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 A réveiller les morts [libre]
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MessageSujet: A réveiller les morts [libre]   A réveiller les morts [libre] EmptyJeu 17 Avr - 0:33:49

Il était tout juste vingt heures dans le cimetière désert. Vingt heures un soir d'avril ça donne à-peu-près le tableau suivant: la nuit tombante ou tombée, une légère bruine de temps à autre et un souffle d'air plus froid que ce qu'on conjecturait. Vingt heures un soir d'avril, c'est un rappel qui serine que l'été n'est pas encore arrivé, que malgré les journées passées en manches courtes et vestes légères, l'hiver n'est pas si loin et le printemps pas si chaud.
Vingt heures à Poudlard, soir d'avril ou pas, ça veut seulement dire que le repas commence ou se termine et qu'il est temps de regagner son dortoir. Ca signifie boucler ou bâcler ses devoirs devant le feu, repousser son assiette, repu ou encore se glisser en frissonnant un peu entre les draps tièdes avec un bon livre ayant de grandes chances de traiter de quidditch.
Mais vingt heures à Poudlard un vendredi, soir d'avril ou d'octobre, c'est souffler le mot de passe et s'écrouler dans sa salle commune en envoyant valser ses affaires, c'est entamer parties de cartes explosives et paquets de dragées surprises, c'est se répandre sur les pelouses du parc, c'est réviser, pour les plus acharnés.
Quant aux plus acharnés se répandant sur les pelouses du parc avec un paquet de dragées à portée de main et ce plutôt soir d'avril que d'octobre, même eux finissent par regagner la chaleur du château lorsque le froid du crépuscule et/ou l'appel du ventre se font sentir. En effet quel intérêt peut-on trouver à traîner dehors un frais soir d'avril, vendredi à Poudlard lorsque la nuit tombe ? A part celui de demeurer seul dans le silence et l'ennui en voyant luire aux fenêtres la chaleur des repas et d'un sommier confortable, aucun tangible à première vue. De plus, sortir dans le parc nocturne lorsque tout humain avait pris le parti de déserter ses pelouses était contraire au règlement. Enfin peut-être. Comme beaucoup d'élèves, Elza n'avait pas lu le règlement.


Le sombre château découpait à l'horizon ses tours torturées dans le gris sombre, le mauve et le bleu sauvage du ciel. Deux ou trois corbeaux (mais à cette distance cela aurait aussi bien pu être des sombrals) se brûlèrent aux premières étoiles et déployèrent leurs ailes pour disparaître au-dessus de la forêt interdite, taches sombres dans la fin mate du jour. Et tandis que ce jour se dégradait en nuit, tandis que Poudlard paraissait ombre opaque d'un astre difforme du haut de son promontoire rocheux vint l'acmé; comme sous le pinceau d'un artiste habile, les toits s'effacèrent en premier puis les murs, le sol, jusqu'aux lueurs moribondes de l'éther. Seules restaient maintenant les lumières aux fenêtres, trouées impudentes et quasi-surnaturelles dans le velours du ciel. Puis doucement, comme aucun nuage ne venait troubler la toile, les étoiles glacées se multiplièrent en une voûte céleste nimbée d'opale, fragile, iréelle. Et une froideur de glace émanait de ces lueurs pâles, si proches et si lointaines qu'une main d'enfant aurait presque pu les effleurer..
Le seul être de cette race pouvant se prêter au jeu dans un rayon de moins de cinq mètres se trouvait être une petite serpentarde disparaissant jusqu'au menton dans un manteau usé jusqu'à la corde. Si elle avait tourné la tête, peut-être aurait-elle aperçu un fragment du dessin esquissé par le peintre invisible mais sans doute son regard serait-il demeuré inexpressif, et elle se serait remise à marcher en tournant le dos sans difficulté à ces beautés vespérales.


