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 Au Boudoir de Circé (Mercedes)
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  • James Kirkby
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    James Kirkby
MessageSujet: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyVen 7 Aoû - 21:17:13

[Suite de ce topic]


Le Chemin de Traverse, malgré le faible nombre de badauds et la quantité de magasins fermés, semblait délicieusement accueillant après l'Allée des Embrumes et ses malfrats. Instinctivement, les deux marcheurs ralentirent, adoptant le rythme de la flânerie, pour se diriger vers un café que James ne connaissait pas : le Boudoir de Circé, qui avait ouvert assez récemment à l'emplacement d'un magasin de papeterie. James se rappelait vaguement cette boutique, où il allait faire provision de parchemins et d'encre lors de ses années d'étude à Poudlard ; les propriétaires avaient pris leur retraite environ un an et demi auparavant, et le magasin était resté un moment à l'abandon, avant que le bar ne s'y installe. Rebuté par le côté un peu trop bon chic bon genre de l'établissement, James n'y était jamais entré, préférant des endroits plus populaires ; peut-être par besoin de s'encanailler, car le Boudoir de Circé convenait finalement mieux à son véritable rang social.

Les deux sorciers entrèrent dans une salle cossue, meublée de tables de bois brillant, dont l'épaisse moquette pourpre étouffait le bruit des pas des clients et des serveurs. Comme ils s'installaient à une table contre la fenêtre donnant sur la rue, Mercedes adressa un sourire narquois à James, et lâcha une petite plaisanterie perfide... S'il avait l'habitude de fréquenter les clochards ignobles de l'Allée des Embrumes ? Le jeune homme prit un air un peu inquiétant et, se penchant vers la demoiselle, murmura :


-Si je les fréquente ? Mais c'est mieux que ça, j'en suis un... Je suis un type redoutable en fait, et j'ai un faible pour les femmes vulnérables... Je préfère ne pas vous raconter ce que je leur fais subir lorsque je les tiens, vous auriez peur...

Il se redressa en souriant, pour dissiper tout malentendu éventuel ; il ne s'agissait que de la réponse à la plaisanterie, pas de l'annonce d'un meurtre imminent... Bon, cela pouvait aussi être la suite logique de la réflexion un peu grivoise qu'il avait servie à Mercedes un moment avant, mais aucune allusion plus appuyée n'était tolérable. De toute façon, un serveur à l'air solennel venait d'arriver, et il fallait donner une image convenable, un peu compassée, adaptée au lieu. James laissa Mercedes commander la première sa consommation, et demanda ensuite une eau gazeuse ; pas question de commencer à se piquer la ruche au whisky selon sa bonne habitude, ça ne cadrait pas avec l'image du preux chevalier sauvant la veuve et l'orphelin. De toute façon, à force de baratiner la jeune femme, il commençait à avoir soif, et comme il espérait bien ne pas la quitter ainsi, mieux valait s'hydrater, en prévision d'activités sportives... Restons sérieux, le Boudoir de Circé n'était pas un lieu voué à la gaudriole, mais aux discussions bienséantes... Tandis que le serveur s'éloignait, James posa un regard attentif sur Mercedes, et fit :

-Trêve de plaisanterie, Mercedes... J'espère que vous aviez une bonne raison pour aller vous hasarder seule dans cette rue ? Ou était-ce seulement de l'imprudence ?... Vous vous rendez bien compte qu'une femme seule est une cible de choix pour ces... euh... bandits... et ils ne se contenteraient pas de vous dépouiller de vos biens, croyez-moi...

Le serveur revenait, et James se tut, le temps qu'il dépose les consommations sur leur table. Dès que l'homme eut tourné les talons, le jeune Mangemort reprit :

-Si vous avez une course à faire dans cette rue, permettez que je vous accompagne... Je ne voudrais pas que vous vous retrouviez face à cet horrible personnage...


Il n'avait peut-être pas l'air redoutable, mais les pouilleux hésitaient toujours plus face à un homme ; de plus, même si son allure générale le faisait passer pour un garçon frêle et faible, James se savait de taille à mettre hors de combat des adversaires autrement plus dangereux que ces mendiants sans baguettes.
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptySam 8 Aoû - 0:22:25

Quand James se pencha vers elle, ses lèvres sensuelles étirées en un sourire légèrement menaçant, Mercedes sentit son cœur battre à une vitesse effrénée. Elle n’y pouvait rien, elle avait toujours eu un faible pour les mauvais garçons.

Comme la plupart des jeunes filles pourries gâtées, d’ailleurs.
Etouffant d’ennui dans leur monde de soieries et de damas, où tout, du lever au coucher du soleil, était chorégraphié par la toute-puissante Bienséance, ces princesses blasées jusqu’à l’indécence ne vivaient l’excitation dont elles étaient impitoyablement privées qu’en se livrant à tout ce dont leurs gouvernantes et leurs parents disaient toujours que cela ne se fait pas.

Boire plus que de raison, aspirer on ne savait trop quoi dans les toilettes marbrées des réceptions guindées où leur nom les traînait, draguer leurs profs, embrasser des inconnus à peine rencontrés à pleine bouche avant de les ramener chez elles,...
Rien n’était jamais trop poussé pour ces reines de la nuit, voix d’une jeunesse dorée et décadente qui voulaient juste, après tout, goûter le piquant de l’aventure que la fortune de leur famille leur avait volé en leur imposant, à la place, une vie sans relief où tout était prévu à l’avance.

