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Prénom: Ilana
Age du personnage: 1500 ans.
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Précision: Je poste pour être une vampire. J'entends par là que ce n'est pas un vampire purement dans le buffyesque, le grotesque des créatures assoifées de sang. Je parle là de personnages rafinnés aux esprits ayant traversé l'Histoire, qui sont amoureux de la race humaine et qui s'y accrochent.
Une ombre se glissa furtivement dans la salle bondée du bar mal famé de l'avenue des embrumes. Encapuchonnée sous un lourd velours noir, elle traversa la salle rapidemment, presque trop pour qu'on puisse la détailler avec attention. S'asseyant plus loin, elle sortit une longue plume sombre et un papier de riche qualitée. Furtivement, ses mains de porcelaines rammenèrent une mèche d'or près de son visage dissimulé. Enfin, elle se pencha sur le parchemin et commença à écrire fébrilement, d'une longue et belle écriture gothique, ancienne, mais surtout maîtrisée depuis de nombreuses, innombrables années.
"A celui qui lira cet écrit, étant mon potentiel futur ennemi ou allié, je ne cache rien.
Mon nom est Ilana. Je n’ai pas de nom de famille, tout du moins je ne me souviens pas si j’en ai possédé un, un jour.
Je suis née en 488, du barbare Ostrogoth Odoacre et d’une de ses concubines, Ana. Je ne me souviens plus de ma mère non plus, le temps a effacé son souvenir de ma mémoire d’enfant.
Mais il me faut resituer le contexte pour que mon existence humaine puisse être comprise. Nous étions Ostrogoths, qui, en cette période de l’Histoire, avait conquis l’Italie et quelques régions du Sud-est de l’Europe. Mon père, qui était alors a la tête des armées, fut assassiné en 493 par Théodoric le Grand lui-même. J’avais alors 5 ans, d’où le peu de souvenirs que j’ai à propos de mon père, et à celui de ma mère, qui fut exilée près la mort d’Odoacre.
Je ne sais pour quelle obscure raison cet homme, qui m’avait arrachée à mes parents, garda une enfant de 5 ans à ses côtés, surtout celle de l’homme qu’il avait tué sans même un remord.
En cette époque la puissance des Ostrogoths était alors pleinement établie en Italie, Sicile, Dalmatie et dans les terres situées au nord de l'Italie, pays où je fus élevée dans les traditions germaniques mais aussi romaines, sous les impérieuses envies de mon tuteur. J’étais alors considérée comme la nièce de Théodoric et ce dernier mettait un point d’honneur a parfaire mon éducation. Il avait en cette époque l’age bien compté de 35 ans et était comme un père envers moi, s’occupant tantôt de ses affaires militaires, tantôt de ma petite personne satisfaite. Je n’ai jamais regretté mon vrai père, on ne m’en disait de toutes façons alors que du mal et des horreurs.
Ma jeunesse fut assez calme, ponctué par quelques guerres et quelques assassinats, rien de bien étonnant pour l’époque devrais-je dire. Nous, les goths (puisque, je tiens a le préciser, Théodoric avait presque réuni les Wisigoths et Ostrogoths sous leur ancienne nation, les goths.) étions les paisibles gardiens de Rome, occupant toute une partie du nord de l’Italie actuelle. Mais le souverain se prit se passion pour la culture Romaine et tenta de l’inculper à tout son peuple. Je me rappelle avoir appris à compter en chiffres Romains d’ailleurs, et Théodoric se faisait une joie de dire que j’étais l’exemple à suivre pour les autres enfants Goths du royaume. Il me semble que je fusse sa fille de substitution en quelque sorte, le malheureux étant stérile, j’étais son petit bijou. Il cédait à tous mes caprices, ne résistait pas à mes larmes. Etonnant, pour un barbare.
Les années s’écoulèrent lentement donc, comme je le disais. Jusqu’au soir où, écumant les ruelles d’une bourgade où nous nous étions arrêtés pour nous restaurer, je rencontrai un homme étrange qui se présenta sous le nom de Viktor. J’entretenais avec lui une discussion paisible, assis sur un banc à l’écart, durant toute la soirée. Il était grand, blond, les yeux marron et ses mains bougeaient sans cesse tandis qu’il me contait les légendes de son pays, l’Arménie. J’écoutai, passionnée par sa façon de bouger, de parler, de me regarder. Il était magnifique, étonnement étranger a tous les hommes que j’avais vus auparavant. Ses lèvres me paraissaient si douces dans leur demi-sourire oisif, tout en finesses. Il était noble de part son grade mais aussi de part sa conduite... J’étais naïve a l’époque, j’avais 20 ans, et le même physique je l’on me voit encore. Bernée par ses caresses, ses mots de velours et ses regards enflammés, je fondai sous ses charmes.
