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| | |  Sujet: Rendez-vous Intime [Deryn] ![Rendez-vous Intime [Deryn] Empty](https://2img.net/i/empty.gif) Ven 11 Déc - 23:51:09 | |
| La situation devenait compliquée, et Evan ne savait plus tellement quoi faire. Il avait reprit son travail, ne manquait de rien, mais l'ombre d'un traumatisme subsistait. Peu importe ce qu'il faisait pour se changer les idées, la dose de travail à laquelle il se forçait pour tourner la page, le nombre d'inconnues et d'inconnus avec lesquels il passait ses nuits, ses angoisses remontaient toujours. Après chaque retour de mission sur le terrain, certains soirs, parfois sans raison le matin, ses flashbacks et ses crises revenaient toujours planter impitoyablement leurs crocs dans son esprit.
Au début, décidé à encaisser et à aller de l'avant, l'auror s'était contenté des calmants qu'on lui avait donné après sa sortie de Sainte Mangouste. Après tout, c'était normal d'être un peu remué, et il se refusait de penser qu'il pouvait avoir un quelconque problème. Le coup du faiblard pleurnicheur n'était pas son genre, et il n'allait pas aller voir un psychologue ou leurs pendants sorciers pour si peu. Le temps avait donc passé, un mois, deux mois, trois mois...Sans aucune amélioration. Tout n'était pourtant pas si gris, loin de la. Claire allait mieux depuis qu'Evan était sortit de l'hôpital, plus souriante, plus ouverte, elle avait même retrouvé du travail, et son caractère de cochon était revenu. Leurs engueulades étaient revenues, quoi que toujours gentilles, comme à l'époque, même si parfois, l'ombre d'un grief bien plus insidieux et pernicieux se glissait dans les réactions de la jeune femme. Ce n'était pas vraiment grand chose, une remarque désobligeante sur le fait qu'il ait survécu alors que rien ne le retenait vraiment de mourir, pas de famille, pas d'ambition particulière. Et puis parfois c'était une malédiction, un sort, quand elle était mécontente de lui et qu'elle tenait à le lui faire savoir. La chose ne le gênait pas trop, sa propre culpabilité l'empêchait d'en vouloir à Claire, seulement, ça ne l'aidait pas à se tranquilliser.
Après une énième crise, à sa plus grande honte en présence de John, celui-ci avait refusé de juste faire comme si c'était normal, de simplement le laisser partir. Evan avait eu droit à tout un tas de question, et s'il avait l'habitude de se montrer plutôt évasif, de faire comme si tout était normal, l n'avait pu cette fois faire autrement que de parler...au moins un peu. Quelques indications sur son état, lâchées du bout des lèvres, puis une longue, longue discussion avec le médicomage, qui avait finit par le convaincre d'au moins aller parler avec une des personnes qui s'était occupé de lui. L'auror avait été embêté, s'il retournait voir quelqu'un de manière officielle, ses supérieurs ou ses collègues pourraient bien finir par en être avertis. Et il avait peur, au fond, qu'on le déclare inapte, ou qu'on veuille l'enfermer, ou qu'on le bourre de calmant, ou qu'on se foute de sa gueule. Bref, il avait un tas d'argument tous plus ou moins valables pour ne pas retourner à Sainte Mangouste, quitte à devoir devenir complètement dingue. C'était avant de se dire que finir chez les fous l'empêcherait pour de bon de bosser. Le jeune homme avait donc cherché, retourné le problème dans tous les sens, quand enfin, un semblant de début de bout d'idée lui vint en tête.
Allongé dans son lit un matin, flemmardant, Hubert enroulé autour de son bras, un souvenir particulier lui était revenu. Une jeune femme rousse, douce, qui s'était parfois occupée de lui, avec qui il lui était même arrivé de parler plusieurs fois. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, bien que son état de l'époque pouvait excuser qu'il ait de la peine à s'en rappeler comme il faut, elle était stagiaire. Le brun passa un moment à tenter de se rappeler, voyant bien son visage, quand bien même le nom s'acharnait à lui échapper. Erin? Non, non, ça sonnait définitivement autrement. Deux heure plus tard, et après s'être retourné les neurones, Hubert pendouillant désormais d'une de ses poches, il avait toutes les informations nécessaires. Il avait demandé à John de se renseigner rapidement, et avait finit par obtenir son nom de famille, son prénom, et l'impression de quelques professionnels à son sujet. Excellent élément, ayant fait plus que bonne impression, les évaluations de ses collègues l'avaient, pour la plupart, encensée. Peut-être pourrait-elle l'aider, faire office de cas pratique pour étudiante ne le dérangeait pas, à vrai dire, il ne savait pas trop ce qu'il cherchait. Dans ses souvenirs, elle avait été la première à lui arracher quelques mots après trois semaines de mutisme complet. Il espérait au moins que l'étudiante accepterait de parler un peu, et qu'elle ne le prendrait pas pour un stalker, un obsessionnel qui n'avait rien de mieux à faire de sa vie que de l'espionner et de lui courir après.
Evan avait pris la peine d'envoyer une lettre, par hiboux, et avait même fait l'effort d'écrire correctement, ses écrits étant relativement illisibles d'habitude. Il avait longuement hésité, sur que dire, comment présenter la chose. Finalement, l'auror avait simplement précisé dans la lettre qu'il avait été patient à Sainte Mangouste, pendant quelques temps, au même moment qu'elle faisait son stage. Puis avait ajouté son nom, sa profession, le fait qu'il aurait aimé lui demander quelques conseils....Les trucs basiques, en gros.
