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Comme un chat embusqué. C’était l’impression que ce faisait Shell, la tête tendue hors des épaules, quasi à quatre pattes dans les hautes herbes bordant les rives du lac et la baguette pointée sur un nid de brindilles et de mousse. Son regard noir fixait une petite tête jaune duveteuse, mignonne et chétive boule de peluche pépiante, ignorante du danger tapi dans les roseaux à l‘affût pour sa peau de caneton. Non pas que Shelly ait eu pour ambition de le voir finir dans son estomac, ni même dans son assiette succulemment cuisiné et assaisonné d’aromates. Cette petite chose à peine née ne lui évoquait que de purs sentiments d’amour et de câlinerie. Cependant, elle était dans le besoin et la nécessité avait toujours fait loi chez elle.

Levant imperceptiblement sa baguette, elle exécuta un très très léger mouvement de poignet en répétant la formule à voix basse. A son côté, un panier à pique-nique aux rabats béants comme un gouffre près à engloutir la malheureuse progéniture de canard, et de l‘autre, une petite fiole à potion contenant un liquide multicolore. Ses ustensiles pour attraper et transformer un inoffensif caneton en bête de foire. En tout cas, un genoux dans la boue et une main dans la vase, la lionçonne ne s’était jamais sentit aussi coupable et méritante d’une punition. Mais le responsable, le vrai cerveau maléfique à l’origine de ce rapt, n’était autre que le diabolique professeur Canaan Raven, génie du crime sous ses angéliques mèches blondes. Non seulement, il était complètement à l’ouest sur ce qui faisait un monde, mais en plus il prenait pour sûr un malin plaisir à rendre les autres aussi paumés qu’il ne l’était.

Le caneton rangea sa tête sous son aile et ferma doucement ses yeux, vivante image de la fragilité et de l’insouciance. Les coins de la bouche de Shelly s’affaissèrent, mais sa volonté se révéla inaltérable et elle agita brusquement sa baguette comme si elle fauchait soudain les herbes trop hautes autour d’elle. Elle brailla un magnifique, mais incorrect « Atchyo ! » qui lui valu de se faire sauter au visage par une mère canard déchaînée et effrayée par le brusque remue-ménage. Battant des ailes tel un duelliste maniant l’épée, le volatile en panique se lança en plus dans une avalanche de craillement angoissés et angoissant qui réveillèrent le reste de sa couvée. Se joignant au raffut de leur mère, les petits gazouillèrent à tout va, tandis que la Gryffondor patinait dans la fange afin de mettre le plus d’écart ente elle et cette bête infernale. Dans une tentative désespérée pour protéger son visage des assauts de l’animal, l’irlandaise se couvrit le visage d’un bras protecteur et agita l’autre en tout sens pour tenir la canne en respect. Et ce qui devait arriver, arriva…

Les souliers inadaptés à ce genre d’exercice de l’unifome Poudlarien glissèrent sur une surface déjà suffisamment dérapante en temps normal et la Rouge et Or en équilibre précaire se retrouva éjectée hors des fourrés. Avec un cri perçant, elle s’écroula magistralement sur le dos, ses cheveux dénoués répandus autour d‘elle comme un halo. Elle se redressa immédiatement sur son séant, les cheveux dans les yeux et son uniforme empesé d’humidité, prête à faire face à son adversaire. Mais un « couac » courroucé fut tout ce qu’elle obtint comme poursuite. Grâce soit rendu à ce surpuissant instinct maternel qui empêchait la mère de s’éloigner à moins d’un mètre de sa nichée. Pourtant, il fallait retourner dans l’antre du monstre rechercher ce que la petite y avait laissé…

Son poing frappa le sol herbeux. Toujours cette guigne qui s’acharnait.

-Pourquoi Potter vient jamais m’sauver, moi ?

Quoique…Le Survivant "survivait" et la calamité avait la réputation de le suivre comme la peste. Sans parler de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, toujours dans le dos du cher Harry jusqu’au jour où il aurait sa peau. Non, pas Potter…N’importe qui d‘anonyme, en fait.

Marchant à pas de loup, respirant sans aucun bruit, Stella avançait doucement prés du lac. Elle avait repérée sa proie, et comptait bien l'attraper. Elle prépara son arme, et s'avança vers la créature. Celle-ci ne se doutait de rien. Alors, sans avertissement, Stella abatti son filet .... Et manqua sa cible. Le papillon aux ailes multicolores s'en alla loin dans le ciel. La jaune et noir était dégoutée. C'est un des premiers papillons qu'elle voyait ici.

