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 La nuit la plus longue [PV Deryn ]
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MessageSujet: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptyDim 31 Mai - 21:19:03

Lawrence avait un dossier ouvert devant lui. Le personnel de Saint Mangouste n'avait pas seulement amené un lit, mais également une chaise et une table. Le directeur avait emporté avec lui un certain nombre de dossiers. Le brun n'avait pas put venir à l'hôpital plus tôt, même en ayant fait une partie des dossiers au ministère. Le directeur était arrivé seulement le soir. Beaucoup trop tard à son goût.

Le jeune homme s'était mis sans conviction sur cette chaise, derrière ce bureau provisoire. Il avait prit cette place là, quand le personnel faisait encore des va et vient. Les yeux du cadet ne pouvaient se détacher de son aîné. La raison qui l'avait poussé à fournir tant d'effort au travail n'avait plus court. Ils n'étaient plus que tout les deux. Le cadet ne pouvait pas se raisonner, il ne pouvait pas s'occuper des affaires du ministère. Son frère accaparait tout son esprit.
Lawrence se sentit trop loin du corps de l'Auror. Le jeune homme se leva, prit sa chaise, pour se retrouver tout proche de son frère. Le plus jeune saisit doucement la main saine du quasi trentenaire.

L'angoisse serrait la gorges du membre du magenmagot. Comment son frère avait-il put en arriver là. L'adversaire devait être très puissant. Le plus jeune des Hawkesworth se prenait à espérer que l'ennemi avait subi les mêmes dégâts. Sans soin clinique, il y passerait. L'idée de la mort ne suffisait pourtant pas à combler le brun. Lawrence refoula ses pensées. Il n'était pas temps de penser à la souffrance de l'adversaire. Le temps de la vengeance n'était pas encore venu.
L'estomac de l'homme lui faisait mal. Le brun n'avait rien mangé, mais il n'avait pas faim. Son estomac aurait rejeté d'ailleurs toute nourriture. Cette douleur était un véritable noeud. Les temps étaient également difficiles pour les muscles. L'homme était tendu depuis le milieu de l'après-midi. Les contractions amenaient irrémédiablement leur flot de douleur. La chair du jeune homme lui demandait grâce. Le brun n'était pas prêt à la leur accorder. Il ne les écoutait pas.

Les médecins lui avaient raconté l'état dans lequel le semi-irlandais était arrivé. Les yeux marron se promenèrent sur le bandage au bras, passèrent sur la zone du ventre. Le plus jeune frissonna.
Lacey était entre deux rives. Il pouvait à tout moment l'abandonner. Le brun prit la main de cet être si précieux. Celle-ci était inerte, mais chaude. Ce second point calmait un peu le cadet. Son frère était vivant. Lacey ne l'abandonnerait pas. L'Auror était de la race des battants et des survivants. Le cadet ferma les yeux et pencha la tête en avant, jusqu'à ce que son front ait touché la main intact du châtain. Il avait peur.


« Tu ne me laisserais pas, n'est-ce pas? »

Le jeune homme raffermit sa prise sur la main de son aîné. Cette phrase trahissait tous les sentiments du cadet. Elle remontait à loin, à son enfance. Cette question, il ne l'avait posé qu'une fois à son grand-frère. C'était au cimetière.

Leurs parents venaient de mourir et des les abandonner. La cérémonie était finie, pourtant, Lawrence restait devant la pierre tombale. Rendford attendait les garçons, mais plus loin. L'adulte les laissaient faire leurs derniers adieux. Le petit Lawrence pleurait devant cette tombe. Des larmes de tristesse, mais aussi de rage. À la douleur de la perte, se mêlait le sentiment de colère et la révolte contre l'injustice. C'était aussi la première fois que la peur s'infiltrait dans la peau du brun. Cette peur qu'il traînait jusqu'à aujourd'hui. Son frère avait été à ses côtés pendant toute la cérémonie et même après. Le plus jeune avait alors prit la main de son aîné devant les restes de ses parents. Il lui avait posé cette fameuse question.
Son frère lui avait lancé un regard noir. C'était une des rare fois où le brun avait dû affronter les dures pupilles de son frère. Le châtain avait alors fermé les yeux avant de lui dire.


"Non, je ne te quitterai pas, tu peux compter là-dessus. Certainement pas comme papa et maman, et je resterai près de toi tant que j'aurais le choix ... et je ne compte pas laisser à quelqu'un le loisir de prendre cette décision à ma place... ou je lui casse la gueule."

L'enfant de l'époque s'était alors r collé plus à son frère et n'avait pas lâché le bras du châtain jusqu'à ce qu'ils soient sortis du cimetière. Le petit avait décidé qu'il ne laisserait pas à son frère le choix. Il le garderait auprès de lui.

« Tu a promis »

La voix de l'homme était pâle, faible petite. Le ton était à la fois suppliant, mais tinté d'un légers repproche. En temps normale le directeur n'aurait pas permit à ce genre de mots de sortir. Le jeune homme ne faisait jamais preuve d'une telle faiblesse. Oui, mais ce soir, c'était particulier.

Le jeune homme entendit des bruits de pas dans le couloir. Le cadet se redressa. La poignet de la porte s'abaissa. L'adulte reprit instantanément le dessus. Lawrence lâcha la main de son frère. Le brun se cala correctement dans sa chaise, pour terminer totalement droit. Il se recomposa un visage contenu en quelques dixièmes de seconde. Le directeur maîtrisait ses sentiments. Il ne perdrait pas le contrôle de lui-même. Il devait tenir, garder la tête haute, conserver son image. Lawrence ressortait tout ses boucliers.

Pourtant, le directeur ne pouvait empêcher l'inquiétude de briller dans ses yeux. Il ne pouvait cacher entièrement la raideur, qui trahissait son angoisse.


Dernière édition par Lawrence Hawkesworth le Mar 19 Jan - 20:59:13, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptyMar 2 Juin - 23:27:41

Difficile, lorsque l’on travaillait à Ste Mangouste, de ne pas être au courant d’une telle catastrophe. L’arrivée de Lacey aux urgences avait bouleversé le planning de plusieurs médicos et infirmiers et lui avait donné du travail par-dessus la tête. Mais aurait-elle eu toute la journée de libre pour passer le voir qu’elle ne serait pas venue avant maintenant. Le ballet des soignants et la présence probable des proches pendant les heures de visites suffisant à l’écarter de la salle. Elle ne voulait surtout pas gêner. Que savait-elle de Lacey finalement ? Que le Directeur du Département de la Justice Magique avait le même nom de famille. Qu’il était auror, buvait du café et jouait aux échecs. Jamais la rouquine n’avait cherché à forcer des confidences. Aussi ne s’étonnait-elle pas de n’en avoir jamais reçu.

