Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

Partagez
 
 Retrouvailles (Pv Aïlin)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMar 27 Déc - 21:34:55

Surprise semblait être un mot trop faible pour expliquer ce que Lynn avait ressentit en lisant les mots de son frère.
Son frère. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas autorisée à penser à lui en ces termes. Pas depuis qu'il l'avait rayé de sa vie, à juste titre d'ailleurs. Elle ne pouvait pas l'en blâmer. Elle l'avait perdu comme elle avait perdu tout ce qui autrefois comptait pour elle. Cela avait été le prix de sa liberté. Une liberté chèrement acquise.

Pendant plus d'un an, elle n'avait pas eu de nouvelles.
Après l'attaque de Poudlard, elle avait cherché à savoir ce qui lui était arrivé et avait appris avec soulagement qu'il s'en était sorti, contrairement au reste de leur famille. Mais conformément à ses souhaits, elle n'avait pas repris contact avec lui.
Elle s'était fait une raison. Elle avait fini par accepter le fait qu'elle ne ferait plus jamais partie de sa vie.

C'était sûrement la raison pour laquelle son paquet l'avait inquiété plus que réjouie. Elle n'avait pas compris pourquoi il reprenait contact après tant de temps. Que s'était-il passé pour qu'il souhaite renouer avec elle ? De plus, ses présents l'intriguaient. Principalement la somme d'argent considérable qu'il lui avait envoyé pour investir dans sa boutique d'amulettes. Comment avait-il découvert cela ? Elle ne se souvenait pas avoir parlé à quiconque de ce projet. C'était un rêve qu'elle n'était même pas encore sûre de pouvoir réaliser.
Le fait qu'Aïlin lui offre de l'argent l'angoissait.
Même si la majorité de son héritage était passé dans l'achat de son appartement, il restait encore de belles économies à Lynn et jamais il ne lui serait venue à l'idée de demander de l'argent à l'héritier Bower. Même si elle savait qu'une partie de la fortune familiale lui revenait, elle n'y tenait pas et ne comptait pas la réclamer.

Après avoir passé une nuit entière à ruminer ses pensées et à essayer de deviner les intentions de son frère, elle finit par lui écrire une lettre, qu'elle recommença plusieurs fois. Elle ne voulait pas écrire quelque chose qui pourrait le froisser, pas alors qu'il faisait un premier pas qu'elle n'attendait plus depuis longtemps. Le mieux était encore de lui proposer de se voir.

Sa réponse la laissa encore plus perplexe qu'elle ne l'était déjà. Il disait vouloir mettre ses ressentiments de côté pour le bien de leur famille. Faisait-il allusion à Léan ? Après la fin de la guerre, elle s'était arrangée pour qu'il reçoive les coordonnées de la famille moldue qui s'occupait d'elle. Maintenant qu'elle était hors de danger, elle n'avait pas à cœur de lui ôter la possibilité de la revoir. Elle ignorait cependant ce qu'il avait fait de l'information. Peut-être était-il allé la voir ? Il avait aussi bien pu jeter son courrier au feu sans même l'ouvrir.

Le reste de la lettre ne la rassura pas davantage. Il disait avoir à discuter de bien plus de choses qu'elle ne le pensait. A quoi pouvait-il bien faire allusion ?
Elle s'était torturée avec des milliers de questions pour finalement abandonner. Cela était parfaitement inutile. Elle irait.
S'il estimait qu'ils pouvaient mettre leurs différents de côté, c'est que c'était important. Même si elle ne croyait plus en lui comme autrefois, il restait son frère et elle lui ferait confiance.

Après tout, il restait capable de lui trouver le cadeau le plus original et le plus parfait possible alors qu'il ne l'avait pas vue depuis si longtemps.
C'était un peu effrayant, mais c'était aussi tout à fait son genre.

Elle sourit à la lecture de la signature. Aïlin se faisait appeler Lord Bower maintenant ! Comme les choses avaient changé.

Elle lui renvoya une lettre en lui proposant une date, pour un café, et se prépara psychologiquement à affronter le manoir de son enfance.

Bizarrement, cela ne l'effrayait plus. Le Manoir n'avait été, pendant tout ce temps, que l'extension de son père tyrannique, puis plus tard la cage de son emprisonnement volontaire.
Maintenant que Devin avait disparu et qu'elle n'était plus depuis longtemps cette fillette terrorisée qui essayait de s'échapper, le Manoir n'était plus qu'une bâtisse, certes imposante, mais qui ne la faisait plus frissonner lorsqu'elle s'en approchait.

Elle avait laissé derrière elle la peur et la souffrance. Du moins, se le répétait-elle, comme pour s'en convaincre, tandis qu'elle montait les marches menant à la porte d'entrée.

Elle prit une profonde inspiration et, d'une main qui ne tremblait pas, frappa à la porte.

Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMar 27 Déc - 22:38:56

Le soleil se reflétait sur un imposant manteau de neige, qui avait complètement recouvert la pelouse et les rosiers qui ornaient le chemin de graviers menant à l'imposante porte de chêne du Manoir Bower. Le ciel était d'un blanc tout aussi limpide, et la lumière du jour n'en était que plus aveuglante. Comme jadis, l'illustre bâtisse de pierres blanches se dressait fièrement devant le vaste jardin, plus fraîche, plus belle que jamais. Les fissures, qui avaient commencé à entamer la façade, avaient disparu, les marches usées par les âges étaient impeccables, bien que soigneusement restaurées de sorte à ce qu'elle gardent un témoignage de leur ancienneté. En cet après-midi d'hiver, il faisait froid au dehors, mais Aïlin demeurait, lui, bien au chaud, dans le salon où brûlait une grosse bûche dans la cheminée. Assit devant le piano de son père, qu'il avait fait remonter du grenier où il avait été abandonné pendant bien des années, il jouait un air de Schubert, une partition devant les yeux, qu'Erycius tournait discrètement lorsqu'il l'était nécessaire. Aïlin jouait pour oublier ce besoin pressant qui lui torturait les entrailles depuis le début du jour. Un besoin d'héroïne, ou de cocaïne, qu'importait. Cela n'était pas dû au manque, seulement, savoir qu'il allait revoir sa sœur qu'il avait vivement repoussé au début de la guerre ne lui était pas indifférent. Contrairement à ce qu'il lui avait écrit, il sentait toujours la rancoeur poindre dans son cœur dès que ses pensées s'égaraient vers elle. Elle qu'il avait tant aimé avait brisé jusqu'aux derniers liens qui les unissaient, jusqu'au plus mince sentiment d'amour fraternel qui les avait unis. Ils n'avaient, dès lors, plus rien eu à se dire. Une belle histoire s'était achevée sur une note pathétique. Néanmoins, Aïlin avait aujourd'hui des choses à apprendre à sa sœur. Des choses qu'elle ne voudrait peut-être pas entendre, mais qu'il était de son droit de savoir. Peut-être même de son devoir.
Il n'y avait pas que ces raisons, se rappela-t-il, tandis que ses doigts frappaient plus vigoureusement les touches du piano. Maintenant responsable de la restauration de sa famille, il ne pouvait pas tenir Lynn éloignée de lui, comme auparavant. Il avait cru cela possible, s'était complu dans son aversion pour elle en pensant naïvement qu'il était enfin libre, seul héritier, et que les affaires de sa cadette n'avait plus rien à voir avec lui. Mais cela était on ne peut plus faux. Chaque geste, chaque décision publique qu'elle pourrait prendre à sa sortie de Poudlard pouvait influencer la vision qu'avait autrui des Bower. Lynn, quoi qu'elle en pense, était la descendante d'une grande famille de sang-pur, qui avait autrefois une réputation des plus prestigieuses. C'était un fait inéluctable, et elle ne pourrait vivre en reniant cette part qui faisait partie intégrante d'elle-même. Quoi qu'il advienne, elle demeurerait une Bower. Quoi qu'il advienne, Aïlin avait décidé de faire en sorte qu'elle intègre cet état de fait dans son esprit rebelle. Les notes du concerto s'envolèrent dans le vaste salon. Sourcil froncé, Aïlin ne prêta aucune attention aux coups qui venaient d'être portés contre la porte d'entrée. Ce fut à peine s'il les entendit. Jenny s'en chargerait, pensa-t-il. À la seconde suivante, il entendit les pas précipités de la servante traverser le couloir.

La porte du Manoir s'ouvrit sur la vieille femme replète, que Lynn connaissait bien. C'était la servante de Devin, que le jeune Bower avait gardé à ses côtés, pour le plus grand bonheur de cette dernière. La femme sentit ses yeux se baigner de larmes à l'instant même où elle reconnu le visage familier qui se présentait à la porte. Un sourire, des mains qui se joignent contre le cœur, accompagnèrent cet élan d'émotion.

- Oh ma petite-fille ! Quel plaisir cela me fait de vous revoir ! Vous n'imaginez pas à quel point... Mais entrez, entrez, ma petite ! Vous devez être transie de froid ! Monsieur Bower a fait préparer un feu, laissez-moi vous débarrasser de cette cape et je vous amène immédiatement à lui.
Jenny s'exécuta aussitôt et plaça la cape de Lynn dans le vestibule, après l'avoir nettoyé des quelques flocons de neige qui la recouvrait d'un coup de baguette. Reprenant une attitude plus digne, bien que larmoyant encore d'émotion, elle invita Lynn à passer devant elle pour traverser l'arche ouverte qui menait au salon. La vieille femme l'arrêta entre les statues de bronze qui représentait un couple s'élançant l'un vers l'autre, et attendit que la dernière note de musique s'estompe.
Aïlin ne se retourna pas, malgré qu'il sentit la présence de Jenny et de sa sœur à quelques mètres derrière lui. L'appréhension était trop forte. Voir ce visage allait lui en coûter, il le savait. Il ferma les yeux tandis que la servante annonçait la présence de son hôte, et se départi de son faciès crispée pour une attitude plus affable, bien que solennelle. Enfin, il se leva du tabouret d'ébène et fit face à sa sœur. Aussitôt, Jenny et Erycius s'éclipsèrent.
Le manoir avait bien changé, depuis le décès de Torin. Les décors austères et les objets de magie noire qui décoraient autrefois les rares étagères avaient disparu au profit d'une décoration plus épurée. De fins rideaux blancs tombaient gracieusement de part et d'autre des larges et hautes fenêtres, les nombreux portraits qui couvraient les murs du salon, à l'effigie des membres de la dernière génération de la famille, avaient été détruits. Les statues de bronze étaient des éléments nouveaux parmi quelques autres qui conféraient à la pièce une atmosphère plus paisible qu'autrefois. Mais le manoir n'était pas le seul a avoir changé. Aïlin, également. Il se dressait là, devant sa sœur, de toute sa haute stature. Ses épaules s'étaient épaissies et il n'avait plus rien du garçon pâle d'autrefois, bien qu'il demeurait sous ses yeux des cernes grises. Cette fatigue là, en revanche, était plus le résultat de ses longues heures de travail que d'une continuelle torture morale. Il s'était élégamment apprêté, comme il en avait pris l'habitude pour recevoir. Un foulard de soie écrue était noué à sa gorge, sous une chemise sombre à col raide et un veston pourpre. La ressemblance avec leur père était frappante, pour qui avait vu les photos de sa jeunesse.


« Bonjour, Lynn. »

Murmura-t-il d'une voix grave, avant de se décider à s'approcher d'elle. Il ne s'arrêta qu'à un mètre de sa sœur, puis, d'un geste, l'invita à le suivre vers les fauteuils qui attendaient d'accueillir les jeunes gens, devant la cheminée qui crépitait.

« J'espère que cela ne t'est pas désagréable de revenir entre ces murs. »

Lâcha-t-il avec l'ombre d'un sourire, tandis qu'il prenait place dans le fauteuil qui, pendant leur enfance, avait été celui de leur père. Il l'invita à en faire de même, avant de se pencher pour servir le café, le regard résolument fixé sur la cafetière.

« Il s'est tant passé depuis notre dernière discussion, ici-même. J'ai l'impression que cela provient d'une vie antérieure. Et c'est le cas, en quelques sortes. J'avoue que je ne sais ce qu'il serait convenable de te dire, depuis tout ce temps. »

Aïlin posa une tasse de café noir devant Lynn, puis attira la sienne à lui, sans la prendre en main pour autant. La gorge nouée, le cœur serré, il s'enfonça dans le dossier de son fauteuil et croisa les mains, en prenant appui sur l'accoudoir. Son regard voleta autour de lui, pour finalement se poser sur l'âtre grondant. Il inspira profondément, mais discrètement. Aussi calme paraissait-il être, il se sentait bouillir intérieurement. Une mélasse confuse d'émotions embrouillait son esprit. Par dessus tout autre émotion, l'aigreur passait encore largement gagnante. L'entrevue promettait d'être difficile et douloureuse, autant pour elle que pour lui. Néanmoins, c'était un choix qu'il était contraint de faire. Il devait veiller sur sa soeur, bien que la manière dont il comptait s'y prendre serait bien différente que celle dont il avait fait usage à l'époque où il n'étaient de jeunes adolescents, et qui avait si lamentablement échouée.
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 28 Déc - 10:23:40

La porte s'ouvrit sur Jenny, la servante de son défunt père. Elle avait toujours été adorable avec elle, surtout pendant l'année où Lynn était restée au manoir. Sa présence avait été quelque peu réconfortante alors qu'elle avait du quitter ses amis sans même pouvoir les prévenir et que son plus jeune frère s'éloignait d'elle.

- Bonjour, Jenny ! Moi aussi, je suis contente de vous revoir.

Après une brève accolade, la vieille femme la débarrassa de sa cape et l'invita à la suivre dans le salon. Aïlin jouait au piano et les deux femmes attendirent patiemment qu'il ait terminé. Puis quand la dernière note s'évanouit, Jenny annonça Lynn et s'éclipsa, laissant le frère et la sœur en tête à tête.

L'héritier Bower se leva alors et fit face à la jeune femme.

Le cœur de Lynn rata un battement et elle réprima à grande peine un mouvement de recul.

Pendant un instant, elle avait été persuadée de faire face à Devin, comme s'il était revenu d'entre les morts pour la torturer et l'enfermer à tout jamais dans cet endroit qu'elle n'avait jamais pu appeler une maison.

Elle cilla, tentant de ne rien montrer de son trouble.

Lorsqu'il la salua, elle lui offrit un sourire poli
:

- Bonjour. Répondit-elle d'une voix qui ne tremblait pas malgré le rythme affolé des battements de son cœur.

Elle ne l'avait pas vu depuis longtemps et s'était bien imaginée le trouver changé mais elle ne s'attendait pas à une telle transformation. Il ne restait absolument rien de l'adolescent qu'il avait été. Tout en lui, lui rappelait leur père. De ses cheveux à son regard en passant par sa tenue. C'était effrayant.

Elle ne réagit pas quand il s'approcha d'elle et accepta docilement son invitation tacite à s'asseoir, faisant de son mieux pour reprendre contenance.


Citation :
« J'espère que cela ne t'est pas désagréable de revenir entre ces murs. »

Elle le regarda s'installer dans le fauteuil du Maitre de maison avec un amer goût de déjà-vu et secoua la tête:

- Non, ça va. Ca a bien changé. Fit-elle en montrant la nouvelle décoration autour d'eux.

Cela avait été fait avec goût, et l'atmosphère de la maison en était transformée.
Lynn ne se sentait pas très à l'aise, mais ça n'avait rien à voir avec le Manoir. C'était Aïlin.

Il lui servit une tasse de café. Elle avait remarqué qu'il évitait de croiser son regard et pour l'instant, cela lui allait. Elle ne voulait pas revoir Devin dans ces yeux là. Pas encore. C'était beaucoup trop à gérer en même temps.


Citation :
« Il s'est tant passé depuis notre dernière discussion, ici-même. J'ai l'impression que cela provient d'une vie antérieure. Et c'est le cas, en quelques sortes. J'avoue que je ne sais ce qu'il serait convenable de te dire, depuis tout ce temps. »

Lynn ne répondit pas tout de suite, acquiesçant silencieusement en prenant une gorgée de café pour se donner une contenance.
Au contraire, même si elle remontait à loin, cette discussion lui semblait avoir eu lieu hier. Elle s'était cent fois refait intérieurement les dialogues en se demandant où elle s'était trompée. Il lui avait fallu du temps pour comprendre que ce n'était pas la discussion en elle-même. C'était le timing. Elle avait mis bien trop de temps à lui raconter tout ça. Pendant trop longtemps, il avait estimé qu'elle l'avait trahie. Encore aujourd'hui, et malgré ses dires, elle n'était pas certaine qu'il puisse lui pardonner un jour et encore moins oublier.

Elle ignorait également quoi lui dire. Elle avait rarement été aussi embarrassée en sa présence. Ils étaient devenus deux étrangers, cette discussion allait être difficile.


- Moi non plus, mais je ne crois pas qu'il y ait quoi que ce soit de convenable à dire. Peut-être pourrions sauter la partie délicate et en venir directement au fait, qu'en penses-tu ?

Elle attendit un instant son approbation avant de continuer:

- Je voulais te remercier à nouveau pour tes présents… seulement… je ne sais pas si je peux accepter ton argent. J'ignore pourquoi tu m'as fait ce cadeau, ou comment tu as eu vent de mes projets, mais je n'en ai pas besoin.

Il aurait peut-être pu l'apprendre s'il avait lu leur livre de correspondance. Elle avait écrit longuement dedans en espérant qu'il lirait un jour ses écrits et la comprendrait. Mais il y avait bien longtemps qu'elle pensait qu'il l'avait brûlé et qu'elle-même ne l'avait plus ouvert.

Un peu inquiète à l'idée qu'il interprète mal ses paroles, elle ajouta:


- Il me reste une partie de l'héritage de père et je vis bien. C'est une contribution très généreuse mais, à ce stade, elle n'est pas nécessaire.

