A sa grande surprise, le jeune noble reçu par le hibou du soir un paquet lui étant destiné. Impatient, il en avait néanmoins patienter d'être dans sa chambre avant d'ouvrir le paquet. Ce qu'il contenait l'émerveilla tant qu'il se décida sans tarder à l'employer. Il s'agissait d'une superbe lunette d'astronomie aux couleurs de la maison Gatween-Lupticut, noire et rousse.

Se couvrant d'une cape suffisamment chaude et confortable elle aussi portant le blason familial, une tête de renard sur fond noir, de manière à ce qu'une fois la cape fermée, le blason se trouvait sur le coeur de son porteur. Ni trop grand ni trop petit, il en était pour autant un fort réconfort pour Stan, emmitouflé dans sa cape noire à l'extérieur et ceinte d'un velours roux au dedans.

C'est paré de la sorte que le jeune Serpentard se mit en route pour la tour d'astronomie, désirant ardemment expérimenter son récent cadeau.

*Il ne faudra pas que j'oublie d'envoyer une lettre à père afin de le remercier.*

Le trajet jusqu'à la tour ne fut point long et ce n'est seulement une fois sur place que le vert et argent sortit précautionneusement la lunette de son écrin en cuir souple. Il s'agissait réellement d'une oeuvre d'art, taillée dans un métal rare, les lentilles n'en étaient pas moins magiques permettant une vision de bien meilleure qualité ainsi qu'une portée plus importante que des lentilles communes.

C'est avec émerveillement que Stanislas observa les étoiles et c'est subjugué qu'il apprécia la couleur des étoiles et du ciel dans son ensemble.

- C'est magnifique !

Tout à son oeuvre, le jeune serpent ne s'occupait nullement du monde réel et c'est avec extase qu'il s'immergea dans la magnificence de la voûte céleste.

Lynn fut surprise par le ton charmant qu'utilisa le jeune homme qui s'excusa lui-même de l'avoir effrayée.

- Ho, ce n'est rien...

Le jeune garçon lui sourit et se présenta galamment. Surprise, Lynn ne put que répondre:

- Lynn... Lynn Bower...

Il la dévisagea pendant quelques instants et Lynn finit par se diriger vers la fenêtre. Elle pensait que le garçon ne s'occuperait plus d'elle, mais sa voix s'éleva de nouveau. Elle tourna la tête pour le voir lui proposer un lunette d'astronomie afin de profiter de la vue:

- C'est très gentil mais... je ne voudrais pas...

Il sourit à nouveau, arguant que cela l'aiderait peut-être à oublier sa journée. La jolie lionne regarda la lunette puis Stanislas:

- Vous êtes sûr...?

Doucement, sa main vint entourer le petit appareil.

- Merci...

Elle leva les yeux au ciel et après un dernier regard incertain à Stanislas, elle posa son oeil contre la lunette.

Ce qu'elle y vit lui coupa le souffle.

- C'est... magnifique.... murmura-t-elle.

Pendant quelques instants elle observa les étoiles et finit par se sentir un peu mieux.

Elle se força à détourner les yeux et rendit la lunette à son propriétaire.

- Merci. Répéta-t-elle d'une voix un peu plus sereine. Je crois que c'est ce dont j'avais besoin. Rien n'est plus apaisant qu'un ciel étoilé...

Lorsqu'elle lui rendit la lunette de vue, il la pria de la garder, disant qu'elle en avait plus besoin que lui. Elle sourit et déclina son offre:

- C'est gentil, mais ca ira... je ne veux pas vous en priver. Et puis, la vue est très belle même sans cela...

Il semblait avoir vu immédiatement à quel point elle se sentait mal. Se maudissant d'être aussi transparente, elle releva la tête et sourit, bien décidée à effacer toute traces de tristesse de son visage.

Il prit une voix compatissante et lui assura que si elle désirait parler, il était là, avant de préciser que si elle préferait qu'il s'en aille elle n'avait qu'à le dire.

