Morgana avait perdu l’habitude de se promener dans les ruelles de Pré Au Lard. C’était comme beaucoup d’autres choses qu’elle avait perdu l’habitude de faire, elle les redécouvraient avec plaisir depuis qu’elle était élève à l’UMA, ou Université de Magie Avancée. Ce tournant de son existence lui ayant fait recouvrir plusieurs souvenirs marquant de son passé oublié, elle ne pouvait décemment pas prétendre qu’elle n’en était pas satisfaite. C’était pour cette raison qu’après avoir revisité la Cabane Hurlante, la Tête de Sanglier et Zonko, Morgana s’était enfin décidée à errer dans les ruelles pour redécouvrir ces lieux, espérant bien avoir l’occasion d’y venir aussi souvent que possible une fois que les cours à l’Université auraient commencés. Rien n’était moins sûr, car la jeune fille s’investissait énormément dans tout ce qu’elle entreprenait, et bien qu’elle soit une ancienne Gryffondor et non une ancienne Serdaigle, elle mettait un point d’honneur à réussir ses études le mieux possible. C’était ce que souhaitait son oncle, chez qui elle vivait désormais. Plus les mois passaient, et plus elle se demandait ce que penseraient ses parents si jamais elle échouait ou réussissait avec brio…



Avant de perdre la mémoire, Morgana avait été aimée, même adulée en tant qu’aînée de la famille. Elle avait eu un jumeau qu’elle chérissait plus que tout et qu’elle aimait protéger de n’importe qui, même des personnes plus âgées qu’elle. La petite fille qu’elle avait été n’avait peur de rien, et surtout pas de recevoir des coups si c’était pour la bonne cause. Ardente comme elle l’était, personne ne lui résistait bien longtemps, et elle avait espéré avec sa naïveté d’enfant que cette existence heureuse auprès des siens continuerait jusqu’à la fin de ses jours. Mais elle s’était leurrée, parce qu’un jour où elle jouait avec son frère dans le jardin, celui-ci était tombé dans une bassine de linge emplie d’eau jusqu’à ras bord. Morgana avait dit tout simplement qu’il devait sortir de là avant que leur mère ne les gronde, mais elle ne s’était pas du tout rendue compte que son propre frère était en train de se noyer. Il était ainsi mort sous ses yeux, et elle n’avait rien pu faire pour empêcher cette tragédie.



La mère de la petite fille qu’elle avait été avait préféré l’éloigner pendant quelques temps, et c’était pour cette raison qu’elle avait commencé à vivre chez sa tante, en attendant patiemment le jour où ses parents lui pardonneraient sa faute. Ce qu’elle ignorait, c’était qu’ils ne lui en avaient jamais voulu et que si elle était restée si longtemps chez sa tante, c’était parce que celle-ci mentait à sa sœur et à son beau frère. Elle leur disait que Morgana ne souhaitait pas les voir et que tout allait pour le mieux, qu’ils n’avaient nul besoin de réapparaître dans sa vie. Seulement voilà, tout ceci n’était qu’un tapis de mensonges étant donné qu’elle n’allait pas bien et qu’il lui fallait à tout prix la présence de ses parents auprès d’elle. Le reste, Morgana ne s’en souvenait pas du tout. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle avait presque détesté ses propres parents tout ça parce qu’elle avait cru qu’ils avaient voulu l’abandonner lâchement alors que ce n’était nullement le cas…



Revenant peu à peu à la réalité, Morgana constata avec horreur que la pluie commençait sérieusement à s’abattre sur le village alors qu’elle marchait simplement dans les ruelles sombres de celui-ci. Elle avait été un temps protégée par l’épaisse armée de toitures, mais cette fois elle avait dépassé cette ‘armée’ et n’était plus du tout protégée de la pluie. Les passants se hâtaient pour rentrer dans un endroit le plus chaud possible, il n’y avait que Morgana pour rester sous la pluie battante, n’ayant que faire d’être trempée. Elle était habillée d’une simple chemise noire et d’une jupe courte plissée et rouge sous sa cape, et par conséquent l’eau avait pratiquement trempé tous ses vêtements en quelques minutes. Mais cela ne la fit ni reculer, ni changer de direction. Au contraire, elle avançait le regard pointé sur l’horizon, n’écoutant que son envie de s’évader le plus loin possible de cette terrible réalité qu’elle était en train de retrouver dans les bribes de son passé.



