[Je m'excuse pour le gros HS du début ^^''']

Lance Erikson avait fait ses classes avec Lacey dans la belle maison de Gryffondor. Il partageait avec l'autre garçon, en plus d'une scolarité à Poudlard, un prénom à cinq lettres où quatre étaient communes. Cela en avait fait rire plus d'un, surtout quand on pensait que les deux garçons ne pouvaient pas se sentir. Leurs diplômes en main, ils s'étaient dit 'adieu' avec le premier sourire honnête en sept ans d'études. Il s'était ensuite dirigé vers la formation de médicomage pour s'apercevoir en cours de chemin que médecin spécialiste des blessures magiques, rattaché à Saint Mangouste sans en être directement membre lui rapporterait plus. Il exerçait sa profession avec la plus grande constance et s'était trouvé fort mal quand un client était venu l'accuser de malversations. Il avait fallu le verbe et la détermination de Lawrence Hawkesworth -qui n'était que simple secrétaire à l'époque- pour le sortir de là sans devoir porter l'affaire devant les tribunaux. Pas un instant, Lance n'avait pensé que l'homme avait fait cela par pure bonté d'âme : apparemment, l'autre sorcier était en quille avec un membre du magenmagot et avait vu là une occasion de prouver à cet 'ami providentiel' sa bonne disposition envers la justice sorcière. Quelques mois après, le médecin avait appris que le secrétaire était devenu un avocat particulièrement apprécié du magenmagot. Il n'était nul doute que Lawrence était probablement le pire arriviste de tout le ministère, mais il était un arriviste qui faisait bien son travail et lui avait sauvé la mise. A l'époque, Lance n'avait pas fait le lien entre son sauveur et l'insupportable frère de ce dernier, il avait réussi à laisser le nom de 'Lacey Hawkesworth' comme un pénible souvenir derrière lui. Ce n'était que plus tard, quand le plus jeune des Hawkesworth avait fait entendre que son aide n'était absolument pas gratuite, que le docteur Erikson s'était aperçu qu'il ne savait pas qui était le pire des deux frères : l'imbécile violent ou l'intrigant avocat. En plein ascension dans sa carrière, il était cependant de notoriété public qu'il n'était pas bon de se mettre Maître Hawkesworth à dos, pas plus qu'il n'était bon d'avoir une ardoise chez lui. Lance s'était donc plié aux exigences du sorcier. Exigences fort simples puisqu'il s'agissait de servir de médecin personnel et de donner priorité en tout chose à Lacey Hawkesworth qui n'avait, semble-t-il, pas perdu l'habitude de se faire bien voir et de revenir en sale état. C'était à ce moment qu'il avait appris que son ancien ennemi était devenu auror et que les blessures qu'il ramenait étaient autrement plus sérieuses que celles dont il écopait lors des rixes pourdlardiennes dont il avait été coutumier. Il fut aussi surpris de voir que sa némésis était devenu un homme plus agréable et comble de l'ironie, à peu près civil. Ce n'était toujours pas l'extase, l'auror ne semblait pas comprendre que le mélange cigarettes, cafés à outrance était très probablement responsable des humeurs changeantes du châtain et d'une façon ou d'une autre, Lacey se retrouvait toujours avec des plaies invraisemblables. Récemment, il était même revenu avec la nuque brûlée ainsi que le dos rougit et n'avait pas voulu expliquer à Lance où il s'était fait ça. Lacey était particulièrement mauvais dès qu'il s'agissait de sort de soin et cela n'était pas sans inquiéter Lance quant à la poursuite de la carrière de son patient -il n'avouerait jamais cependant s'inquiéter pour lui! Ça, non jamais!-. Lance devait le voir à dix heures tapante, cela faisait deux heures qu'il attendait et son ventre commençait à se faire entendre. Où était passé cet abruti?

Et bien, il était perdu dans la lande anglaise. Lacey grogna en regardant sa carte. Pas étonnant que le ministère s'inquiète : le foutu village qu'il était censé trouvé n'était plus là. Rendu incartable? Probablement. La joie ! Mais c'était la solution la plus logique, sinon comment expliquer qu'une carte vieille d'à peine deux ans soit incapable de lui montrer l'emplacement de ses recherches. L'auror la replia avec mauvaise humeur pour la ranger dans sac à dos, son bel eastpak rouge qu'il avait protégé par un sort depuis un certain incident. Une perte de temps et de pouvoir? On voyait bien qu'il n'était pas à vous, le sac et l'homme y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Enfin presque. Il avait déjà bien ratissé le périmètre et se décida à accélérer le pas, il savait qu'un médecin furieux allait l'attendre à son retour. Il avait à peu près réussi à se faire accepter par cette forte tête d'Erikson, reconnaissant sans mal que leurs aigreurs passées étaient principalement dues à son mauvais caractère. Lacey avait toujours été conscient des qualités de Lance malgré une propension épatante de ce dernier à se sentir investi du rôle de juge universel. Quelques sermons douloureux rejouèrent dans sa tête et firent rire l'auror qui se reprit aussitôt : il était censé trouvé le village, pas se faire repérer. Pour être honnête, il commençait à en avoir marre de courir après un hameau fantôme qui lui rappelait pour trop certains mauvais films d'horreur moldus, et dont il ne doutait d'y trouver là quelques parallèles avec sa situation présente : Un village moldu ne disparaissait pas ! N'en déplaisent aux esprits fantasques. Il y avait la solution compliquée et la simple. La compliquée consistait à chercher sans aucune aide un patelin qui se trouvait forcément dans le coin, juste pas sur la carte, et la seconde était de revoir l'emploi d'une potion que lui avait donné Lance. Car oui, comme monsieur était une quiche absolue dès que ça dépassait le stade du 'pif paf boom' – dixit Lance, c'était utile de faire des études de médecine; surtout du point de vue littéraire-, son médecin personnel lui avait fourni quelques fioles pour augmenter les chances de survie de demi-irlandais. Lacey avait évité de lui dire qu'il avait survécu pendant plusieurs années sans son aide en se disant que cela faisait quelques potions gratuites dans sa poche en plus. Au pire, s'il ne s'en servait pas, il pourrait les vendre.

Lacey sortit une mince fiole dont le liquide brun clair ne lui inspirait jamais une grande confiance. Il l'avait déjà utilisé et en connaissait les effets : elle servait à renforcer les sens et à rendre plus vigilant, presque empathe. L'auror détestait cette sensation et se demandait comme les vrais empathes faisaient pour survivre, c'était très désagréable de se trouver influencé par le moindre courant d'air ambiant. Il n'aimait pas non plus la potion car certains de ses collègues lui avait dit que ses yeux verts prenaient une teinte tellement vive que cela en devenait déconcentrant... la classe. Le sorcier se laissa donc guider par ce qu'il sentait jusqu'à capter un relent de magie qui lui fit dresser les cheveux sur la nuque. Il était à peu près sûr qu'on lui avait parlé d'un village moldu et ce qu'il sentait puait la magie, et pas la meilleure. Le fonctionnaire accéléra pour se retrouver dans une épaisse brume. Ses sens en éveil laissaient peu de doute de ce brouillard et l'auror utilisa sa baguette pour la dissiper et se retrouver face à une vision d'horreur à laquelle il n'était pas préparé. L'effet de la fiole était encore présent pour quelques temps et ses sens magiquement aiguisés lui donnaient envie de vomir. Cependant, ça n'était absolument pas le moment de rendre son petit déjeuner. Lacey ne put retenir une expression peinée devant la petite dizaine de cadavres qui s'avançaient mollement vers lui. Des inferis, il les savait déjà mort mais s'était toujours dit que cela devait donner l'impression de les tuer une deuxième fois que de les brûler. L'estomac noué, il fit de son mieux pour regagner contenance, les morts n'étaient pas là par hasard et le sorcier ne doutait pas qu'un mage noir était encore dans le coin. Sinon, quel intérêt de laisser une dizaine d'inferis sur place ? Ce n'était comme si cela servirait à arrêter un sorcier. Un moldu peut être, et encore, vu la lenteur des créatures : l'homme aurait le temps de prendre ses jambes à son cou. Pourtant la perspective d'une confrontation avec taré dans un village dévasté ne l'enchantait guère. Il attendit que les inferi soient suffisamment proche pour lancer un incendio qui fit brûler l'un d'eux. Malgré leur intellect plus que basique, les créatures semblaient un peu plus consciente du danger car elles s'écartèrent un moment avant de revenir vers lui :

« Je te jure, je suis à la bourre, je vais me faire engueuler... et pourquoi faire? Cramer des horreurs ! »

Lacey lança machinalement un autre incendio pour ponctuer sa phrase grincheuse. Il se demanda aussi s'il allait se trouver obligé de lancer autant d'incendio qu'il y avait d'inferis. La pensée lui semblait fatiguant et répétitive, il opta pour un lacarne inflamare et vit le bout de sa baguette s'allumer. Les inferis comprenaient aussi apparemment ce qui se passait et n'essayèrent pas de s'approcher... pour le moment. Lacey pénétra dans la village cherchant à savoir si quelque chose était à sauver mais sa seule réponse fut des cadavres et une végétation pourrie. Il se retourna, les inferis toujours derrière lui et utilisa le sort, non sur eux, mais sur un arbre mort qui prit rapidement feu. Cela les occuperaient pendant qu'il cherchait le responsable de tout ce grabuge.

