Ce matin-là avait été bien difficile pour le Gallois. Enfin, d'une certaine façon, il les trouvait tous vraiment pénibles, mais celui-là était particulièrement douloureux. C'était, pour être plus précis, un jeudi matin. Le jeune homme eut la merveilleuse idée de passer la veille à boire une quantité tout à fait considérable d'alcool en compagnie de sa promise et à passer la nuit à faire trembler le lit de celle-ci. Résultat final, il clôt ses yeux vers cinq heures pour les ouvrir deux heures plus tard, doucement agité par la voix de Lucy Ann qui lui rappelait malheureusement qu'ils avaient un cours de Sortilèges avancés à huit heures. Après quelques jurons bien placés, un bisou de courage et une toilette faite à l'accélérée, le brun se rendit péniblement à son cours de Sortilèges, la main dans celle de sa bien-aimée.

Le cours ne passa clairement pas assez rapidement à son goût. Il était crevé, il avait faim et en plus, son corps avait décidé de lui donner un sacré mal de bloc. Au moins, le cours comme tel et l'enseignante n'étaient pas les plus pénibles; il avait la chance d'avoir Wyrd comme enseignant qu'en après-midi, ce même après-midi. Onze heures arriva finalement. Il était véritablement affamé, et il allait profiter de la pause du déjeuner pour reprendre ses esprits avant un cours de Potions donné par le diable en personne. Un bon repas, un petit sortilège anesthésiant pour son mal de tête et un tour à la salle de bain puis il serait en état de terminer sa journée avant de prendre ça à la légère jusqu'à l'heure du coucher. Il en profiterait pour faire des devoirs. Dans la vie, y'as des choses dont on ne peut pas se sauver.

Il ne restait que quinze minutes avant le début du cours de Potions et sa vessie lui disait qu'il ne pourrait clairement pas passer trois heures à attendre avant de la vider. C'est donc d'un pas paresseux qu'Emmanuel fit son chemin jusqu'aux toilettes. Pour lui, tout était un effort. Il n'était pas de nature paresseuse, mais dans les circonstances données, il se le pardonnait, même s'il n'avait aucune pitié pour lui-même. Il avait entièrement fait le choix d'agir comme il l'avait fait et ne le regrettait pas une miette. Le jeune Perks poussa la porte de la salle de bain, passant brièvement devant un miroir. Il s'y arrêta et se regarda un peu. Pour un lendemain de veille, c'était pas mal. Ses yeux étaient peut-être un peu moins scintillants qu'à l'habitude et ses cheveux étaient peut-être un peu plus ébouriffés que normalement, mais c'était pas mal. Il s'était tout de même rasé la veille avant de rencontrer Lucy Ann ce qui lui donnait un air presque fraîchement rasé. Puis il s'habillait toujours avec goût. Un jean foncé, propre et un chandail à manches longues au tissu plutôt léger d'un bleu marin orné de motifs brun. Bref, on pourrait croire qu'il était dans un état tout à fait normal.

Le Gallois s'aspergea un peu d'eau froide au visage pour se réveiller un peu, soupirant doucement. Il n'avait vraiment pas envie de passer trois heures à écouter parler un sociopathe. Malheureusement, Emmanuel avait trop bonne conscience, il refusait de commencer l'année d'un mauvais pied. Après s'être machinalement essuyé le visage contre sa manche de chandail, il s'avança vers un urinoir, défit sa fermeture éclair et... relâcha la tension qu'il ressentait contre sa vessie depuis déjà une bonne heure. Yeux fermés, il pencha la tête vers l'arrière, à la fois de fatigue et de satisfaction. Il en avait déjà assez d'être debout. Il pouvait presque sentir son oreiller sous sa tête... L'étudiant fut tiré de sa rêverie par le bruit distinct de la porte qui s'ouvrait. Redressant sa tête, il ouvrit les yeux et porta son attention sur la porte...