Toute la journée, elle avait travaillé. Son sourire habituel accroché sur les lèvres, aussi douce, patiente et calme qu’à son ordinaire. Personne ne se doutait que derrière cette façade de jolie fille rousse avait éclaté un ouragan de pensées plus noires les unes que les autres. A quoi cela servait de se battre si les meilleurs pouvaient se retrouver dans le coma ? Si vos amis vous rejetaient soudain sans raison ? Pourquoi sauver les autres ? Le méritaient-ils seulement ?


« Et voila votre dîner Ms Hampfort. Non, ce n’est pas du poulet mais de la dinde. Désolée, le medicomage n’a pas permis le vin. Oui je lui demanderais. Bon appétit Ms Hampf… »

Un juron lui apprit que Ms Hampfort n’avait pas aimé son dîner et la jeune femme s’empressa de sortir de la pièce avant qu’elle ne se décide à lui lancer son pot de compote à la tête comme elle l’avait fait sur une autre stagiaire à midi. La rouquine ne savait même plus pourquoi elle s’était portée volontaire. Ou pourquoi son frère et sa sœur l’attendraient dans la grande maison des vacances. Elle ne savait plus rien. Elle ne savait plus qu’une seule chose. Lacey était dans le coma.

Ste Mangouste sombrait dans le sommeil. Il ne dormait que d’un œil et les sombres lumières blanches balafraient les murs couleurs bonbons pastel. Il faisait nuit dehors lorsque Deryn termina sa dernière tâche. Elle était maintenant libre de rentrer chez elle. Oublier les patients et les malheurs. Discuter de runes avec sa sœur, de garçons avec son frère. Oublier que Lacey était blessé. Hors de question.

Discrètement, la jeune fille parcouru donc les différents couloirs et escaliers qui la séparaient de son ami. Elle ne frappa pas, persuadée d’être seule avec lui, et abaissa, tremblante, la poignée et se faufila dans les ténèbres. Enfin cela aurait du être des ténèbres. Au lieu de ça il y avait une lueur blanche et diffuse qui venait du plafond… probablement allumée par quelqu’un. Lequel était toujours là d’ailleurs, assit, raide sur une chaise devant le corps inerte de l’Auror.


« Dé…dé…dé…désolée »

Elle déglutit, se mordant la lèvre inférieure pour ne pas prendre les jambes à son cou. Lacey valait plus que ça. Il devait se demander pourquoi elle n’était pas passée la voir. A tous les coups il aurait râlé sur la qualité du café ou sur l’inconstance des jeunes à son chevet ou même la laideur des infirmières. Elle termina d’entrer, doucement, et ferma la porte sans un bruit. La chambre avait un air d’église. C’était l’ours, l’invincible qu’on venait d’abattre devant ses yeux.

« Je suis…venue…euh…le voir. Si cela ne vous dérange pas trop… Monsieur. »

Qui était ce type ? Et que faisait-il là, en dehors des visites alors que ce n’était visiblement pas un membre du personnel médical ? Et ce lit en plus ? Ces dossiers ? La politique de Ste Mangouste vis-à-vis des visites était très claire et il ne fallait rien de moins qu’une huile ou quelqu’un de…oh. Evidemment. Il avait un frère directeur de département, ce ne pouvait être que ça.

« Pendant que j’y suis, je peux vous apporter quelque chose Monsieur Hawkesworth ? De quoi dîner ? »

Elle s’avança encore de quelques pas jusqu’à rejoindre le Directeur sur sa chaise, près de son ami. Elle se sentait intimidée par la présence du grand petit frère du blessé. Il était difficile de se dire que ces deux là se ressemblaient. Lui avec ses blessures de gros bourrin au cœur d’or et l’autre avec sa dignité froide.

« T’avais vraiment besoin de tomber aussi fort dans les escaliers ? Comme ci je ne me faisais pas assez de soucis avec l’autre étoilé d’écossais. Maintenant il faut que je veille sur un Irlandais. »

Un sourire et une petite phrase en gallois pour ponctuer sa déclaration.

« Mae'n ddrwg genyf eich caelyn y gwely » *

Montrer ses sentiments peut-être mais en présence d’inconnu point trop n’en fallait. D’un geste assuré, la jeune fille prit les statistiques du blessé et les parcourut rapidement. C’était encore en grande partie du chinois pour elle mais cela la rassurait de regarder cette série de chiffre. Cela voulait dire que d’autres, plus compétents qu’elle, s’occupaient de garder l’Irlandais en vie.

Bon. Fini l’auto-apitoiement. Lassie n’aurait pas aimé qu’on se fasse du souci pour lui comme ça. Or l’esprit, même au repos, entendait et enregistrait tout. Il savait parfaitement qui était venu et qui l’avait oublié, ceux qui étaient hypocrites et les sincères. Et il n’aurait pas aimé qu’elle soit impolie avec son frère non ? Elle sourit donc à l’homme qui partageait la même inquiétude qu’elle. Et s’avisant enfin qu’il ne devait sûrement pas savoir qui elle était, pensa, rougissante, à se présenter.


« Je m’appelle Deryn Cadell. Je…je suis une amie de Lacey. Il ne vous a probablement pas parlé de moi. »

Un éclair de fierté passa dans ses yeux bruns qu’elle posa enfin sur le visage du Directeur.

« Il va s’en remettre. Sinon, j’irais moi-même le chercher pour le ramener manu military. Hors de question de le laisser s’en tirer comme ça. »

Non mais oh. C’était peut-être stupide mais c’était ressenti. La guimauve et les pleurs suffisaient bien un instant. Mais Lacey n’allait pas mourir. Ils avaient rendez-vous bientôt pour une partie d’échec et on ne pose pas un lapin à une galloise ! Surtout une Cadell.

