Comme elle s’y attendait, Alan fut pour le moins surpris de son apparition divine impromptue dans sa chambre, le pauvre n’était même pas complètement habillé. Ce fait associé à sa demande de prévenir la prochaine fois qu’elle comptait se pointer chez lui tira un sourire amusé à la brunette et elle hocha la tête pour lui promettre que l’évènement ne se produirait plus. Elle lui précisa ensuite qu’elle venait de se lever et qu’elle avait tout juste eu le temps d’aller acheter leur repas respectifs d’où sa forme : elle avait dormi tout son saoul et pétait désormais la forme. Elle observa ensuite la manière dont le garçon faisait disparaître divers éléments de sa chambre pour leur faire de la place. Trop occupée par l’attitude pour le moins étrange du garçon ces dernières semaines, elle ne fit pas attention à ce qu’il faisait disparaître, néanmoins lorsqu’une plume fit son apparition sur ses genoux, elle ne put s’empêcher de l’admirer. Etrange, ce n’était pas une plume ordinaire comme celles qu’ils utilisaient habituellement pour les potions de soin et pourtant, elle lui était familière, comme si elle en avait déjà vu une similaire auparavant. Cependant, elle ne s’attarda pas sur la question étant donné qu’elle interrogea son ami sur son récent comportement et que toute son attention se concentra sur la réponse qu’il allait lui donner. Les réponses qu’il lui fournit l’inquiétèrent d’ailleurs quelque peu. Elle choisit donc de commencer par commenter la première remarque du garçon sur les notes et le prof de Potions, avant de se lancer dans les sujets plus graves.

-Mes notes très bonnes ? J’en doute mais bon tant mieux si ça t’a aidé. Et oui, j’ai vu les modifs en Potions, ça m’a bien aidé pour le devoir à rendre soi-dit en passant. Parce que ya rien à faire, mon niveau de potions n’a pas augmenté depuis Poudlard. Et pour Britania, faudra que tu me racontes ça une prochaine fois, tu m’as intrigué avec ton début d’histoire. J’me demande bien ce qu’il a pu faire.

Non mais c’était vrai, imaginer les profs en dehors du cadre scolaire était toujours une tâche des plus ardues. Après tout, cela impliquait de leur imaginer une vie normale, où ils auraient des amis, un mari, une petite amie, des hobbys et autres, en dehors de leur sacro-sainte matière. Or, tout comme il n’était pas bien difficile d’imaginer Vawdrey en face d’une belle femme assis à la terrasse d’un café, imaginer la vie quotidienne du professeur Flitwick était plus compliqué. A moins de l’imaginer jouer de la trompette dans un appartement où tous les meubles seraient à sa taille, ou bien de supposer qu’il se faisait un peu d’argent en plus en interprétant un nain dans une représentation de Blanche-Neige, toute idée semblait brusquement ridicule comme si la dernière que je viens d’écrire ne remportait pas la palme de la stupidité . Bon, concernant Britania, vu son jeune âge, il n’était pas incongru de l’imaginer dans un bar mais de là à penser à ce qu’il pourrait bien y foutre seul, c’était une autre histoire. D’où la curiosité de Lavande.

-En ce qui concerne ton amnésie, je comprends que ça doit être frustrant, mais dis toi que c’est comme quand on a un mot sur le bout de la langue, plus on cherche à le retrouver et plus il s’échappe. Le mieux à faire c’est de laisser le temps faire son œuvre, quand ce sera le moment tu te rappelleras tout ce qu’il y a à savoir, crois-moi.

