[ Pas de problème ]

Le soupir que la jeune inconnue lâcha alors que Cybèle lui adressait son sourire le plus mièvre et agréable la rassura. Peut-être la croyait-elle. Et c’était toujours ca de gagné. La jeune femme qui lui faisait face lui intima de ne pas la vouvoyer car elle-même ne le ferait pas, et la jeune étudiante lui répondit par un haussement d’épaule.

« Comme tu veux… » Lâcha-t-elle, d’un ton plus ironique qu’elle ne l’aurait voulu, en insistant sur le tu.

Jouer l’ironie n’était pas exactement ce qu’avait prévu la jeune étudiante au départ, mais en fin de compte, et malgré la situation précaire, Cybèle ne pouvait retenir son caractère belliqueux et vif. L’étrangère se redressa de toute sa taille, et elle faisait quelques centimètres de plus que l’étudiante, peut-être pour l’impressionner ce qui resta sans effet. Le visage de la jeune femme lui disait quelque chose, mais elle était bien incapable de resituer le contexte où elle avait déjà aperçu cette femme.

Elle ne s’en souvint que lorsque l’inconnue lui offrit gracieusement son prénom. Helena… Oui, bien sur ! Poudlard ! Serpentard, évidement. Pendant ses sept années de scolarité, Cybèle ne pensait pas lui avoir adressé seulement une fois la parole, rebutée par son air froid et la jugeant ainsi sans intérêt. Amusant de la retrouver ici, en cette nuit, dans ce lieu. La jeune femme esquissa un sourire presque joyeux, alors qu’elle rappelait à Helena les conditions de leur première rencontre, sans savoir si elle avait déjà deviné qui elle était.

« Oh, tu as fait tes études à Poudlard, toi aussi, n’est-ce pas ? Nous devions être de la même année, il me semble. Toi chez les Serpents, moi chez les Griffons. », Dit-elle, soulignant au passage leurs différences de maison et certainement de caractère.

Ce n’était que l’année dernière, et pourtant cela semblait déjà loin. Avec l’UMA, tout ce changement de vie, il lui semblait que ces belles années à l’école de magie de Poudlard étaient déjà bien lointaines. Puis, plus par jeu que par réelle nécessité de temps, Cybèle se décida à lui poser encore une question dont la réponse était si évidente qu’elle en paraissait idiote.

« Et alors, tu as poursuivi tes études ? Tu fais une formation ? Laquelle ? »

La jeune étudiante cacha habilement son air moqueur. Oh, bien sur, elle se doutait que la jeune Helena n’allait pas à l’UMA, et elle ne la voyait pas exactement commencer des études d’auror par exemple. Tout à fait par exemple… La jeune femme s’avança soudain vers elle, son visage frôlant presque le sien, avant de lui chuchoter quelques mots. Les traits impassibles de l’ancienne Griffondor ne pouvait permettre à la Mangemorte de répondre à sa question, et Cybèle prit le temps de choisir ses mots.

Avait-elle peur ? Bien sur, un peu. Le courage des Griffons ne vaccinait pas contre ce sentiment, et il n’y aurait courage s’il n’y avait pas le peur. Pourtant, la jeune étudiante ne pouvait le lui dire ainsi, ce serait un signe de faiblesse qui pourrait lui être fatal. Car si Cybèle pensait qu’elle devait avoir à peu près le niveau d’Helena lorsqu’elles étaient sorties de POudlard, elle ne pouvait savoir quel entrainement elle avait vécu pendant ces quelques mois, et surtout, la jeune étudiante se savait bien incapable de prononcer le sort qui entrainerait inévitablement la mort de son adversaire. Si la jeune femme avait pour formation celle de médicomage, ce n’était pas par hasard. Tuer la répugnait.

« Bien sur que je fais semblant. Ton petit numéro d’intimidation n’aurait aucun intérêt si je restais de marbre, n’est ce pas ? »

Toujours son sale caractère, et cette ironie moqueuse qui avait souvent le don de mettre ses interlocuteur hors de soi. Ce n’était certainement pas prudent, mais Cybèle n’avait qu’une conception très relative de la prudence, et ce fut la raison pour laquelle la jeune étudiante laissa tomber dans un coin de son cerveau la peur qui l’étreignait doucement pour s’amuser encore un peu. Juste un peu. Histoire de connaitre les limites de la jeune femme.

Cybèle se pencha alors vers Helena dans la même position qu’elle avait prise, quelques instants plus tôt, pour lui souffler à son tour une question.

« Et toi, tu es une réelle méchante ? Ou tu te donnes simplement une contenance ? »

La jeune femme se redressa, replaçant une distance respectable entre leur deux corps, et lui adressa le même sourire mièvre que celui du début de leur conversation. C’était idiot, elle en était consciente, mais ne pouvait pas s’en empêcher. C’était trop tentant, et la jeune femme détestait suffisamment les mangemorts et ce qu’ils représentaient pour se sentir obliger de chercher à l’agacer.

