La situation était assez irréelle. Tout se déroulait à une vitesse affolante, chacun contre-attaquait aussi rapide que des joueurs de Quidditch qui s’envoient un Souaffle. Mais jusqu’à présent, c’était plutôt l’équipe adverse qui menait, et très largement. Qui attraperait le Vif d’Or ? La question était surtout de savoir si tout le monde allait s’en sortir ou si l’Ordre allait voir ses rangs se rétrécirent. Chacun essayait de sauver sa peau, tout en prenant soin de celle des autres. Mark et Arsène n’avaient eu que le temps d’échanger brièvement quelques paroles que déjà, chacun de son coté, ils repartaient dans la bataille.

Ophélia éprouvait quelques difficultés, mais le blond s’en chargeait, laissant Arsène détourner douloureusement son regard et faire face à Alecto qui elle, s’en était prise à Faith. Il ne l’appréciait pas, mais il avait le sentiment de lui devoir quelque chose, une façon comme une autre de lui montrer qu’il était désolé de la situation dans laquelle il l’avait mise par pure bêtise.

Son Stupéfix fut détourné aisément par la grosse femme qui lui envoya un regard carnassier, à vous donner envie de fuir sur le champ. La chaise vola en éclat, mais son sentiment de malaise vis-à-vis d’elle grandit lorsqu’elle lui envoya un maléfice en pleine face, lui dévoilant un jeune garçon qu’il aurait préféré ne jamais avoir à revoir, un gamin mort qui le figea lentement et lui enlevant momentanément tous ses moyens. Instinctivement, le médicomage fit un pas en arrière, puis un deuxième, tentant de mettre de la distance entre cette vision et lui-même. Sa baguette se tendit devant lui, dans une maigre tentative de défense. Le garçon n’avait pas la même allure que dans ses souvenirs, c’était piiire, il ressemblait à un Inferis et ses yeux morts le fixaient intensément. N’y tenant plus, Arsène se décida à lâcher une slave de sorts contre l’apparition qui ne pouvait pas être réelle. Sorts qui le traversèrent sans aucun effet. Puis tout disparut. Les bruits du combat reprirent, le ramenant à la réalité. Sans s’en rendre compte, il s’était déplacé à travers la pièce et fort heureusement, aucun Mangemort n’avait profité de ce moment d’égarement pour le blesser, voir le tuer.

Alecto et Faith étaient lancées dans un duel et l’étudiante qui lui faisait à présent face semblait s’en tirer à merveille, gardant son sang-froid avec exemple. Mais un autre combat attira son attention, ou surtout le bruit qui s’en dégageait. Le médicomage perçut la voix d’Edward, tremblante et maladroite et se rappela que le binoclare avait débarqué dans le Cottage, prenant Ella à part. Il ne s’en était pas vraiment préoccupé, trop concentré sur ce qu’il faisait lui-même.

Lentement et du bout de la baguette, le Médicomage poussa le battant de la porte pour se retrouver nez à nez avec un Mangemort démasqué et un membre de l’Ordre du Phénix en très mauvais état.

Le binoclare était allongé sur le sol et semblait sur le point de rendre l’âme. Son teint était aussi pâle que la mort ce qui tranchait dangereusement avec la couleur du sang qui le recouvrait partiellement. Apparemment, il n’avait plus conscience de ce qui l’entourait car il ne réagissait plus et n’avait pas l’air d’avoir l’énergie pour repousser le mangemort qui se tenait au dessus de lui, la baguette tendue dans sa direction

Ella Schwarz dominait Edward Mole de toute sa hauteur, largement avantagée par ses hauts talons. La fureur se lisait sur son visage malgré la froideur apparente qu’elle portait comme un masque, remplaçant celui des sbires du Lord qu’elle avait retiré.