- Je t'aurai un jour !!

Abattu, mais pas indéterminée, elle se releva et poursuivi son combat, espérant bien en trouver d'autres. Elle s'apprétait à continuer son chemin lorsqu'elle entendit une sorte d"Atchio" pas trés loin d'elle. Elle pensa tout d'abord à quelqu'un qui avait du éternuer, mais en regardant l'herbe aux alentour, elle ne vit personne. Elle commença vraiment à se poser des questions lorsqu'elle entendit distinctement le bruit d'un canard furieux et de battements d'ailes. Stella décida d'aller voir se qui se tramait.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvrit, couché dans les hautes herbes, une fille qui était en train de se faire attaquer par ce qui était vraisembablement une canne car Stella aperçue deux ou tois cannetons qui marchaient par si par là. Tout ce joyeux monde étaient en train de gazoullier à tout va, quand la jeune fille qui se faisait attaquer commença à glisser . Elle poussa un cri, et se retrouva par terre en moins de deux, ses cheveux détaché formant comme une auréole au dessus de sa tête.

Stella fit une grimace. La pauvre fille était couverte d'une substance visqueuse et ne sentait pas trés bon. Soudain elle s'écria :

-Pourquoi Potter vient jamais m’sauver, moi ?

La jaune et noir sourit. Potter .... C'est vrai qu'il avait le chic pour sauver les gens ... et pour s'attirer des ennuis. Elle réprimenda un fou rire qui arrivait et tendit une main à la rouge et or.

- Je ne suis pas Potter mais je peux quand même t'aider, non ?

Stella lui sourit, ne voulant pas la mettre mal à l'aise.

Wouha. C’est qu’elle avait bien demandé de l’aide, mais c’est qu’elle s’attendait pas à en voir rappliquer une aussi vite. Ni aussi lumineusement mise en évidence, si jamais le sort entendait, pour une fois, son appel. A dire vrai, la jeune fille apparue aux côtés de la Gryffy avait tout l’air du flambeau de la providence avec ses cheveux éclatant aux rayons du soleil et les yeux bleus limpides. A ce niveau là, c’était un signe que même le plus miraud des aveugles ne pouvait loupé à moins d‘en tenir une sacrée couche. Elle rayonnait la charité par tous les pores de sa peau zéro défaut. Une vraie petite merveille dans le genre secouriste, affichant le sourire aimable de ceux qui ont toujours eu de la chance et jamais un pépin pour leur donner un air fâché avec la vie. Une perle.

Toujours assise par terre, les fesses dans l’herbe grasse qu’affectionnaient les amoureux tout aussi graisseux de Poudlard, Shelly posa son regard sur l’espèce de filet que tenait la jeune fille. Non seulement elle recevait de l’aide, mais en plus les secours étaient venus armés.

La lionçonne essuya ses mains dans l’herbe et saisit celle que la Poufsouffle lui tendait si généreusement pour se relever un peu plus dignement. Elle n’était peut-être pas la plus joisse dans cette école, mais ce n’était pas elle la plus malpolie. En plus, elle ne devait pas froisser le sort, si miséricordieux pour une fois.

*Ouais, ben pourvu qu’la miséricorde tienne jusqu’à ce que je refasse main basse sur c’qui est à moi et sur le caneton de l’autre acharné de politesse répressive.*

Etait-ce bien sage de penser au professeur Raven en ces termes aussi peu flatteurs ? De son point de vu, la vérité était bien malheureusement indéniable et le moins douloureux était de l’admettre. Mais il avait une faculté tout à fait stressante à s’immiscer dans la tête des gens, un truc glauque que la loi devrait punir de vingt ans de cachot avec la compagnie des Détraqueurs comme friandise pour sa voyance intrusive. Le troisième œil qu’il appelait ça. Elle ne savait pas où il l’avait collé son troisième œil, mais en tout cas il n’était pas dans sa poche. Ni sa langue d’ailleurs. Rien qu’à repenser à la ribambelle de mots inconnus de son dictionnaire, toutes ces phrases à repenser pour leur donner une cohérence acheva de bloquer Shell à réfléchir plus avant dans cette voie.

L’irlandaise jugea que finalement, elle était trop loin et qu’il avait sûrement d’autres intimités à scruter, plus intéressantes pour un homme de son âge, telles que les pensées du professeur Sinistra ou des étudiantes en septième année.