Leur destin était morose. Un mariage avec un péteux qu’elles ne connaissaient pas et qu’elles ne pourraient de toute façon jamais supporter, une plâtrée d’enfants pourris gâtés pondus pour perpétrer un nom qui les emprisonnait, des journées oisives passées à siroter du champagne-pêche, à dépenser un argent qu’elles n’avaient pas gagné, et à écouter d’autres femmes au foyer désespérément riches se plaindre de leurs époux qui travaillaient toujours trop à leur goût.
Un bel après-midi, elles finiraient dans les bras de leur beau et jeune jardinier/plombier/facteur/la liste est longue, et retrouveraient enfin un peu de ce piquant tant rêvé.

Rares étaient celles qui échappaient à ce triste sort, et Mercedes ne devait de l'avoir évité qu'à sa première grossesse. Couvert de honte quand il l’avait appris, l’Oncle, qui s’était pourtant montré bien décidé à ne la marier qu’à l’un des meilleurs partis de la ville, avait décrété de lui-même qu’aucun fils de bonne famille ne voudrait d’une délurée qui se retrouvait enceinte sans même savoir de qui.

Mais James finit par se redresser, laissant le cœur de la jeune femme retrouver lentement un rythme normal.


- Alors on a bien raison de dire que la cape ne fait pas le mage, lui répondit-elle quand il affirma être un homme redoutable (si tu savais à quel point, Mercedes), mais je vous en prie, racontez...je suis plus curieuse que vulnérable...

Inconsciente Mercedes. Si elle avait su qui était vraiment le plaisant James Kirkby, elle serait partie en courant au lieu de faire la maligne.
Remarque, avec lui, l’ancienne rebelle des beaux quartiers battait son propre record : en matière de mauvais garçons, on pouvait difficilement faire plus dangereux qu’un Mangemort.

Croisant ses longs doigts fins sous son menton, elle passa rapidement commande et reporta son attention sur James. Mais en l’entendant, son regard, jusque là intrigué, se glaça.

Et faites ceci, et faites cela, et attention où vous mettez les pieds, vous pourriez vous faire violenter...Il se prenait pour l’Oncle ? Comme si elle ne savait pas déjà tout ça !

Peu habituée à recevoir des recommandations (surtout venant d’inconnus), et encore moins à y obéir, la jeune femme darda ses prunelles émeraude sur lui, mais ne répondit rien, se contentant de goûter du bout de ses lèvres pleines le latte crémeux que le serveur guindé (Elle ne comprendrait jamais pourquoi tous les serveurs étaient toujours raides comme des piquets. Peut-être qu’ils faisaient des économies de placards en gardant les balais dans leur derrière ?) venait de poser devant elle.


- Si j’avais une autre course à faire dans cette rue ?, reprit-elle finalement d’un ton amusé qui n’atténuait pourtant pas la lueur mauvaise étincelant dans ses yeux, j'ai donc l'air d'y passer toutes mes journées ?

Et puis quoi encore ? Tant qu’il y était, pourquoi ne pas la traiter de Mangemort ? Ah non c’est vrai, ça c’est lui.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyLun 10 Aoû - 19:35:58

Erreur stratégique... Le conseil pourtant amical n'avait pas été bien reçu, et si Mercedes avait su garder un ton parfaitement policé, le regard qu'elle adressa à James ne trompait pas. Elle n'admettait pas qu'on se permette d'intervenir dans sa vie, qu'on lui donne des recommandations, et elle le faisait savoir. Le jeune Mangemort devait reconnaître qu'il avait été maladroit sur ce coup-là ; aucune femme n'aimait qu'on se mêle de ses affaires, même pour s'inquiéter de sa sécurité et se placer galamment à son service... Le brun venait de perdre des points, par cette simple phrase. La jeune femme s'était sentie offensée par l'allusion à l'Allée des Embrumes, haut lieu de la pègre magique, et on ne pouvait pas lui donner tort ; qui pouvait bien avoir des courses à faire dans cette rue, sinon des délinquants notoires ? James n'avait plus qu'à rattraper sa bourde comme il pouvait... Reposant doucement son verre, il murmura :

-Je vous demande pardon, Mercedes... Je ne voulais pas vous désobliger...

Embarrassé, il baissa les yeux, en se demandant ce qu'il pourrait dire ou faire pour dissiper la mauvaise impression qu'il venait de produire sur la jeune femme. L'inviter à dîner ?... Mais l'heure du dîner était si loin... Lui offrir des fleurs ? Pourquoi pas, après tout ; il n'y avait guère de femme qui résistât au pouvoir mystérieux qui émanait d'un bouquet de fleurs. L'établissement était plutôt sélect, il devait y avoir un fleuriste attitré... Il suffirait de se lever, en prétextant un lavage de main, pour aller commander un bouquet de roses au comptoir : dans le quart d'heure, par hibou express, les fleurs seraient livrées, avec le message adéquat... Quel message, d'ailleurs ? Le jeune homme reprit une gorgée d'eau gazeuse, troublé par ce problème. De quel message accompagner le bouquet ?