Morgana percuta soudainement quelqu’un alors qu’elle avait son esprit complètement perdu dans les méandres de ses pensées sombres. Elle n’avait pas du tout fait attention au fait qu’il pouvait y avoir quelqu’un sur sa route et avait avancé tout droit sans regarder. D’un geste rapide, elle aida la personne, qui était assez âgée, à se relever en se confondant en excuses…



« Je suis navrée…Je ne regardais pas où j’allais. Allez vous bien ? »



La vieille dame hocha de la tête avec un sourire, ce qui rassura vivement la jeune fille. Morgana détestait par-dessus tout faire du mal aux autres, et même si elle n’en faisait pas exprès, elle détestait cela. Mais elle ne fut en mesure de retourner voguer dans ses pensées car une jeune fillette avait attiré son attention. Marchant à toute allure, elle se dirigea droit sur une flaque qui avait son importance et qui la ferait sûrement trébucher étant donné qu’elle semblait être comme elle, tête en l’air au point de ne pas regarder où elle marchait. Cela ne manqua pas, elle avait eu la bonne prédiction étant donné que la fillette trébucha avec violence, s’étalant pratiquement de tout son long à terre. Sans réfléchir cent ans, Morgana se dirigea rapidement vers cette jeune fille en l’aidant à se relever. Elle avait un air adoucit et bienveillant, tentant de la rassurer. Il ne fallait pas qu’elle se blâme pour si peu, il y avait certainement bien pire qu’elle…



« Tout va bien ? Viens par ici. »



Du haut de ses dix huit ans, Morgana pouvait paraître bien vieille face à cette fillette de onze ans aux cheveux blonds dorés. Ces cheveux et ses yeux lui semblaient tellement familiers qu’elle se demanda un instant si elle ne l’avait pas déjà croisée quelque part…L’emmenant dans un coin un peu plus sec, la jeune fille prit l’initiative de mettre sa cape sur les frêles épaules de la fillette afin qu’elle ne prenne pas froid plus que nécessaire…



« Tout va bien maintenant. Mais que diable faisais-tu à traverser cette ruelle à toute allure ? Tu aurais pu te faire bien mal…Et la ruelle étant vide, tu aurais pu rester longtemps sans que personne ne vienne t’aider ! »

(HJ: "les paroles en italique et rouge" sont ses pensées...)

Ce fût un grand plaisir pour Krystel quand la jeune femme qui se tenait devant elle éclata de rire. Cette dernière semblait si malheureuse et avant plein de problème en tête, et pourtant, elle prenait soin de notre reine de la catastrophe alors qu’elle n’y était pas obligée. Elle se sentait à la fois flattée de cette attention particulière que lui portait la jeune femme, et intrigué tout même. Peut-être ressentait-elle le besoin de venir en aide à quelqu’un pour pouvoir se sauver elle même ? Notre jeune Gryffy n’aurait pas pu le dire, après tout, ça ne la regardé pas et elle ne comprenait pas elle même totalement, sûrement à cause de son très jeune âge.
En tout cas, Le rouge et or lui répondit d’un de ses plus beau sourire, comme pour apporter un peu de douceur et de chaleur dans la vie de l’étudiante.
Comme aucune d’elles ne savaient leurs prénoms mutuelles, la mystérieuse inconnue prit la parole la première :

« Ce n’est rien…Tu vas bien, c’est l’essentiel non ? Mais il ne faut pas rester trop longtemps ici, on va attraper la mort sinon. Quel est ton nom ? Je m’appelle Morgana Rose. Enchantée de te rencontrer. »

Krystel resta clouée sur place… Non, ce n’était pas possible, on lui faisait une blague ou quoi ? Et si c’était le cas, elle était de très mauvais goût… Elle ne revenait pas. Notre miss venait de perdre son sourire et son visage se ferma, ne laissant apparaître qu’une immense colère et dureté. Beaucoup trop de questions bousculaient à présent dans sa tête.

« Comment osait elle ?Comment osait elle ? Elle n’a pas le droit de me faire ça…Puff, c’est tellement ignoble de sa part…Comment osait elle se moquer d’elle ainsi ? Comment osait elle être si malfaisante ? Et dire que je m’inquiétais pour elle, elle qui avait l’air si triste….alors quand fait, ce n’est qu’une…qu’une…qu’une comédienne, rien de plus ! ! »

~~FLASH BACK~~

Une magnifique maison, en pleine campagne, entourée d’un magnifique jardin…
Dans ce dernier, on peut entendre des éclats de rire d’enfants qui s’amusent. Si l’on se rapproche de plus près, on peut distinguer 3 enfants, deux d’environs 9 ans et un autre de 2ans. Ces trois enfants, deux filles et un garçon , jouent ensemble comme tout frères et sœurs. Deux d’entre eux se ressemblent même s’il l’un est une fille et l’autre un garçon. On en déduit qu’ils sont jumeaux. Ces derniers jouent à chat avec leur petite sœur, la laissant gagner, le tout, sous le regard bienveillant et attendrit des leurs parents… Il n’y a pas besoin d’être devin pour voir que la famille Rose - Vahina vit entourée d’amour .