Elle redressa la tête, prête à affronter la colère de son frère si elle faisait surface. Elle avait mis le plus de tact possible dans son discours et ne lui avait pas directement dit qu'elle refusait son argent. Elle avait simplement besoin d'explications. Elle lui laissait la possibilité de la convaincre Il ressemblait trop à Devin maintenant pour qu'un don d'argent soit complètement innocent. Et au fond, elle n'avait pas vraiment de lui être encore plus redevable.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 28 Déc - 13:38:54

Leurs actuelles retrouvailles n'avaient plus rien de commun avec les précédentes, alors qu'ils étaient tous deux à Poudlard et se retrouvaient en cachette dans les ailes les moins peuplées du château. Aïlin demeurait à une distance respectable de sa sœur, et aucune joie, aucun soulagement ne se lisait dans ses yeux d'un bleu métallique. Lynn, quant à elle, demeurait figée sur place et un violent trouble avait voilé son regard. L'héritier Bower ne sut pas dire s'il s'agissait du fait de le revoir face à elle après un si long silence, ou si son désarroi était d'une toute autre nature. Cela lui importait d'ailleurs peu. Il était seulement rassuré de ne pas la voir céder aux larmes ou à une quelconque émotivité agaçante. Il ne l'aurait pas supporté, jugeant qu'il aurait s'agit là de la pire des hypocrisies. Elle le salua à son tour, sans prononcer son prénom. Sa voix avait bien changé. Elle avait mûri, c'était à présent celle d'une jeune femme plutôt que d'une adolescente. En un peu plus d'un an, elle avait énormément changé physiquement. Il la trouva plus gracieuse, plus sûre d'elle malgré sa gêne apparente. Elle marchait à ses côtés avec une certaine élégance et ses pas étaient plus souples, plus grands qu'à l'époque où elle n'était qu'une pauvre petite fille battue qui trainait des pieds dès que l'on prononçait son nom. Aïlin n'en fit pas la remarque, cependant, trop fier pour avouer, même à lui-même, qu'elle semblait avoir grandit moralement.

Aucun des deux ne toucha à sa tasse de café et chacun regardait ailleurs, dans l'espoir de ne pas croiser le regard de l'autre. S'il y avait une chose qui n'avait pas changé, chez les Bower, c'était l'atmosphère des réunions de famille, pensa le jeune homme en souriant pour lui-même, amer. Quand Lynn prit la parole pour proposer d'éluder les banalités d'usage et se focaliser sur le plus important, Aïlin attrapa machinalement la bouteille de Bushmills qui était posée sur la table et ajouta une lampée de whiskey dans son café. Il amena doucement sa tasse à ses lèvres, camouflant ainsi discrètement le nouveau sourire aigre qui était venu se ficher sur son visage. Clarisse lui avait dit exactement la même chose, quelques mois plus tôt, ici même. Cela s'était terminé en dispute particulièrement désagréable, pendant laquelle l'une des vitres du salon n'avait pas survécu. Il espérait que cela n'arriverait pas avec sa sœur. S'ils venaient à en venir aux reproches, tout ce qu'il voulait tirer de cette entrevue serait perdu, et il savait qu'il ne résisterait pas non plus à l'envie de la jeter à la porte une nouvelle fois, sans autre forme de procès. Il acquiesça sans prononcer un mot, puis avala une gorgée de café.
Par chance, Lynn eut la délicatesse de ne pas lui demander de but en blanc des explications, à l'inverse de la Serdaigle. Tandis qu'elle le remerciait, Bower se décida à poser son regard sur elle. Bien évidemment, elle parla de l'argent qu'il lui avait également envoyé. Aïlin avait oublié ce petit détail. Il n'était pas sensé connaître les aspirations de sa jeune sœur. Pourtant, il savait. Il connaissait le moindre de ses faits et gestes, en réalité. Il n'avait pas pu s'en empêcher. Il l'avait fait espionner, dans le but non seulement de savoir à quoi elle réservait son avenir, mais aussi d'apprendre si elle voyait de nouveau Léan ou non. C'était vicieux, malhonnête, mais l'ancien Serdaigle avait été formé à bonne école. Il ne pouvait se départir de ses vices et le plus grand des siens était le mensonge allié à un irrépressible besoin de contrôle.

La Gryffondor refusa avec tact son argent, ce qui était pour le jeune homme d'une stupidité sans nom. Il avait l'original du testament et savait ce qui avait été légué à Lynn. En comparaison à ce qu'il avait hérité, la jeune femme n'avait touché qu'une broutille. Seulement de quoi vivre quelques temps, mais certainement pas de quoi assurer son avenir sans que le moindre problème financier ne vienne ralentir ou avorter ses projets. Bien sûr, elle n'était pas nécessiteuse, en comparaison avec le commun des mortels. Mais Lynn était une Bower, elle devrait vivre autrement que comme Mademoiselle Tout-le-monde au sortir de l'école. Aïlin ne pouvait pas le permettre, cela n'était pas convenable, et risquerait de ternir son image, si on apprenait qu'en haut de sa grande fortune, il n'avait même pas pris le soin de la marier convenablement, pour faire bon usage de la dot qu'elle possédait, bloquée sur l'un des anciens comptes de leur père et qui était maintenant sien.


« Très bien, parlons argent alors. Nous mettrons ainsi le plus prosaïque de côté. »

Rétorqua-t-il en se tournant cette fois complètement vers elle, mais en baissant un instant les yeux sur sa chevalière avec laquelle il jouait nonchalamment tandis qu'il réfléchissait à la meilleure façon d'aborder la chose. Une seconde plus tard, il releva les yeux sur elle, bien décidé sur la façon de tourner les choses.

« Je connais parfaitement le montant de la somme dont tu as hérité. C'est largement insuffisant pour t'assurer un avenir brillant. Une bourse de 15.000 gallions n'est pas grand chose, seulement de quoi te trouver un atelier qui soit assez convenable pour que tu puisse laisser s'épanouir ton art. Tu pourras certainement t'acheter un peu de matériel également, mais cela ne te permettra aucune fantaisie particulière. »

Il s'arrêta un instant pour goûter une nouvelle lampée de café, puis reposa sa tasse dans sa coupelle.

« Tu as un autre héritage. J'ignore si tu as correctement lu les conditions du testament, si même tu les as lu. Tu as une dot. Et comme tu t'en doutes, c'est à moi de la garder jusqu'à ton mariage. Il est expressément écrit, noir sur blanc, que cette dot sera retournée au maître de maison s'il ne s'agit pas d'un mariage qui puisse être bénéfique pour la famille. Autrement dit, tu ne toucheras rien si tu prend pour époux un parfait inconnu, sans aucune fortune, ni possession particulière. En d'autres termes, tu seras en disgrâce. Je suppose, certainement à juste titre, que cette condition te choque et que tu refuseras d'épouser qui que ce soit autrement que par amour. Aussi, j'ai estimé qu'en tant que Bower, tu devais au moins posséder de quoi concrétiser tes projets. C'est un don tout à fait pragmatique, cela n'a rien d'un présent offert pour le simple plaisir, ou en vue d'une quelconque manipulation. »

Aïlin s'arrêta, bien qu'il n'ait pas terminé de lui faire part de tout ce qu'il avait à lui dire à ce sujet. Mieux valait lui laisser le temps d'assimiler ces informations, avant de parler plus concrètement de sa situation pécuniaire.
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 28 Déc - 15:09:25

Lynn se tenait en alerte, l'esprit clair, l'oreille attentive et l'œil aux aguets. Elle étudiait chaque réaction de son frère pour essayer de deviner ce qui allait suivre. Elle se détendit légèrement en constatant qu'ils ne s'énervait pas ouvertement. Comme depuis longtemps maintenant, elle eut l'impression que chaque mot prononcé par elle agaçait profondément l'héritier Bower. Mais il avait été à bonne école et savait cacher les émotions qu'il savait inopportunes de dévoiler.
Il versa un peu d'alcool dans son café et acquiesça lorsqu'elle lui proposa d'aller droit au but.

Il l'écouta sans l'interrompre et joua un instant avec sa chevalière avant de finir par lever les yeux sur elle. Encore une fois, la ressemblance avec leur père la frappa. Comment n'avait-elle jamais remarqué avant à quel point leur visage étaient similaires ? Les mêmes lèvres, minces et serrées, le même nez, et ce regard, dont la nuance de bleu était légèrement différente mais qui ne reflétait que rancœur, aigreur, déception et colère contenue. Un regard glacial.
Mais le choc initial était passé, elle ne réagit pas.
En revanche, elle se rendit compte qu' elle avait inconsciemment protégé son esprit. L'Occlumencie était devenue si naturelle avec le temps, qu'elle y faisait souvent appelle sans s'en rendre compte.
Elle ignorait même si Aïlin avait jamais appris la Legilimencie, mais elle s'était sentie menacée. Le souvenir de son père pouvait parfois lui faire cet effet, aussi ne s'en inquiéta-t-elle pas.
Rien dans son comportement ne pouvait laisser deviner qu'une barrière s'était formée dans son esprit. Mais elle était là, juste au cas où.

Sans surprise, Aïlin lui appris qu'il était au courant de ses finances et de ce qu'elle avait touché. Une misère par rapport à la fortune familliale. Cela ne l'étonnait guère. Elle avait même été surprise de toucher quoi que ce soit à la mort de son père. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait même refusé cet argent, mais elle n'était pas idiote. Il fallait bien survivre.

Il n'avait pas tord, cela dit, et cela la préoccupa un instant. Cet argent lui permettrait de se lancer plus rapidement dans la vie active après Poudlard. Ce serait un gain de temps précieux.
Mais quelque chose continuait à la tracasser.

Elle acquiesça en l'entendant continuer et parler de ça dot, essayant de ne pas montrer qu'elle en ignorait même l'existence.

Elle ne savait pas ce qui l'étonnait le plus. Que Devin ait mis cela en place de son vivant ou qu'elle ait imaginé, juste une seule seconde, qu'il n'avait rien prévu pour continuer à asseoir son pouvoir sur elle une fois adulte.
Non, en fin de compte, ça n'avait rien de surprenant. C'était tout à fait son genre.
Il avait espéré continuer à la manipuler, lui choisir un époux, diriger sa vie comme bon lui semblait. Il avait sans doute prévu de la vendre à un Sang-pur, probablement un cousin vaguement éloigné pour gagner encore en pouvoir et influence.
C'était une satisfaction sans borne de savoir qu'il avait échoué.
Mais elle était consciente qu'Aïlin ne lui disait pas tout ça par hasard.


- Très bien. Je vois. Dit-elle en prenant une nouvelle gorgée de café pour gagner quelques seconde de réflexion.

Il pouvait d'ores et déjà considérer que cet argent lui reviendrait, car comme il l'avait deviné, elle n'avait pas l'intention de faire un mariage d'intérêt. Et il y avait peu de chance que son futur hypothétique mariage apporte un bénéfice quelconque à la famille.

Quant à cette bourse de 15000 gallions, c'était plus compliqué. Il avait beau lui assurer que cela n'était en rien une tentative de manipulation, elle savait que rien n'était jamais gratuit avec les Bowers. Elle voulait en savoir plus. D'autant qu'elle avait été intriguée de sa façon d'évoquer le nom des Bowers. Il y avait déjà fait allusion dans sa lettre. Comment était-ce déjà ? "Pour le bien de la famille" ?
Depuis quand son frère tentait-il de redorer le blason familiale ?

Elle haussa les épaules, d'un air indifférent:


- Concernant ton…don, si tu penses que c'est nécessaire alors je l'investirai pour mon avenir.

*Sans Aucune Contrepartie* Se promit-elle mentalement.

Elle n'avait pas envie de se battre avec lui. Il semblait penser qu'en tant que Maître de maison et héritier du nom Bower il devait veiller à la réputation de celle-ci. Très bien, elle ne tenterait pas de lui faire changer d'avis tant qu'il n'interférait pas avec ses projets et son libre arbitre.


- Tu as laissé entendre que tu avais des choses importantes à me dire. Dit-elle finalement en reposant sa tasse de café d'un air plus assuré qu'il ne l'était en réalité. De quoi s'agit-il ?

Il avait peut-être changé, mais elle aussi. Il était temps d'en venir au fait. Elle avait bien compris qu'il ne l'avait pas contacté pour une quelconque réconciliation. Et malgré sa déception, elle en était presque soulagée.
Il s'agissait de servir certains intérêt et elle voulait avoir toutes les cartes en mains pour comprendre ce qu'il attendait d'elle. S'il fallait simplement qu'elle se comporte en fille de bonne famille pour qu'il soit satisfait , elle le ferait. N'était-ce pas ce qu'elle était depuis toujours, au fond ?

Elle plongea son regard acier dans celui glacé de son frère et attendit.

Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 28 Déc - 16:17:52

Un soupir las échappa à Bower, tandis que sa main retombait sur sa cuisse et que son regard s'égarait à nouveau en direction de la cheminée. Elle était véritablement devenue une femme, pensa-t-il. Impatiente, obstinée, créature avec qui on n'avait guère la possibilité de prendre le temps de la discussion. Manifestement, elle ne prenait pas mesure de l'importance de l'aspect financier, dans sa vie. Avait-elle même un comptable, pour s'occuper de ses affaires ? Elle aurait dû investir une partie de ce dont elle avait hérité afin de s'enrichir, tout comme il l'avait fait, lui. Il ne s'agissait pas seulement d'eux, mais des générations futures. Ils devaient préserver leur famille du besoin pour les prochains siècles, tous comme leurs ancêtres l'avaient fait pour eux. Seulement, Lynn était à des lieues de penser à ce genre de chose. Il comprenait mieux pourquoi leur père avait fait en sorte de la tenir à l'écart de ces sortes de sujets, qu'il l'avait considéré comme un membre obsolète de la famille. Quoi qu'il advienne, ces choses là n'étaient après tout pas ses affaires. Elle ne transmettrait pas leur nom, serait adoptée par une autre famille lorsqu'elle se marierait. Néanmoins, pour le moment, c'était bien le nom d'Aïlin qu'elle portait, et cela pour peut-être quelques années encore. À moins qu'il ne lui trouve lui-même un bon parti, et tout serait réglé. Il y avait déjà réfléchit et avait même commencé une liste de nom, avec l'aide de ses contacts les mieux renseignés. Il ne s'était cependant pas contenté de faire une liste des plus fortunés, mais avait soigneusement trié les potentiels partenaires qui semblaient les mieux en accord avec le mouvement de pensée actuelle. Il n'était pas question de s'allier à nouveau avec un parti extrémiste, mais il fallait tout de même préserver la tradition. C'était un sujet grave et complexe. Cela étonnait le jeune Bower qu'elle ne se sente pas davantage concernée. Elle n'imaginait certainement pas qu'il était dans son pouvoir, aujourd'hui, de la marier en toute légitimité. C'était peut-être mieux ainsi. Cela éviterait qu'elle ne se braque lorsque le moment sera venu d'en discuter honnêtement avec elle.

« Je te suis reconnaissant d'accepter cet argent. Je suis convaincu que tu en feras le meilleur usage. Je sens bien que cela te gênes, mais je n'en comprends pas la raison. Pensais-tu que j'allais agir comme Torin et te laisser à l'abandon, sans me soucier de ce qu'il pourrait t'arriver ? »

Prononça-t-il d'une voix grave tandis que ses yeux se tournaient à nouveau vers elle. Il éludait volontairement sa question, et non sans malice. Avant de lui parler de leur père, il devait la mettre en condition, et, pour ce faire, Aïlin n'éprouvait aucun remords à la manipuler.

« Je vois dans tes yeux des choses qui me déplaisent profondément... J'ai toujours été une ombre derrière tes pas, Lynn, même lorsque nous ne nous parlions plus. Je sais absolument tout de ces presque deux années pendant lesquelles tu as vécu seule, dans ton appartement londonien. Comment tu as surmonté la solitude, l'hébétude de te trouver enfin libre de tes chaines, les amulettes que tu préparais en secret à Poudlard et le petit atelier que tu as improvisé dans ton foyer. Je ne me suis jamais interposé. Je t'ai laissé vivre ta vie, estimant qu'il n'était temps ni pour toi, ni pour moi, de nous revoir enfin. Si j'avais été père, tu serais revenue au Manoir afin que je te prépare à une vie de femme du monde. Je t'aurais modelée de mes mains afin que tu devienne l'épouse parfaite en vue d'une alliance avec un quelconque Lord au passé des plus troubles. »

Aïlin la fixa un long moment, sans ciller. Il savait que cet aveux allait la perturber. Apprendre qu'elle avait été espionnée, peut-être suivie une grande partie du temps, n'était pas des plus agréable. Elle l'avait déjà été à Poudlard, par Ultan. À présent, c'était son dernier frère qui avait pris le relai. Le sort semblait s'acharner, cependant, elle pouvait observer une grande nuance entre les actions de l'un et de l'autre. Aïlin ne l'avait fait que pour garder un œil sur elle, sans porter de jugement sur ses actions – en apparence, tout du moins. Il ne s'était jamais interposé, aucun de ses amis n'avait subitement disparu, rien d'étrange ou de malsain ne s'était produit autour d'elle. Il n'avait pas cherché à la malmener, encore moins à se venger, bien qu'il y ait pensé plusieurs fois. Il ne voulait pas s'abaisser à l'immoralité de ses frères. Il était persuadé de valoir bien plus que cela pour s'adonner à ces bassesses.

« Bref. »

Murmura-t-il en ajoutant quelques gouttes de whiskey au reste de café qui attendait d'être bu, encore fumant.

« Cette histoire de dot était la première chose dont je souhaitais te parler. J'estime que tu devais être au courant de cela et j'ai supposé qu'à la mort de Torin, tu ne t'étais pas plus soucié de ces choses-là qu'à la mort de père. »

Il n'ajouta pas le reproche qui lui brûlait les lèvres. Lynn n'avait même pas pris la peine de se déplacer pour l'enterrement de ses frères. Cela avait été mal perçu par les quelques noms qui étaient venus honorer la mémoire des défunts. Heureusement, ils avaient été bien peu, en raison de l'opprobre qui avait été jeté sur leur famille. Estimer un Bower, alors que la famille comptait trois mangemorts et un jeune héritier dont on ne saurait affirmer les affiliations n'était pas bien vu, alors que la guerre s'achevait et que la foule demandait compensation pour les pertes qu'elle avait subit. Ils avaient eu de la chance de ne pas tous deux finir sur le bûcher, par simple soif de vengeance. Bien qu'en réalité, la stratégie politique d'Aïlin y était pour plus que la fortune. Il avait su se montrer habile et discret, le temps que les évènements perdent de leur poids dans les esprits, que les choses se tassent un peu.