- Ho non ! Surtout pas ! C'est moi qui vous ai interrompu ! Je m'en voudrais de gâcher votre soirée. Quant au reste... je crois que je préfère oublier toute cette histoire pour l'instant !

Oui, car elle ne pourrait pas indefiniment faire comme si de rien n'était... Cette journée avait été un véritable cauchemar...

Elle glissa une longue mèche de cheveux noirs derrière son oreille et sentit le regard de Stanislas sur elle:

- Merci d'être aussi gentil... je crois pas que j'aurais supporté une nouvelle dispute...

Lynn s'adossa au mur pour se laisser glisser au sol et reposa sa tête sur la pierre froide, les yeux fermés:

- Cet endroit est si calme... on pourrait presque croire qu'il est coupé du monde... Je vais peut-être m'installer ici... ajouta-t-elle avec un rire sans joie.

Elle leva les yeux vers lui avec un sourire d'excuse:

- Tu... vous, se reprit-elle. Vous devez me trouver étrange. Je suis un peu perturbée ce soir. Je m'en excuse, je fais une compagnie déplorable...

Voyant que Lynn n'accepta pas de nouveau la lunette, Stan n'insista point dans cette voie. Au contraire il approuva quant au fait que la vue restait féerique sans avoir recours à la moindre lentille.

- En effet, j'en avais parlé à mon père cet été, j'avais cru que comme d'habitude il ne m'avait aucunement écouté, mais apparemment ce n'était point le cas, car je viens de recevoir cette merveille de sa part, dit-il en montrant la lunette.

Et murmurant pour lui-même il ajouta :

- Cet homme est une véritable énigme...

Puis dirigeant à nouveau son regard sur la jeune fille il lui sourit quand elle lui déclara qu'elle ne voulait point lui gâcher la soirée.

- Comment voudriez-vous donc galvauder cette soirée. J'étais seul en train d'admirer les étoiles et je me retrouve en compagnie d'une damoiselle tout ce qu'il y a des plus charmante. Il me semble que vous vous mésestimez ma chère.

Passant son poids sur l'autre jambe afin de mieux faire circuler son sang dans son organisme, il écouta la ravissante miss Bower le remercier d'être si gentil. Une légère rougeur le saisissant, il s'exclama :

- Vous êtes bien la première personne à dire de moi que je suis gentil. En général j'ai plutôt droit aux moqueries et autres insultes en rapport à ma manière de m'exprimer. Mais je vous en remercie du fond du coeur.

Alors que la jeune fille s'installait contre le mur par terre en déclarant sa soudaine envie de s'y installer un moment et de profiter de la majesté du lieu. Le jeune noble dégrafa sa cape, la déposa sur le sol et la montrant de la main déclara :

- La magnificence du lieu n'en serait-elle pas moins harmonieuse sans la froideur de la pierre ?

Puis en montrant l'espace au sol près de la jeune fille il sollicita :

- Vous permettez ?

Lorsque Lynn lui exprima le fait quelle était désoler de paraître si paradoxale et qu'elle devait être d'une bien piètre compagnie, le jeune renard rétorqua, un sourire gracieux aux lèvres :

- Je vous en prie, si vous voulez me tutoyer n'hésitez point. Et je vous le répète, votre compagnie est des plus agréables. Mystérieuse certes, mais ce n'est là qu'un point à ajouter à votre charme mademoiselle.

Reprenant sa respiration et se tournant à nouveau vers la jeune fille, Stanislas se voulut d'ajouter :

- Mais peut-être suis-je totalement à côté de la plaque à vous tenir ainsi compagnie, n'hésitez pas à me dire si je vous gène. Ma fréquentation peut être des plus ennuyeuses, j'en ai bien conscience. Vous devez vous demander : "Qui est donc ce garçon qui prend ses grands airs ?". Mais je veux que vous sachiez qu'il ne s'agit aucunement de mes intentions.