Finalement, le bouquet de fleurs n'était pas une bonne idée ; pas foncièrement mauvaise, mais prématurée. Offrir de fleurs à une femme avec qui on n'a pas couché était une faute de goût ; cela ressemblait à de la corruption, à une façon d'amadouer une proie potentielle... alors qu'une fois passé par la case lit, le bouquet apparaissait comme un cadeau plus innocent, un simple gage de reconnaissance... Ce serait pour plus tard, si tout cela se terminait comme James le pensait. Pour l'heure, il fallait dérider cette jeune femme, lui faire oublier la maladresse proférée quelques minutes auparavant. De quelle façon ? Oh, il y avait une façon simple, qui désarmait souvent les femmes- surtout celles qui, comme Mercedes, affichaient au compteur quelques années de plus que James : la franchise, l'attendrissante et touchante franchise masculine. Levant sur la demoiselle un regard poignant de sincérité (si, si, enfin ce qui s'en approchait le plus), le jeune homme confessa à mi-voix :


-J'ai été tellement maladroit... Vous devez m'en vouloir, Mercedes... Je ne sais pas quoi dire pour me rattraper. Dites-moi, ajouta-t-il en se penchant un peu vers la jeune femme, ce que je peux faire pour dissiper ce malentendu. Je vous promets d'avance de faire ce que vous me demanderez. Tout ce que vous me demanderez, conclut-il avec un sourire entendu.

Paiement en nature accepté, voire conseillé... S'il fallait se déshabiller pour faire oublier sa contrariété à la jeune femme, James le ferait volontiers... Et même, d'ailleurs, si ça ne devait pas lui faire oublier sa contrariété...
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyMar 11 Aoû - 15:42:46

C’est avec un petit sourire de satisfaction que Mercedes vit les beaux traits de James s’altérer, alors qu’il se confondait en excuses. Et toc, bien fait pour lui, il ne l’avait pas volé !

Ils ne se connaissaient pas depuis une heure, et monsieur se permettait de lui donner des avis ? Et d’insinuer qu’elle pourrait repartir dans cette affreuse allée, en plus ? Non mais oh ! Il pouvait s’estimer heureux de s’en sortir à si bon compte : si elle ne lui avait pas été redevable, il se serait pris du café brûlant dans la figure.

Et même. L’avoir tirée d’une mauvaise passe ne lui donnait pas le droit de l’insulter juste après.

Mercedes ouvrait la bouche pour lui suggérer un endroit où se mettre ses stupides conseils quand il leva sur elle l’un des regards les plus bouleversants qu’il lui ait été donné de voir (il n’avait rien à envier aux mines de chiens battus que faisaient Lou et Hector quand Conchita leur servait des légumes) et partit dans un long soliloque aux accents mélodramatiques.

Sans rien dire, la jeune femme le regarda, ses fins sourcils haussés de surprise. Ce qu’elle voulait ? Tout ce qu’elle voulait ? Il était sûr de ça ?
Malgré tout ce que ce genre d’offre pouvait toujours avoir de théâtral, il ne fallait jamais les prendre à la légère. Cette petite phrase l’avait souvent sortie d’un mauvais pas, et même si, à présent, elle n’avait plus besoin des largesses d’autrui pour subvenir à ses besoins de luxe et de raffinement, elle était et serait toujours reconnaissante au pouvoir de "Je vous offrirai tout ce que vous voudrez".

Mais là, qu’est-ce qu’elle voulait ?

Le visage de sa fille apparut dans son esprit, et son beau front se rembrunit. Car ce n’était pas la Lou rieuse et malicieuse qu’elle connaissait qu’elle venait de voir, mais celle qui surgissait de plus en plus dans ses pensées, en ce moment : une Lou effrayée, tourmentée, et parfois même, torturée.
Elle fit ce qu’elle faisait toujours quand elle n’était pas seule : elle la chassa de son esprit. S’inquiéter pour elle, maintenant, ne servirait à rien. Et elle ne pouvait décemment pas répondre à James "Ca tombe bien que vous proposiez, ma fille est à Poudlard et je ne suis pas sûre que son père soit un sorcier, donc si vous pouviez renverser Vous-Savez-Qui et chasser ses sbires, ça m’aiderait bien".
D’autant qu’étant lui-même un Mangemort, il ne serait peut-être pas super motivé.

Donc elle se sortit Lou de la tête, et revint complètement à son sauveur, qui lui lançait un regard à faire pleurer des pierres.

Bon bon bon, il l’avait vexée, oui, mais ce n’était peut-être pas non plus la peine d’en faire un pataquès.


- Vous n’avez pas l’air de savoir que dire ce genre de choses à une femme est le plus sûr moyen de se retrouver ruiné dans l'heure qui suit, lui répondit-elle.

Alors qu’elle décroisait et recroisait ses longues jambes fuselées, son genou effleura, innocemment, celui de James.


- Je vous en veux, oui, continua-t-elle en sirotant de nouveau son café, mais il se trouve que vous avez imaginé un moyen imparable pour vous faire pardonner.

Elle reposa sa tasse de porcelaine, et secoua légèrement sa longue crinière brune.

- Si vous me disiez ce que vous y faisiez vous-même, dans cette allée ?...Pour commencer...

Oui parce qu’admettons qu’il lui fasse des sermons, comment est-ce qu’il s’était retrouvé là, lui ? Elle, au moins, elle avait une bonne excuse.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyMer 12 Aoû - 14:21:29

La mine de chien battu, c'était une méthode ancestrale pour attendrir la gent féminine, mais une méthode qui avait fait ses preuves, surtout avec une femme un peu plus âgée qui pouvait avoir un vague instinct maternel... Mercedes avait-elle des enfants ? James l'observa à la dérobée, tout en buvant une gorgée d'eau, et essaya de l'imaginer tenant la main d'un marmot. L'attribut ne lui allait pas vraiment... D'autant qu'en général, qui dit enfants dit mari, et cet attribut-là allait encore moins bien à la jeune femme. Discrètement, le jeune homme jeta un coup d'oeil à sa main délicate : aucune alliance pour gâcher le tableau... Tant mieux, cela simplifierait les choses. On couchait aussi bien avec les femmes mariées qu'avec les célibataires, mais cela imposait tant de fastidieuses précautions...