Le temps morose commençait à rattraper son moral. D’ici là, elle avait assez bien réussit à ignorer la pluie presque constante, mais elle commençait à ressentir son manque de soleil. Elle réussirait éventuellement à passer par-dessus le fait que le soleil n’était pratiquement jamais présent, mais jusqu’à se moment, elle se sentirait fatiguée et peut-être moins joyeuse que d’habitude. Cela était tout de même dur à concevoir, puisqu’elle était pratiquement un soleil ambulant…

Blanche avait profité de la pause du dîner pour déguster un repas quelconque de la cafétéria, puis pour parcourir les couloirs de l’université, lisant avec attention un livre sur la structure gouvernementale du ministère de la magie. Certes, c’était un livre qui demandait grande attention, mais Blanche n’avait jamais vraiment ressentit de difficulté à se déplacer en lisant. La cause première de la lecture de se livre était toutefois ambiguë. Elle hésitait entre penser qu’elle lisait le livre pour le plaisir de lire ou plutôt pour se changer les idées. Elle s’ennuyait de sa famille et elle aurait voulu les voir. Cela allait lui passer bien vite cependant, il lui arrivait quelques fois de se sentir trop éloignée.

Elle avait un cours dans l’après-midi, mais seulement un peu plus tard. Après le cours de quidditch. Ce qu’elle était heureuse de ne pas avoir à prendre ce cours. Lorsqu’elle avait vu que cela était facultatif pour sa filière, elle avait presque sauté de joie. La française avait toujours éprouvé une difficulté énorme à se déplacer sur un balai. Il était quelque peu normal qu’elle ne soit pas capable de pratiquer un sport en plus. Elle se considérait comme un pur danger public. Et elle avait fortement raison aussi. Ses expériences s’étaient toujours terminées de manière affreuse. La demoiselle se comptait encore heureuse de ne jamais s’être blessée de manière grave, ou de n’avoir blessé quelqu’un.

Donc, la jeune femme déambulait puis remarqua que l’heure fatidique approchait à grands pas. La française se dirigea vers les salles de toilettes, le nez toujours dans le bouquin. Elle y arriva bien rapidement, poussant la porte et y entrant du même pas lent et inattentif. La jeune femme fit quelques pas puis voyant des pieds apparaître à une courte distance devant elle, elle s’arrêta net. Ce n’était pas des pieds de femme. Il y avait un homme dans la toilette des femmes. Blanche leva alors un peu les yeux et constata qu’effectivement, c’était un homme. Mais qu’est-ce qu’il faisait ainsi dans la salle des demoiselles?! Puis, elle sembla constater la présence d’urinoirs. Il n’y avait pas d’urinoirs dans la salle des petites filles, normalement… Et la lumière fût….

La vitesse à laquelle le visage de Blanche devint rouge fut absolument remarquable. Elle laissa tomber son bouquin sur le sol et vint se cacher les yeux, reculant avec hâte.

« Je suis si désolée… Je ne regardais pas ou j’allais… Pardon, pardon, pardon… J’aurais dû porter attention, mais mon bouquin était si intéressant… Désolée, vraiment très désolée… Je voulais pas entrer ici… Je suis si maladroite parfois… » se mit-elle à déblatérer.

Elle recula jusqu’à que son dos soit contre le mur. Ses yeux toujours cachés sous ses mains, elle se tourna un peu, probablement plus gênée que jamais dans sa vie. Même avec les mains qui cachaient plus de la moitié de son visage, on voyait clairement qu’elle était plus rouge qu’une cerise.

« Je voulais vraiment pas entrer ici… Je suis pas une voyeuse qui vient dans la toilette des hommes d’habitude… Pardonne-moi… Je serai plus attentive… » continua-t-elle de déblatérer.

Quelques longues couettes blondes. De beaux grands yeux clairs. De longs cils...

Et les joues rouges comme deux pommes prêtes à être croquées.