Lynn écouta Stanislas parler du cadeau de son père et sourit tristement. Il ne fallait pas compter sur son propre père pour les cadeaux... les rares qu'il faisait n'étaient destinés qu'à blesser celui ou celle qui les recevait. Elle en avait eu la preuve le matin même...

Il lui assura ensuite qu'elle ne le gênait pas du tout et qu'au contraire il la trouvait charmante. Elle se mit à rire et secoua la tête:

- Je crois que c'est vous qui me surestimez !

Il la remercia ensuite de son compliment, précisant que cela ne lui arrivait pas souvent.

- Je paris que vous êtes à Serpentard... dit-elle amusée.

C'était la première idée qui lui était venu. Cela était bien sûr lié en partie à sa façon de s'exprimer -elle était consciente que la plupart des descendants des grandes familles de sorciers étaient à Serpentard- mais il n'y avait pas que cela. Quelque chose qu'elle ne parvenait pas à expliquer.

Surprise, elle le regarda enlever sa cape et la mettre sur le sol pour qu'elle s'y installe. Elle rougit et secoua la tête:

- Non, merci, ca ira, c'est très gentil mais ce n'est pas la peine. Tu...enfin vous pouvez vous asseoir !

Il s'installa et il lui affirma qu'elle pouvait le tutoyer:

- Seulement si vous en faites de même... cela me gênerait que vous continuiez à me vouvoyer...

Cela lui donnait l'impression qu'il lui donnait une importance qu'elle ne méritait pas. Et peu de choses pouvaient l'embarasser davantage.

Il répéta que sa compagnie était agréable et que le mystère qui l'entourait ne la rendait que plus charmante. Un soupir désabusé s'échappa de ses lèvres et elle haussa les épaules:

- Vous ne diriez pas cela si vous saviez... Dit-elle avec un sourire résigné. Et non, votre compagnie ne me dérange pas. Je n'aime pas juger les gens... vous avez une façon un peu inhabituelle de vous comporter, mais je sais combien il est difficile de se soustraire à son éducation...

Oui, elle avait mit près de deux ans à comprendre que son père avait tort, qu'elle n'était pas une moins que rien, qu'elle ne méritait pas ce qu'il lui avait fait, qu'elle avait le droit, elle aussi, au bonheur... Le chemin avait été long, et encore aujourd'hui, certaines de ses phrases résonnaient dans son esprit, l'empêchant d'agir et de vivre comme elle l'aurait souhaité... et comme elle le méritait...

Lynn serra ses genoux contre elle, réalisant que le cas de son compagnon d'un soir était peut-être quelque peu différent:

- Enfin... peut-être ne souhaitez vous pas y échapper... Après tout, le principal est que cela vous convienne...

Le jeune renard en était toujours à réfléchir au sérieux complexe d'infériorité dont était atteinte Lynn lorsque celle-ci lui déclara subitement qu'il était surement de la maison Serpentard. D'abord désorienté, Stan se rattrapa néanmoins rapidement.

- Je suis effectivement, au sein de cette école, un membre de la maison Serpentard. Mais j'appartiens en réalité et en premier lieu à la maison Gatween-Lupticut. Cette histoire de maisons à Poudlard n'est bonne qu'à créer des dissensions là où il n'y aurait aucune raison d'en avoir.

Peu après, alors qu'il étendait sa cape à même le sol, la jeune fille déclina son offre et lui offrit de s'asseoir. S'installant tout de même sur un morceau de son habit, il s'exclama :

- Je vous en remercie et si jamais le froid vous incommode, je réitère ma proposition à propos de la cape.

Le jeune noble se sentait bien ainsi, assis à même le sol dans ce lieu si paisible.

*Il est vrai que cette tour possède un pouvoir particulier...*

A sa demande de le tutoyer, Lynn lui rétorqua qu'elle le ferait si lui en faisait de même.

- Si le vouvoiement te dérange alors je ferais en sorte que cela cesse, dit-il en souriant.

