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 Colloque du vendredi soir [Lynn]
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyLun 14 Juil - 12:31:45

La salle de la Mort. C'était une grande salle rectangulaire, chargé d'un côté et de l'autre de ses longueurs de tribunes qui n'étaient pas sans rappeller celles du magenmagot. Mais, en lieu et place du siège où s'asseyaient les inculpés, une haute arche surplombait la salle depuis son centre, aussi morbide que majestueuse. Morbide car, lorsqu'on savait ce dont il s'agissait, le simple fait d'approcher le monument chargeait celui qui venait vers lui d'une déférence funeste.
Depuis trois heures déjà, Aïlin tournait et tournait encore autour de cette arche, jetant malgré lui des coups d’œil vers le voile noir qu'il prenait soin d'éviter. L'arche toute entière était fascinante, mais ce qui se trouvait derrière le voile l'était plus particulièrement. Là était le mystère. Cette arche était en vérité une porte, dont les secrets n'étaient pas encore percés.
Les doigts du langue-de-plomb glissèrent avec respect le long des sculptures ornant l’œuvre, son regard perçant braqué sur les dessins et les glyphes façonnés dans la pierre et l'ouïe accaparée par les murmures sépulcraux provenus de l'au-delà. Il mémorisait les signes avant de les reproduire sur son carnet, le plus fidèlement possible. Il n'avait pas le talent de Lynn pour le dessin, mais la conjugaison de sa reproduction et de ses souvenirs suffisaient pour lui permettre d'étudier l'arche depuis son bureau. Il aurait aimé pouvoir amener ce carnet avec lui au manoir, mais c'était le genre d'acte interdit par le Département. Aucun travail ne pouvait être emporté au domicile. Rien de ce qui était conçu, écrit, dessiné, trouvé au Département des Mystères n'avait le droit d'en sortir sans autorisation des plus hautes autorités chargées de la protection des Secrets.

Il venait tout juste d'achever sa reproduction quand la porte de la salle de la Mort s'ouvrit sur l'un de ses collègues. Bower se retourna en refermant son calepin, l'air interrogateur. Il avait coutume de travailler seul depuis qu'il avait été affilié à cette salle, et n'avait encore jamais échangé avec les autres langues-de-plomb chargés d'étudier l'arche, s'il y en avait. Il n'en avait, jusqu'alors, pas croisé un seul.
« Ah. C'est donc vous. Cela ne m'étonne pas qu'ils vous aient choisi, vous aussi. »
Légèrement interdit, Aïlin hocha néanmoins la tête en guise de salut.
« Le voile a été impassibilisé ?
— Oui. Souhaitez-vous que je vous laisse mes notes ?
— Surtout pas. La règle pour qui étudie l'arche est de ne surtout pas partager ses conclusions. Nous ne devons pas nous influencer l'un l'autre. Nous croiser est déjà assez, mais je suppose que je suis un peu trop en avance, et vous un peu trop en retard sur votre heure de repos ? »
Aïlin détacha son regard du quadragénaire pour sortir sa montre et y jeter un œil. En effet, il aurait dû libérer la salle depuis une demi-heure déjà. Aïlin s'excusa et traversa la salle de la Mort, pour laisser la place à son collègue.
« Nous devrions boire un verre ensemble, un de ces jours, Monsieur Bower. Vous devez avoir des choses intéressantes à raconter pour être dépêché ici, malgré votre jeunesse. »
Après un ultime sourire affable, le sorcier se détourna d'Aïlin pour contempler l'arche, droit et figé devant elle, avec dans la stature quelque chose qui rappelait à l'alchimiste une sorte d'adoration mystique. Pensif, il ferma la porte derrière-lui et retourna à son bureau.

Huit heures du soir sonnaient. Aïlin n'avait pas beaucoup avancé sur le décryptage des signes inscrits dans l'arche. Il n'avait isolé que quelques lettres, mais n'était pas même sûr d'avoir identifié vraiment l'alphabet d'où elles provenaient. Il avait devant lui trois gros tomes poussiéreux traitant des alphabets et hiéroglyphes du monde préhistorique, antique et actuel. Certains avaient été seulement retranscris dans ces grimoires sans jamais avoir pu être traduits et il devait y avoir des milliers d'écritures, issues autant du langage moldu, sorcier que d'autres êtres pensants ayant eu le recours d'une structure écrite plus ou moins élaborée. Jamais le jeune homme n'aurait imaginé qu'autant d'écritures différentes aient existé. Par chance, il ne se détachait, de ces centaines et centaines de structures différentes, que quelques racines dont elles étaient les dérivés. Cela rendait le casse-tête de la traduction un peu moindre.
Bower ferma l'épais manuscrit avec un soupir. Il n'était plus vraiment à ce qu'il faisait depuis qu'il avait croisé l'autre langue-de-plomb dans la Salle de la Mort. Il se rendait compte, au fur à mesure des jours qui s'écoulaient depuis son embauche, que le département restait finalement un mystère pour ses employés eux-mêmes. Aïlin ignorait cependant si la raison à cela était la nouveauté de son recrutement où si, tout au long de sa carrière, un langue-de-plomb se voyait ainsi lié au secret, envers les autres et envers lui-même. Il n'était pas tout à fait libre de parler de tout ce qui se passait lors de ses recherches avec ses collègues, et il savait bien peu de ce que faisaient, de leur côté, les autres. Était-ce une façon de protéger le savoir qu'ils approchaient de la cupidité risquant de finir par naître en eux ? Chacun étudiait une bribe d'un objet, récoltait telle une fourmi travailleuse sa part de savoir, avant de laisser un autre prendre sa suite et en butiner une autre part, sans que jamais, pourtant, aucune de ces deux parties soient mises en relation ? Comment, alors, le Département avançait alors que deux langues-de-plomb travaillaient exactement à la même chose sans savoir ce qu'avait découvert l'autre ? Où allaient les informations, par la suite ? Qui avait accès à la globalité du savoir ? Autant de questions qui l'avaient accaparé au point de le distraire de sa tâche première. Il avait, de toute façon, dépassé de beaucoup l'heure où la majorité des employés du Ministère rentraient chez eux et rangea ses affaires, pour quitter son bureau, non sans empêcher toute intrusion par les sortilèges de protection habituels. Même au sein du département, chaque Langue-de-plomb avait le devoir de tenir à l'abri de toute curiosité ce qui se trouvait dans leur office.
Il n'y avait déjà plus âme qui vive dans le service, et seul le claquement de ses semelles sur le carrelage brisait le silence pesant. Une unique porte était encore entrebâillée et Aïlin devina que Sheena faisait encore du zèle pour le week-end.


Quand la porte du manoir s'ouvrit sur lui, Brady l'accueillit avec empressement, tournant autour de lui pour récupérer sa cape et ses gants. Avant qu'Aïlin ait le temps de réagir, l'elfe de maison avait séché son vêtement d'un claquement de doigt, puis avait fait de même avec ses cheveux d'ébène, trempés alors qu'il avait seulement traversé la cour du manoir. Il pleuvait averse au-dehors et un froid mordant gelait les os de qui n'était pas habitué à la rudesse du climat irlandais.
« Pardonnez la précipitation de Brady, Monsieur Bower, mais Brady a laissé le saumon sur le feu et...
— C'est bon, Brady, va t'occuper de ta cuisine, s'amusa Aïlin. Ma sœur est-elle arrivée ?
— Pas encore ! » couina l'elfe en trottinant, toute agitée, jusqu'à la cuisine.

Chaque vendredi, Brady était prise d'une sorte de frénésie étrange, comme si tout devait être fin prêt et parfait lorsque son employeur rentrait du Ministère. Pour Aïlin, le vendredi n'était pas un jour bien différent des autres, mais l'elfe ne le prenait manifestement pas de la même façon que lui. Le jeune homme ne s'était jusqu'alors pas octroyé un seul week-end de repos, et le vendredi ne rimait jamais plus pour lui qu'avec une nuit courte et l'exécution de commandes qu'il avait accepté de quelques rares clients. Sa somme de travail se trouvait allégée par Ambrine, celle-là prenant en douceur une certaine indépendance vis-à-vis de son enseignement. Il surveillait beaucoup moins les travaux de la jeune femme, ayant davantage confiance en ses capacités qu'aux premières commandes qu'il lui avait laissé exécuter. D'ailleurs, cette dernière remonta du laboratoire au moment où Aïlin se servait, au salon, une lampée du whiskey qui avait été posé sur la table basse par l'elfe de maison.
« Souhaites-tu rester pour dîner ? Lynn sera là. »
Demanda le jeune homme, après l'avoir salué et discuté des travaux de la jeune femme. Cette dernière refusa poliment, comme elle avait autre chose de prévu, et prit congé de son employeur. Le regard d'Aïlin s'attarda en direction du couloir où Ambrine avait disparu de sa vue, quelques secondes encore après que la porte d'entrée ait claqué.