Selon le règlement cité plus haut, nul n'était censé se promener à cette heure. La fillette avait-elle seulement conscience de commettre une infraction ? Si tel était le cas, cette pensée ne paraissait pas beaucoup la complexer. Quel élève n'a jamais bafoué l'autorité.
Notre fugueuse s'arrêta de boitiller en arrivant en vue d'une grande grille de fer forgée. Elle sembla hésiter une fraction de seconde puis poussa la porte qui s'ouvrit sans résistance quoique avec un grincement lugubre.
Le cimetière était plus étendu qu'il n'y paraissait au-dehors, lorsqu'on le jaugeait face à ses barrières rouillées. Les tombes poussaient dans un ordre et une fréquence apparemment aussi aléatoire que les mauvaises herbes et avec un résultat à peu près identique: elles gênaient ou enlaidissaient le paysage pour peu que quelqu'un les aperçoive. Il y en avait de toutes sortes: des croix en bois renversées par les ans, des dalles de marbre gris ou blanc aux noms gravés froidement, des mottes de terre depuis longtemps éparpillées au quatres vents, des caveaux à la beauté austère, des urnes aux messages grinçants. Il y régnait une atmosphère lugubre plus que dans tout autre entrepôt à macchabées moldus. Sans doute ici s'étaient tenus de sombres sacrifices, de terribles complots et des morts atroces. Il suffisait de fermer les yeux pour sentir approcher le souffle des victimes, le râle des assassins, l'odeur bestiale du sang..


- Lumos.

Pas que l'obscurité soit complète, mais la lueur verdâtre renforçait le côté macabre de la scène à la grande joie d'Hell qui se faufilait déjà entre les tombes avec sur le visage un mélange écoeurant d'avidité et de fascination. Des morts, des morts, des morts ! Ils dormaient tous là, à quelques pieds seulement des siens, ils dormaient tous et peut-être un murmure malvenu suffirait à les réveiller, peut-être s'allumerait-il un éclat étrangement lointain dans leurs orbites vides, peut-être leurs muscles inexistants se mettraient-ils en branle pour une dernière danse. Les joues de la fillette s'enflammèrent à cette idée.
Oh non, elle n'avait rien d'une sadique, schizophrène ou autres nécrophages. Juste un peu..
Déjà elle furetait dans chaque recoin de ce lieu à la bonne odeur de terre dans l'espoir inavoué d'y dénicher quelque chose, de trouver là autre chose, quelque chose, quelque chose. Son pied gauche tremblait violemment, ce soir plus qu'un autre elle ne pouvait s'empêcher de boiter mais elle n'en avait cure tant sa visite méthodique la passionnait. Elle tira de sa poche une pile de feuilles jaunies et sa première plume volée dont elle ne se séparait plus et pendant une demi-heure au moins vola d'une croix à une autre, griffonnant sans faiblir sur ses parchemins de plus en plus froissés, à la lumière crue dispensée par sa baguette.


Puis vers vingt heures quarante-cinq, l'envie lui vint de s'approcher des caveaux.
Leurs abords incitaient plus au respect qu'une vulgaire plaque de marbre; tantôt de style sobre, tantôt gothique ou à l'architecture étonnamment disparate, leurs entrées scellées par une grille ou un sortilège, écroulés ou comme neufs, c'étaient les dernières demeures de familles entières, de sang-pur ou non.
Celui dans lequel Elza pénétra imprudemment au moyen d'un simple alohomora paraissait déserté depuis des décennies tant la poussière et les araignées en avaient rectifié la décoration intérieure. Peut-être s'agissait-il du pavillon éternel d'une lignée importante ou des pire sang-de-bourbe, qu'importait puisque le temps rongeait jusqu'aux hypothétiques armoiries. La petite asiatique n'était pas nécrophobe, au contraire, pourtant elle ressentit un vague malaise en pénétrant dans ce sous-sol à l'haleine empesté d'années. Mais jamais un malaise ne l'avait arrêtée dans une de ses entreprises aussi hasardeuses que dénuées de sens et aujourd'hui ne serait pas la première fois.
Lorsque elle eut bien fouiné, donc, la vert-argent se mit en tête de desceller une dalle. Juste pour voir. Sa victime avait pour prénom Lisbeth, le nom n'ayant apparemment pas résisté à un quelconque phénomène d'érosion marbral (ça doit bien exister).
C'est ici que la situation commença à dégénérer.
Après plusieurs sorts, coups et acharnement têtu, la pierre céda un millimètre et demi. Seulement voilà: lorsque la fillette, jugeant qu'un millionnième de mètre représentait un début prometteur tenta d'introduire ses ongles dans l'interstice, une espèce de vibration secoua le caveau tandis qu'un mécanisme peut-être séculaire se mettait en branle. Et avant d'avoir pu dire ouf (ou même autre chose) la gamine se retrouva prise au piège d'un sortilège de puissance moindre apparemment destiné à préserver le sommeil des morts des pilleurs et charognards en tout genre.