~~FLASH BACK~~

Toujours dans la même propriété, une femme crie sa douleur, se débat, et un homme la retient comme il peut, en essayant de la calmer.A côté de lui, se tiens une petite fille de 3ans, Krystel, qui ne comprend pas ce qu’il se passe. Devant elle, gît le corps inanimé de son fils, Peter, dans une grosse et grande bassine, et à ces côtés, se tiens sa jumelle, Morgana, le regard vide comme si elle ne posséder, ni de volonté, ni d’âme…

~~FLASH BACK~~

Dans un cimetière, de nombreux gens entourent un cercueil dans lequel est couché un garçon. On a l’impression qu’il dort paisiblement et que les personnes qui sont à ses côtés veillent sur lui…Sa mère ne peut retenir ses larmes difficilement, et dans ses bras, s’est endormie sa plus jeune fille. A sa droite, se trouve son mari, et Morgana qui pleure en silence sur les genoux de ce dernier ; A sa gauche, se trouve son unique sœur, Sonia, et son mari, Arnold. Tout deux lui parla d’une voix douce et calme pour apaiser sa tristesse.
Après l’enterrement, les parents confient leurs grande fille à une voisine et s’en vont parler avec Sonia et Arnold. Krystel, toujours dans les bras de sa mère écoutent vaguement la discussion des adultes.

…

« Et tu dis qu’elle n’a proposé aucun mot depuis que Peter est Mo…heu je veux dire est parti ? »

« Nan, plus un seul son n’est sortie de sa bouche, malheureusement, nous ne savons plus quoi faire…Ca nous brise le cœur mais peut-être devions nous l’éloigner. Mais où ? »

« Ne t’inquiète pas, nous allons la prendre avec nous, pas vrai Arnold ? Nous veillerons sur elle comme si c’était notre propre enfant, et dès qu’elle va mieux, nous vous la ramènerons. »

« Merci ma sœur, mais je ne sais si … Ecoute, laisse nous un peu de temps pour réfléchir avant de te donner notre réponse »

…

~~FLASH BACK~~

Un départ douloureux dans la famille des Rose – Vahina. La plus grande des filles, à peine âgée de 11 ans qui fait ses adieux à ses parents sans rien dire. Une étreinte chaleureuse et pleine d’amour, entre les deux parents et leurs filles. Un immense chagrin les envahie, et c’est une déchirure pour tous. Puis, un bébé de 3ans, qui arrive, des larmes coulent de ses yeux ; elle court vers sa sœur et lui dit :
« passe de bonne vacance grand’ sœur, promet moi que jamais tu vas m’oublier et que tu vas vite revenir à la maison avec papa, maman et moi. C’est un promis hein ? dis tu me le promet ? »
Et pour la première fois depuis la mort de son jumeau, Morgana regarda sa jeune sœur, dépose un baiser sur sa joue toute mouillée et lui dit
«Ne pleur plus, c’est promis »

avant de monter dans la voiture.

~~FIN FLASH BACK~~

« Tu es ici avec des professeurs et d’autres élèves non ? Dès que la pluie aura cessée, je te reconduirais à eux. Les ruelles ne sont pas très fréquentables, surtout en ce moment, et puis il vaut mieux que tu ailles vite au chaud si tu es malade. »

C’est cette phrase qui sortie la or et rouge de ce souvenir, en laissant place à la tristesse.

« Elle avait promis…Elle avait menti…Elle n’est jamais revenue…Elle m’a oublié…»

Pourquoi maintenant que sa famille s’était reconstruite, que cette plaie dans son petit cœur s’était refermé, que ses parents vivaient de nouveau heureux avec son petit frère Tyler d’âgé à peine de 7ans, pourquoi cette personne venait-elle lui faire du mal, et dire qu’elle s’appelait Morgana Rose ? N’avait elle pas assez souffert de la perte de sa grande sœur ?

