmes pour rien.

La première impression qu’il eut du jeune homme devant lui fut bien positive. Il était très sympathique, enjoué, drôle. Bref, il lui semblait qu’il serait potentiellement un bon ami. À peine quelques mois plus tôt, Emmanuel ne lui aurait probablement même pas adressé un regard, en fait probablement qu’il n’aurait pas choisi de visiter un endroit aussi achalandé à cette heure. Mais aujourd’hui, cela faisait plaisir au Gallois d’apprendre à connaître un camarade et ancien Blaireau un peu mieux. Cela ne pouvait être que de bon augure. Il était grand temps pour Emmanuel de sortir de son trou. Il avait déjà commencé en s’impliquant un peu plus dans les activités à l’UMA, considérant que l’année prochaine serait sa dernière, mais c’était également une bonne chose de voir ses collègues de classe en dehors des cours.

Le beau brun n’osa pas répondre trop rapidement à la question de son collègue ; celui-ci semblait avoir beaucoup à dire. Cela fit sourire Emmanuel. Il aimait la compagnie des gens qui avaient tendance à parler un peu trop ; lui-même préférait jouer le rôle de l’oreille dans ce genre de relation. C’était donc pour le mieux. Une fois que Alan lui sembla avoir terminé ce qu’il disait, le jeune homme prit une grande gorgée de café et dit :

« Eh bien, la dernière année a été mouvementée, mais ça se replace doucement pour finir en beauté. Me reste plus qu’un an, après ça, et j’ai fini. Ça me rend un peu nostalgique, en fait. Il me semble que c’était hier que je quittais Poudlard, et ça fait déjà presque trois ans. C’est fou tout de même.

Il avait dit ces derniers mots presque pour lui-même. Plus qu’un an et il aurait un emploi, il serait un vrai adulte, un vrai de vrai. Avec toutes les responsabilités que cela impliquait. Et puis un jour, il serait le mari d’une femme exceptionnelle, et le père de merveilleux enfants. Mais pour l’instant, ce qui importait, c’était sa glace, son café et la compagnie d’un nouvel ami.

« Parle-moi un peu de toi, Alan. On se connaît depuis un moment, mais je ne sais réellement rien de toi. Qu’aimes-tu faire, quels sont tes goûts, quelles sont les plus belles filles de l’UMA selon toi, ce genre de choses anodines… »

« Eh bien, la dernière année a été mouvementée, mais ça se replace doucement pour finir en beauté. Me reste plus qu’un an, après ça, et j’ai fini. Ça me rend un peu nostalgique, en fait. Il me semble que c’était hier que je quittais Poudlard, et ça fait déjà presque trois ans. C’est fou tout de même.

Le temps passait si vite, même aux yeux d'Alan... ils étaient presque déjà aux trois quart de l'année, et franchement l'étudiant ne l'avait pas vue filer aussi vite que son ombre... bientôt, d'ici quelques mois, il serait en passe d'aller en deuxième année de Magico-soins, l'année de spécialisation pour les jeunes étudiants. Bientôt, les séniors commenceraient leurs nouvelles vies, la vie du travail, ou entameraient leur dernière année au sein de l'Université de Magie d'Angleterre. C'était fou, comme le disait son ancien camarade des noirs et or de Poudlard, et Alan ne put qu'approuver après une cuillérée particulièrement délicieuse de sa coupe de glace, ce qui le surprit très agréablement d'ailleurs :

- "J'peux comprendre, je me souviens, j'avais eu le même sentiment en septième année à Poudlard, en dépit de sa fin en queue de poisson particulièrement détestable... Mais honnêtement j'ai trouvé la première année à l'UMA beaucoup plus sympa pour les études et motivante que les dernières années à Poudlard... mais le temps file toujours trop vite, en effet..."

