La neige tombait en fins flocons qui, poussés par le vent, assaillaient le visage d'une petite silhouette. Page marchait sur la neige sale et poisseuse qui s'accrochait à ses chaussures et gros paquets. Il lui semblait que cela faisait des heures qu'elle errait ainsi, frigorifiée. Elle s'arrêta un bref instant. Maintenant qu'elle y faisait attention, les murs de la ruelle lui semblaient tourner... Oui, c'était cela, la ruelle était courbe. Elle tournait en rond ! Elle était enfermée ! La panique commença à étreindre ses tripes, et son cœur bondit lorsqu'une bourrasque de vent fit apparaitre un fantôme noir, sans visage, qui s'approchait vers elle, sa baguette crachant des éclairs rouges et verts. Page était pétrifiée. La silhouette posa sa main sur le bras de la fillette. Le contact était brûlant. La capuche vide s'approcha du visage de la fillette et fut remplacée par une bouche béante, insondable, qui tentait de l'aspirer... La fillette tentait de se débattre, de se défendre, mais elle étouffait, et elle était impuissante. Elle se sentit partir lentement tandis qu'une voix douce et grave lui sussurrait : "Tu vas mouriiiiiiiiir..."

- Nooooooooon !

La petite irlandaise bondit sur son lit. Un cauchemar. Un bête cauchemar. Enfin bête.
Les larmes avaient roulé sur ses joues sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle était en nage. Son bras la brûlait. Ca devait être magique. Ou psychologique. Car elle avait bien vérifié, malgré la vilaine apparence de la marque, ses chairs avaient bien cicatrisé. Soulevant le bandage de fortune, elle contempla avec dégout l'inscription gravée dans sa peau. Elle n'était pas prête de dormir du sommeil du juste avant un petit bout de temps. Elle jeta un coup d'oeil inquiet à ses camarades de dortoir. Visiblement le cri de la lionçonne ne les avait pas réveillées.

Quelques jours s'étaient écoulés depuis "la" soirée, et Page n'avait pas réussi une seule fois à rejoindre simplement les bras de Morphée. Entre sa famille qui lui manquait, le souvenir de l'horrible soirée et ses escapades dans la forêt interdite, elle avait bien trop d'émotions qui bouillonnaient en elle pour dormir.
Et là, elle savait que si elle se recouchait, elle mettrait une éternité à retrouver le sommeil. Un regard par la fenêtre. La nuit semblait douce. La pleine lune n'était pas passée depuis longtemps et la lueur diffuse que l'astre reflétait donnait un caractère paisible au parc. Il ne fallut que quelques secondes à la fillette pour enfiler sa cape d'hiver et ses baskets -après tout, elle avait commencé à s'entrainer avec sa filature de Mélissa ^_^. Elle fourra instinctivement sa baguette de noisetier dans sa poche. Cette "simple" tige de bois était dorénavant partout avec elle. La fillette se sentait rassurée de la savoir à portée de main.

Elle descendit doucement les marches de pierre vers la salle commune des Lions, passa sans un bruit devant la grosse dame pour éviter qu'elle ne la voie et qu'elle ne cafarde à McGonagall. Sa petite silhouette fila dans les couloirs, rasant les murs. Décidément, en ce moment, elle faisait le mur bien plus souvent qu'elle ne l'aurait cru. Mais elle avait besoin de prendre un peu l'air, de se changer les idées, de sentir le parfum agréable de l'herbe humide. Elle avait besoin de se sentir vivante et en sécurité.

Lorsqu'elle poussa avec précaution la lourde porte de bois qui menait vers le parc, une bourrasque de vent s'engouffra dans le couloir, faisant osciller les flammes des torches allumées. La lionçonne se figea et attendit quelques instants. Une fois sûre que personne n'avait remarqué sa présence, elle s'aventura à l'extérieur, refermant doucement la porte.
Le vent était assez fort et faisait voleter ses cheveux, mais elle s'en fichait. Elle inspira profondément. Fourrant ses mains dans les poches de sa cape, elle s'éloigna peu à peu du château.
Le parc éclairé par la lune lui semblait à la fois paisible et menaçant. C'était un mélange bizarre.

*Mouais, c'est surtout moi qui suis bizarre. C'est très beau, faut que j'arrête de me faire des films*

Elle sursauta lorsqu'elle vit un mouvement non loin de là où elle se trouvait. Une silhouette. Un élève certainement, vu sa petite taille. Crispant sans s'en rendre compte sa main sur sa baguette, elle se rapprocha pour essayer de deviner qui avait eu l'idée saugrenue d'une petite balade nocturne.
La silhouette ne semblait pas menaçante... Elle se baissa pour ramasser quelque chose, sembla l'apercevoir, puis tenta de se réchauffer.

Page s'approcha encore un peu et finit par reconnaitre Daneel.

- Oh, c'est toi, fit la fillette avec un sourire triste.