La jeune femme avait décidé de jouer à la sévère encore un moment, pour bien faire sentir l'étendue de son mécontentement au maladroit garçon. Elle ne boudait pas, cependant, et eut même l'air de plaisanter lorsqu'elle menaça James de se retrouver ruiné en moins d'une heure. En voilà une qui avait dû causer bien des faillites, à en juger par le ton assuré de sa voix... Un diamant par-ci, une robe de couturier par-là, elle devait s'y connaître pour dépenser des sommes folles en un rien de temps. La mine toujours penaude, le jeune homme murmura :


-Allons... Vous n'auriez aucun scrupule à ruiner un pauvre étudiant, Mercedes ?

Le genou de la belle effleura celui du Mangemort, et la mine d'enfant pris en faute qu'il arborait se dissipa immédiatement ; il se redressa légèrement, l'air soudain beaucoup plus attentif- et plus mûr aussi. À vingt ans, James avait encore cette faculté des adolescents de ressembler tantôt à un enfant, tantôt à un homme, et le changement venait de s'opérer, par la grâce d'un frôlement de genou qui avait agi comme un appel à ses plus bas instincts. Les bas instincts en question avaient été présents dès les premières secondes de la rencontre, mais en filigrane, et ils ne demandaient qu'à se réveiller... C'était chose faite, Mercedes le savait, et avec l'adresse d'une femme habituée à gouverner les hommes, elle s'amusait à mettre le garçon au supplice, en faisant comme si ce contact avait été parfaitement accidentel, et en reprenant la conversation d'une voix sévère. Petite vengeance cruelle, puisque pour James comme pour le commun de la gent masculine, le moindre contact faisait office de préliminaire érotique...

Ce qu'il faisait dans l'Allée des Embrumes ? Incapable de réfléchir (du moins avec sa tête), l'étudiant hésita un instant ; s'il disait la vérité, elle partirait en courant, en hurlant qu'il n'était qu'un bandit, un assassin, un Mangemort en somme, et elle n'aurait pas tort... Mais que dire d'autre ? Aucune excuse plausible ne lui venant, il répondit à mi-voix :


-Je... J'avais une petite course à faire. L'apothicaire de l'Allée a des ingrédients de bien meilleure qualité que celui du Chemin de Traverse...

D'une mimique, il s'excusa d'avoir de si mauvaises fréquentations, même s'il avait atténué le côté sordide de la chose en parlant de l'apothicaire ; il était de notoriété publique que certains sorciers exigeants se fournissaient exclusivement dans l'Allée, même s'ils étaient résolument contre la magie noire, pour la qualité des produits proposés. James eut un léger sourire, puis ajouta, flatteur :[/i]

-Et on fait parfois de charmantes rencontres dans cette Allée...
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyJeu 13 Aoû - 14:31:01

- Oui, le charmant monsieur qui m’a abordée là-bas était un rare exemple d’élégance et de courtoisie, ironisa Mercedes, un sourire moqueur naissant sur ses lèvres, d’ailleurs vous n’auriez pas dû intervenir, j’étais sûre que nous étions faits l’un pour l’autre.

D’un geste gracieux, elle reprit une gorgée de café, se renfonçant contre le dossier de velours rembourré de sa chaise Louis XV, tandis que le serveur gominé revenait les voir pour s’assurer que tout allait bien.

Mercedes retint un soupir d’exaspération.
Ce n’était pas pour rien qu’elle n’était jamais sortie avec un serveur. Déjà, ils ne gagnaient trois fois rien. Et surtout, surtout, elle n’avait jamais pu les supporter. Autant, dans les bouges miteux où la trainaient parfois The Tiger et ses amis douteux, ceux où on trouvait parfois une queue de rat dans son porridge (déjà, quel restaurant qui se respecte sert du porridge ?), les serveurs avaient des têtes de clochards et ne mettaient pas moins d’une heure à apporter les commandes des gens en se curant l’oreille d’un air distrait, autant, dans les restaurants huppés auxquels elle était plus habituée, ils harcelaient les clients sans aucune pitié, surgissant toutes les dix minutes à leurs tables, dégoulinant de gel, pour leur demander "Tout se passe comme vous voulez ?", d'un air qui disait plutôt "T’as intérêt à dire oui, mon gros, sinon je crache dans ton velouté !"

Non mais vraiment, qu’est-ce qu’il croyait celui-là ? Bien sûr que tout allait bien ! Qu’est-ce qui pouvait mal aller quand on était en train de boire un café et une eau gazeuse ?

D’habitude, face à cette insupportable obséquiosité, Mercedes se contentait d’ignorer froidement ces abrutis qui semblaient croire que leur pourboire se mesurait au nombre de "Tout se passe comme il faut ?" qu’ils venaient postillonner dans les assiettes de céramique des clients.


- Non, tout ne va pas bien, rétorqua-t-elle au serveur sans pour autant quitter James des yeux, ce monsieur me disait justement qu’il n’y a pas assez de bulles dans son eau. Si vous pouviez nous arranger ça...

Les habitudes sont faites pour être changées...