« On vient saluer où on joue encore un moment? »

Bon, ça n'était pas la première amabilité à faire à un ennemi invisible mais Lacey ne se sentait de toute façon pas d'être aimable. Un craquement sinistre retentit mais ce n'était que celui de l'arbre incandescent dont une branche se détacha et vint frapper le sol. Un wingardium leviosa et il l'envoya valser sur un des inferis comme on balancerait un os à un chien. L'effet recherché n'était cependant pas le même.

[Pour tout lecteur potentiel, le premier paragraphe est assez... violent sur la description. Je tiens à préciser que ça n'est pas gratuit : Harry Potter est peut être un livre pour petits et grands mais j'avoue avoir été choqué dans le livre avec quelle facilité, on brûle des inferis... Sait-on seulement à quoi ressemble un corps qui brûle? J'avoue que pour moi, c'est une des choses les plus horribles à voir.]

Le regard vert était fixé sur l'inferi qui prenait feu à cause de la branche incandescente et semblait se durcir. Les deux abysses, aux teintes trop vives, regardaient avec âpreté la chair grise s'embraser allègrement comme une feuille de papier. L'inquisition était de retour, mes amis ! Amenez le païen, il y aura une place de choix ! Et derrière le rideau orange et exalté du feu, la peau passait au rose soutenu, gonflait, devenait rouge puis noire, des lambeaux de peau tombaient pour continuer de se consumer sur la terre meuble, les brûlures s'étendaient et remontaient, attaquant sans ménagement le reste du corps. La créature engouffrée dans les flammes criait et Lacey se trouvait fasciné par ce spectacle. Est ce que la créature avait vraiment mal? Il plissa le nez quand une émanation particulièrement nauséabonde lui assaillit les narines. Si le feu purifiait, il semblait surtout accroitre les odeurs de la putréfaction. L'auror se détourna de cette vision, tandis que les flammes rongeaient les lèvres, laissant apparaître la gencive et les dents, et faisait disparaître le nez de la créature, laissaient les globes oculaires - plutôt ce qu'il en restait- éclater puis devenir une masse gluante, où se mêlait du sang, qui coulait sur le visage ravagé du mort. C'était ça, mourir brûlé, et pas autre chose. Être auror, c'était assumer que son travail était autre chose que les fleurs et les cotillons réservés à un grand héros chasseur de mages noirs. C'était puer la mort à force de la voir et parfois, de la donner. Avec ou sans regret, avec ou sans scrupule, avec ou sans plaisir, les combinaisons étaient nombreuses pour un résultat similaire. Lacey n'avait pas la veine d'un assassin ou d'un psychopathe, c'était un homme résistant qui désirait servir et il n'éprouvait aucun plaisir à l'idée que l'auteur du carnage était sûrement toujours dans le coin. Le malheureux avait cessé de crier et Lacey lui jeta un dernier regard, une masse noire, presque informe, un gros morceau de charbon où seules les dents étaient encore blanches et visibles. Il n'était pas horrifié par ce spectacle, c'était répugnant et triste à la fois. Triste de devoir réduire un corps humain à ce stade, mais c'était un sort préférable à celui dégradant d'inferi. Détourner les yeux signifiaient seulement lui éviter quelques mauvaises nuits.

Les inferis restant ne paraissaient pas être d'accord avec l'analyse du sorcier et une certaine terreur face à leurs congénères qui brûlaient s'était installé. Cela brûlait partout, et ça brûlait trop. L'homme était dangereux et les créatures reculèrent. Lacey lançait une nouveau morceau du brasier crée par l'arbre sur deux inferis quand une pensée effrayante naquis dans son esprit. Était-ce un simple hasard? Erreur ou manque de puissance? Si cette créature plus tôt avait ressenti la douleur, elle devait avoir souffert le martyr quand ses chairs avaient commencé à se nécroser. C'était du sadisme à l'état pur et qu'on ne vienne pas lui parler d'intérêt de la science ou autre. Lacey resserra sa prise sur sa baguette, les épaules secouées par le dégout et le mépris. Il fallait aussi admettre que pour pousser le réalisme d'un inferi à ce stade, le rendre... si humain, l'auteur du sinistre était dangereux. Peut-être trop, il fallait garder la tête froide, il fallait espérer que de dévaster le village et d'en relever les habitants avaient sérieusement entamé l'énergie de l'ennemi, et espérer qu'il soit seul. L'auror allait pensé que si c'était le cas, l'homme se serait sans doute cacher le temps de récupérer ses forces quand quelque chose explosa à ses pieds.

Il avait à peine eu le temps de voir la sphère que celle ci s'était logée devant lui et faisait voler de la terre autour de lui et sur lui. Le sort n'était pas pour le blesser, une charmante mise en garde qui rappela à Lacey qu'il avait mieux à faire qu'à supposer des forces de l'ennemi, il s'était abrité le visage avec son bras mais le souffle frappait douloureusement ses jambes. La douleur passa vite et il attendit avec calme que le nuage se dissipe pour apercevoir le responsable. Un seul homme, il avait au moins eu ça de bon, et le ministère avait eu de bon qu'il fallait effectivement envoyer un auror pour chasser un mage noir. Il penserait à donner un bonbon à celui qui l'avait envoyé là quand il reviendrait, un bonbon, et un coup de pied au cul.

L'autre homme le provoquait. Magnifique, sur tous les Mangemorts existant de sa sainte sinistrerie, il fallait que le lord lui envoie un gamin. Un type qui prenait plaisir à tuer, à torturer et aimait jouer avec son adversaire. Lacey ne s'était pas attendu mieux du grand mage noir. L'autre homme lui prêtait du culot, c'était fort pour quelqu'un qui avait ravagé un village sous le nez d'un ministère pour trop prudent. Lacey ne répondit pas immédiatement, et attendit que la poussière se dissipe suffisamment pour qu'il puisse voir ses propres chaussures, auxquelles il offrit un regard peiné. Et une paire de doc à nettoyer et à réparer, une ! Le pantalon n'était guère dans un état brillant mais il avait mieux à faire que de s'occuper de son apparence, il n'allait pas paraître dans sorcière hebdo de toute façon.

« Je pense même que je devrais réussir à t'en coller ou deux, voir plus si affinités. »

Répondit avec flegme, l'auror en ôtant son précieux sac de son dos sans quitter son adversaire du regard. Il fit ensuite rapidement transplaner l'objet vers des cieux plus cléments, comme son bureau au ministère par exemple. L'homme en face de lui était très dangereux, pas l'ombre d'un doute, jusqu'où il ne savait pas. Il semblait aussi amusé et heureux de la situation alors que l'auror dégageait calme et maitrise, il préférait garder ses distances et si l'autre était motivé pour faire des présentations avec jeu, Lacey ne se sentit pas de le décevoir, et sut qu'il devait lui rendre la pareil. Pointant sa baguette sur l'arbre enflammé, il envoya un rapide sort de lévitation qui le propulsa avec force, embarquant au passage deux inferis restant, sur le créateur de tout ce bazar. L'auror était malheureusement trop loin pour être sûr de faire mouche, l'autre homme pourrait esquiver ou reculer, il espérait seulement que l'arbre, faute de lui atterrir dessus, projetterait quelques gros éclats en flamme sur lui. On ne parlerait pas d'espérer que le vêtement du mangemort ne soit pas ignifugé, cela tiendrait de la malchance absolue. Cela faisait en tout cas deux inferis en moins.