Cybèle avait demandé d’un ton tout à fait innocent quelle voie avait choisie Helena, comme si elle ne se doutait de rien. Pourquoi ? Un peu de provocation, bien sur, mais surtout l’envie de savoir ce que son interlocutrice accepterait de lui révéler. Lui mentirait-elle ou lui avouerait-elle son véritable statut ? La réponse ne ce fit pas attendre, et malgré tout, Cybèle fut surprise de l’entendre confirmer avec autant d’assurance ses soupçons. Le doute n’était plus permit, elle était maintenant sure qu’Helena était devenue une mangemorte. Et si la jeune étudiante s’était attendue à cette révélation, elle n’en resta pas moins un choc qui ne se traduit sur son visage que car une légère, mais perceptible, contraction de ses lèvres.

« Te prendre pour une idiote ? Quelle idée… » Ironisa-t-elle, alors que Cybèle prenait réellement conscience de qui elle avait en face d’elle.

L’ironie était une excellente arme car elle permettait de cacher sa peur, sans que l’autre s’en aperçoive. Mais cette fois-ci, lorsqu’Helena s’approcha d’elle, et au regard qu’elle lui lança, Cybèle comprit que cela ne suffirait sans doute pas. Les yeux perçants de la mangemorte semblaient pouvoir deviner un peu de l’angoisse qu’elle éprouvait. La jeune étudiante prit alors soin de se calmer, ne laissant passer presque aucune de ses émotion, restant tout de même consciente que le peu de peur qui restait accessible à son interlocutrice suffirait largement à ce qu’elle comprenne que son assurance extérieur n’était pas exactement la vérité…

La blonde, à l’insulte à peine cachée de Cybèle, prit le temps de répondre. La jeune étudiante eut ainsi le temps de se demander si elle n’avait pas été trop loin, si elle n’avait pas déjà trouvé les limites de la jeune femme. Elle pensa que cela aurait été dommage car malgré le fait qu’elle avait peur, Cybèle s’amusait aussi de cette conversation, comme d’un jeu dangereux. Si Helena voulait vraiment la tuer, il y aurait longtemps qu’elle l’aurait fait, elle en était persuadée. Alors quoi ? Que voulait-elle ? L’intimider ? Lui faire passer un message ? Prendre des nouvelles de l’autre coté ? A peine eut elle achevé de se poser ces question que la Blonde répondait alors, affirmant sa méchanceté, achevant sa réplique sur quelques mots menaçants. Cybèle ne prit pas le temps de réfléchir pour répondre, et répondit d’une voix calme, agréable.

« Bien sur, je ne doute pas que tu renfermes de nombreuses autres choses que de la méchanceté. Je suis sure qu’en cherchant bien, on pourrait aussi trouver en toi un peu de bonté, de gentillesse, de mièvrerie, d’amour, qui sait… »

Sa voix avait prit à la fin un ton qui se voulait rassurant. Peu lui importait que l’ex Serpentard se mette en colère. Cybèle voulait connaitre les raisons qui faisaient qu’elle ne l’avait pas encore tué et qui la poussaient à continuer leur conversation. Le sourire sadique de la jeune mangemorte ne faisait qu’accentuer ce sentiment de curiosité assoiffant. Les personnages comme son interlocutrice n’étaient pas connu pour leur conversation futiles et leurs bavardages incessants. Il devait alors avoir une raison pour qu’Helena continue à papoter avec elle….

Cybèle y réfléchissait alors que la jeune femme lui posa une nouvelle question. Cybèle haussa un sourcil, étonnée par cette interrogation à laquelle elle ne s’attendait absolument pas. Si elle croyait Potter et au retour de ce mage Noir ? Etrange, de la part d’un de ses serviteurs non ?! Pourtant, la jeune étudiante ne s’attarda pas à répondre, et lui répliqua l’entière vérité. Ce qu’elle croyait et espérait à la fois. Si elle croyait au retour de ce sorcier de malheur ?

« Evidement que je le crois. Dumbledore avait toujours affirmé que votre maitre n’avait pas disparut pour toujours et qu’il reviendrait un jour où l’autre. Le jeune Diggory n’est pas mort pour le bon plaisir de Potter et pour qu’il puisse se mettre en avant en diffusant des mensonges… » La jeune étudiante haussa les épaules, d’un air presque nonchalant. « Alors oui, je crois Potter, et je suis sure du retour de ton très cher maitre…. Mais tu devrais être très certainement mieux informée que moi non ? A moins qu’on ne te juge pas assez importante pour ce genre de nouvelle ? »

Ton doucereux, signe de tête compatissante. Sourire moqueur. Ces nouvelles, elle les tenait d’élèves de Poudlard avec qui elle avait tenu contact, et était certaine de leur véracité. Elle avait cependant à nouveau provoqué son interlocutrice, dans le simple espoir de savoir ce qu’elle en pensait, dans l’idée que si elle se mettait en colère, elle pourrait bien lui confirmer cette nouvelle. A cette idée, un sourire ravi se dessina furtivement sur son visage, vite remplacé par un masque impassible.