[HJ : Trad approximative : * Je suis désolée de te voir dans cet état]
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MessageSujet: Re: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptyJeu 4 Juin - 20:47:22

Les yeux marron du cadet se portèrent sur l'intruse. Une rousse pas très âgée, sans doute encore étudiante, fit son apparition. Vu l'heure qu'il était, la demoiselle n'avait pas put rentrer à l'hôpital. Elle devait donc soit être en stage ici, soit travailler à mi-temps. à moins que les apparences ne soient trompeuses et que la rousse soit déjà en âge de travailler à plein temps à Sainte Mangouste. La jeune femme parut surprise et bégaya des excuses. La demoiselle ne devait pas s'attendre à ce que quelqu'un soit présent. Son interlocutrice paraissait également assez mal à l'aise et parut faire face à un rapide débat intérieur. Cette hésitation disparue assez vite et elle décida de rester

Lawrence ne prononça pas une parole. Le brun ne voulait pas paraître impoli. Il n'allait pas commencer avec des remarques déplacés. Un, « ah bon? vous êtes venu le voir! Je pensais que vous étiez là pour faire du trico », ne faisait pas du meilleur effet.
Le brun était fatigué, stressé, tendu, triste, paniqué et apeuré. Le directeur ne souhaitait qu'une chose, être enfin seul avec son frère. La présence de cette étrangère le dérangeait. Il n'allait cependant pas se montrer impolis ou rustre. Il ne pouvait décemment pas dire à la demoiselle que sa présence n'était pas le bienvenue et la mettre à la porte. Le jeune homme n'était pas du genre à se laissait porter par ses sentiments. Il contiendrait cette tempête. Le cadet ne céderait pas.
Le plus jeune le pouvait d'autant moins par respect pour son aîné.

Son interlocutrice avait prit sur elle pour rester et voir Lacey. Lawrence ne pouvait que prendre sur lui et ne rien dire. Certes, il était inquiet pour son frère, mais il était hors de question de devenir un boulet. Il n'allait pas empêcher les gens de le voir et effrayer toutes les personnes qui approchaient le blessé. Le châtain râlerait d'avoir autant de monde autour de lui, sans comprendre le pourquoi de tant d'inquiétude. Il serait cependant content de voir les gens qu'il appréciait. Le brun ne priverait pas le plus vieux de ce plaisir.
Le jeune homme bougea légèrement la tête en signe de négation. Il ne pouvait pas dire clairement à la demoiselle qu'il n'y avait aucun mal et qu'elle pouvait entrer et rester. C'était un peu dur encore. Ce geste serait suffisant, pour l'instant.

La demoiselle n'était pas bête et vive d'esprit. Elle avait deviné qui il était. L'attention était charmante et semblait spontanée. Peut-être que son interlocutrice faisait partie des personnes généreuses. Pour travailler dans un hôpital, il fallait faire preuve d'un certain nombre de qualités humaines. Si bien sûre, ses supputations étaient exactes.


« Non, je vous remercie de votre sollicitude, mais c'est bon. »

La phrase de politesse était venue automatiquement. Lawrence n'avait eu aucune difficulté à prononcer ces mots. Acte qu'il trouvait si compliqué quelques secondes plus tôt. La politesse ,pour lui, faisait office de lieu de refuge. Il en était peut-être de même pour la demoiselle et qu'elle se réfugiait dans des réflexes plus professionnels.

La rousse ne sembla pas se soucier davantage de sa présence, pour reporter uniquement son attention sur le blessé. La rousse était là pour l'Auror et non pour discuter avec lui. Elle prononça des phrases biens étranges à propos d'escalier. Lawrence ne s'en occupa pas. Il n'était pas le destinataire de ses mots et avait la pudeur de rester en dehors de cette conversation qui ne le concernait pas. Lui ne pouvait pas comprendre, mais son frère savait peut-être de quoi il en retournait.

Le directeur ne connaissait pas le dialecte qu'avait employé la demoiselle. Il l'avait pourtant déjà entendu des sonorités semblables au pays de Galle. L'accent de la demoiselle prouvait déjà qu'elle n'était pas une pure Londonienne. Les gens qui continuaient à employer leur dialecte conservaient un accent, plus ou moinsléger. Le brun n'était cependant pas complètement certain que la demoiselle soit galloise, même s'il y avait de très forte chance pour que cela soit le cas.

La demoiselle passa au bout du lit, pour prendre la tablette du malade et jeter un coup d'oeil dessus. Elle devait le faire par habitude. Conserver ses habitudes était rassurant lors de catastrophes. Cela prouvait qu'il y avait des choses immuables. Ces petits riens étaient importants quand vous aviez l'impression que la terre se dérobait sous vos pieds.

La rousse lui fit un sourire. Le jeune homme n'eut pas la force de lui rendre ce geste simple. Lawrence n'essaya pas de sourire. Il savait que ses zygomatiques se bloqueraient. Qu'il ne pourrait afficher qu'une parodie de sourire. Une grimace qui ne ferait que révéler davantage sa douleur et sa détresse. Il en était donc hors de question.

L'inconnue se présenta enfin. Il était plus agréable d'avoir un prénom associait à un visage. Elle n'avait pas tort quand elle disait que le châtain n'avait jamais parlé d'elle. C'était une preuve que la rousse le connaissait un minimum.

Le directeur ne flancha pas face à l'éclat de fierté brillant de la demoiselle. C'était, d'une certaine manière, rafraîchissant. Peut-être même rassurant. S'il avait été un peu mieux, le jeune homme aurait surement sourit à la demoiselle.

Le cadet regarda son aîné. Les yeux marron se firent moins torturés et plus doux. Le cadet se dit qu'il devrait avoir honte de ne pas faire confiance à son aîné. L'auror n'était pas mort là-bas. E n'était pas pour y passer ici. Ce qui n'empêcherait pas le directeur de veiller sur le sommeil du blessé. Lawrence répondit à son interlocutrice en continuant de regarder son frère.


« Si vous deviez aller le chercher, nous devrions alors avoir une discussion sérieuse. Ce seul argument devrait être assez convainquant pour qu'il décide de revenir de lui-même. »

Le brun tourna enfin son regard vers Deryn et se leva.

«Il est inutile de me présenter puisque vous avez déduis qui je suis. »

Le jeune homme ne pouvait pas quitter son aîné trop longtemps des yeux. Il savait parfaitement que le corps du blessé n'allait pas s'envoler. Le voir avait pourtant quelque chose de rassurant et de terrifiant à la fois.