« C'est obligatoire le costume de mangemort pour prouver que vous êtes les seuls sorciers à foutre la merde dans ce monde merveilleux? »

C'était dit avec une formulation pour le moins délicate mais, la vraie question était de savoir si c'était là un acte commandité par Voldemort, ou si c'était là un acte isolé. La réponse n'était garantie que si son ennemi se sentait de faire la conversation. Lacey n'avait cependant pas bouger de sa place en lançant le sort, se contentant de taper ses chaussures sur le sol officiellement, officieusement vérifiant si tout était en place au niveau des jambes et que ces deux demoiselles n'allaient pas le bouder quand il en avait besoin, ainsi quelques sorts de bouclier et un endroit dans le village où transplaner rapidement si l'autre sentait que en fin de compte, le jeu ne l'amusait plus et préférait en venir à de regrettables extrémités comme un avada kedavra bien placé. Le sorcier commençait par ailleurs à en avoir marre des avada, à peine quelques semaines avant et il s'en était pris un sur le chemin de traverse. Sauf que cette fois-ci, il n'avait pas de chiens.

La provocation avait eu l'effet escompté, pensa l'auror en voyant la réaction plutôt puérile de son adversaire. Chaque nouveau coup de ciseau dans la glaise inconnue qu'était son ennemi révélait un personnage qu'il appréciait de moins en moins. L'autre ne semblait pas avoir la moindre notion de la valeur de la vie humaine et s'enorgueillissait faire souffrir de pauvres gens, il ne sentait pas non plus l'idéologie crasse des mangemorts qui se seraient alors vantés de faire souffrir des moldus, des créatures impures qui souillaient l'air même qu'ils respiraient. Lacey avait un énorme doute que la pollution et le fait que les moldus respirent ait grand chose à voir, même s'il était vrai que les sang-magies avaient l'art d'inventer des appareils pas vraiment sains pour l'atmosphère. Ils n'avaient pas la magie et se débrouillaient comme ils pouvaient, cela les rendaient difficiles à blâmer.

Toujours est-il que son adversaire apparaissait comme plus intéressé par la torture et la douleur d'autrui que par un prosélytisme malsain des idées de leur maître avec ce qu'il fallait de morts et de terreur pour faire passer le message. L'avantage cependant d'avoir un adversaire aussi infantile était que de le déstabiliser était possible à condition de trouver les bons mots -ce qui n'était pas forcément évident- pour le distraire et éviter de le faire rentrer dans une rage noire en poussant la provocation trop loin. Il n'allait pas non plus lancer la discussion sur une querelle sémantique sur le terme de 'brave' pour expliquer qu'il n'entendait pas par là que les pauvres gens eurent une once de courage à opposer au mage noir. Cela n'eut d'ailleurs pas pu être qualifié de bravoure mais de folie, un simple coup d'oeil à l'homme montrait que personne dans ce village n'avait le niveau pour se battre contre le monstre. Et si les moldus avaient fuis... C'était malheureux à dire, mais il fallait espérer que le mangemort les aient tous tués pour ne pas se retrouver avec un témoin qui échapperait au ministère et irait répandre quelques mots déplacés quant à « l'incident mineur » qui avait pris place dans ce lieu reculé du monde.

Ce fut donc avec un silence énervé que le sorcier accueillit les paroles de son opposant, se contentant de regarder les singes agir. Cela constituait une réponse assez claire, non? L'oeil morne et glacé, il regarda les petites créatures faire leur office et disparaître sous les sorts de l'autre sorcier. C'était bien, avec les morsures, que l'autre s'usent à utiliser plusieurs sorts pour se débarrasser des petites créatures. Il aurait presque été triste de voir les braves bêtes s'incliner devant la puissance de l'autre homme, si ça n'avait été que les charmants animaux avaient accomplis leur office.

Qu'avait-il dit sur l'infantilisme de son ennemi? Lacey se retint de lever les yeux au ciel en entendant la répartie du sorcier. Non, ça n'était absolument pas drôle, et la remarque conjura une image peu agréable d'un corps entrain d'éclater et il dut à nouveau se contenir et faire attention de garder son déjeuner au fond de son ventre. Le mangemort était répugnant mais, puissant. L'auror en eu la preuve quand ce dernier utilisa un sort dans une langue étrangère et dont il n'arrivait pas à percer l'origine. Il nota le mot dans un coin de son esprit : un sorcier étranger? On laisserait les hypothèses pour plus tard surtout quand le sort dégagea une forte onde qui balaya le territoire. L'homme avait décidément de surprenantes ressources. La potion accroissait ses sens de façon spectaculaire, tellement que l'onde en devenait douloureuse pour son ouïe, la pression dans l'air faisait bouillir son sang. Ses sens pouvaient se révéler un très énorme désavantage dans ce combat si l'autre persistait à utiliser ce type de sort et... à faire exploser des cadavres. Urg. Un sourire éclaira toutefois les lèvres de l'ancien gryffondor : Transplaner et se cacher n'était, par contre, pas une option disponible pour son adversaire. Il le sentit transplaner et se retourna vers l'endroit d'où venait la présence :

« Quel humour mordant, ça me rappelle mes singes. »

Il dévia le sort qui lui arrivait d'un coup de baguette énergique par un contre sort qui fonctionna fort bien. Comme quoi faire confiance à la chance avait du bon. Il ne connaissait pas ce que lui aurait réservé l'autre s'il avait été atteint mais, préférait l'ignorer. Les sorts de déviation étaient efficaces à la condition que le maléfice ne soit pas trop puissant. Logiquement, l'auror pourrait s'en servir à moins de se retrouver face à une certaine lumière verte. Le fonctionnaire sentit l'autre transplaner encore une fois et fronça les sourcils alors qu'il voyait venir vers lui une lueur qu'il reconnaissait comme le même sort que celui qu'il venait de défier. Cette fois-ci, cependant, il n'aurait pas la chance de pouvoir le dévier : il fallait l'éviter.

Ce qu'il fit... au détail près, remarqua Lacey en voyant le sort lui passer à coté, que le sol bougeait beaucoup. L'homme avait réussi à faire un bon en arrière pour s'apercevoir que l'onde avait laissé plus de séquelles qu'il ne l'aurait cru. Tout allait bien tant que le sorcier ne bougeait pas, le mouvement faisait nettement tanguer le paysage. Peut être aurait-il du se boucher les oreilles lors du sort? Peut être, en attendant, Lacey ne l'avait pas fait et il rencontra assez lourdement le sol. Pas grave ! Le demi-irlandais allait pour se relever quand sa main rencontra une substance visqueuse qui fit arrêter son coeur de battre.

*Non... Tout mais pas ça. *

Et ben si ! Lacey tourna la tête, au ralenti lui semblait-il, pour voir où il avait eu l'idée de mettre la main. Son regard s'agrandit impossiblement en voyant qu'il avait posé la main sur ce qu'il restait d'un torse éventré, les organes remarquablement intacts sous la paume de l'auror. S'en était trop, la tête lui tourna et malgré le fait qu'il se savait à découvert, son corps eut un soubresaut violent et rendit son repas du matin, sans oublier d'enlever prestement sa main couverte de sang et de chair. Quand l'homme rentrerait, il faudrait qu'il pense à s'entretenir avec Lance de ce qu'il pensait de sa potion.

[Je ne tiens à signaler que Grim a une imagination répugnante XP. Sinon, comme on avait déjà discuté du coudepiédantaggle, j'ai pris sur moi de dire que Grim le recevait parce que sinon, ça saccade vraiment de trop l'action... Si ça te dérange envoie moi un mp pour que je change ça.]

Ce que son adversaire pouvait penser à ce moment précis, Lacey n'en avait strictement rien à cirer. De manière générale, il se fichait pas mal de ce qui pouvait se passer dans les têtes malades des mages noirs qui lui permettaient en début de mois d'avoir de quoi manger dans son assiette – mais pas en fin et ça, ça devenait un problème, surtout que si l'on continuait à lui coller des mangemorts comme ça sur le dos, il allait demander une augmentation !-. Il avait postulé pour un travail en tant qu'auror et non pas en tant que profiler. L'homme n'était pas non plus du tout assuré qu'il était très sain de parvenir à comprendre ce qui pouvait traverser l'esprit d'un homme capable de prendre la vie d'un village entier par pur amusement. Quoique encore, l'adjectif 'pur' n'était vraiment pas de circonstance.

