« Drago !... Hé Drago !... Lève-toi, tu dois y aller ! Tu dois mettre la raclée à Potter ! »

Dans un gémissement blasé, le garçon assoupi se retourna sous ses couvertures pour faire dos à la source de bruits intempestive. La voix niaise et grossière d'un Goyle essoufflé constituait incontestablement le pire des réveille-matin. Le gros balourd s'était précipité dans le dortoir sans grâce aucune, renversant au passage une pile de vêtements qui gisait sur la table de chevet de son maître son voisin de lit, pour beugler ses allocutions haletantes et précipitées. Être ainsi dérangé n’accommodait pas du tout l’adolescent, et, comme lorsqu’il se retrouvait face à un mendiant ou tout autre déplaisant, il convenu que le mieux à faire était de l’ignorer. Voyant que Sa Majesté Malefoy persistait dans sa sourde somnolence, le gorille maladroit usa de tous ses méninges (qu’on pouvait compter sur les doigts d’une seule main), puis résolut de la manière la plus délicate pour réveiller l’endormi ; il s’appuya gauchement sur le lit et, avec toute la force de son poids, fit danser le matelas avec des mouvements vigoureux de bas en haut.

S’accrochant désespérément à ses couvertures, le blond ne céda pas à l’éveil, gardant les yeux résolument clos, mais simulant de plus en plus difficilement le sommeil. Son benêt d’ami fronça les sourcils, désappointé. Malheureusement pour le paresseux, l’échec se caractérisait chez Gregory Goyle par une montée inexplicable d’agressivité, et, surtout, de stupidité. Un peu comme pour la faim, la joie, la peine, la réflexion… Ainsi armé de la plus grande sottise du monde, le balourd retroussa ses manches et contourna le baldaquin pour atteindre la masse informe que dessinait son camarade sous ses draps. Juste avant de passer à l’acte, un sourire bête d’appréhension malsaine se dessina maladroitement sur ses lèvres revêches. Puis, il empoigna les couvertures et, dans un mouvement gauchement théâtral, les précipita sur le sol, dévoilant le corps svelte à la peau pâle, mais surtout, le corps presque nu de l’héritier Malefoy.

« GOYLE ! ESPÈCE DE CRÉTIN-IDIOT-STUPIDE !!, lui adressa ce dernier en guise de bonjour, tentant pathétiquement de couvrir son corps avec ses bras. »

Dans son excès de fureur, il déploya impulsivement la jambe et envoya son talon frapper le genoux rustaud de son empêcheur de sommeiller. La réaction fut immédiate – et catastrophique. Aussitôt, le troll poussa une longue plainte et se mit à sautiller sur un pied, tenant l’autre genou dans ses mains en le massant de gestes convulsifs. De son côté, celui à qui on interdisait le sommeil ne portait pas attention aux complaintes de son prochain. Tout en proférant le plus d’insultes que lui permettait sa conscience après cet éveil brutal, il élançait ses bras hors du lit, tentant désespérément de rattraper ses couvertures pour s’y abriter à nouveau. Sa pudeur dédaignait à être ainsi découvert devant son camarade. D’un geste vainqueur, il s’y agrippa et, au prix d’un effort colossal, les extirpa de sous le pied volumineux de l'équilibriste agité.

« AAAAARRRRGGHHHH ! »

...Il sembla que dérober le sol sous ses pieds n’aida pas la bête.

Désemparé, Goyle hurla de plus belle ; la masse entière de son corps volait dans les airs, son visage se boudinait en une expression paniquée, il agitait les bras en effectuant des moulinets tout aussi grotesques qu’inutiles, et s’effondrait finalement, dans un fracas épouvantable. Un fracas assourdissant. Disproportionné, malgré le poids considérable de son auteur. Dans une tentative désespérée, le lourdaud avait refermé ses doigts sur la pôle supérieure du baldaquin avec le fol espoir qu’elle le maintiendrait sur pieds. Entraînée dans sa chute, la charpente avait cédé sans se battre, émettant un craquement sonore qui s’ajouta volontiers au bruit mat du corps qui s’étalait au sol. Sur le lit, la tête blonde, stupéfaite, disparut aussitôt sous un éboulement en s’engouffrant sous ses draps juste à temps.