Furtivement, leur regard se croisa. Le temps pour Arsène de réaliser ce qu’il se passait en face de lui et à Ella de retenir son geste. Du moins un instant, mais que se passera-t-il l’instant d’après ? Était-elle si déterminée à tuer Edward qui ne semblait pas vraiment en état de riposter ? Instinctivement, il leva sa baguette sur la rousse, tout en gardant ses yeux braqués sur elle. La douleur refaisait son apparition, lancinante. Il se sentait comme un lendemain de grosse biture (no comment xD), lorsque l’alcool s’est dissipé et que chaque parcelle de votre corps est douloureuse. Jusque là, il avait réussi à rester concentrer, à ne pas y penser et surtout à ne pas laisser la douleur l’envahir au risque d’y succomber. Mais le maléfice d’Alecto l’avait distrait et ses défenses s’étaient légèrement relâchées, ses muscles avaient suivi docilement. Il fallait faire quelque chose, mais quoi ? Devait-il prendre le risque de la laisser l’agresser s’il s’opposait à elle ?

Attends… A quoi ça te mènerait de le tuer ?

Le médicomage avait découvert, à ses dépends et malgré l’apparence trompeuse de la rousse, qu’il était toujours judicieux d’en discuter et qu’en général c’était une des choses que les femmes préféraient faire dans une situation délicate. Ça aussi il l’avait appris à ses dépends et grâce à ses nombreuses conquêtes pour certaines mécontentes. Les idées se remettaient en place dans son cerveau pour terminer par former un schéma qui lui semblait passablement plausible. Il avait soigné Ella et l’avait protégé. Par conséquent, et c’était le moment de vérifier si elle en valait la peine, elle avait une dette envers lui, comme lui il en avait une envers Edward. Quoi que sa dette envers Edward commençait à périmer vue la situation dans laquelle il se trouvait, mais il était encore temps d’y repenser plus tard.

Tu me dois bien ça… Sauf si tu préfère te lancer dans un duel où je ne suis pas sure que l’un d’entre nous en sorte indemne ?

Il n’avait aucune idée des intentions réelles d’Ella Schwarz qui se trouvait largement en position de force ce soir, en sachant que trois autres mangemorts se trouvaient dans la pièce à coté, probablement occupés à lancer des sorts sur ses camarades dans une très mauvaise posture. Quoi qu’il arrive, Arsène était bien déterminé à sortir vivant de cet endroit et de faire son possible pour qu’un maximum de membres en fasse de même. Même si pour ça il devait se battre contre elle.

[Mille pardons pour cet odieux retard ]

Un silence de plombs était tombé entre les deux sorciers. Les mains d’Arsène étaient moites, non pas lié au duel qui pourrait s’engager avec une conquête, mais plutôt à cause de la douleur qui le tiraillait, sans compter la quantité de sang qu’il avait perdu, le rendant démunit de toutes ses capacités.

Le temps passait et le médicomage n’arrivait pas à déterminer quelle serait l’issue du dilemme qui se jouait dans la tête de son étudiante. Pour une fois, il pouvait lire à travers elle son désarroi et surtout son indécision. Il espérait franchement qu’elle fasse le bon choix, il serait très peiné si le mangemort décidait de mener à bien sa mission et de dénigrer sa véritable morale.

Enfin, la baguette d’Ella s’abaissa et Arsène imita son geste, soulagé. La rousse s’approcha, elle semblait sortit de sa torpeur et son air inquiet à son sujet le géna. Il avait pas vraiment l’habitude d’être mal en point et faisait tout son possible pour rester cacher lorsqu’il lui arrivait d’être malade. Que les autres prennent soin de lui c’était une idée tout à fait loufoque et complètement hors concept à ses yeux qui se détournèrent de la rousse.

Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de partir je te ferais remarquer !