Son regard noir se fit songeur l'espace de quelques instants, alors qu'une nouvelle petite cuillérée de glace magique restait en suspens entre la coupe et ses lèvres, en l'air, en suspension sur la cuillère. Ca allait faire deux ans maintenant... et curieusement son deuil avait été moins amer qu'il ne l'avait cru, aidé par de très bons amis et des études passionnantes qui le ravissaient réellement et le remotivaient pleinement, chose très rare ! Certes, les morts de Patrick et d'Honor hantaient toujours sa mémoire, mais de manière moins obsédante qu'en début d'année. Il avait finalement compris, à regret, qu'il ne pouvait pas faire marche arrière pour changer les choses et ne pouvait qu'aller de l'avant en tournant amèrement la page. Du moins en partie, comme il était très décidé à retrouver le meurtrier de ses amis et à l'expédier dans le fin fond des fourneaux de l'Enfer. Mais ce n'était pas en ses moyens à présent, il fallait qu'il pense à son avenir... en parlant d'avenir, tiens ! Alan revint sur terre, prenant finalement sa bouchée de glace, l'avalant lentement avant de demander à Manu :

- "D'ailleurs tu sais précisément ce que tu veux faire d'ici deux ans ? Tu as des idées, ou tu as fais des stages ?"

Alan lui n'était pas très avancé sur cette question, comme il hésitait toujours entre le médicomage ou l'apothicaire, par son goût très affirmé pour les potions et la botanique. Certes être médicomage, c'était très cool, mais très difficile ici, alors il savait humblement pas s'il avait vraiment le niveau pour cela... mais il tenterait sa chance, on sait jamais !

« Parle-moi un peu de toi, Alan. On se connaît depuis un moment, mais je ne sais réellement rien de toi. Qu’aimes-tu faire, quels sont tes goûts, quelles sont les plus belles filles de l’UMA selon toi, ce genre de choses anodines… »

Alan faillit avaler de travers la nouvelle bouchée de glace au chocolat qu'il prenait, ce qui donna une tête assez comique non désirée. Punaise, il se croyait quelques heures plus tôt, en train de se poser lui-même la question dans sa chambre, pour les besoins du rituel animagus ! Mais il se reprit très vite, essuyant sa bouche avec la serviette à côté de sa bouche, et répondit d'un ton chaleureux et amusé :

- "S'cuse moi, cela m'a un peu surpris... et bien, y aurait de quoi faire un roman, mais je vais essayer de synthétiser point par point ! Ce que j'aime faire ? Hum... explorer, chercher des réponses même si elles sont pas très recommandables, chercher des renseignements, les potions, embêter ma petite soeur à l'occasion, les blagues, sortir de temps en temps, nager, le Quidd', être avec mes amis,... principalement du moins."

Il prit une pause pour reprendre son souffle et espacer sa réponse forcément un peu longue, avant de reprendre avec un débit ralenti sans trop l'être :

- "Ce que je n'aime pas, voyons... qu'on me provoque, je peux être assez sanguin selon mes humeurs... les insultes... la Dolorès... oh pardon Ombrage, Binn's, je me méfie des profs aussi, me faire coincer quand je suis en situation délicate... les anti-moldus aussi m'énervent... qu'on s'en prenne à mes proches et amis... me retrouver sous les feux de la rampe... rater quelque chose... mais la liste n'est pas exhaustive !

Il ria ensuite quand vint le point des jolies filles de l'UMA, il n'y avait pas été très sensible mais devait quand même en relever certaines des demoiselles, bien qu'une seule hantait ses pensées... bien qu'elle soit à présent six-pieds sous terre du peu qu'il savait... ou ne savait plus, mais cela il ne pouvait le savoir !

- "Je ne suis pas un expert sur la question, mais je trouvent que se détachent du lot Hayden ou Lavande... y avait aussi une brune, mais je ne me souviens plus de son nom... mais à vrai dire, je ne suis pas spécialement attiré par elles, enfin question attraction amoureuse, j'ai déjà... enfin, non, pas à l'UMA, ce n'est pas ce que tu crois mais... bref."

Honor Mac Tansey hantait toujours ses pensées, alors qu'il se posait toujours la question sur la nature de leur lien : amtié ou un peu plus ? La danse du bal de cinquième année avait tout chamboulé... la note de Patrick le lui avait rappelé... il eut un regard un peu rêveur alors qu'il se souvenait de la jolie demoiselle des verts et argent, aux longs cheveux blonds-roux, aux yeux bleus-vert sans pareils... il secoua légèrement la tête. Non, Honor n'était qu'une amie, point barre ! Il serait trop con d'être tombé amoureux de l'une de ses meilleures amis, et elle le giflerait sans doute pour l'idée. Pour se dégager de l'impasse, il embraya à son tour sur les questions, retournant avec un sourire chaleureux et une pointe d'humour habituelle :

- "Alors maintenant que je suis passé au veritesarum, je serais ravi de te retourner la question, Emmanuel !"

