To meet up again... looking for ourselves (pv Lynn)

Le nouveau millénaire, le nouveau siècle, la nouvelle décennie, la nouvelle année et le nouveau mois ne pouvaient pas mieux commencer, aux yeux de Alan ! Très loin des théories catastrophistes du monde moldu - vous savez, celles du genre fin du monde, catastrophes naturelles par milliers et suicides collectifs stupides à la chaîne - pour lui c'était comme le début d'un conte de fée des temps de sa jeunesse. Pour résumer son humeur étonnante et détonante pour ses amis et ses camarades, n'employons que quelques mots soigneusement choisis : il pétait la forme ! Rarement de mauvaise humeur, toujours le sourire sincère et éclatant aux lèvres, plaisantin de plus en plus souvent, hyper dynamique - bon pas dans le travail scolaire, on ne le changera pas là dessus notre "petit" Alan préféré - il surprenait bien de ses camarades de section ou de l'UMA. Un peu plus patient vis à vis des remarques de certains enseignants un peu mesquins, il n'explosait que très rarement, et parvenait presque à contrôler sereinement ses pics de colère passagers quand l'humeur était à l'orage. Il se surprenait lui-même, c'est dire ! Alors qu'il pensait passer les plus horribles vacances de sa modeste vie en rentrant dans le foyer maternel, l'étudiant en avait étrangement prit du plaisir - certes un plaisir parfois malsain à clouer le bec à ses oncles et tantes moldus conservateurs et anti-magie au possible, comme pour eux la pratique et la théorie de l'existence de la magie était similaire au charlatanisme et aux foutaises les plus idiotes , ou à poursuivre les cousins quand ils cherchaient des crosses à sa cadette en assurant sa position hiérarchique de dominant dans le cousinage, celle du "grand patron à ne pas faire chier sous aucun prétexte qu'il puisse exister" - à vivre ces fêtes auprès de sa mère et de sa petite sœur Honor, parvenant presque à supporter le "play boy" du moment de sa mère et les autres membres de la famille cités ci-dessus. Pourquoi un tel miracle ? Une force supérieure aurait prit pitié du chaotique foyer à son retour ? Il se serait enfin un peu discipliné ? Perdu ! Simplement échanger du courrier avec ses amis les plus proches avait suffit à lui assurer cette humeur rayonnante, en particulier avec Tomas, Lavande... et surtout Lynn. Lynn. La jeune fille avec laquelle il entretenait une vive correspondance depuis bientôt deux mois après une rencontre percutante en Novembre 1999. Une très jolie demoiselle en dernière année à Poudlard, chez les sang et or, avec des cheveux d'un noir de corbeau et des yeux d'un éclat argenté des plus clairs et saisissants... stop ! Que lui arrivait-il en ce moment ? Il n'avait jamais été intéressé par une fille auparavant, du moins pas au delà du plan amical, après un désastre ambulant ces dernières années et une déception des plus sournoises. Alors non, cela ne pouvait être... du moins pas pour lui. Mauvaise foi quand tu nous tiens... La raison de sa bonne humeur, il l'ignorait autant que les autres, mais ne cherchait plus à comprendre le pourquoi du comment, car la logique lui échappait totalement ces derniers temps en ce domaine relationnel...

Naturellement, ils avaient continué de correspondre un bon moment, pendant un long moment totalement incognito, avant que par un surprenant hasard sa meilleure amie Lavande eut vent de toute l'affaire - Lynn était une des plus anciennes amies de Lavande; comme il l'avait apprit avec stupeur lors de sa rencontre avec Lynn - et lui passa le savon et l'interrogatoire du siècle pour démêler tous les nœuds émotionnels de la situation, du moins du point de vue de la jeune ex sang et or. Selon Alan, elle allait un peu trop vite sur les conclusions et extrapolait sur de si menus détails des plus équivoques et ambiguës qu'il puisse exister au monde. Certes, Lynn ne le laissait pas indifférent - mais devant une si jolie et sympathique demoiselle, qui le serait ? - mais il ne se prononcerait pas sur le fait qu'il soit potentiellement possible qu'il ait des sentiments plus qu'amicaux vers elle... bref, si nous étions un peu honnêtes dans cette histoire, le jeune homme faisait le déni du siècle, mais innocent puisque ignorant des propres signaux de son inconscient, quoique... ignorance volontaire ou pas ? On ne pouvait jamais le savoir avec Al'... bien qu'une personne ayant le guide pour décrypter les codes du jeune homme comme Lavande pouvait émettre de sérieux postulats cherchant à valider cette présente théorie...

"Damn it, Lav' ! She is just a friend, ok ? A close friend, I must admit, but I am certainly not in..."

Depuis la rentrée, Lavande - en dehors d'avoir voulu le gifler pour la goujaterie du cadeau-gag en l'entité de la boite de maquillage de poche qu'il lui avait offert pour Noël en complément du vrai cadeau - le harcelait sur cette question, et limite des fois il avait l'impression d'être espionné à ses moindres faits et gestes. Plus que jamais, sa meilleure amie, quand elle n'était pas avec Kael, ne le quittait pas et le harcelait de questions dérangeantes sur le sujet. Des questions qui avaient le don non de l'éclairer sur la question, mais d'embrouiller encore plus les fils du "problème" logique, et le troublaient profondément. Il se souvenait, le jour-même de son retour à l'UMA, d'avoir eu une cascade de questions rien qu'à la vue de l'amulette qui désormais ne quittait que très rarement son cou - sinon pour des aspects pratiques comme la douche ou pour aller dormir - que lui avait offert Lynn pour Noël, fabriquée par les propres mains de cette dernière. D'aspect circulaire, ou ovale, en bois d'orme ~~pour paraphraser la superbe description et le beau schéma que m'en a fait la joueuse de la demoiselle~~ avec une topaze au centre, deux onyx en losange sur la gauche et la droite de la pierre précieuse, deux obsidiennes en losange sur le haut et le bas du topaze central, avec des pierres noires et jaunes rappelant sa fierté concernant son ancienne appartenance à la maison de Poudlard des disciples de Helga Poufsouffle, et deux enchevêtrements magiques de runes qu'il ne savait pas déchiffrer mais dont Lynn lui avait expliqué la signification dans sa lettre. L'amulette avait été nouée par ses soins à lui à une solide chaise en tissu enchanté, et il y tenait dur comme fer. Naturellement, beaucoup de personnes s'étaient interrogées sur sa provenance - Alan n'était pas du genre à aimer bracelets, colliers et autres ornements même masculins - et posé bien des questions gênantes qu'il avait repoussé habilement du dos virtuel de la main. Damn it, avec tout cela, lui-même se posait franchement des questions qui ne faisaient autre chose que l'embrouiller davantage et lui coller un satané mal de crâne. Pourtant, il ne pouvait quand même pas être...

Il avait bien reçu la lettre de Lynn le soir de la rentrée - alors qu'il était avec Tomas et Lavande, d'où les complications postérieures évoquées précédemment - et l'avait lue avec attention et une expectative à laquelle il ne se serait pas attendu d'une telle intensité dès que ses amis eurent pris congé de lui, un sourire aux lèvres, et de contempler avec une étrange perplexité pas comme les autres le croquis qu'elle lui avait envoyé en pièce jointe sans le mentionner dans sa lettre. Quatre mains autour d'une sphère... évidemment, il savait à quoi cela faisait référence - lors de leur brève entrevue sur le quai 9 3/4 du Poudlard Express tout début Janvier juste avant qu'ils ne doivent se quitter, quand Lynn lui avait remit la sphère enchantée chauffante qu'il lui avait prêtée pour lutter contre le froid de canard de la saison - et du trouble visiblement réciproque qu'ils avaient ressenti du moment. En ce qui concernait Lynn, il n'était sûr de rien - ses sens affinés le lui avaient juste fait pressentir et il était trop troublé lui-même du frôlement pour s'en préoccuper davantage - mais lui en tout cas cela l'avait marqué. Et ce dessin lui faisait porter à croire - par de simples déductions - que cela était potentiellement possible que Lynn en ait été affectée d'une certaine manière. Maintenant la question était... pourquoi pour eux deux ? Pourquoi ? Et hélas la nuit n'était pas toujours si bonne conseillère sur ces questions, et sa meilleure amie pas du tout objective sur ce point - Lav' semblait tenir à jouer les entremetteuses et était prête à tout pour glaner des infos à son insu - et du coup impossible d'en concerter avec Tomas. Pour le reste... s'il pouvait éviter d'ajouter des ragots sur son compte, il serait content, sinon il finirait écrasé sous la masse si les racontars avaient un poids Il avait jamais demandé à être populaire chez les filles de l'UMA, lui... bonjour la discrétion, il serait prêt à échanger sa place avec n'importe qui, c'était si lourdingue à la longue ! Et Adler lui avait apprit à se méfier sur ces questions là depuis... ce qui était arrivé il y a deux mois. Il avait naturellement répondu à Lynn, lui renvoyant un croquis de sa sauce - au thème soigneusement choisi pour éviter qu'un oeil espion n'y fasse de fabuleuses théories à n'en plus finir - représentant le bâtiment principal de l'UMA sous la neige, avec Kael et Lavande assis sur un banc en train de bien profiter d'un moment à eux, et pour faire plaisir à Lynn, il s'était discrètement représenté en arrière fond en train de discuter avec animation avec son très cher ami allemand et frère des quatre cent coups Tomas Herz. Mais de toutes petites figures derrière le plan principal de la zone du couple Lav'/Kael. Heureusement, la concernée n'avait pas connaissance de ce croquis soigné, et oubliait des fois le sens de l'observation acéré et la mémoire photographique et auditive assez conséquente de son meilleur ami

Tout cela pour dire que Lynn, lors d'une précédente lettre, l'avait informé d'une sortie à Pré Au Lard et demandé s'il était partant pour qu'ils puissent en profiter pour se revoir et discuter un brin amicalement, ainsi passer un bon moment entre leurs études respectives d'aspirant médicomage de deuxième année et de griffondor de dernière année. Enchanté par la nouvelle, il lui avait immédiatement répondu à l'affirmative au début de la semaine, et avait attendu la fin de semaine avec impatience. Alan avait toujours de bons souvenirs de ses entrevues avec Lynn, il trouvait la jeune femme passionnante, captivante et bien digne de son intérêt et de son amitié, du moins de son point de vue limité sur la connaissance de ses propres sentiments, nous en conviendrons, amis lecteurs, que le terme "amitié" était bien moindre vis à vis de la réalité des faits encore prisonnière des méandres de l'inconscience des deux jeunes gens concernés. Mais n'avançons pas trop vite, profitons du cours paisible du fleuve vivant et implacable des eaux et courants du Temps, voulez-vous ? Il n'est guère bon de sauter les étapes... et Alan, le jour J venu, s'était vêtu un peu mieux que d'ordinaire - bien que toujours en mode "classe-décontracte", avec un pantalon en coton chaud de couleur beige et multi poches, un tee-shirt à manches longues d'un blanc légèrement cassé et un col pas fermé totalement, avec par dessus un pull sans manches d'un gris fonçé à boutons avec deux poches latérales en hauteur et deux autres en bas, et par dessus tout cela une chaude cape-manteau de sorcier noire, enchantée pour tenir chaud sans être de triple épaisseur, simple et sans prétentions, discrétion oblige, et pour finir des kickers en cuir modeste noires - car le noir pouvait aller avec toutes les couleurs, donc pratique, et pour finir une écharpe en grosses mailles de laine beige, longue mais chaude. Vidant sa besace jusqu'au minimum syndical - c'est à dire sa pochette à dessins, son bloc notes, un stylo, sa sacoche de réserve de potions en tout genre, ses papiers d'identité, son porte-feuille et ces choses là - il essaya de se recoiffer aussi laborieusement que possible en raison de sa chevelure sauvage et ébouriffée par nature - bon il fallait se préoccuper un tantinet de son apparence, que ce soit les sorties entre copains de l'UMA ou entre amis, par dignité, oui monsieur - et prit congé en laissant un mot sur son bureau si jamais ses amis le cherchaient pour y ou x raisons :

Suis sorti dehors, pas à l'UMA. Si besoin, joignable via Cal', sinon attendre mon retour en toute fin d’après-midi. Je dînerais avec vous, Tomas et Lav', si vous êtes dispos. Bonne journée à vous deux et à ce soir. Alan

Monsieur s'était donc levé d'assez bonne heure pour un week-end - neuf heure et demi, c'est dire pour un paresseux et pas matinal comme lui - et avait transplané une fois ces préparatifs achevés directement à Pré Au Lard, priant pour ne croiser personne de sa connaissance en dehors de Lynn. Du genre que Lav n'ait pas prévu une sortie au même endroit avec son homme, que Tomas n'y soit pas revenu faire un shooting ou discuter avec la belle Iz' ou que sa frangine ne le croise par malheur en ce jour précis, la petite ne loupait aucune sortie de l'école avec ses copines. Bon normalement, il n'y avait pas eu de fuites, donc il ne devrait pas trop craindre de répercussions. Pourquoi était-il aussi nerveux et paranoïaque tout d'un coup ? Il n'avait aucune raison à l'être, Lynn était certes une proche amie mais... il secoua la tête pour chasser les questions problématiques. C'était une bonne journée en prévision, autant ne pas la gâcher en questions sans réponses. Le jeune homme alla directement au lieu de rendez-vous convenu - un petit café discret, pas le salon de thé Pieddodu d'avec Lav' et Toto - pour se poser en face de l'entrée du petit café, sur un des nombreux bancs du petit village écossais, affrontant de son armure vestimentaire les frimas du moi frigorifique qu'ils traversaient alors. Il consulta sa montre à gousset d'un coup d'oeil discret, avant de la ranger et de se mettre à observer les passants d'un oeil critique et acéré, tout à son jeu ludique de devinettes sur le compte des personnes juste avec quelques observations histoire de tuer le temps avant la venue de celle qu'il attendait en ce rude mois de Janvier.

