Le temps que l’inconnu arrive à sa hauteur Absynthe avait pivoté sur ses talons pour lui faire pleinement face puisque apparemment il n’allait pas se contenter de traverser la ruelle mais comptait venir…faire un brin de causette avec elle ? Au premier coup d’œil la jeune femme comprit qu’il était vain d’espérer qu’il s’agisse de l’âme charitable qui la sortirait de ce labyrinthe de ruelles sans nom. D’une manière générale elle ne croyait pas en l’altruisme et n’attendait rien qui puisse ressembler à de l’amabilité de la part de gens vêtus comme des corbeaux, plus encore lorsqu’il dissimulait leur visage à l’ombre d’un capuchon. D'un autre côté elle aussi était déguisée en ombre nocturne mais cela ne voulait pas dire qu'elle était à mettre dans le même sac. Elle s'était juste pliée aux coutumes locales pour mieux s'intégrer...

Oui c’était un cliché, elle avait un esprit obtus et fermé mais elle avait le pressentiment que cet homme en noir n’était pas là pour lui faciliter la vie. Et son pressentiment devint une réalité lorsque celui-ci se campa en face d’elle à même pas une longueur de bras, soit bien moins loin de sa précieuse petite personne que ce que dictait la décence la plus élémentaire.
Mais apparemment les convenances faisaient parties des choses sur lesquels il devaient s’asseoir et il tenait à le lui faire savoir.

*Plaisant début très cher. C’est un naturel ou bien c’est moi qui le vaux bien ?*

Absynthe ne répondit pas tout de suite et se contenta de faire un pas en arrière pour toiser l’inconnu, un sourcil relevé comme si elle venait de trouver un crapaud verruqueux au milieu de son parterre de fleurs rarissimes. Elle aurait voulu troquer son air revêche contre au moins un semblant de sourire mais son extraordinaire tentative de faire contre mauvaise fortune joyeux visage se solda par une moue dénigrante qui n’aurait même pas suffit à abuser une vieille bigote astigmate.
Non qu’elle se soit soudain ressentit l’envie de faire risette au dernier des sorciers de bas étage qui engorgeaient ces rues, bien au contraire. Mais son pragmatisme lui soufflait qu’il était relativement difficile d’intimider par sa hargne quelqu’un qui faisait une bonne tête de plus qu’elle et qui était potentiellement un sorcier capable de lui mettre les pieds par-dessus la tête d’un seul mot. Dans le cas où ce sorcier potentiellement capable avait de l’humour plein le chaudron bien sûr…

-Eh bien…

Les mains toujours croisées dans son dos Syn lui jeta un coup d’œil par en dessous. Que pouvait-elle bien lui dire ? La vérité ? Elle n’était pas sûre d’aimer ce mot, la vérité était souvent ennuyeuse et dans son cas assez défavorable. Elle aurait pu se dévoiler sans en mourir de honte bien sûr, l’opinion des autres étant une notion assez secondaire dans son esprit. Voire tertiaire étant donné que pour se soucier de leurs opinions il faudrait déjà se soucier de ces "autres"...

Mais encore une fois elle n’en avait pas envie. Absynthe était de ces caractères agréables qui croyaient en l’égalité. Lorsqu’elle était de mauvaise humeur elle ne voyait pas de raisons pour que les autres ne le soient pas également.

-Je suis là où j’ai envie d’être, merci. , déclara-t-elle d’une voix neutre comme pour lui demander de lui faire léviter le sel.

Elle toucha le bout de sa baguette de ses doigts, plus tendue qu’elle ne se l’avouait et essayait de prendre la mesure de ce qui pourrait suivre. Elle n’aimait pas agir de front et espérait ne pas y être forcée, mais n'osait plus souhaiter quoique ce soit au vu de sa situation actuelle.

-Serait ce mal de ma part ? :sifle:

Le cynisme d’Absynthe fut largement douché par l’indifférence dont faisait preuve le sorcier à son égard. Elle aurait pu lui annoncer qu’elle était la fille d’un éleveur de veracrasse et que sa mère faisait les poubelles pour leur trouver de quoi s’habiller qu’elle aurait eu plus de succès.
Elle posa les mains sur ses hanches se demandant la meilleur tactique à adopter devant quelqu’un d’aussi désespérant. Désespérant car il ne faisait pas preuve du respect qui lui était dû, mais en plus il lui jetait à la face ce qu’elle faisait de son mieux pour éloigner de ses pensées : si elle s’accrochait tant que ça à ses principes de fin de siècle c’était justement parce qu’elle n’avait plus que ça pour s’empêcher de sombrer dans la neurasthénie. Et par les heures sombres que vivaient sa famille elle était loin d’avoir le temps pour le spleen inconsolable. De toute façon ce n’était pas son genre de pleurnicher sur son sort. Elle préférait s’enorgueillir de ce qu’elle possédait déjà. Et son rang avait au moins le mérite de lui être acquis ad vitam æternam. C’était une de ces garanties de la vie aussi vrai que 2 et 2 font 4 et que les rouquins sont toujours affligés d’une tare congénitale qui les empêchent de gagner leur vie et de passer pour autre chose que des clowns…

Etre traité de sotte lui était égale. Elle savait parfaitement que son intelligence acérée ferait passer Dumbledore pour un troll des montagnes, mais...Cet homme…C’était comme s’il lui disait qu’elle aurait du être bazardée avec les autres antiquités à exposer dans un musée comme dernier vestige d’un monde à bout de souffle et dédié aux morts. D’un autre coté ce n’était guère étonnant de sa part. Il devait probablement être au mieux d’ascendance mêlée et ce n’était pas facile d’admettre qu’on arriverait jamais à se hisser au niveau des meilleurs parce que la fortune nous avait cloué plus bas que terre à la naissance. Et qu’il ne serait jamais plus qu’un serviteur juste parce qu‘il avait manqué de chance.

*Trop triste.*

-C’est-ce qu'ils disent tous…Les laissés pour compte et les autres esclaves ainsi que tout ceux qui n'ont pas la force d‘assumer leur destiné. C’est tellement affreux de se dire que tout se joue avant sa naissance, non ?

La jeune femme se déplaça légèrement sur le coté tout en gardant un œil sur le sorcier bien que sa vue lui soit maintenant un sujet de colère pour lui-même et non plus parce qu’il tombait au mauvais moment.

-C'est typique de ceux de basse extraction de vouloir contrôler leur vie, mais en fait il s’agit du privilège d'une élite mon ch…

La jeune femme s’immobilisa soudain et posa un œil nouveau sur l’inconnu qui venait de retirer sa capuche de son visage laissant la demoiselle sans voix. Non pas qu’elle se trouva en pamoison devant la "mâle beauté" inscrite dans les traits du sorcier, il s‘agissait plutôt d‘un saisissement extrêmement désagréable. Son visage lui était familier. Un peu trop même.

