Luna avait passé sa matinée dans la bibliothèque comme chaque fois qu'elle en a l'occasion car malgré sa maladresse et son aspect loufoque, elle restait néanmoins une grande lectrice cultivée. Pendant plus d'une heure, elle s'était amusée à observer les élèves de Poufsouffle s'entraînaient au Quidditch. Luna avait déjà volé sur un balai que son père lui avait acheté pour son anniversaire le jour de ses neuf ans. Il lui avait apprit à voler un peu mais la jeune fille, malgré son intelligence, n'était pas forcément la meilleure des meilleures. Pour cause d'ailleurs... elle avait toujours la faculté de se retrouver les fesses parterre à chaque tentative de vole.
Heureusement pour elle, son père avait une patience rare. Il lui expliquait qu'une seule fois les choses mais il fallait beaucoup de temps pour qu'elle arrive à accorder son cerveau avec ses muscles.

Son père ne riait jamais d'elle mais il laissait toujours place à un magnifique sourire qu'il ne cachait pas par respect pour sa fille. D'ailleurs, elle n'avait absolument pas honte que son père sourit à ses chutes, bien au contraire même, ça lui remontait toujours le moral. Elle aimait voir son père heureux, et malgré que ce soit rare, quand elle était avec lui, il l'était malgré tout.
Acceptant toujours sa fille telle qu'elle était réellement, la jeune fille avait développé son indépendance à la mode tout comme à la mentalité. Elle jugeait que très rarement les gens, sauf les sorciers tel que Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom. Elle portait un mépris assez important pour ce genre de personne mais savait très bien gérer ses émotions. Elle n'avait pas la fougue des Gryffondor, et elle ne s'en cachait guère.

D'ailleurs, elle se souvenait de toutes ses pensées juste avant d'être arrivée sur le tabouret pour qu'on lui dépose le choixpeau sur la tête. Son père lui avait longuement parlé des quatre maisons et Luna n'avait pas réellement de préférence. Poufsouffle était une maison qu'elle appréciait énormément, car cette maison était digne des gens dont la loyauté et le travail se maniaient avec grâce. La fougue et le courage des Gryffondor lui donnaient des idées d'aventuriers qui menaient leurs intrigues avec élégance. Tandis qu'elle rejetait en bloc la maison des vils Serpentard, elle idolâtrait énormément la maison des érudits, Serdaigle. Malgré son incroyable coup de foudre pour cette maison, jamais, Ô grand Merlin jamais, elle imaginait y être envoyée. Elle se voyait beaucoup plus à Poufsouffle pour sa loyauté. Serdaigle était plus une maison inaccessible destinait à son fantasme... son rêve le plus cher... un désir ardent.

Tout en revenant parmi les mortels, elle était déjà entrain de ranger ses affaires pour aller en direction du Terrain de Quidditch. Quelle bonne idée d'aller voir de plus prêt comment ses élèves se débrouillent sur un manche à balai.
Luna ne courrait guère dans les couloirs car la patience faisait partie de ses qualités mais son désir d'aller voir le plus vite possible la forçait à accélérer un tantinet.
Quand elle arriva dans les tribunes, l'équipe de Quidditch venait de finir son entraînement et les jeunes gens rentraient dans le vestiaire. Luna déçue par le fait qu'elle ne puisse les voir de plus prêt, eu la merveilleuse idée d'aller leur emprunter un balai juste pour voir quel effet cela faisait de voler sur le grand terrain de Quidditch.
Tout en marchant d'un pas feutré, la jeune fille avait déjà remarqué un balai certes plus ancien que les autres sur le banc de touche. Elle se précipita pour le prendre et se mit au milieu du terrain.

- Debout !!!

Dit-elle avec assurance en tendant sa main au dessus du balai pour l'attraper. Du premier coup il se blottit dans le creux de la paume de la jeune Serdaigle et dans la seconde qui suivait, Luna enfourcha le vieux balai. Elle tapa fort du pied gauche et s'envola dans les airs avec une rapidité qu'elle n'avait pas calculé.