(HJ Long, mais mise en contexte, j'espère que cela te convient. Prends ton temps toutefois pour répondre, je ne suis pas pressé Wink

HJ)

Les sorties à Pré-au-Lard étaient toujours un évènement à Poudlard. Même quand on était en septième année, qu'on avait fait des milliers de fois le tour du village et qu'on connaissait chaque boutique par cœur, c'était toujours un plaisir de s'échapper du château pour quelques heures. Cette fois-ci ne faisait donc pas exception, même si les raisons de l'enthousiasme de Lynn n'avaient pas grand-chose à voir avec la sortie en elle-même.
Non, elle était surtout contente parce qu'elle allait revoir Alan.
Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'ils s'étaient revus lors d'une trop brève discussion sur le quai de la voie 9 ¾ et ils avaient continué, avec un plaisir toujours renouvelé, à correspondre par lettre.
C'était donc tout naturellement que lorsqu'une nouvelle sortie à Pré-au-Lard, la première de l'année, avait été annoncée, Lynn s'était empressée de proposer à Alan de se retrouver là-bas. Il lui avait répondu très vite qu'il en serait ravi et Lynn avait attendu le week-end avec impatience toute la semaine.
Quand le jour J était arrivé et qu'il avait encore fallu attendre le début d'après-midi, l'attente avait paru interminable.
Bien sûr, Lynn s'était occupée, elle avait terminé ses devoirs, notamment son ASPIC blanc de Sortilèges, mais elle regretta plusieurs fois de ne pas avoir proposé à Alan de se retrouver dès le matin. Néanmoins, une journée entière semblait un peu longue pour un garçon qu'elle n'avait vu que 2 fois. Même s'ils s'écrivaient depuis plus de deux mois maintenant, il restait une part de mystère chez ce jeune homme que Lynn ne parvenait pas à discerner. C'était amusant quand on pensait à sa propre histoire. Sûrement y avait-il des choses qu'il valait mieux ne pas révéler. Après tout, Lavande lui avait avoué que la dernière histoire d'Alan s'était mal terminée et elle comprenait ses réserves. Elle-même n'ayant jamais réellement eu d'histoire, ils étaient tous les deux emprunt d'une douce timidité qui finalement les rassurait. Car oui, Lynn se sentait en sécurité auprès d'Alan. Et c'était un sentiment toujours incertain quand elle se trouvait en la compagnie d'un homme. Mieux valait s'en réjouir donc et ne pas trop penser aux sous-entendus de Lavande sur leur relation. Lavande pensait que Lynn était parfaite pour Alan et vice versa. Lynn n'en était pas certaine. Elle doutait que quiconque mérite d'avoir à supporter son passé et partager ses secrets. Tout ce qu'elle voulait c'était passer un bon moment en bonne compagnie !
Rien de plus…
Enfin… *advienne que pourra!*
Lynn s'était finalement préparée avec soin. Un jean noir confortable mais bien cintré, un tee-shirt à manche longue turquoise et un pull à grosses mailles pour ne pas avoir froid. Puis après avoir enfilé sa cape d'hiver et l'ensemble écharpe/gants/bonnet de Gryffondor, elle avait prit joyeusement le chemin de Pré-Au-Lard, se faisant violence pour ne pas courir tout le long.
Quand elle arriva, à l'heure dite, les joues rougies par le froid, Alan était déjà là, assis à l'attendre. S'il avait fait froid lors de leur discussion sur le quai de King Cross, ce n'était rien à côté du froid de ce samedi pourtant ensoleillé ! Par chance, les ruelles étaient en conséquence pas mal désertées.
Le pauvre ! Il avait du arriver un peu en avance, il devait être frigorifié !

Dès qu'elle croisa son regard, à encore quelques dizaines de mètres, elle lui fit un geste de la main et se dépecha de le rejoindre :

- Bonjour Alan !Dit-elle avec enthousiasme en l'embrassant très naturellement sur les joues, sans aucune gêne cette fois. J'espère que je ne t'ai pas fait trop attendre ! Tu es là depuis longtemps ?

Elle lui sourit et sans plus attendre lui proposa de rentrer chez Mme Rosmerta pour se réchauffer.

A l'intérieur, elle salua les quelques élèves qu'elle reconnu ainsi que la patronne qui vint prendre leur commande. Lynn demanda un chocolat chaud et laissa Alan choisir avant de demander:

- Alors, comment vas-tu ?

Brr il caillait dehors décidément, la saison n'allait pas en s'arrangeant, très loin de là ! Et encore, avoir son Animae en loup l'aidait grandement à ne pas être congelé sur place, à ne pas se transformer en glaçon humain vivant ! Quoique... on disait que le froid était mortel, mais qu'il conservait merveilleusement bien les propriétés du corps qui demeurait alors dans un état de conservation des plus remarquables, comparable à la mise en bière médiévale ou encore au corps placés dans des tonneaux de miel... sans plaisanter, y avait des recherches moldues sérieuses sur ces thématiques là... et le jeune homme ne tenait pas vraiment à devenir un sujet d'expérience potentiel, non, il voulait jouer le rôle du chercheur fou en biologie lui bref tout cela pour dire qu'il faisait quand même froid et qu'il n'aurait jamais du venir en avance en arrière pensée ! D'ailleurs... Alan arriver en avance ? C'est possible cela ? Bah oui, on dirait bien quand il va voir ses proches... ou ses amis les plus proches... ou encore avec Lynn. Puis vu le froid hivernal bien mordant, il se serait mal vu de la faire attendre dans les frimas, cela aurait été de la lus haute indélicatesse de sa part.

Zut, il y avait décidément fort peu de sujets dignes d'observation intéressants pour tuer le temps en ce jour ! Beaucoup de familles, certes, mais les personnes étaient tellement emmitouflées dans leurs fringues d'hiver que les capacités d'analyse pourtant pointues du jeune homme s'en trouvaient grandement affectées. Tout comme il trouvait le temps fort long, assez impatient de revoir la jeune sang et or pour une raison qu'il comprenait encore assez mal, mais il n'en avait cure sur le moment. Déjà il pouvait s'estimer heureux d'avoir pu filer à l'anglaise la compagnie de Tomas Herz et Lavande Brown, ses deux meilleurs amis qui n'auraient très certainement refusé de le laisser aller seul au rendez vous, du moins pas sans l'espionner ! Méfiant, l'étudiant laissa promener sur ce qui l'entourait son oeil noir alors légèrement strié de bleu foncé en raison de la luminosité, sans rien remarquer des possibles "amicaux espions" de l'UMA. Bah, les étudiants devaient avoir trop froid pour daigner quitter la douceur du foyer ou de leurs apparts en ville ils ne savaient pas ce qu'ils manquaient, entre la magnificence de la neige et l'occasion rêvée pour prendre un bon chocolat chaud, café, thé ou une bonne bièraubeurre qui se respecte. Rien que l'idée d'une boisson chaude en une compagnie des plus agréables à ses yeux le faisait rêver sur place c'était mieux que s'enfermer dans sa chambre, beaucoup mieux.... ses yeux noirs accrochèrent enfin la silhouette de Lynn qui approchait, ravissante - il aurait été un goujat de ne pas le constater - et le saluait d'un geste de la main avant d'être en approche rapide vers lui, alors qu'il se relevait lentement du banc, tout en chassant la neige sur ses vêtements, un immense sourire ravi aux lèvres :

- "Salut Lynn ! Comment vas-tu la miss ? La forme ? Pas trop submergée en ce moment ?"

L'enthousiasme de la jeune demoiselle était des plus chaleureux et agréables pour lui - et c'était assez réciproque d'ailleurs soit dit en passant - et il se laissa faire avec bien plus d'aise que leurs dernières retrouvailles - car oui ses neurones commençaient enfin à comprendre le début de ce qu'il se passait en ce moment en lui - tout en rendant la politesse de manière vraiment naturelle cette fois, de plus en plus serein à chaque fois qu'ils se voyaient. Il la rassura d'une voix chaleureuse et enjouée :

- "Don't worry, it's okay ! Non ça va, cela ne doit faire que quelques minutes, pas plus ! Mais je préfère arriver avec un peu d'avance histoire qu'après on n'aie pas trop de mal à se retrouver, bien que j'avoue c'est plus facile de se repérer ici qu'à Londres !"

Il accepta la proposition avec joie, ouvrant la porte à la demoiselle par galanterie naturelle tout en admirant ce lieu qu'il avait tant fréquenté dans le passé avec ses anciens meilleurs amis - ou plus récemment en compagnie de Tomas un peu bourré ou de copains de l'UMA à l'occasion - n'ayant pas l'impression de voir des têtes connues - mais il s'en fichait un peu au final, il voulait juste profiter de l'aprem avec Lynn, rien de plus. Il salua poliment les élèves que Lynn semblait connaître, restant assez distant bien que cordial avant de saluer avec chaleur la patronne. Après tout, elle le connaissait depuis sa troisième année de Poudlard, c'est dire, il était presque un habitué à la longue ! Il écouta Lynn prendre commande, avant d'ordonner de son côté comme boisson avec un sourire poli à la responsable de l'établissement :

- "A l'exemple de Lynn, restons sobre ! Je vais vous prendre du thé, vous avez du Ceylan ? Parfait, je vais vous prendre cela, avec un nuage de lait ! Merci madame Rosemerta !"

Puis il tourna son attention vers Lynn, l'auscultant amicalement avec attention, avant de commenter avec une bonne humeur visible dans son attitude et sa voix :

- "Patriote des sangs et or jusqu'au bout des ongles pas vrai ? Si j'avais su, j'aurais ramené mon attirail des noirs et jaunes, cela aurait été marrant ! Tiens, je suis sûr qu'avec une potion de rajeunissement savamment dosée, je pourrais me faire passer pour un dernière année, je n'ai pas pris beaucoup de centimètres depuis ma dernière année... ce serait marrant un jour !"

Puis Lynn lui demanda comment il allait, et l'étudiant tout à fait à l'aise en apparence - encore un peu troublé de sa discussion avec Lavande et son comportement en ce moment - lui répondit avec un entrain toujours à bloc :

- "La grande forme ! Question boulot c'est assez calme, la rentrée donc, et j'avance assez bien sur des recherches personnelles en potions, donc c'est génial ! Avec Lav' et Tomas tout baigne en ce moment, et je suis enchanté de te revoir, donc imagine bien ma bonne humeur ! Et toi la miss ? Quoi de neuf sous la neige de ton côté ?"

Quel plaisir de revoir Alan ! Elle avait l'impression que cela faisait des mois qu'elle attendait cela et c'en était presque perturbant. Contrairement à ce qu'elle avait craint, la gêne semblait s'être envolée depuis leur dernière rencontre et c'est avec un naturel joyeux qu'elle le salua et s'assura qu'il ne l'avait pas attendu trop longtemps. Puis ils rentrèrent rapidement dans le pub pour se réchauffer.

Ils passèrent commande et tandis qu'elle retirait sa cape et ses accessoires contre le froid, Alan s'amusa de voir qu'elle portait les couleurs de Gryffondor.
Elle acquiesça en riant:

- C'est vrai, je n'avais pas fait attention, les habitudes ont la vie dure ! Mais il paraît que le rouge me va bien ! Ho je suis sûre que même sans potion de rajeunissement, avec le bon attirail tu passerais sans problème pour un élève de Poudlard, après tout, ça ne fait pas si longtemps que tu en es sorti !

Lynn se demanda s'ils seraient devenus amis s'ils s'étaient rencontrés à l'époque de Poudlard. C'était toujours épatant d'imaginer qu'on côtoyait tant de personnes et qu'un jour, on rencontrait quelqu'un qui avait parfois suivi les mêmes cours que nous et dont on ignorait jusque là l'existence. C'était d'ailleurs le cas. Statiquement, elle avait forcément déjà croisé Alan dans les couloirs ou dans la grande salle de Poudlard pendant les années où il avait fréquenté l'école. Il avait sûrement eu des échos sur les Bowers, même s'il n'avait peut-être pas fait le rapprochement. Peut-être avaient-ils participé aux mêmes bals, aux mêmes matches de Quidditch. Cela faisait tourner la tête rien que d'y penser.

Elle lui demanda comment il allait et fut ravie de savoir qu'il s'en sortait, même si cela ne faisait aucun doute.

- Tu fais des recherches personnelles en potion ? Ça porte sur quoi ? Ça doit te demander beaucoup de temps !

Elle sourit encore quand il ajouta qu'il était enchanté de la revoir et que cela ne pouvait que le rendre de bonne humeur. De toute façon, elle avait l'impression de ne jamais arrêter de sourire quand elle discutait avec lui.

- Moi aussi, je suis contente de te revoir ! J'ai attendu ça toute la semaine. Ça m'a aidé à supporter les Aspics blancs qui ont rythmé les cours ces derniers temps. On devrait avoir les résultats bientôt. C'est un bon entraînement, mais c'est épuisant !

Elle remit machinalement une mèche de cheveux derrière son oreille tandis que Mme Rosmerta arrivait avec leurs boissons.

- Voilà pour vous les jeunes, ça fera 8 mornilles et 15 noises. Dit-elle en déposant les deux tasses et l’édition.

Lynn tendit la main pour prendre la note mais Alan en avait fait de même et leurs mains se frôlèrent.
Surprise, elle releva les yeux pour croiser le regard sombre de l'étudiant. Elle se rappela soudain du dessin de leurs mains que ses amies avaient joint à son premier courrier de l'année et se sentit rougir légèrement.

Il rit gentiment à ces remarques, avant que ses yeux noirs ne prennent une lueur songeuse. Tiens, ce serait une bonne idée n'empêche... le seul hic après serait d'en ressortir, puisque transplanage interdit, portoloins n'en parlons pas, gargouilles à l’affût, et cheminées très étroitement surveillées. Limite, s'il n'avait pas su que le passage sous le saule était désormais bloqué par sécurité, il s'y serait aventuré volontiers avec le père Tomas si ce dernier avait eu assez de tripes pour le suivre dans cette folle aventure possible. Puis le jeune homme souleva, toujours un léger rire dans sa voix :

- "Je crains que les anciens profs puissent me démasquer, je leur en ai tellement fait voir en l'espace de sept ans que certains commencent à être rodés à certains de mes tours. Puis... il y a des choses que je ne pourrais totalement masquer, même si l'un d'entre eux était frappé de débilité soudaine et profonde. Mais merci quand même de me rassurer que je n'ai pas trop vieilli en bientôt deux ans ! Oh, je ne disais pas cela comme une critique tu sais, je... l'avais remarqué. Mais... cela te va très bien, franchement. J'suis p'têtre pas un expert dans la matière, mais je trouve que cela te va bien !"

Il s'était retenu à la dernière minute le commentaire que tout lui irait bien de toute manière, ce ne serait pas très délicat de sa part de le faire remarquer. Quelque chose clochait chez lui, en tout cas, c'était certain maintenant. Et ce quelque chose ne s'enclenchait jamais vis à vis des autres filles, seulement en compagnie de Lynn. Aussi invraisemblable et incroyable que cela puisse être, il ne pouvait pas le nier... heureusement Lynn embraya sur un sujet plus assuré, et il s'y lança à corps perdu histoire de faire passer cette gêne :

- "Oui, quelques menus projets ! Des recherches pour être plus précis, des expériences sur la mémoire et la résistance du cerveau ! Cela... m'est venu tout d'un coup en fin d'année dernière. En ce moment j'axe pas mal mes travaux sur une potion qui permettrait, même après avoir subi un sortilège d'oubliettes, de reconstruire la mémoire occultée, si l'on part du principe que l'inconscient - tu sais, ce machin qui influence tes rêves avec ce que tu as vécu, et des fois te fais souvenir de choses que tu avais totalement oublié - en garde toujours une trace qui serait alors exploitable. Si l'on parvenait à la stimuler et à la recréer dans la mémoire vive d'un individu, je suis persuadé qu'il pourrait retrouver ce souvenir presque intact. Lavande en plaisantant m'a demandé de l'appeler la potion de régénération mémorielle si jamais j'y parvenais... d'ici quelques années je pense. J'en suis qu'au tout début, et je n'avance pas très vite. Y a une autre potion que je projette, mais... elle est moins pressée. Et plus complexe aussi. Puis je ne veux pas te barber avec cela non plus, quand on me lance sur les potions, on ne m'arrête plus !"