Certes mais là, c'était pas encore ça. Aucune réflexion philosophique sur la psychée d'un mangemort en pleine possession de ses moyens intellectuels -inexistant, aurait-il aimé dire, il savait que malheureusement la réalité différait sensiblement- ne traversait son esprit. Le fait qu'il se fichait parfaitement de ce que pouvait penser son ennemi avait une raison plus concrète : essayez donc de penser quand vous êtes entrain de vider vos tripes sur le sol. Pas tout à fait vrai en fait, puisque l'homme en était au constat parfaitement inintéressant qu'il n'aurait pas du manger du fromage blanc avant de prendre du pudding, et qu'il aurait aussi gagner à manger moins. C'était un peu tard pour y réfléchir.

Quand la crise fut passée, il ne se sentait toujours pas très bien. Ce qui n'était guère étonnant : la nausée, ça ne passait pas facilement, il avait toujours la main couverte de sang et le liquide répandu sur le sol -communément appelé vomis- dégageait difficilement l'odeur d'une rose. Dommage. Le brave défenseur de la justice, de la veuve et de l'orphelin gardait cette fichue impression d'être désorienté mais savait qu'il allait devoir se relever vite pour affronter la situation, et pas qu'elle. L'épaule de Lacey venait de bouger, elle avait reçu quelque chose dessus. L'auror grogna et ferma les yeux, imaginant sans difficulté ce qu'était la chose, les choses correction, qui lui arrivaient dessus, avec plus ou moins de douceur. Il réprima une seconde envie de vomir, de toute façon, il n'avait plus rien dans l'estomac et la bile était tout sauf agréable à rendre. Que cette gentille fifille reste donc bien où elle était.

Le semi-irlandais se força à se mettre debout, toujours les yeux fermés alors qu'il sentait quelque chose de dur rentrer en collision avec l'arrière de son crane. Un os, charmant. Il avait un adversaire gamin, psychopathe ET répugnant. Lacey se voyait mal faire le combat les yeux fermés et les rouvrit sans joie pour apercevoir un morceau d'organe sanguinolent à souhait lui arriver dessus. Ah non ! C'était vraiment dégueulasse ! L'auror fit un pas de coté et ce qu'il ne chercha pas à identifier finit lamentablement par s'écraser sur un caillou avec un bruit délicat. Belle journée vraiment. L'auror prit d'ailleurs la peine de regarder ce à quoi il ressemblait à présent que l'autre sembler avoir décider de prendre Lacey pour un sapin de noël et d'y accrocher os et autres bouts de corps humain en guise de boules et de guirlandes. Son magnifique jean bleu était couvert de taches rougeâtres, brunes par endroit, comme quoi rouge plus bleu ne faisait pas forcément du violet.

Pendant ces quelques considérations chromatiques, son adversaire avait semble-t-il décidé de parfumer un peu la place du village, celui-ci n'ayant pas une odeur convenable pour la situation. Lacey aurait presque salué ce souci du détail si l'émanation qui se répandit soudain dans le village ne manquait pas de lui faire tourner de l'oeil. Un chapelet d'injures emplit l'esprit du sorcier à l'encontre de son opposant qui semblait bien avoir compris son point faible et dont Lacey admirait à présent les réserves magiques. Il lui aurait sans doute fait la grâce de vider son estomac à nouveau pour lui prouver que son stratagème marchait si ce n'était qu'en ce cas là, cela serait devenu un brin trop dangereux pour l'auror et qu'il était mal venu de laisser trop longtemps la main au mangemort. L'auror s'en serait voulu -sincèrement- si cette pauvre âme n'avait rencontré qu'une faible résistance face à ses efforts grandioses pour rendre la scène parfaitement répugnante.

Et plutôt que de répondre immédiatement à l'imprécation de l'autre sorcier... déjà parce qu'il ne faisait pas confiance à son estomac pour lui laisser finir sa phrase, l'auror choisit plutôt de transplaner, droit sur son adversaire... En fait de façon à ce que ce dernier se prenne son pied dans la gueule en ré apparaissant.

« Oh, je m'excuse. Demande donc à mes chefs qu'il t'en envoie un autre la prochaine fois. »

Oui, oui !! Il avait réussi à dire sa phrase ! Urg, attention, l'estomac entrailles... lapsus, entre dans la phase rouge, prière de faire quelque chose, n'importe quoi mais immédiatement ! Comme lancer un sortilège rapide qui avait pour effet de briser quelques os dans la direction générale du mangemort qui n'était qu'à quelques centimètres de lui mais, dont les sens brouillés par l'odeur qui accaparait à présent entièrement Lacey, l'empêchait de viser proprement. Se débarrasser de la puanteur passait en premier. L'auror dessina rapidement un glyphe dans l'air en psalmodiant une formule qu'il avait appris en troisième année à l'UMA... à moins que ça ne soit en septième? Ou peut être après quand il était déjà auror? Heureusement que sa connaissance du sort était meilleure que sa mémoire d'où il l'avait appris. Le glyphe terminé et brillant d'une lueur orangé fit lever un tourbillon de vent violent qui commença à emporter ce qui se trouvait sur son passage. Cela n'était guère suffisant pour emporter un homme mais, ça l'était pour balayer une odeur, soulever des pierres, des morceaux de bois, de la poussière et des morceaux de cadavres. Il transplana ensuite vers un endroit éloigné où l'odeur était moins forte et il appuya sa main sur le mur d'une maison. Le vent faisait son effet.

(HJ: Rien à dire, il me plait beaucoup ton rp. ^^ Pour la fin je t'ai laissé de la marge, agis comme tu le sens.)

Ces sortilèges la ne lui demandaient pas grand chose en terme d'énergie, et continuant de se reposer, les mains posées nonchalamment sur ses hanches, récupérant petit à petit, il réfléchissait à la suite des événements.
Lacey réagissait comme il s'y attendait, vomissant et peinant à reprendre le dessus sur le dégout qu'il ressentait. D'un côté, Grim était satisfait, sa capacité à infliger la répulsion était intacte.
Il avait rarement l'occasion de tester cette partie de ses talents sur des cobayes qui étaient valables, la plupart des gens à qui il avait affaire étant faibles et pas vraiment de bon exemples de résistance au dégout.
Mais un Auror, ce devait être habitué à voir ce genre de choses, n'est-ce pas? La haine au quotidien, la petitesse des gens médiocres, les douleurs et les peines subies par le commun des mortels.
Le russe lui, se considérait un peu au dessus de tout ça, ressentant au final tout juste la peine, rejetant la douleur en bloc, sans chercher à comprendre ce qu'elles pouvaient signifier.
D'un autre côté...L'employé du ministère l'avait déçu. Lui céder aussi facilement? Déjà vomir et être si répugné?
C'était comme gagner facilement, sans challenge, très désappointant. A force de tout réussir trop bien, ou trop facilement par rapport aux autres, la liste des adversaires et gens capables de se mesurer à lui diminuait doucement.
Et s'il venait à se retrouver sans adversaire à combattre...ce serait comme un vide impossible à remplir, un manque terrible que les confrontation et l'excitation de la chasse.
La possibilité de ne pas s'en sortir, le frisson terrible qu'il ressentait, l'impression de ne plus rien maitriser, d'être vivant, d'être mortel...Si torturer était un de ses passes-temps, combattre pour survivre, au sens littéral du terme, était son exutoire. Depuis quand? Il ne savait pas vraiment, mais c'était dans ces cas la qu'il lâchait tout ce qu'il avait de plus mauvais en lui, le mal qui le rongeait de l'intérieur et qu'il essayait d'ignorer le plus possible.
C'était sans doute une des raisons pour lesquelles il respectait en partie les gens capables de lui tenir tête.