-On s'est déjà vu quelque part non ?

Et tout se précipita dans l’esprit de la sorcière le moindre défaut de Syn n’étant pas la paranoïa…

-Ça y est ! Vous travaillez pour Lotharius ! Vous me suivez ?! Combien de fois je dois vous le dire !? Je ne fais pas ce genre de chose à moins de 500 Gallions et encore je me tranche la gorge ! Vous n'allez pas me harceler indéfiniment si ?! Et même si vous venez de la part de votre ami le père Noël qui se glisse par les cheminées c'est niet ! Il n'avait qu'à rentrer par la porte comme tout le monde et il serait encore regardable à l'heure qu’il est ! Ses rémunérations il peut se les mettre en pendentif !

C’était ce qui s’appelait plonger le bras jusqu’au coude dans le chaudron. Toujours et encore magistrale en toute situation...Mais la cadette des Morden ne s'attarda pas tant sur les révélations qu'elle venait de faire. L'inconnu n'était personne pour elle et il ne pourrait donc pas lui nuire. Toutefois...
Absynthe resta un instant interdite et suspicieuse à dévisager le sorcier sans nom. Elle se rapprocha même de lui pour ce que cela changeait. Que ce soit à dix mètres ou à vingt centimètres s’il devait lui lancer un sort la distance ne changerait rien. Et s’il avait vraiment été d’humeur si belliqueuse il aurait sans doute déjà fait feu. Un reste de galanterie dans toute cette rusticité ? Au moins n’était il pas encore au niveau des déchets issus de la fange de ces bas quartier qui la reluquait même avec une triple superposition de capes et de robes. Quoi qu’elle puisse en dire c’était un soulagement même si quelque chose la chiffonnait affreusement chez ce sorcier sans parvenir à mettre le doigt dessus. Un de ces aurors le cœur plein de bondieuseries jouant les caméléons infiltrés ? Pourquoi pas.

-Oh ? Tu es sûr ? Parce qu’ici…Bon admettons…

Elle n’était pas convaincue mais préféra garder ses soupçons pour elle. D’autant plus qu’il lui donna bien vite autre chose à penser. Même si elle devrait le mépriser à vie, cet homme avait au moins l’étrange propriété de la faire passer par tout un spectre d’émotions contradictoires en un temps record.

*Roo ! Pas encore ! "Mon Domaine", "mon domaine" ! C’est agaçant.*

-……

*Mais...Mon domaine ?!*

La jeune femme se fendit d’un sourire déjà plus réussi que tantôt et se rapprocha encore du sorcier à tel point quelle pût poser une main sur son épaule, presque timidement. Elle lui aurait bien pris le visage entre les mains pour l’obliger à lui faire face mais ce n’était pas tellement bon pour entamer des relations diplomatiques. Il était toujours possible de tout rattraper et la douceur était le masque qu’elle portait le mieux.

- Dois je comprendre que vous êtes le seigneur de ces lieux ? Celui devant qui toute la vermine grouillante des ruelles s’incline et s'en va ramper dans les coins d’ombre sans demander son reste ?

Le sourire d’Absynthe s’élargit de lui-même et elle retira sa main de l’épaule du sorcier pour passer derrière lui, comme le vautour qui jauge sa proie. Elle réapparu le menton posé sur l’autre épaule du peut-être-plus-pour-longtemps-inconnu, cherchant ses yeux des siens.

-Et mon mystérieux seigneur a-t-il un nom ?

Syn faisait de son mieux pour paraître enjouée sans trop sembler alléchée par la possibilité qu’elle entrevoyait déjà. Lorsqu’elle parlait de son domaine le terme avait une signification bien précise dans son esprit. Propriété, puissance, noblesse et accessoirement richesse autant de termes résumé en un mot : Allié. Même si ces manières demeuraient un peu rustre et qu’il n’avait pas déroulé le tapis rouge à sa vue et qu’elle ne voyait aucune excuse pour cela, sa réaction n’était-elle pas celle dîtes du maître en sa demeure ?
Même si son empire grisâtre et sale que constituait l’Allée des Embrumes n’était pas des plus reluisant Absynthe naviguait dans ces eaux troubles depuis déjà assez longtemps pour savoir le pouvoir que donnerait la main mise sur un tel lieu. Un pouvoir d’influence cachée semblable à celui du marionnettiste qui tirait les ficelles.
La sorcière se recula un peu le sourire toujours aux lèvres espérant ne pas se démener en pure perte. Rien ne l’énervant autant que la perte de temps.

*C'est tout de même bizarre. J'ai l'impression d'avoir déjà croisée ce regard et chez moi en plus...Un bâtard d'un domestique ?*

L’attitude d’Absynthe Morden avait changé du tout au tout. Elle était devenue plus sympathique et à parésent, elle le vouvoyait. Lucius n’aimait pas ce changement si soudain, ni la main posée sur son épaule qui le mit encore plus sur ses gardes. Il regardait la main d’Absynthe de ses yeux noirs menaçants. Il comprit très vite la stratégie de la jeune femme. Elle ne pouvait pas renier ses origines. Elle était bien une Morden. Prête à jouer la carte de la diplomatie pour en tirer un avantage.
Les Morden faisaient tout par intérêt. Le fait qu’elle le vouvoie, c’est parce qu’elle comprit que c’était lui qui avait rendu déserte cette contre-allée et qui effrayait la plupart des commerçants de l’Allée des Embrumes. Langue fourche, hypocrisie, mièvreries et autres techniques pouvant amadouer l’individu dont ils se servaient, étaient utilisés par les Morden pour arriver à leurs fins. La sœur du père de Lucius utilisait même ses charmes pour parvenir à son but.

*Méfie-toi d’elle ou tu vas te faire plumer comme un pigeon.*

La petite voix intérieure le prévint d’un futur danger s’il se laissait abuser par Absynthe. D’habitude, elle s’exprimait rarement mais elle fut réveillée par la jeune femme qui avait posée sa tête sur l’épaule du mangemort. Pour la première fois, Lucius croisa le regard de sa cousine et remarqua sa beauté. Pendant quelques instants, il en fut troublé. Il revoyait sa tante dans sa jeunesse avant qu’elle sombre dans la folie. Elle voulait connaître son identité, ce qui fit sourire le mangemort.

Mon nom ne t’apportera rien mais je me prénomme Lucius.