Elle était décidément une jolie fille, cette pensée se confirmait au fur et à mesure des fois où ils se rencontraient. Il ne pouvait encore mettre un doigt dessus, mais elle lui était importante, Lynn, d'une manière ou d'une autre. Il était comme un voyageur errant à l'aveuglette dans les ténèbres des sentiments naissants qui suivrait une lumière au loin dont il ne connait pas encore la nature exacte. Il répondit ensuite vis à vis des cours :

- "Same here, bien que ce fut plus calme ! Lav' et Tomas ne me lâchaient pas toutefois, encore moins quand ils ont vu ton amulette, et n'arrêtent pas de me poser des questions, tu avais raison dans tes lettres XD ! Mais j'ai réussi à leur échapper aujourd'hui... Lav' est avec Kael je ne sais où, quand au père Tomas... j'sais pas trop, mais il m'avait l'air bien rêveur ces derniers temps... ah au fait, les filles de la dernière fois dans le Poudlard Express, elles t'ont pas... enfin... tu vois ce que je veux dire. Les rumeurs courent plus vite qu'on ne le pense, tu sais !"

- "Voilà pour vous les jeunes, ça fera 8 mornilles et 15 noises"

Il aurait voulu clarifier sa pensée qu'ils étaient servis. Souriant légèrement, il s'apprêtait, en bon jeune homme galant, prendre l'addition et payer pour eux deux, mais le destin n'en voulut pas ainsi. Non, il trouva plus drôle, ce bougre, de faire en sorte que tous deux veuillent s'emparer de l'addition et que leurs mains se frôlent de nouveau. oh... not good ! Comme la dernière fois, cette même sensation grandissante qu'il avait l'impression de sentir le dévorer petit à petit de l'intérieur... incompréhensible... il vira au pivoine plus nettement que la dernière fois, ses yeux noirs aux nuances de bleu plongés dans ceux gris de Lynn. Pourquoi il restait figé ? Hell !!! Son corps ne répondait plus ! Il avait l'impression de se noyer dans cet océan de gris pur et clair... remonter... remonter à la réalité... il n'arrivait pas à reculer sa main... ressaisis toi ! Gêné pour une raison encore obscure, il recula sa main avec précipitation, lâchant à toute vitesse sous l'émotion :

- "Oups... sorry. Heu... c'était pas voulu... et... damn it... désolé, bref. Heu... oui elle ne s'est pas trompée, ça c'est mon thé... tiens, voilà ton chocolat chaud. Fais gaffe... doit être pas mal chaud j'pense. Comme ici... fait vachement meilleur comparé à dehors, tu ne trouves pas ?"

Il fallait se ressaisir ! S'inclinant légèrement vers l'avant, il posa délicatement la boisson devant la demoiselle avant de fixer son propre thé, tout aussi troublé que l'onde de la boisson. Hell. Not good. Qu'est ce qu'il se passait avec lui décidément ? Punaise, c'est Lynn quand même ! C'est une proche amie, il n'avait pas envie de la perdre à cause de la maladresse !

Lynn trouvait que deux ans de différence n'était rien. Elle aurait facilement pu croire qu'Alan avait son âge mais, comme elle, c'était probablement son vécu qui l'avait fait vieillir un peu plus vite. Elle se retrouvait en cela. Ils étaient tout deux plus vieux que ne le laissait voir leur visage. Seuls leurs yeux trahissaient de temps à autre tout ce qu'ils avaient traversé.
Parfois, Lynn avait l'impression d'avoir 100 ans tant elle avait surmonté d'épreuves. Et cela ne semblait pas terminé, au vu de ce qu'elle avait découvert pendant les vacances.

Elle remercia Alan pour son compliment et ajouta, malicieuse:

- Je suis sûre que le bronze et noir te va également à ravir ! Tu penses que tu rentres encore dans ton ancien uniforme ? Il faudra que je voie ça !

L'explication d'Alan sur ses projets de potion piqua la curiosité de Lynn. Restaurer la mémoire, voilà exactement ce dont elle avait besoin. Pour l'instant ses séances avec le psychomage n'avaient pas encore donné grand-chose si ce n'est la confirmation que ses souvenirs avaient été manipulés. Mais au dire d'Alan il faudrait des années avant que cela ne fonctionne. Elle espérait sincèrement avoir eu des réponses avant ce délai. Elle lui en aurait bien demandé plus, également sur l'autre potion, mais il ne semblait pas vouloir s'étendre sur le sujet et elle acquiesça:

- Menus projets ! Tu plaisantes ! C'est très ambitieux ! J'espère que tu y parviendras ! En tout cas, tu es dans la branche idéale pour ça ! Non, non ça ne m'ennuie pas, je trouve ça très intéressant !

Et pas seulement parce qu'elle se sentait concerné, mais d'une manière générale, tout ce que disait Alan l'intéressait.

Elle grimaça quand il évoqua l'amulette et haussa les épaules avec un sourire désolé. En réalité, elle n'était pas si désolée que cela, elle était ravie qu'il continue de porter son amulette.

- J'étais sûre qu'il te poserait problème ! Tu sais, tu n'es pas obligé de le porter tout le temps ! Ho non ne t'inquiète pas, elles m'ont gentiment taquiné et donné mille et un conseils sur ce que je devais faire à notre prochaine rencontre… certaines que je n'oserais même pas répété, mais elles ont de bonnes intentions. Enfin je crois… ne t'inquiète pas pour les rumeurs, j'ai l'habitude, je gère plutôt bien !

Elle avait eu à supporter plus de rumeurs sur son compte que la majorité des gens de son année. Etre une Bower avait été difficile, d'autant que certaines rumeurs s'étaient trouvé être vraies. Et pas des plus plaisantes... heureusement que cette époque était derrière elle.
Madame Rosmerta les interrompit en leur apportant leurs breuvages et l'addition qu'elle déposa sur la table avant de s'en aller.

Alan et Lynn eurent la même idée au même instant et leurs mains se frôlèrent sur la table.
Le contact dura un peu plus longtemps qu'il n'aurait dû, chacun un peu surpris par ce mouvement inattendu. Lynn tressaillit et rougit quand Alan retira brusquement sa main et elle fit de même. Après tout, ils n'étaient pas obligés de payer tout de suite.

Alan s'excusa en même temps qu'elle bafouillait légèrement:

- Ho… non, c'est moi… désolée…

Alan semblait aussi troublé qu'elle et il essaya de se redonner une contenance en bredouillant quelques mots impromptus sur la chaleur.

Elle acquiesça très sérieusement quand il déclara qu'il faisait bien meilleur à l'intérieur puis elle croisa son regard et se mit à rire. Quels idiots ils faisaient tous les deux.

- Excuse-moi, mais…

Elle pensa à Lavande qui lui répétait que parfois il fallait oser dire ce qu'on pensait quand il s'agissait des garçons et elle se lança:

- Tu es mignon quand tu rougis. Avoua-t-elle en souriant, ses propres joues rosies par son audace.

Elle avait du mal à croire qu'elle avait osé dire ça ! Quelle mouche l'avait piqué ? Passer du temps avec Lavande devait l'avoir plus influencé qu'elle n'avait voulu l'avouer!
Préférant ne pas s'attarder sur ce compliment, elle ajouta:

- Et je suis sûre que tu ne vas pas me croire, alors, je vais te le prouver, attends…

Elle fouilla dans son sac et en ressortit son carnet à dessin. Elle tourna quelques pages et tomba sur un des portraits d'Alan qu'elle avait fait de mémoire depuis leur dernière rencontre:

- Mes amies adorent ce portrait. Expliqua-t-elle. Enfin, ce n'était pas prévu qu'elles le voient, mais elles ont pris la fâcheuse habitude de fouiller dans mes affaires depuis qu'on est revenu au château ! C'est elles qui ont envoyé mon croquis à la rentrée. Je ne voulais pas te l'envoyer, il n'était pas terminé et c'était juste… tu sais, dessiné de mémoire, ce n'était pas grand-chose… Enfin, toujours est-il que tu fais l'unanimité chez les gryffondor de septième année. 3 de mes 4 camarades de chambre estiment que si tu étais encore à Poudlard, elles essaieraient de sortir avec toi ! Et crois-moi venant d'elle, c'est un compliment. Mais elles disent peut-être ça juste parce que pour une fois, je côtoie un garçon qu'elles ne connaissent pas, et étudiant en médicomagie qui plus est !

Et elles étaient persuadées qu'ils avaient une aventure ou finiraient par en avoir une. Elle avait même entendu qu'il y avait des paris. Lynn les adorait mais elles pouvaient être insupportables, parfois ! Et si elles taquinaient Lynn, il y avait aussi une minuscule pointe de jalousie pour la jolie lionne.
Elle lui tendit le carnet et lui montra donc le croquis en question qui représentait justement Alan en train de rire aux éclats, les joues légèrement rougies. Il était absolument craquant et quiconque connaissant les dessins de Lynn pouvait dire qu'elle s'était nettement amélioré en portrait. Principalement grâce à Alan et à leur échange de dessins. Elle s'était un peu inspiré de sa propre technique et s'était beaucoup entraîné grâce à lui.

La malice était apparemment réciproque, puisqu'il "s'en prit" un trait assez joliment présenté de Lynn - en même temps il avait commencé le premier à ce sujet donc il assumait - un trait positif qu'ils semblaient donc avoir en commun avec visiblement un passé difficile, chacun à sa manière et avec son degré de gravité propre. Il rit légèrement en imaginant l'effet et confia avec un enthousiasme bien présent :

- "J'avais le manteau pouffy à la Commémoration, mais j'ai réessayé le tout il y a quelques mois, et tu vas rire, avec quelques ajustements il me va encore ! Ah, tu y tiens donc ? Promis, la prochaine fois que l'on se reverra, je le ressortirais si cela peut te faire plaisir. Je vais pas avoir l'air fin si des profs me surprennent comme cela, mais en transplanant de ma chambre, je pense que je ne risquerais rien. J'ai encore toute la tenue, affaires de Quidditch comprises ! Ce sont de trop beaux souvenirs pour les jeter entièrement, puis... pas un peu fier d'avoir été chez les noirs et or ! On dit bien entre anciens de la maison Pouffy un jour, blaireau toujours ! Faudra juste que tu m'y fasse repenser, par prudence, mais je serais capable de le faire !"

Le commentaire qui suivit sur les potions rassura un peu le jeune aspirant médicomage qui se décoiffait nerveusement de gêne, naturelle, et compléta alors en ressentant la curiosité de la demoiselle sur le sujet :

- "Oh merci en tout cas des encouragements ! Ce sera très important pour moi de réussir, peu importe le temps que cela prendra ! J'ai déjà quelques ingrédients en tête, mais après restent les proportions, voir s'il n'y a pas d'effets secondaires indésirables lors du mélange, voir si les ingrédients sont compatibles entre eux, trouver la bonne température, les matériaux magiques... encore pas mal de boulot en vue ! L'autre potion... est tout aussi sinon plus symbolique pour moi. C'est... plus difficile, j'ai aucune piste pour elle. Comment dire... pour lutter contre des moyens que je juge comme de la triche, genre véritasérum ou la legillimencie. Je sais que y a des sorts pour la seconde, mais... pas pour les bloquer entièrement, ça c'est impossible, on ne remplacera pas la magie, mais je pense qu'il serait possible de concocter quelque chose pour renforcer les défenses mentales du cerveau contre l'intrusion. Aider à mieux résister, ne serait-ce qu'un peu plus longtemps. Un beau rêve me diras-tu... mais ce serait tellement bien d'avoir un bouclier efficace contre le véritasérum, ou du moins en atténuer les effets... cela éviterait les abus !"

Son regard fut lointain un bon moment, se sachant lui aussi coupable de s'en être servi du véritasérum, mais à de justes causes, à Pré Au Lard contre la Adler. Pour dénouer toute l'énigme et en dévoiler la solution tout en justifiant ses actes de colère devant ses meilleurs amis, après la baffe du siècle de Lavande, l'empathie colérique de Tomas contre la verte et argent, et le satut quo décidé avec le Serment Inviolable comme seule issue possible. Un sale moment, vraiment...

Le trouble de Lynn qui suivit ne fit que renforcer le sien, avec ses tentatives désespérées de reprendre la main sur sa constance, avant qu'elle ne lui fasse un étrange compliment, qui le fit rougir davantage si possible - restant humble de nature sur sa personne - mais qui tout aussi étrangement lui fit extrêmement plaisir. Avant même qu'il n'y songea, sa pensée se retrouva formulée à voix basse, dans un souffle :

- "So do you..."

La déduction commençait enfin à se mettre en place dans son esprit. Bon, Lynn semblait visiblement avoir un petit effet sur ses émotions, entités qu'il ne peut totalement contrôler s'il ne les reconnait pas, ne les identifie pas et ne les résorbe ainsi dans l'ordre naturel des choses mentales. Mais il n'était pas décidé à l'admettre, ayant au fond trop peur de perdre son amitié précieuse, sa présence rassurante et réchauffante du moral, et encore un peu méfiant en inconscient. Lynn n'était pas mieux que lui, au vu du rosissement de cette dernière, et ils changèrent de sujet ou presque, quand elle sortit un carnet à dessin. Il fut très surpris de voir que la plupart des croquis le concernaient - en même temps il ne pouvait pas ne pas le voir tant c'était évident - et écouta avec attention Lynn tout en examinant celui qu'elle lui tendait. Cela lui fit une drôle d'impression de croqueur de dessins qui se retrouve croqué en dessin - Bande d'incultes si vous mal-interprétez cela, allez lire "Uderzo croqué par ses amis" pour faire le lien - mais il en fut assez flatté d'une telle attention et un peu gêné des remarques des comparses de la demoiselle à son sujet. C'est pas vrai, l'épidémie de l'UMA s'était étendue jusqu'à Poudlard... Il posa une main sur son front. Sa soeur allait pas le lâcher là dessus, hell. Mais bon, pas grave, il y était habitué au fond... puis tant que cela dérangeait pas Lynn, tout allait bien ou presque ! Il commenta donc avec un sourire de congratulation devant la technique artistique de la demoiselle :

- "Wahou, j'suis bluffé ! Sans vouloir faire mon Gilderoy Lockart, c'est hyper bien fait ! Si l'on oublie que c'est moi, ta technique s'est vraiment affinée, tes traits sont beaucoup plus précis, tu as du vraiment y bosser ! En restant objectif là dessus, toutes mes félicitations, Lynn ! Bien que j’avoue que cela fait bizarre de se voir en portrait... je suppose que je te rends la pareille, si on suit notre petite coutume ? J'avais un peu prévu le coup... Puis ce croquis de la rentrée... il m'a un peu surprit, je comprends mieux maintenant, mais je t'assure qu'il était très bien fait ! Je l'ai gardé soigneusement dans un de mes dossiers avec le reste de tes croquis..."