Quelques secondes passèrent où chacun de son côté – un emmitouflé et empêtré dans un enchevêtrement de couvertures et de débris de lit ; l’autre étendu grossièrement, la face contre les planches du parquet – laissèrent la poussière retomber en silence. Goyle haletait contre le sol, pétrifié. Il n’osait remuer, de peur de provoquer plus de dégâts qu’il n’avait déjà produit. À sa gauche, Drago lui sortait craintivement la tête de son abri de soie, sur ses gardes. Il épiait les alentours, appréhendant une autre attaque. Il fixa quelques secondes sa commode, comme s’il s’attendait à ce qu’elle lui balance un tiroir à la tête, puis, rassuré par le calme après la tempête, se redressa doucement dans son lit. Il resta immobile à contempler sans le voir le mur d’en face, à retrouver ses esprits. Dans la torpeur générale, sa voix s’éleva alors, calme et posée.

« Maintenant Goyle, lève-toi et déguerpit. Va m’attendre en bas. »

Sans attendre, le dit Goyle se releva maladroitement, époussetant sa robe de sorcier. Il entreprit de pousser les éclats de bois hors du lit, mais l’autre hochait déjà la tête.

« Ne touche pas à ça espèce d’idiot, et va t’en avant que je me fâche, murmura-t-il certainement déjà fâché, la voix tremblante. »

Dans la seconde, le lourdaud l’abandonnait sur son lit défait, partant la tête basse et évitant du mieux qu’il le pouvait de regarder dans sa direction. Quelques pas précipités, le claquement sec d’une porte, des escaliers dévalés à une vitesse remarquable ; le jeune Drago Malefoy restait maintenant seul dans la chambre. Il prit une grande inspiration et expira en fermant les yeux, essayant toujours de retrouver ses esprits. Mais le spectacle de désolation s’imposait à sa pensée et ne pouvait que lui rappeler ce souvenir. Surtout en ce samedi matin, lendemain d’un soir de pleine lune... La Cabane Hurlante. Ses débris qui jonchaient le sol de chaque pièce, ses meubles déchiquetés qui s’étalaient tristement dans chaque recoin, ses murs estropiés dont les lacérations vous suivaient à travers votre progression dans ses couloirs, cette porte décharnée qui guettait cette salle, tout au fond, qui hébergeait cette jeune fille une fois par mois, la couvant lors de son martyre d’une nuit...

Hier soir, Erylis s’était à nouveau engouffrée à travers les racines portières du vieux Saule Cogneur, abandonnant le garçon à sa triste attente, et le jeune couple avait du passer sa nuit d’enfer chacun de son côté. Drago avait longtemps guetté la pleine lune - ronde et provocatrice qui semblait se moquer d’eux -, se reconstituant perpétuellement la scène ; cette seule fois où il l’avait suivi, Elle, à son insu, et où il avait assisté à sa transformation... Les traits de l'adolescent, crispés par l’effort de l’éveil, baignés de la lueur blafarde qui leur parvenait de la fenêtre, avaient résisté des heures hier soir, rongés par l’angoisse, avant de succomber au poids du sommeil. C’était pourquoi le réveil avait été si pénible. Le garçon avait l’impression de n’avoir pu que goûter au sommeil, sans pouvoir savourer ses bienfaits réparateurs. L’oubli s’était montré éphémère, maintenant la réalité se matérialisait à nouveau, déjà, et c’était le corps raidi des tensions de la veille qu’il devrait affronter la journée.

Sa tête lui tournait et réclamait le repos, mais une fois réveillé, il savait bien qu’il ne pourrait flâner plus longtemps sur dans ses draps. Comme à chacun de ses lendemains, il lui pressait de retrouver Erylis pour s’enquérir de son état. Tandis qu’une de ses mains massait résolument ses tempes pour achever l’éveil, l’autre palpait la table de chevet à ses côtés. Mais elle n’y trouvait rien. Les vêtements qu’il avait empilés hier soir alors qu’il cherchait un moyen de faire passer le temps n’y logeaient plus. Cet idiot de Goyle qui avait foutu le bordel… Pourquoi s’était-il précipité ainsi ? Qu’est-ce qui pressait tant qui vaille la peine de le déranger dans sa couchette ? Les mots que le paquet de muscles lui avait hurlés à la tête prirent tranquillement un sens dans son esprit et lorsqu’ils y aboutirent, son poing se contracta sur la table. Spasme irascible, hargneux.