Pour un instant, le jeune homme ne su pas trop comment réagir à ce qui se produisait. Une fille, d'ailleurs fort jolie, était entrée dans la salle de bain des hommes pendant qu'il y était occupé, en pleine « détente ». Depuis quand les filles viennent dans les salles de bains de garçons? C'est pas les garçons qui font ça, d'habitude? Et puis, elle ne semblait pas être du style Ella, qui ne se serait probablement pas gênée de faire quelque chose du genre pour capturer une proie. Sa réflexion fut vite coupée par un sentiment d'urgence qui lui faisait réaliser l'ampleur de ce qui se produisait. Une fille était en train de le voir pisser.

Manu s'empressa de terminer et tout de replacer comme il se devait, ses propres joues devenant beaucoup plus rosées qu'elles ne pouvaient l'être normalement. Il remonta sa fermeture éclair, ses yeux osant à peine venir croiser le regard de la blondinette. Celle-ci ne semblait d'ailleurs pas du tout dans son élément. Non, ce n'était pas du tout dans ses intentions de venir fouiner dans les toilettes masculines. Elle déblatérait des excuses ce qui, d'une façon un peu cruelle, vint tout de suite calmer le stress que le Gallois pouvait ressentir.

« Non, non, je t'en prie, ne t'excuse pas. Ça arrive à tout le monde, d'avoir la tête dans les nuages... Enfin, ça n'arrive pas à tout le monde d'entrer par mégarde dans les toilettes réservées au sexe opposé, mais ça... »

Elle était maintenant accoudée au mur, visage dans les mains, comme si elle avait vu un monstre. Le jeune homme laissa échapper un petit rire et fit quelques pas vers le lavabo. C'était certes une situation gênante, mais il n'y avait pas de quoi faire de cas. Il se lava les mains et se tourna en direction de Blanche, qui était tout aussi rouge. Pour sa part, le sang recommençait à circuler normalement dans le reste de ses vaisseaux sanguins. Il restait toujours une trace de sa gêne, ses doigts entremêlés ne semblaient pas vouloir cesser de jouer les uns avec les autres. Ne voulant toutefois pas paraître pour un malotru, l'étudiant essuya maladroitement ses mains contre le tissu de son pantalon et tendit sa main à la demoiselle, visiblement une nouvelle. Malgré la situation des plus inhabituelles pour des présentations, il lui offrait son sourire le plus sincère, ses yeux d'émeraude dans les siens et le rose teintant encore ses joues.

« Emmanuel Perks, deuxième année, Filière académique, Vice-Président du Bureau des Élèves. Et vous êtes sans doute une espionne? »

Il ponctua sa phrase d'un clin d'oeil taquin.

À la Perks.

Il y avait sérieusement qu’elle qui était capable de se tromper de salle de toilette. Au moins, il n’avait pas l’air trop outré par sa présence. Enfin, elle voyait bien qu’il était gêné. Quel homme ne serait pas gêné de se faire déranger par une fille, pendant qu’il est dans une situation si… révélatrice? Blanche préféra ne pas penser au fait qu’il y avait certainement des gens qui ne serait pas dérangés et fut quelque peu satisfaite que Manu soit embarrassé. Au moins, il était normal. Il lui dit alors que ce n’était pas la peine de s’excuser et elle ressentit un espèce de soulagement intérieur. Elle avait eu peur qu’il soit fâché et Blanche n’étais pas vraiment habituée à ce que l’on se fâche avec elle. La française avait un peu de difficulté à faire avec les gens qui n’étaient pas contents et ainsi, lorsque quelqu’un n’était pas de bonne humeur, elle préférait se fermer la bouche et rester tranquille. Mais dans cette situation, elle ne pouvait pas faire cela, elle devait s’excuser parce que c’était elle qui était dans le tort.

