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 La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)
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MessageSujet: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyMer 19 Juil - 8:26:40

Dehors il pleut, dehors il pleure. En cet après midi d’hiver, le temps maussade, grisâtre avait laissé enfin éclater sa rage, sa puissance, déchaînant les éléments, déversant ces eaux glaciales qui s’accumulaient déjà depuis longtemps au dessus du Château dans de gros culumus. En effet, de lourds nuages noires masquaient depuis une vingtaine de jours à peu près les rayons dorés du soleil aux regards de Poudlard. Il faisait froid, morbide et la transparence du liquide, la différence de milieu déformait la vision, anamorphosait les silhouettes et trompait la vigilance de ceux qui avaient l’intrépidité de s’aventurer en dehors des murs ancestrales du lieu. La violence de cette pluie diluvienne frappait avec force le sol de terre devenu boueux sous ses assauts tandis que pratiquement tout les élèves de Poudlard s’étaient réfugié à l’intérieur des murs de l’école. Pourtant la Serpentarde était dehors et des notes de musiques légères, profondes, meurtries flottaient sous cette pluie froide, glaciale s’élevant parmi les arbres imbibés, parmi le fracas de l’eau clair qui chutait avec violence du ciel. Comme un mélodie unique qui entonnait une plainte mutilée. Seule, trempée, murée de silence, ses lèvres se portaient sur cette instrument de bois tandis que ses doigts jouaient sur les trous creusés avec précision dans le précieux objet avec hargne, avec désespoir, comme le dernier lien qui la reliait encore à la vie. Pénombre était pratiquement immobile, vêtue d’un simple et sobre t-shirt à manche longue noir, au décolleté en V et d'un pantalon d’uniforme également noir, ses cheveux d’ébène étaient alourdis par l’eau et tombaient de toute leur longueur dans son dos. La brune jouait de la flûte traversière, le regard perdu, clos comme si rien n’existait à quelques centaines de mètres du Château pour ne pas être troublée par la venue de quelques curieux, elle jouait comme pour se délivrer de cette douleur, cette souffrance qui étreignait une fois encore son cœur. Les temps s’avançaient lentement, inexorablement jusqu’à provoquer la douce venue obscure de la soirée, sa naissance, son encre.

Mais la jeune fille restait inerte presque, assise sur un tronc d’arbre coupé nettement, les jambes ramenées en tailleur pour jouer encore malgré les crampes qui naissaient dans ses doigts, malgré le froid. Elle pensait à Kyle, à ce qu’elle lui avait fait subir et cela la meurtrissait. Elle revoyait son regard torturé, ses éclats de voix, ses dires qui l'avaient brisée. La Serpentarde l’avait aimé si fort, si puissamment que malgré ce choix qu’elle avait dû faire et la justesse de ce qu’elle pensait avoir accompli, la vert et argent n’arrivait pas à cesser de saigner à ses pensées. Le cœur ouvert, l’âme blessée, la musique pour s’en délivrer. Si la douleur physique pouvait éviter de ressentir celles de l’âme, Pénombre aurait bien aimé l’éprouver ce jour là. Elle sentait coupable, responsable de ce qui arrivait, ultime et seule responsable du tourment dans lequel elle venait de jeter Kyle, de le blesser. La pluie perdit en intensité et devint plus légère, moins abrupte lentement, au fur et à mesure qu’un peu d’obscurité teintait l’orée de la forêt, la nuit se profilait inexorablement.. Elle ne l'entendit pas, ce bruissement léger qui amenait une personne jusqu'aux orées de la forêt mais sa présence soudaine la fit frissonner de surprise et elle interrompit sa musique quasi instantanément.
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyMer 19 Juil - 15:30:15

Clac ! Nathanaël referma son livre d’un coup sec et se laissa aller contre le dossier de sa chaise en penchant sa tête en arrière et en fermant les yeux. Il sentait le sang pulser entre ses oreilles. Ce n’était pas une douleur aiguë, plutôt diffuse, mais dont on sait qu’elle va s’amplifier lentement, jusqu’à atteindre une intensité lancinante qui vous donne l’impression que votre tête explose si vous n’avez pas encore perdu connaissance. Conséquence logique de trois journées entières passées à glandouiller entre les murs du château, sans mettre un pied dehors. Il avait perdu l’appétit. Sa bonne humeur s’était envolée. Ca peut paraître anodin, mais quand on sait que Nathanaël est un adepte de la bouffe et que sa bonne humeur est légendaire, on devine que c’est grave.

Le mauvais temps qui s’était installé à Poudlard avait d’une manière ou d’une autre affecté tout le monde (ou presque). Une quantité impressionnante d’eau s’abattait presque chaque jour sur le château, arrachant les tuiles du toit, martelant les fenêtres… Et le ciel qui ne cessait de s’assombrir. Aucun élève doté d’un semblant d’intelligence ne risquait de s’aventurer dans le parc par un temps pareil. Entre deux cours, les couloirs étaient bondés. C’est à peine si on arrivait à respirer tellement l’espace vital de chacun était restreint. On se bousculait, on souriait de moins en moins… Nathanaël avait l’impression que tout le monde avait pris l’habitude de se lever du pied gauche. La mauvaise humeur est une maladie contagieuse.

Le voilà attablé depuis une bonne heure devant L’Histoire de Poudlard, entouré d’une vingtaine d’élèves qui cherchaient vainement une occupation. Il releva sa tête douloureuse, se frotta les yeux comme s’il venait de se réveiller, et se leva en repoussant le volumineux bouquin vers le milieu de la table. Il avait besoin de sortir. Docilement, ses jambes le portèrent jusqu’à la fenêtre la plus proche. Le ciel était toujours aussi gris qu’avant, les arbres se balançaient violemment de droite à gauche, les dernières feuilles séchées voletaient dans tous les sens. Seul point positif : il ne semblait pas y avoir de pluie – du moins, pas encore. Nathanaël resta là à contempler le parc à travers la vitre, hésitant. Deux minutes passèrent sans qu’il bronche. Puis brusquement, comme s’il venait soudain de s’animer, il fonça vers sa table, fit glisser l’Histoire de Poudlard dans son sac qu’il passa sur son épaule, et piqua un sprint jusqu’à la tour de Gryffondor. Jetant sans plus de cérémonie le sac au pied du fauteuil le plus proche, il dévala les marches menant au dortoir, enfila une cape et une écharpe et se fraya un passage au moyen de quelques coups de coude bien placés jusqu’à la porte à double battant du hall.

L’air frais le fouetta violemment au visage, mais ça n’avait rien d’une sensation désagréable. Les cheveux remués par de fortes rafales de vent, il s’enfonçait dans les profondeurs boisées du parc, en direction du lac. Il n’avait pas encore au l’occasion de s’y aventurer, accaparé par la masse de devoirs à faire et de recoins du château à explorer. Il s’avançait toujours plus loin, respirant l’air frais à grosses bouffées, sans faire réellement attention au fait que les arbres devenaient de plus en plus fréquents. Quand il eut dépassé le lac, il s’était mis à pleuvoir. Rien de torrentiel, juste un petit crachin régulier, rafraîchissant à souhait.

La pluie s’était intensifiée. Fortement intensifiée même. De grands rideaux d’eau grise dégringolaient du ciel et se brisaient sur le sol en créant un boucan d’enfer. L’impulsion première de Nathanaël avait été de s’enfoncer encore plus dans les arbres qui étaient si étroitement serrés que la pluie passait à peine. Il en avait même oublié que la forêt de Poudlard portait le nom de forêt Interdite. Et même s’il s’en était souvenu, ça ne l’aurait pas empêché d’y entrer pour se protéger du déluge d’eau particulièrement violent. Et au fur et à mesure qu’il s’avançait, un autre son que celui produit par la pluie battante se faisait entendre. De loin ça ressemblait à une mélodie qui cherchait à percer le fond sonore si assourdissant crée par la pluie.

