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| | |  Sujet: Par la misanthoprie d'une noire éclaircie... [PV Théo] ![Par la misanthoprie d'une noire éclaircie... [PV Théo] Empty](https://2img.net/i/empty.gif) Sam 11 Oct - 19:13:20 | |
| Les derniers rayons du soleil avaient silencieusement glissé sur l’onde ténébreuse, tentant en vain, dans leur éternelle et immuable noyade, d’agripper la surface désespérément lisse des eaux noires. Engeances d’une ultime convulsion, les minces langues dorées qui s’étaient élancées à l’assaut du lac avaient tragiquement contemplé, dans les reflets irisés que renvoyait l‘obscur miroir, leur agonie crépusculaire. L’astre solaire, comme frappé d’anathème, avait offert comme chaque soir la plus éloquente litanie de mort que la nature pût donner en spectacle, le plus beau des sacrifices…
Lorsque la nuit avait recouvert de sa chape d’ombres le parc, Narcisse, allongé sur les berges du lac solitaire, s’était douloureusement extirpé de la mélancolique contemplation dans laquelle il s’était égaré. Une brume glaciale ne tarderait pas à épouser, à la faveur de l’obscurité, les rives du victorieux plan d’eau qui avait déjà commencé à vomir, dans un premier remous, les secrètes créatures qu’emprisonnait la lumière du jour. Le jeune sorcier devait se hâter : les frimas étaient un moindre mal en comparaison aux monstruosités que libéraient à leur éveil les sinistres eaux dormantes…
Il sortit de son sac sept bougies de cire blanche qu’il disposa face à lui, puis, s’armant de sa baguette, en alluma tour à tour les mèches d’un sortilège igné mineur. Leur nombre n’était pas pur agrément, il relevait d’une symbolique ancestrale que lui avait enseigné la lecture d’un chapitre relatif à une magie ancienne. D’un second enchantement il fit léviter autour de lui, à une cinquantaine de centimètres de terre, les tièdes et timides sources de lumière puis scruta avec anxiété l’onde étrangement placide qui s’étendait, menaçante, à moins d’un mètre de ses pieds. Cette périlleuse expérience était toujours un peu plus grisante, le Vert et Argent ne se repaîtrait jamais assez de ce flot d’adrénaline dont les premières gouttes, si amères, faisaient d’autant plus ressortir le délicieux sucre des suivantes. Ce soir encore la chance lui souriait, à son plus grand soulagement comme à sa plus grande déception, rien, ni personne, n’avaient jailli des ténèbres.
L’apprenti sorcier se détendit quelque peu, ses lèvres décrivant un sourire triomphant alors qu’il se plaisait à penser qu’il vengeait le soleil de sa sinistre défaite. Il y avait une place pour des forces positives en ce monde, il en était convaincu, et si le spectacle crépusculaire lui rappelait mélancoliquement la chute de Pénombre, dont le prénom même prophétisait avec ironie un obscur destin, il gardait bon espoir de l’arracher aux noirceurs dans lesquelles elle s’était perdue.
Un léger frémissement troubla soudainement le silence qui berçait les lieux, quelqu’un avait trahi sa présence en froissant les herbes et petits branchages alors qu’il approchait. Narcisse, comme électrisé par la peur, s’était retourné en vitesse et, baguette tendue en avant, accroupi pour être mobile, avait adopté une position défensive. Une minute s’écoula sans qu’il parvînt à distinguer la moindre menace dans la nuit, son cœur ayant retrouvé une cadence sereine il se prit à rire nerveusement, imaginant le pauvre mustélidé qu’il avait réciproquement dû effrayé. Après avoir repris sa position initiale, de même que ses esprits, il ramena les pans de sa cape sur ses jambes puis retira de son sac un petit carnet à la couverture noire ainsi qu’un crayon à papier. C’était assis face au lac que s’offrait à lui, comme une récompense de l’astre solaire, cette lumineuse inspiration qui lui avait d’ores et déjà fait noircir plusieurs pages de son secret cahier. C’était dans les contours vacillants, toujours aléatoires, des ombres que l’éclat versatile des flammèches faisait se coucher sur sa page que le jeune homme trouvait le génie d’écrire. Et elle…
De rares bruissements d’eau se mêlaient à la lointaine mais non moins inquiétante mélodie de la forêt interdite. Parfois, un froissement d’aile, ou un cri strident faisaient sursauter l’écrivain en herbe qui gommait alors avec rage le traître trait qu’il avait malgré lui infligé à sa page. Il écrivait très peu, son regard se perdant souvent sur l’onde, ou s’évadant vers les cieux qu’éclairaient déjà quelques étoiles…
Derrière le rempart que formait la ronde lumineuse de ses bougies, Narcisse, semblable à un spectre incandescent dans la brume, ne pouvait se douter qu’il était observé depuis plusieurs minutes désormais. Il griffonna frénétiquement sur son carnet, dans un accès de fougue, la mine sèche de son crayon faisant gémir le papier qu’elle écorchait, puis le fermant sèchement s’étendit sur le dos. |
| | | | | | Sujet: Re: Par la misanthoprie d'une noire éclaircie... [PV Théo] Lun 27 Oct - 13:10:20 | |
| Bercé par un étrange mais brutal élan de motivation, Theodore travaillait de plus belle. Il semblait se perdre dans l’assiduité. C’était étonnant, les personnes le connaissant de près ou de loin ne devaient pas comprendre totalement le sens d’un tel retournement de situation. En effet, le jeune homme était intelligent, cultivé et plutôt doué en classe. Mais, il ne s’était jamais réellement penché avec fougue sur l’apprentissage de ses leçons. A présent, il semblait totalement absorbé par le travail scolaire. Sans doute cherchait-il à fuir une réalité pesante en se jetant corps et âme dans un labeur acharné. Cela ne lui ressemblait pas.
