Un homme arpentait la salle de classe soigneusement préparée à recevoir les élèves. Le professeur était là depuis environ une heure et avait mis en place la salle pour son premier cours.

Les doubles bancs étaient agencés en trois colonnes, en comprenant chacune quatre. Le bureau professoral était sur une estrade surélevée de plus ou moins trente centimètres afin de pouvoir guetter les élève qui seraient tentés dormir durant les cours. Les rideaux des grandes fenêtres sur le mur de gauche étaient totalement ouverts pour faire rentrer la lumière matinale.

Le cours de duel étant un cours avec des travaux pratiques, sur la moitié droite de la salle, agrandie par magie, se trouvait la partie réservée aux duels. Une grande scène recouverte d’un drap rouge et quatre petites. Il pouvait ainsi faire travailler la moitié de ses élèves en même temps ou faire une démonstration, car la grande pouvait accueillir deux groupes.

Les murs étaient ornés d’affiches avec des représentations de sortilèges ou de leurs effets. Certaines affiches étaient masquées par des rideaux, une précaution élémentaire quand on allait donner cours aux débutants. Au-dessus du tableau, se trouvait une plaque de marbre où était écrit “Cours de duel ; professeur W. Mc Carter”, signe d’un ego assez boursouflé.

En touche finale, le professeur agita sa baguette et fit disparaître la poussière qui s’était remuée, le poste étant à l’abandon depuis un certain temps. Un second geste fit apparaître au tableau noir : “Ier cours”. Il alla ensuite s’asseoir à son bureau, se servit une tasse de thé, puis attendit. Il faudrait les réveiller après un cours d’histoire de la magie.

Ce cours allait enfin être pris en main. Il avait hâte de voir ce que les élèves avaient dans le ventre mais il faudrait vraisemblablement commencer doucement car il était persuadé que des méthodes trop brutales ne seraient pas très appréciées.

Il considérait cependant que son cours était, avec la défense contre les forces du mal, un cours essentiel pour quiconque voulait avoir envie de lutter contre les mages noirs, et surtout, s’en sortir vivant.

Quelle idée saugrenue que celle des Anglais d’infliger à leurs enfants des cours d’Histoire de la Magie ? Etait-ce une forme de torture déguisée sous la savante couverture d’un enseignement obligatoire pour calmer leurs ardeurs de jeunesse ou bien pensaient-ils réellement que de savoir le nombre exact de révolutions de Gobelins leur servirait dans la vie ? Non parce que le seul enseignement à en tirer c’était que les Gobelins étaient dangereux et perfides et qu’il valait mieux être dans leurs petits papiers, pas la peine de créer une matière juste pour ça. Et puis il fallait admettre que le fait que le professeur soit un ectoplasme (une fois la surprise première passée) n’aidait pas à rendre le cours "vivant" : Binns réussissait à rendre un combat de Merlin lui-même d’un ennui à mourir !

On peut donc dire que Nikolaï avait littéralement fui la salle de cours dès que la sonnerie avait retentie, prêt depuis déjà dix bonnes minutes (il avait arrêté de faire semblant de suivre au bout d’une heure lorsqu’il avait dû admettre que sa feuille était aussi blanche qu’au début du cours) et n’attendant que le tintement salvateur. Il se dirigeait maintenant vers son premier cours de Duel avec empressement, cherchant à mettre le plus de distance possible entre lui et la salle d’Histoire et impatient de découvrir enfin une matière qui l’intéressait réellement. Le Duel avait une véritable utilité dans la vie de tous les jours, en tout cas dans SA vie de tous les jours.

Lorsqu’il entra dans la salle, il ne fut pas étonné de la voir quasiment vide (il aviat été dans les premiers à quitter le cours précédent comme dit ci-dessus) à l’exception du professeur qu’il salua poliment d’un hochement de tête et d’une Serdaigle plus jeune que lui qu’il avait déjà remarqué à plusieurs cours, elle avait un nom étranger et un accent, bien que beaucoup moins prononcé que le sien. Il observa distraitement la décoration de la salle et fut intrigué par les rideaux cachant certaines des affiches : si le prof avait quelque chose à cacher à ses élèves pourquoi l’afficher sur les murs de sa salle de classe ? Il ne poussa néanmoins pas plus loin son interrogation, ayant appris qu’il ne servait à rien de se triturer les méninges pour un problème sans solution immédiate, il aurait bien le temps de faire des recherches plus tard.

Sur un coup de tête, il décida de s’asseoir à côté de la Serdaigle. Après tout, il allait bien falloir se trouver un partenaire à un moment ou à un autre du cours, alors autant prendre les devants et choisir une personne qui ne lui serait pas excessivement désagréable. La fillette semblait calme comme la plupart des gens de sa maison et puis entre étrangers, elle n’oserait sûrement pas se moquer de son accent, enfin sinon tant pis pour elle, elle en souffrirait les conséquences. Il se dirigea donc droit sur elle et posa tranquillement ses affaires sur la table à côté de la sienne, avant de s’asseoir comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle qui soit. Cependant, il ne dit rien, ce n’était pas parce qu’il l’avait choisie comme future partenaire de Duel qu’il allait lui raconter sa vie pour autant !

Il regarda le suivant en se demandant s'il ne ferait pas bien de rabattre le caquet de ces casse-pieds, avant qu'ils ne l'énervent réellement bien que, il fallait l'avouer, pour l'instant, il s'amusait beaucoup à leurs dépens. Jusqu'où allaient-ils pousser les limites ?