Mais que lui arrivait-il ? Ca n’a jamais était dans son caractère de s’apitoyer sur son sort ! !Son passé était peut-être douloureux mais ses parents et elle avaient appris à vivre avec, et ces derniers ne lui disaient-ils pas qu’il ne fallait jamais baisser les bras ? Que quoi qu’il arrive, quelque soit la situation, il ne fallait jamais se morfondre mais plutôt avancer ?
Si, c’était comme ça qu’elle avait été élevé, et elle ne laisserai jamais personne jouer d’elle ainsi. Après tout, la maison des lions n’était elle pas connu pour accueillir des élèves courageux ? Une étincelle de malice apparue alors dans le regard de la gryffondor, et un grand sourire sur ses lèvres…

« Cette jeune femme veux jouer avec mes sentiments ? Et bien, nous allons bien voir laquelle de nous deux gagnera.. »

S’adressant à la dit Morgana Rose, elle prononça :

« -enchantée, de mettre un nom et un prénom sur ton visage…C’est bizarre, je connais une personne qui a le même prénom et elle même nom de famille que toi, c’est une amie d’une amie à l’ami de la fille du cousin d’un collègue à mon père. Elle as même une petite sœur qui s’appelle crystal, vous ne seriez pas de la même famille ? Ah au faite, moi c’est Emma, Emma Paris, comme la ville. Et non, je suis vennue toute seule, c'est gentil de s'inquietter pour moi, mais je sais ma défendre,je ne porte pas les armoiries des lions pour rien... »

[HJ: voilà enfin ta réponse]

Plus Morgana regardait la fillette, et plus elle avait l’impression qu’elle l’avait déjà vue quelque part. Mais dans le fond, elle se disait qu’elle devait faire erreur, et que c’était parce que son caractère était en beaucoup de points similaire au sien qu’elle avait la furieuse impression que son visage lui était familier. Il n’y avait aucune chance pour que cette jeune élève connaisse sa petite sœur, même si elle ne doutait pas le moins du monde que Krystel ait été répartie à Gryffondor vu le tempérament flamboyant qu’elle arborait avec tant de fierté. C’était étrange, car plus l’étudiante pensait à sa petite sœur, et plus elle avait envie de pleurer à chaudes larmes dans les bras de quelqu’un, un inconnu si c’était possible. Elle savait que sa sœur allait la haïr pour le restant de ses jours après les nombreuses promesses non tenues qu’elle avait à son palmarès, mais elle souhaitait plus que tout le bonheur de sa sœur, pas sa rancœur qui devait être grande…


Souriant un peu maladroitement alors que la fillette arborait une étincelle de malice dans ses yeux. Elle ne savait pas pourquoi elle devait s’en méfier, mais le fait était qu’elle n’était guère à l’aise. Il fallait dire qu’elle était plus fragile que jamais depuis son inscription à l’UMA, ou l’Université de Magie Avancée. La raison était qu’elle avait retrouvé partiellement sa mémoire oubliée et que ses souvenirs étaient pires qu’un couperet au dessus de sa tête…C’était à peine s’ils n’avaient pas littéralement fendu son cœur en deux, et c’était à peine si sa respiration n’était pas saccadée à cette simple pensée. Oui, Morgana s’était fragilisée depuis quelques jours, et le fait que cette fillette ressemble beaucoup à la petite sœur qui lui manquait tant n’était pas vraiment pour arranger les choses. Alors elle souriait, maladroitement certes, pour sauver les apparences. Mais jusqu’à quand serait-elle capable de se mentir à elle-même ? Combien de temps encore pourrait-elle supporter d’être piétinée, traitée de menteuse et de fille cruelle ? Pourtant, s’il y avait bien quelqu’un qui donnerait jusqu’à son dernier vêtement pour aider quelqu’un dans le besoin, c’était bien elle…Mais ça, personne ne souhaitait le comprendre, et pour cause, personne ne l’avait jamais regardée vraiment dans les yeux pour être enfin en mesure de comprendre sa douloureuse envie d’être aimée et comprise…


La fillette reprit la parole et Morgana l’écouta attentivement, trouvant enfin un échappatoire à ses pensées plus sombres les unes que les autres. En vérité, elle souhaitait plus que tout retrouver une fois de plus l’oubli, afin de ne plus jamais avoir honte d’elle-même. Mais elle savait que c’était impossible, et que sa soi-disant faute dans tout ça allait ressurgir à un moment ou à une autre. Elle serait donc tôt ou tard accusée de nouveau d’avoir été une enfant naïve et insouciante…