Elle finit d'arriver à sa hauteur sans un mot. Leurs regards se croisèrent. Lui non plus n'avait pas l'air au mieux de sa forme. Poussant un soupir morose, elle s'assit dans l'herbe à côté de lui, prenant sa tête dans ses mains.
Elle aurait voulu être seule pour ruminer ses sombres pensées, mais elle devait avouer que la présence imprévue de son ami la réconfortait. A deux, on est toujours plus fort.

*Je dois avoir l'air d'un cadavre là... Pauvre Daneel. Quelle fabuleuse compagnie je dois être.*

La jeune irlandaise ne se sentait pas d'entamer la conversation. Pour l'instant, la simple présence de son ami lui faisait du bien. Une larme coula sur sa joue. Elle se fustigea immédiatement. Elle ne voulait pas embêter Daneel avec son humeur massacrante.

Daneel se détendit lorsqu’il reconnut la silhouette et les cheveux fous de Page. Depuis les cours et les réunions de l’AD, il ne l’avait plus beaucoup vu non plus et elle semblait plus réservée ces derniers temps, plus fatiguée, moins joyeuse qu’à l’habitude. Tout ça dérangeait le jeune sorcier qui, comme une plante et son soleil, avait toujours eu un peu plus d’entrain, s’était toujours trouvé un peu plus jovial en compagnie de son amie. Qu’avait-il donc pu lui arriver ? Il s’était dit qu’il finirait bien par connaître la raison de ce changement subite.

Il sortit sa main de sous son manteau, révélant sa baguette mais il ne crut aucunement inquiéter la jeune fille puisqu’elle alla immédiatement se ranger dans sa poche. Elle l’avait également reconnut et il ne put lui faire qu’un sourire triste, à la fois heureux de la voir mais désolé que ce ne soit pas au moment le plus opportun et de ne pas pouvoir s’en réjouir plus. De savoir que son amie se trouvait, là, non loin de lui et qu'il n'était pas seul le réconfortait mais il aurait mieux aimé plaisanter et rire avec elle, comme à l'habitude, que de lui présenter cette mine sombre.

Elle ne semblait pas aller bien non plus et ça le rendait triste de la voir ainsi car, dans son regard lorsque leurs yeux se croisèrent, Daneel sentit que la lionconne avait quelque chose sur le cœur. Ça l’amochait un peu plus de voir que son amie n'était pas dans la meilleur des formes et il n'aurait jamais pu l'imaginer dans cet état auparavant.

Elle soupira. Elle n’avait rien dit d’autre… Elle n’avait pas besoin de le saluer autrement car ce soupir voulait tout dire pour Daneel et les yeux remplis d’inquiétude du jeune Poufsouffle la regardèrent pendant qu’elle s’assoyait dans l’herbe froide.

Il n’aurait su se contenter de la vue des cheveux roux pour lui parler et prit place à ses cotés, jetant un dernier regard à la forêt interdite avant de sentir le contact du sol humide et froid. Il s’en était éloigné et ne se sentait plus en danger mais il avait toujours cette impression que des regards agressants suivaient les mouvements des deux élèves et il n’aimait pas ça. Il reposa son regard sur le visage de son amie et y vit une larme.

Pauvre elle... mais qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ? pensa le jeune sorcier.

Pourquoi pleurait-elle ? Il n’avait su pleurer depuis tellement longtemps mais il sentait que ça aurait été bénéfique. Il en avait ressentit le besoin, ces derniers temps, mais son corps refusait de se laisser aller.

Il ne trouvait pas les mots à dire. Il ne savait pas par où commencer. Il avait envie de la secouer pour qu’elle sorte de cet état trop inhabituel et de lui demander ce qui n’allait pas, il n’avait pas envie d’emprunter milles détours et voulait simplement l’aider car il ne supportait pas de voir son amie comme ça. Mais il ne pouvait pas. Il la sentait affaiblie sans son humeur joyeuse, fragile, comme une photo précieuse d’un être cher sortie de son cadre qui pouvait aisément être tachée, pliée, froissée. Daneel oublia ses problèmes momentanément, laissant le vent qui lui caressait les cheveux les souffler aux créatures de la foret qui se trouvait non loin d’eux.

Il ne pensait plus qu’à son amie qu’il voulait réconforter et il passa son bras autour de ses épaules pour la serrer contre lui et appuyer la tête contre la sienne.

- Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il dans un murmure qui trahissait magnifiquement son inquiétude.

Il avait fermé les yeux et oublié le parc, la forêt, l’Angleterre loin de chez lui, les cours et les professeurs. Tout cela n’avait plus d’importance. Il ne pensait plus qu’à Page, petit corps triste à coté de lui qu’il voulait réconforter, protéger. Il voulait prendre une partie de son fardeau pour le porter avec elle et c’était tout ce qui lui importait à ce moment là.

Son ami n'avait rien dit.