Elza examina la situation: elle pouvait respirer, penser, vivre. Bouger les yeux, aussi. A part ça..
Elle se trouvait emprisonnée à l'intérieur d'une sorte de nasse gluante aux reflets violets qui lui collait les pieds au sol avec plus d'efficacité que la meilleure glu moldue. Vite sèche, cette colle-ci ne paraissait pas avoir l'intention de la lâcher avant un bon demi-siècle. Oh, il était sans doute intéressant de contempler une dalle mortuaire pendant cinquante ans. N'empêche qu'Hell aurait préféré être en mesure de remuer. A choisir.


- Baka, baka, baka.

Le son de sa voix et celui de ce mot naturellement choisi pour tester sa capacité à s'exprimer la sortit de ses songeries. Elle pouvait parler aussi. Ne pas chercher à comprendre, c'est magique. Bien. Intéressant. Elle s'aperçut bien sûr que pas un muscle en-dehors des labiaux et de ses camarades ne répondait à ses sollicitations muettes, pas même celui de sa main gauche ou séjournait une baguette environnée d'un halo verdâtre. La demoiselle ne put encore une fois s'empêcher de trouver à l'expérience un intérêt accru par le fait qu'elle en soit le cobaye, mais elle aurait été très reconnaissante à Mlle Lisbeth de bien vouloir garder pour quelqu'un d'autre ses sorts protecteurs.
Parce que bon, hein..


Pourtant, un bruit de pas sur les marches attira bientôt l'attention de l'imprudente. Quelqu'un d'autre ici ? Tant mieux, il allait pouvoir la libérer. Elle réfléchit puis se dit qu'à la rigueur elle attendrait de voir quelle genre de personne c'était avant de crier au secours. Histoire de ne pas se retrouver à supplier un gryffondor. Elle ne supplierait personne, d'ailleurs.
Patienter le temps que le quelqu'un s'approche.
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MessageSujet: Re: A réveiller les morts [libre]   A réveiller les morts [libre] EmptyVen 18 Avr - 11:50:21