*Encore lui...*

Nécessairement, le blond attribuait volontiers son mauvais réveil à la seule personne qui méritasse de porter le blâme de son acrimonie, l’être le plus abject en ce monde, Harry Potter. Le gryffondor se voyait effectivement attribuer la majorité des excès de colère du blond, et ce matin il n’y échappait pas. La règle numéro Un, c’est que la faute est toujours à Potter ! C’était sa faute s’il devait se lever pour lui mettre une raclée. Sa faute parce qu’il était un idiot, prétentieux et arrogant, qui cherchait tous les moyens possibles d’attirer l’attention sur sa personne. Sa faute parce que c’était tout ce à quoi il aspirait, jouer les martyres, et donc, inéluctablement, subir les conséquences de ses dires. Sa faute parce que le serpentard l’exécrait, tout simplement, et que sa seule existence lui minait le moral, chaque jour de sa vie.

D’un bond, Drago se retrouva sur pieds, face à face avec lui-même. Devant son miroir, il put constater rapidement l’ensemble de sa personne. Quelques mèches de sa chevelure ocre doré, miraculeusement harmonieuse malgré l’absence de peigne dans son dortoir, retombaient avec grâce devant ses yeux argentés. Il soutint plusieurs secondes son propre regard, presque avec défi, s’adjurant silencieusement de sortir vainqueur de l’épreuve à venir. Depuis si longtemps qu’il rêvait de lui arracher son sourire insolent au fils Potter, depuis si longtemps qu’il rêvait de le voir grimacer de douleur du bout de sa baguette… Aujourd’hui, maintenant en cinquième année, les deux adolescents se retrouveraient à nouveau face à face, avec entre eux deux leurs seules baguettes, et cette tension inexorable qui s’alimentait de leur haine réciproque depuis tant d’années.

Une unique fois auparavant s’étaient-ils affrontés. Mais le duel s’était déroulé il y avait des lustres de cela, alors que le professeurs Lockhart enseignait la Défense Contre les Forces du Mal. L’événement s’était produit lors de leur deuxième année et les deux sorciers n’étaient alors que des gamins, malhabiles dans l’art de la magie. Aujourd’hui, l’adolescent qui se reflétait dans la glace devant Drago Malefoy était loin de l’enfant étriqué d’autrefois. Il n’était plus maigre et chétif, son corps découpé par le Quidditch lui donnait une allure d’homme, même s’il restait plutôt élancé. Ses cheveux qui avant se tenaient lichés sur sa tête, découvrant son front impertinent, s’assumaient maintenant pleinement, avec une grâce désinvolte. Son visage malin et espiègle s’était durci avec les années, y apportant en quelque sorte un charme nouveau. Seule persistait cette détermination acariâtre dans le regard, cette haine qui jamais n’avait faibli, attendant invariablement la prochaine occasion qu’il aurait de confronter son ennemi de toujours.

Ayant retrouvé son sang-froid, bien que cette rage bouillonnante vibrait toujours dans sa poitrine, le jeune homme se détourna du miroir et se mit en quête de ses vêtements. Sur le sol, au pied de sa table de chevet, il les dénicha. La pagaille les avait couvert de poussière, mais quelques coups rapides du revers de la main suffirent à chasser le plus apparent. Alors qu’il enfilait sa robe de sorcier, son regard se posa sur un livre ouvert qui gisait sur la commode un peu plus loin. Un des deux livres que lui avait offert Erylis au Noël dernier, lors du bal qui avait scellé leurs lèvres pour la première fois… Drago secoua la tête pour ne pas se laisser attendrir par de telles pensées, tout à faites hors propos vis-à-vis du duel qui approchait. Il fallait plutôt se remémorer tous ses sorts qu’ils avaient appris en quatre ans d’étude de la magie…

Une moue sceptique se dessina sur son visage. Leurs cours s’étaient en effet avérés assez vains, éparpillés à travers leurs multiples professeurs provisoires. Un sort lui revint pourtant en tête, alors qu’il repensait au duel que les adversaires s’étaient déjà livrés. Il avait fait sensation à l’époque… Normal, c’était Rogue qui le lui avait suggéré. Et cet autre qui s’affichait sur la page ouverte du livre d’Erylis. Un sort qu’il avait lu hier soir, mais qu’il n’avait jamais appliqué, n’en ayant jamais entendu parler auparavant. Un sortilège référant à la magie noire, quel délice ce serait que de l’infliger à Potter !... Pourtant, il n’avait pas droit à l’erreur, en plus du fait qu'user d'un tel maléfice le disqualifierait certainement, le combat étant régi par l’école. Reste que, s’il en avait la chance…