Il s'était simplement assis, là, à côté d'elle, la serrant contre lui. Le contact tiède d'un corps lui faisait tellement de bien. Bien que la nuit soit plutôt fraiche, ce n'était pas la température qui glaçait la fillette. Le froid s'était insinué en elle. Elle n'avait pour l'instant pas réussi à l'en déloger. Pourtant, le simple fait que Daneel soit là pour elle comptait énormément. Il réchauffait doucement son âme.
Quelle égoïste elle faisait ! Lui non plus n'allait pas bien, et tout ce qu'elle trouvait à faire, c'était profiter égoïstement du réconfort qu'il lui apportait.
Mais la lionçonne était si désemparée qu'elle en avait besoin.

Elle se pelotonna sur l'épaule rassurante de son ami. Elle ne voulait pas l'inquiéter. Elle ne voulait pas pleurer. Elle devait être forte. Mais elle avait beau essayer, cette fois-ci, c'était trop pour la petite irlandaise.

Il finit par rompre le silence d'un murmure inquiet.

- Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qui se passe ?

Elle devait lui expliquer. Elle lui devait bien ça. Rien que pour le remercier d'être là pour elle. Et puis qui sait, en parler aiderait peut-être la lionçonne à se sentir mieux. Elle ne savait pas vraiment par où commencer.

- Je...

Sa voix se brisa dans un sanglot. Pleurer n'était pas dans ses habitudes, mais cela évacuait tellement de tensions qu'elle se laissa aller. Elle se sentait en sécurité dans les bras de son ami.

Lorsqu'elle se sentit un peu plus libre, elle essuya son visage dans la manche de sa robe avant de regarder à nouveau le Poufsouffle dans les yeux.

- Je... J'ai eu un... Enfin... Je veux dire...

Page inspira profondément. Il fallait qu'elle se calme, sinon, elle n'arriverait pas à aligner deux mots. Elle se lança d'une petite voix entrecoupée de sanglots :

- L'autre soir... je suis allée à Pré-au-Lard... J'ai pas trouvé la boutique alors... Je suis passée dans les ruelles pour la chercher. Mais... y avait un.. un type. Il m'a lancé des sorts que je connaissais pas. J'ai cru que j'allais mourir. Et lui, il y prenait du plaisir. C'était horrible... Je... J'ai été sauvée par un groupe d'Aurors je crois. Mais à cause de moi... Deux personnes sont mortes pour me sauver !

Elle avait fini presque en criant, transformant sa douleur en colère. Elle s'en voulait tellement ! D'avoir été imprudente, de n'avoir pas pu se défendre, d'avoir entrainé la mort de ces personnes, de ne pas être suffisamment forte pour assumer, de n'offrir à Daneel qu'une âme blessée. Il méritait bien mieux que ça.

- Je n'arrive pas à oublier. Je ne peux pas oublier. J'en cauchemarde tous les soirs. Je revois cette bouche horrible qui essaye de m'engloutir, j'entends sa voix douce qui m'annonce tranquillement mes derniers instants... Et même la journée, j'ai du mal à penser à autre chose. Ce malade m'a laissé un charmant souvenir pour s'en assurer, acheva la rousse en relevant légèrement sa manche, laissant apercevoir un bandage.

La Rouge et Or se sentait libérée d'un poids. Ne pas avoir à porter ce souvenir seule, avoir réussi à l'avouer à quelqu'un... ça faisait du bien. La lionçonne se mordit la lèvre. Les larmes coulaient toujours sur sa peau pâle, mais leur flot était bien moindre.

- Je... Je suis désolée de t'embêter avec ça. Je ne voulais pas. Je... Merci d'être là.

Page reposa sa tête contre la joue de son ami. Si elle n'était pas totalement apaisée au moins avait-elle exorcisé une partie de ses démons... Elle espérait que la confession qu'elle venait de faire à son ami lui montrait la confiance qu'elle avait envers lui. Et elle espérait pouvoir lui venir en aide également.

- Tu sais... Je serai là pour toi. Si tu as besoin. Toujours.

Daneel fut heureux de voir que son amie acceptait sa présence, acceptait qu’il offre un peu de la chaleur de son corps pour réchauffer le sien. Il écouta attentivement, saisissant chacun de ses hésitations, essayant de deviner les mots non prononcés, de savoir ce qu’elle ne précisait pas. La douleur devait encore être trop grande pour Page et le jeune Poufsouffle avait envie d’apaiser ses brûlures et non de les raviver.
Il la regarda pleurer et souhaita de pouvoir faire de même mais il n’y arrivait pas. Il attendit que les sanglots se calment et qu’elle reprenne son souffle pour continuer ses paroles, toujours attentif.
Il caressait doucement son épaule pour la rassurer pendant qu’elle inspirait, l’encourageant à parler.

Lorsque Page commença, lorsqu’elle lui raconta son histoire, Daneel se sentit d’abord horrifié, puis enragé contre ce mystérieux homme à qui il aurait bien voulut faire expérimenter toute sorte de tortures Moldues qui défilaient à présent dans sa tête. Mais il était triste, il imaginait ce que son amie pouvait ressentir et la serra un peu plus fort contre lui et amena son autre main a son visage, essuyant une des larmes de la jeune fille avec son pouce et la forçant à le regarder droit dans les yeux.