Il continauait à la tutoyer pour la défier encore un peu. Il n’avait pas l’intention de donner son nom, c’était beaucoup trop tôt. Elle se serait sentit en confiance s’il lui avait révélé qui il était pour deux raisons. La première, c’est qu’il aurait répondu à sa question et elle aurait pris un ascendant sur lui tandis que là, il savait ce qu’il faisait. La deuxième, Absynthe aurait essayé de tirer avantage de son nom. Pourtant, même s’il n’avait plus tellement envie de la « corriger » d’être dans son domaine, il ne pouvait supporter l’idée qu’elle sache que c’était un Morden. « C’était » car aujourd’hui, son nom n’avait plus d’importance, il n’était plus qu’un mangemort.

La jeune femme le regarda, l’examina et devait sans doute se poser des questions sur lui. Il savait qu’elle avait remarqué un air de famille mais elle ne s’en était pas encore rendue compte. Elle cherchait une lointaine connaissance qu’elle aurait oubliée au lieu de tout simplement admettre que le sorcier qu’elle a dénigré n’était autre que son cousin. Bien sûr, le fait de cacher son identité à la jeune Morden de France, l’amusait beaucoup.

Que cherches-tu ?

Cette question était vague mais c’était ce que Lucius voulait. Il allait voir comment elle allait réagir et surtout ce qu’elle allait répondre. Que cache t’elle ? Et pourquoi est-elle venue à Londres ? Pour le rencontrer ou pour se refaire une « virginité » étant donné qu’ici, personne ne la connaissait ?

Au chapitre des révélations palpitantes la jeune femme en fut pour ses frais. C’est à peine si elle avait sentie un léger trouble chez le sorcier qui l’encouragea à poursuivre sur la voie diplomatique. Au moins ne lui avait-il pas pointé sa baguette entre les deux yeux pour la forcer à s’éloigner de lui, ce qui voulait dire que même s’il avait conscience du "danger" il pensait encore rester maître de la situation pour la laisser faire son petit numéro. Un indice certain de ses capacités ou de son arrogance ? Il allait falloir mener son jeu un peu plus subtilement si elle voulait vraiment le forcer à mettre bas les masques. En croisant les doigts bien fort pour qu’il y ait une personnalité quelconque derrière ce masque et pas un simple pion épris des sommets, un larbin mégalomane tout juste bon à faire des commissions. Entrain de se payer sa tête qui plus est.
Ayant du mal à relever les yeux de son nombril cinq secondes, dire ce qui se passait dans la tête d’autrui n’était ni sa spécialité ni dans ses intérêts. Autant dire qu’Absynthe puisait dans des trésors de patience avec Lucius. Mais un but en tête Syn était fort heureusement imperméable aux petites provocations. Sans être totalement sourde. Et elle avait une excellente mémoire.

-Lucius ?

La jeune femme afficha un sourire ravi comme si pouvoir enfin poser un prénom sur le visage de son interlocuteur allait illuminer sa journée. Pourtant une impression tout simplement irritante culminait dans son esprit.

*S’il ne donne pas son nom de famille c’est qu’il n’en a peut-être pas…Comme le dernier des orphelins sans le sous.*

Au moins ce n’était ni "Paul", ni "Rémi" ni "Edward" ni aucun autre nom à consonances désagréablement moldues. Même si elle ne pouvait pas vraiment se baser sur ça pour affirmer sa fréquentabilité c’était encourageant.

-Votre nom ne m’apporterait rien…ou vous refusez simplement de me le donner ? Oh, mais cela ne fait rien !, s’empressa-t-elle d’ajouter avec un geste de la main, seulement je vais finir par croire que tout ce mystère dissimule une timidité innatendue et touchante…ou un dangereux criminel.

Normalement un gloussement d’oiselle minaudante était de mise pour ponctuer pareille déclaration mais Absynthe ne put trouver assez de force en elle pour produire autre chose qu’un sourire de collégienne face à son idole. Il lui était vraiment pénible de devoir jouer la carte de la donzelle évaporée lorsque tout son naturel lui soufflait de coller sa baguette dans le nez de cet avard en révélations et de récupérer toutes les informations qu’elle voudrait par la force. Triste vie. Mais il n’était pas dit qu’elle doive avouer la vérité toute nue quand lui ne le faisait pas. Qui avait-il de plus inoffensif qu’une gentille jeune fille rendant visite à un vieil oncle nécessiteux ?

-Ce que je cherche ? Mmm…En fait je suis venue prendre des nouvelles de mon oncle, Morgus Morden. Je ne cherche que le bien être des miens aussi éloignés soient-il…

La jeune femme ne parlait pas tant en terme de distance qu’en terme de qualité. On ne mélangeait pas les sangsues avec les vrais prédateurs. Syn avait pris le premier nom rejaillit de son subconscient histoire de donner un cachet de crédibilité à son histoire. De ce qu’elle en savait les Morden d’Angleterre n’étaient peut-être pas reluisant mais elle les imaginait très bien nichés dans ce genre de quartier et peut-être même tenir le rôle de la mascotte du pauvre. Pensée ironique de sa part si elle se référait à sa propre situation sur la pente glissante de la ruine.

*Espérons que nous ne sommes justement pas condamnés à suivre le même chemin…*

*Nom de….Pourquoi est-ce que ceux qui vivent sans gloire se refont une célébrité avec leur mort ?!*

Ce nom Absynthe l’avait attrapé dans une causerie sans vraiment y faire attention et elle l’avait re-balancé dans la conversation comme on remettrait en jeu un prix de moindre importance. Et apparemment il s’agissait d’une grossière erreur. Comme un faux pas au bal des débutantes. Le coin de ses lèvres s’affaissa dans cette mimique si caractéristique qui veut dire à elle seule "Raa encore raté, mais pourquoi j’ai jamais de bol nom d’un gnome unijambiste !". Bien trop saisie par sa maladresse la jeune femme n’eut pas le réflexe d’analyser la réaction furtive du sorcier qui semblait en rapport avec feu son oncle.
Syn réfléchit à toute vitesse, se recomposant un visage moins vite que Lucius mais de toute façon cela n’avait plus d’importance et il ne lui restait que la carte du cynisme à jouer.

-Bien. Il n’est jamais trop tard pour envoyer des fleurs. Je suis certaine que les siennes doivent être un peu fanées depuis tout ce temps.