Le pauvre serveur, qui n’avait apparemment pas compris qu’elle se moquait de lui (ni qu’elle imitait son accent guindé), ouvrit de grands yeux effarés.
Ses aïeux ! Des clients qui n’étaient pas contents ! Il faudrait les satisfaire tout de suite, ou c’en était fait de la réputation du Boudoir ! "Il n’y a pas assez de bulles dans l’eau gazeuse qu’on sert au Boudoir de Circé", vous imaginez un peu le scandale que ces mots chuchotés, répétés dans toute la ville, provoqueraient ?

Mercedes faillit s’étrangler de rire. Elle pouvait presque lire dans les pensées de cet idiot, tant ses réflexions s’affichaient clairement sur ses traits. A voir sa tête, on aurait dit qu’il craignait un cataclysme mondial. Et il n’aurait pas eu l’air plus affolé si elle lui avait dit que Il-savait-qui allait venir les rejoindre pour faire un pot de retour.


- Je...je vais voir ce que je peux faire..., balbutia le serveur avant de disparaître aussi soudainement qu’il était apparu.

Eclatant de son rire rauque et chaleureux, la jeune femme se retourna vers James.


- Voilà, conclut-elle, toujours secouée de rires, il ne va plus nous embêter avant longtemps, celui-là !

Puis, comme si aucun pingouin guindé ne les avait interrompus, elle se tut et fit délicatement tourner sa petite cuillère dans la crème onctueuse de son café.

- Alors comme ça, vous êtes étudiant ?, reprit-elle finalement en relevant ses prunelles de jade sur James, et étudiant en quoi, si ce n’est pas trop indiscret ?
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyVen 14 Aoû - 17:36:03

L'affaire était apparemment classée, pour le plus grand soulagement de James qui n'avait pas très envie de s'éterniser sur cette maladresse. Mercedes retrouvait son sourire, son humour, et tout son pouvoir de séduction ; l'étudiant, quant à lui, reprenait son assurance, et il se redressa légèrement, signe que le temps des excuses était passé ; la drague bon chic bon genre reprenait ses droits, et James n'était pas forcément le plus effronté. La demoiselle s'amusait visiblement beaucoup, frôlant son genou pour se comporter ensuite comme si de rien n'était, avec toute la rosserie dont est capable une femme habituée à se jouer des hommes et de leurs faiblesses... Elle avait vu, elle ne pouvait pas ne pas avoir vu le malaise que le contact entre leurs genoux avait provoqué chez le jeune homme ; mais, après cette invite sans équivoque, elle restait presque distante, très maniérée, en parfait accord avec le cadre guindé qui les accueillait. Les hormones masculines étaient bien plus difficiles à contrôler, et James, quant à lui, aurait souhaité que les choses sérieuses démarrent enfin.

Le serveur compassé en avait décidé autrement. Avec sa tête de croque-mort affamé, il était cérémonieusement venu demander si « tout se passait bien », comme s'il ne pouvait pas se mêler de ses fesses... James lui lança un regard furibond, mais Mercedes, sans se démonter, répliqua sèchement que non, tout ne se passait pas bien, faute de bulles dans l'eau gazeuse. L'étudiant prit plaisir à voir le visage digne du serveur blêmir, se décomposer, sous la terrible nouvelle... Une cliente mécontente ! On lui aurait annoncé la mort de toute sa famille, et de la concierge en prime, qu'il n'aurait pas été plus affecté. L'homme assura qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire, et se précipita à toutes jambes vers le bar. Mercedes éclata de rire, enchantée de son effet, et James lui adressa un large sourire, tout en appréciant :


-Joli coup, Mercedes. Ça lui apprendra à rester à sa place, à ce gominé.

Conformément aux prédictions, l'homme avait disparu et se gardait bien de revenir montrer son museau affligé. D'une gorgée, l'étudiant termina son eau gazeuse – malgré le manque de bulles, maintenant que Mercedes le lui avait dit...- et se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, étendant un peu ses jambes ; dans ce mouvement, sa jambe effleura à nouveau celle de Mercedes, et il tarda quelques instants à la retirer, tandis qu'il répondait :

-Je suis étudiant en filière académique, en troisième année... Pour travailler au Ministère plus tard, au département des Mystères de préférence. Et vous, Mercedes, que faites-vous dans la vie ?

Il suffisait de la regarder pour comprendre qu'elle ne travaillait pas, et le jeune homme se hâta d'ajouter :

-Laissez-moi deviner... Artiste ? Je vous vois bien dans un atelier de peintre... Encore que... Vous pourriez aussi bien y figurer à titre de modèle...

Son regard s'attarda sur les courbes de la jeune femme, sans retenue, et il reprit :

-Écrivain ?... ou bien... Critique gastronomique ? Pour causer de telles frayeurs aux serveurs... Alors ? Ai-je bien deviné ?

Il sourit à nouveau, très décontracté, et se redressa en ramenant ses jambes vers lui, sans rencontrer, cette fois, celles de Mercedes. Ce n'était qu'une question de minutes avant que leurs jambes se retrouvent pour de bon – ne restait qu'à patienter, malgré la tension.
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyVen 14 Aoû - 22:53:04

Leurs jambes se touchèrent à nouveau, et Mercedes se sentit frémir, sans chercher à cacher son trouble. Elle n’en éprouvait ni le besoin, ni l’envie d’ailleurs. Au contraire, il fallait que James sache qu’il ne la laissait pas indifférente. S’il ne l’avait pas déjà compris. Les grandes manœuvres allaient commencer.