Fébrile, il avait mis du temps à s’habiller. Une fois vêtu, il jeta un nouveau regard en direction du miroir. Pas trop mal. Le poids de la fatigue avait cerné ses yeux et le manque de sommeil avait terni son teint, mais un bon repas et il se sentirait déjà beaucoup mieux. D’ailleurs, son estomac grondait famine. Les deux derniers jours, très peu de nourriture avait franchi ses lèvres, l’appréhension de la pleine lune pesant lourdement sur ses épaules. Aujourd’hui toutefois, dès qu’il se serait assuré qu’Erylis se portait bien – enfin, aussi bien qu’on peut se sentir après une nuit de torture – il s’empresserait d’engloutir assiettées et assiettées de petit déjeuner. Pour parachever sa préparation, il épingla son insigne de membre de la Brigade Inquisitoriale sur sa poitrine, s’empara de sa baguette et s’adressa un hochement de tête encourageant. Car, malgré sa détermination plus ferme que jamais, son corps, éreinté, s’éveillait avec peine. Même si son état léthargique le quittait difficilement, il se détourna de son reflet et se dirigea vers la porte.

...C’est alors qu’il s’en aperçut. Sa main avait amorcé le geste de tourner la poignée, mais il avait entrevu quelque chose du coin de l’œil qui le stoppa net dans son élan. Les sourcils froncés, il s’immobilisa, la tête basse et assimila l’information. Puis, réalisant la chose, il tenta d’inspirer, mais l’air semblait lui manquer. Drago se retourna d’un geste vif, et ce qu’il vit confirma sa malheureuse hypothèse.

« AAAAHHH !! NON D’UN WEASLEY !!!, hurla-t-il, frappé d’horreur. »

Sur ce patois qu’il s’était lui-même inventé, il se précipita instamment à l’extérieur de la chambre, sans prendre le temps de refermer la porte derrière lui.

L’entrée brutale de Goyle l’avait assommée… l’avait détourné de la réalité… Le réveil trop brusque l’avait ébranlé… Le blond entra en coup de vent dans la Salle Commune et en ressortait en claquant la porte la seconde d’après. Comment avait-il pu passer à côté !? Il aurait pourtant du s’en apercevoir...! Pourquoi est-ce que cet idiot de Goyle n’avait rien dit !? Bon à rien, sauf pour surprendre continuellement par sa bêtise, d’une ampleur toujours insoupçonnée ! On croit qu'il ne pourrait faire pire, pourtant il réussit perpétuellement à démontrer encore plus de bêtise que ce qu'on lui reprochait ! L’écho de pas pressés se répercutait contre les dalles froides des couloirs souterrains de l’école tandis que Drago Malefoy s’y ruait aussi vite qu’il le pouvait. Dans sa précipitation, l'adolescent bouscula violemment un élève de première année sur son passage, et lui lança ses excuses sans se retourner :

« Pousse-toi de là idiot ! »

Effectivement, les excuses ne constituaient pas vraiment le point fort du garçon. En y pensant, Drago eut un pincement au coeur. Il en devrait, des excuses, à Erylis... Mais il ne pouvait manquer le duel. C'était sa chance ! Celle qu'il avait tant attendue... Elle comprendrait, elle comprendrait sûrement… Probablement... Il monta en vitesse l'escalier rocailleux et se retrouva sur un plancher de marbre, verni et éclatant à la lumière des rayons du soleil déjà haut dans le ciel. Quatorze heures... Comment avait-il pu dormir autant ? Comment avait-il pu négliger d'armer son réveille-matin ? En quelques enjambées, il se retrouva devant la Grande Salle, mais résolut de passer son chemin, le duel avait été planifié pour commencer d’une minute à l’autre. Néanmoins, il ne put s’empêcher de ralentir l’allure en passant devant les Grandes Portes ouvertes pour tenter d’apercevoir sa demoiselle, peut-être aller lui parler...