C’était fou ce qu’elle pouvait mentir facilement, se rendit-elle compte. Sortir ces balivernes auxquelles elle ne croyait pas un instant ne lui avait rien coûté. Au contraire, l’idée de devoir expliquer à son ami, déjà passablement énervé à cause du manque apparent de fatigue, qu’elle savait en réalité tout ce qui était arrivé lui aurait coûté dix fois plus. Il lui semblait tellement plus facile de continuer à mentir, même si le fait de faire ainsi plaisir à Honor au passage ne l’amusait nullement. Mais bon il faut savoir faire des sacrifices pour survivre, parce que, oui, il s’agissait de survie, car elle ne voulait même pas, ne serait-ce qu’imaginer, la fureur dans laquelle pourrait rentrer son ami s’il découvrait l’étendue des mensonges qu’elle lui avait servis, et tout ça à cause de l’autre blondasse ! Grrrrrr !!! Sentant sa colère monter, elle entreprit de continuer à répondre pour ne pas perdre le contrôle de ses nerfs, chose qu’Alan aurait du mal à comprendre.

-Pour le duel, oui je comprends, mais que veux-tu que je te dise, ? C’est la vie. Et puis comme tu dis, ce qui compte c’est d’être capable de s’en sortir le jour J, pas pendant un tournoi amical. Enfin bon, ayant perdu également, je comprends ton amertume. Pour nous consoler, on n’a qu’à se dire qu’on leur en a quand même fait voir de toutes les couleurs. D'ailleurs, t’aurais vu la gueule de McCarter quand j’ai fait s’effondrer le sol sous lui, c’était épique ! Bon d’accord, après il a repris le dessus mais ça valait son pesant d’or quand même, dommage que je n’ai pas pu immortaliser l’instant.

Elle rit en se souvenant du moment, puis ayant terminé son repas, elle se leva pour aller jeter la boîte dans la poubelle sous le bureau. Pendant ce temps, elle expliqua au brun où se trouvait le restau d’où venait la bouffe et accepta son offre de lui rende la pareille une prochaine fois. Puis, tandis qu’elle se relevait après avoir jeté la boîte, ses yeux tombèrent sur un paquet de notes assez conséquent dans un coin de la table. Ne reconnaissant aucun de leurs cours, elle y jeta un coup d’œil intriguée. Et quelle ne fut pas sa surprise en lisant :

Citation :

Révélation de l’Animae

Ingrédients Nécessaires :

Citation:
1. Corne de Licorne morte naturellement réduite en poudre.
2. Ecaille de Dragon réduite en poudre
3. Plume de Phénix
4. Poudre d’amande

• Tout d’abord remplissez votre chaudron d’eau bouillante.
• Insérez un quart de la poudre de corne.
• Tournez deux fois dans le sens des aiguilles d’une montre.
• Tournez une demie fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
• Insérez la Plume de Phénix.
• Tournez deux fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
• Insérez la moitié de la poudre d’écaille de Dragon.
• Coupez le feu. Laissez reposer trois jours précisément.
• Remettez à chauffer. Lentement à feu doux.
• Au bout d’une demie-heure précisément, insérez le reste de la poudre d’écaille de Dragon.
• Tournez treize fois dans le sens des aiguilles d’une montre.
• Insérez 100 grammes de poudre d’Amande, et laissez chauffer à feu doux pendant trois heures.
• Une intense fumée orange devrait se dégager de la mixture. Insérez un autre quart de poudre de la corne.
• La potion tourne couleur violette. Insérez le reste de la poudre de corne.
• Laissez reposer un mois jour pour jour, heure pour heure.
• Buvez.

Euuuuuh ? C’était quoi ça ? Pourquoi Alan avait-il un tel protocole sur son bureau ? Et puis d’abord c’était quoi une révélation d’animae ? Ce mot lui disait vaguement quelque chose, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle était convaincue de l’avoir déjà entendu quelque part, mais Merlin soit maudit si elle se savait où. Elle prit donc la feuille dans ses mains et interrogea son ami :

-Euh dis-moi, juste comme ça, c’est quoi ce truc ? Qu’est-ce que ça fout sur ton bureau ? C’est pas au programme, j’en suis absolument certaine, alors c’est quoi ?

