C'était irréaliste. Tout simplement improbable. Il était encore avec ses soeurs, en train de déguster un bon repas avant que le patronus n'arrive. A présent, il était là, dans le Castel, encore en chemise blanche et pantalon à pinces, entouré d'autres membres, certains assez blessés. Il avait cru reconnaître Ophélia, Arsène, Edouard...il n'avait pas vraiment fait attention.

C'était les fêtes, comment était-ce possible?
Il était en train de fêter le nouvel an en famille. Avec ses soeurs, qui souriaient. Tout avait déjà basculé. L'alcool qu'il avait bu toute la soirée avait dû quitter son corps sans qu'il s'en aperçoive. A présent, tout tournait comme au ralenti autour de lui. Les gens qui s'amassaient, qui tournaient...il ne voyait que des ombres, le regard fixé sur Edouard.

Il ne voulait pas savoir comment c'était arrivé. Ce qui lui importait, c'était que les gens survivent. Pas pour se donner bonne conscience, ni pour l'Ordre. Pour ses soeurs. Il y avait Edouard Mole, le mentor de sa soeur, allongé par terre, en train de baigner dans son sang. Pas qu'il le connaisse personnellement, il le connaissait à peine. Il était pourtant tout pour Deryn. Elle qui avait déjà du mal à se lier aux gens...

Il avait entendu les gens gémir, les visages blanchâtres et les marques ensanglantées. Il avait croisé le regard de l'un d'entre deux, indéchiffrable,effrayant. Ils avaient combattu la mort, ils l'avaient eu à leurs côtés. L'attaque de Poudlard n'était qu'un échauffement à côté de ce qui avait dû se passer. Il n'y avait aucune raison pour que les Mangemorts aient pu savoir où ils se trouvaient. Aucun de ceux qui étaient là n'aurait trahi Dumbledore.

Il commençait à peine à réaliser l'ampleur de ce qui s'était passé, à ouvrir la bouche que Deryn avait parlé. D'une voix calme. Trop calme. Il était sorti, en même temps que la plupart des autres membres. Il avait voulu revenir mais il n'aurait pas été le bienvenu. Il ne savait pas comment aider, ni comment supporter les regards de ses soeurs. Il était resté devant la porte, immobile, prêt à agir si on lui demandait quelque chose. Il fallait qu'il soit prêt.
Ses doigts tremblaient, il avait la chair de poule. Son cerveau refusait pourtant de lui dire qu'il faisait froid. Ce n'était qu'une réaction normale. Il ne devait pas y penser.

Les gens commençaient à se poser des questions, à s'inquiéter. Il serra les poings.

- Ils vont s'en sortir, ils sont entre de bonnes mains -dit-il d'une voix assez claire. Il ajouta, cette fois plus bas, comme pour se rassurer. "Il le faut, il ne faut pas qu'elles voient ça.." .

Il voulait être utile. Il refusait de penser à ce qui allait arriver. Quelqu'un allait bien sortir. Ils en sauraient plus. Ce qu'il espérait, c'est qu'il n'y ai pas de cris. Cela pourrait mener à une panique qui n'était que trop superflue.

La voix de Griffin Irons lui parvint aux oreilles. Il ne savait pas quoi répondre. Personne ici ne saurait répondre. A part spéculer, il n'y avait rien d'autre à dire. Ou alors... Il faut s'organiser. songea le jeune homme, pourtant immobile devant la porte. Il n'arrivait pas à prendre la moindre décision. Il fallait qu'il se calme. Il fallait voir le côté positif. Tous les membres de l'Ordre étaient présents. S'il y avait un traître il aurait été démasqué.

- Cela ne sert à rien de se poser des questions auxquelles on ne peut pas répondre. Il faut protéger l'endroit.

Oui, il fallait qu'il bouge. Rester immobile le rendait fou.