Intrigué, il s’avança à l’aveuglette vers la source de la musique. Plus il se rapprochait, plus la pénombre (ah ah) se dissipait. Il déboucha enfin sur la lisière, d’où on pouvait voir le château. Une jeune fille (à en juger par la longueur de ses cheveux) était assise sur un tronc d’arbre, lui tournant le dos. Ses doigts couraient sans s’arrêter sur une longue flûte fine. Elle ne portait ni cape, ni manteau. Rien qu’en la regardant, Nathanaël frissonna de froid. Mais c’était une malade mentale cette fille ! O_O Déjà que pour sortir dehors par un temps pareil, il fallait être timbré (ahem), mais alors en plus s’installer bien immobile avec une flûte dans les mains en plein milieu de la lisière, sans cape ni autre vêtement susceptible de vous protéger du froid, et laisser cette pluie diluvienne s’abattre sur vous sans broncher… ! Hôpital psychiatrique je vous prie.

La fille avait dû sentir la présence d’une tierce personne, car elle arrêta de jouer, s’interrompant en plein milieu. En fait, heureusement que le hasard avait amené Nathanaël en cet endroit, sinon, elle aurait sûrement continué à jouer sans se soucier de la nuit qui commençait à tomber (on était en hiver… puis la noirceur du ciel n’aidait pas).


« Tu devrais te mettre à l’abri de la pluie… tu vas oxyder ta flûte (aha) »

Avait-il lancé tout de go sans même un bonsoir. Pas qu’il était spécialement malpoli. Juste un oubli. Puis franchement, un « bonsoir, ça va ? » aurait paru déplacé en de pareilles circonstances. Quant à la flûte, il ne s’en souciait pas vraiment, c’était plus un prétexte pour qu’elle réalise qu’elle risquait d’attraper un rhume en restant là, exposée à la pluie et au vent. Puis ça donnait des frissons dans le dos.
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyJeu 20 Juil - 6:11:02

L’instinct est une bien étrange chose, vestige d’un passif animal, d’indiscutable, une sorte de puissance qui s’impose en nous et qui ne semble pas régit de raison. Voix sourde, présente, absente, quelque chose de stupéfiant, ressemblant à une force mystérieuse qui dicte spontanément sa loi aux animaux, aux hommes. L’instinct de Pénombre en cet instant, l’avait avertit d’une présence autre que la sienne et différente de l’aura de la forêt interdite sans qu’aucuns de ses sens n’ait capté la moindre différence avec le moment d’avant. Ni odeur autre que celle de l’herbe mouillée, l’air froid d’un hiver glacial, ni bruissement étranger dicernable dans cette tornade de sons violents qui se heurtaient sans cesse. Rien, pourtant elle savait que quelqu’un était désormais à ses côtés, dans son dos pour être exacte. La jeune fille avait tût sa musique brusquement, ses doigts désormais immobiles, figés dans l’accord qu’elle s’apprêtait à donner à sa mélodie teintée de douleurs quelques secondes auparavant. La pluie avait perdu en intensité ce que la nuit avait gagné en noirceur et la Serpentarde venait de se retourner doucement, hésitant un temps avant de glisser son regard sur la longue silhouette sombre qui se tenait droite juste à quelques mètres derrière elle. L’averse irrégulière ne lui permit pas de parfaitement détailler les traits faciaux de l’intrus mais son physique avait les caractéristiques de celui d’un garçon. Grand, un rien carré, elle n’aurait pu dire, à cette distance si elle l’avait déjà vu ou croiser précédemment. C’est alors que sa voix troubla le fracas environnant d’une tonalité qui venait de dissiper les quelques rares doutes qu'elle aurait pu avoir concernant son identité bien masculine. Cela étant, elle dû tout de même tendre l’oreille pour n’arriver au final, qu’à capter que quelques brides des paroles qu'il semblait lui avoir adressées. L’abri, la pluie, l’oxydation... L’oxydation ?? De quoi ? Pénombre ne portait rien de métallique sur elle, du moins rien qui ne risquait de s’oxyder par la quantité d’eau qui chutait du ciel, pratiquement la totalité des précipitations annuelles lui semblait il.

La poursuiveuse étira ses jambes d’un seul geste, se défaisant de sa position d’immobilité, d’en tailleur pour poser ses pieds par terre et faire volte face lentement vers celui qui avait osé interrompre ses retranchements intérieurs de douleur, cet instant où elle avait tenté de se délivrer de son calvaire, de cette torture incessante qui rongeait son âme de l'intérieur. La jeune Craft s’avança vers le garçon, plus grand qu’elle, foulant un sol rendu boueux et instable par les éléments diluviens. Un vent violent se remit à souffler, soulevant péniblement sa longue chevelure noire alourdie d’eau, rien d’un mètre la séparait désormais du garçon et son regard vert le détailla soigneusement. Une masse de cheveux d'ébène fut la première chose qu’elle remarqua chez l’inconnu, il arborait également un regard calme, deux yeux bruns très foncés, tant qu’ils lui parurent complètements noirs ou presque à la faible lumière d’un jour mourrant. Pénombre était trempée et ses mouvements pour approcher son seul compagnon à la présence indésirée avait laissé un courant d’air froid naître, mordre son corps, provoquant de nombreux frisons désagréables le long de sa colonne vertébrale. Sa lèvre inférieure était légèrement violette mais son regard ferme et froid.

« Il n’y a pas d’abri assez solide pour me protéger de mes démons.. »

Avait elle soufflé doucement, dans un murmure lasse et fatigué et sans réellement y penser, ce qu'elle regretta d'ailleurs immédiatement. La brune aux yeux clairs n’aurait jamais dû les prononcer devant lui, cet inconnu dont elle ne savait rien, pas même le prénom, l’identité. Elle se força à reprendre pieds dans cette réalité éreintante pour rattraper ses dires, effacer la vulnérabilité qu’il aurait pu entrevoir d'elle car la jeune fille était fière, beaucoup trop fière pour laisser ainsi couler ses paroles et leurs éventuelles conséquences ou s’ouvrir ne serait ce qu'un peu à quiconque. Alors à lui, un parfait inconnu... Et c’est en détaillant l’écusson de son habit qu’elle trouva l’ouverture nécessaire à se tirer d’affaire, à détourner son attention sur autre chose que sur ce que, par inadvertances elle lui avait confié :

« Un Gryffondor… »

Souffla t elle alors que son regard se fit plus malicieux en croisant ses prunelles noires, la Serpentarde de troisième année tenait toujours sa flûte en main avec fermeté tandis que d’un geste brusque, elle se saisit de l'écharpe du garçon pour l’attirer à elle et laisser son souffle se perdre dans son cou un instant. La poursuiveuse relâcha finalement le tissu qui lui permettait de le tenir près d'elle toujours sans lui donner la moindre explication, jusqu’à celle ci :

« Maintenant je sais d’où vient cette odeur de Lion trempé.. »

Un sourire taquin apparût sur son visage, pas réellement mauvais ni sadique mais pas plus amical que cela. Après tout, le Rouge et Or n’avait il pas interrompu un moment particulier à ses yeux ? Et bien entendu, en agissant de la sorte, en piquant sa fierté bien Gryffondorienne, elle voulait lui retirer de l'esprit l'instant de faiblesse et de vulnérabilité dont il venait d'être témoin.

" Tu t'es peut être perdu ? Je suis certaine que tu dois être un de ces premières années un peu pataud et maladroit qui ne saurait retrouver leur chemin même en pleine lumière. Mais ne t'inquiètes pas, je vais t'aider."

Elle posa sa main doucement sur son avant bras pour l'inviter à se retourner vers la silhouette noire du Château devant eux :

" Tu vois, ce n'est pas compliqué. C'est tout droit, tu peux pas te tromper ! "

Lui adressa t elle dans un sourire amical presque charmeur.
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyVen 21 Juil - 9:09:41

La jeune fille avait mis à moment à se mettre debout. Peut-être même n’avait elle pas tout de suite réalisé que quelqu’un lui adressait la parole. Toujours est-il que ce n’est qu’au bout de quelques secondes de silence total pendant lesquelles Nath s’était sérieusement demandé si elle ne souffrait pas d’une quelconque maladie mentale Oo, qu’elle se leva lentement et s’approcha du Gryffondor tout en le dévisageant. C’était une jeune fille brune, ténébreuse, sûrement plus âgée que lui, au regard vert où se lisait une certaine fatigue.