Enfin, il se relevait, et Grim pouvait admirer l'air répugné qui s'affichait sur le visage de son adversaire. Que demander de plus? Il se mit à rire doucement, lorsqu'une fois de plus, l'autre transplana.
Cela semblait être un de ses talents, et il était doué pour. D'un air appréciateur, il l'observa réapparaitre juste devant lui. Le danger de la chose ne le frappa qu'un instant trop tard, et il fit la rencontre brutale des bottes de Lacey.
Le mangemort avait bien tenté de se décaler, mais avec un temps aussi infime, et ses réflexes amoindris, il ne fit que glisser. Le tissus sur son visage avait a peine amortis le choc et il se retrouva dans la boue, sur le cul, sonné.
Il en était sur, il lui resterait plus que quelques hématomes douloureux à la fin de ce duel, mais il allait s'arranger pour laisser un souvenir impérissable à l'autre.
Cherchant encore à y voir clairement, à dissiper la brume à travers laquelle il voyait, à faire passer le choc, la douleur lui vrillant le crâne et le visage, il poussa un cri rageur en sentant un nouveau sortilège s'abattre sur lui.
Ce n'est qu'après qu'il comprit sa chance, s'il n'avait pas glissé le sort l'aurait atteint sans doute sur une jambe, ou au moins à une cheville.
Mais au lieu de ça, ce n'était que les os de son avant bras droit qui étaient blessés, retrouvant ses sens, ignorant au mieux la douleur, il regarda rapidement les dégâts.
Un putain de coup en plein visage qui l'avait déboussolé, et fait saigné, il pouvait sentir son nez et ses lèvres saigner comme il faut. Et pour couronner le tout, sa main droite bousillée.
Soit, il tendit sa main gauche et prit sa baguette en main. Il était plus habitué à écrire de la main gauche qu'à manier sa baguette avec, mais l'Auror l'avait pris au dépourvu.

Jurant et maudissant tout bas, Grim se releva. A l'aide de deux sorts assez basique, il arrêta les saignements puis fixa une attelle sur son bras, juste histoire de pouvoir bouger sans être trop embêté par un bras pendouillant lamentablement. L'air frais lui fouetta alors le visage, et il fit la moue, avant de grimacer à cause de la douleur. Ou était-il maintenant? Avait-il fuit? Sur ses gardes, se méfiant désormais de ses transplanages éclairs, il fit quelques pas, regrettant l'absence nouvelle de tous les morceaux de corps. La scène lui plaisait bien moins, maintenant qu'une bonne partie des horreurs qui la composait n'étaient plus la. Plus d'inferis, le feu mis à une des maisons s'était éteint seul, et les bouts de personnes ne coloraient plus le sol.
De nouveau, pour se laisser le temps de le repérer, il lança une onde qui parcourut le village, ébranlant les maisons. Transplanant à nouveau, rapidement, sur des points plus élevés pour pouvoir le voir plus facilement, Grim le vit enfin.

L'onde était passée depuis quelques secondes et l'autre l'avait peut être déjà remarqué, alors, dans un accès d'énervement et pour être sur de le toucher – il désirait vraiment lui faire mal – il leva sa baguette, et prononça la formule.
Soit, s'il aimait la métamorphose, le blond allait s'arranger pour lui montrer que lui était doué aussi.
Des piques, solides et nombreux, sortant rapidement du sol et du mur sur lequel était appuyé Lacey. De partout, à grande vitesse, il jaillissaient de toutes parts pour venir l'embrocher.
Grim cru apercevoir, de loin, la silhouette de l'Auror qui courait, et de nouveau, il lança son sort, faisant jaillir du sol et des murs de nombreux piques mortels, qui ne cessaient de continuer à sortir dans tous les sens.
Transplanant ensuite près de la zone ou il pensait trouver son adversaire, il jeta un rapide coup d'œil, tournant sur lui même.
Pas un mot n'avait été prononcé depuis un moment entre les deux ennemis, mais Grim n'en était plus vraiment a la parlotte. Il attendait, droit, tentant de ne pas montrer sa douleur, guettant le moindre mouvement pour continuer à se battre, tendu comme jamais.

[On va tenter de garder les effets de surprises, je vais utiliser ton 'Grim cru apercevoir' à ma sauce XP]

La sensation de pouvoir de nouveau respirer à son aise n'avait pas de prix. C'était un bonheur que l'auror savourait, seul point qu'il trouvait positif depuis le début de cet affrontement sordide. La main sur le mur, il voulut se laisser lui-même aller contre la façade de la baraque mais, avait l'impression que s'il se relâchait trop, il pouvait dire adieu à dame concentration. Le mangemort pouvait se vanter de faire subir quelque chose à Lacey qu'il n'avait guère l'habitude d'expérimenter : celui de vivre un enfer où il ne voyait pas la fin. L'imagination presque diabolique de son adversaire le laisserait pantois d'ici quelques temps maintenant, l'auror n'avait pas le loisir d'afficher une fascination horrifiée quant aux talents de mises en scène de l'autre sorcier.

La procédure aurait voulu qu'il prévienne à présent le ministère mais, aucun hibou ne lui passait sous la main, pas plus qu'une plume et du papier. Il se voyait aussi très mal demander au mangemort de faire une pause le temps qu'il écrive son courrier pour que d'autres aurors veuillent bien débarquer sur le lieu pour rendre la partie un peu plus corsée. Et d'ailleurs, en parlant d'intervenants externes, Lance allait le tuer d'avoir louper le rendez-vous médical et Lawrence l'éviscérer pour avoir réussi à se fourrer dans une situation pareille. Finalement, il l'aimait presque, son mangemort. Lacey avait un net problème quant à son échelle des priorités mais, cela n'était pas le moment de s'en faire le commentaire. Il y avait mieux à faire, on vous le promet.

Le sorcier prit une nouvelle bouffée d'air, entièrement purifiée celle-ci au plus grand plaisir de l'auror qui ferma les yeux pour apprécier le sentiment. Il n'avait pas la moindre idée d'où était passé son adversaire et cela ne le rassurait guère, pour ne pas dire que ça l'inquiétait franchement. Il l'avait senti un instant plus tôt, et soudainement, plus rien. C'était reparti pour un jeu du chat et de la souris et il se retrouvait à nouveau dans le rôle de la souris ce qui n'était pas pour le ravir. L'auror ne parvenait pas à le sentir, se demandant à moitié soulagé, à moitié énervé si cela signifiait que la potion de sensibilité arrivait à ses limites. La réponse négative lui parvint presque immédiatement quand l'onde qui parcourait le village l'atteignit, toujours avec la même force que la précédente. L'auror se força alors à se dégager du mur pour reprendre ses sens, il était hors de question de se faire avoir deux fois de la même façon. Il semblait que son opposant avait compris le problème de 'sensibilité' du semi-irlandais et comptait en jouer.

C'est sur ses gardes que l'homme reçu le nouveau sortilège de l'autre. Seulement, rien n'aurait pu le prévenir de la teneur de ce dernier et s'il parvint à éviter la première salve de piques qui sortit du sol avec un bond agile, une violente douleur lui prit sur le coté droit et le plia en deux. L'homme retint un cri qui se transforma en un grognement, il venait se de faire proprement empalé par l'un des piques sorti du mur où il avait sa main quelques temps plus tôt. Le fait qu'il n'avait pas crié tenait d'ailleurs plus du fait qu'il avait manqué d'air que d'un effort de volonté sublime. L'auror posa son pied sur le dit mur et poussa vers l'arrière pour retirer le pique de son coté, pendant qu'il sentait la morsure de deux ou trois autres dards auquel il prêtait peu attention. Le sorcier contempla avec horreur la plaie béante sur son ventre. Foutre, il était absolument nul en sort de soin et se retrouvait avec un trou dans la bide, fantastique ! ( sans vouloir piquer la phrase au docteur Who... ) Il était inutile de préciser que la plaie saignait, c'était évident, non ?

En tout cas, il ne fallait pas rester sur place. Lacey se mit à courir poursuivit par des dards très collant, très câlins et très amoureux. Pire que des gonzesses éconduites. Un rapide bilan de la situation l'amena à la conclusion évidente qu'il n'allait guère pouvoir tenir longtemps dans cette situation et qu'il avait fortement intérêt à mettre un terme à la rencontre. La douleur avait disparu, ce qui au souvenir de Lacey ne signifiait pas une bonne chose, il jeta une nouveau regard à son tee-shirt gris maculé à présent d'une immense tache rouge qui coulait sans élégance le long de sa jambe et de son pantalon. Une grosse plaie et pas de douleur signifiait que l'on n'allait pas durer très longtemps. Il lui fallait une idée et il remercia encore une fois 'papa et maman dans le ciel' de l'avoir crée avec une imagination conséquente. L'apparition des piques soulevait de la poussière et de la terre, rendant la course hasardeuse pour lui. Pour son adversaire qui devait l'observer de loin de façon à ce que les piques le suivent, la vue était moins encore nette. Il fallait tenir jusqu'à un coin de mur et préparer le sort où cela risquait de très mal finir. Et il valait mieux éviter de louper son coup tant qu'à faire.