- Ce n’est pas de ta faute, Page… il n’y a qu’un seul responsable et c’est ce malade…

Daneel s’éloigna soudainement de tout l’intérêt qu’il avait eu, jusqu'à ce jour, pour cette dite « magie noire » et tout ce qui y était plus ou moins lié : la révolution magique, ce Voldemort. Comment pouvait-on explorer un type de magie fait pour blesser, pour faire le mal et l’employer contre un innocent, contre une jeune fille qui ne méritait en rien ce qui lui était arrivé. Il n’en avait jamais parlé auparavant mais il avait toujours été fasciné par toute la magie et la puissance que l’on pouvait acquérir mais, pour une fois, il était complètement en accord avec le ministère, avec tous ceux qui disaient que la magie noire ne devait pas être étudiée ni apprise. Livrer un tel pouvoir à n’importe qui était trop imprudent et il voyait maintenant ce que ça pouvait donner.

La main du Poufsouffle quitta la joue de la Gryffondor et se posa sur le poignet de la jeune fille, ses yeux descendants vers le bandage qui couvrait sa peau blanche. De son pouce, il le souleva légèrement et regarda la blessure cicatrisée. Sa mine se renfrogna. Quelle magie ?! Quel salaud ?! Pourquoi avoir fait quelque chose comme cela à son amie ?

Il la serra un peu plus contre lui, à la fois pour la réconforter elle mais surtout pour se réconforter lui-même, pour s’assurer que Page était toute entière, en bonne santé et près de lui, qu’il ne pourrait rien lui arriver pour le moment et tant et aussi longtemps qu’il serait là pour elle.

- Tu ne m’embêtes pas, voyons ! lui dit-il tendrement à l’oreille. C’est horrible de dire ça… je veux que tu retienne que quoi qu’il t’arrive, moi aussi je serai la pour t’aider, pour t’écouter. Oublie le… Va voir madame Pomfresh pour qu’elle essaie de t’arranger ça et oublie ce malade… Il n’est plus là, c’est finit…

*Et je lui souhaite de ne plus jamais reparaître devant toi car il me trouvera en premier…*,

Il la serra un peu plus fort à nouveau et relâcha son étreinte, de nouveau à coté d’elle et un bras autour de ses épaules, regardant dans la même direction comme s’ils étaient deux lignes parallèles. Son regard se posa sur la foret interdite, à nouveau, et il songea aux dernières paroles de Page : elle serait toujours là, elle aussi. Il avait du mal à penser à sa propre mauvaise expérience avec tout ce que venait de lui confier son amie et encore plus de mal à en parler.

- Je…

Sa gorge se noua et ses yeux restèrent perdus entre la cime des arbres au loin devant eux qui le forçaient à y repenser, à se préoccuper encore et toujours de ce qui s’était passé cette nuit la.
Il se sentit un peu égoïste de penser à lui-même et à ses petits problèmes mais l’atmosphère était aux confidences et il se sentait bien comme cela, près de Page. Probablement qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de pouvoir confier cette mésaventure a la lionconne ou a qui que ce soit d’autre… bien que les autres lui importaient peu à ce moment là.

- Tu sais… la forêt… Moi et Canelle on ne se parle plus depuis qu’on y a été, commença-t-il d’un ton hésitant. Nous étions avec le professeur d’histoire et un… un genre de mâle de son ancienne tribu est arrivé et a voulut nous attaquer et Firenze nous a défendu…
Bane…, dit-il sèchement, d’une voix pleine de haine. Et c’est la première fois que j’ai levé ma baguette pour attaquer quelqu’un… ben… quelque chose.


Il fixait la forêt intensément et ne se sentait plus effrayé, surtout avec son amie à ses côtés. L’expérience n’était plus aussi traumatisante, plus aussi glaciale dans ses souvenirs… il s’en souvenait comme d’un mauvais moment passé, d’une mauvaise expérience noir et très sombre vécue précédemment et dont il s’était sortit indemne.

- Je crois que ça l’a plus affectée que moi… Elle a eu vraiment très peur…

*Nous n'irons plus au bois...*

Il soupira et ses yeux fixèrent le vide. Il n’arrivait plus à songer à rien, désormais. Tout cela était loin derrière lui, les problèmes si éloignés du château et il se sentait trop bien, trop en sécurité, là, assit dans l’herbe avec son amie, pour continuer à penser aux difficultés vécues et qui restaient à vivre, à l’herbe fraiche qui mouillait ses jeans, à son pays natal.
Tout cela avait moins d’importance et il se blottit un peu plus contre la lionconne. Tout d'un coup, le passé s'effrita, se dilua, s'effaça comme une longue trainée de sable clair soulevée par le vent et il songea à l'avenir... à l'avenir brumeux et marécageux qui restait à venir...