Elle n’y était pas. Il l’aurait vu tout de suite. Il la repérait toujours rapidement, Erylis était si différente de la masse… En le voyant sous le seuil de la porte, Crabbe et Goyle se levèrent de leurs places, mais il n’y porta pas et repartit à la course, espérant qu’ils ne le suivent pas. Déjà, Drago s’efforçait d’escalader les nombreux escaliers, maudissant intérieurement les fondateurs (excepté Salazar, évidemment…) de ne pas avoir eu la brillance d’esprit d'aménager un ascenseur. Finalement, le Vert et Argent gravit la dernière des marches le menant au sixième étage et consentit à écouter son corps, à s’arrêter pour reprendre son souffle. Erylis allait bien. Elle s’était réveillée contusionnée, comme les autres fois, mais avait pris sur elle, comme elle savait si bien le faire, et était revenue à l’école sans que quiconque note sa brève absence, comme tant d’autres fois auparavant. Il n’y avait nulle raison qu’il en ait été autrement. Et elle lui pardonnerait de bon cœur de ne pas l’avoir rejoins. En tentant d’avaler ses propres histoires, il repartit, franchit à la course les derniers mètres qui le séparaient du Club de Duel et fit éclater la porte d’un coup de pied ouvrit la porte à la volée.

Sur le seuil, il s’appuya contre le cadre de porte, exténué, et resta ainsi plusieurs secondes, la tête penchée près de ses genoux, à calmer sa respiration. Dans la chambre creuse, son souffle difficile résonnait d’autant plus. Au bout d’un moment, il se redressa d’un coup, balançant ses cheveux trempés vers l’arrière, et jaugea d’un œil noir celui qui se tenait debout sur l’estrade. Contrairement à lui, Harry Potter paraissait parfaitement calme et serein, plongé dans une attente stoïque. À cette vision, ses mâchoires se crispèrent en un automatisme de répulsion. Deux parfaits contraires… Le seul point qui puisse les relier un tant soit peu figurait en cette détermination absolue quant à ce qui allait arriver, cette résolution implacable, une lueur analogue dans leurs regards.

Drago se détourna bien vite de son ennemi, sans lui avoir adresser la parole, pour s’attarder sur la salle. Vide, entièrement. Aucun spectateur venu encourager ni l’un ni l’autre des combattants. Il scruta sottement les rangées désertiques des Vert et Argent, comme s'il s'attendait à trouver un supporter cacher sous un des banc, mais sud se résigner : elles étaient vides. Légèrement ébranlé, le Serpent tenta tout de même d’ignorer ses gradins et lorgna un bon moment sur ceux du gryffondor avant de trouver quelque chose à dire.

« Alors, Potter... Comme ça aucun de tes amis n’a cru bon de venir t’encourager ?, lança-t-il de son habituelle voix traînante. Bien sûr que non, qui voudrait se tenir dans la même pièce que Potter le Dérangé ?... Oh, ils sont tes amis ! Évidemment... Ils ont seulement peur de toi, tu ne peux pas leur en vouloir... »

Tout en parlant, il s’était dirigé sur l’estrade du Duel, s’élevant au niveau de son adversaire. À la fin de sa réplique, un sourire sadique étira ses lèvres. Le jeune Malefoy était loin d’ignorer l’épreuve que traversait le Survivant. À vrai dire, il le savait parfaitement, et s’en délectait. Plusieurs rumeurs couraient sur Harry Potter. Rumeurs peu flatteuses qui le suivaient partout dans l’école, et qui, agrémentées des regards apeurés des Première Année, devaient sûrement affecter son moral. Certains de ses proches amis, de ses camarades de dortoir disait-on, refusaient dorénavant de lui adresser la parole. La solitude devait l’étreindre, le peser… Ce serait un point sur lequel il faudrait jouer pour s’assurer un avantage. Qui avait dit que le duel ne pouvait être psychologique ?

L‘adrénaline de l’appréhension commençait à faire son effet et Drago se sentait soudainement beaucoup plus réveillé, alors qu’il faisait face à son adversaire, le duel imminent. Ses yeux argentés percèrent à travers les lunettes, puis les prunelles émeraude de l’Autre et y lurent la même volonté qui l’animait lui-même. Il resserra instinctivement l’étreinte de sa main blême sur sa baguette. En jetant un bref regard à l’arbitre, il déglutit et eut un frisson. Le combat allait bientôt s’engager et son ventre se contractait, comme s’il essayait de se gruger de l’intérieur. L’adolescent tourna la tête vers les victuailles qu’on offrait au public avec l’idée de prendre une petite bouchée, mais à la pensée de nourriture sa gorge se serra, signifiant clairement qu’il ne pourrait avaler quoique ce soit avant d’en avoir terminé.