Le langue-de-plomb n'avait pas ouvert un livre depuis cinq minutes que le butoir d'entrée frappa contre la porte. Il entendit les pas d'Erycius dans le couloir et referma son livre à la reliure de cuir tandis que le majordome accueillait sa sœur et la débarrassait de ses affaires. La pluie tombait encore fortement au-dehors, envahissant l'atmosphère calme du grand salon de l'éclatement régulier de ses larmes contre la vieille bâtisse.
Un sourire chaleureux ourla les lèvres du jeune homme lorsque Lynn apparut sous l'arche menant au salon. Il s'avança vers elle et l'étreignit brièvement.
« Bonsoir ! La pluie a tenu elle aussi à t'accueillir, semble-t-il ! » plaisanta-t-il en avisant du regard les cheveux encore légèrement humides de sa sœur, malgré le sort de séchage qu'avait dû lui administrer Erycius. « Veux-tu que j'allume un feu ? À moins qu'un thé suffise à te réchauffer ? »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyJeu 17 Juil - 15:57:20

Le temps n'était pas plus clément en Irlande qu'il ne l'était à Londres. C'est avec regret que Lynn fit cette constatation après avoir transplané devant les grilles du Manoir. La pluie tombait à grosses gouttes et l'air était glacial, un temps détestable mais pas inédit pour une fin-mars.
La jeune femme se dépêcha d'aller se mettre à l'abri et fit cogner le butoir deux fois avant qu'Erycus finisse par lui ouvrir. Elle le salua et le remercia chaleureusement lorsqu'il exécuta un habile sort de séchage. Il la débarrassa de sa cape et l'informa qu'Aïlin attendait au salon.

A peine eut-elle franchit l'entrée de la pièce que son frère s'avança vers elle pour l'enlacer rapidement.

« C'est trop aimable à elle ! » Répondit-elle sur le même ton à la plaisanterie de son frère. « Je n'en demandai pas tant ! »

Elle acquiesça ensuite à ses deux propositions avec enthousiasme :

« Ho un feu serait plus que le bienvenue, merci, même si je ne dis pas non plus non à un bon thé ! »


Elle s'installa pendant que son frère s’exécutait et laissa son regard arpenter la pièce. La conversation qu'elle avait eu avec son fiancé ne cessait de lui revenir en mémoire et elle estimait que c'était le moment d'en discuter à son tour avec Aïlin. A sa très grande surprise, Matthew avait finalement laissé entendre qu'ils pourraient se marier au manoir si Lynn le souhaitait, chose qu'elle avait pensé inconcevable encore quelques jours auparavant.

« Alors, comment vas-tu ? Tu as passé une bonne semaine ? Pas de regrets quant à ton nouveau choix de carrière ? »

Elle ne s'attendait bien sûr pas à ce qu'il rentre dans les détails, cela lui était interdit, mais elle espérait qu'il se plaisait dans ses nouvelles fonctions,. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion d'en parler, aussi était-ce le bon moment pour s'en enquérir.
Elle le laissa patiemment lui répondre et attendit que le thé soit servi pour lui jeter un regard inquisiteur.

« Dis-moi... Aurais-tu parlé à Matthew, récemment... ? »

Elle avait longuement réfléchi à ce retournement de situation et elle ne voyait pas comment l'expliquer à moins que son frère ne soit intervenu pour essayer d'aplanir les choses. Cela semblait avoir fonctionné un minimum, il fallait juste s'assurer maintenant que la proposition de son frère tenait toujours. Mais elle y viendrait, chaque chose en son temps.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptySam 19 Juil - 20:25:35

Aïlin s'approcha de la cheminée et prit une des bûches qu'il avait entreposé dans l'alcôve murale prévue à cet effet, pour l'installer dans l'âtre. Il était dans l'une de ses humeurs charmantes, qui le rendait affable et serviable au point d'en déclencher l'un des rares et discrets sourire au majordome, alors que son maître le remerciait de l'aide qu'il était venu lui proposer mais lui demandait de se charger plutôt du thé.
« Je m'habitue peu à peu au rythme du travail au Ministère, encore que je n'ai pas à me plaindre. Les horaires sont changeants et même aléatoires, il n'y a en rien cette routine que je redoutais et me faisait hésiter à m'incorporer à une institution. »

Aïlin était un être plutôt routinier. Il se levait toujours tôt, à heure fixe, avait ses habitudes et n'aimait que moyennement les changements profonds. Avoir un cadre fixe dans sa vie de tous les jours le rassurait, mais en revanche, il était tout l'inverse lorsqu'il s'agissait de son travail. Cette légère monotonie dans laquelle il évoluait lui permettait de se concentrer à loisir sur son art magique, à faire travailler et progresser son esprit dans des sujets autrement plus importants que la banalité du quotidien.
« Mais ça va, je ne regrette absolument pas. » ajouta-t-il en tassant en-dessous de la bûche quantité de petit bois.
Il sortit sa baguette magique et la pointa sur le tas de brindilles. Aussitôt, deux boules de feu sortirent de l'arme et enflammèrent le petit bois. Laissant les premières flammes prendre, il se tourna vers Lynn et se laissa surprendre par son air inquisiteur, tandis qu'Erycius revenait déjà avec la théière et deux tasses. Discret comme une ombre, c'est à peine s'il fit le moindre bruit avec la porcelaine en servant Lynn, pendant qu'elle posait la question qui lui brûlait les lèvres.
Aïlin l'observa d'abord en silence, incapable de savoir si derrière le regard scrutateur de sa sœur se cachait de la désapprobation ou quelque sentiment plus positif. Matthew serait-il revenu sur ses paroles de paix ? Après tout, l'auror avait été pris dans un moment de faiblesse, qu'Aïlin avait exploité pour apaiser les tensions entre eux. Mais, une fois la tête froide, le futur époux de sa sœur avait peut-être regretté de s'être laissé aller à un répit… Bien que l'idée lui semblait absurde, Bower ne pouvait s'empêcher d'être méfiant.

Pourtant, c'est avec un sourire naturel qu'il se retourna complètement et, toujours accroupi près du feu, se pencha pour récupérer son verre qu'il avait déposé sur la table basse. Il bu une gorgée de son whiskey et apprécia la saveur, propre à lui donner le courage d'avoir une éventuelle discussion au sujet de Connor. Il espérait, cependant, pouvoir l'éviter.
« Disons que nous nous sommes croisés au Ministère, par le plus grand des hasards. » rétorqua-t-il sur un ton évasif, avant de reposer son verre et s'occuper d'aviver le feu naissant.
« Aurait-il eu des propos qui le sous-entendraient ? » questionna-t-il innocemment.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyMer 6 Aoû - 18:52:03

Lynn sourit à la réponse de son frère. Elle était contente de le voir si enthousiaste à propos de son travail. Il semblait vraiment épanouit et il y avait quelque chose dans son attitude générale, qui lui mettait du baume au cœur. Il semblait... satisfait. Peut-être pas comblé, mais c'était sûrement l'état le plus proche du bonheur qu'elle lui avait vu depuis des années. Et le voir même presque heureux, la rendait heureuse elle.

"Tant mieux alors." Sourit-elle tendrement.

Son frère et les horaires étaient en effet un sujet épineux mais elle s'était résignée il y a bien longtemps à devoir compiler avec ses retards, ses oublis, ou certaines de ses lubies.

Elle le laissa tranquillement allumer le feu tandis qu'Erycius venait leur servir le thé. Elle le remercia chaleureusement avant de se décider à interroger son frère. Elle tenta de garder un air impassible tandis qu'il l'observait.

Il finit par lui donner la réponse qu'elle attendait, même si elle n'aurait pas misé sur la totale véracité de celle-ci. Le département des Mystères et le Bureau des Aurores ne se trouvaient absolument pas sur le chemin l'un de l'autre et si les deux hommes s'étaient croisés c'était donc qu'un des deux avait provoqué la rencontre.

Un petit sourire vint étendre les lèvres de Lynn alors que son frère allait à la pêche aux informations. Que les hommes pouvaient être fiers parfois...
Elle ne voyait, cela dit, aucune raison de ne pas lui répondre puisque c'était effectivement la raison de sa présence.

"Il a suggéré que nous fassions la cérémonie ici...  et quelque chose me dit qu'il n'a pas eu cette idée tout seul..."

Après tout, la première fois qu'elle avait évoqué cette idée, il l'avait rejeté en bloc.
Lynn sourit à son frère et trempa ses lèvres dans sa tasse de thé avant de continuer :

"C'est d'ailleurs la raison de ma visite... je voulais m'assurer que ta proposition tenait toujours... il ne reste plus que 4 mois avant la cérémonie et j'ai encore tellement de choses à faire... je t'avoue que ce serait un soulagement si nous pouvions tout organiser ici. Ton aide me serait précieuse."