Le Gallois remarqua presque instantanément que le regard de son interlocuteur s’était assombri après qu’il eu répondu à ce qu’il avait d’abord dit. Il l’observa un instant, alors qu’il prenait une autre gorgée de son café, puis se dit que là n’était pas le moment de lui demander plus de précisions. Après tout, il ne le connaissait qu’à peine, surtout de vue avant aujourd’hui, et ce n’était pas de son genre de s’introduire aussi peu subtilement dans la vie des gens. Il préférait rester observateur et construire des hypothèses, qui le plus souvent étaient vraies – il avait une grande facilité à cerner les gens, leur passé et leurs intentions. Cet après-midi, cependant, il avait rejeté l’idée d’établir un portrait d’Alan. Il voulait profiter de sa compagnie, bien simplement. Sans idée sous-jacente.

Vint ensuite la question classique de ce qu’il voulait faire après ses études. On la lui posait souvent, celle-là. Et c’était bien normal ; il terminait ses études bientôt, et on ne voyait pas vraiment les débouchés en Fillière Académique Section théorique. Il prépara un instant sa réponse, profitant d’une bonne lampée de sa glace tout à fait délicieuse puis se racla doucement la gorge :

« Eh bien, je termine maintenant ma troisième année en Fillière Académique, dans la section théorique. J’aimerais bien devenir Langue de Plomb. J’ai déjà fait un court stage et suivi quelques séminaires. Il me reste encore un séminaire et mon stage officiel à faire , ce qui va être fait durant la prochaine et dernière année. J’ai déjà commencé mon étude pour les examens finaux, c’est incroyablement stressant. Mais ça devrait bien se passer. Je l’espère, dans tous les cas. »

Emmanuel était un étudiant hors pair, même s’il projetait une toute autre image. Il étudiait autant qu’il en avait besoin, ne négligeait jamais ses devoirs et ses travaux pratiques, mais arrivait tout de même à garder du temps pour lui-même et pour les évènements sociaux. C’était un rythme de vie qui lui plaisait et, honnêtement, il se voyait parfois anxieux lorsqu’il pensait à l’avenir. Cela allait changer, c’était certain. Avec un peu de chance il pourrait garder ce même équilibre lorsqu’il aurait un emploi stable.

Alan répondit aux questions de son camarade de classe sans broncher ; cela plu beaucoup à Emmanuel. Il était toujours heureux de voir que les gens étaient à l’aise en sa compagnie, même s’il lui arrivait de poser des questions indiscrètes. Ses réponses étaient satisfaisantes. Il l’écoutait avec un intérêt sincère, riant parfois, approuvant souvent. Le Gallois prit une dernière gorgée de son café, le sentant encore songeur, puis esquissa un sourire lorsqu’il lui demanda de répondre à son tour aux mêmes questions.

« Je savais bien que je n’y échapperai pas…Eh bien… J’aime les bonbons et tout ce qui est sucré, tu l’auras sans doute deviné. J’aime aussi profiter du soleil et me baigner. Je joue également de la batterie, j’aimerais bien jouer dans un groupe un de ces jours. J’aime l’honnêteté et le respect d’autrui ainsi que les gens qui sont à la fois honnêtes et respectueux. »

Il pausa un instant, croquant dans une boule froide de glace, puis reprit son discours, une fois qu’il eu avalé la sucrerie.

« Je n’aime pas l’intolérance ou les gens qui se croient meilleurs que les autres, c’est quelque chose qui me frustre au plus haut point. Je n’aime pas voler, je suis absolument incapable de manipuler un balai avec aisance – et j’ai essayé. Je n’aime pas le chou et les navets et je n’aime pas les filles qui n’ont pas de respect pour elles-même. Et pour conclure le sujet des filles, eh bien, j’ai présentement un œil sur… »

Il hésita un instant. Devait-il parler d’elle ?... Il ne la connaissait probablement pas de toute façon.