La demoiselle cessa de se cacher les yeux lorsqu’elle l’entendit se laver les mains. Ah au moins c’était un jeune homme qui avait appris à se nettoyer les mains. Il y avait toujours de ces hommes dont la propreté était incertaine. Par chance, il n’en faisait pas parti. Blanche le regarda alors venir vers elle et hésita un peu à lever les yeux vers les siens. Ses joues étaient toujours rouges, comme si elle venait de passer une journée à jouer dans la neige, comme les enfants. Elle vit alors qu’il tendait la main vers elle et donc elle vint la serrer, relevant finalement les yeux vers lui. La française ressentit un soulagement en voyant qu’il souriait. Elle lui offrit un de ses joli sourire en retour, ses yeux bleus, presque gris fixant ceux d’émeraudes de l’étudiant.

Blanche se mordit un peu la lèvre lorsqu’il se présenta. Ha et il fallait qu’ils soient dans la même filière. Évidemment, cela aurait été beaucoup trop simple qu’il soit tout simplement perdu et que ce soit la seule et unique embarrassante fois qu’ils se rencontreraient. Blanche n’avait généralement pas cette chance, mais au moins, elle savait qu’il était presque impossible qu’elle le revoit dans une situation si importune. Son sourire lui revint toutefois bien vite avec la mention d’espionne. Impossible, elle n’aurait jamais pu être une espionne, Blanche était une créature beaucoup trop maladroite et peu discrète pour pouvoir infiltrer des lieux comme celui-ci. Le clin d’œil que celui-ci lui fit ne passa pas inaperçu, même que la demoiselle se questionna pendant un instant si il n’était pas un de ces charmeurs qui essaient d’avoir n’importe quelle femme dans leurs pantalons. Mais il semblait bien sympathique, donc elle n’y pensa pas très longtemps.

« Je crois que je serais pas une très bonne espionne… Je vais rester étudiante, cela me va bien mieux… Blanche LeBreton, première année et… Filière académique aussi… » répondit-elle en souriant toujours un peu.

Ses joues étaient un peu moins rouges, mais elle resteraient certainement rosées toute la journée. L’étudiante se souvint alors de son livre et vint le ramasser, le refermant doucement. Elle regarda encore un peu Emmanuel et rebaissa un peu la tête, s’approchant légèrement de lui.

« Em… Tu vas pas aller raconter cela à tout plein de gens, dis? » demanda-t-elle, levant un peu les yeux vers les siens, un très léger sourire étirant le coin de ses lèvres.

La jeune femme n'était clairement pas du genre à s'occuper de ce que les autres personnes pouvaient raconter à son sujet. En fait, elle n'avait jamais ressentit que des gens parlaient d'elle dans son dos. Elle ne voulait pas particulièrement que tout le monde rit d'elle et de sa maladresse...

Emmanuel Perks n’était pas un jeune home gênant. Il n’était pas de ceux devant qui les gens s’écrasaient à cause de leur charisme presque insoutenable, ces gens qui n’ont qu’à ouvrir la bouche ou cligner des yeux pour avoir ce qu’ils désiraient et qui faisaient rougir les gens seulement en les appelants par leur prénom. Certes, le Gallois était très charismatique, mais plutôt par sa façon de rendre les gens à l’aise, confortables en sa compagnie. C’était d’ailleurs l’une des raisons qui limitaient sa liste d’ennemis à une seule personne, qu’il n’avait pas revu depuis Poudlard. Les gens l’aimaient bien, et ceux à qui il ne faisait rien n’avaient tout simplement pas passé suffisamment de temps en sa compagnie pour ressentir quoique ce soit pour lui. Ce « talent », cet aura était la source de ses amitiés qui étaient très variés ; tous les types de gens pouvaient trouver quelque chose d’aimable et d’appréciable en Emmanuel. Ce qui expliquait pourquoi deux personnes aussi différentes qu’Andrzej Miaskovski et Emmanuel Perks pouvaient être aussi proches. Les relations basées sur la compétition étaient peut-être vues comme étant malsaines, mais dans le cas des deux coqueluches de l’UMA, c’était un jeu plus qu’autre chose. Tout était une compétition, sauf les histoires de femme. Manu avait déjà compris qu’il ne serait jamais à la hauteur du Russe dans cette branche.