Elle se refusait à trop solliciter Lavande dont la profession était également très prenante mais elle espérait qu'avec l'aide d'Aïlin et donc de Brady et Erycius, voir de quelques bras supplémentaires, sa tâche soit plus aisée. Même si elle ne l'avouait à personne, elle commençait à être fatiguée et stressée et ce n'était jamais bon pour une future jeune mariée.

Elle lui laissa le temps de répondre et attendit qu'il décide ou non de revenir près d'elle avant d'enchaîner, d'une voix moins certaine.
Elle avait gardé toutes ses inquiétudes pour elle ces derniers moi mais sous la pression, elle ressentait à présent le besoin de se confier. Son frère ne lui montrait pas mais elle savait qu'il n'approuvait pas complètement l'union des deux jeunes gens et elle se posait beaucoup de questions. Elle n'avait ni mère, ni sœur à qui parler de tout cela et ses amies n'étant pas encore mariées, elle ne savait pas trop à qui poser ses questions. Elle observa sa bague de fiançailles, comme hypnotisée et finit par demander :

"Aïlin, je sais que tu as des réserves sur ce mariage... mais... réponds-moi franchement, tu penses que j'ai tort d'épouser Matthew ? Je l'aime, j'en suis sûre, et je n'arrive pas à imaginer ma vie sans lui... mais... tellement de gens doutent de nous... que j'en viens à douter moi-même..."

Elle était jeune, oui, mais après tout ce qu'elle avait vécu, elle se sentait plus vieille de mille ans. N'avait-elle pas déjà prouvé avoir la maturité d'une adulte ? Elle était fidèle, constante, responsable, propriétaire d'une affaire qui marchait bien et s'exportait à l'étranger. Qu'attendait-on de plus de sa part pour admettre qu'elle était prête ?

Au fond, ce que les autres pensaient l'importunait peu, mais ce que son frère pensait était primordiale. Inconsciemment, encore et toujours, elle avait besoin de son approbation, de sa bénédiction et peut-être d'un peu de confiance et d'encouragement...
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyLun 18 Aoû - 14:25:51

« Il a suggéré que nous fassions la cérémonie ici...  et quelque chose me dit qu'il n'a pas eu cette idée tout seul... »
Abandonnant feu et tisonnier, Aïlin revint auprès de sa sœur et s'assit avec un demi-sourire. Encore une fois, il s'était trop méfié, à tort. Il préférait cependant ressentir cette satisfaction ponctuée de soulagement que de la déception. Certes, le mot était un peu fort... Non, il n'aurait pas été déçu d'un revirement de Connor. Il aurait simplement été exaspéré, et aurait choisi de l'envoyer à Grindelwald plutôt que de se soucier encore une fois de leur entente.
« Ah ? Étonnant, je ne me souviens absolument pas avoir abordé le sujet pourtant... » rétorqua-t-il tandis que sa cadette lui souriait, ponctuant la plaisanterie d'une voix innocente et d'un regard brillant. Répondant à son sourire, l'alchimiste amena à son tour sa boisson à ses lèvres, buvant quelques gorgées de whiskey, puis s'installant au fond de son siège avec un soupir de soulagement.

« Bien sûr que ma proposition tient toujours. » répondit-il quand Lynn eut répété sa demande. « Je ne suis pas du genre à revenir sur mes engagements, tu le sais. ...Enfin, pas ceux-là en tout cas. Brady m'a déjà suggéré de préparer les jardins afin de profiter du grand air, en espérant que l'on pourra compter sur le beau temps. Dans tous les cas, nous réserverons la salle de bal, après tout, il faut bien qu'elle serve maintenant qu'elle est rénovée. Ne t'en fais pas, nous aurons largement le temps de te... de vous préparer un endroit parfait pour votre union. »
Aïlin ponctua sa phrase d'un clin d'œil rassurant. Il ne se faisait pas d'inquiétudes, quatre mois était plus qu'il n'en fallait pour décider de la façon dont agencer le manoir en fonction du nombre d'invités et des exigences des mariés. Brady et Erycius se feraient un plaisir de mettre la main à la pâte, certainement davantage que lui, d'ailleurs. Pour l'occasion, peut-être pourrait-il aussi demander à Jenny de sortir temporairement de sa retraite, au moins pour décider du menu, si elle ne pouvait le préparer elle-même.

Distrait par les soucis de Lynn, sur lesquels il réfléchissait succinctement, Aïlin resta un petit moment silencieux, son verre suspendu devant lui sans qu'il n'y touche. La voix plus incertaine de l'enchanteresse le ramena à l'instant présent, et il braqua un regard interrogateur sur elle, pour se crisper lorsqu'il entendit ses premières paroles.
La suite n'était pas plus plaisante. Gêné, Bower se tortilla sur son siège, pris de court par une question aussi franche, et à laquelle il ne se serait jamais attendu. Non, jamais il n'aurait imaginé qu'on lui demande conseil de cette façon. Il sentait, à travers les paroles de sa sœur, qu'elle cherchait plus que son approbation. Elle cherchait un soutien, une oreille à laquelle confier ses doutes et ses craintes, une bouche qui saurait la rassurer et la conforter. La résurgence de leur promiscuité, alors qu'ils n'étaient qu'enfants, revint en mémoire d'Aïlin, d'une façon très floue et incertaine. Il avait été cette oreille, fut un temps. Du moins croyait-il s'en souvenir vaguement. Leur relation avait été fusionnelle, merveilleusement simple alors que tout était terriblement compliqué autour d'eux. Mais ce temps là était fini. Ils étaient des adultes, et Aïlin était la dernière personne à être de bon conseil sur le déroulement des relations humaines. S'il avait un point faible particulièrement grand, c'était bien celui-là. Il avait beau savoir comment prendre les gens, comment faire en sorte d'obtenir d'eux ce qu'il voulait, de se mettre à leur place pour savoir comment réagir, il était soudain bien moins assuré et intuitif lorsqu'il s'agissait de lui et de ses sentiments. Comment, alors, pouvait-il conseiller sa petite sœur sur ses ressentis à elle ? Le jeune homme lâcha un rire nerveux.

« Sérieusement, tu me poses cette question à moi ? Oh, Lynn, tu dois vraiment être désespérée... »
Malgré cette plaisanterie qui n'en était pas vraiment une, Aïlin prit le temps de réfléchir plus sérieusement à la question. Il ne savait pas quoi lui dire, pas quoi conseiller. Annulerait-elle de toute façon ce fichu mariage ? Non, assurément non. Tout ce qu'il pouvait en retour de cette question était de se montrer prudent et avisé. Aïlin se pencha en avant, s'accoudant à son siège tandis que son regard se perdait au hasard, sans regarder Lynn. Son front était plissé par la réflexion, ses sourcils froncés et ses lèvres pincées. Un soupir lui échappa, avant qu'il se décide à regarder enfin sa sœur dans les yeux.

« Il est vrai que tu es jeune, Lynn. Tu n'as connu que lui, tu ne peux pas être certaine qu'il soit véritablement l'homme de ta vie puisque tu n'as pas d'élément de comparaison. Mais... Est-ce que cela a vraiment de l'importance, au fond ? »
S'il détestait parler de cela, sa pensée bifurqua un moment vers Clarisse.
« Je suis mal placé pour désapprouver en vérité, ou pour te rassurer. Je me suis trompé, concernant mes sentiments et ceux que je croyais recevoir en retour. Mais… »
Aïlin s'interrompit pour boire une énième gorgée de son breuvage, qui passa le long de sa gorge en y répandant une douce chaleur, réconfortante.
« Tu es plus intuitive et avisée que moi en la matière. Je ne sais pas comment tu fais, et je crois que je ne le comprendrai jamais, mais tu as cette empathie qui te permets de voir le meilleur des autres quand eux-mêmes ne le voient pas en eux. Tu sais sur le cœur plus de choses que moi, et tu as toujours su t'entourer des meilleures personnes. Tu es jeune, oui, et peut-être que tu te trompes. Peut-être que l'amour finira par passer et que vous vous rendrez compte, dans un an comme dans dix, que vous n'étiez finalement pas fait pour aller jusqu'au bout du chemin ensemble. Mais ce qui compte n'est pas un futur incertain, c'est ce que tu ressens aujourd'hui et ce qu'il ressent pour toi. Et même moi je suis capable de voir qu'il t'aime sincèrement. »

S'étonnant lui-même de sa sagesse et sa lucidité, Bower osa un maigre sourire, avant d'ajouter, sur un ton plus ferme, que l'on ne pouvait remettre en cause :
« Quoi qu'il en soit, je suis ton frère et je te soutiendrai dans tes choix, même si finalement tu penses t'être trompée. Je n'ai pas le droit de te juger sur tes erreurs, et ne suis pas en position pour te faire la moindre leçon de morale. Je me contenterai d'être toujours là pour toi, Lynn. Mariage ou pas mariage. »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptySam 6 Sep - 19:48:51

Bien évidemment, Aïlin joua l'innocent mais la jeune femme n'insista pas, reconnaissante que les relations entre les deux hommes semblent s'apaiser.
Il lui confirma par la suite que sa proposition  était toujours d'actualité et elle sentit s'alléger le poids sur ses épaules. Elle était soulagée qu'au moins un des problèmes soit résolu, et elle ne doutait pas que tout se passerait bien si la fine équipe du manoir s'occupait des préparatifs. Elle lui jeta un regard étonné qui se transforma en admiration quand il lui exposa l'idée de Brady et elle acquiesça avec le sourire :

"Ho oui, quelle excellente idée ! Tu es adorable, merci ! Tu ne peux pas imaginer comme cela me rassure. Je commençais à me demander si nous n'allions pas devoir jouer les va-nus-pieds, voire annuler la cérémonie... "

Elle laissa échapper un soupir de soulagement mais cela ne dura pas. Alors qu'elle trempait ses lèvres dans sa boisson, d'autres doutes et d'autres inquiétudes l'assaillirent. Ceux-ci avaient été tenus à distance jusque là par l'accumulation d'autres priorités mais il était difficile maintenant de les ignorer.

