Shirley écouta avec attention les remarques du professeur. Elle désirait réellement réussir et était prête à exécuter à la lettre les instructions pour y parvenir. Elle sentait au fond d'elle même que les sortilèges informulés lui seraient un jour d'une grande utilité et savait pertinemment que plus tôt elle les maîtriserait, mieux se serait pour elle.

Le silence revenu dans la salle de cours, Shirley put à nouveau tenter de se concentrer. Il n'était pas évident de chasser toutes ses pensées de son esprit et elle resta donc quelques minutes silencieuse, les yeux fermés, tentant de sortir l'image de Père, puis du Quidditch, puis du futur devoir de métamorphose de sa tête.

Enfin, elle parvint à focaliser toutes ses pensées sur la conception virtuelle d'un trou noir qui semblait envoyer tout ce qui lui venait à l'esprit, la moindre étincelle d'idée, aux confins de l'univers. Ce trou noir imaginaire aspirait tout et semblait interminable.

Désireuse de prendre son temps, Shirley donnait intérieurement vie à ce trou noir, lui donnait une consistance virtuelle, de manière à ce qu'il ne puisse disparaître de son esprit au premier moment de relâchement. De longues minutes s'écoulèrent ainsi.

Sereine, entièrement concentrée sur son trou noir, Shirley sentit le moment adéquat venir.

* Mon livre flotte dans les airs, près du trou noir, mon livre flotte dans les airs près du trou noir, mon livre flotte dans les airs... *

Ceci était l'unique pensée présente à son esprit. Durant quelques instants, rien ne se produisit, mais elle ne baissa pas les bras et continua de s'auto-convaincre de la présence de son livre dans les airs, à proximité du trou noir. Et enfin, il apparut.

Plus rien autour d'elle ne pouvait la perturber, elle était entièrement vouée à la réalisation de son TP et ne pensait plus qu'à celà. Longtemps, elle laissa flotter l'ouvrage dans son esprit. Il allait et venait au gré de l'attraction du trou noir imaginaire.

D'un geste d'automate, Shirley se saisit de sa baguette. A la voir ainsi, on aurait pu la croire somnambule, tellement son esprit semblait être ailleurs.

Sa baguette ainsi à la main, elle récita intérieurement la formule, * Wingardium Leviosa *, tout en continuant de visualiser livre et trou noir. Elle semblait désireuse de contrôler de sa baguette les mouvements de son livre, dans son esprit.

Et dans sa tête, le livre commença à bouger au gré des fluctuations de sa baguette magique, formant tour à tour des cercles, des vagues, montant, descendant...

Appliquant enfin la dernière consigne du professeur, Shirley ouvrit les yeux, toujours tel un automate, sans même aucun désir de voir de ses yeux si son sort avait réellement fonctionner. Elle le sentait déjà et en eut une simple confirmation. Identique à ce qu'elle avait pu voir dans sa tête, le livre volait dans les airs dans les directions qu'elle lui imposait à l'aide de sa baguette, comme à l'aide d'un Wingardium Leviosa formulé.

Shirley continua son petit jeu un moment, grisée par cette réussite. Puis, lorsqu'elle fut certaine que le professeur avait vu son travail. Elle reposa délicatement le livre sur la table grâce à sa baguette et attendit.