La porte fut fermée, et le silence s’abattit sur la pièce. Arsène s’avança vers Edward et se laissa tomber à genou à coté de lui. Le bougre s’était mis dans un sacré état. Il prit la décision de laisser ses émotions de coté. Il était partagé entre l’envie de baffer Ella pour ce qu’elle venait de faire au binoclare et l’envie de se tirer en le laissant sur place. Non qu’il ait envie de le voir mourir, mais la culpabilité commençait légèrement à l’envahir. C’était en partie sa faute s’ils en étaient là et l’incompétence d’Edward sur certains points le rendait aussi vulnérable qu’un gosse qu’il fallait protéger. Fait qui le dégoutait passablement.

Pas vraiment non !

Pour l’instant il était surtout occupé à inspecter Edward avant qu’il ne les lâche définitivement. Il ne pouvait pas faire grand-chose en l’état actuel des choses, mais son état pouvait être stabilisé si le sang cessait de s’échapper de ses veines. Sa baguette tremblait, mais Arsène réussi à pratiquer rapidement un sortilège pour refermer les plaies internes. Il n’aimait pas travailler à l’aveugle et en général il prenait le temps qu’il lui fallait pour refermer des plaies, mais à la guerre comme à la guerre. Tout au plus une minute lui suffit pour estimer Edward hors de danger pour les quinze prochaines minutes. Temps qu’il espérait relativement long pour leur permettre de sortir d’ici.

Le médicomage se redressa et commença à réfléchir sur une éventuelle porte de sortie. Un autre fait commençait à lui apparaître problématique. Que faire d’Ella ? Elle ne pouvait décemment pas sortir de la pièce les mains dans les poches et expliquer à Bellatrix Lestrange que deux des membres de l’Ordre s’était enfuit. D’ailleurs, il lui faudrait à lui-même franchir cette porte. Ses yeux se reposèrent sur Ella, un air réflexif sur le visage.

On a deux problèmes. Le premier, tu ne peux pas ressortir de cette pièce comme si rien ne s’était passé, tu risque d’avoir des problèmes. Ensuite, il nous est impossible avec Edward de ressortir de cette pièce par la porte. Le risque est bien trop gros…

Il espérait qu’elle avait une idée, une solution à lui apporter. C’était bien la première fois qu’il n’avait pas réponse à une question aussi rationnelle et simple. Il avait cependant une petite idée quant au sort à réserver à Ella, mais n’était pas sûr qu’elle accepte sans y avoir réfléchit un minimum, néanmoins face à la torture elle s'y résoudrait. Quant à sortir d’ici, le transplanage étant impossible, il ne voyait pas trente-six mille solutions. Le temps pressait…

Arsène suivit le regard d’Ella dirigé vers l’endroit partiellement effondré du plafond qui libérait un espace suffisamment grand pour passer à l’étage supérieur. Une aubaine pour les deux membres de l’Ordre du Phénix.

Le médicomage alla jeter un œil à l’espacement et jugea qu’il était suffisamment grand pour y glisser Edward par lévitation. Ensuite, il se débrouillerait pour passer par l’ouverture. Leur évasion serait un véritable jeu d’enfant, ce qui arracha un maigre sourire à Arsène. Très bien, il fallait agir et vite. La situation pouvait se détériorer en un rien de temps.

Ella le prit de court en s’approchant du binoclare. Ne pas le laisser partir comme ça ? Elle entendait quoi par là ? Intrigué, le médicomage s’avança vers eux, prudemment, sortant une nouvelle fois sa baguette. C’était quand même difficile de faire aveuglément confiance à un mangemort et il s’en rendait compte à présent qu’il était face à cette réalité qu’il avait essayé de rejeter quelques semaines auparavant.

- Oubliette !

L’oubliator oubliant. C’était assez cocasse comme situation, surtout que Josh venait de prendre sa revanche sur Edward Mole mais que ni l’un, ni l’autre ne le saurait jamais. Un sourire traversa son visage alors qu’Ella se relevait. Il se retint de faire un commentaire déplacé, franchement décidé à défendre les membres de l’Ordre jusqu’au bout et même l’ancien Serdaigle et ne lança qu’un petit regard à la rousse.