La nouvelle de leur mariage s'était faite tardivement mais n'avait pas été accueillie aussi bien qu'on aurait pu le penser pour le jeune couple qui se fréquentait depuis près de cinq ans. La jeune enchanteresse savait pertinemment qu'elle ne devait pas tenir compte de l'avis des gens, qu'elle allait passer sa vie avec lui et non pas avec eux, mais cela la perturbait néanmoins. Même la mère de Matthew s'y était opposée avec virulence. Bien sûr, en ce qui la concernait, la véritable raison derrière ces reproches était qu'elle était persuadée que Lynn interdisait à son fiancé d'aider financièrement sa mère, ce qui n'était absolument pas le cas. Matthew refusait de conforter la vieille femme dans ses penchants de luxe et l'obligeait à vivre en fonction de ses moyens, ce qui était tout sauf aisé pour Lady Connor.
Et puis, même si Aïlin s'était fait violence pour la soutenir et n'avait jamais émis à haute voix le moindre doute sur ce mariage, elle savait qu'il n'était pas pour, et pas seulement à cause de ses relations compliquées avec Matthew.
Elle avait besoin que quelqu'un lui dise qu'elle ne faisait pas fausse route et c'était sûrement égoïste de demander cet effort-là à Aïlin, mais il était tout ce qui lui restait comme famille. Elle n'avait pas oublié tout ce qu'ils avaient traversé, tout ce qu'ils avaient enduré l'un pour l'autre.
Elle regretta immédiatement sa question dès que les mots s'échappèrent de ses lèvres mais il était trop tard. Que ferait-elle si Aïlin confirmait que c'était une erreur et que jamais son histoire avec Matt ne durerait ?

La petite plaisanterie de son frère lui arracha un sourire désolé. Désespérée, peut-être pas, mais... franchement angoissée, c'était certain.
Après un instant d'hésitation, il finit par confirmer ses doutes, principalement sur son âge, mais en évoquant sa propre expérience, il lui prouvait qu'il n'était pas le mieux placé pour juger le caractère des gens. Pourtant, les mots qu'il délia par la suite lui apportèrent un véritable réconfort. Il lui faisait confiance, admirait, en quelque sorte, sa façon de voir le monde et les gens. Son cœur se gonfla de tendresse pour son grand frère et elle lui sourit avec émotion quand il affirma que même lui pouvait voir à quel point Matthew l'aimait.

Il lui offrit un léger sourire avant de conclure sur une note plus mitigée, mais restant néanmoins positive. Comme une chanson lointaine dont le refrain nous revient en mémoire aux premières notes, une vieille promesse oubliée refit surface : il serait toujours là pour elle...

Elle sentit ses yeux s'embuer et but une gorgée de thé pour retrouver contenance avant de plonger son regard dans les prunelles océan de son frère :

"Merci... c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre..."

Et il le savait sûrement.
Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et reposa sa tasse pour s'emparer d'un biscuit qu'elle garda entre ses doigts, pensive.

"Tu sais... j'ai beau avoir peur... je sais que c'est la bonne chose à faire... et une autre partie de moi n'en peut déjà plus d'attendre !"
Ajouta-t-elle avec un petit rire.  "Je me serais aussi bien contentée d'une cérémonie toute simple sans le moindre invité mais... j'ai l'impression que c'est important de célébrer ça avec nos proches..."

Elle redressa la tête et chassa tout ça pour aborder un autre sujet, qui l'intéressait tout autant, si ce n'était plus, que la préparation de son mariage :

"Assez parlé de moi, c'est ton tour cette fois ! Est-ce que tu as pensé à ce que je t'ai dit concernant Ambrine ? Tu as eu l'occasion de lui parler... ?"

Elle avait hâte de savoir si son instinct avait vu juste, même si le contraire l'étonnerait. Cela faisait quelques semaines maintenant et elle se demandait s'il avait pu être témoin des sentiments de la jeune fille et quelles avaient pu être les avancés depuis. Ambrine allait être sa demoiselle d'honneur et elle commençait déjà à chercher des robes pour elle et Lavande. Elle en avait trouvé une ravissante,  qui ferait sûrement tourner la tête à son frère, mais elle voulait d'abord être certaine qu'il y avait bien une chance pour que l'ancien Alchimiste se laisse tenter...
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyVen 12 Sep - 21:11:40

Un fin sourire entendu ourla les lèvres de Bower. Ses mots avaient eu l'effet escompté et il en était autant satisfait que soulagé. Pour une fois, il avait parlé en accord aussi bien avec sa raison qu'avec son cœur, chose habituellement rare, mais plus encore lorsqu'il s'agissait de l'idylle de sa sœur avec Connor.
Les remerciements de Lynn élargirent son sourire. Trop de fois, Aïlin avait manqué à cette promesse qu'il venait de renouveler, mais déjà donnée bien des années auparavant. Bien des fois, il avait manqué à ses engagements de grand frère. Pis encore, il lui avait menti, il l'avait trahie, il l'avait blessée tant et tant de fois qu'il n'osait en tenir le compte. Alors que sa cadette glissait une mèche de ses longs cheveux noirs derrière son oreille tout en échappant à son regard, le jeune lord se demanda comment elle pouvait être face à lui, ce soir, à lui demander conseil, à remettre ses angoisses au creux de ses mains pour qu'il les adoucisse ou l'en débarrasse. Un élan de tendresse jalonnée de reconnaissance l'envahit et, pendant un instant, il eut envie de s'approcher pour la serrer contre son cœur. Cependant, il n'en fit rien. Leur passé était trop lourd, leurs barrières trop épaisses pour qu'une conversation, aussi peu banale était-elle pour eux, brise leur retenue naturelle.

Son verre d'alcool terminé, Aïlin chipa un petit gâteau au beurre et croqua dedans, tandis que Lynn avouait son impatience, ainsi que son sentiment sur l'importance de faire une cérémonie.
« Un mariage est important, et nous nous sommes bien trop longtemps contenté de garder le manoir en vase-clos, de même que nos vies. Il est sûrement temps que cela change… » constata Aïlin en retour.

Le tournant de la conversation, s'il n'était pas sans rapport, ne manqua pas de prendre de court Bower, qui ne put retenir cette drôle de lueur qui éclaira, fugacement, son regard à la mention d'Ambrine. Une chaleur désagréable s'empara de ses joues tandis que, gêné par l'intérêt que portait Lynn à ce qui avait pu se passer entre son apprentie et lui, il détournait le regard en avalant difficilement le morceau de biscuit qu'il venait de s'engouffrer dans la bouche.
« Et bien… » commença-t-il en se levant instinctivement. S'il ne savait absolument pas où aller avec ce « et bien » embarrassé, il le cacha en retournant attiser le feu, qui n'en avait pourtant pas besoin.
« Oui nous… nous avons discuté. »

Discuter, était-ce véritablement le terme à employer ? Bien sûr, les deux jeunes gens avaient discuté de leurs sentiments, bien qu'ils fussent plus ambigües du côté d'Aïlin. Mais il ne s'était pas passé que cela et l'alchimiste ne pouvait pas nier que le souvenir des lèvres d'Ambrine contre les siennes le troublait encore. Et, lorsqu'il la voyait et que son cœur s'accélérait, ce n'était pas seulement le malaise qu'il éprouvait en songeant à ce que la jeune fille éprouvait pour lui. Il y avait, aussi, le désir de se laisser tenter, par un baiser, par une caresse. Il avait suffit d'un baiser d'elle pour éveiller un désir qu'il ne pouvait plus ni éteindre, ni refouler.
Pourtant, il n'arrivait pas à approcher réellement l'ex-Poufsouffle. Il cumulait tant de craintes et d'angoisses à l'idée d'une relation, en particulier avec elle, qu'il se sentait incapable de se défaire d'une seule. Parfois, il se laissait aller à contempler ses beaux yeux bleus en caressant son visage, puis venait chercher ses lèvres, quand rien ne venait présager pourtant ce laisser-aller. D'autres fois, comme ce soir, il la laissait partir, le cœur lourd, sans savoir la retenir, ni même la toucher. La raison, il la connaissait. Elle lui était trop précieuse.