« Quant au reste, il s'agit d'histoires de famille. »

Sur ces mots, il se leva et attrapa sa tasse, qu'il termina d'une traite. Il reposa la porcelaine désormais vide et sortit sa baguette magique de la poche de son veston, spécialement cousue pour recevoir son arme. Il pointa la table puis murmura une formule magique, qui fit apparaître aussitôt un petit carnet à la reliure de cuir usée et incrustée de poussière, ainsi que quelques photos et parchemins. Il s'avança d'un pas lent et attrapa d'abord les photographies, qu'il tendit, l'air grave, à sa sœur.

« Je dois te parler de père. »
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 28 Déc - 17:26:36

Citation :
Je sens bien que cela te gênes, mais je n'en comprends pas la raison. Pensais-tu que j'allais agir comme Torin et te laisser à l'abandon, sans me soucier de ce qu'il pourrait t'arriver ?

Lynn étudia la question un instant. De qui se moquait-il ? Il lui avait fait clairement comprendre qu'il ne voulait plus entendre parler d'elle. Peu importait les raisons de son brusque changement de comportement, elle n'aimait pas ça.


- Cela m'a traversé l'esprit, oui et honnêtement, je n'y trouvais rien à redire.

Elle en avait assez de toujours devoir rendre des comptes, n'avait-elle pas clôt ce chapitre de sa vie deux ans auparavant ? La paix, c'était tout ce qu'elle souhaitait.

Son sang se glaça lorsqu'Aïlin reprit la parole et elle pâlit. Il l'avait espionné ? Pendant tout ce temps ?
Mais pourquoi ? C'était complètement insensé.
Il essayait de faire passer la pilule en arguant qu'il ne s'était pas interposé et qu'elle avait pu faire comme bon lui semblait, contrairement à la façon dont aurait agi leur père.
Comment osait-il ? Ce ton paternaliste qu'il utilisait !
Son indignation fut telle qu'elle ne pu prononcer un mot.
Elle n'arrivait tout bonnement pas à le croire. Elle avait l'impression d'être la lectrice impuissante d'un mauvais roman d'horreur dont elle était aussi la principale victime.
Cela ne sous-entendait-il pas que finalement rien n'avait changé ? Que tout allait recommencer ?
Peut-être voulait-il finalement vraiment la marier de force, la faire souffrir et se venger de toute la souffrance que lui-même avait subi à cause d'elle ? Avait-il le pouvoir de faire ça ?
Sentant la peur s'insinuer à nouveau dans ses veines, elle croisa les bras pour qu'il ne remarque pas le tremblement de ses mains. Elle était folle de rage mais se contenta de le fixer sans rien dire.
Elle avait eu tout faux. Encore une fois, elle s'était faite avoir. Jamais elle n'aurait du lui proposer de se voir. Il continuait à la manipuler comme si elle était une gamine !

Elle sentit le reproche sous-jacent lorsqu'il parla de la mort de Torin et de leur père. Non elle ne s'en était pas préoccupé. Pour quoi faire ? Elle ne les avait pas pleuré.
Il pouvait bien tout avoir, elle n'avait besoin de rien, si ce n'est savoir qu'ils étaient définitivement morts et ne représentaient plus de menace pour elle.
Elle avait pensé, à tort, qu'Aïlin se contenterait de ne plus jamais la revoir et qu'ils vivraient leur vie chacun de leur côté. Ne pouvait-elle donc pas être tranquille ? Pauvre s'il le fallait, elle n'en avait cure, mais loin des manigances et des tortures qui avaient bercés son enfance.

Elle le laissa parler sans l'interrompre. Qu'aurait-elle pu dire, de toute façon ? Elle luttait contre l'irrésistible besoin de s'enfuir en courant. Mais elle ne pouvait pas partir, tant qu'il ne lui avait pas tout dit.

Histoire de famille… En quoi cela la concernait-il encore ? Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec cette famille. Elle abhorrait son nom et ce qu'il représentait. Même lui, qui avait été si cher à son cœur, ne représentait plus grand chose pour elle, sinon à cet instant précis, une nouvelle source d'inquiétude.
Car voilà exactement la pensée qui la frappa à ce instant : Aïlin était maintenant un ennemi. Ou ne tarderait pas à le devenir si elle n'agissait pas comme il le désirait.

Elle tressaillit imperceptiblement lorsqu'il sortit sa baguette et sa main se crispa un instant sur le tissu de sa robe. Il ne lui ferait rien, elle en avait conscience. Pas après le mal qu'il s'était donné pour l'amener là où il le voulait et lui raconter tout ça. Mais elle était tout de même soulagée de savoir sa baguette dans sa poche.

Il fit apparaître un petit carnet dont il sortit quelques photos qu'il lui tendit.

Toujours les bras croisées, elle jeta un regard à son frère avant de prendre les clichés et demander, d'un air incertain:


- Qu'est-ce que c'est ?

Elle eut à peine le temps de reconnaître quelques visages, dont celui de son père avant qu'il ne lui réponde :

Citation :
« Je dois te parler de père. »

Son corps entier se tendit et elle sentit à nouveau son cœur s'emballer.
Elle se leva brusquement et lui tendit les photos sans même y jeter un nouveau coup d'œil:


- Je ne veux pas en parler. Dit-elle d'une voix glaciale, pleine de colère contenue. Je ne veux même rien savoir à son sujet.

Elle ne criait pas, et elle s'étonnait elle-même de sa maîtrise. Elle n'arrivait tout bonnement pas à le croire.
Comment pouvait-il lui faire ça ? Elle était passée à autre chose, elle avait essayé d'oublier jusqu'à son nom, l'odeur de son souffle, ses mains, son sourire sadique ou ses yeux meurtrier.
Non content d'être face à une copie plus jeune de lui en la personne de son frère, il voulait maintenant parler de lui..
Etait-ce pour cela qu'il l'avait fait venir ? Quel genre de révélation pouvait valoir la peine de se souvenir de tout ça ?


- C'est pour ça que je suis là ? Pour parler de lui ? Et bien ça ne m'intéresse pas.

Le bras toujours tendu vers lui et voyant qu'il ne reprenait pas les clichés, Lynn les posa sur la table:

- C'était une mauvaise idée. Je n'aurais jamais du venir. Merci pour le café.

Plus bouleversée qu'elle ne voulait l'avouer, Lynn le planta là et fit mine de quitter la pièce.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 28 Déc - 19:50:28

La répartie de sa sœur, parfaitement méprisante, froissa violemment son orgueil. À dire vrai, il ne s'imaginait pas une seconde qu'elle réagirait de cette façon. Parvenir à abaisser ses défenses allait être une tâche bien plus ardue qu'il ne se l'était imaginé. Il ne comptait pas y renoncer pour l'instant, cependant. S'il échouait à lui faire réintégrer son rang, il trouverait une autre solution pour redorer le blason de sa famille. Sa sœur n'était pas son unique carte, et lui-même envisageait de se trouver le meilleur parti possible. Le cœur n'avait plus rien à voir avec les affaires telles que le mariage, selon lui. Il n'avait aimé qu'une seule fille, et doutait d'être prompt, un jour, à en aimer une autre. Il était trop méfiant, trop aigri par son passé. Ses pulsions amoureuses étaient à l'instar de celles qui animaient son corps. Uniques, soudaines, excessives et obsessionnelles. C'était pathologique. Il ne pouvait en aimer qu'une. Il avait cherché auprès d'autres cette sensation déraisonnable mais si intense qui lui crispait les entrailles lorsqu'il se trouvait près de Clarisse. En vain. Il ne se faisait aucune illusion, et n'aspirait plus à aimer. Grand bien lui fasse si Lynn pensait autrement. Mais, à ses yeux, la sècheresse de son cœur était absolument évidente. Elle ne valait pas mieux que lui sur ce terrain là, en témoignait la façon dont elle lui répondait. Elle seule avait été responsable de leur détachement, et elle n'en éprouvait aucun remord. Cette conclusion fit monter sa colère, l'espace d'une seconde, mais elle s'engourdit rapidement pour disparaître alors que l'héritier prenait une inspiration. Lynn ne valait pas mieux que les autres. C'était un fait, c'était ainsi. Il n'y avait rien à y faire. À présent, ils étaient comme deux étrangers qui n'avaient jamais rien partagé, jamais rien eu de commun. Ce qu'il avait enduré pour elle, autrefois, avait été vain. S'il avait su, à l'époque, il se serait bien gardé de tous les maux qu'il avait enduré pour elle. L'ombre menaçante de la mélancolie plana soudainement au-dessus des autres émotions qui l'animait, mais il la rejeta aussitôt. Aïlin n'avait aucune envie de se laisser à une quelconque faiblesse devant Lynn.

Alors, résigné à subir la sécheresse de sa sœur, il lui tendit les photos, espérant bien naïvement que la jeune femme souhaiterait en apprendre davantage. Nouvelle déconvenue. Elle refusa catégoriquement d'aborder le sujet, avant même d'avoir le moindre soupçon quant à la chose dont il voulait s'entretenir avec elle. Que pensait-elle, en cet instant ? Qu'il l'avait attiré à elle pour louer les vertus de leur père ? Elle était assez paranoïaque pour se l'imaginer. Ou peut-être... Peut-être que cela n'avait pas la moindre importance pour elle, que de découvrir la raison pour laquelle ils avaient vécu sous le joug d'un père tyrannique. Aïlin, lui, avait éprouvé le besoin de comprendre depuis le début. Il s'était torturé l'esprit, avait essayé de cerner l'imprévisible personnage qu'était Devin Bower mais s'était toujours cogné à un mur imprenable, un mur de mystères, de douleurs et de violences. Et aujourd'hui, il avait la clef du secret sous la main. Et aujourd'hui, il regrettait d'être le criminel de son propre père. Parce qu'il aurait aimé entendre des aveux de vive voix, parce qu'il aurait aimé conquérir le cœur d'un père. Parce qu'il craignait de devenir aussi fou qu'il l'était devenu.
Il ne réagit pas quand elle lui tendit les photos, et ne les reprit seulement que lorsqu'elles furent sur la table, et que Lynn lui tournait le dos en abrégeant d'une voix glaciale leur entretien. Il la vit se diriger vers la porte et se sentit pris au dépourvu. Il fallait qu'il la retienne. Il ne pouvait garder ce secret seul. C'était plus pour lui-même que pour elle, en réalité. Il fit un pas pour la retenir tandis que les talons de Lynn claquaient sèchement contre le carrelage.


« Père a un jour été un enfant. Un enfant comme toi et moi. Surtout comme moi, à vrai dire. Ne t'es-tu jamais demandé quel genre de personnage pouvaient être nos grands-parents ? Je ne m'étais jamais posé la question, moi non plus. Et je n'aurais jamais imaginé si je n'avais pas lu les confessions de père, qui trônent sur cette table. »

Il prit une longue inspiration et s'avança à grands pas de Lynn. Sa main attrapa l'épaule de sa sœur, délicatement. Ce n'était qu'un simple effleurement. Il avait veillé à n'y mettre aucune brusquerie, car il savait que ce contact risquerait davantage de la braquer s'il montrait la moindre fermeté.

« Si savoir ne t'intéresse pas, moi si. Alors pars, si tu le souhaites, et ne cherches plus jamais à me revoir. Mais avant de me tourner le dos, répond seulement à ma question. As-tu souvenir que Torin ait, ne serait-ce qu'une seule fois, pénétré ton esprit grâce à la légilimencie ? »
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 28 Déc - 21:26:35

La voix de son frère l'interrompit alors qu'elle était à mi-chemin de la porte. Elle s'arrêta, tendant l'oreille malgré elle.

Citation :
« Père a un jour été un enfant. Un enfant comme toi et moi. Surtout comme moi, à vrai dire. Ne t'es-tu jamais demandé quel genre de personnage pouvaient être nos grands-parents ? Je ne m'étais jamais posé la question, moi non plus. Et je n'aurais jamais imaginé si je n'avais pas lu les confessions de père, qui trônent sur cette table. »

- Qu'est-ce que tu essayes de me dire ? Demanda-t-elle d'une petite voix sans oser se retourner. Que nos grands-parents étaient des gens atroces et que cela explique ce qu'il nous a fait subir ? Tu sais ce qu'il m'a fait. Rien n'excusera jamais ça… Tu crois vraiment que savoir pourquoi il l'a fait changera quoi que ce soit ?

Sa voix était presque suppliante. Elle attendait véritablement une réponse honnête. Car malgré le peu d'estime qu'elle avait pour lui à cet instant précis, elle savait que s'il lui disait que ses révélations changeaient effectivement quelque chose, elle l'écouterait jusqu'au bout.
Mais au fond, cela changerait-il vraiment quoi que ce soit de savoir que son père avait eu une enfance difficile ? Quelques soient les informations qu'Aïlin souhaitait lui communiquer, elle ne s'imaginait pas qu'elles pourraient un instant faire disparaître la haine qu'elle vouait à son défunt père.
Peu importe ce qu'il avait subit, rien ne justifiait ou n'excusait ces années de sévices. Elle, elle ne pourrait jamais faire du mal à ses enfants. C'était quelque chose qu'elle ne comprendrait jamais.

Était-ce si important pour Aïlin ? Cherchait-il un quelconque réconfort dans l'histoire de leur père ? Sûrement s'en voulait-il plus que jamais d'être responsable de sa mort, maintenant que Lynn ne représentait plus pour lui qu'une déception.
Cela la frappa avec horreur. Il regrettait d'avoir tué leur père pour elle, elle qui ne méritait pas qu'on s'intéresse à elle, elle si ingrate, elle qui l'avait trahie. Une profonde angoisse lui étreignit la poitrine et elle sentit un instant les larmes lui brûler les yeux. Elle n'arrivait pas à le croire. Tout ce qu'ils avaient subis ne semblaient plus avoir aucune importance pour lui. Peut-être ne comprenait-il plus que son geste lui avait sauvé la vie. Et même s'il s'en rendait compte, sûrement le regrettait-il. C'était étonnant finalement, comme en en disant si peu, il avait réussi à la blesser profondément.
Elle était pourtant persuadée de ne plus vouer à d'importance à ce qu'il pensait. Mais à priori, elle s'était voilée la face. Son frère la haïssait dorénavant tellement qu'il regrettait son geste parricide. C'était dire à quel point il la considérait comme quantité négligeable à présent. Cela l'étonnait d'autant plus qu'il ai repris contact avec elle...


Il la rejoignit et posa délicatement sa main sur son épaule. Ce simple effleurement la fit frissonner et elle ravala ses larmes, retenant presque son souffle quand il demanda si Torin avait jamais pénétré son esprit. La question la surprit et une fois sûre que ses yeux ne la trahiraient pas, elle consentit à se retourner pour le regarder.

- Oui, avoua-t-elle, ayant retrouvé un certain calme. De nombreuses fois, l'année où je suis restée au Manoir.

Heureusement qu'elle avait appris à maîtriser l'Occlumencie à cette époque. Elle tremblait encore rien qu'à l'idée qu'il ait pu découvrir ce qu'elle avait prévu.

- Pourquoi cette question ?

Malgré elle, il avait réussi à attirer son attention. Il avait gagné quelques minutes.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyJeu 29 Déc - 16:05:41

Des mots habilement prononcés, n'en révélant ni trop, ni trop peu, retenait la curiosité de n'importe qui, quelle que fusse la blessure que ces paroles rouvraient dans le cœur du destinataire. Lynn, comme tous l'auraient fait, s'arrêta. Certainement bien malgré elle, mais la curiosité était toujours plus forte que la brûlure ; plus vicieuse, également. Contrairement aux mâles alphas qu'avaient été ses frères, Aïlin, lui, avait compris comment retenir sa sœur auprès de lui. Les menaces, les coups et les perfidies n'aidaient en rien, bien au contraire. Il fallait trouver les bons mots, les bons gestes pour qu'elle ne s'enfuisse pas comme un animal sauvage.
Il était à la fois soulagé et satisfait. Soulagé, parce que Lynn ne lui tournerait pas le dos en le laissant sur sa faim, à tergiverser tout le reste de l'après-midi et de la soirée, pour inévitablement replonger dans l'un de ses pires vices. ...Bien que son corps, il le savait, l'exhorterait à le faire malgré tout, au terme de ces délicates retrouvailles. Satisfait, parce qu'il allait peut-être enfin avoir sa réponse, la dernière clef de l'énigme Bower.
Pour Lynn, son laïus à propos de leurs ancêtres ne signifiait rien, mais il n'en prit pas ombrage. Il avait conscience qu'il ne changerait pas leur passé, mais le comprendre, à son sens, permettait de le relativiser. Plus encore, il soupçonnait les faits de leur mentir, de cacher une vérité plus trouble, bien plus fallacieuse qu'ils ne se l'étaient imaginé. Et cela, Lynn ne pouvait pas l'imaginer dans l'état d'ignorance dans lequel elle se trouvait.


« Je sais que ça ne changera pas certains faits et je sais, oui, ce que tu as subi auprès de lui. À vrai dire, je suis sûr de ce qu'il s'est passé sous mes yeux, et je suis sûr des quelques cicatrices que je garde moi-même sur la peau. Quant au reste... Mais n'interprète pas mal mes propos, ce n'est pas toi que j'accuse de mensonge. Reviens t'assoir... le do thoil1. »

Aïlin lâcha l'étreinte sur son épaule, et resta immobile un instant, attendant de voir dans ses yeux qu'elle acceptait de le suivre une dernière fois. Il se détourna alors, et retourna s'installer dans ce qui était désormais son fauteuil.