« Il aurait été préférable que nous nous rencontrions dans d'autres conditions »

Son attitude devenait vraiment ridicule. Il tourna de nouveau la tête pour regarder la jeune femme droit dans les yeux.

« Je suppose que vous devez travailler ici, vu l'heure tardive de votre visite. »


Dernière édition par Lawrence Hawkesworth le Mar 19 Jan - 21:09:01, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptySam 20 Juin - 6:19:49

Première constatation, des plus rassurantes. Le frère de Lacey n’était pas de ces hommes qui perdent tout sens d’humanité lorsqu’un de leur proches était blessé. Il n’y eut pas de cris, pas de rejet, pas de colère. Juste un signe de tête calme et neutre qui lui signifiait qu’elle pouvait rester. Bien. Une phrase aurait probablement été plus rassurant encore mais tant pis, elle ferait sans. Après tout, c’était le nounours qu’elle était venue voir, et seulement lui.

Toutefois, elle avait de la peine pour l’homme qu’elle voyait assit sur la chaise. Probablement souffrait-il autant voire plus que son frère (les inconscients – parait-il – ne ressentant pas la douleur). En tout cas, elle, si elle se trouvait à sa place que c’étaient Hyn, Blod ou même Livie qui était allongé ici, elle n’aurait pas été bien du tout. C’est pourquoi elle lui proposa un repas. Et c’est aussi pourquoi elle s’attendait à ce refus. On n’a jamais faim quand on a mal. Et la nourriture de l’hôpital n’avait rien de tentant même pour les heureux et les bien portants.


« Ce n’est rien. »

Pas la peine d’en ajouter davantage ç’aurait été trop. Et puis Lacey attendait. Elle s’approcha donc de lui pour lui parler d’une voix douce, mi en anglais, mi en gallois, laissant ses émotions s’exprimer dans sa langue maternelle. Le voir dans cet état lui serrait la gorge et elle se promit de revenir tous les jours s’assurer de l’amélioration de son état et surveiller ses constantes. Elle ne pouvait pas promettre de casser la figure à celui qui avait fait ça. Elle n’en avait pas les capacités. Par contre, elle pouvait contribuer à le remettre sur pied assez rapidement pour qu’il se venge lui-même. Et cela, elle se promettait de le faire au mieux.

Cette pensée et le contact rassurant des statistiques et des phrases illisibles des médicomages lui donnèrent soudain la force de sourire au garde malade. Celui-ci ne le lui rendit pas, évidemment mais ce n’était de toute façon pas le but. Elle se sentait simplement plus forte, comme si la présence du géant abattu allégeait soudain le poids sur ses épaules. Aux côtés de Lacey, elle avait la fâcheuse tendance à se croire intouchable. Et il fallait croire que même inconscient, l’auror continuait à avoir cet effet sur son entourage. On venait lui remonter le moral, on repartait soi-même gonflé à bloc.

Le directeur jusque là impassible, regarda son aîné. Et pendant une seconde à peine, la jeune fille pu effleurer l’amour qu’il y avait entre eux deux. C’était probablement quelque chose de fort car elle se reconnaissait dans ce regard. Elle avait vu le même dans les yeux bruns de Cad’ quand Niallàn avait eu de la fièvre plusieurs années plus tôt. Elle avait vu le même dans l’azur des prunelles de sa sœur. Et elle avait certainement arboré cette étrange expression lorsque l’un des deux n’allait pas bien. Les frères et sœurs étaient ce qu’il y avait de plus important au monde. Ils étaient tout. Le jour, la nuit, la joie et la peine. « Nu est le dos sans frère » disait l’adage. Nu est le cœur aussi.


« Oh, il reviendra. Il n’a pas fini de pester sur le monde de toute façon. »

Sa voix était devenue plus calme au fur et à mesure que la panique laissait la place à la détermination et la peine à l’espoir. Rien n’était perdu. Tant que le cœur battait sourdement dans la pièce, tout était possible. Et Lacey était de la graine dont on fait les miracles. La preuve, l’homme finit par se lever de sa chaise et se présenter. C’est tout juste s’il ne lui tendit pas la main. Sensible à l’effort qu’elle faisait pour lui, Deryn lui rendit son regard et sourit à nouveau, mi-triste, mi-douce.

« Toute condition aurait été préférable à celle-ci. C’est toutefois un honneur pour moi que de rencontrer le frère de Lacey. »

Elle ne savait pas pourquoi, elle voulait qu’il comprenne bien qu’il n’était rien d’autre à ses yeux. Elle ne se proposait pas de l’aider parce qu’il était Directeur. Elle n’avait aucun avancement à attendre de lui, aucune ambition dont il pouvait être le détenteur. Et surtout, elle n’était pas d’humeur à faire de la politique. Mais Lawrence, à ses yeux, c’était celui qui gardait le corps de l’Ours. Qui le baignait dans cet amour qu’elle avait entraperçu un instant plus tôt. Et il n’y avait pas meilleure recommandation que celle-ci.

« Oh. Oui, je suis vraiment désolée pour ça, je pensais qu’en venant aussi tard, j’éviterais la foule et pourrait le voir sans déranger personne. Parce que même s’il est inconscient, trop de mouvement doit le fatiguer et… »

Allons, elle redevenait nerveuse et se mettait à nouveau à dire n’importe quoi. La question posée était pourtant simple à la base…non ?

« Je suis étudiante à l’Université Avancée. Mais je donne un coup de main ici quand je peux. Ça me permet de m’habituer au contact des patients et de me sentir utile. Et puis un hôpital n’a jamais assez de main d’œuvre. »

Elle releva la tête, cette fois pour regarder le corps immobile, pensive.

« Evidemment ce n’est pas du tout pareil quand il s’agit d’un ami. Est-ce que… est-ce que par hasard vous sauriez ce qui c’est passé ? Si ce n’est pas trop indiscret bien sur, sinon, je comprendrais, mais j’avoue que je n’ai pas pensé à demander quand j’ai appris la nouvelle. Je crois que comprendre m’aiderait à accepter son état. […] s’il vous plait.»