« Je n'aurais pas dû rester si proche d'elle. En voulant la protéger, j'ai fait ce que j'ai toujours fait avec les autres. Envahir sa vie au point qu'il n'y ait, à présent, plus de place pour un autre homme. Je ne suis toujours pas convaincu de mériter tant d'admiration et d'amour quand, ce que j'ai fait, je l'ai finalement fait par besoin de me prouver que je pouvais être quelqu'un de bien. C'était, au final, seulement de l'égoïsme. »
Reposant le tisonnier, Aïlin se détourna du feu et s'appuya dos au marbre de la cheminée, lâchant un soupir tout en ramenant son visage vers Lynn. Il la regarda, l'air à la fois las et inquiet.
« J'ai crois qu'elle m'aime non pas pour moi mais pour ce que je représente à ses yeux. Ce sauveur désintéressé qui l'a ramenée saine et sauve de l'Allée des Embrumes, ce grand-frère improvisé qui a veillé sur elle tandis qu'elle se mourait dans un lit d'hôpital… Je ne veux pas d'un amour qui soit, en réalité, de la seule reconnaissance. Mais quoi que je dise, cela ne change apparemment rien à la façon dont elle me regarde. Même lorsque je… je lui ai avoué la vérité sur la mort de notre père. »

C'était une grande première, de sa part. Jamais Aïlin n'avait fait un tel aveu à qui que ce soit, pas même à Clarisse, qui l'avait deviné. Jamais la phrase n'avait clairement franchi la porte de ses lèvres, avant cette fois-ci, devant Ambrine. Il n'avait jamais plus parlé de son plus terrible, de son plus inavouable secret.
« Je sais, ça ne me ressemble pas… » chuchota-t-il, sans parvenir à éprouver complètement cette culpabilité timide qui volait autour de lui. « …mais… j'ai estimé qu'elle mérite la vérité à mon sujet. »
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyLun 15 Sep - 19:24:51

Lynn était satisfaite, et soulagée, de la tournure qu'avait pris cette conversation. Aïlin avait su la rassurer comme autrefois, quand il était sa seule lumière dans une vie sombre et sans avenir. Mais finalement, elle en avait eu un, d'avenir. Elle le vivait chaque jour avec une confiance renouvelée et elle avait du mal à croire, en regardant derrière elle, à tout le chemin parcouru depuis.

Il restait bien sûr quelques ombres au tableau, mais elle était heureuse et c'était quelque chose qu'elle n'avait pas imaginé possible à l'époque.
Elle acquiesça à la réponse d'Aïlin à son impatience. Il était temps que le manoir retrouve quelque peu ses lettres de noblesse et redevienne une demeure vivante et enjouée. Elle espérait bien que les derniers vestiges de ténèbres qui avaient envahi les lieux disparaîtraient avec son mariage. Après tant de haine, de douleur et de folie, un peu d'amour chez les Bower ne pouvait pas leur faire de mal.

D'ailleurs, en parlant d'amour... Lynn mit le sujet épineux d'Ambrine au cœur de la conversation. Elle constata avec surprise que son frère rougissait, et il se leva, signe flagrant d'embarras, avant de lui répondre.
Il avoua avoir discuté avec elle mais ne rentra pas dans les détails, venant plutôt lui expliquer toutes les raisons pour lesquelles il ne devait pas être avec elle. Quand il se traita d'égoïste, une vieille rengaine que Lynn avait trop entendue, elle retint un soupir :

"Aïlin..."

Il reprit pourtant, continuant sa réflexion, la poussant plus loin et laissant entrevoir à Lynn une autre facette du problème. La jeune enchanteresse avait un avis plutôt tranché sur la question, mais le Lord ne lui laissa pas le temps de lui exposer qu'il allait plus loin en admettant lui avoir avoué la vérité sur leur père.

Lynn dévisagea son frère avec étonnement, mais son expression changea bien vite pour une émotion plus tendre, à la fois douce et amusée. C'était un grand pas pour lui. Qu'il ait fait un tel aveu signifiait bien plus que tout le reste et qu'elle l'accepte malgré ça, voulait tout autant dire de la part d'Ambrine.

Lynn se souvenait elle-même de la nuit où elle avait finalement raconté son histoire à Matthew. Elle lui avait tout dit. Absolument tout, du meurtre de Devin à celui de Carpenter, des manipulations de Torin à l'aveuglement d'Ultan. Elle se souvenait encore de sa frayeur et de son incrédulité après lui avoir raconté tout ça. Comment avait-elle pu dévoiler tant de noirs secrets ? Comment avait-elle pu confier à quelqu'un toute la noirceur de son être et la profondeur des ténèbres qui entouraient sa famille ? Cette nuit-là avait été décisive. Elle avait littéralement remis sa vie entre les mains de Matthew. Parce qu'elle avait compris qu'elle l'aimait et que si elle voulait construire quelque chose avec lui, il ne devait plus y avoir aucune entrave à leur amour. Aucun secret, surtout pas aussi graves que ceux-là. C'était quitte ou double. Il l'acceptait, avec toutes ces horreurs, ou il la rejetait. Elle s'était attendue à une réaction de dégoût, de peur ou de colère, en tout cas à une réaction mitigée, mais pas à l'admiration et à la compassion dont avait fait preuve celui qui n'était encore qu'un tout jeune Auror.

Elle ne l'en avait aimé que davantage après cela et partager ces secrets les avait lié à jamais. Elle n'avait jamais osé avouer à son frère tout ce que son petit-ami savait. Elle avait tenté d'impliquer le moins possible l'alchimiste, mais Matthew n'était pas un auror pour rien et il avait deviné les creux de son récit. Il aurait pu dénoncer le Lord. Il aurait pu empêcher la libération de Torin à l'époque où Aïlin avait oeuvré pour le libérer. Il ne lui aurait pas fallu beaucoup d'effort pour détruire l'héritier Bower. Mais il ne l'avait pas fait, par amour pour elle. Il avait laissé le meurtrier de sa sœur en liberté, ainsi que le complice de cette mascarade. Elle avait cru le perdre avec tout ça. Elle avait réellement cru qu'il ne pourrait pas en supporter davantage. Mais il avait tenu bon.

Aïlin répétait sans s'en rendre compte un chemin similaire. Ambrine savait désormais presque tout des erreurs et des échecs du Lord. Et pourtant, elle n'avait pas fuit, elle était toujours là. Il ne s'agissait pas simplement de reconnaissance ou d'admiration, même si cela avait effectivement commencé comme ça. Aïlin était un être torturé et Ambrine le savait pertinemment. Elle savait pour Devin, elle savait pour la mafia, elle savait pour son implication dans le SDM, elle savait pour sa tentative de suicide. Peut-être en savait-elle davantage, mais le fait était qu'elle était toujours là. Pas comme Clarisse qui avait disparue si brusquement après une histoire entre eux déjà très chaotique.

Mais Ambrine était d'une autre nature. Quelque part, Lynn avait l'impression de voir une version un peu différente d'elle à son âge. Elle ne perdait jamais espoir, il y avait une véritable lumière qui irradiait de cette jeune fille, pratiquement une jeune femme à présent et Lynn avait la certitude que si quelqu'un pouvait sauver Aïlin, c'était elle. Justement à cause, ou grâce à cette foi inébranlable qu'elle avait en lui. Cela effrayait le Lord qui ne croyait plus en lui depuis longtemps. Elle se souvenait encore de ces mots, quand il affirmait qu'il ne pouvait pas rendre une femme heureuse. Cela lui broyait la poitrine qu'il pense une chose pareille, encore aujourd'hui cela lui était intolérable.
Lynn se leva à son tour, consciente que son frère attendait une réaction de sa part.

"Tu as bien fait. Je pense aussi qu'elle mérite de savoir dans quoi elle s'embarque avec les Bower..." Sourit-elle à son égard avant de le rejoindre.

Elle posa sa main sur son avant bras et plongea son regard argenté dans les prunelles de son frère :

"Laisse-lui une chance de te prouver qu'elle t'aime pour toi... Je n'en doute pas une seconde, pour ma part. Je le vois, je le sens, je le sais. Mais si toi tu en doutes encore...il faut la laisser approcher, pour en avoir le cœur net."

Elle resserra légèrement sa prise sur son bras et insista :

"Je sais que tu as peur... mais tu l'as dit toi-même, je suis plutôt intuitive sur le sujet... Ambrine est merveilleuse et tu ne dois pas laisser tes doutes te faire passer à côté d'une opportunité d'être heureux avec elle..."