Après avoir posé ses questions, l'illumination eut lieu : voilà pourquoi la plume de tout à l'heure lui avait semblé familière. C'était une plume de Phoenix ! Mais, cette découverte ne fit qu'épaissir encore un peu plus le mystère, où et avec quel argent Alan s'était-il procuré un tel ingrédient ?

Imaginer Rogue tourner et retourner autour du chaudron d’un Alan plus jeune pour y trouver quelque chose à redire, mais devoir repartir les mains vides car tout était parfait amena un sourire amusé sur le visage de Lavande. Elle avait assisté à cette scène un nombre incalculable de fois avec les performances en Potions d’Hermione, elle n’avait donc aucun mal à imaginer la tête de feu leur professeur de Potions. Elle n’eut également aucun mal à remplacer Hermione par Alan lors des cours de Trelawney. Parce qu’il fallait dire les choses telles qu’elles étaient, cette fille était certes un génie théorique, mais dès qu’il s’agissait de laisser un peu de place à ce qui n’était pas immédiatement explicable, elle ne valait plus rien. Sa sortie fracassante du cours de Divination lors de leur troisième année avait laissé un souvenir impérissable chez la plupart des élèves présents, Lavande en tête de liste. Enfin, pour une fois qu’elle était meilleure que Granger dans une matière, elle ne s’en plaignait pas. Elle était même diablement fière de son Optimal aux ASPICs de Divination, rares étaient les élèves qui avait atteint un tel score. Surtout que ce n’était pas une question de chouchoutage, vu que Firenze, le centaure qui leur avait servi de professeur pendant un moment faisait également partie du jury. Il lui avait d’ailleurs même dit que sa lecture des étoiles était remarquable ... pour une humaine. Oui, on ne changeait pas les centaures.

Sa bonne humeur disparut néanmoins lorsqu’elle évoqua la rencontre avec Honor Machinchouette dans l’Allée des Embrumes, et le fait qu’Alan se rendit compte qu’elle était en colère ne fit rien pour arranger son moral. Elle s’en voulait terriblement d’être aussi transparente. Elle ne POUVAIT pas dire à son ami ce qui lui était arrivé, elle tenait trop à leur amitié. Bon d’accord, la vérité c’était qu’elle ne « voulait » pas. Mais, mettez-vous un peu à sa place : qu’allait penser d’elle le brun s’il découvrait qu’elle s’était alliée à Honor pour lui cacher le fait que la fille dont il était amoureux bien qu’il refuse de l’avouer était encore en vie ? C’était la pire des trahisons possible ! Et elle se prétendait son amie, c’était pathétique. D’ailleurs, entendre Alan lui expliquer qu’il commençait à se souvenir de certaines choses la paniqua. Et si le sortilège n’était pas assez fort et qu’il se souvenait de tout tout seul ? Oh non, il ne fallait pas que ça arrive ! Quant à la tentative de lui remonter le moral du garçon, elle ne fit que la déprimer encore plus. Elle ne méritait nullement qu’on célèbre son duel, elle était indigne qu’il la considère comme son amie, elle lui avait menti et continuait de le faire pour son propre bien. Pas pour tenir une promesse qui ne l’intéressait nullement, non simplement pour s’assurer de garder l’amitié du garçon.

Elle se força donc à changer de sujet sans rien répondre, profitant du fait qu’Alan avait évoqué plusieurs thèmes différents pour rebondir sur celui du Duel. Puis, ayant terminé son repas, elle en profita pour se lever et s’éloigner de la culpabilité que la proximité de son ami faisait ressurgir en elle. C’est alors qu’elle tomba sur l’étrange protocole mentionné ci-dessus. Sa curiosité prit alors le dessus sur le reste, culpabilité comprise, et elle interrogea son ami. Mais la réaction de celui-ci la surprit encore plus que la découverte du protocole en lui-même. En effet, il lâcha ce qu’il avait dans la main et que Lavande réussit néanmoins à identifier comme une sphère d’enregistrement magique. Elle repoussa néanmoins cette information dans le fond de son esprit, trop préoccupé par les paroles d’Alan.