Baissant ses paupières délicates, elle prêta une oreille distraite aux paroles de James, tout en se forçant à penser à quelque chose de particulièrement embarrassant. Le résultat ne se fit pas attendre : ses joues s’embrasèrent aussitôt.
Cette technique ne loupait presque jamais : flatter l’orgueil du mâle en lui faisant croire qu’on était troublée au plus haut point, ça payait toujours. Les femmes s’offrent aux hommes, oui, mais en les laissant croire qu’ils les ont conquises à la sueur de leur front. Après tout, les instincts de chasseurs de leurs ancêtres vibrent toujours en eux.

Mais James finit par retirer sa jambe, tandis que Mercedes, comme pour masquer une excitation que sa bonne éducation la forçait à contenir, prenait une nouvelle gorgée de café.

Avec un sourire énigmatique, elle l’écouta tenter de deviner ce qu’elle faisait dans la vie, amusée.


- Pas si facile de percer un mystère, hein monsieur l'étudiant ?, lui demanda-t-elle simplement en reposant sa tasse.

Se penchant à son tour vers lui, elle chuchota, comme une confidence :


- Mais c’est mon jour de bonté, aujourd’hui. Si vous trouvez en trois coups, vous avez le droit de me donner un gage.
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  • James Kirkby
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    James Kirkby
MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptySam 15 Aoû - 14:31:56

Elle avait rougi... Au deuxième contact de leurs jambes, légèrement prolongé par l'entreprenant jeune homme, elle avait rougi : bon signe, ça... James eut un sourire conquérant ; femme qui rougit est à moitié dans ton lit, pour reprendre en le déformant un vieux dicton de dragueur machiste.... L'étudiant avait bien souvent remarqué que le rougissement préludait à un total abandon ; il avait fait cette constatation chez les femmes en premier lieu, puis, chose plus déstabilisante, sur lui-même : au moment de céder à Grim, il sentait immanquablement ses joues s'embraser, ce qui, d'ailleurs, amusait grandement le Russe. La seule évocation du blond suffit d'ailleurs à faire piquer un fard à James ; une bouffée de chaleur subite lui indiqua que son teint habituellement pâle s'était empourpré, et il se demanda ce qu'allait penser Mercedes... Il allait passer pour un adolescent troublé par son premier rendez-vous, pour un gamin encore confondu par sa propre audace, pour un puceau terrifié à l'idée de perdre sa vertu, alors que la vertu en question était bien mince...

Tout aussi mince, au demeurant, devait être celle de Mercedes... Le jeune homme songea qu'il pourrait trouver en un seul essai sa profession, mais que cette raison sociale n'était pas de celles qu'on énonce tout haut entre gens de bonne compagnie. Comment dire, d'ailleurs ? Demi-mondaine ? Courtisane de haut vol ? Geisha ? Car il était entendu que Mercedes ne souillait ses mains fines dans aucune activité professionnelle... et ses gestes, ses attitudes, disaient assez qu'elle savait utiliser les hommes comme une matière première. Mais on n'envoyait pas comme ça des mots crus au visage d'une femme ; deviner l'exacte nature de ses sources de revenus aurait été inconvenant, et James ne voulait surtout pas avoir l'air mal élevé – ou pas encore, du moins, pas comme cela... Le jeune homme fit mine de réfléchir et déclara :


-Très bien... Et si je ne trouve pas, c'est vous qui me donnez un gage, d'accord ? Mais avant tout...

D'un geste, il intima au barman l'ordre de ramener sa fraise, puisque le serveur avait disparu.

-Vous reprendrez bien quelque chose, Mercedes ? Pour moi, ce sera... voyons, un cocktail... un Cosmopolitan, tiens...

Un peu d'alcool finirait de mettre les deux jeunes gens à l'aise – et peut-être de les faire rougir également – et James, après que Mercedes eut passé commande, plaisanta :

-J'ai besoin de quelque chose de corsé pour réfléchir... Je n'ose imaginer à quel genre de gage vous seriez capable de me soumettre...

Le regard de braise qu'il posa sur la jeune sorcière démentait clairement ses paroles : oui, il imaginait parfaitement le gage, et non content de l'imaginer, il l'appelait de ses voeux... Que cette femme le réduise à sa merci, qu'elle dispose de lui, qu'elle se serve de lui... lui qui d'ordinaire aimait mener le jeu se sentait enclin à laisser Mercedes le diriger à sa guise. Puisqu'elle semblait spécialiste en la matière, autant en profiter... D'autant que le jeune homme avait découvert, avec Grim, les joies de la passivité amoureuse. Et si avec le Russe, la passivité était soumission, avec Mercedes elle serait nonchalance de roi fainéant. Tranquillement, James reprit :

-Bien, disons... artiste peintre... premier essai... ou bien... décoratrice... deuxième essai... ou bien... voyons... Vous permettez ?

Sans attendre, il prit la main de la jeune femme, l'examina et conclut :

-Mais oui... Pianiste. Ce sont des mains de musicienne que vous avez là... Je me trompe ?

Comme par inadvertance, il n'avait pas relâché la main de Mercedes, qu'il garda encore quelques instants dans les siennes. Puis, feignant de se rendre compte d'une bévue, il déposa un baiser sur la main avant de la rendre à sa propriétaire légitime avec un regard mi-confus, mi-provocateur.
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptySam 15 Aoû - 22:42:30

Sans se départir de son sourire de Joconde (jte raconte pas les crampes aux zygomatiques), Mercedes fit signe au barman de se pencher vers elle pour pouvoir lui murmurer sa commande à l’oreille, puis reporta son attention sur James tandis que l’autre repartait d’un pas guilleret.