Maintenant, l'ancien serdaigle attendait. Après un échange de lettres plutôt sommaire, Evan ayant demandé à parler de visu, ils avaient convenu d'un lieu et d'une date. Et pour une fois en avance, assit à l'intérieur d'un salon privé des trois balais, il attendait patiemment. Viendrait-elle? Il doutait presque, et aurait aimé au moins à parts égales sa présence ou son absence. Si elle ne venait pas, il n'aurait pas besoin de s'expliquer, de présenter son cas vaguement, à ses yeux en tout cas, ridicule. Mais si elle venait, il aurait peut-être une chance de retrouver un sommeil potable, il pourrait aussi sans doute laisser tomber les calmants. Il se passa une main dans les cheveux, soupira, joua avec la tasse de thé qu'il avait commandé, se réchauffant les mains dessus. |
| | | | | | Sujet: Re: Rendez-vous Intime [Deryn] Mar 23 Fév - 5:04:30 | |
| Février était venu et avec lui ce semblant de routine qui essaie de s'installer aussi désespérant soit l'avenir. On disait dans les livres que l'être humain s'adaptait à tout. Et c'était vrai, Deryn l'avait mainte fois observé, à chaque fois que les choses semblaient devenir insupportable, on trouvait le moyen de continuer. Pas après pas. Jour après jour. Refusant de voir le pire, oubliant l'insupportable, pour survivre, encore un jour, encore un pas, encore une heure et finalement vaincre la menace.
Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, c'étaient les avis de recherches qui avaient fait revenir la jeune femme dans le monde. C'était déjà assez terrible d'avoir un frère recherché et des parents en fuite, autant ne pas attirer l'attention sur elle en disparaissant soudainement. Elle s'était comportée comme une idiote. Elle en était consciente mais ne pouvait pas faire grand chose. Elle avait été trouillarde, égoïste et absolument pas digne de confiance. Quelle aînée laissait sa cadette prendre soin d'elle hein ? Non, elle devait rentrer et se trouver une bonne raison pour son absence. Et tout irait bien dans le meilleur des mondes possible. Mouais. Candide restait quand même une belle farce.
Le 20 Janvier, Deryn ne tremblait presque plus, malgré les regards inquisiteurs des médicomages de Ste Mangouste. Le 25, elle sortait du bâtiment et réintégrait la vie civile. Son séjour à l'hôpital avait duré moins d'une semaine mais cela suffirait à avoir tous les témoins dont elle aurait besoin. Elle pouvait réintégrer l'UMA sans crainte à présent. Enfin sans crainte...sans soucis administratif tout du moins. C'était déjà ça.
Bref. Février était arrivé donc. Gris, froid, plein de cette neige brune et collante qui recouvre les capitales. Les cours avaient repris avec quelques changements cependant. Le professeur Wyrd avait, aux dires des rumeurs, pas supporté l'hiver anglais et était reparti dans un pays où le mot froid n'était pas un euphémismes. Un autre lui avait succédé, plus brun mais du même style qui avait pris son certificat médical et donné un devoir à la place. Elle ne comprenait pas tellement la raison pour laquelle elle était punie mais s'en souciait guère. Elle était là pour apprendre et un devoir n'était pas grand chose finalement. Osk paraissait sérieux, c'était cool. Et puis était arrivée la lettre.
Au début, la jeune fille n'avait su qu'en penser. Cela lui paraissait tiré par les cheveux pour un éventuel piège mangemoresque et puis qui voudrait lui faire du mal ? Elle n'était rien, elle n'était personne et cela lui convenait très bien comme ça. Après tout, une médicomage banale de sang totalement sorcier n'intéresserait pas Vous Savez Qui. Ce n'était pas un piège. Cela ne devait pas en être un. Impossible.
Elle avait toutefois tremblé une bonne heure avant de prendre sa décision. Elle se souvenait de Mr Murphy. C'était un auror, donc un héros travaillant avec Lacey pour Lawrence. Si c'était vraiment lui l'auteur du mot, elle ne risquait rien. Il avait fait un séjour à Ste Mangouste quelques mois plus tôt et avait commencé à se confier à elle. Difficile pour toute personne extérieure de connaître tant de détails et de s'en servrir de façon aussi convaincante. Sauf, évidemment, si Murphy avait été capturé, légilimencé, véritaserumé et manipulé pour l'attirer dans un piège. Mais encore une fois, qui se donnerait tant de mal pour l'attraper elle, hein ? Sans compter que le rendez-vous avait lieu dans un endroit public et sécurisant. Elle avait répondu...Elle était là. Indécise devant la porte des Trois Balais certes, mais là.
Deryn regarda une cinquième fois la ma-gni-fi-que enseigne du pub et inspira profondément. Elle tournait tous ces arguments dans sa tête depuis un bon quart d'heure mais n'était pas plus avancée. Un patient avait besoin d'elle, elle ne pouvait lui poser un lapin. Elle entra. Sortit. Rentra. Sous l'œil amusé du patron qui n'avait rien perdu de son manège. Serrant les poings une fois pour toute, elle demanda son rendez-vous et suivit le garçon de salle jusqu'à une salle à l'arrière puis une table occupée par un homme de mauvaise mine. Aussitôt, tous les doutes des l'étudiante se dissipèrent. Elle ne reconnaissait peut-être pas vraiment Mr Murphy mais les cernes et le teint pâle ne trompaient pas plus que le regard fiché dans le thé brulant. L'homme n'allait pas bien. Elle allait l'aider.
« Désolée pour le retard, un cours qui a fini tard. »
Professionnelle, pâle mais sure d'elle, souriant doucement, la rouquine prit une chaise et s'assit devant l'auror, attendant patiemment qu'il lance la conversation. Après tout, c'était lui qui avait demandé à la voir. Il devait donc avoir préparé son introduction. Enfin il fallait espérer. Parce qu'elle n'avait pas eu encore de cours pour « bien commencer un examen psychologique ». |
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