- Je crois que… il n’y aura rien de facile… mais… qu’il faudra simplement être fort… et s’épauler… Merci d'être la, Page... merci...

Il prenait conscience : le Canada, le hockey dans la rue et la vie ou le plus grand danger résidait en les voitures qui venaient interrompre leur jeu… Tout ça était peut-être finit. Avec les dires de Harry et ce qu’avait vécu son amie, Daneel ne pouvait plus s’ôter de la tête tout ce qu’il avait pu lire dans la Gazette ou entendre de la bouche d’autres étudiants à propos des évadés, des crimes, d’une nouvelle guerre ou du retour du lord… Les temps s’annonçaient durs et il le réalisait.
Le problème était qu’il ne pourrait jamais retourner à la ville de son enfance pour y mener une vie calme en ignorant le monde magique. Une certaine palpitation en lui le lui interdisait et il avait hâte que les évènements se bousculent.
Mais jamais ses amis ou ses proches ne devaient souffrir à nouveau… Son regard se reposa sur Page.

- Ça va ? Tu te sens… mieux ?

Certaines blessures ne peuvent jamais guérir et le jeune sorcier le savait. Néanmoins, on pouvait les apaiser et il espérait avoir éloignés toute douleur et tout sombre souvenir de l’esprit de la lionconne et qu’elle s’en ferait moins.

Le calme, le calme plat. Daneel respira lentement et sentit une vague de chaleur inonder son corps. Il n’y avait plus un bruit dans la nuit sinon leur deux petites voix et cela lui faisait un grand fou. Le temps semblait suspendu sous les étoiles timides de cette soirée de mars et il avait l’impression de se retrouver dans un espèce de no man’s land entre le monde magique et la maison ou plus rien ne comptait et ou il pouvait enfin s’arrêter et réfléchir a tout ce qui s’était passé dans sa vie et, surtout, prendre une pause pour parler avec son amie.

Peut-être s’en doutait-elle mais son ami partageait les mêmes pensées que Page en ce qui concernait la vie à Poudlard : ça avait un quelque chose d’effréné, une routine trop vivante qui s’était établie et qui continuait sans qu’on s’en rendre vraiment compte. Les cours, les dortoirs, les pauses, les repas à la grande salle… tout cela se faisait rapidement et sans la moindre intimité.
Oui, décidément, ça lui faisait le plus grand bien de pouvoir avoir cette discussion tranquille avec son amie.

L’Irlande ? Daneel en avait a peine entendu parler mais il s’était fait raconter la lande verte et plusieurs légendes concernant ce pays. Probablement que ce folklore était dû au monde magique. Peut-être que l’Irlande magique était comparable à l’Angleterre. Cela fit penser à Daneel qu’il ne connaissait rien du monde magique au Canada ou même en Amérique. Y en avait-il un, en premier lieu ?

Tiens… elle aussi n’avait jamais vu là ou elle était née ?

- D… des coups de poings ? demanda-t-il, un peu inquiet mais surtout amusé par ce que son amie lui disait.

Imaginer Page en train de se bagarrer n’était pas si dur mais ça n’avait rien de réjouissant, quand même. Il ne la voyait plus exactement comme avant, il la voyait plus fragile, il réalisait qu’elle n’était qu’une jeune fille, après tout, et qu’elle était vulnérable à toutes sortes de choses que même son caractère et son courage ne pourraient arrêter. Daneel eut un sourire à la question de la lionconne.

- Moi non plus je ne connaissais rien du monde sorcier jusqu'à la lettre. Le plus surprenant, c’est que mes parents sont sorciers. Ils voulaient simplement ne pas courir le risque, si j’étais cracmol, de me mettre au courant pour rien.

Il se remémora leur premier cours ensemble et se souvint de la réaction de leur professeur alors qu’il parlait de certaines choses, prononçait certains noms.

- Oui, je crois que j’ai un peu poussé, cette fois-là, le professeur n’avait pas l’air trop content de moi… Mais bon… je trouve ça idiot d’avoir un tel tabou. Après tout, si il faut combattre ce Voldemortet ses mangemorts, on peut pas le craindre et … c’est comme s’isoler de lui et le refuser, ne pas l’admettre… on ne peut pas faire ça, non ?

Le jeune Poufsouffle avait du mal à trouver ses mots pour exprimer clairement sa pensée mais il se comprenait, au fond de lui-même. On ne pouvait refuser de prononcer un nom et craindre quelque chose qu’il fallait combattre, au contraire, il fallait l’accepter pleinement, le vivre et le comprendre pour pouvoir mieux s’en protéger et mieux détruire cette menace.

Ses pensées recommençaient à s’éloigner de l’instant qu’il vivait avec Page et il secoua la tête pour chasser ces idées noires et pensa à quelque chose de plus joyeux. Il retira son bras d’autour des épaules de son amie et plongea la main dans sa poche et en sortit deux boites de choco grenouilles.