« -enchantée, de mettre un nom et un prénom sur ton visage…C’est bizarre, je connais une personne qui a le même prénom et elle même nom de famille que toi, c’est une amie d’une amie à l’ami de la fille du cousin d’un collègue à mon père. Elle a même une petite sœur qui s’appelle Crystal, vous ne seriez pas de la même famille ? Ah au faite, moi c’est Emma, Emma Paris, comme la ville. Et non, je suis venue toute seule, c'est gentil de s'inquiéter pour moi, mais je sais ma défendre, je ne porte pas les armoiries des lions pour rien... »


Les paroles eurent le même effet que le couperet qui était tombé sur Morgana le jour de son inscription. Ainsi, cette fillette connaissait quelqu’un qui portait le même nom de famille qu’elle ? C’était étrange, car Crystal, le nom qu’elle avait prononcé sans beaucoup d’émotion, était très proche du prénom Krystel, le prénom de sa petite sœur, cette qu’elle avait abandonnée sans jamais le vouloir un instant…C’était la vérité, elle lui avait promis de venir un jour la rechercher, et elle allait le faire, parce qu’elle savait qu’il n’était jamais trop tard pour bien faire. Maintenant, ce qui restait à savoir c’était si jamais elle serait un jour capable de lui pardonner, mais surtout, si elle allait être capable d’entendre ce qu’elle avait besoin de lui avouer. Si elle ne se trompait pas, Krystel devait être âgée de onze ans maintenant, mais elle n’était pas encore assez mûre pour entendre ses mots. Et ça, il fallait qu’elle s’y prépare pour ne pas trop en souffrir…


Pour toute première réponse, Morgana eut un sourire suivit d’une larme qu’elle ne pu retenir. C’était comme si on lui reprochait déjà de ne pas avoir tenu sa promesse malgré elle. C’était le cas en vérité, parce qu’elle ne l’avait pas tenue en fin de compte. Sa tante n’avait rien fait pour non plus, étant donné qu’elle avait tout fait pour l’éloigner de sa famille, mais ça, la fillette le comprendrait-elle ? Pourtant, elle avait envie d’essayer de lui expliquer à elle…Sans doute parce qu’elle ne la connaissait pas et que donc elle ne pouvait pas la juger ainsi sans rien connaître d’elle…


« Enchantée Emma. Je ne connais pas de Crystal, mais je connais une Krystel…Enfin, je crois bien que c’est ainsi que mon adorable petite sœur s’appelle…Mais elle doit me haïr maintenant, parce que je lui avais promis de revenir à la maison et que je ne l’ai pas fait. J’aimerais pouvoir lui faire comprendre que j’aurais préféré mourir plutôt que de rompre cette ultime promesse, mais je n’ai pas eu le choix… »


Morgana défit l’un des bandages autour de ses poignets et montra la blessure saignant encore et toujours, en forme de croix, à la fillette. Elle pouvait comprendre qu’elle souffrait et qu’elle n’avait pas trahit sa sœur…Du moins, c’était ce que l’étudiante pensait, et espérait presque. C’était un peu comme si, en montrant ses blessures, elle espérait que cette jeune fille lui pardonnerait à la place de sa jeune sœur. Elle prononçait une douce prière à l’aide de son regard, qui, elle l’espérait de tout cœur, allait la toucher…


« J’ai une marque similaire à l’autre poignet. Ma tante m’a punie pour beaucoup de choses, et j’en ai perdu la mémoire…C’est l’unique raison pour laquelle j’ai laissée ma sœur toute seule sans le vouloir. Je ne me suis souvenue de Krystel qu’il y a quelques jours, lors de mon inscription à l’Université de Magie Avancée. Je voudrais pouvoir me dire qu’il n’est pas trop tard et qu’elle pourrait un jour me pardonner…Si seulement le monde pouvait m’écouter et comprendre que je n’ai rien voulu de tout ceci…Mais il est trop tard, et je sais que je suis en tort. Alors, elle a tout à fait le droit de me haïr, je ferais pareil à sa place…Mais avant de me rayer définitivement de sa vie, je voudrais pouvoir juste lui dire que je la protègerais et l’aimerais quoi qu’il arrive. Dans mon cœur, elle sera pour toujours. »