Le crépuscule débutait sa splendide apparition, alors que l’héritier Nott bûchait toujours sur un devoir d’Histoire de la Magie. Rares étaient les étudiants à apprécier cette matière. Pourtant, le Sixième année était de ceux là. Leur professeur n’était certes pas des plus palpitants, mais il s’en était accommodé. Avoir la possibilité de se perdre dans un livre historique, vantant les mérites des grands sorciers de son monde, cela ne paraissait guère négligeable.
L’esprit de Theodore semblait complètement aspiré par l’ouvrage, il analysait chaque phrase, chaque mot, chaque syllabe. Essayant peut-être de trouver un sens caché, de percer un mythe soustrait à la vue de ceux n’ayant pas les capacités de le découvrir.
Le Vert et Argent parvint enfin au terme de son essai, après plusieurs heures de réflexion. La nuit était tombée au dehors. La salle commune était quasiment déserte, hormis quelques élèves dans le fond, occupés à discuter. Il y avait beaucoup trop de racontars, de rumeurs et autres piailleries au sein de la maison de Salazar. Cela pouvait être amusant, mais parfois vraiment lassant. L’atmosphère de la salle des Rusés pesait à présent sur le Brun. Il avait besoin de respirer, de sentir le contact frais de l’extérieur sur sa peau pâle.
Il rangea donc soigneusement ses affaires, puis les apporta à son dortoir. Theo était un jeune homme très soigné pour sa personne, mais également pour les objets lui appartenant. Il maniant ces derniers avec le plus grand soin, ne les laissait pas trainer au hasard. Chaque chose avait une place bien définie, il ne fallait pas bouleverser l’ordre des choses.
Il en profita pour attraper un long manteau noir, qu’il revêtait par-dessus sa robe de sorcier. Une tenue de première main naturellement, faite sur mesure, aux froides couleurs des Serpents.
Le Sixième année jeta un dernier regard vers le miroir, contemplant son imposante apparence. Il était vrai que le jeune homme était bien grand. Il prit également sa baguette, qu’il déposa dans la poche droite de son manteau de nuit. Mieux valait rester prudent lorsque l’on se ballade dans les alentours sombres de Poudlard. De plus, le Serpentard avait envie de changer son quotidien, pourquoi ne pas aller flâner du côté de la forêt interdite. Où il pourrait livrer un combat sanguinaire envers une armée de monstres aussi effrayants les uns que les autres. Theo sourit seul face à son imagination débordante, puis quitta finalement les lieux.
L’air était frais, le Vert et Argent ne regretta pas d’avoir enfilé un vêtement chaud. Il prit donc le chemin en direction de l’endroit interdit, mais tant adulé des élèves peu craintifs. Il arrivait près du lac, où d’étranges lueurs captèrent son attention. Il mit la main instinctivement à sa baguette et approcha discrètement.
L’anglais resta là, à couvert, observant ce nouvel individu. Il s’agissait d’un élève de sa maison, il l’avait aperçu déjà quelque fois. Il s’agissait d’un élève également discret, du moins c’était ce qui émanait de lui. Il était occupé à griffonner sur un cahier, à la lumière de bougies installées autour de lui. Theodore admettait que l’idée était bonne. Jamais encore il n’avait effectué cela. Pourtant le besoin d’écrire était toujours aussi présent dans l’esprit du jeune homme. En solitaire, avec pour compagnon, le contraste de l’obscurité de la nuit puis de la douce lumière des bougies. L’endroit était bien choisi, il y flottait une atmosphère inquiétante, intrigante. Apte à l’écriture, à l’évasion d’esprit où l’on laisse libre cours à notre imagination. Theo en aurait bien profité également, il se sentait d’humeur aventureuse, perdue dans un monde imaginaire...