[Edit : je me suis lancé pour avancer le topic mais si besoin je le modifierai]

Cadfael avait regardé la jeune médicomage avec qui il sortait arriver, tout aussi perdue que les autres. Il sentait son incompréhension, ses peurs. Il n'avait pourtant pas tourné la tête quand elle était passée, suivant de peu Faith, qui, elle, avait une mine terriblement coupable.
Il avait tourné la tête vers Crystal, dans sa robe encore immaculée. Le resterait-elle? Elle ne remettrait sans doute jamais cette tenue. Les souvenirs qu'elles évoqueraient seraient trop lourds. Elle était près de Faith, agenouillée devant elle. Il avait eu envie de la serrer contre lui, lui dire qu'il était heureux qu'elle aille bien.
Son esprit s'était durcit. Il ne devait pas se laisser aller. Il fallait qu'il reste fixé sur les objectifs. Il avait besoin de se centrer. Si les Mangemorts avaient attaqué, ils pouvaient recommencer.

Il avait vu Elanor arriver comme une furie, puis s'engouffrer dans la pièce où se trouvaient ses sœurs. Malgré tout ce qu'on aurait pu croire, en le voyant collé près de la porte, il avait tout sauf envie d'y aller. Il laissa son épaule droite frapper contre le mur glacé du chateau , et il croisa les bras. Il était mort de trouille à l'idée que des Mangemorts n'entrent et blessent ses sœurs. Qu'ils tuent les blessés devant elle.

- Le Castel est sûr. Thadeus est quelqu'un de très intelligent. Il doit avoir prévu beaucoup de choses.

Il faisait de son mieux pour y croire. Il avait réussi à accourir en même temps que ses sœurs, sous l'effet de la panique. Il savait que s'il essayait d'utiliser sa magie maintenant, il dévoilerait ses problèmes. Sa magie erratique. C'était devenu comme un sixième sens. Elle partait quelques instants, refusant de lui obéir, comme si ce n'était pas dans ses gènes d'être un sorcier.

Est-ce qu'elles avaient envie que leur frère vienne se mettre dans leurs pattes? Un grand imbécile empoté comme lui...Ce rôle qui lui collait à la peau l'étouffait à présent. Il voulait être utile malgré tout. Aurait-il été une épaule sur laquelle elles s'appuieraient... Il profita d'un instant pour balayer du regard la pièce. Elle était noyée de tristesse, d'angoisse.

- Faith, ça ne sert à rien de se lamenter. L'un de nous aurait fini par se trahir. J'ai bien été repéré à Poudlard. On est tous responsable.


Il jeta un regard dur vers la porte. Comme si celle-ci pouvait lui révéler quoi que ce soit sous un regard.

- Deryn est une très bonne médicomage. Et Niallàn est avec elle. Elles les sauveront.

C'était quelque chose dont il ne voulait pas douter. Ses soeurs étaient des génies. Elles étaient avec des sorciers de grande qualité. Elles seraient guidées, épaulées.
- Elles m'ont bien sauvé moi ajouta-t-il en gallois, presque comme un enchantement.


[j'ai écrit ça cette nuit, je le poste donc. Si besoin de le décaler, pas de problèmes ]

Quelqu'un l'aida à quitter la pièce. Une étudiante de première année, elle l'avait déjà vue dans les couloirs de l'UMA et au Q.G de l'Ordre. Faith connaissait son nom mais ne lui avait jamais vraiment parlé. Pourtant, Crystal se portait volontairement à son secours et cherchait à l'apaiser. Elle se laissa faire, consciente que ce n'était pas le moment de repousser la main de sa camarade d'un geste sec. La porte s'ouvrit sur une Elanor à l'air complètement choqué ; elle lui adressa un regard vide de signification, elle ne parvenait pas à tilter sur quoi que ce soit. Sa colocataire n'attendit d'ailleurs pas un instant et rejoignit la pièce des blessés où une étudiante en médicomagie supplémentaire serait plus utile. Il serait bien temps d'en discuter plus tard. Au calme, loin de tout ce monde, lorsqu'elle aurait l'esprit plus clair.