- Lorsque l'on est professeur à Poudlard, le meilleur moment d'une dure semaine de travail acharné est sans aucun doute le vendredi soir. Alors que les derniers élèves quittent la salle de classe, le sourire aux lèvres, le rire prêt à dépasser leurs cordes vocales, les yeux cernés de noirs pour les plus studieux, et ceux bien réveillés des cancres qui dorment en cours, le professeur peut s'appuyer le long de la fenêtre et regarder le soleil finir sa course journalière, à l'horizon du bleu azur de l'océan. Le professeur jouera alors peut-être avec une plume, laissée à l'abandon par quelques petits tête-en-l’air, il la fera courir le long du cadre en bois de la fenêtre, redessinant les enluminures qui avec le temps se sont effacées. Que l'on soit en Octobre ou en Avril, le professeur restera toujours le même, après les cours, toujours pensant à son travail, il se détournera de sa contemplation du tableau de l'astre mourant dans le feuillage, pour aller à ses occupations, qu'elles soient préparations de cours ou corrections. Bien sûr plus en Avril qu'en Octobre, la fin de l'année approchant, le professeur dormira de moins en moins, pour permettre aux petits ignorants de finir les cours un peu plus tôt. Bien sûr, ceci est dans l'idée mais rien ne se passa jamais comme cela, un imprévu cachant toujours le bout de son nez. Un vendredi soir d'Avril à Poudlard, c'est être dérangé le bout de la plume dans la bouche, méditant sur ses rêves irréels, par des fantômes venant se renseigner sur tel ou tel enfant, à qui Peeves aurait fait telle ou telle chose, et que comme le professeur est le professeur principal, il doit s'occuper de recoller les débris. Le professeur laissera alors ses copies, lasses, folâtres, éparpillées sur son bureau pour rejoindre le malheureux qui a croisé la route du démon. Puis viendra vers vingt heures le temps de dîner, tout le monde se retrouve dans la grande salle pour partager la nourriture préparée par les elfes. C'est l'occasion pour certains professeur de se parler, pour d'autres de se rencontrer, surtout lorsque l'on ne descend pas de sa tour. Le vendredi soir à Poudlard, en plein mois d'Avril, lorsque les examens approchent, c'est bomba bouses dans les bureaux, dragée surprises dans les poches, cours qui disparaissent dans les dents d'un lutin de Cornouaille. Bien sûr, c'est le temps où tout le monde est plus sévère et en même temps moins durs... C'est le temps où l'on ne remarque pas qu'un élève manque lorsqu’ils sont tous normalement dans leurs dortoirs, en train de se couler dans la chaleur des draps, sachant que le lendemain, la cloche ne sonnera pas le début des cours. C'est le temps où normalement, les professeurs eux aussi vont se couler dans le pays des rêves, ne pensant pas à regarder le ciel étoilé ni à se promener dehors... C'est un principe que Mizore, nouvellement professeur à Poudlard ne devait pas connaître...

Alors que l'artiste peintre commençait son travail de nuit, recréant les formes antiques des constellations, en faisant apparaître les étoiles, froides et inertes dans le ciel de velours noir, la jeune femme marchait tranquillement dans l'herbe du parc, terrassant mentalement ses dernières journées. Peu à peu d'un coup de pinceau par là, avec un peu de bleu ici, un peu de vert à un autre endroit, puis du noir, l'artiste fit disparaître toute vraisemblance, les repères s'annihilant doucement, retombant dans la réel, le noir faisant partie de l'imaginaire. Si la jeune femme ne suivait pas une trace dans l'herbe fraîche, à la lumière de sa baguette, elle aurait sans doute vu les ombres des arbres lancer leurs innombrables bras vers elle, voulant la piéger dans leurs filets et leur feuillage, l'appel du bois se faisant ressentir dans le vent frais de ce début de nuit. L'eau glissante et bruissant du lac, faisant doucement onduler ses longs cheveux en vagues douces, reprenant un calme mortuaire certain, pour elle aussi finir par s'endormir dans cette paisible nuit. Mais, la jeune femme ne faisait pas attention à tout cela, elle suivait les pas d'une personne, se dirigeant vers le clos du cimetière, laissant des marques dans la terre gorgée d'eau. La baguette toujours allumée, la jeune professeur atteignit la grille du cimetière. Les enchevêtrement de fer rouillé, se tordaient et semblaient crier, refusant de laisse entrer une nouvelle personne pour laisser à leurs repos, les morts dans leurs demeures d'éternité. Elle se laissa ouvrir tout de même mais non sans une plainte grinçante qui monta dans le calme certain du coton marine de la nuit. Les graviers au sol n'était presque plus visibles, les herbes méchantes, se nourrissant des morts, poussant, invisibles bêtes monstrueuses, dans une cacophonie totale, au milieu des tombes. Les bêtes rampantes, se nourrissant de la chair des Macabées remontés à la surface avec leur piètre repas, pour le déguster dans la lumière glacée de la lune. Les noms sur les tombes, les caveaux, les croix ou les urnes semblaient se répondre. Discussions muettes, vrombissement sans voix, cacophonie froide, assourdissement et vacarme total des paroles des morts. Pourtant, la jeune femme ne faisait pas attention, suivant toujours à la trace les marques de sa proie. Soudain, celles-ci se dirigèrent vers un tombeau, la jeune femme les suivit et s'arrêta devant la porte, qui avait été auparavant ouverte. La jeune professeur hésita avant d'entrer, posant avec précaution ses pied sur les marches, car tout le monde le sait, il ne faut pas troubler le silence des morts! La jeune femme descendit donc, et mettant sa baguette bien en avant, demanda d'une voix douce et calme mais prudente.-