- WAAAAAAAhooooooooo ... WAHooooooo... wahhOOOOOOOOO...

Ne maîtrisant absolument pas le balai, la jeune Serdaigle totalement sonnée essayait de se cramponnait au mieux. Elle fit une dizaine de looping, plusieurs fois elle avait évité de justesse les grandes tours. Se cramponnant toujours énormément au balai, elle essayait de relever un tantinet la tête pour voir mais rien n'y faisait... elle était totalement impuissante face à la situation plus que déroutante... Les jambes se repliant tout en se croisant pour éviter qu'elles volent dans tous les sens, ses bras commençaient fortement à lui faire mal. La jeune fille qui essayait de rester calme commençait à avoir très mal au coeur.

*Par Merlin... par Merlin... Réfléchit Luna, réfléchit... Viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiittttttttttteeeeeeeuh*

- Waaaaahaaaaaaaaaaaa

Au niveau de derrière du balai qui commençait à se relevait, se qui provoquait la chute presque certaine mais qui remonta trop haut et une dizaine de looping revinrent à la charge mais cette fois, la tête la première. Luna devenait de plus en plus inquiète de son sort mais ne pouvant attraper sa baguette, elle réfléchissait à autre chose. Entre le fait d'avoir tous ses organes vacillants dans son corps et des nausées la jeune Serdaigle se mit légèrement vers la droite sans réellement sans rendre compte et commença à descendre en douceur quand son corps se posa sur le sol. Elle resta couchée sur le côté tout en essayant de reprendre un peu de force et surtout se calmer... Qu'allait-elle faire après cela ? Remonter sur un balai ?

Un large rayon éclatant d’un soleil naissant s’infiltra dans la salle commune de Gryffondor et vint éclairer un visage encadré de mèches noires dont les traits laissaient clairement apparaître la fatigue et le manque de sommeil dont la personne en question était victime. Enfin disons plutôt victime consentante.

Le mois d’avril avait pointé le bout de son nez et ramené avec lui quelques belles journées ensoleillées, qui se faisaient de plus en plus fréquentes à mesure que le temps passait. Ce samedi matin en était une. Il était à peine 11 heures, et le parc baignait déjà dans une douce et agréable lueur dorée. D’ailleurs, la salle commune des Rouge et Or se retrouvait complètement désertée (à une exception près). Une seule personne sommeillait tranquillement, affalée sur un canapé bien moelleux. Une seule personne était frappée au point de passer la matinée enfermé dans une tour entièrement recouverte de rouge. (non, vraiment, c’était à vous rendre dingue ! ils auraient pu mixer un peu les couleurs, histoire que les élèves ne fassent pas une over-dose de rouge…).

Aveuglé par le rayon de soleil qui l’avait frappé en plein visage, Nathanaël ouvrit lentement les yeux, puis s’étira longuement en baillant. Une quinzaine de bouquins à ses pieds, entassés l’un sur l’autre à l’arrache, formant deux grosses piles branlantes. En fait, le Gryffondor aux cheveux d’ébène avait rassemblé tout son courage et mit son réveil (défiguré et scotché de partout, à force d’avoir souffert plus d’une chute) à… 7 heures du matin. Ce qui, en soi, relevait d’un effort exceptionnel. Quiconque connaissait Nath aurait été frappé de stupeur en entendant ça. Et quand en plus on sait dans quel –noble- but il sacrifiait ces quelques heures de son précieux sommeil, on serait carrément capable d’éclater d’un rire incrédule.

Mais non, rassurez vous, ça n’a rien d’une blague de mauvais goût. En fait, quelques jours avant ce samedi ensoleillé, quelqu’un avait eu la bonne idée de le mettre au courant au sujet des examens de passage qui avaient lieu, invariablement, tous les ans, au mois de juin. Obsédé comme il était par la nécessité de se prouver qu’il avait le niveau pour rester élève à Poudlard, dans un éclair d’intelligence et de bon sens, il avait finalement décidé de sacrifier ce week-end (et pas qu’un seul) et troquer deux jours de délires dans le parc avec les autres contre deux jours de profond ennui, voire de sommeil de révisions.