A vrai dire, il hésitait un peu à montrer son propre dessin, mais il avait un deal là. Alors il sortit sa pochette à dessins bien remplie, pour en venir aux dernières esquisses et en tendit une à Lynn sans oser la regarder franchement - toujours un peu gêné sur ce point, bien que cela progressait - avant de réussir à la regarder en face et lui tendre un dessin en particulier avec un léger sourire emplit de modestie :

- "Voilà, j'espère que cela te plaira... c'est pas vraiment un souvenir, c'est un peu spécial en fait... mais j'espère que cela te plaira quand même."

On voit qu'il y a eut du travail sur les paysages, et des progrès, alors que se dessinent les contours du Parc de Poudlard, près du Lac. On y voit quatre silhouettes dessinées avec grand soin et adresse, sans doute proches de leur septième année à Poudlard, deux pouffys et deux sang et or. Les deux sang et or étaient Lynn et Lavande en uniforme de Poudlard, la dernière comme il l'imaginait audit âge de la scène fictive. Les deux noirs et or étaient Kaelir et Alan lui-même - toujours cette hésitation sur lui, mais moins nette qu'avant - avec ses traits de septième année, d'avant son rituel et les dernières batailles et eux aussi en uniformes, souriant à l'artiste pas présent. La lueur un peu diablotine de l'époque chez Alan, de rebelle provocateur de l'autorité assumé deux ans plus tard. Pas de couleurs, juste du crayonné, avec la silhouette du château en arrière plan.

- Tu as encore ta tenue de Quidditch ? S'étonna-t-elle, amusée. J'adorerais voir ça !

Il devait être craquant en uniforme.
Alan évoqua la légilimencie et se demanda si elle devait lui dire qu'elle maitrisait l'occlumencie.

- C'est un projet intéressant… acquiesça-t-elle.

Elle préféra ne rien dire car si elle lui avouait être occlumens elle devrait lui expliquer pourquoi. Et ce n'était pas un sujet plaisant, elle préférait le laisser de côté pour l'instant.

Quand il fallu désamorcer la gêne que leur caresse involontaire avait provoqué, Lynn se surprit elle-même de le complimenter et sourit humblement, le rouge aux joues quand il lui retourna la flatterie.

Elle sortit son carnet à dessin et tout en lui expliquant la situation actuelle à Poudlard, lui montra un dessin de lui. En temps normal, elle aurait été embarrassée. A une autre époque, ses dessins lui servaient d'exutoire et elle ne laissait personne les regarder. Mais depuis l'enthousiasme de ses amis et les sujets plus léger qu'elle dessinait lui avaient fait comprendre qu'il n'y avait aucune honte à dessiner les choses ou les gens que l'on appréciait. Alan avait été un bon sujet d'étude et s'il y avait tant de croquis de lui c'est qu'elle avait chaque fois essayé d'améliorer le précédent. Elle était plutôt contente du résultat de celui qu'elle lui montrait.

L'appréciation d'Alan lui fit plaisir et elle acquiesça vivement:

- J'ai mis des semaines à arriver à cette technique, mais c'est grâce à toi ! Je me suis inspirée de ceux que tu m'avais envoyés !

Elle réussit à ne pas rougir quand il évoqua le dessin que ses traitresses d'amis lui avaient envoyé et ne répliqua rien. Elle s'était sentit assez honteuse à l'époque. Mais Lavande aurait sûrement adoré !

Conformément à leur petite coutume –c' était drôle d'ailleurs qu'ils aient une petite coutume après 4 mois de connaissances et des dizaines de courriers- il sortit à son tour son carnet pour montrer un dessin un peu particulier.

Lynn resta bluffée devant ce croquis qui illustrait de manière forte à propos ce qu'aurait pu être leur petite bande s'ils s'étaient connus à Poudlard.

- Il est sublime, Alan ! Et dire que ça aurait pu arriver ! Tu as fait d'incroyables progrès toi aussi ! Le parc est sublime, et j'adore l'ombre du château ! Même toi tu as l'air moins effacé sur ce dessin !

Elle examina le dessin avec attention et ajouta, parlant presque pour elle-même:

- Mais encore une fois, tu es trop flatteur avec moi, j'étais loin d'être aussi jolie et épanouie à l'époque. Je devais avoir 15 ans… je crois même que c'est l'année où je n'étais pas à Poudlard.

Devant l'air étonné d'Alan elle se rappela qu'il ne connaissait absolument rien de son histoire et son estomac se serra à l'idée qu'il faudrait tout lui expliquer un jour. Mais elle pouvait commencer en douceur, enfin presque :

- J'ai perdu mes deux parents l'année de mes 14 ans et j'ai arrêté Poudlard pendant une année pour m'occuper de ma petite sœur qui n'était encore qu'un bébé. L'un de mes frères m'a donné des cours pour que je reste à niveau, et dès que j'ai pu trouver une solution plus saine pour Léan, je suis revenue à Poudlard. En même temps que les Carrows… grimaça-t-elle.

Il eut l'air désolé pour elle et elle s'empressa d'ajouter:

- Ho non ne t'inquiète, c'est déjà loin et… ma famille était loin d'être une famille modèle. Malgré les apparences, j'ai eu beaucoup de chance cette année-là. Cela aurait pu être bien pire...

Elle lui offrit un sourire rassurant et demanda, essayant de changer de sujet :

- Et toi ? Tu as d'autres frères et sœur à part Honor ? Tes parents font quoi dans la vie ?

Alan eut un sourire enjoué quand ils rappelèrent ses années Poudlard et ses uniformes soigneusement conservés dans une des malles de sa chambre, et sur un ton plus plaisantin qu'autre chose, le jeune homme demanda avant de prendre une gorgée d'un thé qui promettait d'être très parfumé :

- "Ouaip, je l'ai encore... complète, avec encore ma batte de l'époque - j'ai toujours été batteur avec Manu - les protections et mon balai, un Nimbus 2000 assez empoussiéré depuis le temps que je ne l'ai pas pris sérieusement pour des matchs, sinon pour quelques cours. Cela me manque des fois un bon match de Quidd'..."

Dommage que l'université n'ait pas le même système, en plus de la compétition entre filières, d'équipes par filière qui se confronteraient en matchs amicaux, lais la filière pro du Quidd serait très certainement trop avantagée sur les autres, après tout ce serait leur métiers, c'est normal. Puis il revinrent sur les dessins, et si Alan trouva le rougissement de Lynn plutôt mignon, il se garda bien de le souligner et reprit avec enthousiasme, comme ils traitaient d'un sujet dont il était un aussi grand fan que les potions, l'art :

- "Enchanté d'avoir été utile, toi aussi tu m'as donné un grand coup de main pour les paysages, ma bête noire en dessins ! Je me suis pas mal inspiré de tes travaux, donc on va dire qu'on a fait donnant- donnant, ça a été productif ! Puis je trouve que l'on apprend toujours des techniques d'autrui, et tu es bien l'une des rares personnes avec lesquelles je peux en parler et en débattre !"

Enchanté des compliments et des remarques que lui faisait Lynn sur sa propre production du jour lui étant destiné, il releva toutefois un changement de ton brutal qui le fit froncer légèrement les sourcils de soucis, une question muette qu'elle sembla anticiper puisqu'elle se mit à sa grande surprise de révéler quelques éléments sur sa propre famille. Les mots de Lavande postérieurs à leur dispute de l'année lui revinrent en mémoire en même temps qu'"il se sentait honoré d'une telle confiance de la part de Lynn. Elle n'était en rien obligée de lui dire de telles informations, mais pourtant elle l'avait fait, c'était très gratifiant pour lui. Il eut effectivement un air désolé, mais avant qu'il ne puisse ajouter quoique ce soit, elle avait reprit la parole. Mais quelque chose le dérangeait dans cette affirmation, bien qu'il ne le montra pas. Cela ne semblait pas aussi éloigné de la jeune femme que ce qu'elle annonçait, mais il n'insista pas. Chacun avait droit à ses secrets, après tout. Même si cela promettait une fin assez sombre. Quand il put reprendre la parole, il avoua d'un air songeur :

- "J'ai connu quelqu'un qui n'était pas très heureux avec sa famille non plus durant les années Poudlard. Une famille de la Haute Société et pas très tolérante, intransigeante avec leur enfant. J'ai... perdu cette personne de vue avec les guerres. Mais j'sais pas... c'est pas important, ne t'en fais pas. Je ne vais pas insister sur ce sujet... mais dis-toi que si tu as eu des... soucis dans ce domaine dans le passé, je suis impressionné d'imaginer seulement le chemin que tu as parcouru quand je te vois aussi épanouie et souriante. Tu as tout mon respect, Lynn. Et mon admiration ! Vraiment... on peut dire que tu n'es pas une sang et or pour rien."

Puis la question se détourna sur lui, et le jeune homme hésita l'espace de quelques secondes - il avait toujours l'histoire Mac Tansey et de ses parents à l'esprit et des ennuis causés pour cela en raison de ses origines familiales - et redouta l'espace de quelques instants que s'il disait de quel milieu social il sortait, Lynn ne s'enfuie en courant. Elle était sorcière après tout... sans doute sorcière commune ou sang pur. Il pria intérieurement pour qu'elle ne réagisse pas mal à ce qu'il allait lui dire. Il lui faisait confiance, elle n'allait pas le fuir en raison de ses origines, que ce soit en amitié ou plus en.... en amitié. Le jeune homme prit donc une voix posée, encore chaleureuse, bien que le sujet lui fut tout aussi difficile, plongeant ses yeux noirs dans ceux de Lynn :

- "Oh... moi ? Heu... j'ai que ma p'tite soeur, mes parents ont divorcé peu avant sa naissance. Sinon mon père est informaticien déprimé à Chatham, la ville où je suis né, tandis que ma mère... est play-girl à Brighton. Pardon, c'était mesquin de ma part... disons qu'elle est femme au foyer. Car oui... disons que ma soeur et moi sommes les seuls sorciers de la famille... des sangs-moldus si tu préfères. Ou sang de bourbes selon certains."

Il fallait lui pardonner cette légère amertume en fin de phrase, mais il avait un peu souffert de ces préjugés sociaux qu'il savait existant encore. Les mêmes qui avaient réduits à néant dans le passé sa... relation avec Adler, du moins sa possible relation. Il en souriait, essayait d'en rire, mais cela sonnait un peu rire jaune. S'il était vrai que Lynn lui faisait de l'effet et qu'il se souciait d'elle plus que n'importe qui, il avait toujours cette peur obscure que les portes lui soient de nouveau fermées en raison de ses origines. Si c'était le cas... il préfèrerait vivre en ermite amoureux jusqu'à la fin de ses jours. Car cela faisait toujours mal ensuite. Mais il essaya de diluer cette crainte en embrayant sur la famille :

- "C'est pas toujours facile à vivre, comme tu as du le comprendre à Noël. Les oncles et tantes sont... anti-magie. Ils font passer cela pour du charlatanisme, et du coup ma soeur et moi s'en sommes prit plein dans la poire quand nous n'avons pas été jugés normaux. Bref. J'étais content de partir à Poudlard. Et encore plus l'an passé quand ma soeur est finalement venue. La protéger de ces... abrutis intolérants de première."

Il marqua une pause, peu habitué à exprimer clairement sa pensée sur ce point, encore qu'à moitié là, et but une autre gorgée de thé, avant de conclure sur un ton plus joyeux :

- "Maintenant moins je les vois plus je suis heureux. Je les vois environ deux fois par ans maintenant, plus pour veiller sur ma petite soeur qu'autre chose. Je ne les ai quasiment jamais revu avant l'an passé, un gros hiatus de deux ans. C'est fou comme c'est toujours joyeux les sujets "famille", tu ne trouves pas ?"

- C'est vrai que c'est agréable de parler art avec quelqu'un qui partage la même passion ! Mes amis sont adorables et m'encouragent, mais ils ne peuvent pas me faire de critiques constructives car ils n'y connaissent rien. Les compliments font toujours plaisir, mais n'aident pas beaucoup à m'améliorer ! Je suis ravie que nos échanges soient aussi productifs !

Lynn s'était sentie assez à l'aise avec Alan pour évoquer sa famille, ce qui était particulièrement rare, et elle sourit avec tendresse quand il lui avoua qu'il la respectait énormément pour le chemin qu'elle avait dû parcourir. Quand elle y repensait parfois –le moins possible il est vrai- elle était elle-même surprise de tout ce qu'elle avait surmonté.

Quand elle se regardait dans le miroir, la jeune femme souriante qu'elle voyait était à mille lieux de la demoiselle fragile dont elle se souvenait et qu'elle avait été si longtemps.

-C'est gentil, mais je n'ai pas tant de mérite que ça ! J'ai été bien entourée. Mais oui, être une gryffondor m'a sûrement sauvé la vie ! Et ma rencontre avec Lavande a été déterminante ! J'ai eu beaucoup de chance, finalement !

Préférant ne pas s'appesantir sur le sujet pour l'instant, elle se doutait que si leur relation perdurait elle aurait
l'occasion de lui parler plus en détails de tout ça- elle l'interrogea sur sa propre famille. Sa réponse l'étonna mais pas pour les raisons qu'il aurait pu imaginer. Lynn avait une grande admiration pour les sorciers qui n'avaient découvert la magie qu'à l'âge de 11 ans. Elle imaginait à quel point il devait être intimidant de se confronter à ce nouveau monde, tellement différent de celui qu'ils avaient connus toute leur enfance.

Elle fronça les sourcils quand il se traita lui-même de Sang-de-bourbes et secoua la tête:

- Pas sang-de-bourbe, réprimanda-t-elle. Né-moldu. En plus, c'est beaucoup plus joli !

Ils n'avaient pas traversé une guerre pour que ces préjugés sans fondements continuent à être utilisés. S'ils laissaient dire de telles choses, tous ceux qui s'étaient battus pour eux et étaient morts pour leur liberté auraient fait ça en vain. Elle ne le tolérerait pas.

- Je comprends mieux la torture de tes vacances scolaires. J'en suis désolée. Mais tu peux être très fier d'être né-moldu ! Cela a dû être terriblement difficile au début. Et la guerre en a effrayé plus d'un.