Là ! Le coin de la grange ! Lacey entra dedans et lança un rapide sortilège de métamorphose parfaitement prononcé. La profession d'auror nécessitait d'excellentes notes en métamorphose et qui plus est demandait de subir des stages de dissimulation et de filature -Putain de stages ! Lacey se serait mis en colère en y repensant s'il avait eu le loisir de le faire-. Un peu de terre, de bois, et surtout de pierre pour faire un humanoïde qui lui ressemblait grossièrement mais, suffisamment pour qu'un autre sortilège illusoire dessus rende la chose convaincante, et qui elle, continuait de courir dans la rue avec une mort qui ne manquait pas de piquant, aux trousses.

Il lui fallait ensuite se concentrer pour que la forme continue de courir en direction de son adversaire, insensible à certains sortilèges comme serait une roche, elle allait s'élancer sur l'ennemi pour lui exploser dessus, fidèle à ce qu'avait fait l'autre avec ses inferis. Sauf qu'à la place du sang, de la chair et des os, exploseraient pierre, bois et terre. Un petit peu aveuglant, assez douloureux si l'on était atteint. Encore fallait-il être atteint ! Lacey devait parier la dessus et quand l'explosion retentit, il transplana pour n'être pas loin et relança le même sortilège servant à briser les os, celui qu'il avait lancé quelques instants auparavant. Il lui restait un autre sort dans sa manche, un qui justifiait pleinement qu'il était une véritable catastrophe en sortilèges de soin mais, il le réservait pour plus tard.

[Te laisse de la marge aussi... Grim a vu venir, pas vu venir, dans la fumée, pas dans la fumée.]

(HJ: Très beau post ^^. Si tu veux, tu peux balancer le fameux sort dont nous avons parlé au prochain post, histoire de commencer à clore le topix, c'est comme ça va pour toi :3. Pareil pour le coup des limailles de fer, j'te laisse interpréter ^^)

Tout bonnement exaltant, maintenant que la douleur se faisait plus ou moins oubliée et qu'il se sentait de nouveau en pleine possession de ses moyens, Grim profitait bien du combat.
Les traits de son adversaires étaient déjà gravés dans sa mémoire, et le mangemort comptait bien faire un détour par le quartier des aurors, une fois qu'il serait guérit, pour en apprendre un peu plus sur l'homme qui lui tenait tête.
Un combattant hors-pair, vraiment, qui méritait qu'on lui accorde de l'attention. Avec un peu de chance, ils pourraient même travailler ensemble.
Ce serait amusant de l'observer dans sa vie de tous les jours, sans qu'il se doute un seul instant qu'un de ses collègues soit un sorcier si doué. Une chose qu'il n'oublierait pas non plus, c'était sa tête, ce à quoi il ressemblait quand il souffrait.
Un beau visage, déformé par le dégout ou la douleur, c'était toujours un spectacle appréciable, en tout cas aux yeux du Russe.
Quand il voyait une personne dans cet état, il savait que c'était quelque chose que même les gens les plus proches de ses victimes ne voyaient pas tous les jours, il se sentait un peu privilégié.
Il était la cause et le témoin de nombreuses peines, vies qui s'achevaient, de rêves brisés et de fins tragiques. De quoi satisfaire une grande partie de ses besoins sociaux.

Mais pour l'instant, ou était donc passé son jouet? La poussière, de nouveau, envahissait le village devenu champ de bataille. Scrutant les volutes de fumées s'étirant dans l'air, il l'aperçut enfin. Ce fut d'abord un mouvement furtif, une infime agitation parcouru les particules, puis une bourrasque.
La chose qui arrivait vers lui n'avait rien d'humain, Grim le remarqua suffisamment tôt, ne sentant au final aucune énergie, et une magie bien trop infime pour que ce soit son adversaire.
Déboulant devant lui en sortant du nuage de saletés, il eut le temps de lever sa baguette pour incanter un sort qui provoqua une violente rafale de vent.
Une partie des débris l'atteint, notamment une pierre qui lui fendit l'arcade, répandant du sang dans son œil droit, et plusieurs débris de bois et de pierres venant cribler sa poitrine d'une multitude de trous de toutes tailles et formes. La aussi, du sang se mit à couler, et il poussa un grognement de douleur. Décidément, presque aucune partie de son corps ne serait épargnée. Pourvu que James soit à la maison, soigner tout ça lui même l'ennuyait déjà.
Le reste de la rafale envoya le reste des morceaux au loin, et acheva de dissiper totalement la poussière.
La créature était venue d'un coin ou se trouvait actuellement deux granges et une maisonnette, plus petite. Ou donc se cachait-il? Ne voulant pas perdre plus de temps à analyser la situation, il dirigea sa baguette vers la zone, et prononça une incantation.
L'instant d'après, un pop retentit derrière lui, et il se tourna, invoquant un puissant bouclier par un pur réflexe de survie.
L'incantation rapide avait été efficace, et il ne recula que de quelques centimètres, évitant le pire.
Le don en transplanage de son cher ennemi était un véritable fléau pour les gens qui l'affrontaient, mais puisqu'il était si proche, une idée lui vint.
Avisant quelques morceaux de métaux abandonnés sur le sol, notamment un vieil arrosoir rouillé, il jeta successivement deux sorts rapides.
Le premier décomposa le métal présent en une fine poudre argentée, de la limaille de fer.
Et tout le monde savait que la limaille était très douloureuse, surtout lorsqu'elle s'infiltrait un peu partout dans des blessures ouvertes. Grim avait pu tester en et en gardait un souvenir douloureux.
D'un coup de baguette violent, il projeta la limaille à l'aide d'un deuxième sort, en un jet assez concentré, puis transplana à quelques mètres, espérant avoir réagit assez rapidement.

Sa baguette encore levée pour continuer à projeter du vent, dans le but d'empêcher un quelconque retour de limaille pour sa pomme, il attendait. Son jouet allait-il répliquer de face ou attaquerait-il par derrière? Le russe n'avait plus tellement envie de prendre des coups, la plupart de son corps était déjà bien abimé, sans parler de son avant bras droit qui s'était brisé sous le coups d'un maléfice. S'en tirer indemne aurait de toute manière été impossible mais autant limiter les dégâts en restant attentif à la riposte. Bien campé sur ses jambes, laissant la limaille s'envoler et se dissiper doucement sans qu'il sache si elle avait pu atteindre l'auror, il tentait d'anticiper. Que faire pour clore un tel duel? Plusieurs idées lui vinrent en tête, tout était trop classique ou déjà vu. C'est en posant ses yeux sur un reste de carcasse pourrie qu'il eut l'idée du siècle. Vivement que l'autre se décide à agir, il avait hâte de tester son idée.

[J'adore la notion de besoin social chez Grim, tout comme sa notion de rangement avec Josh XD]

La vie savait se montrer ironique et la réponse de Lacey au sort de Grim l'était aussi. A la limaille de fer du mangemort, l'auror éclata de rire. Un rire sans joie, sinistre et fort. Un rire grave qui enveloppait tout le village et où se mêlait la douleur de sentir la morsure de la limaille s'infiltrer dans les plaies minces ou béantes, mais toujours nombreuses.

Lacey n'avait pas pu prendre le temps d'admirer le travail de la copie de terre et de pierres, de voir l'étendue des dégâts occasionnés sur son adversaire, il savait que l'autre avait pu éviter le sort de brise os et avait même trouvé le temps de lancer deux nouveaux sorts. Le seigneur noir avait trouvé un excellent élément pour son troupeau de fous et de criminels, son opposant disposait d'une extraordinaire réserve magique et savait s'en servir. Cela n'était jamais bon pour un auror, jamais bon pour quiconque en face. Seulement, Lacey doutait que le mangemort se sente de demander si cela ne dérangeait personne qu'il vienne se battre, s'il avait le droit d'utiliser son imagination infernale dans l'optique avouée de vous faire passer de mauvaises nuits.