La tension qui les entourait était de plus en plus palpable, et elle pouvait presque sentir l’air se charger d’une énergie qui ne demandait qu’à être dépensée. C’était beaucoup mieux que l’atmosphère morbide et glaçante qui les étreignait quand ils s’étaient rencontrés.
Ce n’est qu’à ce souvenir (pas si éloigné, c’est vrai, mais comme l’ambiance avait changé depuis !) que la jeune femme réalisa qu’à l’instant où ses yeux s’étaient posés sur le bel inconnu qui venait de prendre sa défense avec tant d’élégance, elle avait décidé de le mettre dans son lit. Ou de finir dans le sien, on chipote pas sur l'endroit.


- Et je n’ose imaginer à quel genre de femme vous pensez avoir affaire, lui répondit-elle du tac au tac.

Mais elle n’écouta pas la suite. Elle ne l’entendit pas non plus, d’ailleurs. Elle était trop occupée à se perdre dans le bleu glacé des yeux de James, qui la fixait à présent avec une intensité qui ne laissait aucune place au doute sur ses intentions...comme si elle avait pu en avoir un...

Soudain, sans crier gare, il prit sa main dans la sienne et se mit à l’observer, geste d’une audace qui lui aurait valu une bonne paire de claques en temps normal. Mais Mercedes n’était pas exactement dans son état normal. Pour s’en assurer, il suffisait de se rappeler l’endroit où elle avait atterri quand leurs chemins s’étaient croisés.
Peut-être que c’était en fait pour trouver ça qu’elle était sortie de chez elle, ce jour-là. Pas une épaule compréhensive sur laquelle pleurer, mais des bras forts qui lui offriraient le délicieux tourbillon de l’oubli dont elle avait tellement besoin.

Comme elle pouvait s’y attendre, James ne trouva pas la réponse. En tout cas, perdue dans ses pensées, elle n’avait pas eu l’impression d’entendre quelque chose se rapprochant de femme au foyer. Pourtant...


- Gagné..., répondit-elle, caressant nonchalamment sa main à l’endroit où il l’avait embrassée.

Les idées de gage ne manquaient pas, et tourbillonnaient même follement dans sa petite tête brune. Mais justement, se doutant pertinemment du genre de choses qu’elle lui imposerait, elle préférait savoir ce qu’il lui demanderait, lui. Et on revenait encore à la technique du Faites-leur croire qu’ils maîtrisent la situation.


- Alors, reprit-elle d’un air amusé, que puis-je faire pour le plaisir de monsieur ?

A cet instant, comme par magie, le barman réapparut à leur table, un petit sourire aux lèvres.

- Doux Baisers !, annonça-t-il triomphalement à Mercedes, en posant devant elle un long verre rempli à ras bord, avant de servir James à son tour.

A voir le regard grivois qu’il leur lançait à tous les deux, il devait presque s’attendre à ce qu’ils se sautent dessus dans les secondes qui suivaient.
La jeune femme tourna la tête vers James, sourcil haussé, d'un air disant clairement "A vous l'honneur".
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyDim 16 Aoû - 14:49:10

Pianiste, oui... Elle avait l'air d'une pianiste comme James d'un archevêque, mais c'était un pieux mensonge, proféré pour la bonne cause, le genre de petits mensonges qui ne prêtaient pas à conséquence... De toute façon, dans le petit jeu de la séduction rapide, le mensonge était une technique comme une autre, ni pire, ni meilleure : chaque arme devait sortir à son tour, et aucune n'était moins noble que les autres. Ces scrupules étaient pour les gens bornés et pompeux, qui d'ailleurs ne pratiquaient guère la drague effrontée dans les lieux publics – et qui, pour la plupart, n'utilisaient leurs lits que pour y dormir. Dommage, on peut faire tant de chose dans un lit... et Mercedes devait d'ailleurs en connaître un fameux rayon.

Le barman apporta les commandes, dont celle que Mercedes avait passée à voix basse... Qu'est-ce que c'était encore que ces cachotteries ? Avait-elle commandé un de ces breuvages dont les femmes « comme il faut » n'osaient pas prononcer le nom ? Un Orgasme, un Sex on the beach, un Aphrodisiaque... Mais Mercedes méritait-elle le titre de « femme comme il faut » ? Il suffisait de la voir pour deviner qu'elle avait en tête des idées très précises de ce qu'elle comptait faire en compagnie du jeune homme, des idées hautement inconvenantes que la société de la bienséance jugerait scandaleuses. Avait-elle eu honte de prononcer, de ses lèvres délicates, un mot vulgaire ? Ou avait-elle simplement voulu ménager une surprise, de façon à accroître le trouble qu'elle provoquait chez le jeune homme ? Le barman claironna le nom du cocktail, une lueur polissonne dans le regard tandis qu'il posait le verre devant Mercedes en lorgnant au passage son décolleté. Doux baisers ! Claire invitation... James comprenait – et appréciait – le mystère dont le belle avait entouré sa commande... L'étudiant leva son verre pour trinquer, en jetant au barman un bref regard signifiant que non, ils n'allaient pas s'adonner à la pornographie en plein bar. Visiblement déçu, le larbin s'éloigna, et James murmura à sa compagne :


-Je trouve le service un peu... déluré dans ce bar... Ou n'est-ce qu'une impression ?