Peut-être la seule, peut-être la dernière. S'il refusait de s'ouvrir complètement à elle, Lynn craignait qu'il n'ose plus jamais le faire.

"Il faut que tu la laisses approcher. Tu dois essayer. Tu dois lui faire confiance. Elle t'aime, malgré tes défauts, et elle les connaît, malgré tes erreurs, et elle les connaît également. Malgré ta propre opinion, elle t'aime. Ce n'est pas d'une image qu'elle est amoureuse, d'un héro sauveur auréolé de gloire et de succès. Elle était reconnaissante à son sauveur, elle admirait l'alchimiste, mais elle aime l'homme, le sorcier, dans son entier, tout plein de fêlures et avec sa part d'ombre. Tu ne vas pas la détruire... mais elle, elle pourrait bien te sauver..."

*De toi, de notre famille, de notre passé. *

Et elle aussi avait confiance en lui et en elle. Elle ignorait si ses paroles avaient atteint son frère mais elle retira sa main et se contenta de le regarder d'un air à la fois attendri et inquiet.
Elle s'était promis de tout mettre en œuvre pour aider Ambrine mais elle espérait qu'il y mettrait un peu du sien !
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyDim 5 Oct - 20:09:33

C'était étrange, aux yeux du lord, que Lynn ne s'offusque pas, ni ne s'étonne davantage, d'apprendre que son frère avait avoué tant de secrets si lourds à propos d'eux et de leur famille. C'est alors qu'il réalisa qu'il ne s'était jamais demandé, jusqu'à présent, ce que Matthew pouvait bien savoir exactement à propos de leur famille et surtout, à propos de Lynn et lui. Aïlin avait tu la plupart de ses secrets, même à Clarisse. Prétextant avoir besoin de temps, de ne vouloir la blesser, lui faire peur, l'affliger autant en si peu de temps. Qu'en était-il, pour Lynn ? Elle n'était pas comme lui, elle était une Gryffondor. Il n'était pas dans sa nature de mentir, surtout pas à quelqu'un qu'elle aimait. Elle était certainement la Bower la plus entière et honnête autant parmi les vivants que les morts, et cela sur plusieurs générations. D'où lui venait cette force miraculeuse qui avait survécu à tous les maux ? Aïlin l'ignorait. Peut-être était-ce cette intégrité qu'elle avait toujours su conserver. Elle s'était parfois perdue sur le chemin, mais jamais elle ne s'était reniée. Elle avait été fidèle à elle-même, toujours. Elle n'avait jamais laissé la haine la happer. C'était ainsi qu'elle demeurait en vie, ainsi qu'elle était devenue cette femme qui valait bien plus que tous ces autres qui se disaient bons, sans jamais avoir connu le moindre obstacle susceptible d'entacher leur précieux optimisme dont ils aimaient se parer. Sans jamais avoir flirté avec l'obscurité, des autres autant que la sienne propre.

Aïlin ne voulait pas savoir ce que Connor savait ou ignorait. C'était mieux ainsi. Il ne voulait pas chercher à deviner ce que Lynn avait bien pu confesser à son sujet et ce que l'auror avait pu deviner. C'était plus sain et confortable, tout comme jamais, de son côté, il n'avouerait à Lynn jusqu'où il avait été dans ses confidences, avec Ambrine. Si la Poufsouffle savait pour le drame de son enfance, jamais le lord ne ramènerait sa sœur à sa position de victime, tout comme elle ne le ramènerait pas à celle de meurtrier.

Baissant les yeux un court instant sur la main que Lynn avait posé sur son avant-bras, le jeune homme ramena son regard perçant sur sa cadette lorsqu'elle prit la parole, l'étonnant autant par sa certitude que par la foi qu'elle avait en sa propre intuition. C'était vrai, ce qu'il lui avait dit plus tôt. Il ne comprenait pas comment Lynn pouvait être si intuitive, si talentueuse pour déceler, souvent pas davantage qu'en un regard, la nature intrinsèque d'une personne. Tout était si confus, pour Aïlin, le bien et le mal se mélangeaient si souvent en une valse endiablée qu'il avait souvent perdu pied, jusqu'à finir par ignorer la couleur de son propre cœur.
Cela l'effrayait-il, que d'avoir un aperçu aussi net, aussi clair de ce qu'était l'innocence d'une âme, la dévotion d'un cœur qui aimait pour la première fois et croyait, face à l'intensité de ses émotions, que cet amour là vivrait même au-delà de lui-même ? Peut-être, oui… peut-être que la vérité l'effrayait plus qu'un triste mais confortable mensonge.

S'il n'était pas resté indifférent aux mots choisis par Lynn, les derniers qu'elle prononça le marquèrent plus que tous les autres. Il se tendit, perceptiblement, frappé par la puissance d'une telle déclaration. Incrédule, il observa Lynn dans les yeux une bonne poignée de secondes, avant qu'enfin son regard s'adoucisse.
« Me sauver… ? Par Merlin... »
Si quelqu'un l'avait pu, si seulement. Restait-il chez lui, aujourd'hui, grand chose à ramener vers le beau, à sortir des ténèbres ? Peut-être, après tout. Faute de sérénité, ce calme qu'il avait fini par recouvrer au fil des ans l'avait changé. Il ne voyait plus les choses comme avant. Ambrine n'y était pas totalement étrangère, et le lord en avait conscience. Il l'avait pris sous son aile, s'était sincèrement attaché à elle, et la jeunesse couplée à la fragilité de l'adolescente l'avait ramené à ses responsabilités, à ses valeurs.

D'un mouvement lent, Aïlin détourna la tête pour scruter un point imaginaire, au-delà du visage de sa sœur qui lui faisait face, légèrement inquiet. Un soupir s'échappa de ses lèvres, puis il posa sa main, chaude d'avoir approché le feu, sur celle de sa sœur, toujours installée sur son bras. Alors seulement, son regard, intense, revint sur sa cadette. En silence, il la contempla dans les yeux, sans prononcer le moindre mot. Il n'en avait pas besoin. Et elle n'avait pas besoin de les entendre pour les connaître.  Le bleu de ses yeux parlait davantage de ses sentiments, pour elle, pour Ambrine, de sa reconnaissance autant que des derniers affres de peur, que tous les mots maladroits qu'il aurait pu s'essayer à prononcer. Parler n'était pas son fort et son regard mentait moins facilement que sa bouche.

« Le repas est servi ! » entonna soudain Brady, toute joyeuse. Le regard d'Aïlin se déporta vers l'elfe et, comme retombant en douceur dans le moment présent, son visage se ranima pour adresser un sourire bienveillant à l'employée.
« Ne laissons pas le souper refroidir, alors ! »
L'alchimiste tapota gentiment la main de sa sœur et la lâcha en lui adressant un clin d'œil. Il lui fit signe de le précéder et s'engagea derrière elle, en direction non pas de la grande salle, mais de la petite salle à manger, plus intime et chaleureuse, qu'il avait fait aménager quelques années auparavant, derrière ce qui avait été, avant Poudlard et pendant les grandes vacances, la salle d'études de tous les jeunes Bower. Ils traversèrent ainsi le hall d'entrée pour pénétrer dans l'étude par une porte au fond du couloir, passèrent les pupitres de bois rougeoyants et les étagères gardant de vieux grimoires poussiéreux, dont les trois quarts, autrefois centrés sur la magie noire, manquaient. Puis, enfin, ils entrèrent dans la pièce, qui faisait aussi bien office de salle à manger que de salon au canapé et aux coussins moelleux.
Tout naturellement, Brady tira la chaise à Lynn, tandis qu'Aïlin s'installait à la table ronde, sculptée dans l'acajou. Aussitôt, la bouteille de vin se débouchonna et s'éleva d'elle-même au-dessus des verres, pour remplir ces derniers. Aïlin s'empara du sien et le leva en direction de sa sœur, avant de le porter à son regard pour observer la robe rougeoyer sous la lueur des chandelles.
« J'aimerais pouvoir… je ne sais pas… faire quelque chose de spécial pour elle. » déclara-t-il, songeur, tandis que l'elfe de maison apportait les entrées. « J'ai été... un peu ambivalent, ces dernières semaines… Je dois t'avouer que je ne sais pas vraiment comment rattraper cela. »
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyDim 26 Oct - 17:57:50

Le choix des mots de Lynn sembla particulièrement toucher son frère et elle les laissa faire leur chemin dans son esprit alors qu'elle soutenait son regard. Oui, Aïlin avait encore besoin d'être sauvé, d'une manière dont Lynn ne pourrait jamais le faire. C'était quelque chose bien au delà de l'amitié ou de l'amour fraternel ; et elle voyait en Ambrine la personne idéale pour garder les ténèbres de son frère à distance. Il détourna les yeux et soupira, mais sa main vint finalement se poser sur celle de Lynn tandis qu'il reportait son attention sur elle.
Son regard parlait pour lui et elle lui sourit tendrement face à l'émotion qu'il semblait ressentir. Dans ces moments là, elle avait l'impression de retrouver l'Aïlin d'autrefois. Elle espérait sincèrement qu'il arriverait à vivre enfin. Il méritait d'être heureux. C'était tout ce qu'elle désirait pour lui.  