Elle fit une pause, avant d'ajouter :

- Tu es brillant, Alan, peu importe d'où tu viens ! Heureusement qu'on ne juge pas les gens à leur famille… enfin, il y a toujours des idiots pour le faire, et j'ai moi-même eu du mal à me défaire de l'image de mon nom. Mais crois-moi, il n'y a pas plus belle récompense que de faire mentir tous ces médisants !

Elle trempa ses lèvres dans sa boisson chocolatée pour la première fois et la douceur du breuvage lui fit du bien.

- Au moins, dans quelques années, tu n'auras plus à les supporter ! Il faut voir le côté positif !Tu es adulte, tu n'as plus à subir leur comportement.

Elle se mit à rire quand il évoqua le côté toujours joyeux des discussions sur la famille:

-Tu as raison, désolée, c'est moi qui ai commencé ! S'excusa-t-elle en souriant. Mea culpa !

Mais au fond, elle était contente d'en apprendre plus sur lui, et il fallait avouer que sa révélation l'avait intrigué. Lynn avait toujours été curieuse, mais ce penchant s'était vraiment développé une fois libéré du joug familial, aussi l'univers moldue la fascinait. A l'époque, elle ne s'était pas autorisée à prendre cette option, cela n'aurait fait qu'attiser la colère de son père qu'elle fuyait déjà depuis longtemps. Elle se promit de lui poser quelques questions une autre fois.

-Parlons de quelque chose de plus gai, dans ce cas ! Je ne sais pas, moi...Lavande ne te rend pas la vie trop impossible ? Tu ne lui as vraiment rien dit pour aujourd'hui ? Je pense que c'était une regrettable erreur stratégique, tu sais ! Elle va forcément finir par le découvrir !

Ce n'était peut-être pas un sujet très "gai" pour Alan, mais Lynn s'amusait beaucoup à écouter ses déboires avec sa meilleure amie.

"Pas sang-de-bourbe. Né-moldu. En plus, c'est beaucoup plus joli !"

Il sursauta, prenant alors seulement conscience que les paroles de Adler avaient eut plus d'impact sur sa psyché qu'il ne l'aurait pensé à première vu. Mais il écouta avec beaucoup d'attention les paroles suivantes de Lynn, sans rien dire, les yeux noirs plongés dans l'argent de ceux de la demoiselle, sentant son cœur malmené se réchauffer à l'écoute de ces belles paroles qu'il savait sincères à les écouter, et le jeune homme du se faire violence pour ne pas prendre la mauvaise habitude de Lavande et de témoigner de sa reconnaissance profonde en serrant brièvement la main de Lynn - pourquoi il avait une telle retenue, il ne le savait que si peu - mais toutefois sa voix et la lueur de ses yeux parlèrent pour lui, un noir qui s'adoucit d'un air de remerciement et sa voix restant chaleureuse et touchée :

- "Cela faisait un moment que je n'avais pas entendu ce genre de mots, en dehors de Lav et de mon ami Tomas. Ma petite soeur serait verte de rage si elle m'avait entendu le prononcer, je pense que pour une fois je devrais suivre son exemple. Désolé, j'sais pas pourquoi ça m'est sorti de la tête. Patrick aurait été là, je crois que j'aurais eu droit à un beau sermon de sa part sur l'art d'envoyer balader ceux qui nous ennuient là dessus et de profiter de la vie ! Merci de me le rappeler, Lynn, cela me fait vraiment chaud au cœur de savoir qu'il y a encore des esprits ouverts dans le contexte actuel des choses."

Il laissa un léger rire lui échapper, avant qu'il ne daigne montrer l'un de ses rares sourires totalement francs et sincères de reconnaissance, rapidement masqué par la tasse de thé qu'il vint prendre et porter de nouveau à ses lèvres histoire de reprendre un peu de tenue dans son attitude, tout en écoutant Lynn, la bonne humeur revenant tout de suite alors qu'il répartit dans la foulée :

- "J'en prie, c'est pas grave ! J'crois même que cela m'a fait du bien de l'évoquer, et de me faire remonter les bretelles là dessus aussi "

Puis la discussion revint sur Lavande et ses réactions, et Alan s'amusa à mimer une fausse mine totalement effarée qui viendrait seulement de se rendre compte de la potentialité du danger possible de cette nouvelle omission de sa part, avant de s'exclamer d'un ton joyeux et un peu malicieux :

- "Oh mais... oui tu as raison, my god, dans quoi me suis-je fourrer en omettant de lui dire ! Mais je vais déclencher une seconde guerre froide en cours de soin moi ! Non, sans blague. J'aurais voulu lui dire mais je l'ai pas vue de la journée, elle était avec Kael en sortie je crois, donc j'ai pas pu le lui dire. M'enfin, si elle lit le mot que j'ai laissé, elle devrait comprendre toute seule comme une grande. J'aurais juste un nouvel interrogatoire - comme d'hab- à mon retour pour le dîner, je te parie qu'elle voudra tout savoir en détail, jusqu'au moindre mot que l'on aura échangé. Ah cette Lavande, je te jure... est ce que je lui demande moi en détail ce qu'elle fait avec Kael ?"

Les gentilles remontrances de Lynn semblèrent avoir l'effet escompté, il la remercia de son intervention et elle ajouta:

- Tu sais, ma mère était moldue. Même si je n'ai jamais connu sa famille ou son monde, j'ai aussi des origines moldues. Mon père était un sang-pur, lui, mais c'était un mariage d'intérêt et il n'a jamais accepté que ses enfants soient des sangs-mêlés. Enfin comme tu le disais, les histoires de famille sont toujours compliquées !

Devin avait longtemps affirmé que ses enfants étaient sang-purs, il avait même falsifié leurs actes de naissances pour cela. Mais ils ne l'avaient appris que récemment.

- Je pense que c'est justement dans le contexte actuel qu'il faut savoir faire preuve d'esprit ouvert, de tolérance et d'amour. Beaucoup de gens se sont battu pour cela, et nous avons un devoir de mémoire envers eux. Cela ne doit jamais se reproduire !

Le sourire d'Alan lui fit chaud au cœur et il avoua que cela lui avait fait du bien de se remettre les idées en place.

- A ton service ! Dit-elle malicieusement avant de le taquiner sur Lavande.

Elle se mit à rire quand il lui demanda, de façon totalement rhétorique s'il demandait à la jeune femme ce qu'elle faisait avec Kael, mais elle souhaita quand même répondre:

- Non mais au fond, tu ne veux pas savoir ce qu'ils font quand ils sont tous les deux !

L'imaginer était amplement suffisant. Elle secoua légèrement la tête pour chasser cette idée de son esprit, le sourire toujours aux lèvres.

- Dans ce cas, continuons à passer un bon moment, comme ça tu auras pleins de choses à lui raconter ! Ho d'ailleurs, j'ai quelque chose qu'elle sera ravie d'apprendre !

Elle reprit son carnet et tourna quelques pages pour arriver sur les premières esquisses de la collection "Lavande". Tout un ensemble de bijoux (collier, bracelet, boucle d'oreille et bague) était crayonné avec des tonnes d'annotations, similaires à celles qu'elle avait écrites sur le croquis de l'amulette d'Alan. Encore une fois, les matériaux choisis l'avaient été dans le but de correspondre tout à fait au futur propriétaire et cette fois, un soin tout particulier avait été apporté au design, puisqu'il s'agissait d'un cadeau pour Lavande qui avait très bon goût et aimait afficher son exubérance. Pour Alan, elle avait voulu faire sobre car cela allait bien au jeune homme. Ici, pierres dans les tons mauves et violets côtoyaient les métaux argentés.

- Ce sont mes premiers essais pour sa collection ! J'espère que ca lui plaira !

Elle se pencha un peu en avant pour mieux pouvoir les montrer à Alan et avoir son avis sur la question.

- Je pense créer les premiers prototypes rapidement. J'ai fini d'acheter le matériel nécessaire il y a peu.

Elle préféra ne pas s'appesantir sur les bijoux, car cela n'était généralement pas le sujet de prédilection des hommes:

- Si tu lui parles de ça, elle devrait te laisser un peu tranquille avec le reste ! Dit-elle avec un clin d'œil amusé.

Un homme imposant, probablement un demi-géant, entra dans le bar, faisant trembler le sol sous ses pas. Il bouscula plusieurs tables dont celle des deux jeunes adultes. La tasse de Lynn se renversa et Alan eut le reflexe de surélever les deux carnets de croquis juste à temps pour leur éviter une inondation malheureuse. Le jean de Lynn n'eut pas cette chance et elle se leva précipitamment pour essayer de diminuer les dégâts. Elle jeta un regard inquiet aux carnets et constata avec soulagement qu'Alan les tenait en sécurité.

- Merci, sourit-elle au jeune homme. Je suis une sentimentale, je tiens à mes dessins !
- Ho, je suis désolé ! Dit l'homme d'un air penaud en remarquant la jeune femme debout et trempée à ses côtés.
- Ce n'est rien, répondit Lynn avec un petit sourire contrit.
- Si, si, attendez, je vais nettoyer ça !

Il sortit sa baguette mais bouscula une autre personne en voulant l'aider:

- Ca va aller ! Assura Lynn. Ne vous inquiétez pas !
- Laissez-moi au moins vous offrir vos boissons !
- Ho, non ce n'est pas la peine !
- Si, si, j'insiste ! Rosmerta, tu mettras la note des deux amoureux sur mon ardoise ! Et sers leur autre chose, c'est pour moi !

Lynn voulu protester mais déjà il s'éloignait vers le bar en s'excusant encore. Elle ne put s'empêcher de rougir à nouveau. Pourquoi les gens pensaient-ils systématiquement qu'ils étaient ensemble et amoureux ? Elle sourit au jeune homme et se dit que finalement, peut-être qu'ils avaient l'air amoureux. Ne passaient-ils pas leur temps à discuter, les yeux dans les yeux, à sourire et à rire et à rougir dès qu'ils se frôlaient ?
Décidément, elle n'avait pas de chance. C'était la deuxième fois qu'elle avait un accident de boisson en compagnie d'Alan. Mais eu moins, cette fois-ci, avait-il été épargné.
Elle lui jeta un regard désolé et éclata de rire. La situation était pour le moins incongrue.

- Je crois que je porte la poisse ! Dit-elle amusée. Tu m'excuses, je vais aller nettoyer ça dans les toilettes pour dames. Je reviens !

Elle s'éclipsa avec sa baguette pour réparer les dégâts.
Le coup de chaud qu'elle venait d'avoir, ajouté à la température extrêmement agréable au coin du feu avaient fini de la convaincre d'enlever son pull, laissant apparaître son joli cache-cœur turquoise qui mettait parfaitement ses formes en valeur. Son jean était propre et sec –elle remerciait chaque jour les sorts de nettoyage en tout genre- et c'était comme si rien ne s'était passé.
Lorsqu'elle revint une dizaine de minutes plus tard, le demi-géant lui fit un nouveau petit signe d'excuse et elle retrouva sa table avant de poser son pull sur le dossier.
Entre temps, la table avait été nettoyée, son chocolat chaud remplacé par un nouveau et deux gaufres saupoudrées de sucre avaient été posé sur la table.
Elle rendit son sourire à Alan, qui la fixait, semblant s'être arrêté en train de dessiner quelque chose.

- Désolée de t'avoir fait attendre ! Qu'est-ce que tu fais de beau ?

Curieusement, il se surprend à écouter ces leçons de morale et de vie sans broncher, lui qui d'ordinaire n'en était guère friand, bien au contraire. Il se tint pourtant sage et n'ajouta rien tout d'abord, n'estimant n'avoir rien à ajouter sur ce que Lynn disait, commentant simplement avec un léger sourire plus serein :

- "Peu importe les origines, on compte plus sur les visées que l'on et les actes que l'on réalise au cours de notre vie, pas vrai ?"

"...Beaucoup de gens se sont battu pour cela, et nous avons un devoir de mémoire envers eux. Cela ne doit jamais se reproduire !"

Ces paroles eurent un impact inattendu chez lui, le tendant l'espace de quelques secondes alors que la silhouette morbide du cadavre de son meilleur ami perdu dans les bras de la mort violente de l'un des trois Impardonnables lui revenait à l'esprit. La vision du champs de bataille, du charnier. Des proches, des camarades perdus. Avant que tout cela ne prenne le contrôle sur lui et ne ruine son après-midi, il secoua vivement sa tête et approuva en silence d'un geste de la tête en murmurant simplement :

- "Oui, tu as raison là aussi, un devoir de mémoire... envers ceux qui n'ont pas pu revenir du champs de bataille ou ceux qui y ont laissé une part importante d'eux-mêmes. Bref..."

Heureusement Lynn changea très rapidement le sujet en "copiant" sa formule à lui, et tout de suite sa joie de vivre habituelle et sa bonne humeur revinrent au galop dans son esprit alors qu'il répliqua avec malice :

- "Hey mais c'est mon expression cela ! J'ai un copyright dessus... non je plaisante, t'inquiète. Mais vrai que je m'en sert souvent !"

La question de Lynn eut le mérite de le surprendre et de l'interroger encore plus, et il se surprit à vouloir aussitôt la rassurer en clarifiant les choses :

- "Que nenni ! Cela ne me regarde pas, c'est leur vie privée, I'm not a peeping Tom on this ! C'est juste manière de le dire... puis en toute honnêteté c'est le cadet de mes soucis tant que Lavande est heureuse."

Il se pencha ensuite avec un oeil critique et appréciateur sur les travaux artistiques de Lynn pour la collection de Lavande, et du une fois de plus admettre les dons de la jeune femme en la matière pour cerner la personnalité des gens pour lesquels elle destinait ses créations uniques en général. Il les compara avec attention avant d'admettre :

- "C'est vraiment quelque chose, tu as un don, Lynn ! C'est magnifique, je suis sûr que cela fera extrêmement plaisir à miss Lav' ! Les couleurs et les formes sont bien choisies, cela représente assez bien la psyché de Lavande ! Je serais curieux de voir ce que cela va donné une fois concrétisé en objets ! Oh je me ferais un plaisir d'en parler avec elle, mais je la connais un peu, elle ne lâchera pas le morceau quand elle est fixée sur un objectif... Lynn, gare !!!!"