Souriant, il trempa ses lèvres dans l'alcool, doucement – pas question de boire comme un soiffard comme il le faisait avec Grim – et reposa son verre, son regard bleu détaillant le visage de son interlocutrice. Du bout des doigts, le jeune homme jouait avec une mèche de ses cheveux noirs, en proie, visiblement, à une intense réflexion. Après quelques instants, il finit par reprendre la parole :

-Je crois que j'ai trouvé votre gage... C'est difficile de choisir, voyez-vous.

D'autant plus difficiles que les premières idées qui lui étaient venus consistaient en des caprices sexuels élaborés et plutôt dégradants pour Mercedes...

-J'aime beaucoup la musique... Votre gage, madame la pianiste, consistera donc à me jouer un air de piano...

Il avait discrètement, mais soigneusement étudié la salle du Boudoir de Circé, et savait qu'aucun piano ne figurait parmi le mobilier. Il fit donc mine de s'en apercevoir à ce moment :

-Oh, mais il n'y a pas de piano, quel dommage... Je vais donc devoir proposer un autre gage, à moins que vous ne sachiez où trouver un piano...

Chez vous, peut-être ? Bon, ses talents de pianiste devaient être très relatifs, mais elle pourrait toujours trouver une excuse – le piano désaccordé, les voisins grincheux – pour ne pas exécuter de morceau... Et ensuite, à elle de trouver une compensation pour ce gage non effectué...
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MessageSujet: Re: Au Boudoir de Circé (Mercedes)   Au Boudoir de Circé (Mercedes) EmptyDim 16 Aoû - 16:05:53

Heureusement pour les pauvres oreilles de James, Mercedes n’avait aucune intention de s’acquitter de son gage (de toute façon elle le soupçonnait de s’en ficher un peu).
Car comme ce serpent l’avait deviné, elle avait bien un piano chez elle. Mais la jeune femme s’y entendait en musique à peu près aussi bien qu’en cuisine, c'est-à-dire qu’elle n’y connaissait rien du tout, au grand désespoir de l’Oncle.

Pendant de longues années, le vieil homme, secondé par sa gouvernante, lui avait inlassablement ânonné qu’une jeune fille comme il faut et accomplie se devait de savoir jouer au moins un concerto et une sonate, pour pouvoir distraire l’élégante compagnie qu’elle recevrait quand son époux et elle tiendraient salon. Mais, comme tous ses autres conseils, ces pompeuses recommandations étaient tombées dans l’oreille d’une sourde qui s’obstinait à tourner ses professeurs en bourrique.
Malgré les Gallions trébuchants et sonnants que l’Oncle leur payait gracieusement en échange de leurs bons (et courageux) services, ils n’avaient jamais tenu très longtemps avant d’aller le voir dans son bureau aux boiseries imposantes pour lui expliquer, parfois d’un ton penaud, mais beaucoup plus souvent d’une voix furieuse, qu’on ne pouvait rien faire entrer dans la tête dure de cette petite furie indisciplinée.

Résultat des courses : Mercedes jouait du piano comme une vache espagnole, et s'il y avait bien un majestueux Erard qui trônait fièrement dans son salon, superbe pièce à queue de bois blanc datant de plus de cent ans et que son précédent propriétaire, un collectionneur d’antiquités fou amoureux d’elle (elle lui avait souvent demandé, pour plaisanter, s’il la voyait elle-même comme une antiquité), avait acquise au cours d'elle ne savait quelle vente aux enchères pour lui en faire cadeau quelques années auparavant, l'élégant instrument n’était là que pour faire joli.


- Vous avez une préférence ?, demanda-t-elle à James, sans le quitter des yeux.

Oh, rien ne l’empêchait de tenter de lui jouer quelque chose. Mais même si les hommes semblent parfois prêts à tous les sacrifices pour pouvoir prendre du bon temps quand ils ont enfin trouvé une femme qui veuille bien avoir la gentillesse de répondre à leurs avances, il y a quand même des limites à ce qu’ils peuvent supporter.

Et Mercedes doutait vraiment que James ait encore envie d’elle quand elle l’aurait rendu sourd. Sans compter qu’à voir la tranquille assurance dont il faisait preuve en la courtisant, avec ce mélange d’audace et de camaraderie qui ne rate que rarement, il ne devait pas faire partie de ce lot de malheureux qui en sont réduits à se jeter sur la première venue, coûte que coûte, même si c’est un troll.


- Votre eau gazeuse, monsieur, j’espère qu’elle vous conviendra.

Sursautant légèrement, Mercedes tourna la tête et dut se mordre la langue pour ne pas éclater de rire. C’est pas vrai, il était vraiment parti chercher une autre eau gazeuse ?
Planté devant eux comme un cep, le serveur, ayant déposé le nouveau verre de James devant lui, les regardait tour à tour, l’air d’attendre qu’ils lui confirment que oui, cette fois il y a assez de bulles, merci.

Se retenant d’exploser de rire, tant cette situation était ridicule, la jeune femme posa un regard complice sur James.


- Et vous trouviez cet endroit déluré ?, lui demanda-t-elle sans se soucier que le serveur entende ses paroles.

Sans se départir de son élégance habituelle, elle prit son propre verre, rempli de Doux Baisers, et en siffla le quart (pas comme un sac à vin, non, mais avec classe, quand même) avant de se lever, de prendre son sac et de s’approcher de James pour se pencher vers son oreille.


- Débarrassez-vous de cet idiot et allez m'attendre dehors, lui dit-elle dans un murmure chaud et doux comme une caresse, je vais vous montrer ce que "déluré" veut vraiment dire.

Un clin d’œil, quelques Gallions jetés sur la table en guise de pourboire pour le serveur, et elle disparut en direction des toilettes.
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