- Et bien... c'est un protocole de potion avancée ! Je pensais la commencer sous peu, c'est pourquoi... et effectivement, c'est totalement hors-programme et j'ose dire que cela le restera toujours. J'suis même un peu... comment dire cela... disons que... c'est une expérience ! Une expérience que j'avais laissé tomber à Poudlard...

La manière de s’exprimer par à coups du garçon inquiéta au plus haut point Lavande. Alan était un bavard invétéré comme elle, alors qu’il n’arrive pas à s’exprimer correctement signifiait qu’elle avait réellement touché un point des plus sensibles. Et puis, sa façon d’établir des évidences –il s’agissait d’un protocole de potion avancée : elle l’aurait deviné toute seule, merci- et de donner des demi détails –il s’agissait d’une expérience de l’époque de Poudlard : une expérience que voulait-il dire par là ?- n’augurait rien de bon. Il s’affala ensuite sur son lit, comme vidé de toute force, les yeux fixés au sol, incapable apparemment de faire face à la réalité. Ce dernier détail finit de paniquer l’ex Gryffondor. Et merde, son ami s’était-il embarqué dans quelque chose de dangereux ? D’interdit ? Que se passait-il ? Oh mon dieu, faites qu’il n’ait pas essayé de retrouver ses souvenirs perdus grâce à une potion interdite ! Non, non ça ne pouvait pas être ça, vu qu’il venait de lui dire que l’intérêt pour la potion datait de l’époque du château. Mais alors que se passait-il pour qu’Alan réagisse ainsi ?

-Lavande, avant de t'en dire plus, j'ai besoin d'être assuré que t'en parleras à personne. Je pourrais avoir de très graves ennuis sinon si... bref. Je te fais confiance, bien sûr, mais je suis très sérieux là. C'est une question de confiance absolue. Même pas à Tomas. Confiance absolue. Même Honor et Patrick étaient pas au courant à l'époque... pour te donner une idée de l'importance de ma requête.

Wow wow wow ! On s’arrête et on rembobine ! Dans quelle sombre histoire, l’ex blaireau s’était-il encore fourré ? Graves ennuis ... n’en parler à personne ... même ses meilleurs amis de l’époque n’étaient pas au courant ... Mais zut à la fin, qu’est-ce que le brun avait foutu ?! Et puis, le Choixpeau ne s’était-il pas gouré en l’envoyant chez les Bronze-et-Noir ? Vu sa propension à se fourrer dans les emmerdes, il aurait définitivement eu sa place chez les Rouge-et-Or, c’était une certitude ! Néanmoins, Lavande était désormais prête à tous les sacrifices pour savoir de quoi il retournait. Car, il s’agissait forcément d’un truc grave, sinon ça ne mettrait pas Alan dans un tel état. Et puis, elle avait bien prouvé, contre son gré mais elle l’avait néanmoins prouvé avec la promesse à l’ex Serpillière, qu’elle savait garder un secret, même si cela lui pesait énormément, comme c’était actuellement le cas. Elle s’empara donc du livre que lui tendit son amie et l’ouvrit.

Son regard tomba d’abord sur une lettre datée de janvier 1995. Elle fit ses calculs, ils étaient au beau milieu de leur cinquième année à l’époque. Elle commença à la lire et sans comprendre bien de quoi elle retournait, elle sentit des larmes lui venir aux yeux. Ceci était sûrement une des dernières preuves qu’Alan avait de son amitié avec Patrick. Elle écrasa discrètement une larme qui commençait à couler le long de sa joue. Ce n’était pas le moment de perdre le contrôle de ses nerfs, surtout qu’elle n’avait même pas connu le Pouffy dont il était en question. Néanmoins, cette lettre la touchait quand même, surtout que la personnalité qui ressortait de ces lignes était celle d’un garçon plein de joie de vivre avec qui elle se serait probablement très bien entendue, ne serait-ce que pour embêter Alan sur son inavoué crush sur Honor. Par conséquent, prendre conscience que l’auteur de ces mots avait été fauché au beau milieu de sa jeunesse et qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de rire ou de pleurer était trop dur à supporter. Cela fit remonter tous les souvenirs des personnes mortes l’année précédente : Fred Weasley, le professeur Lupin et sa femme la super Auror métamorphomage Tonks, sans compter tous les autres.