Mais trop tard, ses réflexes ne lui avaient permit que de sauver les croquis qu'il imaginait très bien aussi sacré-saints que les siens pour la jeune femme, et il put constater les dégâts, lui demandant avec inquiétude si elle ne s'était pas brûlée. Heureusement que les boissons étaient un peu refroidies et que la sienne était presque finie et donc n'avait qu'à peine mouillé son gilet sans manches. Il y eut toute une petite saynète dont il se garda bien de faire le moindre commentaire désobligeant sur la maladresse de l'individu, bien que son regard noir était assez expressif en la matière. Bon, comme il était aussi maladroit de nature, il ne se fit pas remarquer et prit le parti d'en rire avec Lynn, bien qu'encore un peu embêté de cette reprise de la dernière fois, assurant avec un rire un peu gêné :

- "Non, je pense aussi être un facteur de poisse... j'ai tes dessins, ils sont intacts. J'attends ton retour, sinon tu vas attraper la mort si tu restes trempée comme cela."

Lui, un simple petit sortilège fut suffisant pour enlever les dégâts. Il resta assez en retrait sur le moment, préférant ne pas faire de scandale et accepter les excuses du maladroit tout en marmonnant in-petto et de pas très bonne foi ni grande conviction qu'ils n'étaient pas en couple... du moins pas encore, s'il était franc avec lui-même. Une fois que les choses furent réglées, le mal réparé et la catastrophe évitée, il fallait qu'il s'occupe. Il reprit donc son crayon en attendant, dessinant la première chose lui venant à la tête, sans trop réfléchir à ce qu'il faisait. Plus il mettait le doigt sur le problème chez lui, moins il comprenait ce qu'il se passait. Comme un tourbillon infernal sans fin...

C'est quand Lynn fit son retour qu'il paniqua un peu et zieuta sur ce qu'il était en train de gribouiller, une légère rougeur se faisant sentir quand il se rendit compte ce que sa plume avait restauré - un début de Lynn, seulement le visage, de quand il l'avait vue tout à l'heure en l'attendant - et corrigea à la hâte quelques traits pour gommer quelques traits et ne garder le portrait qu'au niveau du buste, un léger rire sur les lèvres délicates du dessin alors qu'elle s'approchait et lui demandait ce qu'il dessinait.

Oh my god, pourtant d'ordinaire il n'était pas très attentif à ce genre de détails - même quand il avait discuté avec Tomas la dernière fois dans l'ombre, ou avec Sean et Manu dans l'année - il ne put ne pas être sensible à la beauté de la jeune femme et à s... sa silhouette particulièrement bien dessinée. Un peu sensible à cela pour une fois, il mit quelques secondes à se ressaisir et à lui tendre le crayonné ainsi que les dessins protégés de la jeune femme :

- "Oh rien de grandiloquent... tu as été très rapide, donc ce n'est qu'une ébauche... j'me disais que ce n'était pas très juste que je sois le seul dessiné en flagrant délit de rire alors... mais c'est modeste, les premiers jets..."

Lynn rougit de plaisir quand Alan complimenta son travail. Elle espérait sincèrement que le jeune homme disait vrai et que Lavande aimerait ses créations. Malgré son petit succès naissant, elle avait toujours un mal fou à se faire confiance et à croire en ses capacités.

- Merci !

Mais ce moment agréable fut très vite interrompu par l'arrivée inopinée d'un demi-géant et l'incident de chocolat chaud qu'il provoqua.
Lynn préféra en rire et Alan la rassura en lui assurant que leurs dessins étaient en sécurité. Elle s'excusa donc pour s'éclipser une dizaine de minutes.

Elle revint pour le trouver en train de dessiner et lui demanda ce qu'il faisait. Il releva les yeux et son regard s'attarda sur elle d'une façon à laquelle elle n'était pas habituée. Légèrement interloquée, mais également flattée pour une raison qui lui échappait, elle fit comme si de rien n'était en reprenant sa place près de lui. Elle prit volontiers le carnet qu'il lui tendait et découvrit avec surprise son visage. Elle se figea et effleura les lèvres de son double de papier. Elle se trouvait si jolie, au beau milieu d'un rire, même sur le dessin non achevé:

- C'est toi qui es modeste… dit-elle avec un sourire. Il est magnifique… Ho s'il te plaît, termine-le !

Elle prit un air innocent parfaitement dosé et lui redonna le carnet:

- Et pendant ce temps-là, j'en fais un de mon côté. Proposa-t-elle pour le convaincre.

Amusée à l'idée de le voir dessiner pour la première fois, elle proposa, avec son plus beau sourire :

- Que dis-tu d'une petite compétition amicale ?

Elle sortit son crayon et observa le jeune homme qui reprenait son travail. Mais elle ne se mit pas tout de suite à dessiner, ne pouvant détourner son regard d'Alan qui semblait complètement captivé par ce qu'il faisait.

Il dû sentir son regard car il releva les yeux. Elle rougit, se sentant un peu bête et sourit en commençant à son tour à dessiner, jetant régulièrement des regards sur son modèle.

Mince, c'était pas prévu au programme cela qu'elle surprenne en plein délit de griffonnage sur sa personne ! Alan n'était pas qu'un peu embêté quand il lui tendit toutefois son carnet à dessin et les dessins préservés avec grand soin de la demoiselle, et à vrai dire il avait un peu redouté la demande qui avait suivit, sans avoir toutefois le coeur à la refuser à la demande de la si gentille rouge et or :

"C'est toi qui es modeste... Il est magnifique… Ho s'il te plaît, termine-le !"

Là il était plus que dans le pétrin. Le jeune homme avait VOLONTAIREMENT même si c'est un crime pour un artiste, je dois l'avouer, effacé des traits et laissé le croquis inachevé. Il n'avait pas compté aller plus loin, de plus en plus conscient que l'image de son modèle devenait de plus en plus précise et parfaite que ce sens, cette sensation, cette émotion inconnue prenait de la place dans son coeur. Irrémédiablement. Ce coeur malmené, dont le partage futur duquel il n'était pas encore conscient - ou si peu - était jalouse Lavande qui s'était sentie à l'écart lors de leur plus récente et virulente dispute verbale dans les couloirs de l'UMA. Vraiment les filles, je vous jure, incompréhensibles... on leur assure qu'on ne les laissera jamais tomber, qu'on ne les laissera jamais derrière quoiqu'il advienne, et qui vient vous revoir ensuite en vous hurlant dessus comme quoi vous l'auriez laissée de côté ? Bref, laissons là ces mauvaises pensées, et revenons sur le moment présent. Je vous disais donc que le jeune homme était fort embarrassé. Il voulut décliner rationnellement la proposition, mais les mots qui sortirent de sa bouche n'étaient pas aussi fermes et assurés qu'ils auraient dû l'être. Damn it.

- "Well... je t'assure que j'sais pas, c'est une esquisse... un premier jet, beaucoup de choses à rectifier... tu es vraiment sûre que tu veux que..."

C'est alors qu'il se trouva encore plus désarmé quand elle l'attaqua sur ses points sensibles de chute : le défi. Oh oui, dangereux et mortel ennemi de la raison, comme Bob Morane et Toon Chacal chez Indochine le groupe de chanteurs mythique, ou comme Sherlock Holmes et James Moriarty... ou peut-être Irène Adler dans cette présente situation. Mmm... essayons alors Blake et Olrick ? Oh ne titillez pas avec les détails ! Restons sur nos chers Sherlock et Irène, bien que là ce ne fut pas une Irène maléfique, le rôle était déjà occupé par la Vipère dans son esprit. En cela, il n'était pas aussi froid et rationnel que le célèbre détective anglais de Conan Doyle, son idole de jeunesse ! Et toujours son idole, d'ailleurs, en ce qui concerne le raisonnement, le policier et la bonne lecture. Avec un léger sourire un tantinet gêné il consentit - attention c'est une première ! - à baisser les armes :

- "Une petite compétition de dessin en direct ? Pourquoi pas après tout ? Rien de mieux qu'une bonne improvisation, le résultat risque d'être amusant... puisque tu me prends par les sentiments ! Soit, un duel amical de dessin. Mais... je n'ai jamais cela en face de la personne que je dois dessiner, c'est une première pour moi cela... allons-y alors, que le premier qui a terminé le signale et attende l'autre !"

Bien désireux de gagner avec honneur, il se mit tout de suite à la tâche, très concentré et méticuleux comme rarement. Essayant des traits, effaçant d'autres, en retraçant des troisièmes... comme une esquisse toujours en mouvement, toujours reprise, avant qu'elle ne gagne enfin une ombre de la perfection, du réalisme, de la Beauté Artistique recherchée initialement. Un modèle vivant juste en face de lui... et pas n'importe lequel. Zut, il fallait du coup qu'il corrige les vêtements - ceux qu'il avait vaguement commencé étaient ceux d'avant le désastre du demi-géant - et rectifia en faisant travailler surtout sa mémoire... Allez, il devait se donner à fond là !

Quand il se rendit compte qu'on le regardait. De manière insistante, depuis un moment. Surpris, le jeune homme redressa la tête de quelques centimètres pour observer par réflexe autour de lui sans bouger la tête avant que son regard de nuit n'accroche celui d'argent pur de Lynn, un peu étonné, la vit rougir - bon dieu, qu'avait-il encore fait ? Il devait tirer une de ces tronches... - et par miroir il se contint de rougir par dessus - sinon ils allaient faire un beau duo de jeunes gens pivoines qui amuseraient encore plus certains clients du bar sorcier - et adressa un sourire encourageant à la jeune femme avec un léger clin d'oeil facétieux avant de revenir à son travail, durant un bon moment, avide de soin et d'attention au trait, et quand ce fut bon, sans risque de bavure, il data et signa dans un coin de la feuille, observant le résultat d'un air songeur. On voyait bien que les portraits étaient sa spécialité, mais là il avait encore plus ressenti le besoin d'être précis et attentionné. Il avait donc corrigé les vêtements, faisant un portrait s'arrêtant au niveau du buste, là où la table aurait dû être dans un soucis de réalisme. Alan était un peu intimidé à l'idée de soumettre le résultat - même une simple esquisse pouvait en dire beaucoup sur le trait de son créateur, de son humeur lors de la réalisation, de ses techniques propres... parfois même de ses pensées. Il ne vit rien qui ne choqua son regard, avant de lancer à la jeune fille avec une certaine curiosité de voir ce qu'elle lui avait réservé à son compte - même une caricature, il ne se fâcherait pas :

- "J'ai fini, Lynn ! Tu t'en sors ? Il faut dire que j'avais quelques minutes d'avance, cela n'aide pas vraiment ! Prends ton temps, on n'est pas pressés, en tout cas je ne le suis pas personnellement. Jamais se presser en dessin, sinon cela ne donne pas de beaux effets."

En attendant, il prit une gorgée du thé qui avait légèrement tiédit le temps de l'esquisse, une pensée de remerciement pour la politesse du demi-géant de repayer leurs boissons et observa Lynn en acte de dessin. Si concentrée... on voyait bien qu'elle était autant mordue du dessin que lui. Son regard de nuit restait bienveillant envers la jeune femme, chaleureux, et plus attentionné que lors de leur toute première rencontre frappante sur le Chemin de Traverse. Tandis que les paroles de Tomas résonnaient dans son esprit :

"Je suis amoureux, mais moi je ne me le cache pas !"

Dire qu'il voulait juste le taquiner gentiment là dessus, et voilà ce qu'il se ramassait en réponse, ce qui avait faillit le faire avaler de travers le repas qu'ils avaient prit dans le pub londonien moldu ! Néanmoins, cela le faisait drôlement réfléchir depuis quelques temps, depuis le début du mois surtout. Pourquoi ? Obscure raison. Mais il finirait tôt ou tard par avoir ses réponses. Dès que le temps serait venu.

Lynn fut ravie qu'Alan accepte de se lancer, même si elle avait dû pour cela lui forcer un peu la main. Amusée, elle le vit reprendre le dessin avec concentration et elle sut ce qu'elle allait dessiner. Elle allait le dessiner lui, en train de la dessiner elle. Quel joli clin d'œil que cette mise en abîme ! Elle l'observa sans s'en rendre compte jusqu'à ce qu'il relève la tête et elle sourit, légèrement intimidée, avant de se mettre enfin au travail. Lynn voulait faire honneur à son modèle. Elle s'installa donc confortablement, décalant sa tasse pour avoir plus de place et éviter un nouvel incident fâcheux. Toute à son art, elle ne vit pas le temps passer et releva la tête quand Alan annonça avoir terminé :

- Ca va, ça va… dit-elle en souriant. Je pense avoir fini bientôt, mais il te faudra encore un peu de patience. Effectivement, je ne voudrais pas gâcher ton portrait par trop d'empressement ! Ces choses là prennent du temps !

Elle se replongea dans son croquis, oubliant tout le reste. Dessiner Alan en plein travail s'était avéré bien plus fascinant qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle avait plusieurs fois jeté des coups d'œil à son modèle, mais maintenant qu'il avait terminé, elle devait finir de mémoire. Mais ce n'était pas un problème. Toute l'attention de Lynn s'était jusque là focalisée sur les traits de l'ex noir et or, sur ses yeux et ses lèvres et elle était ravie du résultat. Sa concentration ne faisait aucun doute et elle était particulièrement fière du léger plissement de ses sourcils sous l'effort. Elle termina donc avec le décor: table, tasse de thé, gaufre et fenêtre en arrière plan où se dessinaient les ombres de la rue.

Après avoir terminé avec une légère retouche sur la main du jeune homme, elle signa délicatement et posa enfin son crayon.
Elle poussa un soupir de soulagement en annonçant :

- Fini !

Ce petit exercice l'avait épuisé ! Elle remarqua qu'Alan la regardait et elle se demanda s'il avait passé les 15 dernières minutes à le faire, mais elle chassa cette pensée de son esprit.
Elle lança rapidement un sort pour réchauffer son chocolat et en but une gorgée avec délectation, se sentant tout de suite plus en forme.

- Désolée, ça a été un peu plus long que prévu, je me suis emportée ! Avoua-t-elle. Tu es prêt ?

Puis elle lui tendit la feuille côté verso pour qu'il ne voie pas tout de suite son travail. Il fit de même et ils retournèrent ensemble l'œuvre de l'autre.

Lynn resta stupéfaite devant la qualité de son portrait. Elle se trouvait sublime, ce qui ne lui arrivait pour ainsi dire jamais. Alan avait su retranscrire chez elle quelque chose qu'elle n'avait jusque là jamais réalisé. Comme s'il voyait en elle mieux qu'elle-même. A côté de ça, son portrait de lui, même très réaliste, faisait pâle figure. Comme d'habitude, elle n'était pas capable d'apprécier son propre travail, encore moins devant tant de beauté.

- En plus d'être un sorcier, tu es un magicien, Alan ! C'est sublime ! Je dois m'avouer vaincue, mais face à ça, je n'avais aucune chance !

Elle lui sourit, bonne joueuse, et attendit de voir ce qu'il pensait de son propre portrait. Car même si la qualité était là, le sien n'arrivait pas à la cheville du dessin qu'il venait de lui montrer.

- Ça va, ça va… Je pense avoir fini bientôt, mais il te faudra encore un peu de patience. Effectivement, je ne voudrais pas gâcher ton portrait par trop d'empressement ! Ces choses là prennent du temps !"