« … sur Elanor Levika. Elle a prit une année sabbatique l’an dernier, elle est en dernière année de Magicosoins. Tu ne la connais probablement pas. C’est une amie précieuse et puis, bah, j’ai toujours eu le béguin pour elle. Enfin, j’ai eu une copine pendant un bon moment et, à ce moment-là, je n’avais d’yeux que pour elle, mais elle a toujours eu une place dans mon cœur. Et cette place devient plus grande avec le temps. »

Emmanuel rit légèrement une fois qu’il eu finit.

« Tu dois me trouver ridicule… Mais je suis un éternel romantique, c’est comme ça. Toi, as-tu une habitude ou une manie dont tu as honte ? »

Son regard croisa celui de la serveuse. Brièvement, le jeune homme éleva sa tasse de café complètement vide, lui demandant du regard de lui en emmener une autre. Elle comprit, hocha la tête et se dirigea vers la cuisine. Décidément, le service ici était excellent.

« Eh bien, je termine maintenant ma troisième année en Fillière Académique, dans la section théorique. J’aimerais bien devenir Langue de Plomb. J’ai déjà fait un court stage et suivi quelques séminaires. Il me reste encore un séminaire et mon stage officiel à faire, ce qui va être fait durant la prochaine et dernière année. J’ai déjà commencé mon étude pour les examens finaux, c’est incroyablement stressant. Mais ça devrait bien se passer. Je l’espère, dans tous les cas. »

Filière Académique ? Section théorique ? Ouh là, bien la branche où il n'irait pas étudier par excellence ! Devait y avoir un sacré taf dans cette section ! Il écouta avec attention les propos d'Emmanuel, tout en terminant lentement sa glace, puis de commenter avec une réelle admiration et attention :

- "C'est cool que tu saches précisément ce que tu vas faire ! Et pas trop dur pour le stage ? Y en a certains qui galèrent pour trouver apparement... t'es sérieux de commencer à bosser dès maintenant les exams ! Moi j'suis pas motivé avant le mois qui les précède, mais je les bosse à fond là... chacun sa méthode je pense... J'te souhaite bonne chance en tout cas, et j'espère aussi que tout ira bien ! Sinon, tu as pensé quoi du dernier séminaire de l'UMA ?"

C'était totalement "out of the record" puisqu'Alan avait déjà fait et rendu au BDE l'article sur la conférence. Emilien devait le faire mais il avait eu un contretemps et Alan avait accepté de le dépanner bien volontiers en mettant en ordre les interviews rassemblées par son ami de l'UMA et en rédigeant dessus. Il était juste curieux de connaître l'avis de son interlocuteur.

« Je savais bien que je n’y échapperai pas…Eh bien… J’aime les bonbons et tout ce qui est sucré, tu l’auras sans doute deviné. J’aime aussi profiter du soleil et me baigner. Je joue également de la batterie, j’aimerais bien jouer dans un groupe un de ces jours. J’aime l’honnêteté et le respect d’autrui ainsi que les gens qui sont à la fois honnêtes et respectueux. »

Alan ricana sans méchanceté, d'un rire léger et chaleureux devant la remarque de son aîné et ancien compatriote des noirs et or de Poudlard. L'étudiant de première année avait toujours été assez connu pour sa curiosité prononcée quand quelque chose ou quelqu'un attrayait son attention, dans une discussion, pour des réponses ou autres. Il écouta avec attention, un sourire appréciateur aux lèvres. Ils partageaient donc certaines valeurs en commun : l'amour de l'honnêteté et du respect d'autrui réciproque, ainsi que la natation. Tiens, bon à savoir ça...