Son ton était un peu raide et sec. Elle se sentait comme le voleur prit la main dans le sac. Mais en tant que menteuse Absynthe ne se repentait pas d’avoir feint mais regrettait amèrement d’avoir été prise. D’autant plus que l’émotion passée une Grande question restait en suspend avec un point d’interrogation énorme qui tournoyait dans son l’esprit . D’où cet homme connaissait-il son oncle ? Etait-il de la même bande de charognard tout compte fait ? Ou utilisait-il Morgus comme serviteur de son vivant ? A la réflexion Lucius paressait un peu trop jeune pour avoir été le maître d’un vieux barbon, mais son expertise en datation des visages valait bien son sens de l’orientation alors...Mais, non trop jeune. Et se passer des pommades enchantées pour garder un teint frais et une peau de bébé n’était certainement pas le genre de la maison.

Citation :

Partez hors de ma vue et ne revenez jamais ici. La prochaine fois, je ne serais pas aussi clément et surtout pas avec une Morden.

*Comment ?*

-Comment ?

Syn releva un sourcil, encore plus surprise, avant de les froncer de colère puis de les plisser de suspicion pour enfin les stabiliser en mode normal : mépris indifférent. Elle perdait totalement pied et en dépit de toute sa fierté et de son arrogance qui la poussaient à garder la tête bien haute elle avait conscience de sa vulnérabilité. En vérité, elle se savait trop habituée à compter sur son nom pour assurer sa protection et ce seul rempart lui avait suffit durant toutes ces années. Que faire lorsque ce nom devenait ce pour quoi on la déconsidérait au lieu de la louer ?
Au mépris du bon sens elle croisa les bras dans un claquement de talon comme pour dire qu’elle ne bougerait pas, mais elle ne fit aucun geste pour se saisir de sa baguette cachée dans sa manche. Syn s’étoufferait sans doute dans sa présomption mais il lui semblait que Lucius ne lui ferait pas de mal , si elle ne versait pas d‘huile sur le feu. Il avait tout l’air de détester les Morden aussi irait-elle dans ce sens.

-Vous osez me juger ? Très cher, permettez moi de vous dire que quelque soit la mauvaise impression qu’ait pu vous laisser un sous membre de ma famille il n’y a pas de tâche indélébile qu’un vrai Morden ne saurait laver. Je n’ai rien à voir avec cette vermine que vous méprisez !

Absynthe s’interrompit lorsqu’elle sentit qu’elle s’énervait au-delà de ce qui avait été prévu. Elle se recomposa un sourire et tenta une nouvelle approche à l’amiable. Ce n’était pas le sens de la famille qui la poussait mais c’était son nom : à elle. Si elle aurait saisit la première occasion pour aller son chemin désormais elle voulait savoir ce qui n’allait pas avec cet homme. Elle dut faire un effort contre ses pulsions qui lui soufflaient de rabaisser encore un peu plus la capuche de Lucius jusqu’au milieu de son visage puisqu‘il semblait à nouveau vouloir disparaître dans ses ténèbres. Vieux réflexe des cours de récréation.

-Eh puis partir…Vous espérez que je vais vous offrir la cible de mon dos ? Et où irais je ? Je vous l’ai dit je ne suis pas d’ici et Londres est une grande ville.

En apparence : Je ne connais rien à cette ville qui puisse m’intéresser. A demi mot : Je suis perdue pauvre idiot, ramènes moi à la civilisation.

"Vous semblez mépriser les Morden d'Angleterre et pourtant vous cherchiez Morgus, vous êtes pleines de paradoxe."

Absynthe croisa les bras.

*Et encore…Je ne suis pas en forme.*

"Il se trouve qu'il reste encore un Morden à Londres mais j'ai bien peur qu'il ait autant d'ambition pour son nom que vous, vous en avez pour paraître sympathique envers les classes inférieures."

Absynthe releva les sourcils.

*Je sens que je vais m’énerver.*

"Quel dommage qu'il n'y ait que lui qui puisse vous aider en Angleterre. J'ai bien peur que vous ne soyez venu pour rien."

Absynthe fit la moue.

*Stop-top-top. ‘Faut s’arrêter, là.*

"Ce qui est encore plus regrettable, c'est que je sois la seule personne qui vienne ici et qui n'ait aucune intention de vous aider à retrouver votre chemin et qui sache où se trouve le fils de Morgus. Triste temps, triste époque."

Absynthe serra les dents.

*Ça y est.*

Une colère froide s’était peu à peu installée dans le cœur de la jeune femme. Le genre de colère à laquelle elle était habituée, presque perpétuelle chez elle. Cette colère que l’on contient, celle qui loin d’aveugler affûtait l’esprit comme une lame de couteau, coupante pour les autres tout antant que pour soit. Après des années passées à ce régime sans pouvoir cracher son venin comme elle l'avait toujours voulu, nul besoin de préciser que la petite cadette des Morden avait un esprit particulièrement tranchant à force de ruminations envenimées. Et depuis l'arrivée de cet homme elle ruminait depuis un peu trop longtemps à son goût. Elle avait déjà laissé filer trop d’occasions de se soulager l’esprit au cours de sa vie pour pouvoir en rater une de plus sans se faire exploser le coeur d'amertume. Ses regrets la rongeaient comme du vert-de-gris, condamnée à se taire ou à agir en silence. Et finalement pour quoi faire ?! A quoi cela servait-il ?! Obéir à des règles de bonté, d'honneur et de justice était bien loin de la faire se sentir meilleure. Et quand bien même, elle cédait depuis toujours à des principes étouffants qui ne signifiaient absolument rien pour elle.
La jeune femme se massa le front d’une main légèrement tremblotante signe avant coureur que ses nerfs tendus à se rompre peinaient de plus en plus à contenir sa rage glacée. Elle trouva néanmoins assez de maîtrise pour afficher un sourire forcé, une plaisanterie acide aux lèvres.

-Et dire que j’ai voulu voir des gens mourir pour moins que ça…

Elle releva les yeux vers Lucius et là c’est le drame et son cœur fit un bon terrible dans sa poitrine. La nonchalance incarnée. Cette même expression qui se peignait sur le visage inspide de sa soeur, à ceci près que les yeux de Callista brillaient toujours d'une insupportable compassion. A les lui arracher. Lui si calme lorsqu’elle était si agitée. Son expression de pur cynisme avait sur elle le même effet provocateur que la cape rouge sur le taureau harcelé. Ses pensées ordonnées à grande peine commencèrent à tourbillonner dans un mælström indistinct d’idées contradictoires. Syn ferma les yeux un instant., indifférente à tout ce qui pourrait bien lui arriver par ce manque d’attention inconsidéré. Il n’y avait que ses pensées chaotiques qui se tordaient dans tout les sens…Qui n’avaient plus de sens. Plus aucun. C’était comme tomber dans un grand précipice, tomber en tournoyant sans trouver de prise, tomber sous le joug de ses émotions qui la rendaient à moitié folle. ( je crois qu’on peut retirer le "à moitié" à ce stade ). Et le ressentiment se changea en fureur d’autant plus vive et haineuse qu’elle était irraisonnée.