- Mais bon… Tu dois avoir hâte aux vacances, toi aussi ? Tu vas simplement rentrer chez toi ou aller ailleurs ? demanda-t-il en ouvrant l’une des boites et en s’assurant que la grenouille ne lui échappe pas. Tu en veux une ?

De sa main libre, il tendit l’autre boite de choco grenouille à la lionconne.

A l'évocation de ses premières bagarres, Daneel sembla étonné. La fillette le rassura d'un sourire fatigué.

- Ben... ma sœur est de santé fragile et vu notre carrure et la couleur de nos cheveux, on se moquait souvent de nous à l'école. Alors je nous défendais. Et puis tu sais, les rues de l'East End grouillent de sales gosses un peu livrés à eux-mêmes, et il faut savoir s'y faire une place.

Bien sûr, la fillette n'était pas bien impressionnante avec sa stature de crevette, mais c'était souvent sa hargne et sa ténacité qui faisaient peur à ses adversaires. Le contraste entre sa petite silhouette et l'énergie qu'elle pouvait développer pour se défendre en avait étonné plus d'un, et avait ainsi assuré une tranquillité relative aux deux sœurs dans le quartier. Mais maintenant, ces petites escarmouches lui paraissaient bien fades face à sa rencontre avec le Mangemort. Avant Poudlard, la petite irlandaise pouvait s'enorgueillir d'avoir sorti Helen et elle de quelques situations embarrassantes impliquant de petits voyous du quartier. Aujourd'hui, elle savait qu'elle resterait vulnérable dans bien des situations.

Elle revint à son ami. Lui non plus ne connaissait rien du monde magique.

- Tu ne savais pas que tes parents étaient sorciers ? C'est louable de leur part mais ça a dû être compliqué pour eux de vivre comme des Moldus. Y a qu'à voir le mal qu'ont nos copains à concevoir ce qu'est un cinéma.

Le Poufsouffle enchaina ensuite sur le Lord Noir et ses tabou associés. Il soulevait des questions que Page s'était aussi posées auparavant. La lionçonne avait réfléchi un peu à la chose et elle répondit à son ami avec douceur :

- En même temps, on n'a pas vécu ces années de peur et d'horreur durant lesquelles Il a terrorisé le monde magique. Je crois que si c'était le cas, on comprendrait mieux l'origine de ce tabou. Moi je ferai l'effort de le respecter, pour ceux qui ont souffert de lui. J'ai du mal à le craindre autant qu'eux car je ne connais pas tous ses méfaits mais... Le petit aperçu que j'en ai eu dernièrement m'amène quand même à craindre un peu ce qui pourrait arriver s'il revenait vraiment.

Elle se força à ne pas regarder la marque sur son bras. Elle avait promis à Daneel d'essayer de passer à autre chose. Mais la confrontation avait instillé doucement en elle une peur sourde. Elle avait encore du mal à craindre pleinement cet ennemi dont elle connaissait mal les exactions et qu'elle n'avait jamais vu. Mais la succession des évènements récents faisait s'accroitre le sentiment de danger planant sur leurs têtes, et grandir doucement la peur.

Les chocogrenouilles que sortit son ami furent une diversion parfaite. Page adorait ces sucreries !

-Oh oui, merci beaucoup !

Page entrouvrit le carton juste devant sa bouche pour que la grenouille y saute directement sans avoir l'occasion de s'échapper (c'était toujours très frustrant de voir son petit plaisir s'évader). L'animal en chocolat atterrit directement sur sa langue, et la rouquine le croqua, la bouche remplie de chocolat. C'était un excellent remède contre la mauvaise humeur !

- R'garde, chai eu Yeopoy'na Chmetchwouik !

La lionçonne pouffa et déglutit avant de reprendre plus clairement et avec un enthousiasme certain.

- Pardon... C'est Leopoldina Smethwyck, la première arbitre anglaise de Quidditch... Trop cooooool. Tu as eu qui toi ?

Se rendant compte qu'elle n'avait pas répondu à la question de son ami, elle reprit :

- Oui, pour les vacances, je rentre chez moi... Avec le pub, ma mère ne peut pas trop voyager. Mais je suis très contente de pouvoir revoir ma famille et mon quartier ! Tu pourrais venir un jour, si tu veux ?