Finalement, elle était égoïste. A tous les coups, il allait la repousser. Ça ne la regardait pas, elle en était consciente. Et il n’avait probablement pas envie d’en parler non plus. De ce qu’elle avait comprit dans ce qu’elle avait lu plus tôt, il s’agissait de sorts plutôt poussés, c’était pourquoi les potions marchaient moins bien que d’habitude. Et Lacey était un auror et un membre de l’Ordre. Il avait des milliers de raisons de se battre. Mais deviner n’était pas assez. Elle voulait savoir. Elle devait savoir. Pas pour le venger ou faire quoique ce soit de stupide, non. Mais pour calmer l’angoisse qui recommençait à lui ronger le cœur.

Il faudrait d’ailleurs qu’elle pense à lui rendre l’écume des jours qu’il lui avait prêtée. Elle le ferait demain, peut-être même lui ferait-elle la lecture. Ce livre était une merveille dans son genre et s’il ne l’avait pas lu (elle n’en savait rien le bouquin avait l’air assez neuf mais cela ne voulait rien dire), c’était une lacune qu’il comblerait de gré ou de force.
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MessageSujet: Re: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptyLun 22 Juin - 19:42:46

Deryn avait raison. Son frère n'avait pas encore fini de pester contre le monde. Le châtain n'était pas non plus prêt à le laisser en paix. Lacey était l'un des sympathiques emmerdeurs du niveau deux. Lui et son cercle d'amis étaient les animateurs du second étage. Celui-ci avait été saisi d'un étrange calme aujourd'hui d'ailleurs. La nouvelle sur l'état de santé du semi-irlandais avait rapidement atteint le couloir. Il fallait dire qu'il y avait eu de nombreuses interventions à faire.
Lawrence pensa qu'il était bête. Bête et simple, comme seul les humains pouvaient l'être. La détermination de l'étudiante le rassurait également. Il n'était pas le seul à croire en la guérison de son aîné. La rousse pensait que son frère résisterait et reviendrait. Le brun n'était donc pas un idiot de conserver cet espoir. Il n'était pas le seul type assez déraisonnable pour accorder toute sa confiance à l'autre semi-irlandais.
Les gens se regroupaient toujours quand il croyait à quelque chose. Cela les soutenait et donnait plus de force. Le fait de ne pas être seul confortait. Cela ne donnait aucune garantie sur le résultat et la pertinence de cette croyance. Le brun savait tout cela. Pourtant, les réactions de la demoiselle agissaient un peu comme un baume. Ils étaient tous les deux là, devant cet inconscient et attendaient la même chose. C'était peut-être un peu mieux que de rester seul avec l'estropié.

Le sourire de l’étudiante était touchant. C’était le genre d’expression que seul les femmes pouvaient aborder et l'étudiante le faisait avec beauté. Un mélange de douceur et de tristesse. L’homme blessé qu’était Lawrence y fut d’autant plus sensible. Si c’était le châtain qui portait le mal physique et se trouvait au bord de la mort, son cadet lui était sentimentalement au bord d’un précipice. Le directeur cachait son angoisse, sa peur, sa douleur, sa colère, son impuissance et tant d’autres sentiments. Si son frère gardait des traces physiques et mentales de ce combat, le plus jeune des Hawkesworth conservait celles du cœur à défaut de ne pouvoir partager les autres avec son frère. Chose que le brun ferait sans hésiter, si cela pouvait être d’une quelconque utilité au châtain.

Deryn lui fit clairement comprendre comment elle le percevait. Dans cette pièce, en face d'elle, il était uniquement le frère de Lacey. C'était étrange pour le brun. Même aujourd'hui, même le personnel de l'hôpital n'avait pas vu en lui autre chose que le directeur du département de la justice magique. Cette place de simple frère, à cet instant, n'était cependant pas pour déplaire au jeune homme.

Il y avait peu de gens de désintéressé, lui le premier. Rencontré une de ces rares personnes dans une telle situation, faisait un peu de bien. Mettre la politique de côté, le brun n’avait rien contre cette pause.


« J’aurais sincèrement souhaité pouvoir vous répondre, enchanté de vous rencontrer. »

La voix calme de l’homme était teinté de tristesse, mais ne laissait pas de place au doute sur le fait qu’il avait dit la vérité. Le regard du brun ne s’était pas encore détaché de la rousse. C’était un miracle qu’il est tenu tant de temps.

Lawrence se morigéna intérieurement. Une demoiselle absolument inconnue était entrain de le soutenir. Sa fierté en prenait pour son grade. Le brun n’était pas misogyne et pensait que les femmes avaient de remarquables capacités. Face à ce genre d’évènement, elle se révélait même souvent plus forte que la plupart des hommes. Ce qui gênait le directeur n’était pas ce point.
Ce qui le dérangeait, c’était que la demoiselle était une inconnue. Elle révélait à son esprit sa faiblesse. Le cadet des Hawkesworth connaissait ce pan de sa nature, ainsi que sa lâcheté. Le constater lors d’un évènement, n’était pourtant jamais agréable.

Le jeune directeur devait faire plus attention face à cette étudiante. Il se sentait plus vulnérable et percevait que la rousse pouvait voir plus qu’il ne voulait montrer. Le brun était certes blessé et plus sensible, mais pas prêt à baisser les armes. L’ancien avocat avait préservé son monde depuis bien longtemps. Il ne ferait pas rentrer une autre personne maintenant. L’étudiante en face de lui le touchait bien trop à son goût. Il était trop sensible à ses paroles et elle représentait par conséquent un risque.

La galloise devint plus nerveuse quand elle s’adressa à lui. La demoiselle commença à se perdre dans les excuses et les explications. Une simple remarque la mettait dans bien des états. C’était dans un certain sens assez mignon, voir un peu rafraîchissant. Une pâle imitation de sourire s’afficha sur le visage neutre du jeune homme. Habituellement, il aurait eu un autre sourire, une expression sûre, mais douce pour calmer et rassurer son interlocuteur. Ce signe fut fugace. Le jeune homme devait se reprendre.


« Ne vous excusez pas. Je devrais plutôt vous remercier de venir le voir. »

La question que posa l’étudiante lui fit bien mal. Le brun n’allait pas tout révéler. C’était une affaire délicate au ministère, estampillée par le sceau du secret. En temps de guerre, on ne révélait jamais tout. De plus cette histoire ne concernait pas les amis de son frère. Le brun comprenait que les Galdwin soient mis au courant. C'étaient leurs bienfaiteurs. Quant aux autres, ils n'avaient guère besoin d'en savoir plus.