-J’EN AI ASSEZ ! ENDOLORIS !

Instinctivement sa main s’était emparée de sa baguette d’un geste presque désespéré et s’était élancée de son propre chef vers celui qui avait inconsciemment et inconsidérément libéré toute cette rage : Lucius. Le sortilège franchit ses lèvres avant même qu’elle est pu réfléchir aux implications. Absynthe était bien au-delà de tout raisonnement logique désormais. Elle ne voulait qu’une chose, être libérée de ce qu’elle endurait, et il n’y avait qu’une seule solution à ça : Renvoyer à l’envoyeur le tourment qu’il lui causait.

[Même si elle est très énervée elle est aussi inexpérimentée ( et ne vise pas forcément très droit XD ) par rapport à Lucius. Tu as le droit de l’envoyer au tapis ]

Lucius sentit la colère monter d'un cran chez Absynthe qui essayait de se retenir malgré tout. Le mangemort n'hésita pas à la pousser de plus en plus à son énervement afin qu'elle laisse échapper toute sa haine. Il se rappela de son enfance lorsque son père l'avait poussé à ne pas refouler sa colère mais au contraire à s'en servir. C'était lui qui avait inité Lucius à utiliser le sortilège Doloris mais il ne s'en était jamais utilisé contre un humain jusqu'au jour où Voldemort lui fit passer l'épreuve pour devenir mangemort.
Il sentit que la jeune femme était sur le point d'exploser et il en rajouta une couche que tout sa colère éclate enfin. Bien sûr, ça pouvait être dangereux. Elle pourrait très bien utilsier le sortilège de mort si elle le voulait et ça en serait peut-être fini de Lucius mais il aimait prendre des risques. La rage qu'elle ressentait, pouvait aveugler son jugement et la pousser à faire des erreurs. C'est ce que le mangemort recherchait. Il voulait la mettre face à ses faiblesses et ses limites. lui prouver qu'un nom ne suffisait pas à faire un sorcier puissant mais au contraire, à l'avilir. Pour lui, lorsque lorsqu'un sorcier a un nom, il était obligé de faire honneur à ce nom sans prouver réellement ça vrai valeur. Tandis qu'à l'inverse de Lucius, il ne recherchait pas la gloire mais juste à être le meilleur derrière son maître mais aussi derrière Bellatrix. Elle avait très bien compris qu'être une Black n'était pas un gage de qualité. Ce sont ses actions qui font sa renommée et non sa lignée.

Absynthe sortit sa baguette et prononça immédiatelement le sortilège qu'elle voulait infliger à Lucius. Ce dernier eut tout jsute le temps de mettre la main à sa baguette mais pas de se protéger. Par chance, la jeune femme aveuglée par sa colère, rata de peu le mangemort qui lui, n'en resta pas là. Il pointa sa baguette sur la jeune femme qui avait baissée sa garde.

Expelliarmus !

Ce mot résonna dans totue la contre-allée et il se passa une chose à laquelle Lucius ne s'attendait pas. En plus de désarmer son adversaire, Absynthe fut projeté dix mètres plus loin et se retrouva sur le ventre après une pirouette. Le mangemort avait prononcé cette formule avec tant de férocité que les effets du sortilège furent décuplés. La baguette d'Absynthe atterit dans la main du dernier Morden d'Angleterre. Il poussa un soupir et avança prudemment vers la jeune femme, les deux baguettes pointées sur elle.

*Tue-là, elle ne t'apportera que des ennuis si tu la laisses en vie. Finis-en une bonne fois pour toute.*

L'idée ne déplut pas à Lucius qui sentait l'envie grandir en lui. Tout d'abord, il avait envie de la faire souffrir, de la tourmenter puis de la tuer. Plus il s'approchait d'elle, plus il avait envie de la voir souffrir comme il aurait aimé voir souffrir tous ceux de sa famille.
Il distinguait clairement le visage d'Absynthe qui avait les yeux fermés. Elle semblait si paisible et en perdait même le côté Morden. Elle était sans défense, inconsciente et la tuer dans cette position serait se rabaisser au niveau des canailles qui grouillent à l'Allée des Embrumes, se disait-il. Mais au fond de lui, la vraie raison qu'il le poussait à ne pas la tuer c'est parce que c'était une Morden et qu'il espérait qu'elle change. Pas comme lui, qui était désormais un mangemort mais comme un sorcier de sang-pur qui ne se soucierait pas d'appartenir à une noble famille mais qui aiderait autrui sans distinction que ce soit un sorcier de parents moldus ou un descendant d'une haute lignée.

Lucius posa la baguette de la jeune femme près de sa main puis il s'assit un mètre plus loin, en face d'elle et sa baguette sur les genoux. Il attendrait qu'elle se réveille et il espérait qu'elle serait calmée pour entamer peut-être, une nouvelle discussion.

Lorsque son sort manqua sa cible pour aller effriter le mur de brique Absynthe suffoquait littéralement de rage. Elle n’eut toutefois pas le temps de s’étouffer pour de bon car la riposte de Lucius ne se fit pas attendre. Syn aurait bien ri de la simplicité du sort que le sorcier jugea habile de lui envoyer à la face si elle ne s’était trouvée projeter en arrière par le rayon du sortilège qui la toucha en pleine poitrine. Sans trop savoir comment elle se réceptionna à plat ventre, ses coudes heurtant le sol mais empêchèrent sa tête d’aller s’y cogner. Ce qui ne changea de toute façon rien à l’affaire car la violence de la réception lui coupa littéralement le souffle achevant de lui asphyxier le cerveau, sa fureur se transformant en surprise incrédule. Elle jeta un coup d’œil haineux au vainqueur derrière les mèches épars de ses cheveux qui lui tombaient à moitié sur le visage. Elle aurait voulu lui cracher une insulte mais sa vue se brouilla, la tête lui tournait de plus en plus et en un quart de seconde elle sombra dans l’inconscience.

*Idiote.*

Mais même dans les éthers, une nausée s’était emparée de la jeune femme et sa tête tourbillonnait d’un petit air de musique forain qui lui parvenait comme un lointain écho, souvenir de son enfance et de sa famille. Des tâches de couleurs piquetèrent l’écran noir de sa conscience, de plus en plus vives et de plus en plus nombreuses. La demoiselle cilla légèrement des paupières. Les doigts de sa main droite se crispèrent sur un petit bout de bois imaginèrent.