Whaaaaaaat ?! Son portrait à lui ? Depuis quand l'artiste était-il devenu lui même objet de création artistique ? Visiblement, avant qu'il ne puisse même en avoir conscience. Agréablement surpris, enfin plus surpris qu'autre chose, le jeune homme répliqua sur le ton de la bonne plaisanterie, malicieux pour masquer sa légère gêne :

- " Heu... Take your time. Même si tu piques encore plus ma curiosité, je pense pouvoir prendre mon mal en patience !"

Le thé était pourvu de mille et une vertus pas toujours connues de ses admirateurs : en plus d'être très bon pour la digestion, proche de la caféine sans en avoir les effets secondaires, il était également anti-oxydant et aidait beaucoup la préservation de la mémoire. Le thé était, pour ces raisons et aussi quelques causes gustatives sa boisson préférée de celles non-alcoolisées, et il savourait chaque thé qu'il dégustait à sa valeur, qu'il soit d'une grande boutique comme celui du café de la gare moldue. Puis Lynn eut fini au même moment où terminait son thé, et avec un sourire, sa feuille à lui retournée face verso, il la tendit, bon joueur, à la demoiselle en face de lui tout en lançant avec bonne humeur :

- "Well, let's go ! Que le meilleur gagne !"

... disait-il tout en priant que sa création plairait à la demoiselle en question. Il retourna la feuille de Lynn et fut surprit de la qualité du dessin. Non, vraiment, elle avait vachement progressé depuis les premiers croquis qu'elle lui avait envoyé et qu'il avait gardé soigneusement chez lui dans une pochette spéciale habilement conservée dans ses recoins les plus secrets de sa chambre, et donc les mieux protégés, de là.

"En plus d'être un sorcier, tu es un magicien, Alan ! C'est sublime ! Je dois m'avouer vaincue, mais face à ça, je n'avais aucune chance ! "

Vraiment ? Il préférait de loin le dessin de Lynn, qui avait le mérite d'avoir bien réussi le portrait ET le paysage, le décors, alors que lui s'était concentré uniquement sur la première catégorie. Joyeux et souriant, flatté et un peu intimidé par les compliments , l'étudiant en seconde année de magicosoins lui renvoya d'une voix chaleureuse et bonne joueuse, réconfortante mais sincère :

- "Le plus important c'est que cela te plaise à mes yeux. Heu... je ne sais pas si je suis magicien, mais je me débrouille ! Tu es la seule juge dans l'histoire, mais le match était très serré, tu te mésestime ! Ta création est vraiment superbe aussi, si tu me vois ainsi alors c'est très flatteur pour moi, vraiment, pourtant, c'est... réaliste, je ne peux pas le nier. Tu as bien géré sur le portrait ET le décors, tu as encore plus de mérite que moi. Je te retourne le compliment, Lynn !"

Il se retint à temps de dire aussi que son modèle avait eut sa grande part à jouer dans la beauté du dessin donné à Lynn, cela aurait été un peu... étrange, bien que vrai de sa part. Gêné par la catastrophe amorcée à temps, il observa alors qu'il n'y avait guère plus de monde dans le bar, que cela se vidait petit à petit... étrange... mais très vite il revint vers Lynn, grignotant une des deux gauffres à la moitié avant de reprendre :

- "Il faudra qu'on se trouve un nouveau thème d'ailleurs pour le prochain échange de courriers... qu'est ce qu'on a fait jusque là ? Histoire de voir sur quoi l'on peut enchaîner..."

Alan eut la gentillesse de la complimenter également sur son dessin et argua que le principal était que son portrait lui plaise.
Elle acquiesça vivement :

- Il me plaît beaucoup ! Je l'adore..

Mais ses compliments la firent rougir et elle ajouta, pour la taquiner :

- Tu es trop gentil, c'est presque un défaut, tu sais ?

Mais c'était un trait de caractère qu'elle appréciait beaucoup. Elle avait eut assez de méchanceté, de sadisme et de violence pour le reste de sa vie. La douceur et la gentillesse, la complicité, l'harmonie, c'était tout ce qu'elle recherchait finalement. Tout ce à quoi elle aspirait pour l'avenir.

D'un même mouvement, ils prirent chacun une gaufre pour mordre dedans avec gourmandise.
C'était un délice, il n'y avait pas à dire !

Alan proposa qu'ils réfléchissent à un nouveau thème pour leur prochain échange.

- On en a déjà fait beaucoup… dit-elle en réfléchissant. On a fait des paysages, des animaux, des caricatures, quelques portraits, des scènes… le plus intéressant serait de cibler nos points faibles…

Et quelle était la chose qu'Alan et elle répugnaient le plus à dessiner ? Eux-même !
Soudain, Lynn eut son idée:

- Je sais ! Tu maîtrises parfaitement les portraits, mais j'ai un autre challenge pour toi ! Pour notre prochain échange, que dirais-tu de dessiner un autoportrait ? Un vrai, bien sûr, pas un de tes tours de passe-passe pour te fondre dans le décor ! Ajouta-t-elle malicieusement, sous-entendant par là qu'elle l'avait sûrement mieux cerné qu'il ne le pensait. Juste toi !

Voilà qui allait être un véritable défi pour chacun d'entre eux.

- Et bien sûr, j'essaierai de faire de même ! Mais, j'aurais un peu d'aide ! Cela devrait m'inspirer un peu ! Fit-elle en lui montrant le dessin qu'il avait fait d'elle. Et si tu es gentil, je te laisserai choisir le prochain thème !

Elle débordait d'enthousiasme, le sourire toujours aux lèvres sans même qu'elle s'en rende compte.

Bon alors tout va bien dans ce cas, peut-être pas dans le meilleur des mondes, mais au moins c'était déjà cela de prit, victory my friends ! Sincèrement ravi, le jeune homme le montra par un sourire au miroir de l'émotion qu'il ressentait sur le moment, le plus pur ravissement intérieur menant vers la plénitude temporaire interne. La taquinerie de Lynn fit mouche en surprenant le jeune étudiant, qui mit quelques secondes de se remettre de sa surprise, de reprendre de sa superbe et de son répondant tout naturel sur le même ton, un sourire malicieux aux lèvres :

- "Je sais... on me le dit parfois. Mais si 'c'est presque' un défaut, c'est que cela n'en est logiquement pas un, pas vrai ? Si tu veux je peux être moins gentil et plus bad boy... nan, je préfère rester moi-même en fait, c'est beaucoup plus fun ainsi !"

La gaufre était bonne, rien à redire dessus. Tendre sans être molle, encore chaude juste comme il faut à l'intérieur, soigneusement épaisse, et avec une pâte de base légèrement relevée d'un arôme délicat et appréciable, et du sucre glace par dessus qui ne tombait pas malencontreusement par les merveilles de la magie culinaire. Madame Rosmerta et ceux de son établissement étaient décidément d'aussi bons gérants question boisson que gourmandises ! Y a pas à dire, il préférait mille fois plus cette ambiance que celle trop "girly" du salon de thé de Madame Pieddolu... où il ne voulait pas remettre les pieds avant un moment pour faire un très mauvais jeu de mots bien alanien

"On en a déjà fait beaucoup… On a fait des paysages, des animaux, des caricatures, quelques portraits, des scènes… le plus intéressant serait de cibler nos points faibles…"

Là dessus, il ne pouvait qu'approuver, alors qu'il profitait d'une autre bouchée de la gaufre, hochant vivement de la tête dans un geste approbatif, avant d'avaler la bouchée - bien éduqué sur ce point - et puis seulement de reprendre la parole après s'être essuyé la bouche avec la serviette de table prévue à cet effet et proposa sur un ton humoristique :

- "... de l'art moderne ? De l'art surréaliste ? Genre le tableau blanc sur un fond blanc ? Ou des points, des traits avec des formes bizarres ? Non sérieusement, qu'est ce qu'il nous reste encore d'inexploré..."

Oh my god. Lynn venait de poser une bombe là comme sujet. Effectivement l'auto-portrait, en raison de leur modestie réciproque, était quelque chose qu'ils répugnaient de faire. Oh non. Pas cela, là il était certain de perdre. Limite si elle avait su son statut d'Animagus - ce qui n'était pas prêt d'arriver pour le moment non non, non monsieur, non madame... ou mademoiselle ? Ah non c'est vrai c'est plus valable maintenant - il se serait dessiné sous forme loup, mais non, ce serait un peu de la triche, une facilité désolante à laquelle il se refusait... Mais Lynn avait déjà un auto portrait de lui, en déguisé mode vampire ? Mais il du avouer que c'était un défi bien digne des douze travaux de Héraclès. C'est pourquoi il finit par s'incliner sur le choix, comment refuser de toute manière, c'était de plus en plus impossible étrangement, presque inconcevable dans les limites du raisonnable :

- "Tu veux ma mort toi... bon d'accord. Mon résultat risque d'être assez affreux, par contre, je préfère prévenir, je ne suis pas du tout à l'aise dans ce genre de dessin, sinon la caricature qui m'est refusée là. J'ai toujours trop peur de mal m'estimer, de me surévaluer. Oh Merlin... j'ai trouvé mon maître pour les idées génialement complexes sur les défis ! Alors si tu connais mes trucs pour contourner la difficulté, je ne dois pas être un si bon magicien que cela, non ?"

La suite des propos de Lynn l'amusa grandement - hey depuis quand il avait perdu la main sur les décisions des défis ? Depuis plus longtemps que tu ne le penses mon coco... bref, mode sadique d'auteure off - et il répliqua avec malice et une lueur de défi et de joie pétillante dans le regard de nuit :

- "Je vais essayer d'être gentil alors... pour avoir le temps de concocter un prochain thème à la hauteur de celui-là en difficulté. Je relève le défi. J'ai hâte aussi de voir comment tu vas t'en sortir avec cela."

Aussi loin qu'elle pouvait le constater, pour l'instant, Alan avait plus de qualité que de défauts, même si elle était consciente que leur amitié encore fraîche était sûrement la raison pour laquelle elle n'avait pas encore eu affaire à son côté un peu plus sombre.
Le peu que Lavande avait pu lui raconter sur son passé rendait Lynn perplexe et très admirative, car il cachait merveilleusement bien ses états d'âme.
Jusque là, il avait toujours été charmant et avait l'air aussi ravi qu'elle d'être en sa compagnie. Elle n'allait pas s'en plaindre, mais cela la fascinait.
L'idée de l'auto-portrait était donc une riche idée, un peu tordue comme lui faisait remarquer Alan. Elle rit et prit un air compréhensif:

- Ne t'inquiète pas, mon propre autoportrait risque d'être une catastrophe, mais c'est justement ce qu'il y a de drôle ! Rester dans les sentiers battus c'est bien, mais ce n'est pas comme ça qu'on progresse ! Hum.. Peut-être que tu es un bon magicien, mais que je commence à te connaître !

Et cette idée l'enchantait. C'était tellement agréable de rencontrer quelqu'un et de pouvoir nouer des liens normaux, de laisser le drame derrière elle. Avoir des rapports humains sans faux semblants, sans mensonges. Elle adorait ça.

Elle taquina le beau brun qui répliqua qu'il allait essayer d'être gentil.

- J'ai hâte de voir ça alors !

Ils papotèrent encore un moment, terminant gaufres et boissons, sans se rendre compte que le pub se désertait de sa clientèle étudiante et que la nuit commençait à tomber.
C'est Mme Rosmerta qui vint les interrompre:

- Dites, les artistes, loin de moi l'idée de vous mettre de hors, mais le couvre-feu de Poudlard est dépassé et la demoiselle devrait déjà être rentrée.. je dis ça, je dis rien, mais ne traînez pas trop !

Lynn prit un air étonné et regarda l'horloge, stupéfaite:

- Ho… par Merlin, je n'avais pas vu que.. merci, Mme Rosmerta. On s'en va tout de suite… je suis désolée ! Ajouta-t-elle à l'adresse d'Alan tandis qu'elle se levait et rangeait rapidement ses affaires avant de remettre pull, cape et accessoires. J'ai complètement perdu la notion du temps ! Tomas et Lavande doivent t'attendre en plus ! Tu vas encore avoir des ennuis à cause de moi !

Elle leva les yeux vers lui et lui lança un regard désolé assorti d'un sourire éclatant qui contredisait presque ses paroles.

Après avoir laissé un pourboire – ils pouvaient se le permettre puisqu'ils n'avaient finalement rien payé- ils s'engouffrèrent à l'exterieur pour constater qu'effectivement, plus un seul élève de Poudlard ne traînait dans les rues et que les premières étoiles pointaient le bout de leur nez.
L'urgence de leur départ lui semblait maintenant dépassé dans le calme de la nuit naissante. Elle était déjà en retard, alors... elle n'était plus à quelques minutes près. En revanche, elle ne voulait pas retarder Alan davantage.

- Tu peux y aller, si tu es pressé, je comprendrai. Tu n'es pas obligé de m'accompagner !

Même si elle n'avait pas envie de le laisser partir maintenant. Elle voulait prolonger cette belle après-midi encore un tout petit peu... car il faudrait longtemps avant qu'ils ne puissent se revoir...

"Ne t'inquiète pas, mon propre autoportrait risque d'être une catastrophe, mais c'est justement ce qu'il y a de drôle ! Rester dans les sentiers battus c'est bien, mais ce n'est pas comme ça qu'on progresse ! Hum.. Peut-être que tu es un bon magicien, mais que je commence à te connaître !"

Il rit alors de bon coeur devant un tel commentaire d'auto-dérision comme il la connaissait très bien, lui aussi étant un très grand maestro du domaine, et répliqua avec le sourire malicieux aux lèvres :

- "Alors on verra bien qui aura le plus réussit à se défigurer dans l'exercice. Et cette fois, je suis sûr de gagner haut la main, si tu me demande de faire un auto-portrait ! Mmm... tu commencerais donc à comprendre mes trucs artistiques... bah il doit bien en rester quelques uns, des tours dans ma manche question du dessin, pour te surprendre quand tu t'y attendras le moins !"

Ils discutèrent encore un bon moment, Alan joyeux comme jamais, insouciant comme jamais, ce qui était bien rare en ce moment. Lynn avait ce don indiscutable de le faire oublier toutes les choses noires de sa vie pour de lumineux moments de partage amical, de détente et de rires simples, naturels, sans chichis ni rien. Plus le temps passait, plus le jeune homme était en recherche de ces liens vrais, de ces liens qui naissent naturellement et ne demandent pour grandir que d'apprendre à connaître autrui tout en restant soi-même, synthèse vitale pour que la fleur de la vraie amitié puisse s'épanouir en toute liberté et révéler ses fragrances et ses merveilles cachées dans les délicats pétales aussi fragiles que le coquelicot si un mauvais vent venait les violenter. Lynn n'en avait pas conscience, mais elle l'apprivoisait réellement, il se laissait de plus en plus amadouer, plus en confiance que jamais, surtout avec une jeune fille, une jeune fille qui maintenant lui était aussi indispensable que Lavande pour se sentir à son aise et assez sûr pour continuer d'aller de l'avant.