Pour en revenir au sort qui avait été lancé, quelque chose d'imprévu s'était passé. Il n'avait d'abord pas compris ce qu'avait fait son ennemi, ni compris pourquoi l'autre avait lancé un sortilège de vent. L'esprit de Lacey menaçait de sombrer dans la folie ou dans le noir, insensible à la douleur, luttant pour ne pas sombrer dans l'inconscience. Ses facultés de réflexions étaient considérablement amoindries, même si ses réserves magiques restaient entières. Le problème était de savoir s'il aurait la force d'aller puiser dedans pour espérer finir ce combat autrement que les pieds devant. Une pensée obsédante remplaça le vide qui menaçait de s'installer : il allait survivre. Il ne pouvait pas laisser Lawrence seul, imposer cette douleur à son cadet qui tentait de se construire derrière des barricades que seule une immense solitude pouvait justifier. Laisser son cadet seul n'était pour lui qu'un acte de cruauté monstre. Et un coup dans son orgueil aussi, il l'avait déjà dit à Lawrence : Grand frère était immortel. Cette pensée avait été suivie de quelque chose qu'il n'avait d'abord pas reconnu dans son esprit abruti par la perte de sang et les dégats qu'il avait subit. Quelque chose qu'une fois identifiée, l'avait fait exploser de rire. Il riait encore en sentant la limaille vicieusement s'infiltrer dans les plaies.

La douleur ! Cet imbécile de mangemort venait de lui rendre la douleur et par là même les sensations de son corps ! C'était d'une ironie... douloureuse. L'auror serra sa baguette dans sa main, laissant le sang dessiner des formes improbables le long de son bras et venir maculer sa main, la rendre plus poisseuse qu'elle n'était déjà. La douleur était limite insupportable, juste comme lui l'aimait. De l'auror calme et maitrisé, ne restait plus grand chose. Un sentiment très animal l'avait envahi, une vague excitée et dégoutée par l'odeur du sang, un frisson de masochisme face au mal qui embrassait amoureusement tout son être. C'était vivifiant. L'autre ne voulait-il pas connaître ce sentiment extraordinaire? Tant pis pour lui ! Il allait quand même connaître ce plaisir, avant que le soudain regain d'énergie et de folie du sorcier ne retombent. Lui aussi était capable de lancer un ensemble de sortilège rapidement, et lui n'avait pas relevé une ville de cadavres pour s'amuser.

L'auror leva sa baguette et dissipa rapidement le sort de vent de Grim, y laissant un accoue de sa propre magie, histoire que le contre sort s'accompagne d'une baffe. Comme un enfant à qui l'on aurait brutalement arraché son jouet des mains. Presque immédiatement suivi le sort qui avait justifié que Lacey ne soit jamais médicomage. Il pointa la coeur de son ennemi et inprononça la formule. Il n'était pas question que l'on sache que ce sort était un sort de vivification raté. La magie du semi-irlandais était comme une rivière en crue, violente et incontrôlable, la navigation en était presque impossible. Lacey avait depuis longtemps abandonné la finesse des malédictions et sources trop complexes pour apprendre à gouter ce flot violent. Si le coeur était toujours sain, il allait commencer à accélérer, puis accélérer, puis accélérer, encore et encore jusqu'à ce qu'il lâche. Lacey n'avait encore jamais tué, mais ce sort n'avait pas d'autre finalité. Et si ça n'était pas la mort du corps, il savait laisser une emprunte définitive. Il choisissait généralement un autre organe comme cible, le réduisant à une masse sanglante et inutilisable mais, n'avait jamais tenté le coeur. La vie ne manquait pas de surprises.

[Lacey d'amoûr, ton post m'a inspiré tout plein ^_^ J'espère que le miens te plaira, j'ai mis plein d'amoûr dedans ]

Le mangemort fut assez surpris, il faut le dire, lorsque son adversaire, qui s'était montré jusqu'ici a peu près équilibré mentalement, éclata de rire sous la morsure des limailles de fer.
Un rire douloureux, ironique, le genre qui n'avait rien d'agréable, et les gentils n'éclataient pas de rire comme ça, en général. Alors, que se passait-il?
La douleur et le dégout pouvaient pousser dans de tels extrêmes, au bord de la folie. Face à tant de douleur, aussi intense, le mode de pensée changeait doucement. Plus noir, il dépassait ses propres limites.
Tel un animal prit au piège, perdant ses notions et son calme, l'auror réagissait mal et c'était dans ce genre de cas, poussé dans ses retranchements, qu'il risquait de se montrer le plus dangereux. Qui savait ce qu'il serait capable de faire maintenant que sa limite semblait dépassée, quelle idée son esprit rendu fou par la douleur allait-il sortir?
Grim aurait du se méfier, mais au lieu de ça, il fut satisfait. Très satisfait. Pousser ses adversaires aussi loin et voir ce qu'il se passait était un de ses passes-temps. Malgré ça, c'était plutôt rare qu'il obtienne des résultats convenables. Il y en avait toujours pour crier, pleurer, supplier, ou juste perdre l'esprit.
Mais ou était le répondant? La hargne, la volonté de vivre? Pourquoi leur esprit se pliait-il si facilement? N'existait-il donc personne qui puisse survivre à l'enfer qu'il leur faisait vivre?
Le russe n'avait aucune réponse à ça, et finissait toujours par se débarrasser de ses jouets, frustré ou amer. Perdu et sans réponses. Lui même se demandait comment il réagirait si quelqu'un parvenait à le mettre dans le même état, mais jusqu'ici, il n'avait jamais craint réellement de mourir.

Il avait été confronté à la mort, il savait que c'était une chose inéluctable, mais jamais le fait qu'il puisse effectivement mourir ne s'était imposé à lui. S'il y pensait, le blond se voyait plutôt comme l'instrument de la mort, une machine de torture et d'anéantissement, et il prenait plaisir à confronter les gens à leurs propres faiblesses. A leur propre mortalité.
Quand cela lui arriverait-il? Le mangemort l'attendait presque, celui qui serait en mesure de se mettre à sa hauteur pour le faire trembler. Peut être qu'en se sentant mourir, il se sentirait vivant, et non pas mort à l'intérieur comme ça avait toujours été le cas.
Le combat le faisait vivre, la mort le faisait vivre, la douleur des autres lui permettait de rester alerte et prêt à tout, il s'en nourrissait et s'en servait pour aller mieux comme d'autres se ressourçaient auprès de leurs familles.
Mais qui donc serait assez doué pour le faire réellement souffrir lui? Quand lui accorderait-on la chance de pouvoir se sentir un peu plus mortel? Comme ces humains qu'il ne parvenait pas à comprendre?

La réponse lui parvint bien plus vite qu'il ne s'y attendait, en fait. S'attendant à recevoir des limailles, et leva la baguette pour se protéger du contre sort de Lacey et recula légèrement sous l'impact du sortilège. C'est bien, l'autre avait de la ressource. L'employé du ministère ne se laissait pas abattre, c'était un battant, et Grim pouvait percevoir chez lui l'envie de survivre.
Une envie primaire et instinctive, qui démarquait les proies des chasseurs. Ce fut juste après qu'il sentit la douleur, terrible.
La douleur comme il ne l'avait jamais ressentie, aliénante, obsédante. Son coeur se serra dans sa poitrine et fit un bond avant de repartir beaucoup plus vite. Beaucoup trop vite.
Il mit un genoux à terre, la main gauche crispée sur sa poitrine, incapable de faire autre chose que de ressentir cette souffrance. C'était un pieu enflammé planté dans sa poitrine, il avait l'impression d'avoir du feu dans les veines. Partout, son pouls était devenu tellement douloureux que chaque battement de cœur était un véritable tourment, lui arrachant un grognement à chaque fois.
Rapidement, il se trouva essoufflé, et déjà ses pensées lui échappaient.
Ça y est, il la connaissait, la peur de mourir.

Viscérale, elle se répandait dans tout son corps, une terreur à l'état pure, incontrôlable. Il sentait, plus qu'il savait, que si son cœur continuait de cette manière il s'arrêterait. Tout son corps, tout son esprit, toute son âme se rebellaient contre cette idée. Mais ce n'était pas encore suffisant, le mal, aussi intense soit-il, qui possédait l'entier de son être, n'était pas assez intense, pas assez mortel. La frustration le prit, la colère, la haine.
Il pouvait encore résister et il résisterait, l'auror n'était pas prêt de l'avoir, et à sa peur de mourir, Grim opposait toute sa rage barbare. La ou d'autres se laissaient abattre et suppliaient, le mangemort se laissait dominer par toutes ses pulsions. Un cri inhumain sortit de sa gorge, un cri de douleur et de fureur, et c'est dans un véritable accès de rage, agonisant, qu'il visa Lacey et formula son sort.
Incapable de réfléchir correctement, la formule s'échappa de ses lèvres sans même qu'il puisse y penser clairement.
A son tour, il avait visé le cœur, quoi que son sort avait sans doute un peu trop dévié vers la droite pour toucher réellement cet organe vital.
Le russe ne souhaitait pas la mort non, mais juste lui faire connaître un petit bout d'enfer, et ne pas le laisser s'en tirer à si bon compte. Il souffrirait, et il se souviendrait longtemps de leur rencontre, il en cauchemarderait longtemps, le mangemort en était sûr, malgré son esprit fiévreux et la douleur qui tendait tout son corps.
Parce que le supplice de la pourriture, de sentir son corps se décomposer alors qu'on était soit même vivant, était une chose qui laissait à jamais des traces dans l'esprit de quelqu'un.