Qui est là?
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MessageSujet: Re: A réveiller les morts [libre]   A réveiller les morts [libre] EmptyDim 27 Avr - 20:57:51

Il existe une notion, un concept ou désignez ça comme vous voudrez qu'on nomme l'ironie du sort. Qu'est-ce, me direz vous ? Et bien non vous ne me poserez jamais cette question, pour la simple mais bonne raison que ce forum n'accepte pas les illettrés, et ce serait faire preuve d'une ignorance incongrue que de ne pas comprendre le sens de ces trois petits mots, quatre si l'on compte le "l" apostrophe. Décomposons néammoins les deux termes importants de l'expres​sion(je vous passe les déterminants): ironie, ironie du latin ironia, du grec eirôneia "action d'interroger en feignant l'ignorance" (procédé de Socrate), c'est pas moi qui le dit c'est le dictionnaire et ô, miracle, la troisième définition se trouve justement être la bête qui nous intéresse, vous n'aurez donc pas à connaître les dérivations latines et grecques du mot "sort". "Ironie du sort: intention de moquerie méchante qu'on prête au sort". Voilà. Nous étant penchés sur ce petit rappel, nous pouvons dès à présent passer aux exemples proprement dits. Alors..passer trois jours de vacances sous une pluie battante et voir sortir un soleil radieux au moment du départ en est une en quelque sorte. Pour mettre en parallèle avec une situation un peu plus sorcière, échapper à une bande de scroutts à pétards affamés un soir de pleine lune pour être sauvé par un lycanthrope mérite également ce titre. Se retrouver en mauvaise posture dans un endroit ou votre qualité d'élève n'est pas censé guider vos pas et voir débarquer comme seul viatique le genre de personne le moins susceptible de se promener en de pareils lieux le même soir que vous, sachant que la personne en question appartient comme par hasard à la race des révérés professeurs, voilà également une situation digne d'alimenter les débats sur un possible sadisme de la part du sort.