« J'aimerais que tu lise ce qu'il a écrit. Il était très jeune, lorsqu'il a commencé ce journal. Il l'a entretenu toute sa vie, ou presque. Jamais il ne fait mention de ce qu'il t'a fait de plus grave. Sauf une fois, mais... Mais l'écriture m'apparait différente. Le style, surtout. Lynn... Je pense pour ce qui est du... éignithe2... c'est Torin qui a mis cela dans ton esprit. La légilimencie permet de modifier des souvenirs, d'en créer. De persuader de choses, même des plus affreuses. Oh bien sûr, il t'as maltraité, cela s'explique dans son vécu et dans sa déchéance. Mais rien n'explique cela. J'ai longtemps cherché, j'y ai réfléchit pendant des semaines, sans trouver le moindre élément qui permettrait d'aboutir à l'hypothèse qu'il ait pu agir de cette façon. Ne t'offusque pas, mais jamais personne n'a rien entendu, n'a rien pressenti. Torin savait que pour me rendre fou de rage et me conduire au meurtre, il fallait qu'il ait commis un acte abominable, bien plus abominable que des maltraitances comme nous en avons tous deux subis. »

Son regard s'était adouci lorsqu'il posa les yeux sur sa sœur. Il avait expliqué son hypothèse d'une voix moins égale et son attitude avait changé. Il apparaissait moins solennel, et, alors qu'il appuyait ses coudes contre les bras du fauteuil en se penchant en avant, il ressembla un peu à l'Aïlin qu'avait connu Lynn, celui qui n'avait pas encore écopé du titre de Lord et des responsabilités qui l'accompagnaient. Il ne se rendit pas compte de ce changement chez lui, néanmoins, comme il ne remarqua pas que la rancoeur viscérale qu'il éprouvait en posant les yeux sur sa sœur s'était tarie alors qu'il s'était mis à parler de ses soupçons. S'il y avait encore des choses qui lui tenaient à cœur, l'histoire de son père en faisait partie. Elle était, en quelque sorte, sa propre histoire. Celle qui avait fait qu'il était là aujourd'hui, qu'il était ce qu'il était. Ce besoin de savoir était devenu une obsession. Une partie de lui était morte avec son père, et le remord le rongeait de l'intérieur, comme la lèpre ronge la chair.

« Bronach n'était peut-être qu'un fantôme au manoir, mais je ne pense pas qu'elle était assez sotte pour ne pas se douter de quoi que ce soit. Et je doute qu'une mère, quelle qu'elle soit, laisserait sa fille entre les mains d'un ogre. Ou alors, cela signifierait qu'elle était bien pire que lui, et qu'elle méritait le mépris qui résumait sa misérable vie et que nous lui portions tous. »

Son regard se glaça et il se redressa. Un léger rictus était passé sur ses lèvres, fugace. Il fit apparaître un verre à whisky et se servit une large dose de Bushmills, qu'il porta à ses lèvres et vida d'un coup. Le verre claqua bruyamment sur la table tandis qu'il le reposait d'un geste abrupt.

« J'imagine que tu ne crois pas une seule seconde à mon hypothèse, n'est-ce pas ? »

Marmonna-t-il d'une voix rauque en contemplant le feu, qui mourait lentement dans son cadre de marbre. L'héritier avait la conviction qu'elle était vraie. Cela ne pouvait pas s'être passé autrement, tout s'imbriquait trop bien. Et cela le rassurait de trouver une autre solution à un acte qu'il n'avait jamais compris, et qu'il n'avait jamais pu accepter comme la réalité.




1 le do thoil – “S'il te plaît” en Irlandais.
2 éignithe – “le viol”.
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyVen 30 Déc - 9:54:01

Elle l'écouta avec trouble, insinuer des choses qu'elle n'était pas certaine de vouloir entendre, mais elle le suivit lorsqu'il lui demanda de retourner s'asseoir.

Lynn garda les yeux obstinément fixé sur son frère tandis qu'il lui expliquait sa vision des choses. Elle en fut tellement bouleversée qu'elle fut incapable de l'interrompre.
Alors c'était cela ? Il voulait lui faire croire que rien de tout ça n'était vrai ? Que son père n'avait jamais été complètement le monstre sans cœur qui avait fait de sa vie un enfer ?
Ses premiers mots allumèrent en elle un feu de colère qui s'amenuisa presque aussitôt quand l'ampleur de ce qu'il disait la frappa de plein fouet.

La perspective que tout ça ne soit qu'un mensonge était à la fois horriblement effrayante et incroyablement attirante.
Effrayante parce que ce drame avait influencé sa vie entière, sa vision de son père, sa vision des hommes, sa relation avec les autres, sa relation avec Aïlin…Parce qu'il avait fait d'elle la petite chose fragile et soumise qu'elle avait été si longtemps.
Parce qu'elle s'était détestée pour ça. Parce qu'elle avait haïe la terre entière pour ça.
Parce que si c'était vrai, Aïlin avait tué leur père pour les mauvaises raisons…
Si c'était vrai, ils avaient tous beaucoup plus souffert qu'ils ne l'auraient dû.
Car sûrement aurait-elle pu vivre avec le fait qu'il l'avait battue, sûrement aurait-elle fini, une fois adulte, par se retourner contre lui, par laisser tout ça derrière elle sans plus se préoccuper de lui. Tout aurait été différent si ça n'était pas arrivé. Peut-être n'aurait-elle pas arrachée Lean à son foyer si elle n'avait pas projeté ses propres peurs sur elle. Et surtout, Aïlin ne lui en voudrait pas. Il ne serait pas devenu un meurtrier pour elle.
Mais imaginer que Torin avait pu manipuler jusqu'à ses souvenirs, et d'une manière aussi abjecte, uniquement dans le but de pousser leur frère au parricide… cela la terrorisait au delà des mots.
C'était aussi attirant parce que si tout ça n'avait jamais eu lieu, outre prouver la perversion et le sadisme le plus pur de la part de Torin, cela signifiait que ses peurs les plus profondes n'avaient aucune raison d'être. Qu'elle n'avait plus à essayer de repousser son nom et son héritage, qu'elle pouvait effectivement appréhender son histoire et celle de sa famille avec un œil neuf.

Prenant le temps d'assimiler toutes ces informations, elle essaya de mettre un frein à l'enthousiasme étrange de cette perspective. Ce n'était pas possible. A l'époque, elle n'avait même pas dix ans. Torin devait en avoir à peine vingt. Il n'était pas encore Mangemort, il ne pouvait pas avoir déjà appris la legillimencie à l'époque, si ? Ca paraissait incroyable et pourtant…

Elle ne pouvait nier que les propos de son frère étaient censés. C'était une possibilité. Une éventualité plus que plausible quand on connaissait Torin.

Mais cela impliquait tant de choses.

Elle remarqua, non sans une certaine ironie, qu'il utilisait l'irlandais pour prononcer les mots qui le dérangeaient. Elle préféra ne pas relever.
Elle avait toujours cru que Bronach et Torin étaient au courant, mais que la première n'osait rien dire et que le second n'en avait cure. Quant à Aïlin et Ultan, ils étaient à Poudlard et Devin s'était bien arrangé pour obtenir le silence de Lynn. Pour qu'elle se sente coupable et responsable. Pour qu'elle n'ose jamais ne serait-ce qu'évoquer ce qui c'était passé.

Non, ce n'était pas impossible. Elle se souvenait de tout dans les moindres détails, ça ne pouvait pas être un mensonge.

Elle frissonna et tressaillit quand Aïlin reposa bruyamment son verre sur la table.
Il buvait, réalisa-t-elle brusquement. Depuis combien de temps était-il dans cet état ?
A ses yeux, il n'était plus que l'ombre de lui-même et toute cette histoire semblait l'obséder à point qui risquait de frôler la folie.
Avec cette nouvelle vision des choses, elle comprenait son désir de savoir la vérité. Leur enfance n'avait-elle été qu'un terrible mensonge ?
En tout les cas, il pouvait être fier de lui, il avait toute son attention.


Citation :
« J'imagine que tu ne crois pas une seule seconde à mon hypothèse, n'est-ce pas ? »

Elle hésita un instant, pensive, avant de demander :

- Est-ce qu'on peut le prouver ?

Devant sa surprise, elle précisa :

- Est-ce qu'il y a un moyen quelconque de découvrir s'il a utilisé la legillimencie de cette façon ? De vérifier si nos souvenirs sont réels ? D'apprendre la vérité ?

Elle inspira profondément avant de lâcher:

- Je veux bien imaginer que c'est possible… mais je ne le croirai que quand j'aurai des preuves. Et pour cela, je suis prête à t'aider dans tes recherches. Dit-elle d'une voix assurée et déterminée.

Elle était bien loin de s'imaginer en arriver là quand elle avait accepté de venir ici. Mais s'il y avait ne serait-ce qu'une chance pour qu'une partie de ces horreurs ne soit jamais arrivée, elle devait tenter le coup.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyVen 30 Déc - 11:50:00

Elle allait lui rire au nez, refuser d'un ton catégorique d'accepter une autre possible réalité. Partir en claquant la porte du Manoir, et il se retrouverait à nouveau seul, sans être plus avancé qu'avant qu'il ne la retrouve. Cela aurait été bien la peine de se donner tout ce mal, pensa-t-il amèrement, tandis que le whiskey réchauffait sa gorge. Même si Lynn comprenait l'importance que cela avait à ses yeux, cela n'assurait pas qu'elle ne s'en fichât pas. Si courir après des ombres ne l'intéressait plus, rien ne la forçait à suivre Aïlin dans sa recherche, à lui apporter ne serait-ce que le moindre indice. La compassion n'était pas un trait de cœur inhérent aux Bowers, et Lynn avait beau être différente de ses frères, il n'était pas évident qu'elle possédait cette vertu de l'âme pour autant.
Pourtant, lorsqu'elle ouvrit la bouche, ce ne fut pas pour l'insulter, bien au contraire. Elle lui demandait s'il y avait un quelconque moyen de vérifier les allégations de son frère. Aïlin lui retourna un regard vivement surprit. Alors, elle voulait bien le croire ? L'héritier eut du mal à le croire, et pensa un instant qu'il avait rêvé cette parole, mais Lynn précisa une seconde plus tard sa question, l'air tout à coup aussi empressée que lui, une lueur d'enthousiasme, baignée de ce délicieux effroi qui accompagnait chaque découverte sur la famille Bower, dans le regard. Un sourire incontrôlé de soulagement naquit sur ses lèvres, et, un instant, il eut envie de la prendre dans ses bras. Cette pulsion l'étonna trop lui-même pour qu'il ne fasse le moindre geste, cependant. Un an et demi à se détester pour éprouver le besoin de la serrer contre elle au moindre point d'accord, c'était ridicule. Peut-être, après tout, était-ce cela que d'être unis dans les vices.
Aïlin évinça sans mal cette note pleine d'ironie de son esprit, pour se focaliser sur l'instant présent. Lynn était prête à l'aider et il devait admettre que pour une fois, l'assistance de sa sœur ne lui serait pas inutile. Elle était la mieux placée pour dénicher le vrai du faux au sein même de son esprit. La magie pourrait l'y aider, ainsi que le soutien d'un psychomage. Mais il y avait aussi une première assurance, bien plus simple que de longues et éreintantes séries de méditation, de consultations et d'hypnose. L'irlandais se leva de son fauteuil en acquiesçant à Lynn, et marcha jusqu'au feu, qu'il raviva à coups de tisonnier. Il fit transplaner une nouvelle bûche du garage où elles étaient gardées au sec, puis, le tisonnier encore en main, se tourna vers sa sœur.


« Il y a une première méthode très simple, mais qui ne peut pas nous assurer à cent pour cent de la véracité de mon intuition. »

Sauf si, bien sûr, elle s'avérait être vierge. Mais là encore, si Devin avait été assez malade pour la violer, peut-être l'avait-il été également assez pour en cacher la preuve ultime.

« Excuse-moi de te poser cette question, c'est aussi gênant pour toi que pour moi, mais... As-tu déjà eu une relation avec un autre homme ? »

Le regard appuyé qu'il lui lança ne laissait pas d'équivoque. C'était bien de coucheries dont il parlait. À vrai dire, il avait tout le mal du monde à envisager que sa cadette ait eu de tels rapports avec la gent masculine, mais il devait bien admettre qu'elle était à présent une jeune femme, qui avait hérité de la finesse des traits de la famille. Ce n'était plus une enfant, mais une belle jeune fille, qui avait très certainement profité de sa jeunesse, qu'elle pouvait enfin savourer en toute liberté. Si Aïlin l'avait fait espionner, il n'avait pas pousser le vice jusqu'à ce point et n'avait pas surveillé ses relations ainsi que ses nuits. Cela ne le regardait en rien et n'était d'aucune utilité pour lui.

« Je me posais une autre question, que tu estimeras certainement fort à propos... »

Continua-t-il, sans laisser à Lynn le temps de répondre. Il posa le tisonnier dans le pot de bronze à côté de la cheminée et se frotta négligemment les mains pour disperser une suie inexistante.

« Crois-tu qu'un tableau puisse mentir ? »

Il pensait, bien évidemment, au tableau de son père qu'il avait relégué à la cave. Il y avait aussi le portrait de Torin, mais celui-là, il n'avait aucune envie d'y faire face. Il détestait aujourd'hui plus son frère aîné que son père. Son frère lui avait presque mis dans la tête qu'ils étaient semblables, de part leur intelligence et leur finesse d'esprit, mais il savait à présent que cela n'était qu'une mascarade pour cacher à quel point il cherchait à le manipuler pour en faire son outil. Il avait longtemps cru voir Torin lorsqu'il se regardait dans la glace, mais ce n'était pas lui qu'il voyait, sans vouloir l'admettre. Aïlin était le seul des frères à ressembler autant à leur père, physiquement. Aujourd'hui, il éprouvait certainement les mêmes affres que ce dernier, car Devin avait reporté sa propre histoire sur son dernier fils. De cela, il était certain. Il aurait pu le comprendre seulement à la façon dont son père lui parlait, ce qu'il lui disait, la façon dont il enseignait des valeurs éthiques à son benjamin mais, à l'époque, il était bien trop jeune et manquait de recul pour discerner ce genre de subtilité. Peut-être, après tout, son père l'avait aimé. D'une certaine façon. De cette façon tortueuse et malsaine qui était propre à cette sorte d'amour qui faisait souffrir, qui déchirait les entrailles. Aïlin avait peut-être autant torturé son père qu'il l'avait torturé, sans en avoir conscience. Il avait toujours pressenti que la relation qu'il entretenait avec son père était plus complexe que de la simple barbarie gratuite. C'était cela qui, encore aujourd'hui, lui dévorait l'esprit.
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyVen 30 Déc - 14:22:30

Lynn fut probablement autant surprise que son frère par sa propre réaction, mais maintenant qu'il avait distillé le doute dans son esprit, elle voulait savoir.
Peut-être aurait-elle pu pardonner les coups à son père, mais certainement pas le reste.
Aussi mauvais était-il, Devin méritait sûrement qu'ils découvrent la vérité. S'il s'avérait qu'Aïlin avait raison et qu'il n'était q'une ordure plutôt qu'un abjecte pédophile, elle se sentirait sûrement apaisée. Elle n'avait jamais compris pourquoi il avait fait cela et s'était persuadée que cela n'avait pas d'importance. Mais peut-être que ça en avait. Car elle s'était toujours sentie coupable, comme si elle avait été responsable de son comportement.
Un sourire de soulagement se dessina sur les lèvres de l'héritier Bower, sourire qui sembla les prendre au dépourvu tous les deux.
Elle ne réalisait que maintenant à quel point il s'était attendu à un refus. Il avait besoin d'elle, et cela lui avait sûrement coûté de reprendre contact pour obtenir des réponses, tout en sachant que les chances étaient infimes qu'elle accepte.

Aïlin se leva et se dirigea vers le feu pour le raviver. Il finit par se tourner vers elle, le tisonnier toujours à la main et suggéra qu'il y avait un moyen simple.

Lynn rougit à la question de son frère et baissa les yeux. Il était légitime de la poser, mais cela ne la mettait pas moins dans l'embarras.
La vérité c'est que le souvenir de ce que son père lui avait fait avait toujours rendu ses rapports aux hommes très délicats. Sûrement en aurait-elle eu l'occasion, elle plaisait, elle s'en rendait compte à présent, mais jamais elle n'avait pu. Ce degré d'intimité lui avait longtemps paru inaccessible en raison de ces mauvaises expériences. Avait-elle gâché un temps précieux pour les simples manigances de Torin ? Gâcher sa vie avait probablement peu d'importance en comparaison de la satisfaction de se débarrasser de son père sans même se salir les mains.
Encore qu'elle avait du mal à comprendre pourquoi il se serait donné tant de mal. Elle avait toujours pensé que Torin se serait fait un plaisir d'écraser son père et de prendre sa place.

Mais non. A 17 ans, elle n'avait jamais eu d'homme. C'est à peine si elle avait fréquenté qui que ce soit. Elle avait flirté, ou en tout cas laissé les hommes flirter avec elle, mais n'était jamais allée plus loin que quelques baisers.
Au sens où elle l'entendait, elle était toujours vierge. Car elle avait toujours tenté de se convaincre que ce que son père lui avait fait ne comptait pas et qu'elle ne serait plus vierge le jour où elle l'aurait choisi et pas subi.


- Non… je… commença-t-elle d'une petite voix.

Avant qu'elle ai pu trouver le courage de lui continuer, il lui posa une autre question, mais elle s'obligea à terminer.

- Non. Répéta-t-elle. Je n'ai eu aucune relation. Je n'ai fréquenté personne.

Jamais. Elle se sentait triste à cette idée. Son frère avait sûrement connu l'amour depuis longtemps. Et ses autres frères avant lui. Ils avaient toujours eu du succès.

Elle aurait dû avoir droit à la même insouciance, à connaître les affres et les joies de l'adolescence et de l'amour. Il lui semblait parfois n'avoir vu jusque là que les mauvais côtés de la vie. Heureusement que ce temps-là était derrière elle.

La deuxième question de son frère lui permit de penser à autre chose.
Elle ne comprenait pas bien pourquoi il lui demandait cela mais elle prit le temps de la réflexion:


- Et bien, oui, j'imagine. Puisqu'il est peint par quelqu'un, cette personne peut se tromper ou être induite en erreur. Elle peut représenter quelque chose qu'elle croit être vrai, mais qui ne l'est pas… tu ne crois pas ? Tu penses à un tableau en particulier ?

Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 25 Jan - 19:59:08

La réponse timide et malhabile de sa sœur soulagea Aïlin. Non pas qu'il lui souhaitait de ne jamais avoir connu les joies de la chair, outre celles qu'elle était sensée avoir subit dans son enfance et qui, réelles ou non, étaient peut-être gravées à jamais dans son esprit, mais cela leur serait fort utile pour être fixés ou, du moins, avoir un début de preuve en faveur de leur père. Aïlin, l'avocat du Diable. Jamais il n'aurait pensé se trouver dans cette situation un jour. Il enquêtait pour la réhabilitation d'un père qu'il avait haï à un tel point qu'il était parvenu, malgré sa jeunesse, à lancer le sort le plus terrible et le plus difficile qui lui soit connu, le sortilège de la mort. Les années l'avaient changé, et ses sentiments avaient suivi la métamorphose du jeune homme. Il le savait, pour réussir dans sa vie, avec la situation qu'était la sienne et toutes les difficultés auxquelles il était confronté, il devait commencer par se débarrasser des cadavres qui croupissaient dans le placard. Ces âmes errantes n'attendaient qu'un geste de lui. Qu'il les libère, enfin. Et il en souffrait autant qu'elle. Condamner à jamais Devin ou lui pardonner était nécessaire. C'était l'un des derniers liens, outre les souvenirs, qui enchaînaient les fantômes du passé au Manoir, ainsi qu'à son esprit.
Un sourire compréhensif passa sur son visage. Un sourire qu'il voulait doux, dépourvu du moindre jugement, voir même rassurant. Ce sujet était délicat pour sa sœur, et malgré toute leur inimitié, il ne pouvait traiter de tels affres avec indifférence. Cela aurait été bas et cruel, et, si l'on pouvait lui prêter bien des défauts, il estimait que ces vertus, aussi belles étaient-elles, ne se trouvaient pas dans son cœur. Il était capable d'un dédain et d'une froideur implacables, mais il ne faisait pas le mal sciemment, à moins que la victime de sa colère ne l'ait véritablement poussé à bout. Il était bien trop cérébral pour parvenir jusqu'à ces extrémités. La passion qui consumait son cœur et son corps étaient le plus souvent refoulées, tassées sans merci derrière une barrière de sang froid et d'auto-censure qui, l'estimait-il, étaient nécessaire à son rang ainsi qu'à ses projets. Ses seuls exutoires étaient, ainsi, les paradis artificiels dans lesquels ils se laissait immerger quand la fadeur de sa vie en solitaire, là, dans ce grand manoir, devenait trop insupportable.

« Je comprend. »

Murmura-t-il simplement, avant de détourner pudiquement le regard. Après un léger silence, Lynn répondit à sa seconde question, émettant une hypothèse qui lui semblait juste à priori. Cependant, une question se posait, à propos des tableaux. Les morts se fichaient bien des secrets compromettants, ainsi juchés dans une toile pour l'éternité, ou jusqu'à ce que les flammes la réduisent en cendres. Les toiles enchantées, l'étaient afin que le caractère de la personne s'imprègne en elles, qu'un souvenir du mort demeure au-delà de l'altération de sa chair. Peu importait le peintre dans cette histoire, il semblait obsolète et il y avait d'ailleurs peu d'artistes reconnus pour leur talent dans le monde sorcier. La magie passait avant le talent de l'artiste. L'art, dans ce genre de création, était secondaire.
Outre cette considération, il paraissait que les toiles pouvaient obéir d'une certaine façon à leur propriétaire. Les personnages peints pouvaient, à sa demande, aller porter un message dans un autre tableau, et même narrer les évènements auxquels ils avaient pu assister. Qu'en était-il de la mémoire ? Aïlin n'avait que peu lu à ce sujet. Il l'ignorait. Il ignorait aussi si les peintures pouvaient répondre à des questions à propos de l'homme réel avec la même obéissance que s'il s'agissait d'une simple requête. L'idée soulevait plus d'interrogations qu'il se l'était imaginé une minute avant. Rien ne coûtait d'essayer, pourtant.

« Je pensais au tableau de père. Je ne l'ai pas détruit, mais l'ai entreposé dans la cave, où il demeure voilé. Il m'arrive de penser à aller le questionner directement, mais après tout, comme tu le laisses entendre, il ne s'agit que d'un tableau. Rien ne ramènera les paroles véritables qu'un homme prononcerait en ces sortes de circonstances. Je suppose qu'il n'est pas très avisé de prendre la simple copie pour l'authentique parole d'un mort. »

Sa dernière phrase était abrupte, mais en lieu et place du dédain, une profonde lassitude semblait peser sur l'esprit de l'héritier Bower. Il retint un soupir et joua machinalement avec son bouton de manchette, le regard dans le vague. C'était une absurdité de converser avec une peinture en pensant le faire avec son véritable père, si l'on désirait être parfaitement rationnel. Néanmoins, il n'arrivait pas à imaginer l'entreprise si folle et si vaine que cela.

« Je ne sais pas... On ne perd peut-être rien à essayer de l'interroger, malgré tout. Qui sait ce que l'essence d'un homme, ainsi déposée, peut révéler. Mais ma première pensée a l'avantage d'apparaître plus sensée. Si tu le veux bien, nous pourrions envisager de te faire ausculter par le médecin de famille. Il suffirait que j'envoie un domestique l'informer que nous avons besoin de ses compétences quelques instants et nous aurions une réponse tangible. »

Prononça-t-il avec lenteur. Il marqua une courte pause lors de laquelle il adressa l'ébauche de sourire à sa sœur, puis reprit d'une voix un peu plus vive.

« Bien sûr, cela peut attendre. Peut-être aimerais-tu te préparer à cette auscultation et je le comprendrais parfaitement. Nous ne sommes plus pressés par le temps comme autrefois. »

Rappeler le passé n'était pas sans calcul. Aïlin voulait obtenir des réponses le plus vite possible, et maintenant serait l'idéal. Plus vite sa sœur acceptait, plus vite il saurait ce qu'il désirait connaître. L'attente lui serait insupportable et il le savait.
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMer 25 Jan - 21:20:10

La douceur d'Aïlin permit à Lynn de se détendre un peu et elle lui fut reconnaissante de détourner les yeux. L'embarra de cette révélation n'était rien au vu de ce qu'ils avaient déjà vécu. Ils en étaient tous les deux conscient mais cela ne rendait pas la chose plus facile pour autant.

Elle l'écouta attentivement développer sa réflexion sur le portrait de leur père et frissonna à l'idée de croiser à nouveau ce regard.

Elle comprenait mieux à présent, l'idée de mensonge. Les portraits n'étaient-ils pas enchantés pour contenir une ombre de la personnalité de leur propriétaire ? Que dirait le tableau de Devin en la voyant ? Pouvait-il répondre à ces questions ? Le voudrait-il seulement ? Et surtout, au vu de la fourberie de leur père, pourquoi le tableau ne pourrait-il pas mentir également… ?


- Je suppose que… le tableau pourrait connaître la réponse. Mais cela ne veut pas dire qu'il nous dirait la vérité. Père cherchait déjà à nous manipuler de son vivant, rien ne nous dit que son image ne tentera pas de faire de même…


Lynn regarda son frère perdu dans ses pensées, torturé par questionnements qu'elle pouvait à peine imaginer. Cela semblait si important qu'elle se contenta d'acquiescer lorsqu'il laissa entendre qu'il ne coûtait rien d'essayer d'interroger le portrait de Devin.
Mais il revint à sa première idée et suggéra de faire venir le médecin de famille.
Lynn pâlit et réprima un accès de panique. Ici ? Maintenant ? Elle n'était pas prête, elle n'avait pas imaginé devoir se mettre à nue devant un étranger dans cette vieille demeure pleine d'immondes souvenirs ! Elle voulait y réfléchir, faire ça dans le cabinet médical de son médecin habituel.
Son regard argenté affolé croisa celui d'Aïlin et elle s'astreignit au calme. Ici ou ailleurs, cela ne changeait rien. Et peu importait qui faisait l'examen.
Il avait du voir son hésitation car il ajouta que cela pouvait attendre. Il disait qu'ils avaient le temps, mais son regard disait le contraire. Il semblait même manquer de temps, comme si toute cette histoire le consumait de l'intérieur et que ses heures étaient comptées.

Lynn inspira profondément et secoua la tête, s'efforçant de faire honneur à la maison qu'elle représentait depuis sept ans, elle serait brave:


- Non… tu as raison. Autant faire ça, au plus vite.. dit-elle d'une voix qu'elle voulait assurée mais qui tremblait légèrement.

Il acquiesça et fit appeler le docteur qui ne mit pas longtemps à arriver. Ils échangèrent quelques mots et il proposa à Lynn de se retirer dans son ancienne chambre pour procéder à l'examen. La demande ne semblait pas l'étonner. Il avait du voir beaucoup de choses étranges au cours de sa carrière.

Alors qu'elle se dévêtait, elle s'efforça de ne pas regarder le papier peint vieilli ou le plafond fissuré qu'elle avait tant observé étant petite, enfermée dans cette prison. Elle s'allongea et ferma les yeux, le cœur battant la chamade, les yeux remplis de larmes sans qu'elle ne comprenne réellement pourquoi. Se préparant à essayer de ne pas sursauter quand il la toucherait, elle demanda au professionnel de faire au plus vite. Il le lui promit et l'examen ne dura qu'une poignée de minutes.
Alors qu'elle remettait ses vêtements, elle se demanda pour la première fois ce qu'elle attendait de ces résultats. L'angoisse lui étreignait la poitrine et elle avait presque du mal à respirer tant elle avait peur.
Si la théorie d'Aïlin était la bonne, toute sa vie serait un mensonge, et même si elle pourrait sûrement se réapproprier sa vie, son histoire et son passé, elle aurait gâché des années pour rien, pour l'ambition démesurée d'un frère fou à lier. Mais si c'était vrai, elle retrouvait son innocence, sa pureté, ses espoirs.
En revanche, s'il avait tort, si elle n'était plus vierge et que cela prouvait les sévices de son père, ce serait comme si tout recommençait… une terrible déception après l'espoir insensé que tout ça n'était qu'un souvenir trafiqué n'ayant jamais eu lieu.
Elle voulait être normale. Elle voulait tellement être normale, comme n'importe quelle fit de son âge, ne pas prendre peur quand Lavande la poussait vers un garçon adorable, ne pas se sentir nauséeuse à la simple idée d'être intime avec un homme. Etre heureuse, connaître cette sensation de première fois unique et irremplaçable.

Quelque soit la réponse, Lynn avait l'impression que son monde allait s'écrouler à nouveau alors qu'elle peinait à le tenir debout et à prétendre aller bien depuis presque deux ans.

Le médecin attendit qu'elle se soit rhabillée pour la regarder. Il hésita un instant avant de secouer la tête d'un air désolé.
Non, elle n'était plus vierge.

Lynn sentit les larmes déborder sur ses joues sans qu'elle puisse faire quoi que ce soit pour les arrêter. Elle remercia le médecin d'une voix tremblante et lui demanda de la laisser seule un instant.
Elle s'assit sur son lit de petite fille, celui dans lequel son innocence avait été perdue à jamais et se prit la tête entre les mains pour sangloter douloureusement comme elle ne se l'était plus autorisée depuis des années.

Elle n'avait pas voulu l'avouer à Aïlin, consciente qu'il ne fallait pas sous-estimer les pouvoirs de Torin, mais elle n'arrivait pas à imaginer un faux souvenir si réaliste.
Comment expliquer à son frère, ou à qui que ce soit, qu'elle se souvenait de tout, dans les moindres détails ? Du moindre son, de la moindre odeur, de chaque couleur, de chaque geste. C'était trop riche, même pour un souvenir, c'était presque comme si elle revivait ces moments à chaque fois qu'elle avait –rarement heureusement- essayé d'y repenser.
Pourtant la théorie d'Aïlin avait trouvé un écho en elle. Quelque chose avait sonné vrai dans ses paroles. Elle avait eu l'impression qu'il lui ouvrait les yeux sur quelque chose qu'elle avait toujours deviné sans arriver à le cerner complètement.
Mais elle avait eu tort… ils avaient eu tort tous les deux.
Cela faisait toujours aussi mal. Rien ne la guérirait jamais.

Ses sanglots redoublèrent à la pensée que son frère allait être anéanti par la nouvelle.

Elle respira profondément et essaya de se calmer, tentant par la même occasion de remettre de l'ordre dans ses pensées.

Puis, elle eut un hoquet de surprise et écarquilla les yeux tandis qu'une autre hypothèse s'imposait à elle.
Ses dernières espérances avaient été réduites à néant. Mais peut-être pas celles d'Aïlin…

Essuyant ses larmes, mais ne pouvant cacher la rougeur de ses yeux, Lynn redescendit pour rejoindre son frère dans le salon.
Elle ne savait pas comment lui présenter les choses et elle balbutia, luttant contre ses traitresses de larmes qui menaçaient de la submerger à nouveau pour lui annoncer la nouvelle:


- Je… je ne suis.. plus..

Elle secoua la tête et fini par lâcher d'une toute petite voix:

- ..vierge..

Elle ferma les yeux pour ne pas voir le visage de son frère se décomposer et prit son courage à deux mains avant de lâcher:

- Je crois… qu'on a fait fausse route.. mais qu'on a peut-être raison tous les deux.

Elle trouva la force de le regarder, priant pour que ses yeux embués ne débordent pas à nouveau et elle tenta de s'expliquer:

- J'ai vraiment… vécu.. ces choses.. mais.. ce n'était peut-être pas père. Finit-elle par dire.

Elle chercha à lui exposer sa théorie:

- Mes souvenirs sont trop clairs pour qu'ils aient été inventés… en revanche… Torin a très bien pu me faire croire que c'était père alors qu'il s'agissait de quelqu'un d'autre…

Ses derniers mots avaient été chuchotés. Elle savait que l'idée était folle, mais finalement, elle ne lui paraissait pas plus invraisemblable que la première hypothèse de son frère.

- Ca aurait pu être n'importe qui… des mangemorts ou même.. lui… grimaça-t-elle. Ce qui fait qu'il n'avait pas tout un souvenir à modifier, mais simplement un visage, une voix… Peut-être père était-il au courant ou… peut-être faisait-il ça quand il n'était pas là… je ne sais pas.. c'est..

*Juste une idée...*

Mais une idée qui lui parlait. Elle était encore traumatisée et faisait de gros efforts pour être clairs et cohérente, mais elle avait besoin de savoir ce qu'Aïlin en pensait:

- Tu penses que… c'est possible ?

Et pour lui, elle avait désespérément envie d'y croire. Peu importait si cela rendait toute cette histoire encore plus sordide. Si ça n'était pas leur père, ils devaient le découvrir .Et cela apporterait-il peut-être un peu de paix à l'unique héritier Bower.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyVen 27 Jan - 1:22:52

Les paroles de sa sœur étaient avisées, mais c'était une délicieuse souffrance que d'espérer, de sentir le poids implacable d'un événement que l'on attend et que l'on sait imminent. Aïlin savait ce que lui coûterait de faire face à l'image de son père. Les vieilles photographies avaient été un choc, mais la toile, elle, serait bien plus dure à affronter. Parce que le Devin Bower du tableau le jaugerait et serait capable de lui répondre, quoi qu'il lui réponde, d'ailleurs. Il allait au devant d'une désillusion, sa raison le savait, mais c'était comme ces individus qui se mutilaient pour voir leur propre sang couler, qui prenaient plaisir à altérer leur corps pour combler le néant qui résidaient en eux et qui menaçait de les absorber, de les diluer dans cette obscurité infinie s'ils venaient par mégarde à perdre leur regard en lui. Il était l'esclave mourant de Michel-Ange, extatique devant l'allégorie de sa mort. Mais cette mort qu'il contemplait n'était pas complètement sienne. Elle était seulement cette partie encore saine de lui-même, cette partie qui désirait encore trouver la paix et qui – petite chose naïve – ne désespérait pas malgré les assauts violents de l'obscur pendant qui l'accompagnait. Perdre une partie ou une autre de lui-même serait une libération. Il imaginait son mal comme une encombrante tumeur qui se désagrégerait lorsqu'il trouverait la clef capable de le sauver de son mal-être. Que l'un ou l'autre aspect de sa personnalité gagne n'avait plus vraiment d'importance. Il savait que les dernières barrières qui s'effondreraient emporteraient tout conflit avec elle. Et il serait enfin en paix. Dans une complaisance sordide de son propre malheur, ou dans une sérénité recouvrée. Plus les mois passaient, plus son cœur était séduit par cette même complaisance, comme attiré par une lumière chatoyante et délicieusement envoûtante. La paix lui semblait bien fade devant les affres complexes et sordides de l'obscurité.
Il s'était menti pendant de longs mois et avait par la même occasion menti à Clarisse en osant arguer une sérénité recouvrée. Il n'allait pas bien. Il ne s'était peut-être jamais senti aussi seul et aussi mal qu'aujourd'hui. Alors, il s'inventait des buts, des priorités nécessaires pour ne pas perdre pieds. Son titre de Lord qu'il s'amusait à porter, non sans bien d'ironiques pensées, insufflait un peu de tangible à son existence. Ce rôle de dandy était parfait pour lui faire prendre racine dans la réalité. Que serait-il advenu de lui, s'il avait été le dernier né d'une basse-lignée ? Son nom était son salut. Il n'était qu'une image tout comme le manoir qui, déchargé de son histoire, n'était qu'un monticule de pierres, de simples murs sans âme. Mais tout comme la pierre, ce masque était bien physique. Lui, autant que les autres, pouvaient le toucher sans passer au travers d'une illusion. Son identité sociale était à son existence ce que son corps était à son âme. Un socle qui lui permettait d'être ou, plutôt, de demeurer.