Lawrence n’était cependant pas un ingrat. Deryn l’avait soutenu d’une certaine manière, qu’elle en est conscience ou pas. Le brun se sentait redevable envers la demoiselle. La rousse avait prit la peine de lui demander et cela avait dû lui coûter. Il savait que la galloise ne mentait pas quand elle disait qu'elle avait besoin de savoir. Le directeur avait refusé à des familles entières des explications exactes sur la mort de leurs proches. Ils avaient tous eu le même mur, le brun n'avait jamais cédé. Les yeux marron se portèrent également sur le corps de son aîné, comme s'il le châtain pouvait l'aider à résoudre ce léger dilemme .


« Votre dévouement et votre sérieux pour l’hôpital et vos études sont tout à votre honneur. »

L’homme n’avait pas répondu tout de suite à la question. Il avait besoin d’un peu de temps pour répondre. Lawrence réfléchissait. Il souhaitait faire grâce à la demoiselle et lui donner plus de détails. Le brun était habituellement étranger à la douleur ce qui lui permettait de rester muet. Le jeune homme comprenait à présent pourquoi les proches étaient automatiquement écartés des dossier des membres de leurs familles.

« Lacey effectuait une mission pour le ministère. »

La voix de l’homme était assez rauque, malgré le calme de son ton et l’apparente maîtrise. La blessure était trop forte et trop récente, pour que son masque ne se fissure pas un peu.

« Les mangemorts s’en sont mêlés. Celle-ci a mal tournée. »

Doux euphémisme. L’enquête n’était qu’à ses débuts. C’était déjà suffisant pour entre apercevoir un combat d’une violence rare. Les descriptions, données dans le dossier, laissaient voir au brun des scènes qu’il trouvait effrayante. Le directeur voulait cependant tout savoir et était bien décidé à mener l’enquête jusqu’au bout.

« C’est tout ce que je peux vous dire »

Le directeur ne pouvait pas seulement être le frère du blessé. Les obligations professionnelles ne le lâchaient pas. Il n'en dirait donc pas d'avantage. Le jeune homme en avait déjà dit beaucoup. Dans d'autres conditions, il n'en aurait pas révélé autant.

« Je suis désolé. »


Dernière édition par Lawrence Hawkesworth le Mar 19 Jan - 21:12:44, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptyMer 8 Juil - 0:51:27

La voix du cadet des Hawkesworth restait calme et mesurée malgré tout. Avec juste ce qu’il fallait de tristesse derrière pour que le contrôle ne soit pas parfait. Il était d’une toute autre stature que Lacey, c’était sur. Pas la même présence, pas la même aura, pas la même impression de sécurité et de camaraderie, mais il y avait quelque chose de similaire quelque part. Elle n’arrivait simplement pas à mettre le doigt dessus. Et puis ça ne la regardait pas. Les réponses du brun étaient toutefois de plus en plus polies et de moins en moins automatique. Deryn sourit une nouvelle fois, toujours sans joie mais avec douceur. Elle avait souvent cet effet là, mais rarement avec une telle force. Peut-être était-ce parce qu’elle partageait cette peine là qu’elle arrivait plus facilement à la prendre sur elle. Ou alors simplement parce que la façon de percevoir les choses de l’homme en face d’elle était proche de la sienne, tout simplement.

Finalement, elle détourna le regard et reporta son attention sur le géant tombé. Sans un mot supplémentaire, elle remplit une bassine d’eau fraîche, prit un chiffon et lava le visage de Lacey en reprenant ses commentaires à mi-voix. Les phrases ne voulaient pas toujours dire quelque chose, cela n’avait pas d’importance. Ce n’était pas les mots qui avaient de l’importance mais tout ce qui n’était pas dit. De même que le contact en lui-même n’était rien (elle n’était de toute façon pas entrée une seule fois en contact direct avec lui) mais la présence et la fraîcheur qui faisait tout. Elle savait qu’il le sentait. Elle l’espérait en tout cas. Non. Il LE sentait. Point. Pas de défaitisme, surtout pas devant le frère. Ce n’était pas le moment.

Finalement, la jeune fille reporta son attention sur celui qui souffrait le plus dans la pièce, à savoir le frère conscient. Elle accueillit ses compliments d’un simple signe de tête, ne sachant vraiment comment y répondre puis décida d’y aller franchement. Autre chose très importante quand on s’occupe d’un patient qui souffre c’est de ne pas s’apitoyer sur lui. Il n’y a rien de pire pour un homme fier que de sentir la charité des autres.


« Il n'y a pas grand-chose qui aurait pu m’empêcher de venir lui dire ma façon de penser vous savez. Surtout vu le désordre qu’il a créé dans les services. Il faut toujours qu’il se fasse remarquer celui-là. Je parie ma journée de travail qu’il a fait ses études à Gryffondor. »

Elle lança un nouveau regard pétillant de malice à Lacey comme s’il allait se lever pour protester ou (plus probable) pour sortir une ânerie quelconque et sourit pour la énième fois. Décidément, elle avait beau être triste et blessée de voir son ami dans cette position, il continuait à la faire rire. Sale bête de clown irlandais. Quand à son frère, il ne valait pas mieux. Derrière les compliments, la jeune fille avait bien noté l’absence de réponse à sa question. Tant pis, ce n’était pas son genre d’insister. Elle connaissait la dangerosité de trop de connaissances. Surtout celles qui étaient cachées. L’ancienne Serdaigle était assez sage pour ne pas insister quand on ne voulait pas. C’est pourquoi le début de réponse la surprit passablement.

« Oh. »

Donc ce n’était pas l’Ordre qui était responsable de tout ça mais son travail d’Auror. D’un certain côté, cela ôtait un sacré poids de ses épaules. Si Lacey avait pu être blessé a cause d’un renseignement raté ou parce qu’elle n’avait pas fait la bonne potion alors elle se serait sentie coupable. Mais le ministère c’était le métier du Nounours. Il l’avait choisit. Il l’avait voulu. Il en avait accepté les risques. Et curieusement, cela rendait les choses plus acceptables pour Deryn.