C’est à peine s’il parvint à distinguer ses paroles, prononcées à mi voix avec en fond le bruit des dernières gouttes d’eau rebondissant sur les flaques en rythme avec le souffle du vent. Il haussa les épaules. Rien de plus logique. Tout le monde avait ses problèmes, et personne n’était en mesure d’y échapper. Du côté positif, cette phrase montrait plus ou moins qu’il n’avait pas affaire à une handicapée mentale. Que cette fille cherchait juste à s’isoler (ce qui était impossible à l’intérieur du château), se défouler sur sa flûte, s’évader peut-être.

Mais avant qu’il ait le temps d’articuler la moindre syllabe susceptible de constituer une réponse proprement dite, l’expression de la jeune fille changea du tout au tout, passant d’un regard empreint de lassitude à un regard teinté de mépris à peine voilé, où se lisait également une assurance renversante. Comme si elle venait de se rendre compte de ses paroles, réalisant dans la foulée qu’elle en avait peut-être trop dit à quelqu’un qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Son regard s’attarda un instant sur l’écusson de Nathanaël. Pur réflexe digne d’une poudlarienne. « Gryffondor… » avait-elle commenté d’un ton peu amène. Il aurait levé les yeux au ciel en plaçant un « Quel sens de l’observation… ! » ironique, s’il n’avait pas été brusquement tiré moyennant son écharpe. Le geste avait été si inattendu qu’il faillit en tanguer. *Hé ho, doucement là O_O* L’espace d’un instant, il sentit un souffle chaud effleurer son cou ce qui, paradoxalement, fit courir de légers frissons le long de son corps. Suite à quoi elle relâcha son écharpe, qui était à présent un tantinet plus serrée.

Oui, bon, je retire ce que j’ai dit. La normalité de cette fille on y repassera, hein. Nathanaël recula d’un pas, préférant prendre ses distances au cas où une autre idée tout aussi saugrenue –si ce n’est plus- lui viendrait à l’esprit. Ce n’est que quand il se mit à rajuster son écharpe –se disant qu’à l’avenir, il ferait mieux d’éviter d’en porter- que la jeune fille daigna fournir une explication – appelons ça comme ça.


Pénombre a écrit:
« Maintenant je sais d’où vient cette odeur de Lion trempé.. »

Même si elle ne portait pas d’écusson, Nathanaël n’avait aucun doute quant à sa maison. A en juger par le ton de sa voix, par l’expression qu’elle affichait, et ses idées quelque peu tordues, elle était à Serpentard. C’était bien la première fois que le Gryffondor aux cheveux d’ébène parlait à une Serpentard. Mais en quelques jours seulement, il en avait assez entendu sur cette maison pour pouvoir le dire. D’après les autres, tous les Serpentards étaient très stéréotypés. Outre leurs couleurs distinctives, ils étaient reconnaissables grâce à leur froideur toute naturelle, leur hostilité à peine voilée à l’égard des autres maisons, et leur obsession pour le sang pur.

« Sans blague. Parce que le lion trempé, ça a une odeur particulière ? »

Puis elle enchaîna.

Pénombre a écrit:
« Tu t’es peut-être perdu ? […] C'est tout droit, tu peux pas te tromper ! »

Une pause. Puis :

« C’était censé me faire rire ? Dans ce cas c’est raté. T’auras peut-être plus de chance la prochaine fois Very Happy »

Elle n’avait pas pris de gants pour se moquer de lui. Il ne fallait pas être doté d’une intelligence suprême pour opérer une rotation à 180° et voir les tours du château s’élever derrière les arbres. Apparemment, il avait interrompu un moment important aux yeux de la Serpentard. Et sûrement qu’en lui montrant le château avec un grand sourire hypocrite, elle espérait le faire partir afin de reprendre sa flûte et se replonger dans ses pensées.

Changement de plan. Rien que pour lui faire plaisir, il allait rester.
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyVen 21 Juil - 13:03:43

La pluie cessa un instant, tirant doucement ce rideau liquide presque opaque, dissipé désormais par de faibles mais pourtant lumineuses éclaircies. Leurs lueurs étranges et jaunies coulèrent doucement sur le visage du garçon, laissant plus de détails concernant ses traits faciaux s'exposer aux regards de la Serpentarde. Il était plutôt séduisant et l'intensité lumineuse lui permit de cerner avec précision la couleur exacte de ses iris, non elles n'étaient pas noires comme la vert et argent avait pu le croire initialement mais brunes, d'un brun particulièrement foncé et prononcé. La jeune fille l'étudiait du regard en silence, laissant glisser ses prunelles obscures sur les courbes de son visage pour les mémoriser. Qui était il ? Et quelles raisons avaient bien pu l'amener à braver les éléments déchaînés en cette soirée hivernale ? Il devait en avoir certainement d'assez déterminantes et importantes pour qu'elles l'incitent à s'aventurer ici, seul en dehors des enceintes d'évolution permises par le règlement alors qu'une nuit sombre naissait déjà et elle venait d'en prendre conscience. Depuis combien de temps jouait elle sur sa flûte ? La jeune Craft l'ignorait elle même mais ses doigts engourdis par le froid et l'exercice ne lui transmettaient presque plus de messages sensoriels, ses extrémités étaient gelées mais pourtant Pénombre n'en laissait rien paraître aucune gène, ni aucune inquiétude alors qu'au fond d'elle même, la poursuiveuse savait qu'elle devait sa soudaine prise de conscience au Gryffondor. S'il ne l'avait pas interrompue dans sa purification intérieure, dans la retranscription musicale de ces plus profondes douleurs, la brune aux yeux verts se serait peut être mise en danger par son immobilité, sa passivité, rendue vulnérable aux chasseurs de nuit, prédateurs nocturnes.

D'une certaine manière, la Serpentarde de troisième année lui était reconnaissante mais bien trop fière de par sa nature même, elle hésita un instant à lui faire part de sa gratitude à l'oral. Après les paroles plutôt acerbes qu'elle venait de lui adresser, le Rouge et Or ne l'aurait sûrement pas prise au sérieux ensuite et se serait évidemment montré méfiant. Or elle n'avait que faire de son scepticisme aussi la Rusée préféra en conséquences se taire. Pénombre ne souriait plus et ne parlait pas davantage, elle restait juste à le fixer de son regard vert tandis que de lourdes perles d'eau glissaient le long des plus courtes mèches qui encadraient son visage pour goutter doucement sur ses clavicules nues. Le garçon aux cheveux ébène venait de répondre à sa légère attaque verbale et ce qu'il dit laissa un étrange sourire naître sur son visage aux traits tirés par la fatigue et la lassitude. Elle n'y répondit pas de suite comme pour prolonger le suspens de ses paroles :

" A oui ? Cela m'étonne qu'un Lionceau comme toi n'ait pas le moindre odorat...Tu es sûr d'être bien un Gryffondor ? "

Elle esquissa un sourire taquin en prononçant ses mots alors que le Courageux se risquait à lui adresser une autre phrase, incitant sa voix à troubler de nouveau le silence déjà bafoué par les conséquences sonores des filets d'eau qui chutaient des feuillages touffus jusqu'au sol :

" Rire ? Ce n'était pas mon intention tu sais. "

Pénombre était pour le moins étonnée par la réponse de son interlocuteur et son intérêt, sa curiosité n'en fut que davantage piquée par le jeune garçon. Elle avait répondue instinctivement, spontanément sans réellement y réfléchir tant prise au dépourvu par sa réaction. Aussi, de caractère téméraire et joueur, la jeune fille avança sa main, sans demander l'avis de son interlocuteur pour saisir celle du Gryffondor dans une étreinte chaleureuse, bien que sa main glaciale attirait la chaleur de la sienne plus que ne la partageait. C'était un geste similaire à ceux auxquels les garçons s'adonnaient dans un signe de salut amical. De nouveau un sourire naquit sur son visage éreinté mais plus prononcé que les précédents et beaucoup plus franc. La Serpentarde croisa son regard et ses prunelles sombres brillèrent légèrement d'une autre lueur que celles qui troublaient les cieux torturés :