*Ma baguette !*

Absynthe se redressa d’un coup en position assise, ce qu’elle regretta immédiatement lorsqu’un élancement lui parcouru tout l’abdomen. Elle croisa les bras sur son ventre, ne comprenant pas vraiment ce qu’elle faisait là assise sur le sol humide, les cheveux en désordre et la robe entachée. Elle s’essuya la joue qui avait touché les pavés d’un revers de manche et tenta de rassembler ses esprits, anxieuse et perdue…Jusqu’à ce que son regard se pose sur Lucius…qui n’avait fait qu’attendre son réveil ?

Les traits d’Absynthe se crispèrent à nouveau de rage et elle serra les poings la mémoire lui revenant brusquement. Cette maudite allée, cet homme suffisant, laquais ou puissant, qui l’avait mit dans une colère noire, prête à lui faire prendre tout les risques pour s’offrir son agonie. Puis son visage redevint lisse et ses sourcils s’arquèrent en souverain mépris, mais au fond d'elle-même elle était véritablement euphorique. Elle était en vie ! Elle ne savait quel miracle avait retenu la main du sorcier, mais elle respirait toujours ! Il y avait donc de l’espoir. Eut-elle possédé un caractère semblable à sa sœur qu’elle se serait très certainement répandue en remerciement sur la mansuétude de cet homme et l’âme éperdue de gratitude elle lui aurait offert sa vie pour avoir épargné la sienne.
Mais Absynthe était tout simplement…ébahie de sa chance insensée et accessoirement regrettait de l’avoir raté de si peu. Peut-être était-il bien de ceux qui n’osaient s’en prendre aux faibles femmes même lorsqu’elles se changeaient en fauve féroce ? Ou bien il ne l’avait gardé en vie que parce qu’il était un détraqué porté sur le sadisme…Auquel cas l’issue serait plus douloureuse mais elle s’en sortirait, la douleur physique ne l'atteignant pas comme la honte.
Toujours assise au sol la jeune femme pris une pose plus élégante comme pour bavarder à un pique nique et observa Lucius entre deux mèches de cheveux qu’elle n’avait pas remit en place. Si malgré toute son arrogance elle pouvait encore passer pour vulnérable c’était un bonus à saisir.

-Alors ?

Il fallut un temps à la jeune femme pour réellement comprendre les paroles de Lucius. Plus que les mots c’était le ton employé qui l’avait véritablement choquée. Ce n’était pas du tout le ton de quelqu’un qui s’était vu prendre pour cible d’un Doloris et qui tenait la fautive à sa merci. Pourquoi ne se vengeait-il pas ? Paradoxalement, ne voir aucun mépris ni courroux sur son visage mit la sorcière sur ses gardes aussi sûrement que s’il la tenait en joue.
Hautement sceptique quant à la bienveillance d’un habitué de l’Allée des Embrumes Absynthe prit un temps supplémentaire avant de répondre. Soit il s’agissait d’un imbécile ou d’un philanthrope, ce qui revenait au même, ou plus vraisemblablement il avait un intérêt à la garder en vie et à se gagner sa reconnaissance comme elle en avait à se montrer douce et amicale. Elle tenta d’évaluer le piège dans lequel elle était entrain de tomber, cherchant ce qui lui permettrait de reprendre l’ascendant mais elle ne voyait pas encore où son interlocuteur voulait en venir…A moins qu’il ne veuille jouer avec ses nerfs lui faisant miroiter l’absolution et l’indulgence pour ensuite mieux se venger.
Un rire dubitatif franchit ses lèvres jusqu’à ce qu’elle se rende compte que selon toute invraisemblance il lui tendait bel et bien la main.

-Tss ! Hinhinhin !……….C’est sérieux ? O_O

C’était à lui faire croire en Dieu. Sûrement le Très Haut cherchait-il à ramener une de ces brebis égarées sur les petits chemins de la pure morale et il lui envoyait un Séraphin déguisé en scélérat pour sa mission. Quête Désespérée.
Mais qu’elle que soit l’apparente…gentillesse à son égard dont faisait preuve cet homme Syn se sentait aussi vulnérable qu’un nouveau né sans sa baguette et la première étape pour elle était de s’en rapprocher. Elle réussit à se relever précautionneusement avec l’impression d’avoir le ventre lacéré .

*Il m’a vraiment pas loupé…*

Etouffant dans l’œuf la colère qui revenait à la charge elle repoussa ses cheveux de ses yeux et marcha jusqu’au sorcier, se laissant presque choir à côté de lui dans un froufroutement de sa robe. Et l’on pouvait même dire collée à lui. Elle posa la tête sur son épaule comme sur un oreiller, cherchant à détourner son attention sans avoir l'air de trop y toucher. Après tout elle aurait très bien pu lui être follement reconnaissante.

-Bon...Je suis venue à Londres pour…être tranquille. J’ai une sorte de…commerce ici dans l’Allée des Embrumes. Je savais vaguement que j’avais de la famille en Angleterre. Peut-être pas des plus recommandable, mais dont j’aurais pu me serv…Enfin qui auraient su avoir leur utili…Je veux dire…Oh puis zut, je cherchais avant tout un pare feu si vous suivez ma pensée…mais puisqu ils sont apparemment déjà sur le chemin de l’extinction et que le dernier encore en vie gambade dans la nature ça n’a plus d’importance. En vérité j’avais aussi un projet les concernant. Il faut dire que si l’on suit leur progression à travers les siècles ils n’ont pas l’air de savoir tirer profit de leur…potentiel ?

Voilà, elle avait lancé son hameçon désormais et n’aurait plus qu’à mouliner en fonction de la réponse car elle avait fini par traduire cette offre "d'aide" dans la langue Absynthienne ce qui donnait "suggestion de partenariat" . L’espérance d’un gain substantiel était bien la seule chose que comprenait les individus avec lesquels elle traitait et c'était la façon la plus sûre de s’attacher la loyauté d’Absynthe. Il allait sans dire que cette loyauté se plaçait toujours en fonction de ses avantages et pouvait donc varier assez rapidement.
Tout en parlant la jeune femme avait commencé à pianoter un air imaginaire sur le genoux de Lucius d’une main apparemment distraite mais ô combien proche de sa baguette qui ne semblait qu’attendre son retour dans les mains de sa légitime propriétaire. :sifle:

-C’est drôle quand vous me parlez comme ça j’ai vraiment l’impression de vous connaître depuis toujours, lança-t-elle sans réfléchir.