« C’est déjà bien assez. Presque trop. Il a été blessé dans le cadre de son activité professionnelle. Je ne veux pas en savoir plus. Cela ne soignera pas Lacey et mettrait trop de monde en danger. »

Elle pensait à sa famille bien sur, toujours, mais au Directeur également puisqu’il était sa seule source possible. Et un peu à elle-même. Elle ne voulait pas être torturée pour ce qu’elle savait. Elle préférait encore ne rien savoir et se tenir aussi loin des mangemorts que possible. Consciente de sa lâcheté, elle rougit, baissa les yeux et tortilla ses doigts.

« Je suis désolée, c’est juste que tout ça me met un peu mal à l’aise. La politique et tout je veux dire. »

Elle fuit son regard, d’abord sur les murs puis par la fenêtre fermée et enfin sur Lacey lui-même qui, comble de l’impolitesse, n’avait même pas bougé. Elle déglutit, se frotta les bras comme pour se réchauffer et, levant les yeux sur Lawrence cette fois, chercha quelque chose à dire. Sans succès. Elle ne pouvait cependant se résoudre à quitter la pièce, laissant l’homme seul avec son angoisse et sa peine. Le pire étant qu’elle ne pouvait pas plus rester alors qu’elle n’avait plus rien à faire.

« Je…euh… »

Mais que pouvait-elle bien dire d’autre à un homme blessé ? Ses yeux bruns, doux malgré la rougeur de son visage dévisageaient le brun en cherchant en vain quelque chose. Finalement, elle lui tourna vivement le dos et se rendit à la salle de bain pour remplir un verre d’eau qu’elle tendit au magistrat pour lui éclaircir la gorge. Elle avait bien noté l’altération de la voix. Et puis contre l’angoisse ça marchait bien. Elle en savait quelque chose elle qui affrontait ses phobies tous les jours.

« Tenez. Vous devez avoir soif. Vous êtes sur que je ne peux rien vous apporter d’autre ? Je suppose que l’on vous l’a déjà proposé mais je peux aller vous chercher une potion légère pour vous aider à passer la nuit. »

Légère hésitation.

« Mais si c’était mon frère qui était là, je doute que j’accepterais de prendre quoique ce soit, j’avoue. »

Un nouveau regard sur Lacey tandis que l’image de Cad’ inanimé se superposait à lui. Elle pâlit visiblement avant de secouer doucement la tête pour effacer l’image de son aîné blessé et retrouver celle à peine moins pire de son ami dans le coma. La vie en Angleterre devenait de pire en pire. Merlin, elle avait presque envie de retourner en Grèce. Vivre à nouveau au milieu des Moldus, loin de la guerre, loin des conflits, en un lieu où elle était appréciée, choyée, protégée et aimée. Une sorte de cocon enfantin dans lequel les héros ne tombaient jamais. Si c’était ça devenir adulte, et bien non merci, elle passait la main. Elle soupira profondément. C’était trop tard. Elle était déjà trop mature pour fuir.

« Avec votre permission, j’aimerais revenir demain pour lui faire un peu de lecture. Il y avait un livre qu’il voulait m’emprunter et … »

Sa voix se brisa. Elle baissa la tête, inspira longuement, fière, et reprit, de nouveau égale.

« Et peut-être qu’avec de la chance il en profitera pour assimiler un anglais correct au lieu de parler comme un loup de mer mal dégrossi. »

Nouveau sourire. Le dernier sans doute de la soirée. Elle sentait bien qu’elle ne tiendrait plus longtemps. La fatigue et le stress faisaient rarement bon ménage.
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MessageSujet: Re: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptyVen 10 Juil - 23:16:26

Lawrence regarda Deryn faire. Il y avait plus de douceur et d'attention dans ses gestes, qu'aucune autres infirmières qu'il avait vu aujourd'hui. Il n'y avait que les femmes pour agir de la sorte. Dire qu'elles pouvaient également être les plus perverses.... Le brun ne prononça pas un mot. C'était un moment entre l'étudiante et son frère, il resta donc poliment à l'écart. Son aîné n'avait pas à se plaindre du service. Bien que le brun voyait déjà le châtain revendiquer des jupes plus courtes. Le morale des malades était un facteur important dans leur guérison.

Le directeur vit le pétillant dans les yeux de l'apprentie magicomage. Elle semblait retrouver un peu d'énergie auprès de l'Auror. Son aîné était ce genre de montagne. Il était bourru, mais bienveillant et surtout trop gentil. Son côté saint Bernard ramenait les gens autour de lui. Des gens qui pensaient et voulaient croire au mythe de l'invincibilité du semi-irlandais. Il y avait également ceux, mais surtout celles, appartenant à la race des escrocs et qui tentaient d'exploiter le filon jusqu'à la moelle.
Le pari lancé par la rousse n'était pas très risqué. Comment Lacey aurait-il put être dans une autre maison. Le plus jeune des Hawkesworth répondit d'un ton de voix plus sûr et moins lourd.


« Vous avez gagné une journée de congé mademoiselle Cadell. Je doute que vos patients seraient contents si je prenais votre place. Un homme au lieu d'une jolie jeune femme à de quoi gâcher l'humeur de plus d'un. »

Il n'y avait pas le sourire, ni le ton léger de la plaisanterie. Le fait qu'il puisse répondre de la sorte devait prouver qu'il allait mieux. La fierté du jeune homme avait mis un coup de pied à sa sensiblerie. Le brun s'était laissé aller quand il n'était qu'avec son frère et avait eu bien du mal à ramener les morceaux. Il ne pouvait pas se révéler d'avantage, il ne pouvait pas continuer à se comporter de la sorte. Le directeur replaçait le masque mondain, qui jusque là avait été bien fissuré.

« Pour le désordre, vous ne l'avez pas encore vu réveillé. Il y a pire qu'un Lacey, c'est un Lacey convalescent. »

Un pâle sourire s'afficha sur le visage du brun. Lawrence ne laissa pas de tristesse franchir de nouveau les lignes de son visage. Les traits étaient encore un peu tendu, mais cette expression montrait un côté plus confiant et calme. Le petit frère était à l'intérieur bien moins serein.

La rousse pouvait dormir en paix. Personne ne risquait quoique ce soit pour ce qu'il avait dit. Miss Cadell faisait donc partie des gens qui savaient qu'il ne fallait pas se montrer trop curieux . C'était une qualité qu'il appréciait. La future magicomage avoua même avec timidité qu'elle n'était pas à l'aise en politique. Ce n'était pas surprenant. Quand il la vit toute gênée et le fuir du regard, il était plus sage pour elle, que la demoiselle évite les couloirs du ministère.