" Je suis Pénombre, Pénombre Craft. Et toi ? Qui es tu ? "

Mais brusquement, à quelques mètres d'eux un son distinct et répétitif, une suite de bruissements réguliers et sourds comme une série de battements de coeur se fit entendre dans les herbes hautes à quelques mètres de leur position. La sonorité les avertit de la venue d'un autre être vivant qu'eux mêmes, d'une autre âme dans cet environnement noyé de verdures. La poursuiveuse détourna d'un geste vif la tête dans la direction d'origine du bruit tandis qu'elle comprit immédiatement qu'une menace se profilait à l'horizon pour s'être déjà très souvent aventurée dans cette forêt maudite durant ces trois années de vie scolaire à Poudlard. Alors sans réfléchir, elle referma ses doigts fins et pâles sur l'avant bras couvert de son camarade pour le tirer soudainement derrière un énorme tronc d'arbre certainement millénaire. Elle le poussa sur le côté, se collant contre lui pour dissimuler son corps à la vue de l'inconnu tandis qu'une silhouette imposante se tirait de la végétation abondantes de l'endroit. Plus de deux mètres de muscles purs et une tignasse aussi noire qu'un noyau gemm dévorant littéralement la quasi intégralité de son visage. Une barbe hirsute et un regard vivace reconnaissable entre tous. C'était, à n'en pas douter la garde chasse qui rentrait certainement aprés sa journée, jusque dans sa cabane en chantonnant doucement un air inconnu au répertoire de la demoiselle. Le danger et le risque de se faire surprendre dans un endroit interdit aux élèves aurait pu être aisément esquivé par leur dissimulation fortuite à la vue de celui ci, si Crockdur le fidèle chien chasseur d'Hagrid ne sentit pas la piste faible de leur odeur à peine dissimulées par la pluie. Il se mit à couiner doucement en se dirigeant vers l'arbre qui cachait les deux sorciers. Pénombre se détourna vers son camarade d'un regard inquiet pour lui signifier le danger au cas où il ne l'aurait pas vu, on sait jamais avec les Gryffondors.. :

" Si on est pris ici, on sera renvoyé pour une semaine au moins. "

Lui murmura t elle sur un ton à peine perceptible, déjà elle s'était saisi de sa baguette d'ébène alors que son esprit cherchait une solution à leur problème.
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyMar 1 Aoû - 13:36:56

Le problème quand quelqu’un vous fixe, c’est que vous ne savez jamais à quoi il pense. Ce n’est pas par hasard si on dit que le regard est l’arme la plus efficace. Pénombre fixait Nathanaël, Nathanaël fixait Pénombre, et le silence creusait un gouffre de plus en plus profond entre les deux enfants. Les yeux de la jeune Serpentard ressortaient dans l’obscurité quasi-totale de la lisière, telles deux émeraudes étincelantes. On lisait à livre ouvert sur le visage de Nathanaël, l’expressivité et la mobilité de ses traits ne lui permettant pas de dissimuler ses sautes d’humeur. Pénombre, quant à elle, gardait un air neutre, inexpressif, ce qui était d’autant plus stressant. Ce fut elle qui rompit le silence glacial qui commençait à bourdonner dans les oreilles.

« Je ne suis jamais sûr de rien. C’est tellement plus intéressant de vivre dans l’incertitude du rêve qu… »

Il s’interrompit, se rendant soudain compte qu’il était en train de divaguer.

« Bref. »

Il avait encore beaucoup de lacunes à combler, en ce qui concerne le monde magique, mais jusque là, il n’avait jamais entendu dire que les Gryffondor se distinguaient par leur odorat. Alors 1- soit il n’avait rien compris, 2- soit la fille ne tournait vraiment pas rond 3- soit elle était en train de se foutre royalement de lui pour changer. Quelque chose dans les profondeurs les plus reculées de son esprit lui disait que la troisième option était la bonne.

« Non, d’accord, ça ressemblait plus à du foutage de gueule qu’à de l’humour »

Pénombre – car elle s’appelait Pénombre (jusque là, Nath croyait avoir battu tous les records du nom le plus bizarre imprononçable, compliqué, mais « Pénombre » c’était pas mal non plus. Plus dans le genre rare et étrange que compliqué *Quelle idée d’appeler sa fille Pénombre !* *En tout cas, elle le porte bien son prénom* *Le ciel commence à s’assombrir encore plus* *CRAAKK shhh*
Les pensées défilaient à toute allure dans se esprit, se bousculant les unes les autres.

*Hey ! Mais … c’était quoi ce dernier bruit ? **Rembobinage** CRAAAKKK shh
« CROCKDUR VIENS LA, SALE BETE ! »

Un peu long à la détente sur ce coup-là, Nath se rendit soudain compte d’une autre présence que la leur. Un bruit de pas, accompagné d’un grincement de boiseries (comme quand vous marchez sur des branches et qu’elles cèdent sous votre poids dans un grand bruit sec) se firent entendre de l’autre côté de la lisière. L’énorme garde chasse à la barbe qui ne demandait qu’à être rasée se frayait un passage à travers les verdures jusqu’à sa cabane, et son tout aussi énorme chien traversait la lisière à petits pas, reniflant l’air comme s’il avait senti une odeur de bœuf rôti émaner de l’endroit où se trouvaient les deux élèves.

En moins de deux, ils s’étaient retrouvés derrière un arbre étonnamment large, collés l’un contre l’autre, figés et gardant leur respiration afin d’éviter d’attirer l’attention du chien – et encore moins du garde chasse.


Pénombre Craft a écrit:
" Si on est pris ici, on sera renvoyé pour une semaine au moins. "

« Aussi incroyable que ça puisse paraître, j’avais eu le temps de le comprendre, tu vois » avait-il répondu dans un souffle. Il n’aurait peut-être pas dû, après réflexion. Parce que la seconde d’après, ils sentirent la respiration saccadée du danois à moins d’un mètre de là où ils se trouvaient.

Petit problème.

L’impulsion première de Nathanaël fut de scruter les environs à la recherche d’un quelconque os à lancer histoire d’éloigner le chien. Idée qu’il abandonna presque aussitôt : essayez donc de trouver un os la nuit dans une forêt aussi dense.

Il loucha en direction de la baguette serrée dans la main de Pénombre. Peut-être était parce que lui-même n’avait pas le réflexe de la sortir en cas de besoin (surtout parce qu’elle ne lui servirait à rien, vu qu’il commençait à peine à la maîtriser), mais le fait de voir la jeune Serpentard prête à s’en servir fit naître en Nathanaël un sentiment d’appréhension teinté d’une pointe de jalousie.

Il tendit la main vers le chien essayant d’oublier la quantité de bave qui dégoulinait de la gueule de celui-ci, et promena ses doigts sur les poils mouillés et entremêlés de sa nuque.


« Shh, du calme, ptit toutou, on n’est que des élèves.. »

Puis, se tournant vers Pénombre, avec un petit sourire satisfait :

« Parfois, il suffit simplement de se servir de ses mains. »

Peut-être que le terme « petit » avait vexé le dénommé Crockdur, toujours est-il qu’un aboiement tonitruant digne d’un rugissement de lion retentit à l’instant où Nath prononçait ces paroles. Le mince sourire qu’il affichait s’effaça instantanément.