C'était un sort barbare, cruel, et qui pouvait tuer. Si son jouet ne se cramait pas lui même jusqu'au troisième degré, la pourriture continuerait de gagner du terrain et le transformerait en cadavre putréfié de manière irréversible. Ainsi donc lui laissait-il le choix, mourir ou s'abandonner totalement à la désolation, pour finir par survivre. Mais dans quel état?
Grim ne s'en souciait plus, à vrai dire, un spasme le prit, il tremblait totalement, démoli au possible, et lui même ne sut pas comment il trouva la force de transplaner loin de tout ce bordel, en produisant le sempiternelle petit pop sonore.

Dans l'état second qui le portait, Lacey ne savait plus grand chose. Il avait mal et son esprit commençait déjà à rejoindre les limbes blanches de quelques instants plus tôt. La douleur des limailles n'étaient pas suffisante pour le garder éveillé et il se sentait partir. L'inconscience, le silence et le noir, cela n'était pas bon sur un champs de batailles. L'auror porta la main au trou sur son ventre et tenta vainement de l'empêcher de saigner. La plaie béante était comme un trou dans un ballon qui continuait de se vider. Ce n'était en soi pas une mauvaise chose, les impuretés étaient expédiées, toutefois si le saignement persistait il n'allait pas rester en vie bien longtemps.

Lacey savait une chose cependant : il avait eu son adversaire et le mangemort était plié sur le sol sous le coup de la douleur. Le sorcier se désintéressa de lui pour regarder le ciel. Son esprit embrumé ne lui montrait aucune solution, aucune suite logique à toute cette horreur. Hagard, les yeux dans le vide et incapable de se fixer sur un point précis, le semi-irlandais se sentit transpirer. Son corps avait lui aussi commencé à combattre l'infection, lui au moins réagissait, c'était une bonne chose puisque son cerveau pointait aux abonnés absents.

L'homme se rendit compte du danger de son comportement et la main sur son ventre s'enfonça douloureusement dans les chairs meurtries pour l'obliger à reprendre le contrôle de ce qui l'entourait. La gorge de l'ancien gryffondor se remplit de sang qu'il fut obligé de cracher dans une secousse violente, Lacey avait reprit ses esprits. Dans quel état il était? Il n'était jamais revenu aussi abîmé d'un combat et son adversaire était toujours en face de lui. Lance n'allait pas le tuer tout de suite, pensa-t-il en souriant mentalement, l'homme allait d'abord avoir fort à faire à soigner son patient. Son adversaire laissait échapper des râles et des grognements de douleur, que l'auror savait, véritables. Le fait de sentir son cœur s'accélérer au point d'avoir peur d'en mourir était une sensation courante chez les individus angoissés, la société même encourageait ce genre de stimulus. Pourtant, cela n'avait rien à voir avec ce qu'expérimentait l'homme à terre et Lacey se sentit un peu coupable. Son travail était de ramener les mangemorts pas de les tuer. Il s'était promis de ne jamais s'abaisser au rang de ceux qu'il chassait. Le sorcier respectait la vie plus que tout et bien qu'il avait souvent eu le droit de vie ou de mort sur ses adversaires, n'avait jamais choisi l'option du long voyage pour le perdant.

Un étrange sentiment de honte l'envahit, même s'il avait œuvré pour sa survie. Rétrospectivement, ce n'était pas tant la mort du mage noir qu'il avait recherché qu'une solution rapide et définitive à leur duel avant que ses blessures n'aient raison de lui. Son esprit amoindri avait alors opté pour la solution définitive, celle où il était sûr que son adversaire n'aurait rien à répliquer et où il pourrait transplaner en paix. Transplaner vers où d'ailleurs? La maison? Lance n'était peut être déjà plus là, le brave homme avait autre chose à faire qu'à l'attendre. Sainte Mangouste était la solution la plus intelligente.

Un cri monstrueux de souffrance et de fureur s'échappa de la bouche de l'autre et bien que Lacey était pleinement conscient du fait que l'autre homme était comme un fauve blessé, dans son état le plus dangereux, il se laissa surprendre. L'homme était incapable d'interpréter ce qu'il entendait et encore fois, c'était une formule qu'il ne connaissait pas. Blessé qu'il était, Lacey n'avait aucune chance de l'éviter et lancer un contre sort allait lui prendre trop de temps. Le sorcier leva alors sa main non-armée, décidé à jouer la fin de ce duel quitte ou double. S'il avait tort, il mourrait. S'il avait raison, il allait apprendre un peu plus de l'horreur dont était capable le mangemort fou qui lui faisait face.

Son opposant transplana sous le reniflement dédaigneux de Lacey dont le regard redevenu fixe, ne pouvait que déplorer cette incapacité à arrêter l'autre homme. C'était un match nul, Lacey venait de se prendre le sortilège sur la main et il était toujours en vie, il n'avait pas parvenu à arrêter le mangemort, mais l'avait mis en fuite et sérieusement amoché. Contrairement à ce qu'il avait pensé plus tôt, il espérait qu'en prévenant le ministère, ils trouveraient encore des moldus en vie dans ce théâtre de feu et de sang. Des gens à qui un oubliator pourrait tenter de rendre un semblant de vie normale. Inconscient encore du sort de son adversaire -une légère douleur à la main pour le moment, mais il n'en était pas à compter les petits bobos-, Lacey transforma une branche d'arbre en un oiseau. L'animal vint se poser sur son bras armé, et plongea son regard du même vert que celui de son propriétaire dans les deux pupilles fatiguées du sorcier.

La douleur à son bras commençait à se faire insistante mais Lacey avait mieux à faire. Selon lui, en tout cas. L'animal n'était pas un véritable oiseau parleur mais une créature de sa fabrication, et s'il était beaucoup plus facile de lui faire apprendre quelques mots et de lui donner des ordres simples comme retourner au bureau des aurors :

« Village retrouvé, présence nécessaire du bureau prioritaire. »

L'oiseau s'envola et Lacey leva le sortilège d'incartabilité. Il pouvait enfin s'occuper de son bras qui devenait de plus en plus douloureux. Un sortilège progressif? Une odeur abominable informa Lacey que sa main ne faisait pas que de devenir rouge par endroit, elle pourrissait de l'intérieur. Une rainure jaune apparut alors, se transformant presque instantanément en plaie purulente pendant que la tache rouge continuait de s'étendre doucement sur l'avant bras. La peur plus que la douleur menacèrent d'assaillir le sorcier.

Qu'est ce que c'était que ce sort? Un sortilège de pourriture ! C'était la journée des sortilèges inconnus et imprévus ! Et la douleur augmentait, de la masse jaune et nauséabonde, une substance grise, noirâtre commença à s'écouler. Lacey porta sa main valide à ses lèvres pour éviter de vomir. Il n'y connaissait strictement rien à ce genre de sort et eut un violent soubresaut : l'immondice s'étendait et il ne voyait qu'une seule solution. L'auror se mordit la lèvre, il allait finir par détester ce sort :

« Incendio. »

Lacey se fit violence pour rester debout, crier il ne le ferait pas non plus. Il haletait douloureusement, comme s'il manquait d'air, mais crier ne ferait pas partir la douleur. Et quand bien même son adversaire n'était plus là, il ne lui donnerait pas cette victoire. Défaillant et avec de plus en plus de mal à rester debout, il fixait son avant bras rougit, cloqué et totalement inutilisable. Son esprit se concentra sur la vision qu'il avait de Sainte Mangouste et le petit pop du transplanage résonna, laissant seul et abandonné le village dévasté.

[Terminé]