Peut-être était-ce que dans son imaginaire, mais il sentait que, en quelques minutes et quelques mots tournant principalement autour de la maladresse de son interlocutrice, il s’était forgé une certaine complicité entre les deux jeunes gens. Il espérait seulement qu’elle se sente comme cela aussi ; l’amitié à un sens, c’est rarement une formule gagnante. Ce n’était probablement pas la dernière fois qu’il la verrait puisqu’ils étaient dans la même filière.

Le Gallois haussa un sourcil lorsqu’elle se nomma. C’était un nom typiquement français. Il trouvait finalement une raison, une façon de pratiquer les connaissances de bases qu’il avait dans la langue de Molière. Le jeune homme sourit doucement et commença dans un français maîtrisé avec un accent anglais tout de même prononcé :

« Blanche, c’est un très joli nom. Je parle un peu le français, mais je préfère le lire. J’ai l’air moins idiot. J’ai besoin de pratique. »

Cela faisait déjà deux ans qu’il apprenait le français en lisant des livres, en se nourrissant de poésie française et canadienne française. Il était pas mal, en fait. Enfin, il se trouvait pas mal. Il pouvait soutenir une conversation aisément. Mais lorsqu’il parlait à quelqu’un, il devait demander à ce que la personne parle lentement. En somme, il se débrouillait. Et il espérait que, en parlant avec Blanche, il arriverait à devenir parfaitement quadrilingue. Il parlait déjà l’anglais, le gallois et l’allemand à la perfection.

Lorsqu’elle s’approcha de lui et lui fit sa requête, ses yeux dans les siens, le jeune homme ne put s’empêcher de rire très légèrement, l’une de ses mains se posant solennellement sur l’épaule de la nouvelle. Rendre les choses ridicules était la clé de la détente, selon Emmanuel.

« Je te jure, Blanche LeBreton, en ce jour, que personne ne sera mis au courant de tes mauvaises habitudes et de ta maladresse. Je garderais ce secret pour moi. »

Il lui adressa un sourire aimable puis regarda la porte de la salle de bain. Il regarda ensuite Blanche et dit :

« Tu voulais passer la journée ici ? Moi je vais devoir quitter, j’ai un cours dans cinq minutes… »

Blanche fût vraiment ravie lorsqu’elle entendit l’étudiant parler en français. Certes, il avait un accent très prononcé et elle se mordit un peu la lèvre pour retenir un sourire, mais les mot qu’il employa et la conjugaison était parfaite. Cependant elle ne pu retenir un rire lorsqu’il dit qu’il avait l’air moins idiot en lisant. Elle ne trouvait pas qu’il avait l’air idiot, mais plutôt que son accent le rendait encore plus mignon. Parce qu’elle avait remarqué qu’il était mignon. Même si elle n’osait pas trop le regarder directement car elle était toujours un peu gênée. Il avait l’air très sympathique aussi.

« Je ne trouve pas que tu as l’air idiot… Au contraire, cela te donne un certain charme… Enfin, je trouve… » dit- elle en levant ses grands yeux vers lui..

Elle lui offrit un joli sourire puis regarda un peu autour. C’était la deuxième fois qu’elle allait dans des toilettes de garçons. Une fois alors qu’elle était toute jeune, son frère avait cru qu’il serait drôle de l’envoyer dans la salle de bain des garçons, au centre commercial. Cela n’avait pas été drôle. Les images étaient toujours gravées dans son esprit. Son pauvre esprit chaste. Et en plus, ils avaient rit d’elle pendant une éternité. Ha et son frère. C’était lui qui avait le plus rit. Non mais vraiment, il était très méchant maintenant qu’elle y pensait…

La demoiselle fut soulagée en entendant ce que le gallois dit. Heureusement, il ne semblait pas de ses personnes qui étaient incapables de garder des secrets. Elle n’avait pas pensé qu’il serait vraiment dans le genre d’aller le crier partout. C’est qu’elle aurait eu encore plus honte si d’autres personnes étaient au courant et en profiteraient pour rire d’elle. Blanche n’était pas habituée à se faire ridiculiser sérieusement. Évidemment, dans les cours de vol à Poudlard, elle s’était quelque peu habituée à ce qu’on jase de ses exploits catastrophiques, mais sans que ce ne soit vraiment méchant. Et c’était des étudiants qu’elle connaissait. Mais ici, bien qu’elle connaissait des gens qui étaient aussi à Poudlard, la majorité lui était inconnue. Quelle belle première impression cela pourrait faire…

« Je doute que ma maladresse restera secrète très longtemps… Merci de garder cet incident secret cependant… » dit-elle en souriant.