« Je n’aime pas l’intolérance ou les gens qui se croient meilleurs que les autres, c’est quelque chose qui me frustre au plus haut point. Je n’aime pas voler, je suis absolument incapable de manipuler un balai avec aisance – et j’ai essayé. Je n’aime pas le chou et les navets et je n’aime pas les filles qui n’ont pas de respect pour elles-même. Et pour conclure le sujet des filles, eh bien, j’ai présentement un œil sur… sur Elanor Levika. Elle a prit une année sabbatique l’an dernier, elle est en dernière année de Magicosoins. Tu ne la connais probablement pas. C’est une amie précieuse et puis, bah, j’ai toujours eu le béguin pour elle. Enfin, j’ai eu une copine pendant un bon moment et, à ce moment-là, je n’avais d’yeux que pour elle, mais elle a toujours eu une place dans mon cœur. Et cette place devient plus grande avec le temps. »

Alan nota mentalement ce qu'il devait éviter, et ne trouva la tâche pas bien difficile, ils étaient souvent d'accord sur des principes capitaux comme la modestie, la franchise et le respect. Il pourrait peut-être avoir une chance de bien s'entendre avec Manu et rattraper les années d'ignorance mutuelle à Poudlard bien qu'ils fussent dans la même maison un bon nombre d'années..

"Tu dois me trouver ridicule… Mais je suis un éternel romantique, c’est comme ça. Toi, as-tu une habitude ou une manie dont tu as honte ?"

Alan resta songeur un petit moment, réfléchissant sérieusement sur la question, avant de commenter d'un air rassurant à la première remarque de son camarade :

- "Oh que non, je ne te trouve pas ridicule tu sais...sinon ce serait l'hôpital qui se moquerait de la charité ! J'ai le même travers d'une certaine manière..."

Il marqua une pause le temps de commander un thé pour rester à table et continuer la discussion, avant de répondre à la suite de la phrase :

- "Et ben pas qu'une seule, pour être franc avec toi. Déjà ma manie de vouloir tout savoir à tout prix m'agace, mais c'est plus fort que moi et du coup je peux me trouver dans des ennuis monstres. Ensuite... j'ai du mal à faire une croix sur le passé, j'ai beaucoup de remords et de deuils que je ne parviens pas à passer, alors je n'avance pas. Puis aussi le désir fou de faire des blagues pas toujours fines... mais ca, j'arrive à le domestiquer avec le temps !"

Emmanuel sourit doucement en voyant la serveuse revenir avec un deuxième café. Avec tout ça, il avait presque terminé sa glace ; il en était au cornet. Du bout des doigts, il brisa la gaufre du cornet, le trempa dans le café et grignota le biscuit du bout des dents. C’était délicieux. Après avoir pris une grande gorgée du liquide chaud, le jeune homme leva les yeux vers Alan et haussa les épaules un peu.

« Ouais, ça a été difficile de trouver, mais ça promet. En fait la plupart des gens hésitent à engager un stagiaire par peur de perdre le contrôle sur ce qu’ils ont à faire. C’est l’avantage d’avoir approché quelqu’un de nouveau dans son domaine. Le confort n’est pas établi et ils ont plus de facilité à déléguer. »

Le Gallois s’efforça de rester discret au sujet de la nature de son stage. Rien n’était encore officiel et s’il dévoilait un peu trop d’information, cela risquait d’être compromis. Puis il avait travaillé beaucoup trop fort pour obtenir cette place, pas question de mettre cela en jeu. Son confrère lui colla une autre question piège. Ce qu’il avait pensé du dernier séminaire ? Le jeune homme leva les yeux vers le ciel et réfléchit un instant. Bien entendu, il avait assisté au séminaire et à la plupart des discussions qui l’avaient suivi, mais il n’avait jamais réussi à se ranger. Emmanuel avait toujours eu du mal à donner un avis sur l’actualité. C’était presque impossible pour lui de voir les choses en blanc ou en noir ; il était toujours gris.

« J’ai beaucoup aimé le séminaire, mais à vrai dire je ne sais pas trop quoi penser de la question. Je crois que cela peut être une très bonne chose, mais de croire qu’un jour, nous pourrons vivre en harmonie totale avec le monde moldu est tout simplement utopique. Je me dis que nous allons bien voir ce que cela va donner. Je ne suis pas de ceux qui s’impliquent… Ce n’est pas par manque d’opinion ou par peur d’être jugé. C’est simplement par choix. »

Au départ, Emmanuel avait du mal à assumer sa neutralité, même pendant la guerre. On lui avait souvent demandé de donner son avis sur la situation des Moldus, sur l’importance du statut de sang et d’autres choses semblables. Et il était toujours mal à l’aise de dire qu’il ne savait pas trop ou de dire que son avis était partagé. Mais de plus en plus, les gens de son entourage savaient qu’il préférait faire l’avocat du diable et voir les deux côtés de la médaille plutôt que d’aller aveuglement dans un sens ou l’autre.

