Les journées de repos du directeur étaient rares. En ce moment, il en profitait d'ailleurs pour quitter Londres et allerdans sa résidence secondaire. Lawrence avait besoin de décompresser et s'éloigner de temps en temps s'avérait nécessaire. Aujourd'hui, il avait décidé de rester. Le jeune homme avait quelques courses à faire. Le juriste avait été invité par Mme Adamson et il avait envi de s'y rendre avec un costume neuf. L'importance de l'apparence, une mise en plis correcte, des tenues élégantes faisait partie du jeu des mondanités et ces frivolités détendaient l'homme. Se concentrer sur un sujet aussi superficiel était amusant. Quoique la mise en plis avait de l'importance sur l'impression que l'on laissait sur les gens. Ce n'était donc pas un détail à négliger.

Le juriste se retrouvait sur le chemin de Traverse pour se trouver un nouveau costume. Les bonnes boutiques pour ce genre d'achat n'étaient pas légion. Les anglais avaient un goût horrible pour les costumes. Il n'y avait qu'à voir l'armoire de Lacey pour s'en convaincre. Son aîné ne portait que des vêtements anglais. Ils étaient tous plus horribles les uns que les autres, avec une mention spéciale pour un costume bleu pâle à fleur noir...particulièrement chic. Le brun se sorti l'image de la tête car elle lui faisait grincer les dents. Le plus embêtant était de ne pas savoir ce qui lui faisait le plus mal au cœur: l'image du costume ou le type dedans.

Lawrence remontait tranquillement l'allée pour aller dans les bonnes adresses, quant un détail attira l'attention du jeune homme. Une silhouette féminine connue, qu'il n'avait pas vu depuis un bout de temps. Certes ils travaillaient tous les deux au ministère, mais n'avaient guère l'occasion de se croiser. Le jeune homme aurait pus continuer tranquillement sa route, sans se sentir obligé de la saluer, puisqu'elle ne semblait pas l'avoir remarqué. Une discussion parvint cependant à ses oreilles et lui inspira d'autre projet.

« T'as vu celle-là, elle doit être bonne. »
« Laisse tomber, t'y arrivera pas. T'as vu son air pète sec je me prend pas pour de la merde... ça se trouve elle est vierge. »
« Ce serait encore mieux. Tu paris que je ne relève pas le défi. »

« Vous ne devriez pas parler des femmes comme cela, surtout quand le défis en question risque de faire plus de mal que vous ne pensez. »

Les deux jeunes garçons d'une vingtaine d'année avaient regardé de manière bien ahuris le directeur qui s'était invité dans leur conversation privée. Ils se demandaient sans doute ce qui avait prit à ce bonhomme, mais ils n'eurent pas l'occasion de demander. Lawrence était déjà parti le temps qu'ils se remettent de leur surprise. Les adolescents se regardèrent avec un mauvais pressentiments surtout que le type bien habillé rentrait dans le café en question. Leur appréhension grandit quand ils le virent se diriger vers la demoiselle dont ils avaient parlé en termes si élogieux.

« Vous êtes ravissante en fleurs bleues miss Harrington, avis de spécialistes. »

Lawrence avait prononcé cette phrase avec ironie, puis son regard lui montra la fenêtre et indiqua les deux commentateurs devant la vitrine. Les jeunes gens blêmirent quand ils furent le centre de l'attention avant de se sauver. C'était d'un courageux. Un sourire apparu sur le visage de l'homme. Ils étaient de véritables modèles de politesses, d'élégances, de dignités et de courages.

« Bonjour Alice, comment vas-tu? »

Le juriste connaissait l'oubliator depuis Poudlard. Ils avaient été préfet tous les deux pendants deux ans. Le jeune homme savait parfaitement que la demoiselle n'était pas du genre fleur bleue, mais le trait d'esprit s'était imposé avec la tenue du jour. Il connaissait aussi la capacité de la demoiselle à humilier ou faire peur aux gens. Cela aurait peut-être été un peu trop pour les deux froussards, puis ça n'aurait pas eu le mérite de le détendre autant.

Les grands yeux morillons de l’oubliator regardaient le dernier morceau de tarte avec chagrin. Oh quelle torture… Une seule bouchée de la délicieuse pâtisserie qui faisait frétiller ses papilles gustative. Sa fourchette s’enfonça dans le morceau -qui avait déjà été coupé au maximum- et elle l’amena à ses lèvres, fermant les yeux pour savourer avec concentration le goût des bleuets. Si délicieux… Assez délicieux pour qu’elle ne se rende même pas compte qu’elle était épiée de l’autre côté de la vitrine.

Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres rouges délicates, tandis qu’elle prenait une gorgée de son latté. Sa journée s’annonçait bonne. Elle avait bu son thé matinal, le soleil perçait ici et là, elle ne travaillait pas et elle avait mangé de la tarte aux bleuets. Que pouvait-elle espérer de mieux? Le soir, elle irait boire un verre puis retournait dans son appartement et lirait un des nouveaux livres qu’elle achèterait chez Fleury et Bott. Tout indiquait qu’elle passerait un jour merveilleux. La demoiselle n’allait certainement pas dire non à cela.

Un mouvement à ses côtés lui fit détourner l’attention de sa tasse et la surprise fut plutôt apparente lorsqu’elle s’aperçu de qui il s’agissait. Elle s’apprêtait à le saluer, mais le juriste fut plus rapide qu’elle. Enfin… En fleurs bleues?! Non mais il rigolait ou quoi? Elle n’eu le temps de froncer les sourcils qu’une demi seconde, avant qu’elle ne suive le regard de celui-ci et regarde les gamins qui semblaient mal. L’Anglaise roula un peu les yeux à la vue de ces deux, ses lèvres se façonnant en une jolie moue presque boudeuse. Elle sembla marmonner quelque chose qui ressemblait à « sales gosses », avant qu’un léger sourire n’étire ses lèvres, ses yeux suivant les jeunes hommes qui se sauvaient. Non mais, elle avait l’air de quoi… Une fille qui fricotait avec des garçons vivant encore chez leurs parents… ? Pfff…

L’oubliator se retourna à cet instant vers son ancien compagnon de classe, un sourire reposant toujours sur ses lèvres. Elle se leva -fallait toujours pas en oublier ses bonnes manières- et lui tendit délicatement la main, ses yeux le contemplant l’espace d’un instant.

« Lawrence… Je vais très bien et toi? »

Elle lui fit signe de s’asseoir et reprit son siège, ses émeraudes le suivant. Il n’avait pas trop changé. Elle non plus d’ailleurs. Et c’était vraiment pour le mieux. Elle avait toujours eu peur de vieillir et perdre sa beauté naturelle. L’apparence avait toujours été un aspect très important à ses yeux, pour la simple raison qu’il était si simple d’obtenir de nombreuses choses grâce à celle-ci.

« Cela fait très longtemps que je ne t’ai pas vu, est-ce que tu m’éviterais? » demanda-t-elle avec humour.

Elle savait bien qu’il ne l’évitait pas. Il n’avait pas le temps. Personne n’avait le temps en fait, surtout à ce moment crucial de l’histoire. C’était un miracle qu’elle ne travaillait pas et probablement que pour lui aussi, c’était pareil. Ils étaient tous si occupés et elle savait parfaitement que Lawrence Hawkesworth faisait parti de ceux qui se donnaient à fond. Aux études, il était sérieux et studieux et elle ne pouvait que s’imaginer que c’était toujours le cas. Elle avait toujours apprécié cela, elle qui avait toujours eu un léger problème de tolérance envers tout ce qui était insignifiant. Beaucoup choses étaient insignifiantes. Beaucoup de gens étaient insignifiants. Heureusement, Lawrence Hawkesworth ne faisait pas parti de ceux-ci.

« Alors dis-moi Hawkesworth, es-tu marié? Avec plein de mômes qui court partout… Je te vois bien dans ce rôle… » dit-elle, le sarcasme transpirant dans son ton.

Marié, elle voyait bien, mais les mômes qui couraient partout… Peut-être moins. Beaucoup moins en fait. Mais tout était possible apparemment. Toutefois, l’image du juriste avec plein d’enfants autour était difficile à imaginer. Comique, mais difficile. La jeune femme chassa ces images divertissantes de son esprit et reposa son regard sur le visage de Lawrence.

Le sourire de la demoiselle ne pouvait pas tromper, la situation l'amusait. Lawrence ne s'était pas trompé. Il ne serait pas permit de faire cette remarque si celle-ci risquait de déplaire à son interlocutrice.
Alice se leva et tendit la main. Le jeune homme fit le baise main d'usage et attendit qu'elle l'invite à s'assoir avant de prendre place. Son interlocutrice se comportait en parfaite maîtresse de maison qui accueillait un visiteur dans son salon, au détail prêt qu'elle n'était pas chez elle. Ce qui rendait la situation un brun plus cocasse, mais la politesse et les manières avaient leurs exigences. Il leva la main pour appeler un serveur. Le garçon lui répondit par un signe de tête, mais le plateau plein l'obligait à faire un détour par la case appelée comptoir.