« Tu as raison. »

Admit-il sans la moindre peine, parfaitement conscient de ce qui rongeait son cœur, de la nature véritable du désir qui bouillait en lui. Il voulait voir une dernière fois Devin Bower devant ses yeux, le ressusciter une dernière fois pour assouvir son ineffable désir de douleur. Parce que souffrir était un bien. Parce que ce bien le soulageait et éloignait son regard du néant. Ses yeux brillèrent d'un éclat sombre, mais il braqua bientôt un regard d'azur sur sa cadette, faisant fis des pensées morbides qui assaillaient son esprit.
Pour le moment, c'était d'une réponse dont il avait besoin. Et pas n'importe quelle réponse. Aïlin était intimement convaincu que sa sœur était encore vierge, qu'il ne pouvait pas en être autrement. Leur père avait été un homme cruel, mais imaginer qu'il fut aussi malsain était tout bonnement impossible. Il ne l'avait jamais pu et il se rendait compte, maintenant qu'il plongeait son regard dans les yeux gris de Lynn, qu'il lui en avait voulu pour avoir mis en lui une telle idée. La colère qu'il éprouvait à son égard n'était pas sans lien avec la terrible confession dont il avait été le bénéficiaire contre son gré et celui de sa sœur. Elle n'était absolument pas responsable, il le savait, mais c'était une façon que son esprit avait eu de se protéger face à la plus pure horreur. Dégouté par les visions affreuses qu'il avait eu de sa sœur et de son père, son esprit s'en débarrassait furieusement tandis que son intellect bataillait pour toucher, enfin, la preuve véritable qui rendrait toutes ces images bien fictives.
Se savoir être le fils d'un meurtrier était une chose – n'en était-il pas un lui-même ? – mais d'un violeur incestueux, s'en était une toute autre. Comment pouvait-on s'imaginer capable de mener à bien sa vie, d'atteindre la quiétude de l'âme, lorsque l'on se savait souillé par l'un des pires crimes qui puissent être commis, d'avoir le sang d'un violeur en puissance dans les veines ? En d'autres temps, il aurait mieux valu se trancher soi-même la gorge pour sauvegarder un tant soit peu son honneur plutôt que de vivre en connaissance de ce fait, souillé, honteux.
Le mal traversait les générations. Il se reproduisait, copulait sans fin pour répandre autour de quiconque l'effleurait, quiconque naissait d'un sang contaminé, les germes d'un mal parfois plus terrible encore, fort de l'épanouissement du vice premier. Pour se soigner d'une telle gangrène, il fallait chuter jusqu'aux pires tréfonds, se broyer sur les rocs aiguisés de la déchéance pour imaginer, enfin, se reconstruire. Il fallait seulement survivre à la chute. C'était ainsi que s'écroulaient des civilisations autrefois florissantes et c'était sur le même schéma que se brisait un homme.
Son esprit trépignait. Il lui fallait une réponse. Maintenant. Se trouver face à sa sœur attisait ce besoin qui flambait déjà en lui depuis quelques semaines. Il ne pouvait pas porter un tel germe dans son sang. Sur un mot d'elle, il appela un domestique et l'envoya chercher le médecin qui, depuis toujours, s'était occupé de la famille Bower.

Il ne fallut guère de temps à l'homme pour venir, guère beaucoup plus pour ausculter Lynn. Néanmoins, cela parut une éternité au jeune héritier. Il tournait comme un lion en cage devant le feu ronronnant et ses mains se rejoignaient, crispées, derrière son dos. Lorsque des pas retentirent enfin, il leva sur l'arrivant un regard empressé, sourcils froncés. Lynn n'était pas descendue. L'homme le salua sans un mot, puis fut raccompagné par Erycius avec en main la bourse dodue de ses honoraires. L'illusion dans laquelle il s'était bercé s'effondra et il n'eut pas besoin de voir sa sœur revenir à lui les yeux rouges pour se sentir lui-même anéanti. Il se laissa tomber sur le fauteuil, à l'instant même où Lynn apparaissait entre les deux statues de bronze.
Aïlin lui jeta un long regard, dépourvu de la moindre expression, tandis qu'elle s'installait face à lui. Elle était désemparée, mais il ne voyait que son propre découragement. Les mots qu'elle prononça flottèrent dans son esprit, irréels. L'héritier Bower détourna le regard sans répondre.

Ce fut seulement la théorie qu'émettait sa sœur qui le sortit de la considération égotiste de son propre désarroi. Son regard papillonna vers elle, légèrement écarquillé. L'idée était pour le moins fantasque, mais dans le burlesque, la famille Bower n'en était plus à son coup d'essai.


« Tu sais aussi bien que moi que tout est possible, ici. »

Rétorqua-t-il avec un humour acide, qui alluma un instant son regard. Un sourire aigre passa sur ses lèvres, mais tomba presque aussitôt. Aïlin se leva avec lenteur et s'approcha à pas lents de sa sœur, avant de se pencher au-dessus d'elle, tout en glissant une main dans la poche de son veston. Il en tira un mouchoir qu'il lui tendit avec douceur, puis, sans que rien ne laisse présager un tel geste, l'aida d'une main à se relever et la serra dans ses bras. Rien qu'un instant, une étreinte fugace, un signe de paix.

« Je suis profondément désolé, Lynn. J'en étais pourtant convaincu. Laisses-moi un instant, je vais te chercher un petit remontant. »

Il lui adressa un faible sourire et l'abandonna pour se diriger vers le couloir, dans lequel il s'éclipsa. Néanmoins, ce ne fut pas vers la cuisine qu'Aïlin se dirigea. Il bifurqua et s'engagea dans l'escalier qui menait au sous-sol, là où était son atelier. Il y entra et marcha d'un pas vif jusqu'à son étagère de laquelle il extirpa, sur le dernier étage, bien cachée, une petite boite de fer. Il disposa un petit rail de cocaïne sur sa table de travail, au beau milieu des globes de verre bouillonnants, puis pris sèchement la paille qu'il glissa dans sa narine. Au milieu des clapotis des bulles qui éclataient à la surface d'eaux aux couleurs étranges, il y eut un reniflement. La poudre blanche fut aspirée. Le parfum doux de la drogue glissa dans ses sinus, puis dans sa gorge tandis qu'il laissait sa tête flancher, bercée par les soubresauts nerveux de sa respiration. Laissant là son attirail, il s'essuya le nez d'un geste sec, attrapa une fiole verte parmi les nombreuses autres qui reposaient sur son établi, soigneusement rangées, et remonta les marches aussi discrètement qu'il les avait descendu.

Lorsqu'Aïlin reparut dans le salon, il était chargé de cette même petite fiole ainsi que d'un chocolat chaud, dont il savait sa sœur raffoler. Il déposa le bol sur la table basse, mais tendit directement la potion à la Gryffondor, sans croiser directement son regard.


« Tiens, bois-ça. Tu peux la mélanger au chocolat si tu veux diluer le goût. C'est une potion amère à cause du cranson officinal, mais elle aura le mérite de t'apaiser. »

Murmura-t-il avant de choir à son côté en laissant ses bras reposer contre les accoudoirs du fauteuil. L'âtre mourait petit à petit sous leurs yeux, mais il n'eut pas le cœur à se lever encore pour le ranimer.
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyVen 27 Jan - 17:10:19

Citation :
« Tu sais aussi bien que moi que tout est possible, ici. »

Un sourire découragé glissa sur les lèvres de Lynn avant de disparaître presque immédiatement et elle sentit l'abattement la rattraper.
Qu'ils en soient arrivés là était irréaliste.
Lynn se demandait parfois si le destin n'avait pas tout simplement décidé de les torturer ou si quelqu'un ne tirait pas les ficelles pour voir combien de temps ils tiendraient avant de devenir fou à lier ou de mettre fin à leurs jours.
A une époque, cette idée l'avait effleurée, longuement. La mort lui était apparue comme une douce alternative à ce qu'elle subissait. Si ces instincts suicidaires avaient disparus depuis, il arrivait encore à la jeune femme de s'interroger sur ce qui l'avait retenue à l'époque. Ce n'était pas de la lâcheté, non, car Lynn avait déjà souvent prouvé son courage. Mais au cœur de ses instants les plus sombres, une petite voix insidieuse prenait plaisir à lui rappeler que les choses iraient bien mieux si elle n'était plus là. Aïlin irait bien mieux sans elle.
Le désarroi de son frère était palpable et elle ignorait quoi faire pour l'apaiser, ce qui ne faisait qu'accentuer son mal-être général.
Elle fut prise par surprise quand Aïlin s'approcha d'elle pour lui tendre un mouchoir avant de l'aider à se lever pour la serrer dans ses bras. Toujours bouleversée, et plus émue encore par ce petit geste, elle lutta pour ne pas se remettre à pleurer et lui rendit brièvement son étreinte. Par Merlin, depuis combien de temps Aïlin n'avait-il pas eu un geste aussi tendre envers elle ? Depuis combien d'année n'avait il pas montré autre chose pour elle que du dédain et de la déception ? Etait-ce de la peine, de la pitié ?
Peu importait, car pendant un instant, elle avait retrouvé le frère qui lui manquait tant.
Il s'excusa et elle trouva cela presque choquant. De quoi s'excusait-il au juste ? D'avoir espéré ne pas être enfanté par un monstre ? Elle ne pouvait pas l'en blâmer. Elle aussi avait espéré.
Elle secoua légèrement la tête:


- Ne t'excuses pas…

C'était important qu'ils aient essayés. Et il ne fallait pas baisser les bras tant qu'ils n'apprendraient pas la vérité.

Il lui demanda un instant et partit pour aller lui chercher un remontant.
Elle acquiesça avec un petit "merci" tandis qu'il quittait la pièce. Elle avait bien besoin d'un peu d'aide pour se remettre. Elle se tamponna les yeux avec le mouchoir, consciente que les vannes pouvaient céder à tout moment et ferma les yeux en posant sa tête sur le dossier de son fauteuil. Elle se sentait épuisée, vide.
Qu'allaient-ils faire, maintenant ? Aïlin allait-il refermer la porte du manoir derrière elle et tirer un trait sur toute cette histoire ? Le pourrait-il seulement ?
Elle voulait son bien-être avant tout et ferait ce qu'il faudrait. Sa présence lui semblait être pénible et s'il fallait qu'elle s'en aille pour qu'il se sente mieux, elle s'y résignerait.
Elle ne se faisait plus d'illusions sur leur relation, mais elle ne pouvait nier qu'il lui manquait toujours cruellement. Elle s'était habituée à son absence, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne pensait plus à lui.
Cette histoire avait prit des proportions inquiétantes.
Depuis combien de temps pensait-il à tout ça ? Combien de nuits avait-il passé à se torturer avant de se décider à la contacter ? Toute cette histoire devait le ronger de l'intérieur.
Elle ne pouvait pas le laisser comme ça. Elle pouvait sentir sa détresse même si rien, à par son visage émacié, ne trahissait son tourment. Que lui arrivait-il ? Que faisait-il de ses journées, seul dans ce manoir désert ?
Et surtout, comment pouvait-elle l'aider ? Elle ne pouvait pas l'abandonner, pas encore, sans essayer. Même si elle était sûrement la plus grande cause de ses problèmes et la dernière personne qu'il voulait avoir dans les pattes, elle ne pouvait pas se résigner à le laisser dans un tel état. Elle voulait lui donner de l'espoir, une raison de continuer, une raison de ne pas sombrer, même si elle se demandait si toute cette histoire ne serait pas de trop pour son équilibre mental. Elle savait Aïlin fort, mais il était aussi fragile, et elle avait conscience qu'ils en avaient déjà bien trop encaissé.
Elle devait faire ce qu'il fallait pour lui. Et si cela consistait à reprendre sa place dans la famille et à faire honneur à son nom, elle le ferait.

Elle passa une main lasse sur son visage et rouvrit les yeux quand son frère s'approcha.
Elle prit la fiole qu'il lui tendait avec reconnaissance et la vida d'un trait, ne cillant même pas devant le goût amer du liquide:


- Merci… dit-elle en poussant un soupir de soulagement.

Elle trempa ses lèvres dans le chocolat chaud et ne dit rien pendant un moment, respectant le silence de son frère.
Elle mourrait d'envie de s'excuser, de briser tous ces mensonges, ces faux-semblants et ces non-dits qui s'étaient installés entre eux. Mais elle ne pouvait pas.


*Pardonne-moi… j'aimerais tellement trouver les mots pour t'apaiser.*

Au bout d'un moment, elle avisa le journal qui trônait toujours sur la table basse et jeta un regard à Aïlin:

- Je peux ?

Elle attendit son accord avant de s'en emparer.
Ses doigts se refermèrent sur la vieille couverture et elle parcouru quelques lignes.
Toujours un peu pâle et les yeux rouges, mais au moins, ne tremblait-elle plus, Lynn comprit pourquoi son frère avait tenu à lui parler de sa découverte.


- Pourrais-tu m'en faire une copie ? Il pourrait peut-être m'aider à y voir plus clair, finalement…

Deux regards différents sur un même récit pouvaient peut-être leur permettre d'avancer ou du moins de découvrir quelque chose que l'autre n'avait pas vu.

- Est-ce que tu peux me montre le passage dont tu parlais ? Celui… qui ne lui ressemble pas ?

Elle glissa une longue mèche de cheveux derrière son oreille et prit son courage à deux mains pour lire le passage que lui montrait son frère.

- Il reste aussi l'hypothèse de l'imperium… finit-elle par dire. Même si j'ai du mal à comprendre dans quel but Torin aurait fait ça..

Elle rejoignait en tout cas Aïlin sur cette hypothèse : quoi qu'il se soit réellement passé, Torin devait y être mêlé. La façon dont il avait retourné cette information à son avantage semblait trop bien pensée pour qu'elle soit le fruit du hasard. Quelles que soient ses motivations, il était impliqué, elle en était persuadée.
Jusqu'ici, elle s'était contentée de se répéter que les viols incestueux n'avaient pas d'explications, qu'il n'y avait pas de bonnes raisons, et que tout ce qu'elle devait savoir était qu'elle n'était pas responsable.
Mais peut-être.. Peut-être y avait-il une explication ? Et même si elle était abominable, méprisable et écœurante, cela ne valait-il pas mieux de savoir ?


Elle referma soigneusement le journal et s'empara d'une des photos qu'elle avait ignoré plus tôt.
Elle avait du mal à les reconnaître, Aïlin et elle. Ils étaient si jeunes à l'époque. Lynn se demanda si sa vie avait déjà basculé sur cette photo et fut persuadée que non.
Étonnamment, elle se trouva bonne mine. Sur cette photo d'un autre âge, elle n'avait pas l'air malheureuse. Peut-être avait-elle été une enfant maltraité, mais rien ne le laissait penser sur cette photo. Elle était bien habillée -ils l'étaient tous- et l'ombre d'un sourire amusé se dessinait sur ses lèvres et celles d'Aïlin. On ne le voyait pas mais Lynn devinait leurs mains enlacées derrières leur dos. Unis dans l'adversité. Le photographe avait dit quelque chose pour les faire rire. Devin semblait froncer légèrement les sourcils. Bronach n'était qu'une ombre comme à son habitude, mais sur cette photo son visage n'était pas encore creusé et triste comme celui de la femme dont Lynn se souvenait. Quant à Torin et Ultan, leur allure était déjà fière et arrogante.

Quels desseins leur père avait-il eu pour eux tous ? Aïlin lui avait parlé de cette dote que son père avait constitué pour elle et même si la manipulation transpirait dans ce geste, peut-être n'y avait-il pas eu que du mauvais dans cet homme aux aspirations de grandeur. Maintenant que son viol était certain mais que l'identité de son bourreau était remise en cause, Lynn pouvait comprendre l'intérêt de lire les mémoires de son père. Car s'il ne lui avait pas fait ça, elle verrait ses autres sévices d'un autre œil. Bien sûr, elle n'éprouverait jamais le moindre amour ou respect pour l'homme qui lui avait donné la vie. Mais peut-être pourrait-elle comprendre et avoir pitié. Peut-être pardonner, même sans oublier.


- Je prendrai rendez-vous avec un psychomage.

Quelques séances pourraient l'aider à démêler le vrai du faux dans ses souvenirs.

- S'il y a quelque chose à découvrir, on le trouvera. Promit-elle avec une assurance qu'elle était loin de ressentir.

Mais elle devait essayer, maintenant que ces blessures étaient rouvertes, elle avait bien l'intention de tout faire pour que ce ne soit pas en vain et qu'elles puissent enfin cicatriser correctement.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptySam 28 Jan - 17:10:41

Aïlin était moralement épuisé. La seule chose qui le faisait tenir et lui donnait un peu de courage, en cet instant, était de savoir que la cocaïne ferait bientôt effet dans son sang. Il avait besoin d'un bon remontant, de pouvoir à nouveau réfléchir clairement, disséquer leur conversation et ce qu'ils avaient appris afin de discerner le vrai du faux dans les derniers propos de sa sœur. D'un geste machinal, pensif, il tourna et retourna sa chevalière autour de son annulaire, les sourcils légèrement froncés tandis que les paroles de Lynn trottaient dans son cerveau. Torin, coupable ? Il avait du mal à l'imaginer, mais c'était pourtant possible. Son frère aîné avait été un monstre, manipulateur, odieux et cruel. Il avait joué à tous les jeux, avait pris tous les visages pour placer sous son contrôle chaque membre de la famille, jusqu'à leur père. Devin n'avait pas manqué d'écrire sur papier les inquiétudes qui l'obnubilaient à propos de son premier fils. Il lui soupçonnait, sans pour autant l'avouer clairement, quelques psychoses dont il ignorait l'origine. Peut-être était-il simplement né ainsi, peut-être que quelque chose avait déclenché ce qu'il y avait de plus terrible en lui, jusqu'à détruire toute once d'humanité. Torin avait déjà violé. Il avait violé l'esprit de son frère, avait pénétré au plus profond de son intimité alors qu'il n'avait que quatorze ans, et il en avait fait de même avec Lynn. Et avec leur père. Aïlin le réalisa à cet instant. Si leur père avait été effectivement coupable, Torin n'avait pu avoir qu'un seul moyen de le savoir, à moins d'y avoir assisté lui-même, ce qui était hautement improbable. L'héritier Bower se redressa de son dossier, pris d'un étrange vertige. Torin avait violé les pensées de leur père. Pendant toutes ces années où il se trouvait seul au manoir avec lui, il avait pu le manipuler à sa guise, déformer les sentiments qu'il éprouvait, tout comme il l'avait fait avec ses frères et sœurs. Rien ne l'en empêchait, certainement pas un quelconque respect. Torin n'avait eu d'amour et d'égard que pour lui-même, personne ne méritait clémence à ses yeux. Il était facile d'imaginer le mage noir vouloir dépasser le père. C'était un mégalomaniaque, désireux de surpasser chaque personnalité qui le dépassait en force ou en influence.
La voix de Lynn le coupa dans ses considérations, le faisant par la même occasion retomber sur terre. Il acquiesça à sa demande d'un signe de tête tout en reniflant légèrement, un index sous le nez, qui descendit jusqu'à ses lèvres pour les effleurer, pensivement.