Soudain, l’observé ferma son cahier d’un geste brusque, puis s’allongea à même le sol. Le Sixième année n’allait tout de même pas rester caché indéfiniment. Il s’avança donc vers son partenaire de maison, la démarche lente.
Il se positionna à sa droite, le visage toujours caché de la clarté provoquée par les bougies.
- « Pardonne-moi de te déranger, je ne pensais pas rencontrer quelqu’un à cette heure. Enfin, une personne humaine en tout cas. »
Le Brun aux prunelles claires se pencha sous la lueur, puis tendit une poignée de main à son camarade reptilien, en ajoutant :
- « Theodore Nott » |
| | | | | | Sujet: Re: Par la misanthoprie d'une noire éclaircie... [PV Théo] Sam 1 Nov - 15:47:37 | |
| Le bruit de pas lourds et mesurés s’était inopinément élevé dans l’air froid et humide qui couvait le lac, arrachant au sol, de sa cadence lente mais assurée, crissements et plaintes qui troublèrent à nouveau la quiétude de la mélancolique retraite du noctambule.
Cherchant de ses doigts engourdis l’ébène de sa baguette, Narcisse, dont les réflexes commençaient à s’ankyloser sous l’effet du sommeil et du froid, s’était redressé en hâte et scrutait désormais les ténèbres avec anxiété. Un flot d’adrénaline aigu avait propulsé un violent afflux de sang jusqu’à sa tête, lequel frappait d’un rythme emballé et irrégulier contre ses tempes, l‘extirpant peu à peu de sa pernicieuse torpeur. Une forme vaguement humanoïde se découpait grossièrement dans l’obscure opacité de la brume, plusieurs mètres à sa droite, ses contours d’abord flous se précisant davantage à mesure qu’elle approchait le chaleureux cercle de lumière. D’un mouvement de baguette, le jeune sorcier porta une bougie à la rencontre de l’impromptu visiteur, éclairant ainsi d’une flammèche timide le visage de l’inconnu.
"Pardonne-moi de te déranger, je ne pensais pas rencontrer quelqu’un à cette heure. Enfin, une personne humaine en tout cas."
Il n’avait pas fallu bien longtemps à Narcisse, qui s’était alors levé, pour reconnaître un de ses illustres aînés de Serpentard, même si son nom, qu’il connaissait pourtant, ne lui était pas encore venu à l‘esprit. Il accompagna la marche de son camarade de la lueur fébrile de son flambeau de cire, puis, d’une nouvelle torsion du poignet, élargit le rempart luminescent dans lequel il s’abritait, lui signifiant muettement qu’il était le bienvenu.
"Narcisse," répondit-il sans aucune chaleur dans la voix alors qu’il saisissait la main de Théodore dans une étreinte virile, estimant qu’il n’était pas nécessaire de préciser son nom.
Comme pour montrer l’exemple, le jeune sorcier s’assit, rangeant aussitôt son mystérieux carnet dans son sac avant de ramener l’étoffe brune de sa cape sur ses jambes. Il scruta alors un instant la surface effroyablement placide et sombre des eaux noirâtres qui lui faisaient face, remerciant le hasard de lui avoir envoyé , ou de ne lui avoir qu’envoyé, l’héritier Nott. Qui savait quelles sinistres créatures pouvaient bien abriter les profondeurs abyssales du mystérieux lac…
Un silence angoissant s’était abattu sur la berge depuis que les deux Verts et Argents avaient brisé de leurs voix intrusives la primitive mélopée que psalmodiaient de concert les démons de la forêt et du lac. Narcisse, faisant nerveusement passer d’une main à l’autre sa baguette, semblait à la fois fasciné et effrayé par le spectacle mystérieusement oppressant que leur offrait la nature.
"Qu’est-ce qui t’emmène par ici ?" demanda-t-il soudainement, sans se départir de la froideur comme naturelle qui avait accompagné les présentations.
Le chant funeste des créatures de la nuit reprenait peu à peu, les unes répondant dans un tumulte lointain mais enflant aux autres, chacune ignorant désormais avec témérité les deux intrus qui s’étaient invités dans leur étrange univers. Bientôt des bruits de remous commencèrent à émaner des eaux sans pour autant que les des adolescents parvinssent à distinguer à travers le frimas une quelconque menace, ou plus courageusement, une cause à cette agitation. Les doigts gelés de l’orgueilleux anglais se refermèrent avec détermination sur le bois rassurant de son arme alors que Théodore achevait de lui répondre. |
| | | | | | Sujet: Re: Par la misanthoprie d'une noire éclaircie... [PV Théo] | |
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