D'aussi loin que ses souvenirs remontaient, l'oubliator s'était toujours comportée ainsi. Maitrise de soi et contrôle en public, si ce n'était pas plutôt du public. Du moins une tentative pour contrôler au mieux la situation. Son attitude hautaine ne l'aidait pas toujours en la matière. Les gens n'appréciaient pas être rabaissés et le regard de la fonctionnaire était un peu trop honnête en la matière. Elle parvenait tout de même a en impressionné plus d'un par ses manières ou son attitude, même si le brun ne faisait pas partie de cette catégorie.

« Le ministère se fait un plaisir de veiller sur moi, ils doivent avoir peur que je manque d'occupation. »

Ce n'était pas de l'ironie grinçante. L'avocat tournait un peu en dérision les évènements actuels. Le sourire montrait que la phrase était bien à prendre sur le ton de l'humour. Le brun aurait dit qu'il allait bien, si les cernes noires sous ses yeux ne montraient pas de manière évidente des nuits trop courtes. Ce n'était pas le ministère qui en était responsable, mais ses problèmes d'ordre privée ne concernaient pas son interlocutrice. Au vu de la période,le ministère faisait une parfaite tête de moldu.

« C'est évident que je t'évite. Comment pourrais-je me concentrer sur le travail autrement. »

La répartie avait été également prononcé sur le ton humouristique, bien que certains hommes auraient put la prononcer sérieusement. Il fallait tout de même être honnête sur un point: Miss Harrington était un plaisir pour les yeux. Pas au point de réussir à faire sortir le directeur de ses dossiers, il fallait également l'admettre. Il était cependant très difficile de déconcentrer l'ancien Serdaigle quand celui-ci travaillait.

Alice était bien faite, ce n'était pas une nouveauté et la demoiselle était également parfaitement au courant. Elle prenait d'ailleurs grand soin de son apparence et elle pouvait jouer la carte de la séduction. Le décolleté du jour était là comme pour le confirmer. Il ne fallait cependant pas confondre Miss Angel et Miss Harrigton. La seconde veillait à avoir des tenues vestimentaires toujours élégantes, à la hauteur de la valeur qu'elle estimait avoir. Un distingué dont la première ne s'embarrassait pas. Lawrence poursuivit dans le même légèreté.

« Celui qui devrais se plaindre ici, par ailleurs c'est moi. Depuis la réforme de Scrimgeour, le nombre d'oubliators présent à mon étage n'a fait que croître.  »

Scrimgeour avait changé la stratégie des groupes, ils étaient maintenant composés de deux Aurors, un médicomages et un oubliator. Certes la réforme datait maintenant, mais elle avait rencontré pas mal de difficultés. On ne pouvait envoyer directement sur le terrain les deux autres éléments sans un minimum de préparation. Les professeurs pour les formations étaient rares,celles-ci peu évidentes en plus d'être longues et il y avait besoin de former pas mal de monde en même temps. Sans oublier que cette réforme s'était retrouvée au fond des tiroirs car le nouveaux gouvernement avait eu d'autre projets plus urgents. La réforme avait donc pris du temps à se mettre en place, mais elle était maintenant appliquée.

[color=burlywood]«  Pour la madame Hawkesworth, cela attendra encore un peu. Je t'aurais envoyé une invitation autrement. »[/color

C'était bien une idée de femme la bague au doigts. Pour Lawrence c'était encore synonyme de corde au cou. Il n'avait pas l'attention de perdre son statut de célibataire. Son charmant sourire ne montra pas sa pensée profonde sur la question. Il était inutile de dire à l'autre genre que cette obsession était du dernier des ridicules. Ce fut à ce moment à que le serveur arriva.

« Un Earl grey s'il vous plaît. Souhaites-tu repasser commande? »

Bien sûre, c'était lui qui offrait, mais ce n'était pas la peine de le préciser.

« Ai-je plus de chance de recevoir un carton du genre de ta part? »

La demoiselle n'était pas mariée, ça il l'avait déduit. Elle n'avait pas de bague et n'avait fait aucune remarque sur le miss Harrington. Les dames se faisaient toujours un plaisir de corriger et le titre et le nom dès qu'elles en changeaient. Il ne voyait pas non plus d'alliance, il devait cependant bien retourner la question.