Elle se contrôla néanmoins, ravalant un sanglot, car elle se souvint qu’elle devait apprendre à quoi servait la potion. Elle posa donc la lettre sur le côté du lit et lut l’avertissement sur la première page. Elle tiqua dès qu’elle lut le mot Animagus. Voilà pourquoi le mot d’animae lui était si familier, cela datait de leur sixième année quand ils avaient étudié les Animagus en cours de Métamorphose. La transformation de McGo en avait d’ailleurs laissé plus d’un bouche-bée, la facilité avec laquelle la vieille femme se transformait dans un sens et dans l’autre était impressionnante. Et pourtant, tous savaient depuis leur première année que la directrice des Lions était une Animagus déclarée, mais assister la transformation vous laissait toujours ébahi.

Lavande continua de lire l’avertissement, na sachant vraiment pas quoi dire. Jamais, elle n’aurait imaginé qu’Alan puisse désirer devenir un Animagus, surtout qu’il était clair qu’il faisait tout cela dans la plus grande illégalité et que s’il se faisait chopper il risquait ni plus ni moins qu’Azkaban. Elle comprit alors pourquoi il avait tellement flippé lorsqu’elle avait découvert la feuille du protocole et se sentit extrêmement honorée que le garçon lui accorde sa confiance en l’incluant dans son secret. Elle s’apprêtait d’ailleurs à le rassurer concernant le fait que sa bouche resterait scellée quoiqu’il arrive, lorsqu’il reprit la parole.

-J'voulais pas te mêler là dedans pour pas prendre le risque que t'ai des ennuis. T'en as eu bien assez à cause de moi dans l'Allée des Embrumes. Pour cela que j'ai rien dis... j'ai pas mal hésité à plusieurs occasions de t'en faire part, mais... j'avoue ma lâcheté et ma peur de ta réaction. J'avais peur que tu le prennes mal et que... je te perde ainsi comme amie. Quelque chose que je voudrais éviter le plus possible...


Lorsqu’elle l’entendit formuler à voix haute exactement les mêmes craintes qu’elle avait concernant sa découverte de ce qu’il s’était réellement passé dans l’Allée des Embrumes, elle se sentit comme une vermine de la pire espèce. Lui n’hésitait pas à lui faire part de son secret le plus intime et, elle, ne disait rien concernant quelque chose qui embêtait son ami au plus haut point. Elle était vraiment une ordure de la pire engeance. Elle sentit une vague d’autodépréciation la submerger et les larmes qu’elle avait réussi à contenir jusque là, commencèrent à couler contre son gré. Elle entendit à peine Alan prononcer ses derniers mots :

-La potion révélatrice de l'Animae. Deuxième étape du rituel des Animagi. Je suis certain que cela te dit quelque chose, n'est ce pas ? Je peux tout te dire, tout t'expliquer... si tu acceptes encore d'être mon amie après cette omission assez lâche et honteuse de ma part.