-Merci, dit-elle sans toutefois penser à sourire, expression devenue aussi peu spontanée pour elle que d’utiliser un rasoir et de l’after-shave afin de se rendre présentable chaque matin, C’est sympa, comme on dit. Et je crois qu’avec ton filet tu vaux un régiment de Potter.

La lionçonne désigna les hautes herbes bordant le lac d’un signe de tête.

-J’dois ramener un oiseau spécial pour le professeur de duel…

Oui, elle préférait expliquer ce côté de l’histoire, dénoncer le coupable. Son passe temps n’était pas de faire la chasse aux moineaux et autres inoffensifs volatiles pour ensuite les épingler comme des insectes ou se les tortorer dans un coin. Elle mangeait suffisamment bien à Poudlard et si le Choixpeau avait finalement penché pour Gryffondor plutôt que Serpentard c’était qu’il y avait une raison.

-Ça fait super longtemps que je m’échine à attraper un piaf, mais là…Ben on peut dire que j’ai dérapé. Il faut que je récupère mes trucs et un caneton. Le problème c'est qu'on peut pas s'approcher à moins d'un centimètre d'une tige de roseau sans se faire charger.

Eh oui, c’était cela l’abominable mission confiée au soldat Fitzpatrick. D’autant plus qu’elle ne savait pas pour quoi monsieur Canaan voulait un oiseau rare. Pour l’offrir aux chats du Crapaud Rose et rentrer dans les bonnes grâce de son idole ? Comme quoi, y’avait pire que le sien comme destin.

Ah bah, ça, c’était bien la preuve qui surpassait toutes les autres. Si mademoiselle d’SOS Secours faisait la chasse au papillon avant de tomber sur elle, son destin allait certainement battre des ailes. Restait à espérer qu’elle n’allait pas en voir de toutes les couleurs comme les ailes du papillon susnommé. Jusqu’ici Shell avait surtout été habituée aux bleus, et aux dégradés chromatiques allant du vert au jaune-brun, avec quelques nuances de rouge par-ci par-là. Elle n’avait donc aucune envie d’expérimenter d’autres couleurs, comme l’indigo de l’ecchymose, le jaune à effet bile, et le orange dont elle ne voulait même pas savoir à quoi il pouvait bien être associé.

Machinalement, elle chassa un gendarme de son col d’uniforme, les antennes de la bestiole se révélant un peu trop insistante sur la peau de son cou. Et puisqu’elle en était à l’épouillage, la Rouge et Or rassembla ses cheveux bruns sur le côté de son épaule, extrayant des mèches folles quelques brindilles et une fourmi rouge. Malheureusement elle ne pouvait rien faire pour se sécher un peu, sauf attendre. Au moins le soleil restait au beau fixe, et malgré quelques cache-cache avec les nuages, il n’y restait pas assez longtemps pour que la petite tremblote dans ses chaussettes.

Par contre, la Poufsouffle poussait les sentiments altruistes jusqu’à s’inquiéter pour la pauvre victime de ce kidnapping organisé. Shell aussi, bien évidemment. D’autant plus qu’elle ne comprenait pas non plus les tenants et les aboutissants d’une telle requête de la part de son professeur. Ou plutôt elle en voyait deux qu’elle ne voulait pas comprendre. Hypothèse un: Mr. Raven était complètement et totalement allumé en raison des herbes qu’il prenait pour entretenir son 3 ième œil, un peu comme tous ces sorcier vodous des lointaines contrées. Ce qui expliquait son air de stase constante et le sentiment aérien qui l’entourait : il planait, et dans sa tête, et au dessus des réalités du monde. Hypothèse deux : c’était un sadique doublé d’un idiot. Sans plus. Et finalement il y avait une troisième hypothèse : l’amalgame des deux théories précédentes.

La petite haussa les épaules. Qu’est-ce qu’elle en savait dans le fond ?

-Ben moi j’sais trop rien. Je pense qu’il veut juste que je lui ramène un spécimen du genre insolite et depuis ce matin je cavale après les oiseaux. J’me suis dit qu’un caneton qui ne savait pas voler ce serait plus facile à mettre dans mon panier. Oui, parce que j’ai laissé mon panier dans les roseaux aussi…Et la potion avec laquelle je dois asperger le canardeau.