« Moui… bon, d’accord. J’ai rien dit. »


Dernière édition par le Jeu 31 Aoû - 9:41:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyJeu 24 Aoû - 10:21:40

[ Je suis désolée si l'introduction semble complètement hors sujet mais j'étais très inspirée en ce sens ^^'']

/// Il devait être tard ce soir là et elle allait certainement se faire passer un savon par ceux qui l'attendaient, mais bon, ce n'était pas de sa faute si les enseignements imposés ne s'achevaient qu'à 18 heures seulement et cela même en ce dernier jour de cours précédant les vacances de Noël. Ce n'était également pas sa faute si le Poudlard Express n'arrivait à Destination que trois quarts d'heure après son départ de la gare de l'école. Mais le pire était encore à venir car, en effet, il faudrait ensuite endurer les rituelles et ennuyantes recommandations de dernière minute dans la voiture qui la mènerait enfin jusqu'au Manoir des Craft. Les serviteurs de sa famille et surtout son précepteur avaient le devoir et l'habitude de la mettre au courant des récentes affaires la concernant, en particulier de lui répéter les traditionnels hommages qu'elle devrait ultérieurement présenter au Patriarche de sa famille ainsi qu'à la Matriarche de sa Noble Lignée, comme d'un us et coutumes auquel la brune aux yeux clairs devait se prêter dès lors qu'elle pénétrait le Domaine des Siens. Futilités éternelles et inutiles, profondément inutiles. Et l'homme chargé de son éducation hors de Poudlard lui dirait également dans quelles humeurs chacun d'eux se trouvait et s'il était prévu qu'elle puisse souper avec ses géniteurs ou non... Bref, tout un délicieux programme en perspective... Et enfin après tout cela, seulement après, elle pourra se reposer, prendre du temps pour elle même. Dormir peut être... Pas tant que ça hélas. Car son agenda était fignolé aux petits oignons, ce qui la retarderait certainement dans les corvées inhérentes à son rang et à son statut d'héritière. Et puisqu'elle avait eu le malheur de naître fille, Pénombre devait en endurer bien plus que nécessaire afin d'espérer gagner le respect de son Père, valeur à ses yeux et d'atténuer un peu de la honte qu'il ressentait de n'avoir eu de garçon à qui transmettre son héritage, son savoir... La lourde et massive porte de bois sculptée s'ouvrit lentement sur une longue chevelure d'un noir de jais, sur des iris d'un vert vif et agressif, une silhouette encapuchonnée et des traits tirés par la fatigue, la lassitude mais pourtant par quelque chose qu'on aurait pu juger être du plaisir. Enfin, la descendante des Craft était de retour chez elle, enfin. Mais la journée n'était pas pourtant prête de s'achever, loin, tellement loin de l'être.

Il était effectivement très tard lorsque le matelas de sa chambre accueillit le dos fourbu de la Serpentarde. Elle ne dormait pas, elle n'arrivait jamais, il lui fallait toujours deux ou trois heures, dans le meilleur des cas. Pourtant dans le silence pesant et omniprésent d'une nuit assez avancée dans ses ténèbres, un drôle de bruit parmi tant d'autres retint pourtant toute son attention, la jeune fille se tendit instinctivement de tout son être, les oreilles aux aguets. Et alors qu'elle était encore appuyée sur ses avants bras, l'air ne vibra étrangement plus. Finalement, la curiosité acheva de la lever, lui fit ouvrir la fenêtre et scruter l'obscurité du jardin. La Rusée ne vit d'abord rien, rien d'autre que le contour des arbres hauts et fiers qui délimitaient au loin les frontières du territoire des Craft et les longues haies fines, taillées de l'endroit. Le temps d'un léger éblouissement causé par les lampadaires plantés dans les allées fleuries du large parc entourant le Manoir de sa famille et puis elle la remarqua enfin. Une silhouette fine, élancée, titubante. Un garçon. Mal en point, il tomba, heurtant durement la ligne de pierre qui délimitait les sentiers de graviers fins et la jeune fille attendit en silence, immobile qu'il ne se relève. Elle ne savait pas qui il était et ce qu'il venait faire ici, si tard, dans la nuit noire, semblant perdu, perturbé. La Rusée n'en avait pas la moindre idée et de toutes façons, Pénombre était trop fatiguée, trop lasse pour y réfléchir sérieusement. Alors, elle attendit... En vain. Inquiète et sentant l'urgence de la situation, la vert et argent prit à pleine main les deux portants verticaux de la fenêtre de sa chambre, posa un pied sur le rebord de marbre blanc, un genou sur le versant du toit et se laissa prudemment glisser jusqu'au rebord, où elle fit volte face. Puis ses pieds nus disparurent dans le vide ainsi que ses cuisses, son bassin et enfin son torse, elle se tenait en appui sur le mini préau de la fenêtre du rez de jardin, un équilibre précaire, aussi d'un geste bref, la poursuiveuse repoussa violemment le rebord du toit pour se ramasser loin de la marelle ornée de pots de fleurs savamment placés pour rendre l'endroit harmonieux. La vert et argent s'en approcha à pas de loups, préoccupée et lorsqu'elle fut assez proche de lui, elle découvrit avec stupéfaction que le garçon était en haillons, brun. La demoiselle l'ausculta rapidement avec une anxiété qui se lisait aisément sur ses traits et à son grand soulagement, il ne présentait nulles lésions externes et l'absence de sang sur les parcelles de son corps et de ses vêtements offerts à sa vue la rassura un peu. Mais peut être était ce les vestiges d'un sortilège ? Elle se glissa difficilement sous son bras dans le but de l'emmener à l'intérieur mais il reprit soudainement conscience, rouvrit les yeux, des yeux d'ébènes. Un regard insoutenable de noirceur et d'abîme. Elle en détourna quasi immédiatement le sien, instinctivement comme si sa présence lui transperçait l'âme. Il crispa ses doigts à sa chemise, à ses poignets, à sa chair et quand Pénombre se décida enfin à le regarder de nouveau, le jeune garçon tressaillit, se raidissant et il fut pris de convulsions. La troisième année tenta de se défaire de son étreinte, surprise, effrayée, tandis qu'il continuait de se tordre sur le gravier rendu opalescent par les rayons d'une lune pleine. Le brun parla et tout le quartier résonna de ses incantations, de ses susurrations rauques et il articula un unique mot à son égard, un seul :

" Ethernescence.."

Pénombre continuait de le regarder dans une incompréhension palpable, les sourcils froncés, l'expression ternie par la douleur apparente du blessé. Puis brutalement, la douleur lui vrilla l'épaule gauche et elle tomba, foudroyée, sans connaissance... ///

_____________________________


La verdure, le froid, sa morsure glaciale sur son corps. La forêt interdite et la gueule de l'animal poilue entrèrent dans son esprit comme la lumière imprime une persistance lumineuse. Le songe, le souvenir se mêlaient d'une traite à la réalité et la voix d'un jeune garçon la tira de cet univers transitoire, mi rêve, mi existence. Qui était ce ? Elle tourna rapidement la tête vers l'origine du son et son regard vert se posa sur le visage d'un Gryffondor à en juger par l'écusson qu'il portait et ce fut comme si quelque chose se brisa en elle lorsque ses prunelles noires longèrent ses traits. Ou plutôt pris enfin réalité, forme, rendant sa vision bien différente de celle qu'elle avait eu à peine une poignée de minutes auparavant. Il était lui, l'inconnu de cette soirée là, il était là, devant elle, en chair et en os comme durant cette fameuse nuit. Elle en était sûre, certaine même, pourtant... Pourtant quelque chose clochait dans la couleur, l'effet de puissance de ses iris. Celle du brun n'étaient pas noires, pas si noires, pas si ténébreuses. Et elle ne se rappelait plus vraiment le visage de celui en haillons qui s'était écroulé dans son jardin il y a de cela deux ans. Alors comment pouvait elle avoir tant de convictions ? Comment pouvait elle penser, avoir un minimum de certitudes vis à vis de son identité ? Etre sans aucun doute sûre que les deux enfants n'en faisaient en fait qu'un seul. Pénombre n'avait pas les réponses à ses questions, juste des sensations de connaissances, de savoir. C'était lui, inexplicablement lui. Elle le ressentait au fond d'elle, c'était insensé, défiant la raison, toutes raisons même. Quelques années en plus semblaient se lire sur sa figure mais c'était tout, une morphologie semblable, similaire ou presque. Presque et la Serpentarde se demandait pourquoi elle ne l'avait pas remarqué avant, pourquoi elle ne l'avait pas reconnu plus tôt. Et c'est à ce moment là qu'elle remarqua l'intensité qu'il avait à fixer de toute son attention quelque chose devant elle. La poursuiveuse traça le prolongement de son regard et elle trouva la tête de l'animal de compagnie du garde chasse. La main du brun se posa sur le crâne de la bestiole juste devant elle et Pénombre se contenta du silence lorsqu'il prit la parole. Cette situation était étrange, inconcevable presque et elle mit un temps à s'autoriser à penser normalement, comme si les questions qui se heurtaient dans son esprit l'empêchaient de comprendre, l'empêchaient d'entreprendre. Où avancer sans savoir ? Où avancer sans comprendre ? Alors elle se concentra sur ses dires.