Elle ne retint que l’expression d’omission lâche et honteuse et ç’en fut trop pour elle, elle explosa en sanglots. Elle posa le livre à côté d’elle pour ne pas le mouiller et se prit la tête entre les bras, complètement dégoûtée par son propre comportement. Elle resta ainsi quelques minutes, recroquevillée sur elle-même, totalement fermée au reste du monde, puis elle finit par se calmer légèrement et réussit à articuler ces quelques mots :

-Oh Alan, je suis tellement désolée ... Ce n’est pas toi qui devrait honte, c’est moi ... Je suis une personne horrible ... horrible ... Je suis tellement désolée ... Ne m’en veux pas, je t’en prie ... Ne pars pas, ne me laisse pas toute seule avec ma culpabilité, pas maintenant ... S’il te plaît ... Je te promets que je ferais de mon mieux, je serais une meilleure amie à partir de maintenant, mais s’il te plaît, s’il te plaît ne m’abandonne pas ...

Après avoir crié sa détresse, sans en expliquer les raisons, trop enfoncée dans ses remords pour se rendre compte que le pauvre Alan ne devait pas vraiment comprendre ce qu’il se passait, elle s’accrocha au garçon de toutes ses forces, enfonça sa tête dans son torse et se remit à pleurer de plus belle, empêchant ainsi, à sa manière, la garçon de l’abandonner comme elle craignait qu’il ne le fasse dès qu’il comprendrait ce qu’elle lui avait fait.

Les larmes qui se déversaient à torrents le long de ses joues semblaient emporter avec elles une partie des soucis qui tourmentaient Lavande ces derniers temps. Elle finit ainsi par se calmer légèrement, même si le poids de la culpabilité était toujours présent sur ses épaules, prêt à l’handicaper dès qu’elle tenterait de se relever et de fixer Alan droit dans les yeux. Comment pouvait-elle honnêtement se dire son amie alors qu’elle lui mentait sur un sujet aussi important ? L’amitié n’était-elle pas sensée reposer sur la confiance ? Et puis qui lui disait que le secret qu’elle gardait n’allait pas faire plus de dégâts que la vérité elle-même ? Que se passerait-il s’il arrivait quelque chose à Alan parce qu’elle ne l’avait pas mis au courant des évènements survenus dans l’Allée des Embrumes ? Et si quelqu’un l’attaquait car on les avait vus avec Mc Machin ? Et s’il était de nouveau blessé parce qu’il ne saurait pas répondre aux questions qu’on lui posait ? Et si ... Elle fut interrompue dans ses pensées par Alan qui avait profité de son accalmie pour reprendre la parole.

Elle l’écouta et le fantôme d’un sourire vint éclairer furtivement son joli minois lorsque son ami évoqua un potentiel petit ami jaloux. Cependant, il disparut aussi vite qu’il était apparu lorsque le garçon précisa qu’il ne comprenait pas pourquoi elle se sentait coupable. Evidemment qu’il ne pouvait pas comprendre puisqu’elle s’était contentée de pleurnicher comme une idiote sans rien lui expliquer. Une nouvelle vague d’autodépréciation la submergea et elle dut se contrôler pour ne pas exploser à nouveau en sanglots. Par contre, la tentative de lui tirer un sourire de son ami en imitant un inspecteur de police tomba à l’eau. Non pas qu’elle ne le trouvait pas amusant, mais les dernières paroles qu’il prononça lui rappelèrent trop cruellement la situation. Non, il n’avait pas les moyens de la faire parler et c’était bien là le problème. S’il pouvait lui soutirer les informations qu’elle n’osait pas lui avouer, elle en aurait été aux anges, mais elle le connaissait trop bien et jamais il ne la forcerait à faire quelque chose qu’elle n’avait pas envie de faire. Or, à moins de lui soutirer les informations par la force, jamais elle n’oserait dire quoique ce soit, par peur des conséquences bien piètre Gryffondor qu’elle faisait ! A croire que depuis la bataille de Poudlard, tout le courage qu’elle avait un jour accumulé s’était évaporé, quittant probablement son corps en même temps que le sang s’écoulant des blessures provoquées par Greyback.