Daneel eut un air désolé lorsque Page lui raconta ce qu’elle et sa sœur avaient vécu. Pourquoi se moquer des gens ? C’était tellement inutile. Les enfants pouvaient être bien cruels… Bon, il n’était pas un saint et devait bien admettre qu’il trouvait que certaines personnes méritaient que l’on se moque d’eux. Il posa un regard bienveillant sur la tête rousse de son amie et eu un sourire triste. Non, Elle ne pouvait pas le mériter, Elle ! Comment aurait-on pu se moquer d’une personne aussi sympathique et pleine d’énergie, et fragile –car il voyait maintenant aussi cette partie d’elle- que la lionconne ? C’était trop bête.
L’East End… ça ne paraissait pas trop plaisant comme endroit. Il pensa a l’endroit ou lui avait grandi, bien calme et tranquille avec un paquet de maisons pareilles qui se suivaient sur des rues et des rues ! Les enfants jouaient dans les petits parcs et dans l’herbe qui couvrait certains terrains vacants et on ne pensait qu’à s’amuser, on se contentait d’éviter les petits groupes de jeunes à problèmes et ils nous évitaient aussi parce que l’on n’était pas assez bien pour eux, de toute façon.
Il repensa à ces courses folles, avec ses amis, jusque sur les rues de pierres du Marché By ou l’on pouvait entendre des espèces de crieurs publics qui prêchaient les évangiles de leur voix tordue ainsi que des musiciens errants qui avaient bien souvent de réels talents. Entre les centaines de touristes et citadins que l’on croisait et bousculait ainsi que les multiples boutiques aux devantures toutes plus extravagantes les unes que les autres, Daneel n’avait eu que du plaisir lors de ces journées ensoleillées qu’il avait passé à parcourir follement les rues et ruelles de la ville ou il avait grandi. Jamais il ne lui serait venu à l’idée qu’il lui fallait « se faire sa place ».
Pauvre Page. Mais bon, ce n’était pas une petite nature et elle avait l’air de s’en être bien tirée, finit-il par se convaincre.

- M’ouais, acquiesça plus ou moins Daneel d’un air indifférent. Ils doivent se débrouiller pas mal puisque personne, pas même moi, n’avait remarqué… Enfin, mon père m’a dit qu’avec tous ses cousins cracmols, la culture moldue était assez présente dans ma famille depuis longtemps.

Il écouta ce que son amie disait en même temps qu’il finissait d’ouvrir son emballage de chocogrenouille, capturant la friandise dans sa main pour se la mettre en bouche sans plus de cérémonie. Il sentit quelques doigts de chocolat, délicieusement sucrés, se poser sur sa lèvre supérieur en un ultime effort pour éviter la fin sinistre. C’était en vain car la chocogrenouille finit rapidement coincée entre sa langue et son palet et il mordit dedans, achevant le semblant de vie pour laisser place au goût du chocolat partout dans sa bouche.

Respecter ceux qui ont souffert… Oui, il le fallait, c’est certain. A eux et leurs souvenirs il témoignerait le plus de respect possible mais il traiterait la chose comme telle de la manière qu’il le voulait… peut-être pas devant n’importe qui, par contre.

Il regarda la lionconne essayer d’enchaîner deux syllabes compréhensibles et pouffa de rire, plaçant une main devant sa bouche pour éviter au chocolat mélangé à la salive de s’échapper mais il sentit un peu du mélange remonter dans son nez et il fit une drôle de grimace. Il manipula la petite boite de carton de la friandise tel un expert s’adonnant à une tache trop facile et en sortit la carte de sorcier.

Il jeta un œil à la carte de Page qui avait finalement prononcé le nom pour qu’il puisse comprendre. Il avait déjà vu le nom dans un exemplaire à la couverture de cuir craquelée et usée de « Le Quidditch à travers les âges » mais fut bien heureux de la précision qu’apporta son amie car il se serait montré bien incapable de se souvenir par lui-même du rôle qu’avait joué la sorcière.

Il présenta sa carte en gardant un angle suffisant pour qu’il puisse lui-même lire le nom et observer l’image.

- J’ai eu Albéric Grunnion.

Il regarda Page d’un air incrédule.

- J’ai aucune idée c’est qui, faudra que je me renseigne.


Daneel considéra sérieusement l’offre de son amie pour les vacances. Ce serait super et ça l’aiderait peut-être à en apprendre plus sur ce fameux « East End » ainsi que sur son amie. Il découvrirait une partie de cette culture européenne. En même temps, il avait eu une lettre de son père qui lui offrait de passer trois semaine avec son oncle qu’il n’avait jusqu’alors pas connu : un certain Geoffroy Wright. L’homme en question était auror et habitait quelque part à Londres. Daneel voyait cela comme une bonne idée car il pourrait en apprendre plus sur sa famille et sur l’Angleterre.
Mais trois semaines ce n’est pas tout l’été.

- Ouais, ce serait kewl ! Surtout que mon père m’a offert de rester en Angleterre, chez mon oncle, après l’école. Je pourrais passer par chez toi juste après. Tu me montreras ces p’tits durs de l’East End et on leur fera pousser les sourcils ou s’agiter les oreilles s’ils nous embêtent, dit-il en riant. Mais faudra que tu viennes faire un tour chez moi, aux prochaines vacances d’hiver… vous avez pas un vrai hiver ici et faudrait que tu puisses voir à quoi ça ressemble, par chez nous.

La fillette n'avait pas la moindre idée de qui pouvait être Albéric Grunnion. Encore un de ces sorciers dont elle oublierait le nom aussi vite que le chocolat serait descendu dans son estomac.