Le brun termina de manger le cornet et vint machinalement frotter son ventre à travers son t-shirt, bien plein de cette douce sucrerie. Il adressa un sourire à Alan puis l’écouta parler de ses manies. Il avait déjà deviné que son collègue était curieux, et il pouvait également voir en quoi cela pouvait lui avoir déjà causé problème. Mais c’était aussi une qualité importante qui était tout à fait admirable. La difficulté de faire une croix sur le passé ? Il connaissait ça. Et ce n’était que dans la dernière année et demi qu’il avait appris à avancer et à faire la paix avec les évènements du passé.

« Nous faisons tous des erreurs, Alan. Et parfois c’est difficile d’assumer certains actes que nous regrettons. Mais c’est en s’accrochant au passé que nous stagnons. Mais ça tu le sais probablement, je n’ai pas de leçon à te donner. Je peux juste te dire que je n’ai jamais été aussi heureux que maintenant, depuis que je tente de regarder vers l’avant. »

Emmanuel leva les yeux vers une horloge dans la rue ; il était presque l’heure où il devait aller chercher Ethel pour le week-end. Mais il attendrait encore un peu, il appréciait bien la compagnie de son collègue.

« Ouais, ça a été difficile de trouver, mais ça promet. En fait la plupart des gens hésitent à engager un stagiaire par peur de perdre le contrôle sur ce qu’ils ont à faire. C’est l’avantage d’avoir approché quelqu’un de nouveau dans son domaine. Le confort n’est pas établi et ils ont plus de facilité à déléguer. »

Alan écouta avec une grande attention, tout en posant une main sur la tasse délicieusement chaude au toucher, d'une porcelaine assurément délicate, mais sans doute renforcée par magie, légèrement ouvragée et avec une prise bien à la mode anglaise. Il huma légèrement le parfum riche et exquis du thé noir choisit par la maison, concentré sur les dires et les réactions de son interlocuteur. Ah, sujet délicat donc ! Alan ria légèrement avant de faire remarquer avec un fin sourire:

- "Mais en même temps ils y gagnent pas mal en temps et en qualité de travail ! Les stagiaires sont en général assez motivés pour apprendre et montrer de quel bois ils sont faits, donner une bonne impression ! Mais ces derniers récupèrent parfois des tâches ingrates, des amis moldus m'en on parlé lors des dernières vacances..."

« J’ai beaucoup aimé le séminaire, mais à vrai dire je ne sais pas trop quoi penser de la question. Je crois que cela peut être une très bonne chose, mais de croire qu’un jour, nous pourrons vivre en harmonie totale avec le monde moldu est tout simplement utopique. Je me dis que nous allons bien voir ce que cela va donner. Je ne suis pas de ceux qui s’impliquent… Ce n’est pas par manque d’opinion ou par peur d’être jugé. C’est simplement par choix. »

Le séminaire en question avait fait couler beaucoup d'encre, et Alan aimait bien la prudence de son confrère, donc il l'écouta avec chaleur, l'approuvant sur ce point, et pour le rassurer, il lui exposa son point de vue en toute franchise et assumant totalement son opinion mitigée :

- "Des fois rester neutre c'est une sage position, je la comprends et la respecte. Pour ma part, je suis assez mitigé sur la question. Ca peut être une bonne idée dans le fond, mais tu vois j'ai un peu peur que ce soit assez soudain et que le choc des cultures ne soit un peu trop brutal pour les deux. Tu vois, je suis moldu d'origine, donc je connais les deux mondes et je redoute que cela se passe mal sans une assimilation progressive du respect de l'un et de l'autre. Je ne diabolise ni les pro, ni les anti moldus, mais je trouve qu'on devrait attendre encore un peu si Levée il doit y avoir...