« Ceci est déjà une copie, je l'ai dupliqué, ainsi que les photos. Tu peux tout emporter avec toi si tu le désires. »

Murmura-t-il en prenant le journal des mains de sa sœur pour tourner vivement les pages. Il s'arrêta vers les dernières pages des mémoires et les présenta à Lynn, sans oser lever les yeux sur elle. Ce passage, qui décrivait le viol qu'elle avait subi, avait été les plus pénibles à lire. L'écoeurement remontait dans son œsophage au simple souvenir des quelques lignes qu'il avait pu lire, avant de refermer le carnet, incapable d'en apprendre davantage. Malgré tout, il avait dû les rouvrir, intrigué par une sensation d'étrangeté, l'intuition d'avoir décelé une anomalie à travers le récit. C'était alors qu'il avait trouvé l'écriture plus similaire à celle de Torin qu'à celle de leur père. Peut-être était-ce un fait de son esprit, qui avait repoussé l'irréparable en cherchant quelques excuses rationnelles. Peut-être qu'il s'était complètement trompé en croyant trouver une explication à travers l'histoire de Devin. Après tout, quelle excuse avait Torin pour s'être montré aussi mauvais envers son propre sang ? Peut-être n'y en avait-il pas plus pour leur père que pour Torin, mais Aïlin ne pouvait pas se résoudre à croire une chose pareille. Tout s'était expliqué jusqu'à présent, jusqu'à la profonde dépression qui avait finit par le plonger dans la folie. Pourquoi seul cela ne trouvait pas d'explication raisonnable ? Devin avait commencé à sombrer alors qu'Aïlin était entré à Poudlard, mais il n'avait pourtant pas souvenir d'un homme aussi violent et cruel qu'il l'avait été dans ses dernières années. C'était justement l'époque où leur vie était relativement calme, où sa frustration ne se déchainait jamais que sur Bronach. Bien sûr, il se souvenait de quelques gifles et de quelques pertes de sang-froid à l'adresse de ses enfants, mais il ne prenait pas alors un plaisir malsain à les altérer tant physiquement que mentalement.
Quant à l'idée de l'imperium, elle lui paraissait trop étrange, farfelue. Torin ce serait gravement mis en danger auprès de leur père s'il avait agit de la sorte, et ce bien plus tôt qu'il ne l'imaginait. Bien sûr, il avait pris énormément de risques en osant pénétrer l'esprit de leur père, s'il l'avait effectivement fait, mais cela s'était produit bien plus tard. Devin était-il alors sur le déclin ? L'imperium qu'il avait fait subir à son plus jeune fils avait-il été un geste de désespoir ?


« J'en doute... Je croyais avoir compris notre passé, mais plus nous nous enfonçons dans les révélations, plus tout cela me semble obscur et confus. Je suis dans le noir complet. »

Et il détestait cela. Ne pas obtenir ce qu'il désirait, ne pas trouver la clef des énigmes qui se proposaient à lui étaient quelque chose d'insupportable. Il exécrait voir son intelligence buter contre ce qui, lorsque cela serait en leur connaissance, se révèlerait comme une évidence. Il devait leur manquer un détail, un simple petit détail, mais qui empêchait d'y voir clair. Et peut-être que ce petit détail après lequel il courait se trouvait...
Lynn fit écho à sa pensée. Peut-être que la vérité ne pouvait être trouvée que dans l'esprit de celle qui avait subi l'agression. Aïlin tourna la tête dans sa direction, camouflant habilement sa surprise mêlée de satisfaction derrière un masque de gravité. Il acquiesça, respectant un instant de silence, avant de braquer son regard aux pupilles légèrement grossies sur Lynn.


« Outre le fait que cela peut nous en apprendre davantage, quelques séances pourraient aussi t'être bénéfiques. Maintenant que c'est confirmé, en parler à une oreille objective pourrait t'aider à le surmonter définitivement. »

Répliqua-t-il sur un ton grave, mais détaché. Non, il n'arrivait définitivement pas à croire qu'il s'était trompé, que cela s'était effectivement produit. Ils n'en avaient jamais parlé véritablement, jusqu'à présent. Cela était demeuré un sujet tabou, non-dit qui avait finit par creuser un profond fossé entre sa sœur et lui. C'était en grande partie cela qui les avaient éloigné l'un de l'autre, en plus de l'arrivée de Léan et la décision de Lynn, qui avait fait le choix de revenir au manoir pour protéger la dernière née du nom. Que devenait-elle, aujourd'hui, d'ailleurs ? Aïlin n'en avait aucune idée, mais il supposait que, quoi qu'elle vive, elle était certainement mieux loin d'ici qu'aux milieu de ces horribles secrets. Mieux valait qu'elle ne les apprenne pas, qu'elle ne découvre jamais l'existence des deux parents qui lui restaient encore. L'initiative de Lynn n'avait peut-être pas été si absurde et dépourvue de sens qu'il ne l'avait imaginé dans sa fureur, mais il était encore trop tôt pour qu'il puisse lui accorder cela de vive voix. Sa réflexion, rendue plus active par la drogue, lui faisait considérer ce fait avec une objectivité nouvelle. Il observa sa sœur un instant, et l'ombre d'un sourire passa sur son visage.

« Tu as bien changé... Murmura-t-il en haussant un sourcil, l'air narquois. Je n'imaginais pas te voir devenir aussi grande ! »

Ajouta-t-il avec un sourire en coin. C'était un compliment camouflé, ou, plutôt, une petite taquinerie dans l'espoir d'apaiser la tension qui appesantissait l'atmosphère. La drogue qui circulait en lui l'avait détendu, il se sentait plus fort et l'abattement n'était plus qu'un mauvais souvenir. Et cela faisait du bien, un bien fou.

« À ce propos, il y a encore la garde-robe de Bronach dans le grenier. Peut-être ne voudrais-tu pas porter ses robes, mais il y en a quelques unes qui semblent comme neuves, et qui sont très belles. Si tu souhaites profiter de ta présence pour y jeter un coup d'oeil, cela ne me pose aucun problème. Je t'avouerais que me concernant, je n'en ai pas grande utilité. D'ailleurs... Si tu souhaites rester ici, le temps de ta lecture, je n'y vois pas non plus d'inconvénient. Il y a certains passages qui sont... Disons qu'il n'est pas très recommandé d'avoir ce genre de lecture alors que l'on est seul. »

Lâcha-t-il d'un bloc, sans même sourciller à la mention du carnet de Devin. Au contraire, il paraissait à nouveau sûr de lui, bien loin des affres qui l'avaient assaillit un instant auparavant. La présence de Lynn ne le dérangeait plus, maintenant qu'il avait fait de son combat, celui de sa soeur. Et, il y avait un avantage à la garder au manoir. Il l'avait ainsi à sa disposition, et inversement, pour discuter à leur guise de cette sordide bataille pour la vérité. Il était aussi curieux de voir comment sa soeur allait réagir à toutes ces confessions.
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyVen 3 Fév - 20:48:59

Lynn sentait le trouble et les doutes de son frère mais était bien incapable de faire quoi que ce soit pour les dissiper. Pour cela, il lui aurait fallu des certitudes, et s'il lui en était resté ne serait-ce qu'une, elle venait d'éclater en morceau. Non, Lynn ne savait plus, le doute avait envahit son esprit et elle avait l'impression d'avoir été trahie par la seule personne en qui elle ait jamais pu réellement se fier: elle-même. Elle ne pouvait même plus se faire confiance.
Si ces souvenirs avaient été manipulés, pourquoi pas d'autres ? Sa vie entière n'était-elle qu'un tissu de mensonges ? Comment faire la distinction à présent entre la réalité et le fruit d'une manipulation perverse ? De quoi pouvait-elle encore être sûre ? A quoi se fier ? Comment distinguer la vérité ?
Tant de questions sans réponses lui donnaient le tournis.
Elle n'avait pas encore vraiment prit conscience de toute l'ampleur de cette histoire et c'était sûrement la raison pour laquelle elle arrivait encore à garder son calme. Elle aussi était dépassée par les évènements. Cela faisait à peine une poignée d'heure qu'elle était là et déjà elle ne voyait plus son enfance de la même façon. Elle ne voyait plus rien de la même façon.
Elle regarda le journal entre ses mains, se demandant à quel point ce qu'elle y trouverait l'influencerait, à quel point cela pouvait la changer.


- Merci. Murmura-t-elle en acquiesçant lorsqu'Aïlin l'invita à garder les documents.

Intriguée, elle lui demanda de lui montrer le passage qui faisait références à son agression. L'estomac noué elle n'en déchiffra que quelques lignes avant de le refermer. Elle n'était pas encore prête à lire ça. Pas tout de suite.
Aïlin repoussa l'idée de l'Imperium et Lynn ne protesta pas. Aïlin avait eu conscience de l'intrusion de leur père pendant l'horrible période où il avait prit possession de son esprit et Lynn doutait que Torin ait prit un tel risque avec leur père, du moins pas à l'époque.
L'héritier Bower exprima sa confusion et Lynn laissa échapper un soupir. Confuse était presque trop faible pour exprimer l'état dans lequel elle se trouvait. Leur histoire n'avait jamais été simple mais elle se complexifiait à mesure qu'ils cherchaient à l'éclairer.


- Je t'avoue que je suis perdue, moi aussi. Dit-elle d'une voix douce. Je n'avais aucune idée de….

Elle s'interrompit et hésita. Elle avait volontairement fermé les yeux et tiré un trait sur son passé et sa famille pour se préserver. Rouvrir toutes ces vieilles blessures était finalement encore plus douloureux que souffrir de cicatrices mal soignées. Mais c'était sûrement un mal nécessaire pour guérir enfin.

- Depuis combien de temps est-ce que tu as tout ça en ta possession ? Finit-elle par demander.

Depuis combien de temps se torturait-il à propos de leur passé ? Depuis quand cherchait-il des réponses qu'il ne trouverait jamais ?
Il s'était résigné à la contacter pour avoir des réponses et confirmer ses soupçons et il se retrouvait finalement avec encore plus de questions et encore moins de convictions.
Ils avaient besoin d'aide. Mais quand on était un Bower, on ne demandait pas d'aide. Pas directement. C'est pour ça qu'il fallait qu'elle consulte. Elle fit part de sa décision à son frère qui sembla trouver l'idée bonne. Il plongea son regard océan dans ses pupilles d'argent et avec gravité, déclara qu'en plus de leur servir à en apprendre plus, cela ne pourrait que l'aider à surmonter ce traumatisme.
Embarrassée, Lynn préféra rester silencieuse un instant et détourna le regard.
Elle avait cru l'avoir surmonté. Elle avait cru être capable de guérir seule en laissant tout cela derrière elle et en entrant au manoir un peu plus tôt, elle pensait encore avoir réussi. Mais fuir ne suffisait pas toujours. Si sa fuite du manoir lui avait sûrement sauvé la vie, il était temps maintenant d'affronter les choses. Les souvenirs de la mort de leur père la heurtèrent de plein fouet et elle regarda à nouveau Aïlin, comprenant à quel point les révélations d'aujourd'hui devaient le bouleverser. Il avait été facile, finalement, de vivre avec la responsabilité de la mort de Devin, tant qu'Aïlin avait été convaincu d'avoir bien agi, d'avoir fait ce qu'il fallait. Maintenant qu'il culpabilisait d'avoir tué un père qui n'était peut-être pas le monstre qu'ils avaient crus, Lynn ne savait plus où elle en était. Elle se sentait simplement épuisée, à bout, incapable de réfléchir correctement. Mais un sentiment de mal-être, qu'elle avait pourtant pensé anéanti, reprenait sa place dans son cœur. Elle aurait voulu parler à son frère. Crever cet abcès, franchir le fossé que la révélation de son viol avait créé entre eux. Mais elle ne pouvait pas. Que pouvait-elle lui dire ? Et de toute évidence, il n'était pas prêt à l'entendre.

Lynn sentit le regard de son frère posé sur elle et releva les yeux pour le voir sourire. La surprise de sa remarque laissa place à un amusement sincère et la jeune femme répondit à son sourire:


- Que veux-tu, je ne pouvais pas rester un bébé lion pour toujours ! Mais je peux te retourner le compliment ! Même si tu as toujours eu du succès, tu n'as jamais été aussi élégant !

Le changement d'attitude de son frère l'étonna mais elle se réjouit de voir qu'il semblait moins abattu qu'un peu plus tôt. Elle était heureuse de voir qu'il ne se laissait pas aller et qu'il faisait des efforts pour lui faire la conversation.
Sa proposition suivante la troubla et elle hésita un instant avant de répondre:


- C'est gentil mais je crois que je vais rentrer chez moi ce soir. J'ai besoin d'un peu de temps, seule, pour réfléchir à tout ça… En revanche, si tu n'y vois pas d'inconvénients, j'aimerais bien venir ici en journée, pour… ma lecture.

La vérité c'était qu'après toutes ces révélations, l'idée de dormir entre ces murs la terrorisait. Il serait plus simple, effectivement, de venir ici, profiter de la compagnie des domestiques et peut-être d'Aïlin pour découvrir le contenu du journal. Elle n'avait pas vraiment envie d'être seule pour ça. Surtout si ce que son frère disait sur son contenu était vrai. Sur un ton plus léger, quoi que légèrement forcé, elle ajouta :

- Et si je peux en profiter pour explorer les belles tenues de mère, je ne m'en priverai pas ! Je suis sûre qu'on doit pouvoir y dénicher quelques perles rares !


Après tout, malgré le peu d'estime que Lynn avait pour sa mère, elle avait toujours eu une toilette irréprochable, sûrement parce que Devin avait une image à préserver. Elle doutait que les robes lui iraient, mais elle pouvait essayer.

- Est-ce que c'est si terrible.. ? Murmura-t-elle finalement en regardant le journal qu'elle tenait entre les mains puis son frère. Est-ce qu'il y a des choses importantes à notre sujet ?

Une partie d'elle espérait pouvoir en éviter la lecture, mais le regard d'Aïlin en disait long. Elle comprenait que c'était nécessaire. Il fallait qu'elle le voit pour le croire. Il ne pouvait pas se contenter de lui raconter car elle ne le croirait jamais complètement. Mais elle avait presque peur de lire ces mots, ceux de son père.

Lynn retint un soupir et passa une main lasse sur son visage encore bouffie des larmes qu'elle avait versé. Elle était épuisée.


- Tu as d'autres photos ? Demanda-t-elle. Père avait-il un album ?

Cela ne lui ressemblait pas. Mais si c'était le cas, elle avait envie de les voir.
Lynn termina son chocolat chaud, se sentant tout de même nettement mieux depuis qu'elle avait avalé la potion d'Aïlin. Il faudrait qu'elle pense à lui demander s'il n'en avait pas une à lui donner pour la maison.
Se demandant néanmoins si son frère ne souhaiterait pas plus de réponses, plus rapidement, elle proposa, d'une voix plus ferme que ce qu'elle avait osé espérer :


- Est-ce que tu veux profiter que je sois là pour… interroger le tableau de père ?

Mais au fond, elle espérait qu'ils attendraient au moins le lendemain. Elle n'était pas sûre de pouvoir le supporter nerveusement.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyLun 27 Fév - 13:36:32

Aïlin garda un air détaché lorsque la curiosité de sa sœur – ou peut-être son inquiétude, qu'importait – la poussa à lui demander depuis combien de temps il avait découvert ces documents surprenants. Il répondit d'une voix qui ne trahissait aucune émotion, parfaitement atone.

« Depuis fin septembre ou début novembre, je crois... »

Un silence passa, sans qu'Aïlin n'émette le moindre mot qui aurait traduit la souffrance qu'il avait enduré à se torturer l'esprit à propos de leur père. Ses propres émois ne regardaient que lui, et si la colère qu'il éprouvait envers sa sœur s'était dissipée, il n'était pas assez confiant pour partager avec elle les affres de son cœur. C'était une chose qu'il n'avait d'ailleurs jamais faite auprès d'elle, car Aïlin exécrait à ouvrir son cœur, à se sentir faible et démuni. Il avait grandit derrière un large bouclier qu'il n'avait jamais abaissé, et que personne, ou presque, n'avait jamais pu briser. Seule une était parvenue à ébranler ses défenses au point de lui en faire en faire perdre son éternel sang-froid. Il s'agissait de Clarisse, et cela avait donné lieu à une dispute pour le moins houleuse. Elle pouvait se targuer d'une grande victoire sur le jeune Bower, et Aïlin ne doutait pas qu'elle en avait été parfaitement consciente.
Mais, plutôt que de s'attarder sur ces souvenirs, le jeune homme profita du silence pour détourner la conversation sur des considérations plus légères. Il était inutile de se regarder dans les yeux, larmoyants, en s'apitoyant sur les mensonges dont ils avaient été les victimes. Bien que seule la drogue lui permette cette once de force morale, il préférait suivre son conseil et ne plus penser à ce qui l'obsédait depuis presque deux mois. Il se faisait confiance pour se diriger tout naturellement vers de sombres pensées lorsque la solitude l'étreindra de nouveau, et que la légère allégresse artificielle qui coulait dans son sang ce sera dissipée.

Un sourire passa sur son visage au compliment de sa sœur, bientôt suivit d'un léger rire. Il n'avait pas vraiment eu le souvenir d'avoir eu le succès que Lynn lui prêtait pendant sa scolarité, mais il devait bien s'avouer qu'il n'avait pas prêté attention à ces choses là, à l'époque. Bien sûr, il y avait eu Clarisse, Pénombre, et quelques autres encore qui, avec le recul, lui avaient prêté beaucoup trop d'attention pour ne pas rechercher quelque chose de plus que des sourires. Néanmoins, la légendaire Craft lui avait fait découvrir bien plus de choses qu'il n'en aurait découvert avec ces quelques autres qui lui avaient tourné autour, pensa-t-il, avant de renvoyer l'image de la ténébreuse de son esprit. Ce n'était pas le moment de s'attarder sur les réminiscences sensuelles que le nom de la jeune femme convoquait en lui. Il préféra donc détourner une nouvelle fois la conversation de sa personne, pour se focaliser sur son interlocutrice.

Aïlin pensait véritablement qu'à lire seule les mémoires d'un père tyrannique, elle récolterait plus de mal que de bien. Bien qu'il s'était habitué à sa solitude et que la présence d'une autre vie au manoir – outre celle des domestiques – lui paraissait saugrenue et gênante, il savait que cela était profitable autant pour elle que pour lui. Lynn repoussa cependant l'idée de dormir au manoir.
Aïlin n'était pas dupe, ce n'était pas tant le besoin de se retrouver seule, puisqu'elle disposait ici de toute la solitude dont elle pouvait rêver, qui la dérangeait, mais celui de séjourner dans un lieu si chargé de mauvais souvenirs. Les yeux du jeune homme se plissèrent légèrement, et ses sourcils se froncèrent, une fraction de seconde, seulement. Cette marque du doute se dissipa au moment où Lynn répondait à sa seconde proposition.