Le jeune homme allait lui dire de ne pas être désolée de ne pas apprécier la politique. Chacun avait ses goûts et un homme se devait de respecter ceux d'autrui. Dans la limite du raisonnable, bien entendu, mais on était bien loin de virer dans le déviant ou le dangereux. La demoiselle fit mine de vouloir parler. La prise de parole, bien que timide, suffit à arrêter le brun avant qu'il ne prononce le moindre mot. Il attendit patiemment que l'étudiante se démêle avec elle-même. Le jeune homme fut intérieurement satisfait de ne pas être timide.

Soudain, elle lui tourna le dos. Le brun ne comprit pas ce qu'elle allait faire dans la salle de bain. Il jeta un regard à son aîné. Le jeune homme avait à présent envie de le frapper, pour que ce fichu idiot bouge. C'était cette option là ou risquer à nouveau de paniquer. Il était enfin parvenu à se maîtriser, il choisissait donc la paire de baffe.

La demoiselle revint avec un verre d'eau et ne lui laissa pas le temps de lever la main sur le plus grand. Lawrence eut envie de faire une grimace quand il entendit les phrases de la demoiselle. Il avait vraiment été en dessous de tout. L'homme eut toutefois un sourire reconnaissant.


« Merci, ce verre d'eau me suffira amplement. »

Le brun ne préféra pas relever la phrase de la jeune demoiselle. Si c'était le frère de la rousse dans se lit, la donne serait complètement autre.

Lawrence fut prit au dépourvu par la proposition de Deryn, bien que son visage ne montra rien. Il faut dire que son interlocutrice ne pouvait guère voir ses expressions, puisqu'il buvait doucement l'eau qu'elle lui avait apporté. De la lecture? Drôle d'idée et le brun se demanda comment son aîné avait pus rencontrer une telle demoiselle. Un petit sourire se traça sur son visage:


« Vous n'avez pas besoin de demander ma permission pour faire ce que vous jugez bon pour lui. Quant à ses progrès en langue, j'ai hâtes de voir si cela donnera quelque chose. »

Le brun voyait bien le plus vieux rétorquer qu'il n'avait pas trois ans et qu'il avait passé l'âge pour les histoires. Lawrence lui était content, cela faisait matière à chambrer.


Dernière édition par Lawrence Hawkesworth le Mar 19 Jan - 21:30:41, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: La nuit la plus longue [PV Deryn ]   La nuit la plus longue [PV Deryn ] EmptyLun 27 Juil - 17:31:46

Petit à petit, l’homme semblait reprendre du poil de la bête. Il la complimenta, ce qui la fit évidemment rougir mais également l’amusa beaucoup. Il semblait un peu perdu à dire une chose puis son contraire juste après et il manquait le ton et le sourire pour aller avec les paroles légères qu’il avait prononcées mais c’était déjà mieux. Plus rassurant aussi. Le moral des malades était certes très important mais celui des visiteurs aussi puisqu’un homme malheureux tombe plus facilement malade. Telle est la puissance de l’esprit sur le corps. Or, elle doutait sincèrement que Lacey aurait apprécié se réveiller pour voir son frère en soins intensifs pour dépression.

Un sourire chaleureux répondit à la timide grimace du jeune homme. Il était si posé, si digne, que Deryn se demanda un moment quel âge il avait. Au ton de la voix elle lui aurait facilement donné la quarantaine, mais physiquement il faisait entre vingt-cinq et trente ans. Et puis Lacey était l’aîné et lui ne devait pas avoir la trentaine. Ou alors c’était à désespérer de le voir un jour grandir. Peut-être cinq ou six ans de plus qu’elle pour le cadet des Hawkesworth. Cela n’avait aucune importance au fond.


« Etrangement, cela ne m’étonne pas. J’espère que mes collègues sauront se préparer à la tornade Hawkesworthienne. »

Elle n’avait pu s’empêcher d’écorcher un peu le nom très anglais des deux frères avec son accent gallois et cela la troubla une seconde. Pas assez toutefois pour faire disparaître son air déterminé et amusé.

Ils conversèrent un moment avant qu’elle ne prenne sur elle de lui donner un verre d’eau et de lui proposer quelque chose de plus fort. Sans surprise, il refusa poliment le calmant mais accepta d’avaler quelque chose pour s’hydrater un peu. L’hôpital était devenu aussi calme qu’il pouvait l’être. Deryn chercha quelque chose à dire qui ne soit pas une banalité et opta pour une permission. On ne pouvait vraiment l’empêcher de faire ce qu’elle voulait mais quelque chose lui disait que le cadet serait souvent au chevet de son frère et avoir sa bénédiction ne pouvait être qu’une bonne chose. Il plaisanta à nouveau, toujours correct et posé. Deryn laissa échapper un court éclat de rire en pensant à ses progrès en langue. Elle demanderait à Elanor pour voir s’il progressait vraiment.

Et maintenant ? Elle ne savait plus quoi faire et encore moins quoi dire. Elle écouta vaguement une annonce appelant un certain médicomage dans une salle quelconque. Une déficience cardiaque. Chez les moldus il aurait fallu transplanter, ici quelques sorts suffisaient. La magie avait quand même du bon. Le bruit régulier du sablier au dessus de la porte prenait à présent toute la place. Elle n’avait plus rien à faire ici. Il ne fallait pas s’éterniser. Et pourtant l’ombre du géant tombait la retenait. Elle avait du mal à quitter son sillage. Pour aller ou ? Pour faire quoi ? Le monde devenait fou dehors.

C’est la pensée de sa sœur et de son frère qui lui donna le courage de faire un pas vers l’avant. Une dernière fois, elle sourit au Directeur du Département de la Justice Magique.


« Je vais vous laisser avec votre frère. Merci de m’avoir permis de le voir. A bientôt je suppose. »

Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille puis marcha tranquillement vers la porte qu’elle ouvrit avec précautions. Elle se glissa sans un mot supplémentaire dans le couloir sombre, reprit ses affaires et transplana enfin dans la grande demeure qu’ils avaient loués pour les vacances. Les siens allaient bien. C’était le plus important.
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