Alan avait connu dans son enfance le rejet des enfants moldus qui étaient sensibles à la magie par ceux qui ne l'étaient pas, et il soupira légèrement avant de conclure sur la question :

- "'Fin, dans ma famille, cela ne fait pas bon ménage. Mes cousins sont assez jaloux et méprisent ma p'tite soeur et moi. Encore moi, ca va, je fais abstraction et je dis rien, mais elle cela la touche beaucoup, donc je me demande ce que cela peut donner hors contexte familial... elle n'a que onze ans, elle est encore fragile à ce genre de choses..."

« Nous faisons tous des erreurs, Alan. Et parfois c’est difficile d’assumer certains actes que nous regrettons. Mais c’est en s’accrochant au passé que nous stagnons. Mais ça tu le sais probablement, je n’ai pas de leçon à te donner. Je peux juste te dire que je n’ai jamais été aussi heureux que maintenant, depuis que je tente de regarder vers l’avant. »

Alan eut un air songeur quand ce sujet fut évoqué, alors qu'il repensa à ses défunts amis et son étrange amnésie, ainsi que ce qu'il avait vu sur la plaque funéraire lors de son premier duel, avant de répondre tout en prenant une gorgée de thé encore chaud :

- "Ouaip je sais, mais plus facile à dire qu'à faire... surtout quand ces actes ont conduits à la mort de personnes qui nous étaient très chères. Lors de la Boucherie à Poudlard... mais je ne peux plus rien y faire, alors j'essaye d'accepter les faits. Cela passe mieux déjà qu'au début d'année, Lavande m'aide beaucoup là dessus... c'est vraiment une amie formidable. Des fois j'aimerais avoir une pensine pour y déposer les souvenirs gênants... mais bon, sans eux, je ne pourrais pas avancer, pas vrai ?"

Alan reprit de son sourire avant de demander d'un air chaleureux et curieux :

- "Tu as des soeurs à Poudlard, je crois ? De ce que je me souviens en tout cas... elles deviennent quoi ?"

Le Gallois sentit qu’il venait de toucher une corde sensible en voulant se faire rassurant. Visiblement, Alan avait un passé houleux en lien avec la Guerre et ses séquelles. Il regretta presque aussitôt ce qu’il venait tout juste de dire. Ce n’était pas sa place, de donner des leçons de vie sans avoir idée du passé ou du vécu de son interlocuteur. Il ne voulait jamais de mal aux gens qu’il voulait conseiller mais cela arrivait trop souvent à son goût. Surtout dernièrement ; il était sorti de son ermitage social et tentait de fréquenter de plus en plus de gens, mais il n’était pas tout à fait aussi habile qu’avant. Ça lui revenait doucement, son malaise n’avait rien à voir avec celui d’il y a environ un an. Mais tout de même, il s’était mit les pieds dans les plats plus d’une fois.

À vouloir se séparer des enjeux du monde magique, il en oubliait que certaines personnes avait réellement souffert de la Guerre. Certes, on lui avait arraché ses sœurs pendant un an, son père ayant amené sa femme et ses deux filles en Israël durant l’année suivant la bataille de Poudlard, son ex, Lucy-Ann, et son meilleur ami et ses sœurs, Cadfael, Deryn et Niallan, avaient tous beaucoup soufferts de la discrimination du sang. En fait, il connaissait beaucoup de gens qui avaient vécus quelques mois particulièrement difficiles. Mais lui n’avait pas été directement touché par cela.

« Je suis désolé, Alan, je ne savais pas. »

Il ne su plus quoi dire pour quelques minutes, se contentant de prendre une gorgée du café. Heureusement, son collègue ne sembla pas s’attarder à ce qui s’était passé, enchaînant avec une autre question. Ses sœurs… Le Gallois leva les yeux vers l’ancien Poufsouffle et lui adressa un sourire reconnaissant avant d’enchaîner avec sa réponse.

« La plus jeune, Ethel, est à Gryffondor, elle est en quatrième année, et elle grandit beaucoup trop vite à mon goût. Cette année, elle m’a beaucoup parlé d’un garçon qu’elle aimait bien. Elle est toujours plus belle, à chaque fois que je la vois. Et Sally-Anne termine sa dernière année à Serdaigle. Et lorsque je pense à elle, je me dis toujours que je ne lui dis pas assez que je l’aime. Notre relation est étrange, très houleuse. Apparemment, c’est toujours comme ça entre les deux enfants du milieu. »

Le jeune homme n’eut pas le temps de mentionner son grand frère que l’horloge sonna 18h. Le brun adressa un regard désolé à Alan et se leva, déposant sur la table amplement assez de monnaie pour payer pour ce qu’ils avaient pris tous les deux, et un bon pourboire.