« Puisque je t'invite, tu es libre d'aller et venir comme bon te semble ici. Le manoir est bien assez vaste pour que tu puisse venir y lire au calme. En revanche, il faut que tu sache que j'ai beaucoup de travail et que je ne pourrais pas toujours venir à ta rencontre chaque fois que Jenny t'ouvrira la porte. Il y a certains travaux que je ne peux pas interrompre si je ne veux pas que mes expériences échouent. Mais si tu me fais appeler, je viendrais dès que je peux me libérer. »

Il adressa un sourire à sa sœur, avant de reprendre la parole d'une voix plus lente, plus mesurée.

« Tu sais, si c'est l'idée de dormir dans ton ancienne chambre qui te gêne, tu n'as pas à t'inquiéter de cela. J'ai remis à neuf et ai purifié les chambres qui en avaient besoin, et tu peux dormir où bon te semble. Il n'y a guère que la chambre de Devin dont il ne vaut mieux pas s'approcher. »

Une ride barra son front. La chambre de leur père avait été la seule qu'il n'avait jamais pu nettoyer des énergies négatives qu'elle contenait. Après la mort de leur père, Torin avait investit cette pièce et le mélange de sa folie ainsi que de celle de son père avait rendu la chambre oppressante, au point qu'il n'avait pu y entrer assez pour débarrasser l'endroit de la magie noire, tenace, qui y résidait. Nul doute qu'une personne plus fragile serait assaillie par l'ambiance lugubre et les ondes néfastes qui stagnaient depuis des années, et Aïlin n'avait aucune envie de récupérer sa sœur en proie à une véritable crise d'angoisse. En parlant de sa sœur, celle-ci l'assaillait de questions. Aïlin redressa le menton dans sa direction mais garda le silence pendant quelques secondes, le temps de réfléchir à sa réponse.

« Et bien... Déjà, père a écrit ses impressions à propos de notre naissance. C'était en quelques sortes son petit rituel. Il parle de nous vers la fin de son carnet, aussi. Mais cela devient de moins en moins intelligible au fil des années, et les notes se font plus rares. Certains passages sont inquiétants, non pas à cause de leur contenu, mais parce que l'on se retrouve immiscé dans son esprit et son intimité d'une façon parfois brutale... »

Il s'interrompit un instant et passa son index contre ses lèvres, pensif.

« Il y a d'autres photos, mais assez peu. Principalement de lui, et d'une femme dont tu feras la connaissance dans ce carnet. Ce serait de mauvais goût que je te dise que je préfère te laisser la surprise quant à son identité et son rôle dans tout cela, mais je préfère ne pas répondre à tes éventuelles questions, et te laisser le découvrir par toi-même. Je ne rapporterais pas la vérité aussi bien que ces écrits. »

À peine s'était-il écoulé quelques secondes de silence que Lynn lui posa une dernière question qui le surprit vivement. Il n'aurait pas espéré que sa sœur lui propose de tenter une discussion avec le tableau de leur père. C'était plus qu'il ne l'avait escompté. Néanmoins, il avait conscience que cela n'était pas raisonnable. Pas après tout ce qu'il venait de se produire. Mieux valait ménager Lynn, plutôt que de l'éprouver jusqu'à ce qu'elle sombre au point d'être incapable de se relever seule. Si elle avait du courage, il ne comptait pas le mettre à l'épreuve jusqu'à ce qu'il cède et se brise. Il avait assez à faire avec lui-même pour ne pas se retrouver avec une sœur en dépression sur les bras. Aïlin dressa le plat de sa main en direction de sa sœur, signe qu'il valait mieux s'arrêter là pour le moment.

« Je crois que nous avons eu assez d'aventures pour aujourd'hui, tu ne penses pas ? » Rétorqua-t-il en laissant retomber sa main contre l'accoudoir, pour finalement se lever et marcher dans sa direction. « S'il y a bien une chose que nous avons appris et qu'il nous faut retenir, c'est que l'on ne doit jamais griller les étapes. Prend déjà quelques jours pour toi, contacte Sainte Mangouste et nous verrons le reste plus tard. »
Revenir en haut Aller en bas
  • Lynn Bower
    • Nombre de messages : 824
    • Age : 37
    • Date d'inscription : 20/02/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-pur
      Baguette magique: En bois de cèdre, 28 centimètres, souple, contenant une plume de Phoenix
    Lynn Bower
  • Créatrice d'Artefacts enchantés Créatrice d'Artefacts enchantés
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyMar 20 Mar - 21:48:53

Lynn garda le silence tandis que son frère lui révélait du bout des lèvres qu'il avait le journal en sa possession depuis déjà quelques mois. Elle ne savait que faire de cette information. Elle ne savait ce qu'elle trouvait le plus étonnant. Qu'il ait gardé ces informations pour lui aussi longtemps ou justement le fait qu'il avait fini par lui en parler. Elle était décidément à mille lieux de comprendre les intentions de ce cœur dont elle avait autrefois été si proche.
Il était rongé de l'intérieur, que ce soit par la colère, la peur, le remord ou autre chose, cela se lisait sur son visage. Mais quelle que soit la nature exacte de ses tourments, elle en était partiellement responsable, et elle devait tout faire essayer de s'amender. Elle n'imaginait que trop bien combien il avait du se torturer. Son geste salvateur n'était plus qu'un triste et inutile parricide si leur père n'était pas le monstre qu'ils croyaient.
L'homme qui lui faisait face était un étranger et malgré tout, elle ressentait une tendresse douloureuse envers lui. Une affection sans retour qu'elle avait repoussée et essayé d'oublier. La fragilité qu'elle devinait derrière son sang-froid lui faisait mal. Il avait trop souffert pour elle pour qu'elle reste les bras croisés. Malgré les manipulations, les mensonges, la colère, la déception, malgré tout ce qu'ils avaient subit, elle l'aimait encore. Elle savait que c'était un sentiment incongru, inutile mais elle ne pouvait rien y changer. Si elle ne devait être qu'un outil pour lui, pour l'aider à comprendre et à accepter, alors, elle se laisserait utiliser.
Pendant un instant, elle revit le jeune homme qu'il avait été et une bouffée de tristesse l'envahit à l'idée que c'était à cause d'elle qu'il avait tant changé. Pouvait-il encore être heureux ? Elle l'espérait sincèrement et elle ferait ce qu'il faudrait, pour qu'au moins, il ne soit pas détruit par ses démons.

La jeune femme laissa son frère changer de sujet, sur un ton plus léger et elle rentra dans son jeu. Ils faisaient semblant, mais c'était rassurant, c'était presque normal. C'est ce dont ils avaient besoin après cet épisode difficile.

Il réitéra son invitation, expliquant qu'elle était libre d'aller et venir comme bon lui semblait mais qu'il ne serait pas toujours disponible. Elle acquiesça, comprenant tout à fait qu'il avait d'autres obligations et lui sourit. Lord Bower était un homme occupé. Cela au moins semblait lui avoir réussi. C'était une maigre consolation, mais il avait au moins une activité à laquelle s'accrocher.

Perspicace, Aïlin lui fit remarquer que si c'était son ancienne chambre qui la gênait, d'autres avaient été rénovées et purifiées et qu'elle pourrait sûrement y trouver son bonheur. Seul la chambre de leur père semblait irrécupérable.


- Je vais y réfléchir. Promit-elle.

Voyant que le sujet de la chambre de Devin le préoccupait, elle reporta son attention sur le carnet et ne put s'empêcher de lui poser quelques questions.

Ses réponses ne la satisfirent qu'à moitié, mais elle comprenait la nécessité de découvrir ces révélations par elle-même.


- Très bien.

Il fallait avouer qu'elle était curieuse de lire ce que leur père avait pu écrire. Elle ne s'attendait bien sûr pas à grand-chose d'autre que des critiques mais tout de même. Cela l'intriguait, ainsi que la femme dont Aïlin parlait et qui de toute évidence, n'était pas leur mère.
Il lui faudrait donc lire tout cela pour en apprendre davantage. Il y avait peut-être un moyen d'en apprendre plus immédiatement et elle soumit l'idée à son frère. Ils pouvaient profiter qu'elle était là pour interroger le tableau, même si elle ne se sentait pas très vaillante à cette idée. Elle fut d'ailleurs soulagée quand il déclina l'offre, lui disant qu'ils avaient peut-être eu assez d'émotions fortes pour la journée.


Elle acquiesça avec un sourire triste, bien décidée à suivre les conseils de son frère.

- C'est vrai... répondit-elle en regardant la couverture en cuir du journal qu'elle tenait entre ses mains. Je vais le laisser ici… pour ne pas être tentée de le lire à la maison.

Elle le reposa sur la table, sous-entendant par là qu'elle reviendrait bien ici pour le lire puis elle releva la tête et croisa le regard d'Aïlin. Il lui disait de prendre rendez-vous à Saint Mangouste mais elle savait qu'attendre qu'elle lui raconte les séances serait frustrant. Même s'il ne pouvait pas y assister, il y avait peut-être un moyen de l'impliquer indirectement et surtout de lui permettre d'avoir au plus vite les informations qu'elle serait susceptible de découvrir…

- Je pensais… peut-être que je pourrais prendre des séances particulières en dehors de Saint Mangouste... dans ce cas, ce serait probablement judicieux qu'elles aient lieu ici…
suggéra-t-elle en montrant le décor. Qu'est-ce que tu en penses ?

Se mettre en situation était sûrement un atout considérable pour ce genre de chose. S'ils s'installaient dans une des pièces, voir dans son ancienne chambre, peut-être les souvenirs reviendraient-ils plus vite ou plus facilement. Et Aïlin ne serait pas loin, ce qui pourrait aussi, étrangement, la rassurer.

Lynn était épuisée et las. Ces quelques heures lui avaient semblé interminables et avaient mis ses nerfs à rude épreuves. Néanmoins, elle était plutôt fière de son comportement. Elle avait réussi à rester courageuse malgré les révélations difficiles auxquelles elle avait du faire face.
C'était peut-être ce dont elle avait besoin pour vraiment s'en sortir.


- Je vais y aller. Déclara-t-elle finalement. Je crois que j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil pour me remettre de tout ça…

Elle jeta un regard au carnet avant de reporter son attention sur son frère:

- Ou peut-être deux. Ajouta-t-elle avec un petit sourire désabusé.

Elle se leva et fit face à son frère.


- J'appellerai Jenny pour la prévenir de ma prochaine visite. Il me reste une dizaine de jours de vacances mais… je dois pouvoir obtenir une dérogation médicale pour revenir le week-end assister à mes séances de psychomage. Je te tiendrai au courant.

Elle hésita un instant avant d'ajouter:

- Tu as bien fait de m'en parler. Tu avais raison : On a besoin de savoir. Je n'avais pas réalisé à quel point c'était important.

Elle n'avait pas réalisé à quel point toute sa vie tournait encore autour de ces évènements, ni combien, malgré tout ce qu'elle avait cru, elle n'était toujours pas libérée de Devin. Finalement, même si c'était difficile, ils avaient vraiment besoin de traverser cela. Ensemble.
Revenir en haut Aller en bas
  • Aïlin Bower
    • Nombre de messages : 978
    • Age : 34
    • Date d'inscription : 29/07/2007

    • Pensine
      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
  • Langue-de-Plomb Langue-de-Plomb
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) EmptyLun 9 Avr - 1:07:59

Aïlin eut un sourire sombre lorsqu'il vit Lynn reposer le carnet sur la table, en promesse de ne pas lire ailleurs qu'au Manoir. Elle évitait la tentation de l'ouvrir alors qu'elle serait seule, chez elle. Une tentation que le jeune Lord ne connaissait que trop bien, et qui avait rythmé ses nuits, jusqu'à ce qu'il parvienne, enfin, jusqu'au bout de sa lecture. Alors, il avait reposé le carnet, mais n'avait pas pu se résoudre à le ranger hors de sa vue, frustré. Pendant un instant, Devin s'était relevé du monde des morts. Pendant un instant, Aïlin ne s'était plus senti comme un criminel. Mais cette émotion coupable revenait toujours, dès lors que ses yeux le brûlaient trop pour qu'il puisse lire davantage. Aujourd'hui, elle ne le quittait plus. Rien n'excuserait plus jamais son geste, ni la justice, ni lui-même, il le savait à présent qu'il avait achevé le récit de son père. Car il savait qu'il ne croirait jamais plus à l'entière culpabilité de Devin. Rien n'était complètement noir. Lui-même, qui s'était cru si pur, si éloigné des idéaux de sa famille, voyait à quel point cela avait été une illusion. Il était un Bower, et rien ni personne ne pourrait changer cela. Mieux encore, il était fier d'en être un.
Qu'en serait-il de Lynn, après sa lecture ? Son regard passa du carnet à sa sœur. Un regard qui brillait d'une lueur étrange, presque curieuse. L'héritier ne révéla pas davantage ses sentiments. Lynn, de toute façon, s'apprêtait à lui adresser une demande, au vu de la lueur incertaine qui brillait dans ses yeux. Aïlin acquiesça pour l'encourager à continuer, alors qu'elle entamait une phrase avec hésitation.
Lynn voulait ses séances de thérapie au manoir. L'idée, bien qu'ennuyeuse, ne semblait pas mauvaise. Bien qu'il eut préférer la voir plus indépendante dans sa démarche, Aïlin devait bien admettre que la psychanalyse avait toutes les chances d'être plus fructueuse en condition.

« Je comprends ton point de vue. Si tu en as le courage, je ne vois rien à y redire. Mais... » Une lueur de malice passa dans son regard d'azur. « ...ne crois pas que tu vas parvenir à me faire consulter également. »

Un clin d'oeil ponctua son trait d'humour. C'était le signe implicite, de même qu'il se soit levé, que leur entretien touchait à sa fin. Aïlin était trop épuisé pour pousser la politesse à l'inviter dîner. Il savait, d'ailleurs, que Lynn espérait seulement rentrer chez elle. La présence de son aîné ne l'aidait pas à se remettre les idées en place, et elle en avait bien besoin. Il en avait conscience.
D'ailleurs, la jeune femme saisit très bien l'occasion et déclara, lasse, prendre congé. Au sourire pathétique qu'elle lui adressa, Aïlin répondit par un regard qui se voulût rassurant, chaleureux. Un sourire passa également sur ses lèvres, empreint d'une tendresse qui semblait ressurgir de leur prime jeunesse, ou presque. On y ressentait autre chose, aussi, mais Aïlin était assez bon comédien pour camoufler qu'il s'agissait là de sécheresse. Il désirait en finir au plus vite, à présent. Il voulait se retrouver enfin seul et noyer son mal dans un nouveau rail.

« C'est parfait. Tu peux contacter Jenny par poudre de cheminette, elle quitte rarement la cuisine en ce moment. »

Sourit-il, avant de s'avancer pour la guider jusqu'au couloir. Mais Lynn ne bougea pas tout de suite, apparemment absorbée par une pensée qu'elle n'osait ni taire, ni prononcer. Il s'arrêta près d'elle et la regarda dans les yeux, parfaitement sérieux, cette fois-ci. Ce qu'elle lui confessa lui fit froncer les sourcils. Avait-il eut raison de la mettre dans la confidence. Oui, dans son intérêt à lui. Mais dans celui de sa sœur, rien n'était moins certain. Elle allait replonger dans un monde qu'elle tentait d'oublier, avant même qu'elle n'ait le temps de s'en rendre compte. Elle allait souffrir et son frère le savait. Néanmoins, il la laisserait plonger seule dans les affres de son passé, sans remord, spectateur curieux des pensées et des émotions qu'elle allait subir. Il demeurerait à l'écart, n'intervenant que pour la maintenir en vie, pour la sauver d'une perdition émotionnelle et intellectuelle qui pourrait la mener là où aucun retour n'est possible. Lynn avait-elle conscience que son dernier frère, celui qu'elle avait tant aimé, en qui elle avait pu, autrefois, avoir confiance, serait aujourd'hui autant son soutien que son bourreau ? Sans qu'il n'y pris garde, Aïlin se vit passer une main froide contre le visage de sa sœur, tout près de sa tempe. Il glissa une mèche de ses cheveux sombres derrière son oreille, puis l'invita, d'une main dans le dos, à le suivre. Bower marcha d'un pas lent, le regard braqué devant lui.

« Il n'y a rien de plus terrible que le mensonge... Surtout lorsque l'on découvre sa véritable nature, et ce qu'il cache en réalité. C'est pourquoi tu dois te préparer, Lynn. Ce que ton esprit peut t'apprendre, ce qu'il a caché au fond de son subconscient, peut bouleverser ta vie. Repose-toi, et confirme moi après-demain que tu te sens prête à affronter cela. Si nous avons besoin de la vérité, ou au moins d'une partie d'elle, nous ne devons nous en acquitter d'une meurtrissure supplémentaire. »

Sa main tremblait légèrement dans le dos de sa sœur alors qu'ils atteignaient l'entrée, mais Aïlin ne semblait pas s'en rendre compte. Il lui adressa un sourire en guise d'au revoir, puis ouvrit la porte sans plus prononcer un mot. Un vent glacial soufflait sur la cour en balayant des monceaux de neige, qui formaient de petits monticules là où leur course s'achevait.

« J'espère que tu n'es pas devenue aussi sensible au froid que les anglais.»* 

Il lui adressa un coup d'oeil amusé, puis fit apparaître la cape de Lynn d'un coup de baguette, avant de l'aider à s'en vêtir, galant.




*Prononcé en irlandais.
Revenir en haut Aller en bas
  • Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Retrouvailles (Pv Aïlin)   Retrouvailles (Pv Aïlin) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Retrouvailles au manoir Bower [ PV Aïlin ]
» Retrouvailles...
»  [Aïlin]A l'heure du thé
» Retrouvailles... [Pv Dannia]
» Retrouvailles [PV Bodom ]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Miroir du Riséd :: Hors-Jeu :: Archives :: 1999-2000-