*Mais qu'est ce que je dis ? Belle improvisation en un sens. Douceâtre juste comme il faut.*

["Désespérement une Morden" ]

*Raté !*

Absynthe commençait à se dire que puisque Lucius s’était montré si compréhensif depuis quelques minutes elle aurait dû tenter le tout pour le tout et se jeter sur sa baguette comme un chien galeux sur un vieil os. Elle aurait risqué au pire un Tarantallegra…qui si elle se basait sur l’effet de l’Expelliarmus de tantôt lui aurait certainement déboîté les os.

*Finalement….*

Elle se força à faire montre d’un semblant de reconnaissance devant les attentions du sorcier, mais si elle avait déjà d’ordinaire du mal à sourire face à la gentillesse privée de sa baguette rien n’aurait pu la décrisper. Elle pesa le pour et le contre entre lécher la main ami ou la mordre un bon coup afin de récupérer l’instrument le plus vitale d’un magicien lorsque Lucius, fidèle à ce qui semblait être son naturel, embraya sur une demande qui fleurait bon la GAP = Grosse Arnaque pour Pigeon. Syn se fendit à nouveau d’un sourire ironique et lui répondu sur un ton ouvertement amusé. Comme tous les rebouteux véreux de l’Allée des Embrumes son cher "sans-nom" devait la prendre pour une naïve petite oiselle fraîchement débarquée au milieu des carnivores et facile à plumer.

-Huhum ! Je m’excuse très cher mais j’ai un énorme et méchant doute quant à votre soudaine sympathie…et je ne vois pas quelles garanties vous pourriez me donner, dans l’hypothèse plus qu’improbable où je vous ferais part de mon ébauche de projet, que vous n’alliez pas conclure une alliance avec notre ami le rescapé pour me laisser "sur la touche" comme on dit.

Il était toujours désagréable d’être dupé et escroqué, plus spécialement lorsque quelques piécettes permettraient d’entretenir pour quelques mois ou quelques semaines encore l’apparence du luxe et de l’abondance. Absynthe ne se sentait pas d'un grand dévouement envers les siens et n'était pas partante pour faire grand-chose qui pourrait leur rendre service. Mais leur envoyer de l’argent c’était sauver la face et donc sauver l’éclat de ce nom dont elle était si fière.

-C’est que je n’y tiens pas vraiment…

*Faites qu’aucun Dieux ne m’entendent !*

-… mais j’ai ma petite susceptibilité.

Pour le moment le seul point positif était que Lucius si elle en croyait ses paroles était réellement d’une certaine influence dans ce quartier. Premier bon point qui le rendait soudainement encore plus sympathique et qui valait bien toute la prévenance du monde. Elle n’avait donc pas eut tord d’amorcer un semblant d’entente. Ensuite elle rentrait en territoire quasi-connu et son bonheur était presque parfait au point de lui faire des remerciements sincères. Ajoutez à cela qu'il aurait certainement le moyen de retrouver ce cousin…dont elle ignorait jusqu’au nom.

*"Noble cause". Je le sens venir le coup du sans foi ni loi reconverti en humaniste. Faites que je me trompe. D'un autre côté...*

Elle s’accrocha à son bras en passant le coin de la rue comme elle l’aurait fait pour un vieil ami, mais elle cherchait surtout à entraver ses mouvements si jamais l’envie lui prenait de rejouer de la baguette pour la faire tout avouer. Sans la sienne elle doutait d’avoir la moindre chance à main nue néanmoins la jeune femme connaissait quelques "coups bas" qui lui permettraient peut-être de s’en sortir encore une fois.

*Avec ma chance naturelle.* 8)

-Mais puisque vous avez l’air de si bien connaître mon cousin pourquoi ne pas directement m’amener à lui que nous en discutions tous les trois ?

*Je dois dire que j’aimerais follement connaître l’étendu de son "potentiel". D’autant plus qu’il serait peut-être capable de te faire payer l’affront à ma place l'humaniste racheté.*

*Mais pourquoi RIEN ne se passe comme je voudrais ?!*

Si elle en avait eu l’occasion Syn aurait bien pris cinq minutes défaitistes pour s’asseoir dans un coin et insulter copieusement le monde et tout ses habitants qui mettaient un point d’honneur à ne jamais aller dans le seul sens valable : Le sien. Et après les gens se demandaient pourquoi ses sautes d’humeur et son acidité... A force de subir des contrariétés successives n’importe qui perdrait de sa bonhomie naturelle, même le grand Lord Voldemort devait parfois avoir des rêves d’évasion loin, très loin, sur une île déserte et paradisiaque et encore plus loin de ses demeurés de suivants qui n’avaient même pas été capable de le retrouver et de le ressusciter il y a de cela des années. La moralité de cette histoire, outre le fait que le monde était en pleine décomposition, était qu’il n’était plus possible de compter sur personne désormais et Absynthe ne se faisait d’ailleurs même pas confiance elle-même. La confiance c’était, stupide premièrement, et surtout réduire son espérance de vie d’un tiers.
Dans tout les cas Lucius suivait le reste de l’humanité et lui desservait un discours tout sauf encourageant, de quoi ramener un peu de soleil sur le visage d’Absynthe qui pila net et se raccrocha un peu plus à son bras faute de pouvoir lui sauter à la gorge pour lui demander un peu plus de coopération nom d‘un chien ! L’avenir était déjà à l’opposé de radieux alors en plus s’il se mettait à tracer des plans sur la comète en présageant des réactions de son cousin…

*Mais ils ne connaissent pas le conditionnel les britons ? Qu’est-ce que c’est ? Un télépathe peut-être ? Il veut se faire passer pour un devin ?*

L’expression polie de surprise inscrite sur le visage de la demoiselle n’était pas seulement dû au discours résolument catégorique du sorcier, mais aussi au fait que certains étaient près à n’importe quoi pour se donner un genre. L’ex professeur de Divination de la jeune femme avait lui aussi une façon de parler à marquer dans les annales : non seulement il parlait par allégories mais en plus il inventait des mots qu’il plaçait au hasard de la phrase ce qui donnait des idioties du genre "L’oiseau de l’espérance tabutée s’écorchera aux épines de la fenêtre à guillotine". Cependant lorsqu’elle avait passé ses examens Syn avait copié cette technique, n’ayant rien à perdre dans cette matière, et elle s’était vu recevoir haut la main avec un Optimal parfaitement usurpé. Les gens aimaient être mystifiés. Pas elle. Elle ne résista pas lorsque Lucius lui retira son bras et elle se contenta de le fixer d’un œil ouvertement dubitatif, les mains sur les hanches alors qu‘il découvrait son visage. Avec un certain cynisme elle se fit la réflexion qu’il était sur le point de lui faire une révélation capitale

"Il n'a pas confiance en vous et votre petit stratagème pour m'amadouer ne l'incite pas à vous faire confiance."