Sans toutefois finir sa phrase, la jeune miss Bower lui expliqua qu'il ne jugerait pas sa compagnie aussi plaisante s'il savait. Quant au sujet du mystère, Stanislas l'ignorait toujours. Mais aussi la jeune fille lui avoua que sa compagnie ne la dérangeait pas. Et qu'elle ne le jugeait point à propos de ses manières, prenant en compte une éducation difficile à soustraire. Le jeune garçon à l'emblème noir et roux eût le soupçon qu'il y avait du vécut derrière ces mots, mais ne voulut aucunement si appuyer comme une valeur sûre.

- Tu es une des premières personne dans cette école à sembler comprendre ma situation. La plupart des gens disent, ils ne se contentent même pas de penser, que je parle ainsi parce que je me crois être quelqu'un de supérieur, que je ne désire pas me mêler à eux. En vérité, c'est plutôt eux qui sont infectés par le mal qu'ils m'imputent, à toujours se faire des a priori sur les gens qu'ils ne connaissent pas sur le simple motif de leurs origines ou manières. Je n'ai pas demandé d'être né noble, pourtant je ne m'en prends à personne même ce n'est pas facile tous les jours. Excuse-moi, je m'étends un peu trop sur ma vie.

Se tournant vers la jeune fille, Stan lui demanda d'un sourire innocent :

- Et toi, pourquoi viens-tu en ce lieu, seulement pour la vue où il y a autre chose ? Sans bien sûr vouloir me montrer indiscret, je précise...

Lynn acquiesça, songeuse, lorsque Stanislas déclara que les maisons ne faisaient que créer des conflits mais elle n'ajouta rien. Si lui n'y accordait pas d'importance, alors elle n'avait rien à craindre.

Il s'installa finalement près d'elle, sur un morceau de sa cape et lui rappela que si jamais elle avait froid elle pouvait changer d'avis. Elle le remercia d'un sourire et prit note de la proposition.

Alors que le vouvoiement commençait à lui poser quelques problèmes, il l'encouragea à le tutoyer ce qu'elle accepta s'il en faisait de même. Il lui sourit et lui assura qu'il ferait en sorte de la mettre à l'aise.

Le jeune garçon confirma les dires et pensées de la rouge et or concernant ses origines et son éducation et Lynn secoua la tête lorsqu'il s'excusa:

- Non, je comprends.... je comprends ce que tu vis, et ta façon de voir les choses. Ce n'est pas facile... d'être différent.... ou de se sentir différent... Tu peux t'étendre autant que tu veux sur ta vie, ce n'est pas moi qui te jugerait...

La question, bien loin d'être innocente, qu'il lui posa ensuite la fit soupirer légèrement. Elle finit par le regarder, un sourire désabusé sur les lèvres:

- Surtout pour la vue... mais elle a l'avantage de me faire oublier, quelques instants du moins, ce qui ne va pas chez moi...

Elle secoua la tête, comme pour chasser ces pensées et demanda:

- Et toi, tu n'es venu que pour essayer ta lunette ? C'est la première fois ou tu as déjà enfreint le règlement à d'autres occasions ? Demanda-t-elle avec un sourire malicieux, faisant référence au fait qu'ils venaient tout deux de largement dépasser le couvre-feu.

Stan passait une fort bonne soirée, il trouvait Lynn des plus plaisantes compagnies et cette tour d'astronomie était un lieu charmant tel qu'on en oublié le temps. De plus, cela était là un fait rare, la jeune fille était très compréhensive pour une sorcière. Cela le changeait de tous ces ploucs qui se moquaient volontiers de ceux ignorants qui était le batteur gaucher de l'équipe de quidditch de Biélorussie. Ce genre de personne qui étalait volontiers sa culture magique, mais pour ce qui était du vrai monde ils étaient ignorants, le dédaignant. Et après on le traitait lui d'aristocrate hautain. Paradoxal...

Sa voisine lui incitant de parler un peu de sa vie, il se lança :

- Très bien si tu insistes, dit-il d'un clin d'oeil. Il n'y a pas grand-chose à dire en fait, comme tu as due le deviner j'appartiens à une famille noble, ou du moins ce qu'il en reste. Ma mère morte et moi enfant unique, je suis le seul avenir possible pour perpétrer le blason familial. En effet mon père ne risque pas de se remarier, depuis la mort de maman il est...