Mais pour le moment, Elza n'était pas censée savoir quel rôle jouait l'intruse dans le fonctionnement de Poudlard ou de la gare moldue de Trifoullis-les-oies. Et lorsqu'elle s'en apercevrait, l'idée développée de ce fameux sort aux penchants douteux lui traverserait peut-être l'esprit durant deux secondes, trois à la rigueur. Un cimetière la nuit est par définition désert; plus encore quand les défunts qu'il détient ont fermenté plusieurs siècles dans la terre fangieuse ou ont écopé de ce pénitencier car on ne savait qu'en faire. Or, si par hasard quelqu'un s'approche et fait grincer le portail juste une heure après un autre visiteur impromptu, il a soixante-dix pour cent de chances d'être un élève, dix pour cent d'être un mangemort ou un quelconque serviteur du Lord, dix pour cent d'être un quidam égaré, neuf pour cent d'appartenir à une autre espèce bipède et enfin une pour cent d'être professeur. D'après les futurs calculs de la fillette en tout cas. Comme quoi, la chance ne tient pas à grand-chose..mais ne nous égayons pas de nouveau sur un hypothétique sort.
L'enfant, qui ne faisait pas partie des rangs serpyesques pour rien comprit vite qu'il aurait mieux valu attendre le prochain visiteur quitte à rester un demi-siècle à contempler la stèle fuligineuse d'une certaine Lisbeth: la voix paraissait trop mûre pour un élève, trop douce pour un quidam égaré, trop humaine pour une autre espèce bipède. Et un serviteur du mal ne posait en principe pas ce genre de questions. D'où déduction géniale. Tenant désormais ce point comme acquis, la seule crainte de la fillette fut d'être réexpédiée illico dans le sombre château ou pire, dans la fosse aux verts-argents. La nuit venait à peine de commencer ! Une nuit sans un nuage, glacée d'étoiles coruscantes, une nuit emplie de promesses fallacieuses, une nuit idéale pour vagabonder dans le seul dortoir trouvant grâce à ses yeux, le dortoir des morts. Celui où jamais un voisin de lit n'irait marteler le sol marmoréen d'une démarche toujours pesante, où jamais des murmures ne viendraient déchirer le cruel silence. Quoique..s'ils existaient, Hell voulait les entendre.
La seule différence avec une pièce conçue pour le sommeil d'un groupe étant que les intrus marcheraient au-dessus des dormeurs sans en troubler le repos, qu'ils ne s'allongeraient pas dans un édredon de terre à leurs côtés. En tout cas..pas tout de suite.
Ensuite, la jeune asiatique songea aux ennuis que la femme pourrait lui attirer. La faire disparaître étant à priori inenvisageable (à moins que ce caveau ne renferme du plomb en fusion ? Sang de Mlle X plomb en fusion similo est ? Après qu'elle l'eut libérée, en tout cas..) il ne restait plus qu'à jouer la carte de l'hypocrisie. Elle n'aurait certainement pas remporté une palme dans ce domaine, mais si tant de ses condisciples vipères y parvenaient avec une telle facilité, nul doute que cela ne se révélerait pas..sorcier. Ce fut donc avec un sourire qui se voulait penaud (et qui en réalité devait évoquer une grimace de martyre, sans compter que la nasse violette était maintenant parcourue par intermittences de petits éclairs bleutés au contact plutôt désagrable) que la fillette accueillit Mizore:


- Bon..bonsoir.

Le bégaiement venant du fait que la matière gélatineuse ait soudain décidé de visiter la bouche de l'apprentie vandale. Bien que sa salutation maladroite ait résonné sur un ton plus commiséreux que courtois, elle se dépêcha de reprendre avant que son carcan ne trouve l'idée géniale de l'étouffer en silence:

- Auriez-vous l'extrême obligeance de me libérer de ce sortilerk ?

Sortilerk, subit élan de prose du susnommé. Elza avait tenté d'employer un vocabulaire poli (trop, peut-être) et espéra que cela suffirait à convaincre la jeune femme (quelle matière pouvait-elle bien enseigner ?) ou sa carrière précoce de nécrophile risquait fort de prendre prématurément fin. Merci Lisbeth, la morte sans nom. Que les asticots ne laissent de toi qu'un squelette atrocement défiguré, pesta intérieurement la prisonnière qui supputait l'utilisation de sorts conservateurs chez les sorciers. Et comme ça profaner ta tombe n'en sera que plus intéressant. Si elle accepte de briser ce machin, et à temps, de préférence. Quoique..si je meurs, je découvrirai tout des secrets de l'Au-delà. Mais pas tout de suite, merci.

La demoiselle décida que l'intruse aller la défaire de cet encombrante deuxième peau et ferma hermétiquement ses lèvres dans l'espoir de limiter l'absorption de trop de cette magie au goût par ailleurs infect. Que le professeur exige ensuite ou non des explications, on verrait bien plus tard. On improviserait. Pour changer. Elza se sentait déjà nostalgique des stèles gravées d'enluminures..
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