C’était plutôt clair pour elle que tout le monde allait savoir à un moment ou un autre les limites de sa maladresse. Elle allait forcément bientôt se casser la figure dans un endroit public. La jeune femme avait évité un accident du genre depuis qu’elle était arrivée à l’UMA, alors ça devrait pas tarder. Cela importait peu, elle était habituée que ce genre de truc lui arrive. D’ailleurs, il lui arrivait parfois de penser à mettre un casque avant de sortir…

Elle sembla un peu perplexe en entendant les paroles de l’étudiant. C’était toujours à cause de la lune. Elle partait ainsi dans ses pensées et perdait soudainement le fil des événements présents. Mais bon, Blanche comprit assez vite ce qu’il disait et sourit, se dirigeant lentement vers la porte.

« Non je crois pas que je vais passer la journée ici…. Je me sens pas exactement dans mon élément… » dit-elle en ouvrant alors la porte.

Elle sortit dans le couloir, reconnaissante qu’il n’y ait personne. Disons que cela n’aurait pas vraiment aidé à retourner à la couleur normale de sa figure. Il restait seulement un peu de rosée sur ses joues, mais sinon, sa blancheur lui était revenue. La française regarda un peu Emmanuel, se disant qu’elle pouvait le raccompagner à son cours si il le voulait bien.

« Est-ce que tu veux que je t’accompagne jusqu’à ton cours… ? » demanda-t-elle gentiment.

Lui qui croyait avoir sa gêne sous contrôle, il s'était trompé. En fait, il n'avait pas prévu la partie où elle lui disait que ça lui donnait un certain charme, son petit accent. Lui le trouvait plutôt barbant, son accent. Déjà que lorsqu'il parlait anglais, il avait un léger accent gallois, quand il parlait français, c'était pire. Bref, c'était très flatteur, comme compliment. Il soutint son regard - même si au fond, il avait envie de rougir dans son coin - et lui répondit par un sourire, ses joues gardant relativement la même couleur. Il gardait un air composé, calme. De toute façon, il avait un peu l'habitude de recevoir des compliments, qu'ils soient plus ou moins directs. Mais à chaque fois, c'était la même chose. Il se sentait tout chose, il se demandait bien pourquoi les gens croyaient de telles choses de lui et décidait de ne simplement pas poser de questions.

« Merci beaucoup. En fait, tu sais, ça me rassures un peu que tu dises cela, ça me donne moins l'impression d'apprendre cette langue pour rien. Si ça peut me donner un certain charme, je vais continuer. »

Bien entendu, Emmanuel n'était clairement pas du genre à sacrifier des heures d'étude simplement pour s'attirer les beaux regards de jolies demoiselles. Et cela se faisait sentir dans son ton lorsqu'il avait dit cela. C'était pour lui simplement une question de détendre l'atmosphère, de faire sourire la jeune femme qui se trouvait devant lui avec que ce petit épisode de maladresse passe un peu mieux. Et cela semblait fonctionner à merveille. Elle le remercia, le jeune homme lui murmurant un simple « pas de problème » avant de regarder la porte à nouveau. Il ne voulait réellement pas lui fausser compagnie, mais l'heure de son cours approchait à grands pas et celui-ci se trouvait au deuxième étage. Elle se dirigea finalement vers la porte, Manu juste derrière elle.