Préférant ne pas s'aventurer sur ce terrain glissant, le jeune noble préféra changer de sujet.

- Du fait que l'unique espoir de la famille repose sur moi, il y a de fortes chances que mon père me choisisse une épouse de bonne famille, l'argent ne nous manquant pas, il se tournera sûrement vers l'aristocratie et non la riche bourgeoisie. D'ailleurs cette simple lunette aux couleurs familiales est probablement un rappel à l'ordre afin de ne pas oublier qui je suis.

Reprenant sa respiration et s'affichant un sourire forcé, il ajouta :

- Voilà les joies de la haute aristocratie...

Revenant à la damoiselle il se fit la remarque qu'elle semblait toujours cacher quelque chose et se refusait à le dévoiler, il ne fit pas de pas dans cette direction. Alors, la jeune fille lui demanda à son tour ce qu'il faisait là et s'il était habitué à enfreindre le règlement. D'abord étonné, le jeune renard se fendit d'un sourire espiègle.

- Au diable les règles, les lois sont établies afin d'êtres mieux contournées. Puis affichant une mine résignée, pour ce qui est de ma présence en ces lieux, euh... Tu te rappelles mon discours sur ces personnes qui me jugent sans me connaître réellement ? Et bien pour être franc, je pense qu'il en existe un "nid" dans mon dortoir. Enfin c'est une longue histoire, ils m'ont fait quelques sales coups, de mon côté je me contente d'ignorer tout simplement ces minables.

Se munissant finalement d'un sourire courtois il déclama :

- Rien de bien fameux en fait, je suis venu en ce lieu poétique pour éviter mon dortoir rustre...

Comme elle le lui avait demandé, Stanislas parla un peu de lui. Elle apprit qu'il avait également perdu sa mère et elle imagina qu'il avait du recevoir le même genre d'éducation que celle de ses frères.

Leur père qui n'aspirait qu'à monter toujours plus haut dans la hierarchie du Ministère, et qui parviendrait bientôt à ses fins, avait veillé à ce que ses fils aient les meilleures manières qui soient, pour que leur entrée dans le grand monde soit la plus aisée possible.

Quant à elle, elle n'avait qu'à se contenter d'être silencieuse et invisible et tout le monde serait content... Elle se demandait s'il en était de même dans la véritable aristocratie sorcière. A en juger par les propos du serpent, à qui on octoierait une épouse avec pour seule considération sa famille et sa classe sociale, ce n'était pas beaucoup mieux...

Elle poussa un soupir. Décidemment le monde sorcier était rempli d'idiots... Lynn se demandait s'il en était de même chez les moldus...
Probablement... la bêtise touchait toutes les êtres, humains ou non, avec ou sans pouvoir magique...

Un rappel à l'ordre...

C'était exactement ce qu'elle avait reçu le matin même en guise de cadeau d'anniversaire. Pour ne pas oublier qui elle était... qui IL était, ce qu'il avait fait, ce qu'il pourrait recommencer... elle ne devait jamais oublier ça... la tranquilité d'esprit ne semblait pas lui être un jour accessible....

- Je connais ça... murmura-t-elle, même si son histoire à elle était quelque peu différente.

Elle lui demanda ensuite s'il lui arrivait souvent d'enfreindre le reglement et il sourit, arguant que les regles étaient faites pour être transgressées -elle ne put qu'aquiescer- avant d'expliquer que son dortoir ressemblait plus à un nid de vipères qu'à un charmant lieu de repos.

- Ce n'est pas de chance... sourit-elle. Mes compagnes de dortoir sont adorables... mais j'ai simplement parfois besoin d'être un peu seule loin de leur bavardages....

Elle sourit tristement au serpent et ajouta:

- Surtout ce soir...