Il m’introduit cette nuit-là au don obscur sans me demander mon avis sur la question puis me laissa seule, sans explications et sans ressources, continuant sa route de voyageur nocturne. A partir de là, tant bien que mal, je tentais de cacher mon existence maudite aux yeux de mon père adoptif. J’étais malade, le soleil me donnait des nausées et je disais vouloir restée alitée à longueur de temps. Il n’y vit que du feu.
Théodoric mourut en 526. Les Wisigoth et les Ostrogoths se séparèrent a nouveau et le royaume bâtit déclina rapidement. Je restai cependant avec mon peuple, soutenant tant bien que mal les derniers résistants. Nous arrivâmes en 550 à Vérone, et je vis le dernier soulèvement d’hommes échouer sous mes yeux. Mais le nom des Ostrogoths tomba réellement dans l’oubli quelques années plus tard, en 561 après la capture de Widin, le dernier chef des armées Gothique. J’avais vu tout mon peuple, mon peuple chéri, sombrer, comme si j’étais une sombre chouette veillant sans bruits sur eux dans les ténèbres. Cette année marqua pour moi la fin de ma vie mortelle, à laquelle je m’accrochais encore en ces temps.
Durant les milles années qui suivirent je me gorgeai de voyages, de rencontres, de sang humain. Je développais mes capacités doucement mais sûrement.
Les ères se succédèrent sans faire de bruit. Le temps, comme un châle de soie, glissait sur ma peau mais jamais ne la corrompait. J’étais toujours belle. Belle à mourir, ma peau était lentement devenue blanche, de la couleur des porcelaines les plus pures. Mes yeux étaient si brillants, si éclatants que nul ne pouvait ignorer le maléfice de mon regard brûlant.
Aucun mortel ne pouvait détacher son regard de ma monstrueuse beauté, aucun mortel ne frémissait point lorsque je le touchais du bout de mes doigts gelés par ma mort éternelle. Ils étaient mes jouets, mes amours. Leur sang me menait à l’extase la plus intense à chaque gorgée, et lorsque eux-mêmes voyaient la mort les cueillir à l’instant fatal moi je sentais les dernières parcelles de mon humanité ruisseler sur leur plaie profonde, près de la carotide. Et à chaque nouvelle victime, je devenais un peu plus inhumaine, un peu plus horrible.
Mais se vautrer dans une telle luxure n’a plus de prix et ma vie n’est plus derrière moi. L’éternité peut paraître attrayante jusqu’au jour où l’on sait que l’on devrai l’endurer seul et sans autre compagnon que celui du temps qui passe et ronge tout ce qui vous faisait, sauf vous.
Cependant, j’appris durant ses longues errances sanglantes qu’existait un autre monde. Un autre monde peuplé de créatures légendaires, comme dans mes contes d’enfants, où j’étais blottie contre Théodoric tandis qu’il me contait les légendes des sorcières de nos contrées nordistes.
Une dernière corde pour me rattacher au passé, le dernier pont entre ce monde incompréhensible et mon humanité perdue se tenait devant moi. Sans hésiter, je m’enfermai des nuits entières dans les bibliothèques, lisant outrance tout ce qu’on pouvait m’apporter sur le monde magique. Et, après de nombreuses années d’érudition, je parvins à mon but, entrer chez ses sorciers. Comme une ombre, à nouveau, me glissait parmis eux, n’en tuait aucun et écoutait le plus de conversation possible. Je me nourrissais de leur mode de vie, sans qu’aucun ne put deviner qui j’étais réellement.
Moi, Ilana, je décidais de faire mien ce monde que je parvenais à comprendre avant que ce dernier ne me dépasse, comme avec celui des mortels.
Le temps était venu de m’entourer de partisans fiers et dévoués à ma cause, immortels ou non, ils le deviendraient avec le temps et mon enseignement.
Et ce temps, c'est le présent."
Satisfaite, elle ferma sa lettre et sortit de l'endroit sordide où elle avait élu domicile le temps d'écrire une lettre qui n'avait pas de destinataire...pour le moment. Le seigneur des tenêbres allait tout de même avoir ce message d'une façon ou d'une autre ... par elle, ou non.