Marre marre marre.

Marre de la pluie, des nuages, de l'odeur de souillure qui régnait dans les airs, de la déprime générale, des gens stupides, de l'intolérance, d'être perdu, de l'envie de disparaître. Sa famille était partie – sauf son grand frère qui était beaucoup trop occupé avec le Ministère pour le rassurer de sa présence - , Cadfael était, encore une fois, pratiquement porté disparu – probablement à cause d'une mission quelconque avec l'Ordre du Phénix - , il n'avait pas de nouvelles de Lucy Ann. Bref, le temps des fêtes avait fait disparaître les personnes les plus chères à ses yeux et maintenant qu'il devait confronter le monde de plein fouet, il était seul. L'heure ne lui permettait pas d'aller noyer sa peine dans un liquide alcoolisé dont l'origine importait peu; Selon Manu, l'alcool ne devait pas être consommé avant une certaine heure, sinon cela manquait tout simplement de classe. Le gallois se replia donc sur une autre drogue qui avait toujours don de l'apaiser. Le café.

Le brun poussa donc la porte d'un café où il avait l'habitude d'aller. Il espèra, pour un instant, qu'il serait le seul dans l'établissement. Il n'avait pas envie de se faire dire qu'il avait une mine moche ou qu'on lui demande s'il avait une copine. Il voulait une café, une pâtisserie et une clope. C'est tout.

Malheureusement pour lui, une voix retentit, appelant son nom et le sommant de venir la rejoindre. Le jeune homme leva ses yeux d'émeraude et esquissa un fin sourire en voyant qu'il s'agissait d'Izlaya. De toutes les personnes qui auraient pu l'interpeler, c'était peut-être la seule à qui il lui faisait plaisir de parler. Elle n'était pas compliquée, elle était franche, directe, honnête, mignonne et en plus, elle lui proposait une cigarette. Le gallois s'approcha d'un pas aussitôt plus heureux vers la table où Iz était assise. Il enleva son manteau de cuir noir, le déposant sur le dossier de sa chaise et s'avança vers la jeune femme, se penchant dans sa direction pour lui faire la bise, ses lèvres encore froides de l'extérieur effleurant chacune de ses joues.

Manu remarqua aussitôt que la chevelure sous ses doigts était beaucoup plus longue qu'à son habitude. Se redressant, il lui adressa un regard perplexe puis s'assied avant de se permettre une remarque:

« C'est vraiment joli, les cheveux longs. Drôlement inhabituel, mais très joli. »

Il l'examina un peu plus longtemps; Il l'avait toujours trouvé fascinante. Sa façon d'être, son physique, son rire. Elle lui plaisait bien. Mais il avait également apprit au fil de leurs conversations et de la complicité qui se développait entre eux-deux qu'elle était loin d'être une fille facile et qu'elle avait en elle quelque chose de farouche. Puis bon, il ne la sentait pas intéressée par lui. Il n'essayait donc rien de concret sauf quelques éclats de flirt, sans plus.

Le gallois attendit qu'elle lui tende la cigarette, venant habilement la glisser au coin de ses lèvres puis prit son propre briquet de la poche de son pantalon, allumant le bout du bâton de nicotine. Il inspira l'air toxique dans ses poumons, le relâcha par les narines et demanda simplement à l'étudiante, son regard plongé dans le sien alors qu'il redressait les manches de son chandail beige vers ses coudes:

« Puis, comment vas-tu? Ça fait un bail, tout de même. »