Heureusement pour l’estime de la jeune fille, le sujet fut détourné de ses problèmes à ceux du garçon, ce qui lui donna quelques instants de répit. Elle écouta attentivement le récit de son ami et fut surprise par toutes les aventures qu’il avait vécu avec Honor et Patrick. Plus elle rencontrait de gens et plus elle se rendait compte qu’au-delà de son cercle d’amis, bon nombre d’élèves de Poudlard s’étaient élevés contre les tyrannies survenues dans leur scolarité et que, définitivement, les sorties non autorisées étaient monnaie courante parmi la population estudiantine. Elle sourit, cette fois-ci pour de bon, en imaginant Patrick sauvant in extremis le livre abandonné par Alan en prévision d’une tentative future. Plus elle en apprenait sur lui et plus elle regrettait de ne pouvoir le connaître en vrai, elle était sûr qu’il aurait été son type de garçon. Son sourire s’agrandit lorsqu’Alan jura qu’une fois le rituel réussi, il ne commettrait plus de fraude. Elle avait de gros doutes sur sa capacité à tenir cette promesse, il était clair qu’il était trop attiré par l’inconnu pour cela.

Par contre, elle perdit immédiatement son sourire dès que l’Allée des Embrumes fut de nouveau mentionnée. Entendre Alan dire qu’il ne voulait plus que ses amis soient en danger à cause de sa faiblesse était un écho à ses sentiments actuels. Si elle n’était pas aussi lâche, elle pourrait éviter bien des ennuis à Alan. Elle repoussa néanmoins ses pensées au fin fond de son esprit pour écouter la suite de ce que le garçon avait à lui dire.

Elle ne comprit pas vraiment pourquoi il éclata de rire mais sa bonne humeur fut communicative et elle sourit à nouveau. Elle choisit donc de ne pas ruiner son moral et enchaîna sur le sujet pour lequel elle était originellement venu et qu’Alan venait sans le savoir de lui rappeler.

-Merci pour tes encouragements, je t’expliquerai sûrement un autre jour quand je me sentirai mieux.

Mensonge éhonté mais nécessaire pour changer de sujet, elle ravala donc le mauvais goût qu’il lui avait laissé et continua.

-Et sinon, désolée de pas t’avoir remarqué l’autre soir, mais comme tu dis j’étais totalement prise dans la discussion. D’ailleurs, maintenant que j’y pense ça te concerne aussi. En gros, on a eu l’idée de faire un peu mieux découvrir la culture moldu aux sorciers. On parlait de la possible levée de code international du secret magique et on se disait qu’il fallait s’assurer que les gens se connaissent un peu mieux pour éviter les réactions extrêmes. Or, comme on peut pas montrer aux moldus que les sorciers existent, on s’est dit qu’on pouvait faire l’inverse. Parce que tu avoueras que leur air abruti quand tu parles d’électricité ou d’ordinateur, c’est déprimant ! Donc, voilà, on veut organiser un stand d’activités moldues (sport, technologie et cuisine) à Pré-au-Lard un week-end. Et je voulais savoir si ça t’intéressait de te joindre à nous, faut que je poste une annonce de volontaires au foyer mais j’avais pensé à toi en premier lieu. Surtout que j’avais aussi une faveur à te demander, t’as moyen de savoir à travers ta sœur quand a lieu la prochaine sortie des Poudlardiens ? Parce qu’on voulait que les élèvs puissent participer aussi. Après tout, ce seront surtout eux qui auront à vivre avec les conséquences de la levée si elle a lieu.

Avoir expliqué son projet avait définitivement ramené la bonne humeur de la brunette et elle attendit donc les réponses de son ami avec impatience, Honor Mac Machin et toutes les emmerdes qu’elle lui avait amenées désormais bien refoulées au dernier plan de ses préoccupations. Car oui, l’avantage d’avoir une cervelle de moineau était qu’elle pouvait très facilement passer du coq à l’âne.