Le médicomage lança un sortilège de lévitation sur Ed’ qui s’éleva dans les airs comme une simple poupée de chiffon. Le tout était de viser sans l’amocher d’avantage. Sans une seule anicroche l’oubliator disparut à l’étage supérieur.

Un petit « pop » annonça qu’il venait de le déposer sur le parquet. Parfait. Ne lui restait plus qu’à le rejoindre. Mais avant, il se tourna vers le mangemort et la fixa dans les yeux.

J’espère que ce n’est pas que pour moi que tu as fait ça. Tu vaux plus que ça Ella et tu n’es pas obligée de retourner là-bas. Il te suffit de venir avec moi…

Il avait tendu la main, aussi bêtement qu’il avait lâché ces mots. Il espérait quoi au juste ? Qu’elle s’avance et qu’ils partent ensemble ? Vraiment quelle niaiserie.

C’est sans étonnement que la rousse avoua à quel point la lâcheté souillait ses actions et l’influençait. Finalement ça montrait également à quel point Arsène la connaissait et à quel point elle était prévisible. Ses paroles étaient sorties de sa bouche sans grand enthousiasme et sans aucune conviction. Leur discussion prenait une tournure des plus pathétiques. Une guerre faisait rage de l’autre coté de la porte et ils étaient là à échanger des banalités sentimentales. Et pourtant ils restaient là face à face, conscients que c’était probablement une des dernières fois qu’ils allaient se voir.

Arsène mesurait enfin la situation dans laquelle il se trouvait et apparemment Ella s’en rendait également compte. Mais c’était impossible, il n’allait pas fuir comme un lâche, il fallait que cette bêtise n’ait pas été vaine.

Arsène se contenta de lui sourire, sincèrement. C’était bien rare mais il y arrivait encore.

Les douze coups de minuits sonnèrent au loin et la rousse trouva assez ironique de lui souhaiter une bonne année. Un sourire amusé passa sur son visage.

J’espère qu’elle sera bonne…

Cette fois, il devait y aller. Edward n’allait pas tenir le coup bien longtemps et probablement le combat n’était-il pas terminé. Il avait perdu assez de temps dans cette pièce, il leur fallait partir, tous. Le médicomage tourna les talents, prêt à monter à l’étage supérieur mais se ravisa. Il avait envie de faire quelque chose avant de partir, ce qu’il fit avant de se détourner définitivement d’Ella qu’il couva une dernière fois du regard.

Difficilement, il monta à l’étage supérieur pour y récupérer un Edward allongé, le nez dans la poussière. L’attrapant par un bras, il le hissa sur son épaule pour le trainer dans le couloir. Dans celui-ci, il tomba sur Rémus et Faith qui remontaient de l’étage inférieur.

Vite, il est grièvement blessé, il faut rapidement l’emmener loin d’ici sinon il va y rester.

Aidé par Rémus, ils trainèrent Mole dans la pièce de la cheminée où Ophélia se trouvait déjà, dans un piteux état également. Ils déposèrent Edward contre la cheminée, le temps pour le loup-garou de trouver de la poudre de cheminette dans sa poche.

Arsène s’avança vers Ophélia et l’aida à se relever. Une fois fait, il la confia à Faith qui ne devait en aucun cas redescendre à l’étage inférieur. Les filles devaient sortir d’ici au plus vite.

Faith, emmène Ophélia avec toi… Partez d'ici !

Puis, sans un mot de plus, il redescendit à l’étage inférieur par les escaliers pour donner un dernier coup de pouce à Mark et Kingsley qui repoussait les attaques de Bellatrix et Alecto. Il ne fallait plus insister. Leurs attaquants ne l’avaient pas vu redescendre, il en profita pour lancer un sortilège d’obscurcissement pour déstabiliser l’ennemi, il l’espérait suffisamment longtemps pour leur permettre de fuir.