L'Elfe de Maison les interrompit en annonçant le dîner et son frère profita de cette occasion pour briser ce moment d'intimité légèrement embarrassant. Elle ne lui en tint pas rigueur et joua le jeu de cette diversion en prenant le chemin que le Lord lui indiquait.

Elle retrouva avec plaisir le petit salon qui leur servait autrefois de lieu d'étude et remercia Brady lorsqu'elle tira sa chaise pour qu'elle s'installe.
Elle imita Aïlin lorsqu'il leva son verre vers elle, mais elle le reposa et n'y toucha pas. Au lieu de ça, elle observa patiemment son aîné, se doutant que la conversation n'était pas encore totalement terminée.
Ses doutes se confirmèrent et elle eut une moue à la fois amusée et attendrie. Le comportement d'Aïlin n'avait rien d'inédit. Il ne savait pas vraiment gérer ce genre d'émotions et malgré les années écoulées, le souvenir de Clarisse semblait toujours hanter sa vie sentimentale.

"Tu pourrais peut-être... l'inviter au mariage ? Enfin, je veux dire, elle est déjà invitée bien sûr, mais tu pourrais lui proposer d'être ta cavalière... Je pense que ce genre de geste symbolique aura plus d'impact que n'importe quel cadeau."

Lynn remercia à nouveau l'Elfe qui apportait les entrées et elle huma avec délices les bonnes odeurs qui s'échappaient de son assiette :

"Cela sent merveilleusement bon, mes compliments au chef, Brady !" Complimenta-t-elle, malicieuse.

Elle prit une bouchée qu'elle laissa fondre dans sa bouche avant de reprendre :

"Je sais qu'Ambrine a été une apprentie dévouée, mais elle a suivi cette voie pour se rapprocher de toi. Est-ce que tu es sûr que c'est ce qu'elle veut faire de sa vie ? Essaye de te rapprocher d'elle, d'en savoir plus, et encourage-la à faire ce qu'elle veut, même si ça doit l'éloigner de toi. Ne plus travailler ensemble pourrait peut-être être bénéfique pour laisser libre cours à une autre facette de votre relation..."

Cette idée lui était venue quelques semaines auparavant. Même si Ambrine était plutôt douée dans ce qu'elle faisait, elle n'en parlait avec passion que lorsqu'Aïlin était dans les environs. Ce n'était peut-être qu'une impression erronée, mais elle savait que son frère avait à cœur les intérêts de la jeune femme et c'était la raison pour laquelle elle se permettait de lui en parler. C'était un moyen de faire indirectement quelque chose pour elle, comme il le souhaitait. Et cela ne pourrait que leur être bénéfique à tous les deux.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyDim 26 Oct - 19:15:48

Les moues amusées de sa sœur n'étaient pas pour aider Aïlin à se confier. Secret et pudique, il se sentit idiot aussitôt qu'il eut prononcé ses dernières paroles. Oh, il savait bien que Lynn était loin de se moquer, bien au contraire, mais le lord se sentait gauche, maladroit et imbécile dès qu'il s'agissait de sentiments.
Il savait qu'il avait un certain talent pour offrir des présents capables de toucher ou ravir leur destinataire, mais ce qu'il disait là était différent. Quelque chose de matériel, en ce moment, lui paraissait rien de mieux que vulgaire. Il désirait offrir autre chose à Ambrine. Quelque chose qui n'ait pas de valeur, si ce n'était pour eux. Rien de matériel ne pouvait accomplir cela.
Il avait offert des bijoux, des parures, toutes sortes de belles choses coûteuses et luxueuses à ses anciennes petites amies, en particulier Clarisse. C'était la raison pour laquelle il ne voulait surtout pas réitérer le même schéma. Ambrine n'était pas une poule de luxe, et si un beau bijou lui aurait certainement fait plaisir, il avait l'intuition qu'elle espérait autre chose de sa part. Quelque chose que lui seul pouvait lui apporter. Mais que pouvait-il, concrètement, lui apporter ? Aïlin n'était pas sûr de pouvoir être bénéfique en quoi que ce soit à la Poufsouffle. Tout du moins pouvait-il la ravir, créer dans son esprit quelque chose de beau et d'immuable.

La suggestion de sa sœur lui tira, d'abord, un froncement de sourcils interloqué. À ses yeux, il relevait de l'évidence qu'Ambrine serait à son bras et à celui de nul autre. Mais l'était-ce autant pour elle, après tout ? Lynn disait juste. Il ne l'avait pas invitée, et ne lui avait même pas parlé de la soirée, si ce n'était pour lui annoncer que la cérémonie se déroulerait au manoir, et qu'elle était libre d'assister Brady dans les préparatifs, si le cœur lui en disait. Il était si ambigu avec elle ; peut-être s'imaginait-elle qu'il préfèrerait cacher leur relation naissante et fragile ? Il fallait bien l'avouer, même lui y avait songé. L'idée de s'afficher lui déplaisait. Peut-être par superstition, en tout cas par peur. Silencieux, Aïlin bu une nouvelle gorgée de vin et entama son entrée. L'air songeur, il en oublia même de complimenter l'elfe de maison sur la qualité de ce qu'il mangeait.

« Tu as raison. Je devrais commencer par l'inviter… C'était acquis, à mes yeux, mais je me rends compte que cela ne relève finalement pas de l'évidence… »

Toujours un peu gêné par le sujet de la conversation, Aïlin piqua dans son assiette sans relever le regard sur sa sœur. Ce ne fut que lorsque le son de sa voix vint à nouveau carresser son ouïe qu'il daigna relever le menton et braquer ses yeux assombris par ses songeries dans ceux limpides et sereins de sa cadette.
Sa remarque ne l'étonna pas. Cependant, il tiqua, une moue un peu contrariée venant glisser sur le coin de ses lèvres. Bien sûr, il avait déjà songé à cette éventualité, plus d'une fois. Seulement, il n'avait jamais su comment aborder le sujet. Comment questionner Ambrine sur la véracité de son intérêt pour l'alchimie sans avoir l'air de remettre en doute ses compétences et la rigueur qu'elle y mettait ? Elle manquait si souvent de confiance en elle qu'Aïlin n'osait aborder le sujet. Et, si seulement c'était le seul problème que la perspective d'une telle conversation lui causait… !

« J'ai déjà pensé à cela, c'est vrai. Le problème, c'est que je n'ai aucune idée de la façon dont amener la conversation sans la froisser ou la blesser. Je me doute bien qu'elle n'est pas autant passionnée par l'alchimie que je le suis, mais je crains qu'elle pense que je cherche à tout prix à l'éloigner de moi. »
Dans un élan d'honnêteté, il avoua : « Si, entre mes frasques de ces dernières semaines, je la questionne trop directement là-dessus, je ne suis vraiment pas sûr qu'elle le prenne bien ! »

Un sourire contrit ponctua sa remarque. Son regard s'attarda un moment sur Lynn puis se voila, tandis qu'une autre pensée lui venait. Pensif, il baissa les yeux sur son assiette et poussa un soupir.
« J'ai pensé à autre chose, mais… Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. »
Piquant un bout de salade qu'il plia avec sa fourchette, Aïlin continua, d'une voix plus basse :
« C'est sûrement précipité, et peut-être même ridicule après la distance que je lui ai opposé. Néanmoins... » il hésita, observa un instant sa sœur, cherchant sur son visage une trace de compréhension ou même de désapprobation qui signifierait qu'elle avait compris où il cherchait à en venir, lui épargnant la difficulté de prononcer de lui-même cette proposition qu'il avait à peine osé formuler dans son esprit. « Je me figurais que je pouvais l'inviter à… rester… au manoir. » lâcha-t-il, d'un air soudain trop détaché. « Après tout, elle n'a pas l'air vraiment bien, chez son frère, et je ne suis pas sûr qu'elle y ait les libertés dont elle rêverait. Quels que soient ses choix d'avenir, ici elle aurait la place et la tranquillité pour approfondir ou acquérir des compétences qui l'intéressent vraiment. »
Bien sûr, l'envie de la voir davantage que quelques heures dans la semaine n'avait rien à voir là-dedans. Tout du moins, dans son discours.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyMar 28 Oct - 19:56:49

Lynn acquiesça à la réponse de son frère concernant les aspirations d'Ambrine avant de répondre :

"Oui, mais c'est normal, surtout si ton comportement n'a pas été des plus exemplaire ces derniers temps... n'importe quelle femme le prendrait mal. Il ne faut pas l'affronter directement, elle risquerait de se braquer, et à juste titre. Vas-y en douceur, essaye de découvrir petit à petit ce qu'elle aime et ce qui pourrait lui plaire avant de l'aiguiller peur à peu vers ce chemin."