* Parfois, il suffit juste de se servir de ses mains, ben voyons... Comme si tenir une baguette et en faire usage ce n'était pas se servir de ses mains ...*

Mais dans sa précipitation à tenir le garçon à l'écart de l'action, elle avait négligemment posé sa main sur ses pectoraux et alors que la baguette de la jeune fille n'attendait plus que d'entrer en action, la caresse du brun sur la tête du poilu eût le mérite de le calmer un instant. Etonnant. La surprise et l'agréable furent hélas de courte durée avant que l'imposante boule de poil et de bave ne se mette brusquement à aboyer. Aussitôt et afin de limiter le grillage déjà à moitié accompli et cela en bonne et due forme de leur pseudo couverture, la brune aux yeux clairs souffla distinctement un :

" Stupéfix ! "

Un jet d'une faible lueur glacée trancha les ténèbres et frappa le molosse en plein garrot. Bien sûr, la Serpentarde aurait largement préféré lui lancer un Silencio mais les sortilèges d'anti-son n'étaient enseignés qu'à partir de la cinquième année et bien que le stupéfix ait le même effet silencieux que son compagnon plus drainant d'énergie, il avait malheureusement l'égal désavantage, pour cette situation bien entendu, de paralyser l'intégralité du corps ciblé et le garde chasse serait certainement attiré par l'immobilité soudaine de son chien, surtout si l'animal en question chutait lourdement au sol, irrésistiblement attiré par la gravité... Il n'y avait pas énormément d'autres solutions pour gagner du temps de toutes manières alors autant saisir de suite les grands moyens.

* Oups ^^' *

Mince, il fallait rapidement se dégager de derrière le large tronc de l'arbre, auquel cas Hagrid ne tarderait pas à les y découvrir et à une heure aussi tardive, ils prendraient sans doute une sanction si indécente que la troisième année s'évertua à ne pas y songer. Sans perdre plus de temps que nécessaire, elle balaya l'endroit du regard et malgré l'obscurité lourde, presque indissociable de la végétation de l'endroit, elle aperçut une monticule sombre à seulement quelques dizaines de mètres en amont, plus en profondeur dans la forêt. Si les deux élèves rataient leur coup... Ils n'auraient certainement qu'une chance. La pluie avait cessé et le bruit des filets d'eau chutant du feuillage des arbres rendaient difficile la reconnaissance sonore. S'ils étaient discrets, si le garde chasse ne les percevait pas visuellement, ils auraient toutes les chances de s'en tirer. D'un rapide coup d’œil au delà du tronc, Pénombre vérifia une dernière fois la position d'Hagrid et malgré l'imminence de l'action, la jeune fille ne put s'empêcher de murmurer, la fatigue, l'anxiété et le froid mordant l'incitant à omnir toute prudence un court instant, le temps de ces paroles adressées au rouge et or :

" Que veut dire Ethernescence ? Pourquoi es tu venu chez moi il y a deux ans ? Que t'est il arrivé et que m'as tu fait ? "

Sa main trouva son poignet qu'elle serra plus fort comme pour l'inciter à répondre sur le champ. C'était dangereux, ils seraient peut être pris à cause de son imprudence, manquant le créneau salvateur. Mais elle ne put s'en empêcher et même si la jeune fille était quasi certaine que le Gryffondor ne lui répondrait pas immédiatement, pas avant qu'ils ne soient tout les deux hors de portée visuelle du garde chasse, elle eût presque besoin viscéral de le lui dire ici et maintenant. Comme si poser la question et savoir ne souffrait d'aucun délai. Aucun.
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptySam 2 Sep - 14:19:17

Peut-être était-ce parce qu’il avait soudainement rompu le silence quasi complet qui s’était installé dans la forêt ce soir-là, mais l’aboiement du danois semblait deux fois plus puissant que d’habitude. Il avait facilement de quoi vous percer les trois tympans d’un coup. C’est d’ailleurs précisément ce qui serait arrivé si Pénombre n’avait pas eu la brillante idée de brandir enfin sa baguette et mettre un terme au désastre causé par le Gryffondor. Percuté de plein fouet par un jet de lumière (niveau discrétion, c’était à se demander lequel des deux avait fait pire, finalement), le toutou s’était figé avant de s’affaler lourdement dans un tas de feuillages séché tout en faisant craquer quelques branches.

Au prix d’un immense effort de volonté, Nath s’abstint de faire le moindre commentaire. Ce serait définitivement la goutte qui ferait déborder le vase, sachant qu’ils étaient déjà à mi-chemin de la sanction : le garde-chasse n’était pas complètement sourd, contrairement à ce qu’on pourrait croire au premier abord, vu la puissance de l’aboiement de son colocataire compagnon animal. Ui, donc, son ouïe n’étant pas totalement défaillante, les aboiements et les craquements en tout genre ne lui avaient malheureusement pas échappé, et le barbu s’avançait droit vers la source du bruit. Pas besoin d’être surdoué pour conclure que les deux élèves étaient foutus.

Nathanaël avait suivi le regard de la Serpentard et avait également remarqué la mince issue qui se présentait à eux. S’ils parvenaient à se fondre dans l’obscurité et se glisser discrètement entre les branches jusqu’à atteindre le bout de lisière abondamment recouvert de végétation, ils avaient peut-être des chances de s’en sortir. Mais étant donné l’hostilité de la discrétion à l’égard de Nathanaël (et vice versa), les chances en question étaient maigres. Toujours est-il que l’occasion était trop belle pour la laisser passer. Les deux élèves ne quittaient pas le garde chasse du regard, attendant impatiemment le bon moment.

Et celui-ci ne tarda pas à arriver. Au moment où le géant barbu détournait la tête, cherchant des yeux le moindre détail susceptible de le mettre sur la bonne piste, Nath leva son pied droit, prêt à s’élancer, mais la voix de Pénombre l’avait brusquement arrêté dans son élan. De l’incrédulité à l’état pur se lisant dans ses yeux grands ouverts, il se tourna vers elle. Se pouvait-il qu’elle ait changé d’avis ? Si c’était le cas, ils pouvaient se dire adieu, car Nath était décidé à éviter la sanction. Mais un mot qui n’avait rien à faire là l’obligea à se figer. Impressionnant, l’effet qu’un unique mot peut avoir. Son regard sombre s’arrêta longuement sur celui vert clair de la Serpentard, comme s’il la voyait pour la première fois.

*


Ethernescence. Une vive douleur lui transperça le genou gauche, telle une décharge électrique, obligeant sa jambe à se dérober sous lui. Le visage crispé, il tangua, affaibli par cette douleur lancinante qui se propageait de façon irrégulière dans la totalité de son corps, obligeait ses muscles à se contracter et ne lui laissait qu’une envie : hurler de douleur.