"Dites, les artistes, loin de moi l'idée de vous mettre dehors, mais le couvre-feu de Poudlard est dépassé et la demoiselle devrait déjà être rentrée... je dis ça, je dis rien, mais ne traînez pas trop !"

Oh my god, si cela ce n'était pas du rappel à l'ordre cordial, je ne sais pas ce que c'était ! Alan non plus, il était tellement abasourdi de ce brutal retour dans la réalité du temps qui passe comme toujours, et il s'exclama tout en sortant avec vivacité sa montre à gousset en or sorcière offerte par Patrick des années de cela, la rangeant avant que le reste de ses affaires ne retourne dans son sac-besace en cuir :

- "Gosh ! That late ? Oh... non, c'est moi qui suis désolé, Lynn, j'aurais du surveiller l'heure, mais j'étais tellement pris dans la discussion que... arf tu avoir des ennuis par ma faute, Rusard est intransigeant avec l'heure ! T'en fais pas pour moi, le self ferme tard et... j'improviserais avec Thomas et Lavande, ils sont habitués à mes retards, ne t'en fais pas... bon, on oublie rien ? Non ? Oh les ennuis, t'inquiète, je connais bien ! Filons avant que ce ne soit la nuit noire ! Merci de la vigilance, Mme Rosemerta, à la prochaine !"

Il laissa effectivement un pourboire conséquent pour la gérante de l'établissement, et quitta avec Lynn le bar célèbre de Pré Au Lard. La nuit tombait déjà, l'heure était en effet bien avancée ! Et la nuit promettait d'être si belle... il leva les yeux vers les étoiles, songeur un moment. Il n'avait pas vraiment envie de mettre fin à cette belle journée en compagnie de Lynn. Il n'avait pas envie de partir tout de suite. Non, si seulement la nuit pouvait reculer un peu, juste pour cette fois...

"Tu peux y aller, si tu es pressé, je comprendrai. Tu n'es pas obligé de m'accompagner !"

Alors il sortir de sa rêverie et tourna son regard noir irisé de bleu très foncé vers Lynn, alors que les lampadaires magiques s'allumaient petit à petit, et qu'il était content que sa cape-manteau chauffante remplisse sa fonction, pour lui répondre avec une sincérité directe qui l'étonna lui-même, un sourire éclatant aux lèvres, et un peu gêné alors qu'il parlait :

- "Je ne suis pas pressé, loin de là ! Je les ferais attendre bien un peu... au pire je les retrouverais au self ou au pas de ma porte pour me faire hurler dessus. Puis... tu sais, les rues de nuit, c'est pas terrible pour une fille seule, y a des sales types qui peuvent rôder, alors, je tiens à te raccompagner. Puis... si on peut passer ainsi un peu plus de temps encore, j'en serais le premier ravi, tu peux me croire ! Vraiment ! Sauf si ma compagnie t'embête bien sûr... c'est comme tu veux, mais en tout cas... cela me ferait plaisir de te raccompagner."

Alan s'inquiéta gentiment du fait qu'elle allait avoir des ennuis avec Rusard et elle secoua la tête:

- Ce n'est pas grave, j'essaierai d'être discrète ! Parfois ça marche, et mes amies essayeront de me couvrir !

Ils sortirent dans l'air glacial de ce début de soirée et Lynn lui assura qu'il pouvait s'en aller. Elle fut ravie quand il protesta:

- J'ai passé l'après-midi avec toi et je n'ai pas vu le temps passer, bien sûr que ta compagnie ne m'embête pas ! Protesta-t-elle, avec un sourire. Au contraire, c'est très aimable à toi, ça me fait plaisir.

C'était amusant et troublant à la fois à quel point elle retrouvait sa propre insécurité en lui. Et pourtant, il dégageait quelque chose qui la mettait en confiance.
Son commentaire sur l'insécurité des lieux la fit repenser à son enlèvement par Torin quelques années auparavant, juste avant le meurtre de leur père par Aïlin. Il n'avait pas eu à attendre que la nuit se lève, il était intervenu au beau milieu de la journée, aux yeux de tous. Si cette terrible période n'avait pas pris fin depuis longtemps, Lynn en serait encore à avoir peur de son ombre. Pourtant, le souvenir plus récent de son entrevue avec Aïlin lui nouait toujours l'estomac.
Elle fit de son mieux pour chasser ces pensées parasites tandis qu'Alan et elle se mettaient en route vers le chemin qui menait à Poudlard.

- Cela aura été une après-midi riche en rebondissement ! Je n'arrive pas à croire que ce soit passé si vite ! Je passe toujours un bon moment avec toi !

Lynn avait déjà très froid. Elle se frotta les bras pour activer la circulation du sang et se procurer un peu de chaleur. Il fallait vraiment qu'elle pense à s'acheter une véritable cape de voyage.
Le temps qu'ils arrivent, toujours en discutant, au bout du chemin menant elle était frigorifiée.

- Nous y voilà, dit-elle. Tu ne peux pas aller plus loin.

La suite du chemin, bien qu'encore un peu longue n'était accessible que par les élèves et le corps enseignant.

Lynn se tourna face à Alan, déçue que finalement l'heure de la séparation soit arrivée.

- J'ai vraiment passé une excellente après-midi. On remet ça dès que possible ?

Sa seule consolation résidait dans le fait qu'ils continueraient à s'écrire.

- Envois-moi un hibou quand tu seras arrivé et que tu auras essuyé la tempête Lavande… car désolée de te le dire, mais tu vas y avoir le droit ! Dit-elle en riant.

Levant les yeux pour plonger son regard dans le sien, elle frissonna à nouveau, mais cette fois, ce n'était pas seulement de froid. Il y avait quelque chose dans le regard d'Alan, quelque chose qu'elle en parvenait pas à décrire mais qui trouvait écho en elle. Elle était vraiment triste que cette journée soit terminée, mais elle ne savait pas comment lui dire. Elle aurait tant aimé continuer à faire le chemin avec lui. Ils auraient pu manger un morceau et passer la soirée à discuter.
Plus elle le voyait et plus elle voulait passer de temps avec lui. C'était sans doute un signe, dirait Lavande.

N'empêche que cette réponse ne lui convint guère. Il avait bien connu Rusard, la malignité du gardien qui avant était son meilleur ennemi des fraudes habituelles qu'il faisait au sein de l'école, et tout en marchant posément aux côtés de Lynn, il sourit légèrement avant de déclarer avec malice :

- "Attends, je vais te donner un petit coup de main. Bouges pas..."

Il se figea un moment, farfouillant dans sa besace avant d'en tirer sa si précieuse trousse enchantée à fioles de sa fabrication. Il avait ses valeurs sûres dedans, en plusieurs exemplaires pour certaines. Tout en masquant les étiquettes de certaines assez délicates d'existence, il chercha du regard les deux concernées, avant de bien vérifier sur l'étiquette - il était extrêmement méticuleux dans le domaine, et là vous pouviez être certain d'avoir une potion de qualité et correspondant à celle indiquée par l'étiquette - et tendit deux fioles à Lynn tout en recommandant :

- "Tiens, cela sera un petit coup de pouce. Si jamais tu te retrouves en difficulté, voilà une potion d'invisibilité, je m'en suis servi, mais elle ne marche pas contre les gargouilles, donc là sois prudente. Et je te donne l'antidote à cette potion, bien que l'effet de la potion ne soit pas très long, sers-t-en uniquement en cas d'urgence. Tu peux me faire confiance, les potions sont mon domaine de prédilection !"

Il sourit avec bonheur à ses deux remarques suivantes, les approuvant vivement, tout en commentant en lui-même que c'était réciproque pour lui. Que plus le temps passait, plus les sorties entre eux se multipliaient, plus il savourait ces moments simples de partages et de discussions avec un réel délice. Plus il les attendait avec une extrême expectative et impatiente. Plus il se liait avec Lynn sans s'en rendre compte, que la barrière qui l'effrayait tant, il la frôlait déjà. Il suffirait de peu de choses pour que... ils étaient déjà, trop vite selon eux deux, à la frontière de leurs lieux d'études respectives. Oh, il l'aurait bien suivie discrètement en mode loup si Lav' et Toto ne l'attendaient pas à l'UMA pour s'assurer qu'elle rentrait saine et sauve à bon port. Vraiment. Il sourit légèrement tout en répondant :

- "Oui, nous y sommes, en effet. Je t'aurais bien raccompagné jusqu'aux portes de l'école, mais tu sais aussi bien que moi que c'est impossible. Tant mieux pour la sécurité de Poudlard d'ailleurs. C'était vraiment une aprem géniale, Lynn. On refera cela, promis."

Ils devraient se séparer... et curieusement cette fois-çi son coeur était pincé par une force mystérieuse, tiraillée entre le besoin de la laisser aller et l'envie de ne pas la laisser aller précisément. Il lui assura qu'il le ferait dès qu'il serait sorti de la furie Lavande, en riant, avant que le silence ne se reposa entre eux. Il remarqua que Lynn frissonnait encore. Elle devait être glacée la pauvre ! Et lui laissait la laissait faire, comme cela, sans rien réagir ! Honteux, monsieur Desoya, honteux ! Mais alors qu'il faisait ces réflexions, il prit sa propre cape, l'enleva - son ancienne, pas celle offerte par Tomas qui était dans son appart - et l'attacha aux épaules de la jeune femme, tout en soufflant doucement :

- "Ma pauvre, tu es congelée... tiens, je te laisse la mienne, ça ira moi..."

Une étrange émotion, qu'il refoulait inconsciemment, le saisit à ce moment là, et le rendit plus hardi, au delà de sa timidité naturelle dans le domaine. Quand il eut finit d'attacher la cape d'hiver, il se rendit seulement compte alors combien leurs visages étaient proches. Dangereusement proches. Pas bon cela, cela l'effrayait un peu en même temps que cela représentait un tout autre sentiment qui naissait dans son coeur depuis un petit moment. Et c'est à ce moment qu'il ne sut pas ce qui le prit. Il n'eut aucun contrôle dessus, pour une fois, le sentiment brumeux prit le dessus... et leurs lèvres s'étaient rencontrées avant qu'il n'en eut conscience. Ouh là. Danger. Peur. Peur de perdre, de la perdre. Qu'elle le fuie. Il devint pivoine en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire. Il recula brutalement, affreusement gêné, balbutiant en recula de quelques pas, un peu effrayé :

- "Sorry... I'm sorry, it was.... well, ne tarde pas sur la route ! Heu... à la prochaine, hein ? Rentre, vite ! On ... s'enverra des lettres dès qu'on est rentrés, d'accord ! See you !"

Il s'enfuit. Il fuyait. Il avait eut peur et honte de sa conduite, comme le sentiment était là maintenant. Il le réalisait maintenant. Il était amoureux... damn it il était amoureux ! My god, il était amoureux. Oh my god, il allait perdre Lynn... il devait se défouler. Se calmer. Il transplana dans sa chambre, laissant les poings tambourriner sur sa porte. Ses amis. Il était sous le choc. Entièrement.

(Fini I love you

)

Lynn accepta les fioles d’Alan en souriant, surprise qu’il ait tant de matériel sur lui.
Elle avait bien compris que les potions étaient l’une de ses passions, mais elle n’avait pas réalisé avant de voir sa besace :

- Merci. Je suis impressionnée ! J’essaierai d’éviter mais si besoin j’en ferai bon usage !

Elle acquiesça quand il lui dit que cela avait été génial et qu’il lui promit qu’ils le referaient :

- J’espère bien !

Ils restèrent un instant face à face, chacun ayant du mal à se résigner à partir.

Elle frissonna et Alan sembla le remarquer puisqu’il s’empressa d’enlever sa cape :

- Ho non, Alan...ce n’est pas nécessaire… ne…

Mais déjà il était en train de lui attacher délicatement autour du cou. Elle lui sourit et releva les yeux pour constater qu’il s’était rapproché et qu’ils étaient maintenant plus près l’un de l’autre qu’ils ne l’avaient jamais été. Son cœur s’emballa et elle se demanda pourquoi son estomac se serrait d’angoisse. D’un instant à l’autre il allait reculer et se sentir gêné, elle était prête à le parier. Mais eu lieu de cela, il ne bougea pas tout de suite et avant même qu’elle ai pu comprendre ce qu’il se passait, il l’embrassait.
Lynn tressaillit au contact de ses lèvres. Elle n’eut pas le temps de se décider à lui rendre son baiser ou à le repousser doucement que déjà il avait reculé, semblant affreusement embarrassé.

- Alan… je..

Stupéfaite, elle ne put dire un mot de plus tandis qu’il s’excusait et prenait la fuite.

Il prenait la fuite ? Lynn rougit à retardement, se sentant particulièrement stupide.

Il l’avait embrassé ! Et il n’était plus là…Pourquoi avait-il fait cela si c’était pour prendre ses jambes à son cou ?

Perdue, et se sentant un peu humiliée par ce départ précipité, elle prit sur elle en resserrant la cape d’Alan contre elle avant de reprendre le chemin de Poudlard. Contrairement à ce qu’ils avaient craint, elle ne se fit pas prendre et n’eut pas d’ennui. Pourtant, bouleversée, elle sauta le repas du soir et écrit une lettre rapide à Lavande qu’elle envoya en hibou express. Il n’y avait que sa vieille amie qui pourrait l’éclairer sur le comportement du futur médicomage, et si cela devait lui attirer quelques ennuis, tant pis pour lui. Il l’avait planté au beau milieu de Pré-Au-Lard ! C’était… vexant. Mais elle était surtout intimidée et un peu triste. Il lui fallait les conseils d’une experte.

Elle ne parvint pas à fermer l’œil avant des heures, les yeux rivés au plafond en velours rouge de son lit à baldaquin. Que s’était-il passé ? Elle essayait de mettre de l’ordre dans ses sentiments sans trop y parvenir. Si Alan n’avait pas fuit d’une telle façon, elle aurait peut-être pu y voir plus clair… tout ce qu’elle savait c’est qu’il l’avait embrassé et qu’il avait semblé le regretter la seconde d’après… Ca faisait trop pour une adolescente et ses premiers émois amoureux. Elle s’endormit difficilement et fit d’étranges rêves, peuplés de ricanements moqueurs et d’un sentiment injuste d’abandon.

Et pourtant, malgré une certaine colère envers lui, il lui manquait déjà… elle espérait qu’il tiendrait sa promesse et qu’il lui écrirait... après tout, il lui devrait quelques explications...

(fin)