Après cet échange muet d'une seconde, Faith accepta de s'asseoir sur le canapé. Assise ou debout, se nervosité resterait la même. Crispée, elle s'appuya sur l'accoudoir, la tête posée sur sa main gauche qu'elle tenait en l'air, les doigts de la main droite pianotant sur sa cuisse. Crystal lui proposa son aide, que l'Anglaise refusa en secouant la tête. Il était très difficile de faire sortir le moindre son de sa bouche. Elle ne voulait pas paraître ingrate à la première année, mais elle n'avait besoin de rien, et ne désirait réellement rien en cet instant. Puis ce fut Cadell numéro uno, de lui adresser une phrase rassurante. Comme si son visage appelait au réconfort... La jeune femme se connaissait et se savait pourtant inexpressive. Peut-être étaient-ce ses yeux qui trahissaient son malaise ? Leur absence d'expression était peut-être justement plus inquiétante que des larmes. Elle leva son regard inerte vers Cadfael et pensa « Je ne dis pas un mot depuis tout à l'heure. J'ai l'air de me lamenter ? » sans toutefois s'exprimer à haute voix. Qu'ils disent ce qu'ils voulaient après tout, ça leur servirait certainement plus à se rassurer eux-même. Ils avaient tous l'air encore plus bouleversé qu'elle. Ils devaient s'estimer heureux ; elle aurait un fardeau beaucoup plus lourd que la simple inquiétude à porter désormais... Eux n'éprouveraient jamais cette culpabilité écrasante. Dans quelques jours ils seraient tous soulagés. Pas elle.


[ C'est court mais ça résume bien l'état d'esprit de Faith... ]

La fête battait son plein chez les Clarks et les frères de Mallory, comme à leur habitude, menaient le show. La jeune femme, quant à elle, n’était pas en reste et profitait de la soirée, une joyeuse parenthèse au milieu de ce monde en guerre. Titubant quelque peu, la blonde se fraya un chemin en riant pour rejoindre le buffet, son anciennement élégant chignon recouvert à présent de confettis multicolores. Cependant, cette autre coupe de champagne dont elle s’était emparée n’atteignit jamais ses lèvres. Un patronus était soudain arrivé auprès d’elle pour lui délivrer un message urgent de Lupin. Le QG avait été attaqué ! Des Mangemorts... Reposant son verre d’une main légèrement tremblante, Mallory ferma les yeux un instant, espérant contre tout espoir que personne n’avait été tué. Les idées un peu plus claires – rien de tel qu’une nouvelle pareille pour se désaouler... – la sorcière rejoignit rapidement son père et, sans trop d’explications, lui annonça qu’elle devait partir.

Encore dans sa légère robe de soirée bleue et talons haut, Mallory transplana rapidement vers le Castel de McLipswitch, son inquiétude lui faisant oublier le froid mordant de ce premier janvier. Elle n’arrivait pas à croire que le QG de l’OdP avait été une nouvelle fois découvert, ce n’était pas possible que ça puisse arriver deux fois de suite. C’était une malédiction ou quoi ? Au moins la fois précédente, il n’y avait pas eu de dégâts. Ils avaient vidés les lieux dès qu’ils avaient su qu’ils avaient un traître dans leurs rangs. Mais cette fois-ci, il y avait des blessés, ou pire... Cette incertitude était d’ailleurs insoutenable et il lui pressait de connaître la situation exacte. Certes, il y avait toujours des pertes en temps de guerre, mais la blonde ne pouvait pas se résoudre à accepter que cela arrive à qui que ce soit de l’Ordre.

A l’intérieur du Castel, c’était la panique. Les regards anxieux se portaient tous sur une porte fermée d'où on percevait des éclats de voix pas très rassurants. Clairement, il y avait des blessés... L’anglaise savait très bien qu’il y avait eu une soirée organisée au Cottage pour le Réveillon, mais elle ignorait qui exactement avait été là. Elle-même n’y était pas allée, préférant rester en famille, mais elle commençait à regretter. Mallory aurait dû être là-bas et elle aurait ainsi pu aider, peut-être... Parcourant la salle du regard, elle voyait quelques visages familiers mais c’était ceux qu’elle n’apercevait pas qui l’inquiétait.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Quelqu’un sait qui est blessé... ? questionna Mallory, espérant qu’il n’y ait pas de mort dans cette autre pièce.