Un regard vert teinté d’incompréhension lui faisant face, un unique mot articulé avec peine entre autres murmures dont son cerveau refusait obstinément de saisir le sens, un unique cri qui s’échappe malgré tout, brisant à la fois ses cordes vocales et le silence glacial de cette nuit hivernale. Un unique mot qui tintait entre ses oreilles en plusieurs exemplaires depuis le début, lui faisant perdre la raison. Tout était extrêmement flou, il ne percevait le monde qui l’entourait qu’à moitié, cette nuit là. Et cette douleur qui ne cessait de le torturer…

Son regard d’ébène était plongé dans celui beaucoup plus clair de la jeune inconnue, et pourtant c’était comme s’il ne la voyait pas. Une cascade de cheveux noirs, des traits rendus difficilement perceptibles par l’obscurité de la nuit… ça s’arrêtait là. Seul le regard où il semblait voir le reflet de ses pensées parvenait à capter ce qui lui restait d’attention. Toujours sans briser le contact visuel, le garçon tendit un bras tremblant vers l’épaule de la jeune fille pour éviter de s’étaler douloureusement sur les dalles froides de cette rue sombre et désertée. Et juste au moment où sa main gelée entrait en contact avec l’épaule de la personne lui faisant face, le visage de cette dernière s’assombrit, ses traits se crispèrent, suite à quoi elle s’écroula brusquement sur le sol. Et à cet instant précis, une violente vague de froid envahit le jeune garçon…

… qui décolla difficilement les paupières, tout en sueur. Qu’il referma aussitôt, aveuglé par la lumière du jour qui s’était immiscée dans la pièce à travers les volets mal fermés. Encore dans cette période quelque part entre le sommeil et l’éveil, où rêve et réalité ne font qu’un, il sentait son cœur battre la chamade et revivait mentalement les instants qu’il venait de vivre, un million d’images défilant dans son esprit, mais la douleur s’était calmée. En fait, il n’y avait plus aucune trace de douleur, la seule chose qui clochait c’était les frissons qui parcouraient son corps dus à l’absence de couette. Ouvrant un œil, Nathanaël se redressa sur ses coudes et fit pivoter sa tête sur le côté, inspectant les alentours. Juste à temps pour voir la couette gésir au pied de son lit et une petite créature poilue rejoindre la pièce voisine sur les chapeaux de roues.


SOMEEEEERS ! LA PROCHAINE FOIS QUE TON IDIOT D’HAMSTER VIENT ME REVEILLER, JE LE NOIE DANS LA PISCINE DES VOISINS !

Sa voix, rappelant celle d’une personne qui émerge du coma, avait retenti dans toute la maison, comme à chaque fois qu’une petite chose égoïste venait tirer Nath de son sommeil abyssal. Le hamster de son frère était la cause de bon nombre de disputes dans la maison des Gyllenhâal, mais on ne va pas s’attarder sur le sujet, même si je sais que vous mourrez d’envie de connaître tous les détails bien juteux de l’amour fou qui existe entre Nathanaël et le hamster.

Le souvenir du rêve presque réel qu’il avait fait cette nuit-là ne le quitta jamais. Il revenait souvent le hanter au moment où il s’y attendait le moins. Et le mot « ethernescence » s’était carrément installé dans la mémoire du Gryffondor. Ni les parents, ni les amis, ni les dictionnaires de plus de quinze mille pages de la bibliothèque n’avaient été capables de lui en indiquer le sens. Ce mot-là n’existait tout simplement pas. Sauf qu’il refusait de sortir de l’esprit de Nathanaël.

*


Nathanaël restait comme enraciné, tellement le choc d’entendre LE mot qui le hantait depuis deux ans sortir de la bouche d’une personne qu’au premier abord, il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, était puissant. La retenue qu’ils risquaient en restant là ne faisait momentanément plus partie de ses priorités. Même sous la menace d’un pistolet braqué sur sa tempe il aurait été incapable de bouger le moindre petit orteil, alors la retenue… Des images qu’il aurait été capable de reproduire sur papier à force de les voir défiler dans son esprit tourbillonnaient justement dans sa tête, entraînant avec elles d’autres pensées qui risquaient de s’y aventurer. Ca donnait un curieux mélange (et un léger mal de tête). Ce n’est qu’au bout de quelques secondes de transe totale qu’il revint à la réalité, sentant une sorte de pression au niveau de son poignet gauche. Il cilla. Les contours qui étaient devenus flous se précisèrent d’un coup. Pénombre le fusillait du regard, l’incitant à lui répondre sur-le-champ, comme si sa vie en dépendait.

D’ailleurs, intrigué qu’il était, Nath l’aurait sûrement fait, si un craquement de branche ne s’était pas fait entendre à ce moment-là. La réalité s’était brusquement immiscée dans son esprit, et il réalisa qu’il avait complètement oublié le garde chasse qui, à en juger par la netteté du bruit, n’était plus très loin. Il dégagea son poignet de l’étreinte de Pénombre et ses doigts se refermèrent sur celui de la Serpentard, qu’il tira vers lui pour la faire sortir de sa rêverie. Avec un peu de chance, elle finirait elle aussi par réaliser que la retenue était tout proche. Ce n’était plus qu’une question de secondes. Et pourtant… le Gryffondor fit un pas vers les buissons qui les séparaient du monticule sombre, se disant que c’était peut-être le moment ou jamais.


« Dépêch… » avait-il chuchoté, mais avant qu’il ait le temps de terminer sa phrase, une voix grave tonitrua à quelques deux mètres de là où ils se trouvaient :

« CROCKDUR ! »

Le garde chasse venait de tomber sur son chien étendu, inerte, sur le sol. Commençant sérieusement à paniquer, Nath se plaqua contre l’arbre, croisant les doigts pour que l’obscurité de l’endroit joue en leur faveur. Il se tourna vers Pénombre. L’interprétation du regard qu’il lui lança ne laissait planer aucun doute : tu-vois-dans-quel-pétrin-on-est-maintenant-et-tout-ça-à-cause-de-qui ?
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MessageSujet: Re: La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël)   La mémoire des vivants, le regret des blessés (PV Nathanaël) EmptyMer 6 Sep - 18:12:29

// Cela faisait longtemps maintenant qu’elle l’attendait. Veillant avec attention cette fois encore, les coudes négligemment posés sur la balustrade de métal finement arqué, fer glacial qui ponctuait d’élégance les délimitations de la fenêtre de sa chambre, alors que son regard d’un vert vif et agressif se perdait au delà du chemin de gravier fin dans les simulacres de noirceur d’une nuit sans lune. Ses prunelles sombres passaient et repassaient sans cesse sur l’endroit où elle l’avait aperçu la toute première fois, l’unique, ce jeune garçon égaré dans l’obscurité et les ténèbres nocturnes, blessé et inconnu.

Cela faisait plusieurs soirées à présent qu’elle bravait son besoin de sommeil de plus en plus oppressant au fur et à mesure que le manque se creusait en son sein, qu’elle dévorait des yeux chaque soir venu la robe pénombre de Némésis, Déesse sœur jumelle des Aurores, l’arpentant du regard à la recherche de la silhouette du jeune garçon devenue familière avec l’obsession. Aux aguets, à la hâte de distinguer parmi les ombres, celle de ce brun mystérieux et sombre qui l’avait trouvée, éreintée et qui lui avait adressé dans un soupir ce mot qui ne cessait dès lors de résonner dans sa tête tel un écho incessant. La jeune fille ne parvenait pas à trancher dans la signification de ce mot, les raisons qui auraient pu amener l’intrus à les lui exprimer, était ce un appel au secours, une mise en garde ou encore autre chose ? Ses recherches sur le sujet s’étaient avérées infructueuses, vaines, Ethernescence n’existait dans nuls dictionnaires, nuls grimoires de Magie ancienne ou altérée. Rien, pas la moindre autre allusions quelconques, nuls parts, pas la plus infime piste à suivre, que ce mot semblant sans signification mais qui, d’instinct elle le savait, en recelait d’importants secrets. A des moments, ce n’était plus qu’une voix sans repos en son esprit, répétant inlassablement ce seul terme depuis déjà un nombre de nuits dont la Serpentarde n’avait plus vraiment conscience.