Durant tout son récit, Morgana avait sourit et pleuré plus qu’elle ne l’avait jamais fait depuis longtemps. On pouvait aisément sentir qu’elle avait cet ultime besoin d’être enfin pardonnée et aimée comme elle était. Elle ne voulait plus souffrir pour de mauvaises raisons, mais cela…Elle savait qu’on ne lui accorderait jamais. D’un revers de manche, la jeune étudiante essuya ses larmes et sourit chaleureusement à la fillette avant de remettre son bandage en place. Elle savait qu’elle n’avait sûrement rien compris à ce qu’elle avait dit, mais elle l’avait écouté, et c’était tout ce qui avait compté depuis le début. Elle lui fit un clin d’œil avant de s’éloigner très légèrement, après avoir aperçut un homme qui devait être un professeur de Poudlard si sa mémoire était bonne.


« Vous devriez vous hâter de rentrer. Gardez cette cape, elle vous tiendra chaud au moins. Ne dites rien sur ce que je vous ai dit, ce sera notre petit secret, d’accord ? Je vous souhaite de réussir dans vos études…Si jamais vous croisez Krystel Rose, n’oubliez pas de lui dire que je ne l’ai pas oubliée…Au revoir jeune fille ! Mes meilleures pensées vous accompagnent… »


Morgana inclina légèrement la tête avant de commencer à s’éloigner tout doucement…

Morgana était prête à partir…Que pouvait-elle faire d’autre ? Elle avait tenté d’être la plus sincère possible face à cette jeune élève, et elle n’en comprenait même pas la raison. Après tout, elle n’avait aucun compte à lui rendre si elle regardait de plus près. Elle ne la connaissait pas, et elle ne voyait pas très bien comment, à onze ans seulement, elle pouvait être capable de l’aider ou même de la soutenir comme elle en avait tant besoin. A bien y réfléchir, si cette jeune fille n’était pas capable de la comprendre, il était fort possible que sa vraie petite sœur, Krystel, ne la comprendrait pas non plus. Comment exprimer par des mots simples son envie d’être aimée, secourue alors qu’elle ne l’avait jamais été au cours de son existence ? Comment décrire clairement la souffrance qu’elle éprouvait depuis bien trop longtemps ? Ce fut dans cet état d’esprit qu’elle commença à s’éloigner de l’élève qu’elle avait laissée entre de bonnes mains, à savoir entre les mains des professeurs de Poudlard…Mais à peine s’était-elle éloignée qu’elle entendit un léger bruit suivit d’une phrase, et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que quelque chose clochait.


« -stop, arrêtez je vous le conjure, pourquoi toutes ses questions ? STOPPPP »


Morgana se retourna avec violence et accourut auprès de la dénommée Emma, ne sachant que faire pour la soulager. Elle n’avait pas seulement l’air de souffrir, c’était comme si une voix la retenait pour ne pas laisser place à la réalité. Sans plus attendre, l’étudiante qu’elle était à présent la pris doucement dans ses bras, pensant qu’elle pourrait la calmer ainsi…Que pouvait-elle faire d’autre ? Elle n’avait jamais été très douée en discours et elle ne pouvait certainement pas dire que le réconfort était un domaine où elle excellait forcément. Il fallait donc bien qu’elle trouve quelque chose, parce qu’elle ne comptait pas un seul instant laisser cette jeune élève toute seule et surtout emplie de tristesse. Elle avait bien trop souvent ressentit ce sentiment pour le laisser à quelqu’un d’aussi jeune…Dans sa grande naïveté, elle pensait qu’à l’âge où était Emma, il ne devait y avoir que joie et rire, pas de tristesse ni de pleurs…


« Tout va bien…Personne ne te veux de mal, crois moi. Puis-je faire quelque chose pour t’aider ? Dis moi et je tenterais l’impossible… »


Depuis le début de leur rencontre, Morgana avait rarement été aussi sincère. Sa voix n’était ni doucereuse ni fausse, elle était emplie de gentillesse, et claire comme de l’eau. Il était évident qu’elle préférait mourir plutôt que de la laisser toute seule dans ces maudites ruelles mal famées. Bien entendu, elle n’avait pas à connaître la raison qui l’avait conduite en ces lieux, mais elle trouvait anormal que les professeurs en charge des élèves les laissent parvenir jusqu’ici. Elle était certaine qu’elle finirait par écrire une lettre à qui voudrait bien la lire pour expliquer son indignement. Mais en attendant, le sort de la fillette entre ses bras la préoccupait bien davantage que l’avenir…Sans plus de cérémonie, la jeune étudiante la souleva sans aucune peine en passant un de ses bras sous ses genoux et en maintenant son autre bras sur le dos de la fillette. Il était évident qu’elle était un peu faible, il fallait donc qu’elle veille sur elle jusqu’à ce que quelqu’un prenne le relais.