Cependant le Lord semblait avoir une autre idée qu'il évoqua avec quelques hésitations. Lynn l'observa et manqua de s'étouffer lorsqu'il lui dévoila ses intentions. Elle toussa et reposa sa fourchette, le dévisageant avec incrédulité. Elle eut un petit sourire amusé et demanda, incertaine :

"Tu n'es pas sérieux ?"


Mais il semblait réellement sérieux et croire dure comme fer aux arguments qu'il évoquait. Que son frère pouvait être aveugle parfois...
Lynn secoua doucement la tête, à la fois attendrie et attristée :

"Ho Aïlin..."


Il lui semblait voir se dessiner un schéma dans la vie de son frère. Il avait aussi accueillie Clarisse au manoir autrefois et Lynn était persuadée que cela n'était pas étranger à leurs problèmes. Elle avait étouffé entre ces murs. Bien sûr, Ambrine n'était pas Clarisse, mais Aïlin était toujours le même, au fond, et il risquait de répéter les mêmes erreurs.

"Tu prends les choses à l'envers. Vous n'êtes même pas encore un véritable couple ! Lui proposer d'emménager enverrait le mauvais message, comme si tu voulais l'enfermer, la garder cachée..."


Elle ne le quitta pas des yeux, ajoutant d'une voix douce :

"Tu dois absolument mettre au clair tes sentiments avant. Tu as peur de la voir fuir alors tu te précipites, mais Ambrine ne va pas disparaître. Elle t'aime sincèrement. Elle aura de la patience, elle t'attendra, mais tu dois en avoir aussi.  Tu ne te rends pas compte de l'ascendance que tu aurais sur elle si elle venait vivre ici maintenant. Ce ne serait pas sain. Tu dois faire les choses bien, pour elle. Il faut que tu définisses votre relation et que t'engage à faire ce qu'il faut pour que ça fonctionne. "

Lynn soupira et se mordit nerveusement la lèvre :

"Je sais que tu n'as pas envie d'entendre ça, mais tu as déjà fait cette erreur par le passé. Ne gâche pas tout en te laissant guider par ta peur et par des instincts qui ne sont pas forcément... adaptés à la situation."


La jeune femme se redressa, plus confiante, sachant que même si cela était difficile, cette conversation était nécessaire :

"Je comprends que tu veuilles l'avoir auprès de toi et que tu ais peur qu'elle s'éloigne, mais cela ne va pas arriver. Laisse-la vivre un peu en dehors de toi et tu verras qu'elle te reviendra avec encore plus de force... Elle est jeune. Je sais qu'elle a traversé des épreuves difficile et qu'elle semble très mature, mais... pas dans ce domaine-là. S'il te plaît, fais-moi confiance. Je pense sincèrement que ce n'est pas une bonne idée pour le moment... Ce n'est pas de ce genre de gestes dont elle a besoin..."
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MessageSujet: Re: Colloque du vendredi soir [Lynn]   Colloque du vendredi soir [Lynn] EmptyMar 25 Nov - 21:43:19

S'il avait pu présager la réaction de sa sœur, Aïlin se serait bien gardé de lui confier la pensée venue éclore dans son esprit et s'y promener depuis. Le visage soudain fermé, le jeune lord demeura muet lorsque sa sœur lui demanda s'il plaisantait. S'il s'était écouté en cet instant, il aurait coupé court à la conversation avant même que Lynn commence à exposer les raisons de cet air contrit qu'elle lui renvoyait. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, cependant, une partie de lui, piquée à vif, était curieuse d'entendre les arguments que sa cadette avait à opposer à l'installation d'Ambrine. Et le premier qu'elle avança ferma davantage son visage, tandis qu'il se raidissait sur sa chaise.
« C'est absurde, je ne cherche absolument pas à la cloitrer… » résista-t-il, mais Lynn n'avait pas fini avec la liste des arguments contre.

Des arguments auxquels Aïlin n'avait jusqu'alors pas songé. Lynn était dans le vrai. L'ascendant qu'il avait d'ors et déjà sur Ambrine était tel qu'il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer. Il savait devoir peser le moindre de ses mots auprès d'elle, et peut-être ne le faisait-il pas autant qu'il le devrait. Elle l'admirait trop profondément, il le sentait bien. Il savait, aussi, ô combien cela lui plaisait. Il aimait le reflet qu'Ambrine lui renvoyait, à travers le prisme de ses beaux yeux bleus. Au travers celui-ci, son âme noircie par la malédiction de son nom disparaissait, et il brillait de nouveau d'une aura moins maculée par les ténèbres. Mais en retour de cette belle illusion, ses responsabilités vis-à-vis de la jeune sorcière étaient grandes…

La précipitation irréfléchie dont semblait l'affubler sa sœur irritait cependant le Serdaigle. Croyait-elle vraiment qu'il s'engageait yeux fermés sur un chemin qu'il avait choisi sans prendre la peine de peser le pour et le contre ? Il avait tergiversé, longuement. Il en avait passé quelques nuits blanches. D'autres, plus longues encore, à se demander ce qu'il adviendrait s'il cédait au désir qu'il éprouvait de rejoindre la chambre d'Ambrine, lorsque celle-ci passait une nuit au manoir. À se demander si, comme lui, elle peinait à trouver le sommeil en se figurant la potentielle insomnie de l'autre, la voluptueuse torture qui s'emparait du corps et de l'âme lorsque les cloisons d'une chambre et les ténèbres silencieux de la nuit séparaient deux âmes brûlantes de rester unies l'une à l'autre par la chair.
Alors, bien sûr qu'il s'était engagé à bien faire. Mais cela n'était pas si simple et les solutions n'apparaissaient pas d'elles-mêmes. Elle était jeune, peut-être trop pour lui. Ou lui trop prématurément aigri pour elle. Tout semblait présager l'échec cuisant d'une liaison charnelle entre eux. Cela au moins autant que leur romance avait de bons augures, lorsque l'on détournait le regard des évidences et des généralités. Plus que tout, Aïlin désirait le bien être de la jeune femme, et cela plus que ses propres peurs le poussaient à l'ambivalence. Du moins voyait-il la chose ainsi jusqu'alors, mais Lynn, par ses mots, ébranlait ses certitudes, froissant par la même occasion son orgueil lorsqu'elle mentionna indirectement Clarisse.

Instantanément, les sourcils sombres de Bower se froncèrent et son regard s'anima d'une haine froide, durcissant chacun des traits de son visage. En cet instant plus encore que tout autre, le jeune homme fut le reflet de l'homme autoritaire et implacable duquel il descendait. À la nuance près que le bleu de ses yeux frappait plus encore que le gris des yeux de leur géniteur, ainsi frappé par les armes de la rancœur. Un rictus barrant ses lèvres, il prononça un mot pour s'opposer à sa sœur, mais elle ne lui laissa pas le temps de continuer. Emportée dans son élan et confiante, elle insista, tandis que son frère, lui, ressassait les souvenirs que l'enchanteresse avait réveillé par leur seule évocation.

« Tu te fais une fausse idée de ce qu'il s'est passé avec Mcbrien. » déclara-t-il sèchement, ses doigts tenant trop fermement ses couverts tandis qu'il parlait. « Je ne lui ai jamais demandé d'emménager, elle l'a fait par la force des choses, et elle n'avait de toute façon pas d'autre choix. Je n'en ai pas eu d'autres non plus, à moins de la rejeter en sachant pertinemment qu'elle n'aurait aucune famille pour la recueillir. »

Sa voix s'était légèrement élevée, mais surtout durcie. Le souvenir encore vivace de sa dernière confrontation avec son ex-compagne enflammait davantage encore les aigreurs de son tempérament que les propos de Lynn.
« Mais tu as raison cependant. Rendre service à une femme est un acte qui ne m'a jamais réussi. L'une m'a trahi et l'autre a épousé mon propre frère. »

L'appétit soudain coupé, Aïlin rejeta sèchement couteau et fourchette dans son assiette et s'enfonça dans le dossier de sa chaise en contenant un soupir rogue.

« Quand je t'entends, j'ai l'impression d'être au mieux un imbécile incapable d'apprendre de ses erreurs, au pire un être sournois qui ne pense qu'à son petit plaisir en enfermant ses conquêtes à l'intérieur du sinistre manoir familial. Tu projètes tes propres peurs sur mes actes, Lynn. Les choses ne se sont pas passées comme tu le sous-entends et elles ne se passeront pas comme ça avec Ambrine. Je ne parlais pas de la mettre en cage, mais pour avoir survécu à la présence quasi quotidienne de Mégane ici, je peux affirmer sans crainte de me fourvoyer que le manoir est bien assez grand pour une cohabitation, sans pour autant former un ménage, ou je ne sais quelle figure de couple. »
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