Ne voyant pas où, et encore moins comment, elle pourrait trouver un spécimen de volaille suffisamment impressionnant aux yeux de Mr.Raven, l’irlandaise avait décidé de s’en fabriquer un de façon artisanale. Il serait pour sûr unique et exceptionnel...Même elle ne savait pas encore elle-même l’effet de son mélange sur le duvet paille de la progéniture palmée.

-Il est un peu spécial comme prof…Je crois qu’en fait il a voulu me punir d’avoir pris son espèce de corbaque géant pour la cible d’entraînement…Le pire c’est que je l’ai même pas dit tout haut, je l’ai juste *pensé* !

Cette fois, Shell s’anima un peu. Il fallait que le monde sache quel genre de monstre contre nature était Canaan Raven, le "Gobe Pensée".

-C'est que je crois qu'il ne se contentera pas de m'enlever des points si je ne le fais pas. Après qu’il l’aura vu, je pense que je n’aurai plus qu’à le faire désenchanter chez Mrs. Pomfresh et à le ramener ici. Ça me semble bien ton idée.

Pour montrer à quel point Shelly était vraiment le seul être humain sur terre à manquer de chance, le papillon coloré vint se poser comme une fleur sur le filet. Il ressortait, chamarré sur le bois du manche, avec un petit quelque chose de tape à l’œil qui lui rappelait le fameux monsieur Canaan. Enfin, il avait déjà suffisamment de pouvoir pour ne pas en plus être un Animagus. Peut-être apparaissait-il hors norme, mais il restait un être humain à la base. Un don de plus et il faudrait l’euthanasier pour le maintient de l’équilibre de la communauté sorcière.

*Si le mien voulait bien se ramener aussi gentiment.*

-L’est bigaré, c’est vrai ! Il a même un petit côté hypnotique à remuer ses ailes comme ça. , constata la jeune fille en battant des cils, on dirait un kaléidoscope. Il est super trop beau !

Le kaléidoscope ailé fit un espèce de bond, s’envola légèrement dans le vent pour se diriger vers les hautes herbes de la rive. Droit vers le nid de la cane et de ses petits. Pendant quelques secondes le silence régna avant que le tohu-bohu ne reprenne ses droits. Apparemment, l’insecte était une intrusion suffisante dans le périmètre de sécurité de la mère emplumée et le papillon ressortit des roseaux, aussi vite qu’il y était entré, sous les criailleries furieuses. Poursuivi de surcroît…par un des canetons jaunes. Qui pépiait derrière lui en agitant ses moignons d’ailes ridicules et se dandinait de toute la vitesse de ses petites pattes.

Aussitôt la Gryffondor bondit sur lui. Mais ce qu’elle serra dans ses mains n’était pas la petite boule de peluche douce qu’elle s’attendait à intercepter. En fait, l’adolescente serrait présentement le cou de la mère canard subitement élancée hors de la végétation pour rattraper son petit. L’animal affolé se retourna vers elle dans un véritable ballet de plume et d’appel d’air de ses ailes, son bec jaune claquant à quelques centimètres du nez de Shelly. Laquelle secoua le gosier de la bête et tenta de la maintenir à distance avec son pied…Pendant que le caneton et le papillon continuait leur course folle sans se soucier du cirque provoqué en leur nom.

-Au secours ! ,s’écria la lionçonne qui s’écroula une nouvelle fois sur le dos en appliquant une prise de catch moldu sur le palmipède hargneux.

Cette école ne cessait décidement pas de l'étonner. Et pourtant, elle n'était ici que depuis quelques jours ! Quelques jours où elle avait réussià faire la connaissance d'une personne. Cette même personne qui marchait à coté d'elle en cet instant. Maintenant qu'elle y repensait, elle avait fait cette rencontre dans une bien étrange situation... Avouez qu'il y a mieux pour faire connaissance avec quelqu'un que de se retrouver dans un marécage, prés d'un lac, pour faire la pêche aux canards !! Mais Stella savait que c'était souvent ce genre de situation qui permettait de nouer de grandes amitiées. Et elle espérait que ce soit le cas ici.

Pour en revenir au pauvre volatile, il allait aparement servir de cobaye. Une potion devait lui être versé dessus. Stella se retourna et regarda le petit canneton. Il était tellement mignon avec ses petites ailes encore inutiles ..... Ce servir de lui comme expériene vivante, sa serait l'enlever à sa mère et le traumatiser à vie. Non Stella ne pouvais pas laisser faie ça.
Stella voulait bien croire que ce prof était un peu cinglé, même beaucoup. De toute façon seul quelqu'un qui s'amuse à torturer les animaux peut être cinglé.
Une fois la torture passé, son amie voulait le faire désenchantée par l'infirmière. Mais la pauvre bête ne s'en remettra jamais moralement, c'est pas possible.