« Tu me rappelles moi quand j’avais ton âge…Il fallait toujours que j’aille à droite à gauche lorsque je pouvais enfin me rendre à Pré Au Lard…J’ai pris quelques retenues pour ne pas avoir écouté les conseils de mes professeurs…Ma tante était grandement en colère à chaque fois, mais je m’en fichais éperdument. J’espérais que ma petite sœur pourrait venir me rejoindre ici. Je savais que je me leurrais, mais j’espérais encore et encore que cela se produirait… »


Tout en marchant droit devant elle, Morgana continuait à parler d’une voix douce pour mettre la fillette en confiance. Il était inutile de la troubler encore davantage en gardant le silence…Et puis, elle n’était plus à ça près, elle pouvait bien lui confier deux ou trois choses de plus sur elle. Un sourire légèrement triste et énigmatique sur les lèvres, elle ne manquait évidemment pas de sourire à Emma pour la rassurer encore un peu. C’était le seul moyen qu’elle avait pour qu’elle cesse de trembler et qu’elle garde confiance…


« Je pense qu’un de tes professeurs sera plus à même de s’occuper de toi. Mais ne t’inquiète pas, je ferais en sorte que tu n’aies pas d’ennuis. "

« -stop, arrêtez je vous le conjure, pourquoi toutes ses questions ? STOPPPP »


Krystel n'arrêtait pas de répéter cette phrase tantôt à voix haute, tantôt dans sa tête. C'est comme si ; à la fois, elle se battait contre elle même mais aussi contre la jeune femme qui se tenait devant elle. Elle voulait laisser toute sa haine l'échapper et se déverser sur cette Morgana Rose, où sur sa soeur qui l'avait oublié. Elle ne savait pas quoi faire, plus quoi dire. Devait-elle la croire ? Où ne devait-elle pas avoir confiance envers l'étudiante ?
Quand Morgana l'entendit criée, elle se précipita vers la jeune 'Emma' et la regarda d'un ton grave, comme si elle s'inquiétait réellement pour la or et rouge.
Elle la prit doucement dans ses bras, en essayant de la calmer. Son regard azur était si doux, si pur. Cela lui rappelé celui de sa mère qu'elle chérissait tant.
Elle regarda l'étudiante de plus près. Elle aussi était blonde, d'une grande prestance, sans pour autant être hautaine. Son visage était à la fois si triste et heureux, dure mais tendre aussi. Sa peau était très douce et son contact tellement agréable. Krystel se dit que cette 'Morgana' n'avait pas eu la vie facile et c'est cela qui a forgée son caractère puissant courageux, étant tout de même fragile et faible. Elle avait l'impression de pouvoir de lire en elle comme un livre ouvert. Elle voulait la croire, tout son être lui criais, la suppliée de le faire. La petite fille détournât la tête et se l'enfouis dans ses mains. Cette réalité était trop dure à assumer pour son si petit coeur.


« Tout va bien...Personne ne te veux de mal, crois moi. Puis-je faire quelque chose pour t'aider ? Dis moi et je tenterais l'impossible... »


Elle était si sincère dans ses propos de la Gryffondor ne pouvait se retenir de la regarder de nouveau. Elle était si belle, si rassurante, si gentille avec l'héritière des armoiries de Poudlard. Son ton était clair plein de bonté. Elle était persuadée que cette femme ne l'a laisseras pas toute seule dans cette rue quoi qu'il arrivera.
Mais même cette pensée ne pouvait apaiser la petite fillette. Elle tremblotait toujours autant, non plus à cause du froid qui l'envahissait peu à peu, mais à cause de tout ce qui se passait dans sa petite cabote.