« Je ne t'en veux pas, même moi je ne voudrais pas passer trop de temps dans la salle de bain des garçons de peur de mourir intoxiqué... »

Une fois à l'extérieur, le jeune homme regarda autour de lui presque nerveusement. Il devait vraiment partir mais ne savait pas trop comment mettre fin à la conversation. Voilà qu'elle faisait les premiers pas... Ouf! Le stress de la première rencontre était toujours le même; On n'ose pas trop faire quoique ce soit.

« Merci beaucoup, mais je crois que je vais courir. Wyrd ne supporte pas les retards, et comme moi-même je ne supporte pas Wyrd, j'essaie d'attirer son attention le moins possible. »

Très rapidement, le jeune homme se pencha vers Blanche et déposa un simple baiser sur sa joue. C'est le genre d'habitude qui pouvaient faire rougir les autres; Emmanuel avait tendance à faire la bise à n'importe quelle fille qu'il trouvait sympa, même s'ils n'étaient pas particulièrement amis, même s'ils venaient de se rencontrer. Malheureusement pour la Française, il n'avait guère le temps de la faire en bonne et due forme et laissa de côté les deux autres baisers de côté avant de commencer à courir vers les escaliers.

« En espèrant pouvoir te parler plus longtemps la prochaine fois! », cria-t-il à son attention en s'éloignant.

[Hj: On va clore après ta réponse ]

Blanche avait rit un peu lorsqu’en sortant, Manu avait souligné qu’il ne voulait pas mourir intoxiqué. Certes, elle avait cru remarquer l’odeur peu attirante, mais elle s’était retenue de faire tout commentaire à ce sujet. Heureusement, les toilettes pour femmes ne sentaient rien, elles. Et elle n’avais pas besoin d’aller dans les toilettes de garçons. Du moins, elle essayerait à l’avenir de s’abstenir d’y aller. Elle savait cependant très bien que même en faisant très attention, elle réussirait probablement à faire une gaffe tout à fait magistrale. C’était tout simplement dans sa nature d’être maladroite. La demoiselle se disait parfois que c’était peut-être pour compenser pour sa facilité d’apprentissage. Peu importe, elle essayerait quand même d’être plus attentive la prochaine fois qu’elle aurait à utiliser les toilettes.

La française observa un peu le gallois, souriant toujours aussi doucement. Il était vraiment charmant, pour un homme qui s’était fait interrompre alors qu’il était occupé à faire des trucs privés. Elle le trouvait mignon et peut-être sexy. Enfin, elle ne savait pas vraiment ce qu’était la définition de sexy. Elle pensait que c’était plutôt beauté provocante, mais elle se trompait peut-être. Donc, elle le trouvait mignon et si sexy voulait dire ce qu’elle pensait, elle ne le trouvait pas sexy.

La jeune femme hocha alors la tête, comprenant pourquoi il voulait plutôt courir que de se faire accompagner. Blanche n’allait certainement pas lui offrir de courir avec lui pour aller vers son cours. Surtout que des escaliers étaient impliqués. Non, elle allait le laisser courir seul.

« Je comprends… » dit-elle simplement.

Elle fut un peu surprise lorsqu’il déposa un baiser sur sa joue. Pas surprise d’une mauvaise façon, mais seulement parce qu’elle n’y était pas habituée. Blanche lui sourit un peu et bien qu’elle s’attendait à recevoir deux autres baisers, elle le regarda partir vers les escaliers en hochant la tête. La française l’observa et se mordit un peu la lèvre.

« Fais attention dans les escaliers…! » lui cria-t-elle en le voyant commencer à les monter rapidement.

De toute façon, il ne devait certainement pas être aussi maladroit qu’elle. Blanche sourit légèrement, se disant alors que bien qu’elle était allée dans une salle de toilettes, elle n’avait pas eu la chance de faire ce qu’elle voulait initialement faire. La demoiselle se retourna puis observa bien les portes de toilettes, s’assurant d’entrer dans la bonne en souriant.

(Je sais que c'est un peu plus court, mais c'est juste pour le clore.)