Alan était partant ! A vrai dire elle en était presque sûre avant même de demander, mais il existait toujours la possibilité d’être déçue. Il aurait pu avoir une autre obligation ou simplement être trop pris par ses autres activités et ne pas vouloir se rajouter du travail en plus. Et, bien entendu, il aurait pu ne pas être emballé du tout par l’idée, mais bon cette dernière option était tout de même bien peu probable. A force de traîner avec lui, Lavande considérait qu’elle arrivait assez bien à déterminer ses préférences et les choses qui étaient à même de lui plaire ou pas. Elle sourit donc à son ami, heureuse de pouvoir le compter dans sa petite équipe en construction.

Qui plus est, son avis sur la question rencontrait leurs vues à Kael et elle donc tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Surtout qu’elle avait apparemment le pot de lui demander d’interroger sa petite sœur au bon moment, puisqu’il s’apprêtait à lui envoyer une lettre. D’ailleurs, la remarque ironique du brun sur la probable réaction de la gamine lui tira un sourire amusé. Elle avait oublié que les Desoya avait une relation pour le moins conflictuelle, alors il était compréhensible que la cadette se demande pourquoi son frère voulait savoir quand est-ce qu’elle serait de sortie. Ils ne devaient pas tellement se voir après tout. Mais bon, la façon de le dire d’Alan la rassura, Honor serait peut-être surprise, mais sans plus, les frangins n’étaient pas non plus sur le pied de guerre constant. A vrai dire, ils avaient exactement le type de relation qu’elle imaginait normale entre un frère et une sœur. Malgré le peu qu’Alan en parlait, il avait toujours ce ton mi-affectueux, mi exaspéré lorsque le sujet « Horror » Desoya était lancé. Et il était facile de voir que malgré leurs différences, jamais le brun ne laisserait qui ou quoique ce soit s’en prendre à sa sœur sans véritable raison. Lavande aurait bien voulu avoir un grand frère dans ce style, ou alors un petit frère avec qui se disputer constamment. Mais bon ses parents n’avaient voulu qu’un seul enfant, alors il n’y avait pas grand-chose qu’elle pouvait faire. Elle se contenterait d’avoir au moins deux enfants lorsqu’elle serait mère pour être sûre que sa progéniture ne s’ennuie pas et puis voilà.

Sur cette pensée, elle se rendit compte que toute cette discussion l’avait drôlement épuisée psychologiquement –car physiquement la grasse mat’ qu’elle venait de se taper prévenait tout inconvénient- et décida qu’il était temps de bouger un peu. Surtout qu’Alan avait l’air passablement épuisé et qu’il pourrait probablement profiter de son départ pour se reposer en paix. Quant à elle, elle irait sûrement faire un tour à la piscine du campus pour se détendre un peu en faisant quelques longueurs. Puis, elle appellerait ses parents, ça faisait bientôt deux semaines qu’elle ne donnait pas de nouvelles et sa mère devait sûrement commencer à trouver le temps long. Elle se leva donc du lit et se disposa à partir. Tandis qu’elle ramassait son sac, elle fit ses au revoirs à son ami :

-Eh bah c’est super ! Merci de bien vouloir nous aider pour le projet. Et maintenant je vais te laisser un peu tranquille, j’ai besoin d’aller me vider l’esprit en nageant un peu. Quant à toi, je pense qu’une bonne sieste te fera le plus grand bien.

Elle lui fit la bise, puis quitta la chambre et se dirigea vers la sienne pour récupérer son sac de piscine. Oui, nager un peu lui ferait le plus grand bien. Elle avait besoin d’évacuer tout le stress que cette discussion avec Alan avait amené. Quant à savoir ce qu’il en était de l’affaire avec Mc Tansey, elle y penserait plus tard, pour l’instant elle n’avait pas de solution miracle donc ça ne servait à rien de se torturer.

[Hj : Voilà, c'est franchement pas terrible comme fin, mais l'inspi refuse de venir et je voulais finir avant de partir]