Son ami semblait enthousiaste à l'idée de passer un peu de temps chez elle. Page en fut ravie. Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait proposé si soudainement de venir la voir à Londres. Mais une chose était sûre, ils passeraient certainement de très bons moments ensemble. Et puis, ça la changerait un peu de voir son ami hors de Poudlard. Elle pourrait lui présenter sa famille et les quelques amis qu'elle avait dans son quartier. Il pourrait dormir dans leur chambre et elle lui ferait visiter un peu la capitale !

- J'enverrai un hibou à ma mère pour lui demander si tu peux venir. Ca sera bien !

A son tour, Daneel l'invita à passer quelque temps chez lui. Certains auraient pu croire que c'était par politesse en retour à son invitation, mais la petite rousse savait qu'il n'en était rien et que c'était sincère.

- Ben... On a pas beaucoup d'argent alors l'avion ça va être compliqué, tu sais.

Mais Page s'illumina soudain. Après tout, elle vivait maintenant dans le monde magique et elle disposait maintenant de nombreuses solutions alternatives pour ce qu'elle avait l'habitude de faire. Par exemple voyager.

- Oh, mais j'y pense, peut-être qu'on pourrait transplaner avec un adulte pour aller chez toi... Ou bien peut-être qu'il y a des Portoloins entre ton froid pays et ma ville pluvieuse.

Avec une de ces solutions, Page était sûre de pouvoir rendre visite à son ami. La Magie venait pour une fois à son secours !

- En tous cas, tu trouves que les hivers ne sont pas très froids ici... moi je trouve que c'est déjà pas mal, renchérit-elle dans un sourire. La prochaine fois, faudra que je prévoie un pyjama en fourrure pour venir discuter avec toi !

La fillette commençait effectivement à ressentir les effets du froid malgré sa cape... Le tissu de son pyjama n'était pas très épais, et cela commençait à faire quelques temps qu'ils étaient dehors.

Ah ! L’argent… Daneel n’était pas issu d’une famille riche mais ses parents étaient assez aisés, surtout vivant dans un monde moldu dont la monnaie même pas ensorcelée était si facile à faire en un simple tour de baguette. Daneel avait compris cela pendant les vacances ou son père s’était exécuté devant lui pour produire de l’argent moldu. C’était fascinant.

« Mais n’essaye même pas avec de l’argent sorcier, par contre. Tu verrais très rapidement que toute magie n’est pas amusante. »

Il regarda de nouveau le bandage qui recouvrait le bras blessé de Page et l’effleura de son pouce. Non… décidément, toute magie n’était pas amusante. Il était désolé pour elle que ses parents n’aient pas beaucoup d’argent. Chaque fois qu’il était confronté à ce genre de situation, il se détestait un peu lui-même pour avoir droit a ce confort alors que d’autres devaient vivre plus modestement ou à la rue. S’il aurait pu, il aurait produit assez d’argent moldu pour que tous les sans-abris du Byward Market aient de quoi se payer un appartement neuf.
Mais il n’avait pas les talents magiques nécessaires pour fabriquer de l’argent moldu comme cela. En tout cas, pas encore. Un jour il y arriverait.

Alors qu’il réfléchissait à la magie qui pourrait être une solution à cette pauvreté, Page présentait des utilisations de cette magie pour les problèmes qui les concernaient plus précisément. L’avion ! Mais oui ! C’était tellement surfait, l’avion ! Tellement surévalué ! Daneel eut un large sourire et il se sentit très enthousiaste à l’idée.

- Oui ! Pour transplaner et même un port-o-loin… Mais c’est génial, c’est vrai ! Bon, alors ce sera sans problème. C’est certain que mes parents voudront et je suis sur qu’ils seront super contents de te rencontrer et de voir que t’es mon amie !

Daneel jeta un coup d’œil autour de lui comme pour vérifier d’où pouvait bien venir le froid dont son amie parlait. C’était frais, comme soirée, mais loin d’être froid. En fait, il était bien.

- Un pyjama de fourrure, répéta-t-il en riant doucement. Veux-tu que je te prêtes mon coat ?

Il retira sa veste de cuir et l'offrit à la rouquine, insistant si elle en venait à oser décliner. Il fit mine de réfléchir un instant et prit un air plus sérieux.

- En fait, aimerais-tu mieux qu’on rentre au château ? Déjà, je crois que ce serait plus sage vu l’heure et l’autre affreuse qui rôde tout le temps…

Brrr ! Rien que de penser au crapaud rosâtre fit baisser la température de quelques degrés autour de Daneel. Quelle affreuse bonne femme. Elle devait sûrement être en train d’astiquer tous ses portraits de chats, la vieille conne. Si elle finissait bientôt, probablement qu’elle irait faire un tour du château, ses gros yeux de batracien scrutant chaque recoin et chaque ombre de tous les couloirs.