C’était étrange et inhabituel à un point tel que la jeune fille ne parvenait plus à penser, la nuit venue, à autres choses qu’à ces curieux évènements qui semblaient contredire la réalité, n’avoir jamais véritablement eu lieu tant emprunt d’illogisme et d’incohérences… La poursuiveuse se souvenait pourtant parfaitement de son toucher glacial, froid, ferme qui avait ensuite fait naître la douleur, et le chaos. Il avait, pensait elle, puiser directement dans l’énergie vitale de la jeune fille pour se l’approprier et lutter ainsi contre ce mal qui le rongeait, qui le dévorait. Pourquoi ? Qu’est ce qui avait bien pu le mettre dans un tel état et tant l’affaiblir ? Qu’est ce qui avait rendu son regard si pesant, si noir ? Si insoutenable… Elle ne pouvait se résigner à croire qu’elle avait été victime d’une hallucination, elle ne pouvait penser qu’elle avait divagué… Pourtant il n’y avait plus que sa mémoire pour en témoigner, que sa parole pour la vérité. Mais en était ce bien une ? Avait ce été réel ? … Ce matin là, le lendemain de cette rencontre plus qu’inopportune, c’était les rayons dorés du soleil levant, d’une intensité encore hésitante qui vinrent la tirer un peu brutalement des bras de Morphée. Quelques secondes dissuadée par la douleur aiguë de son épaule, Pénombre avait mis un temps à se relever, heurtée par la lumière crue du jour sans savoir où elle se trouvait, ni pourquoi. Mais après un léger temps d’hésitation et de questionnements intenses, les souvenirs n’avaient pas tarder à affluer dans son crâne, dès lors qu’elle eût ouvert les yeux sur sa position, sur les allées de fleurs fines et épanouies même l’hiver qui jalonnaient les allées du jardin des Craft. Rapidement, la brune aux yeux clairs avait constaté qu’il n’y avait plus la moindre trace de ce qu’il s’était passé auparavant, ni corps, ni même aucun indice si minuscule soit il, témoins de la scène passée, il ne restait que cette souffrance qui tenaillait encore le haut de son bras, là où leur deux peaux étaient entrées en contact.

Encore une fois, le soupir de la Rusée troubla le silence paisible de l’instant alors que d’un geste nerveux et déçu, elle se passa une main dans la longue chevelure noir de jais qu’elle avait hérité de sa mère. Encore une nuit à sacrifier son sommeil et toujours pas de réponse, toujours rien… Gagnée peu à peu par une fatigue accumulée au fil de ses soirées d’éveil, la Serpentarde fit quelques pas en arrière avant de se laisser négligemment tomber sur son lit, le regard perdu sur les marquages subtils et décoratifs du plafond de sa chambre. La troisième année resta un moment ainsi, les pupilles dilatées par l’obscurité environnante, le regard perdu au delà de ce mur haut perché devant elle, sans réellement le voir, juste à se remémorer les souvenirs de cette fameuse nuit qui ne cessait plus de l’obséder, à tenter de redessiner avec une précision de plus en plus altérée par sa fréquence de rappel, les traits faciaux du brun. Lentement, ses paupières s’abaissèrent, attirant la vert et argent vers une douce somnolence, prémices de ce sommeil qui commençait inévitablement à lui manquer. Pénombre se rappelait encore les images qu’elle avait pu graver dans sa mémoire grâce aux nombreux sorts de remémoration qu’elle s’était infligée. Surtout cette marque qu’il portait sur le pectoral gauche, une sorte d’esquisse noirâtre aux formes entremêlées, fines et intrigantes, aux courbes larges et esthétiques. La jeune fille avait su dès sa découverte qu’elle se servirait de ce curieux détail pour le reconnaître, pour retrouver sa trace mais deux longues années s’étaient ensuite écoulées depuis qu’elle avait remarqué ce détail sans que de nouveaux éléments ne lui permettent malheureusement d’avancer dans ses recherches. La lassitude était née mois après mois et la déception de n’avoir trouvé de qui il s’agissait l’avait finalement conduite à mettre de côté ces évènements, sans compter que le temps et les soucis qu’il lui avait apporté avait encore éloigné davantage ses pensées de cet incident inexpliqué. Son entrée à Poudlard changea sa vie et elle ne pensa plus à l’étranger. //



Jusqu’à ce soir.



Là dans les ténèbres et la nuit, là devant elle, le regard d'autant plus assombri par l’absence désormais remarquable de la lune, la ressemblance était littéralement frappante. Et puis, la réaction du Courageux en disait long sur ce qu’il savait, sur la manière dont il était concerné par l’Ethernescence, quoique ce soit, il savait quelque chose qu’elle ignorait et cela renforça son envie d'en savoir plus. Mais pas de suite non, l’imminence et l’urgence de la situation ne lui permettaient pas encore de le questionner comme elle le souhaitait. Impression d’impératif sans doute renforcée par le soudain détachement du Gryffondor de sa prise sur son poignet et par l’inversion des rôles directeurs lorsqu’à son tour, il referma son étreinte sur son bras, l’attirant contre le tronc de l’arbre millénaire. Ils avaient perdu un temps précieux par son comportement et son insatiable curiosité et Pénombre en avait parfaitement conscience, elle devait agir, vite et habilement pour se tirer de ce mauvais pas. Hagrid approchait et le craquement sonore d’une branche miraculeusement épargnée par le déversement torrentiel des eaux l’avertit qu’elle devait impérativement créer une diversion. Rapidement, elle s’abaissa dans les ombres, prenant garde à ne pas se faire repérer et attrapa une pierre d’une taille assez conséquente à dominer l’environnement sonore dans le fracas futur de sa chute au sol. Il fallait que le garde chasse l’entende tomber et se détourne, ne serait ce qu’un instant, d’eux. La Serpentarde arma son bras en arrière et contracta ses muscles dans un effort sourd, rejetant au loin le roc qui s’écrasa violemment contre un arbre à quelques dizaines de mètres sur la droite du barbu. Puis elle se tassa ensuite contre le tronc de leur cachette, attendant, la respiration étouffée, à l’écoute et aux aguets des mouvements de l'homme. Pénombre ne le vit pas distinctement, mais elle déduit des froissements sonores qui lui parvinrent aux oreilles, qu’Hagrid avait dû s’abaisser pour ausculter son compagnon poilu. Après un bref instant de silence dans laquelle l’anxiété pouvait se deviner, il lança d’un voix tonitruante en direction de là où la pierre avait frappé l’arbre :

« Qui va là ? Montrer vous ! Qui a osé faire ça à mon chien ? MONTREZ VOUS ! Dumbledore va entendre parler de vous, c’est moi qui vous le dit ! »

Le ton menaçant d'Hagrid incita la Rusée à se hâter dans leur fuite et elle referma, une fois de plus, ses doigts pâles sur le poignet du garçon de la même manière qu’il le faisait, renforçant ainsi leur lien physique. Se mettant immédiatement à courir dès que la voie s’avéra être libre, la vert et argent entraîna le brun vers la butte de terre juste quelques mètres devant eux. Sans le moindre ménagement, Pénombre l’attira derrière le monticule, l’incitant à se plaquer tant que possible contre la paroi pentue, elle se cala à ses côtés. Silence troublé que par sa respiration contenue. Et alors même que le danger n’était pas encore tout à fait hors de portée, la brune aux yeux verts croisa le regard plus sombre de son compagnon d’infortune, ne lui adressant nulles paroles, juste à le regarder comme s’il était d’une race différente de la sienne, curieuse et intriguée. Mais étrangement, ses prunelles de jais se muèrent d’expression, quittant l’inquiétude et la curiosité pour arborer quelque chose de plus malicieux, de plus déterminé et d’incroyablement plus fort. Lentement, elle se déplaça jusqu’à lui faire face puis, d’un geste brusque et d’une rapidité qui lui coupa toutes possibilités de réaction, Pénombre dégagea les pans de sa veste sombre pour attraper sa chemise blanche à pleine poignée. Violemment, la Serpentarde brisa les liens qui permettaient au vêtement d’entourer le poitrail du jeune garçon, mettant à nu sa peau légèrement hâlée. La jeune fille la parcourut intensément du regard dans l’ardent espoir d’y distinguer dans les ombres nocturnes, cette marque tribale qu’elle savait être sur l’inconnu d’il y a deux ans. Puis elle la vit, se dégageant des ténèbres, l’esquisse de cette nuit là, liens noirâtres fins et enlacés dans une étreinte fascinante. N’en croyant ses yeux, la descendante des Craft resta un instant murée de silence, juste à dévorer des yeux la marque qu’il portait sur lui sans oser croire ce que lui clamait ses yeux. Doucement, elle libéra le poignet du Gryffondor pour poser ses doigts glacés sur son torse, redessinant les courbes de son tribal comme pour se convaincre de son existence. Enfin, après de longues minutes à tenter de distinguer le vrai du faux, la poursuiveuse releva le regard vers son compagnon et d’une expression sans sentiments, ni ressentis, elle lui murmura :

« Je savais que c’était toi… »
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