« Et justement, je leur ai donné rendez-vous ce soir pour une petite soirée en famille, sans les parents. Je dois y aller. »

Emmanuel tendit sa main vers celle de son collègue et la serra fermement, amicalement.

« Ce fût un plaisir, Alan. À très vite, j’espère. »

Et sans plus de cérémonie, le Gallois se dirigea vers la clôture de la terrasse, marchant d’un pas un peu las vers le point de rencontre établi avec ses sœurs. Il regrettait tellement lui avoir dit cela.. Il ne voudrait surtout pas lui laisser une mauvaise impression.

[HJ: Tu peux clore le topic avec ton message, ensuite j'vais indiqué qu'il est terminé dans le titre Wink

Ce fut un vrai plaisir de RP avec toi I love you

]

« Je suis désolé, Alan, je ne savais pas. »

Bah le jeune première année à l'UMA ne lui en voulait pas, peu de gens avaient remarqué en détail qui manquait à l'appel et qui était encore vivants, après tout ce carnage et ce désastre.Il s'en souvenait encore, de l'immense barrière magique, de Poudlard malmenée et en flammes, de cadavres et de corps blessés qui jonchaient le sol, de la panique dans les couloirs, de la bataille désespérée juste pour essayer de gagner du temps... gagner du temps pour quoi ? Pour un espoir, pour une chance de sauver leur école indirectement... leurs amis... Il garda donc un fin sourire sur les lèvres avant de reprendre une gorgée de thé :

- "Pas grave, j'suis pas le seul qui en a souffert, puis je me considère assez chanceux dans l'idée même d'en être revenu vivant et presque sans séquelles. Patrick n'aurait pas aimé que je me morphonde de toute manière, et Honor non plus je pense, donc on fait avec... lentement mais sûrement..."

« La plus jeune, Ethel, est à Gryffondor, elle est en quatrième année, et elle grandit beaucoup trop vite à mon goût. Cette année, elle m’a beaucoup parlé d’un garçon qu’elle aimait bien. Elle est toujours plus belle, à chaque fois que je la vois. Et Sally-Anne termine sa dernière année à Serdaigle. Et lorsque je pense à elle, je me dis toujours que je ne lui dis pas assez que je l’aime. Notre relation est étrange, très houleuse. Apparemment, c’est toujours comme ça entre les deux enfants du milieu. »

Captivé, l'ex or et noir écouta avec attention les paroles de son confrère, tout en zieutant rapidement sur l'heure affichée par sa montre à gousset magique offerte par Patrick en cinquième année, avant de commenter en riant légèrement :

- "Bah dans quelques années, je suis sûr que cela s'améliorera avec ta plus grande soeur ! C'est bien que tu gardes contact avec elles, un aussi bon feeling... je t'envie beaucoup, mes relations avec Horror ne sont pas sous un aussi beau jour, mais en dépit des huit années d'écart, je l'aime bien quand même !"

« Et justement, je leur ai donné rendez-vous ce soir pour une petite soirée en famille, sans les parents. Je dois y aller. Ce fût un plaisir, Alan. À très vite, j’espère. »

Alan sourit tout en serrant amicalement la main tendue, se redressant à son tour sans se rendre compte tout de suite que son collègue avait payé sa part, et lui lança avec amusement :

- "Allez, ne tarde pas, les soeurs n'aiment pas attendre en général ! Plaisir également de mon côté, et hésite pas si l'on se croise à l'UMA ! A plus !"

Il le regarda s'en aller avec un sourire, puis allait se tourner pour payer sa part quand il vit que son collègue l'avait fait pour lui, avec un pourboire de surcroit. Amusé, Alan se tourna dans la direction qu'avait prise son nouvel ami, avant de laisser quand même un pourboire tout en songeant avant d'aller vaquer à ses propres affaires :

"Merçi Manu, je te revaudrais cela à la prochaine occasion... et ce sera ma tournée cette fois !"

(fin pour moi ^^)