Les douzes coups de minuit resonnèrent soudain et elle poussa un soupir de soulagement:

- J'ai cru que cette satanée journée ne finirait jamais...

Elle secoua la tête et souffla, plus pour elle même que pour son compagnement:

- Je ne veux plus jamais fêter mon anniversaire... c'est definitivement la pire journée de l'année...

En réponse à sa déclaration sur ses voisins de dortoirs, Lynn déclara au jeune noble que ses propres camarades étaient très agréables. Mais la raison pour laquelle elle se trouvait en ce lieu en présence de Stanislas était tout simplement qu'elle désirait s'éloigner de leurs discussions.

- Tu as bien de la chance pour tes voisines, les personnes sympathiques que j'ai pu fréquenter depuis mon arrivée à Poudlard l'année dernière se comptent sur les doigts de la main.

Puis ravalant un sourire las qui lui venait aux lèvres il s'interrogea soudain sur les dernières paroles de la jeune fille.

*Pourquoi surtout ce soir, est-ce que...*

Alors que les cloches sonnaient minuit, la jeune miss Bower poussa un soupir comme si elle retenait sa respiration depuis un moment et s'exclama qu'elle était lasse de cette journée. Avant qu'il put poser la moindre question, Lynn rajouta qu'elle détestait les anniversaires. Comprenant en partie le soulagement vis-à-vis des douze coups de minuit, le jeune renard déclara :

- Sans m'enorgueillir de la moindre prétention, je devine en partie ton problème. Je suis du même avis que toi à propos des anniversaires, il ne s'agit là que d'un jour de plus dans une vie. La plupart des gens s'imaginent que du jour au lendemain ils gagnent un an et de là vont s'obliger à changer d'un coup. Ils n'ont pas compris que c'est avec le temps que l'expérience vient et non avec les années, qui est une notion humaine après tout.

Reprenant son souffle, le jeune renard ajouta :

- Excuse moi je m'emporte, mais il s'agit là de mon point de vue sur les anniversaires.

Il commençait réellement à se faire tard, mais Stan n'en avait cure. La tour d'astronomie résonnait seulement du discours de la jeune fille. Stan c'était emporté sur ses vues à propos des anniversaires, mais le problème de Lynn semblait tout autre. D'après ses dires une personne tierce qu'elle aspirée à oublier ne cessait de se rappeler à elle à chacun de ses anniversaires.

- La vie est assez vicieuse. Elle aime à nous jouer des tours et s'adapte admirablement bien selon la situation. Cela peut-être comme dans ton cas, l'impossibilité d'oublier quelqu'un, mais aussi cela peut-être, comme dans mon cas, l'impossibilité de se souvenir d'un être aimé perdu.

Morose Stan se décidât de passer à autre chose. Cela faisait à présent environ six années que sa mère avait cessée de vivre, il avait beau essayer de repenser à ses moments si précieux avec elle, mais ils s'éclipsaient au fur et à mesure qu'il vieillissait. Les années allaient inexorablement et les vestiges de sa mémoire étaient balayés par le vent du temps. Se détendant d'un sourire, il improvisa :

- Mais étant donné que c'était ton anniversaire, je dois alors t'offrir quelque chose.

Se plongeant dans ses pensées, le jeune noble chercha activement quelque chose qu'il avait sous la main et qu'il pourrait donner à sa toute nouvelle camarade. Il n'avait aucune idée de ce qu'une jeune fille de son âge pourrait apprécier, par quoi elle pourrait être choquée ou ce qui la laisserait indifférente. Soudain il eut une idée !

*Il y a bien cette broche à tête de renard que je tiens de père.*

S'emparant de la-dites broche dans la poche de sa veste, il l'en sortit et la tendit à la demoiselle.

- Voilà pour toi, comme ça si tu es triste tu n'auras qu'à la regarder afin de repenser à cette soirée. J'en aurai pour ma part de bons souvenirs.

Le jeune renard glissa le bijou en argent dans la main de Lynn et la referma.

- Bien évidemment, si tu refusais cela me blesserai.