-Mais qui vivra verr…………

Syn cligna des yeux comme pour faire une mise au point sur le visage de Lucius et l’associer au sens de ses mots.

*Ô douce ironie compagne de ma vie. *

-Je le SAVAIS ! Vous êtes lui ! Et…Espèce de dingue ! Tu savais qui j’étais depuis le début et tu m’as dégommé comme même ! Taré !

L’être humain réagit différemment au malheur. Avec la cadette des Morden l’on pouvait affirmer que nous n’étions pas tous égaux face à la surprise. Surprise qui se transforma en indignation aussi vite qu’un dragon incendie une masure au toit de chaume. Pour elle en ce moment précis c'était "l'effet chaudron lesté de pierres en chute libre sur le dessus du crâne". Et pourtant ce n’était pas comme si la nouvelle était fracassante, elle avait eu des soupçons, reconnu partiellement des traits distinctifs qu’elle avait vu en peinture ou en photo et même sur d’autres membres de sa famille. En vérité Syn aurait été presque choquée de faire si peu attention aux siens qu’elle n’était même pas capable d’en reconnaître un quand elle l’avait sous le nez. Pas avec ses yeux mais de façon viscérale, pas non plus avec le cœur ça suffit les âneries, mais avec ce qu‘on appelait l‘instinct. Mais là non. Rien n’avait vibré en elle. Rien de rien de rien.
En tout cas si lui n’avait pas l’air joyeux des grandes retrouvailles Absynthe quant à elle avait la tête des histoires de famille, celles où les bibelots volent aux quatre coins de la pièce. Elle empoigna le col de Lucius pour l’amener à sa hauteur ou se hisser à la sienne ( au choix et selon le point de vu XD )

-C’est pas étonnant que tu sois le dernier si tu t’amuses à tirer sur tes parents ! Non mais c‘est incroyable ! Si en plus on se cogne entre nous on fêtera le prochain millénaire en tant que souvenir !

Ce n’était pas réellement le problème. Elle aussi avait envie de démolir sa sœur, sa mère, son frère quand il passait une fois tout les cinq ans, ses cousins, cousines et toute la tribu selon l’humeur et la fantaisie du jour. Mais elle trouvait impensable que les autres ne respectent pas cette règle de non agression frontale entres membres d’une même lignée. Si Lucius le prenait comme ça elle allait s’y mettre aussi. Y’a pas de raison

[HJ : J‘ai eu du mal à trouver le temps mais me revoilà ! ]

Encore "légèrement" énervée Syn serra les dents le temps que son parent lui desserve son petit speech moralisateur. Curieusement la jeune femme aurait pu jurer qu’elle avait entendu le même discours pas plus tard que la veille lorsqu‘elle s‘était prise de bec avec une harpie décrépie pour les derniers ventricules de dragons en solde…et il y avait à peine deux semaines lorsqu‘elle sortait de ce bouge immonde peuplé d‘imbéciles…et encore plus loin dans sa mémoire, pratiquement chaque jour qui l’avait vu se lever l’avait accompagné de cette tirade…dans des milliers d’autres bouches.
Perplexe Absynthe écouta Lucius sans broncher et l’on aurait pu croire que son humeur était redescendue dans le vert alors qu’elle était en fait en pleine réflexion. Il était toujours étrange et lourd de constater que le monde ne se renouvelait pas depuis qu’elle avait été capable de s’attirer ses premières remontrances, c’est-à-dire dès qu’elle avait été en âge de piquer les bonbons des autres enfants…Loin, très loin de se dire qu’il y avait tout compte fait de la vérité derrière ces mots la sorcière arbora le regard désespéré que l’on réserve aux gens désespérants. Ses bras à présent croisés, ses doigts commencèrent à pianoter sur ses manches signe extérieur de son exaspération. A l’entendre c’était elle la fautive dans cette histoire…Et bien sûr Absynthe n’était jamais fautive de quoi que ce soit et elle allait le prouver une fois de plus. Ses pensées tourbillonnaient en sens unique sur l’idée fixe du moment "Vite quelque chose pour ma défense !" et la cadette des Morden savait qu‘elle pouvait leur faire confiance pour se sortir de là.

-Mais…Mais moi je ne savais pas que tu faisais partie de la famille ! , répliqua-t-elle un index rageur brandit vers le nez du sorcier, presque à le frôler.

*Non mais ! *

Par contre la suite des mots de son parent ne tomba dans l’oreille d’une sourde. Rien de surprenant à cela. Tout ce qui concernait sa propre chance et sa propre mortalité figurait en bonnes places parmi les principaux sujets d’intérêts de la demoiselle. Juste entre faire Fortune, et l’on oublie pas la majuscule, et se venger le plus salement possible de toutes les crasses qu’on lui avait faites depuis le berceau.
Un sourire irrépressible fleurit sur le visage de la brune jeune femme alors qu’elle entrevoyait déjà toute les possibilités qui s’offraient à elle avec une machine de guerre comme le cousin Lucius pour dégager les idiots poussifs qui encombraient son sentier de la réussite.

*"A ta place, j'aurais tué n'importe quelle autre personne qui aurait tenté de me faire du mal"…Cher cœur j’y veillerais !*

Syn était tellement de bonne humeur sur la fin qu’elle aurait même été prête à s’excuser de son mauvais caractère. Elle n’en aurait pas cru un mot mais les gens ADORAIRENT ce mensonge…Et pardonnaient comme des imbéciles au lieu de se venger comme des êtres intelligents. Notre virtuose des relations sociales improvisa donc une petite phrase d’excuse toute plate avant de passer aux choses sérieuses et à son projet. Elle amorça un mouvement en arrière…

-Bien. Après tout c’est vrai que j’ai tendance à m’énerver trop v…

Syn n’eut même pas le temps de crier qu’elle se retrouva à basculer dans le vide avec cette sensation atroce au creux du ventre, celle qui vous saisissait lorsque vous ratiez stupidement une marche. Or la surprise était double, voir triple, pour Absynte car si il y avait une chose dont elle était sûre c’était de l’immuabilité de la surface du sol. Et jusqu’à nouvel ordre elle s’était trouvée les deux pieds bien par terre. Aussi grande que fut sa stupeur la française n’oublia pourtant pas de se raccrocher aux vêtements de son cousin avant d’être à plus d’une portée de bras.

[HJ : Cadeau tu peux décider de son destin XD Si tu es vraiment sadique elle peut s‘étaler tout de seule au sol, à moins que Lucius ne plonge avec elle sur le pavé si ses propres pieds n‘adhère pas assez au sol pour les retenir :sifle: ]