Lorsque le kaléidoscope fraichement baptisé s'envola du filet jusque dans les hautes herbes et en revint avec le volatile tant convoité à ses trousses, la Gryffondor n'hésita pas un plongea. Stella voulut lui dire de ne pas plonger mais trop tard. La mère du petit était en proie à une véritable crise de rage contre la rouge et or. Lorsque la Gryffondor réclama de l'aide, Stella sortit de sa trance et s'élança pour secourir son amie. Elle prit la canne fureuse par les ailes et alla la déposer prés de son petit tout en faisant attention à ne pas lui faire mal. Puis elle revient en courant vers la Gryffonfor.

-Ca va tu n'as rien, tu n'es pas bléssée ?

A première vue elle semblait ne rien avoir de trop grave.

Prise dans un tourbillon de cancans et de plumes volantes, la Gryffy peinait de plus en plus à esquiver les attaques de la cane déchaînée. Celle-ci avait déjà réussi à lui arracher un morceau de la chemise de son uniforme, à lui pincer un bout d’oreille et à lui tirer les cheveux comme la pire des pestes. De son côté Shelly lui avait arraché deux plumes brunes qu’elle serrait toujours dans sa main fermée, misérable trophée qui n’avait eu d’autre effet que d’irriter encore plus Volatila le Fléau des berges tranquilles.

Au moment où la sale bête dardait son cou comme un cobra prêt à donner le coup de grâce à la souris prise dans ses anneaux, avec pour cible le nez de la lionçonne, deux mains opportunes la saisirent par les ailes pour aller la redéposer dans son nid avec le reste de sa couvée. Si ça n’avait tenu qu’à elle, Shelley aurait jeté cet animal enragé dans la première cocotte-minute tombée miraculeusement sur son chemin. Voilà ce qu’elle allait lui ramener à Canaan ! Un filet de canard accommodé aux herbes des marais !

La petite se remit en position assise alors que la jeune fille blonde revenait vers elle. Avec l’air de s’en faire pour la Rouge et Or, si c’était pas mignon. Tiens, c’était quand même à noter d’un pierre blanche. Son oncle, pour ne prendre que le plus évident, ne se serait certainement pas précipiter à son aide. Même si elle avait été aux prises avec un tigre du Bengale. Surtout un tigre du Bengale. Non, le plus probable était qu’il se serait contenté d’en rire en sirotant une bonne bière. Elle était même sûre qu’il aurait donné des gants de boxe à l’oiseau de combat pour qu’il soit plus efficace et qu’il la débarrasse de la gêne qu’elle était pour lui. Dans la joie et la bonne humeur.
Mais cette fille qui était une inconnue, elle n’était pas restée à se bidonner comme une baleine ou à la regarder se faire picorer sans bouger. Non, elle était venue lui porter secours et même peut-être plus...

Pour la première fois depuis elle ne savait même plus quand, l’irlandaise obtenue une réponse à un appel autre que "ferme-moi la !".

De quoi entailler légèrement sa plaque de morosité. Elle la regarda un instant avec des yeux qui ne voulaient pas trop espérer croire ce qu’ils voyaient. Si seulement ils avaient été les seuls à être sceptiques…Mais les oreilles de la petite doutaient également.

-Non non, ça va. Merci de ton aide. , répondit Shell avec gratitude tandis qu’elle se relevait.

Elle avait toujours son oiseau et sa potion à aller chercher, néanmoins cette ridicule et totalement barbare "mission" n’était plus au premier plan de ses pensées. Elle réalisa soudain qu’elle ne connaissait même pas le prénom de celle qui avait été sa chance jusque là. Le peu d’habitude.

-Je crois que…C’est vache, je ne t’ai même pas demandé ton nom avec tout ça. Je m’appelle Shell. Et toi ?

La chasse au canard pourrait bien attendre un petit instant. Et même son panier et sa fiole de potion. Il était peu probable que la malchance la poursuive jusqu’à provoquer un raz-de-marée sur le lac ou que le calmar géant ait soudain envie de se rafraîchir le gosier avec sa fiole alors qu’il disposait de litre cube de baille.