Sauf que voilà, manque de pot, il s’était endormi, le manuel de métamorphose sur les genoux (qui, naturellement, s’est retrouvé par terre au final). C’était ça de l’arracher de son coma (= sommeil très très profond).

Donc pour reprendre l’histoire. Après avoir baillé pendant au moins deux minutes, Nathanaël se leva et se fit le tour de la pièce, histoire de se dégourdir les jambes. Faire les cents pas dans la salle commune paraissait minable à côté d’une bonne course effrénée dans le parc. Les rayons de soleil chauds et agréables l’incitaient à quitter cette pièce froide et moisie, alors qu’une petite (toute minuscule) voix qu’était sa conscience le lui interdisait formellement. Ses yeux, qui étaient en train de balayer la salle commune, s’arrêtèrent finalement sur un large bouquin posé négligemment sur une table basse. Un bouquin intitulé Le Sport chez les Sorciers. Bouquin que Nath avait déjà eu l’occasion de feuilleter. Il s’était alors aperçu que ces gens là n’étaient pas très sportifs. Bon, ils savaient peut-être ranger leur chambre en une fraction de seconde, ou faire apparaître des objets d’un claquement de doigts, mais ils passaient à côté de quelque chose de vraiment … vital. Le sport. Les sorciers manquaient cruellement de diversité en matière d’activités sportives. Le sport universel était le Quidditch, un mélange de foot et de basket d’après ce qu’il avait lu. Avec des balais volants en plus. Tout le reste aussi se jouait sur balai. Question originalité, ils avaient encore des progrès à faire.

Mais la curiosité avait fini par prendre le dessus, et Nath était de plus en plus intrigué par ce sport tout aussi bizarre qu’aimé. Normal, vous me direz, vu qu’il n’avait pas vraiment le choix. C’était ça ou rien.

C’est donc gonflé d’une curiosité toute naturelle que Nath s’était retrouvé sur le terrain de Quidditch, cet après midi là, ayant finalement laissé tomber ses révisions (on va appeler ça comme ça). Un balai emprunté aux vestiaires à la main (un Nimbus Century, c’était pas rien quand même ! Il avait eu de la chance de tomber sur un balai plus ou moins rapide (ou la malchance), il marchait en direction du terrain. « Tu enfourches le balai, tu donnes un grand coup de pied par terre histoire de décaler quand même, sinon tu passes pour le dernier des idiots (à éviter si possible), puis tu tires le manche et tu décolles » Il répétait ce mantra en boucle dans sa tête. Mais même avec autant de précautions, quiconque connaissait Nath savait qu’une catastrophe était inévitable.

Arrivé enfin sur le terrain, il se plaça à gauche de son balai, tendit son bras droit juste au-dessus de ce dernier, et articula (ou plutôt, essaya d’articuler) :

« Deb… » même pas deux syllabes, brusquement interrompu par un

« Waaaaaaaaaaaaaaaaaahaaaaaaaaa » sonore.

Nathanaël leva la tête vers la source du bruit, juste à temps pour voir une tache bleu/blond faire une belle chute plutôt amortie à une trentaine de mètres de là où il se trouvait, entre une dizaine de loopings, vrilles, et galipettes en tout genre. Apparemment, il n’était pas le seul à ne pas savoir se servir d’un balai ici. Reste à savoir ce qui se passe quand deux catastrophes ambulantes se rencontrent…

Il se rapprocha de la personne (oui car il n’y avait aucun doute, c’était bel et bien une personne). Une Serdaigle, à en juger par la couleur de son uniforme. Qui était étendue sur le sol, reprenant son souffle. Idem pour le balai. Ni l’un ni l’autre ne semblaient avoir souffert.

« Waouh ! sympa les loopings ! C’était de l’impro ou t’avais prévu de faire de la gymnastique sur balai à l’avance ? »

Comme la fille ne répondit pas tout de suite, il ajouta, perplexe :

« Ca va ? Rien de cassé ? »