« Tu me rappelles moi quand j'avais ton âge...Il fallait toujours que j'aille à droite à gauche lorsque je pouvais enfin me rendre à Pré Au Lard...J'ai pris quelques retenues pour ne pas avoir écouté les conseils de mes professeurs...Ma tante était grandement en colère à chaque fois, mais je m'en fichais éperdument. J'espérais que ma petite soeur pourrait venir me rejoindre ici. Je savais que je me leurrais, mais j'espérais encore et encore que cela se produirait... »


Ainsi donc, elle avait encore un point commun. Elle aussi n'avait pas le droit d'être ici, et l'idée qu'un professeur où qu'un préfet la trouve dans ce village aux seuls les élèves de troisième année et plus pouvaient s'y rendre, n'arrangea pas son état mental. Comme si elle avait lu dans ces pensées, Morgana dit :


« Je pense qu'un de tes professeurs sera plus à même de s'occuper de toi. Mais ne t'inquiète pas, je ferais en sorte que tu n'aies pas d'ennuis. "


*Non, surtout pas ça, je ne veux pas. De toute façon, ils ne pourraient pas comprendre.*


Car, en effet, pour elle, seulement deux personnes le pouvaient et elles étaient à des lieux d'ici. C'était bien évidemment de ses parents qu'elle pensait et toutes ses pensées étaient orientées vers eux. De nouveau, peu à peu, des larmes coulèrent sur ses joues, mais elle ne les essuya pas, ni même de les cacha à Morgana, car maintenant, elle voulait croire que c'était elle. Elle plongea son regard azur, si triste, dans le sien. Elle s'écarta d'elle et de son étreinte. C'est si dur pour elle de se dire qu'elle avait en face d'elle sa soeur qui l'avait oublié. Elle était tiraillée par la joie et la rancoeur. Elle ne savait que faire ...Et puis, quelque chose lui revint en mémoire. Elle avait menti à Morgana, elle ne l'avait pas cru et lui avait caché son identité. Une peur vint se mêler ses sentiments. Et si, à son tour, elle ne la croyait pas ? Et si elle se mettait à lui en vouloir ? Elle ne pourrait supporter de la perdre à nouveau. Non c'était trop dur.

La Gryffy se trouvait maintenant à une dizaine de mètre de la jeune femme et lui tournait le dos. Cette dernière l'avait laissé l'écarter un peu, comme si elle comprenait qu'elle avait besoin d'espace. Elle se retournât puis se mit à courir dans sa direction. Elle se blottit dans ses bras, passant les siens autour de l'étudiante pour chercher du réconfort, tout en pleurant de nouveau. Oui, c'était de ça qu'elle avait besoin. Plus de 10 minutes s'écoulèrent ainsi sans qu'une seule des deux blondinettes ne bougent ni ne mettent fin à cette étreinte. C'était comme si le temps s'était arrêté pour Krystel. Depuis longtemps elle ne s'était jamais sentie aussi bien. Mais son esprit était torturé même si cette dernière l'ignorait. L'odeur des cheveux de Morgana, la douceur de sa peau, son étreinte si rassurante la poussait à rester à jamais blotti contre elle. Mais la vie n'est pas un conte de fée, et elle le savait pertinemment. Elle reprit ses esprits et sa rancoeur, sa peur reprirent le dessus. Elle poussa délicatement 'la vraie fausse comédienne' et se mit à la marteler avec ses points tout en pleurant et en s'écriant :


-'Pourquoi tu m'as abandonné ? Pourquoi tu es partie ? Pourquoi tu n'aies pas revenue ? Pourquoi n'as-tu jamais tenus ta promesse ? Pourquoi refais-tu surface de nouveau ? Ne crois-tu pas que je n'ai pas assez souffert ? Moi, je t'aimais Morgana, je t'aime même mais toi non ! ! ! Tu m'as laissé de débrouiller toute seule. Tu NOUS as abandonné Maman, Papa et moi ! ! ! Ce n'est pas toi qui entendais maman pleurait tous les soirs la mort de Peter et ton départ ! ! Ce n'est pas toi qui as vu Papa se refermer sur lui même ! ! ! Ce n'est pas toi qui nous as aidés à nous en sortir ! ! ! Et quand tout aller bien, tu n'étais pas là non plus ! ! ! Tu n'as même pas pris la peine de venir nous voir, Tyler, et moi ! ! ! Tu n'as jamais été là pour lui et pour moi ! !tu n'était pas présente à sa naissance ! ! ! Oh, et comme je m'en veux ! ! ! Je m'en veux de t'aimer autant ! ! ! Je m'en veux de te haïr aussi ! ! ! Je m'en veux ! ! !oh tu ne peux pas savoir comment ! ! ! Je m'en veux de t'avoir mentie Morgana ! ! ! Je ne suis pas Emma Paris, je suis...je suis...je suis ta petite soeur Krystel.


En finissant sa phrase, ne supportant pas ce 'trop plein' de sentiment, la rouge et or se mit à courir tout en pleurant, sous la pluie qui s'était remise à tomber