D’un geste nerveux, il replaça inutilement ses cheveux et prit une grande inspiration. Puis, lorsqu’il regarda Harry, sa haine resurgit viscéralement, lui prodiguant une certaine forme de courage, d’agressivité. Un nouveau sourire annonciateur de narquoiserie se dessina sur ses lèvres avant qu’il reprenne la parole.

« Si tu comptes attendre jusqu’à ce qu’un de tes admirateurs se pointe, on en a pour longtemps… Reviens à la réalité, Potter, ils t’ont oublié. Il n’y a plus que moi. Moi et – il la leva en position de combat en la nommant – ma baguette. Alors, le Survivant, prêt à te faire mettre la raclée ? acheva-t-il en reprenant les termes de Goyle. »

[Finalement posté !! Désolé pour l'attente, je ferai moins long la prochaine fois . J'avais de l'inspiration.
Vivement ce combat tant attendu ! Bonne Chance... tu vas en avoir besoin. ]

La porte s’ouvrit brutalement, dévoilant un jeune homme aux cheveux d’un blond pâle consciencieusement coiffés, au visage d’ivoire déformé par un épuisement certainement du à une course effrénée. Sa respiration bruyante, saccadée ainsi que les quelques gouttes de sueur qui perlaient à son front en étaient la preuve irréfutable. Harry devina bien vite la cause de ce retard ; n’ayant jamais été un ami proche de Malefoy, il ne pouvait prétendre connaître son quotidien néanmoins, il était parfaitement le genre à s’offrir de confortables grasses matinées princières. Mais voir son ennemi de toujours, habituellement glacial et hautain se précipiter ainsi dans le simple but d’être ponctuel avait quelque chose de…déstabilisant. Tout en veillant à garder soigneusement cet air impassible sur son visage, Harry scrutait en coin un Malefoy essoufflé, et prit soudain conscience que l’enjeu était aussi importante aux yeux du blondinet qu’aux siens.

Il comprit alors que la lutte serait acharnée, que le combat serait sans merci et que les deux êtres étaient aussi bornés, aussi décidés à gagner, à remporter cette victoire qu’ils ne pouvaient se permettre de perdre. Alors, déterminé, l’héritier Malefoy se redressa, ragaillardi par ce très bref instant de repos et, dès que son regard se posa sur la silhouette de Harry, son visage ne put réprimer une mimique de dégoût que le Survivant ne s’abaissa pas à lui rendre. Il préférait garder sur ses traits cet air de sérénité qui était bien plus horripilant pour le blondinet que de lui renvoyer les grimaces haineuses qu’il s’appliquait à lui adresser.

Puis les prunelles acier de Malefoy dévièrent vers la Salle, désertique. Si une lueur abasourdie traversa son regard l’espace d’une seconde, il se reprit bien vite et entreprit d’ignorer superbement les gradins dénués de toute présence humaine, reportant son attention sur son adversaire, patientant silencieusement. Puis le blondinet lui adressa la parole. Ou plutôt lui déversa son venin. Oh, Harry ne pouvait nier qu’il ne s’y attendait pas et il ne se trouva pas affecté par les paroles narquoises de Malefoy dont il avait fini par s’y habituer, durant cinq années passées à étudier dans la même école que ce vil Serpentard.

C’était toujours les même injures et, si elles avaient réussi à atteindre le Survivant autrefois, aujourd’hui il était simplement las de ces remarques sarcastiques qui se ressemblaient toutes. Alors, de son regard d’émeraude, il soutint celui gris métallique de son ennemi, conservant son calme car il n’ignorait pas que c’était ce que Malefoy voulait à tout prix lui faire perdre. Alors, d’un timbre de voix posé, neutre, il lui répondit placidement :

- Les tiens ne se bousculent pas non plus Malefoy. Serait-ce parce que tu les traite comme tes serviteurs, tes esclaves et non comme tes égaux ? Ah, mais j’oubliais, M. Malefoy est supérieur à toute cette engeance qui ne mérite pas son respect n’est-ce pas ? Tu es trop important pour t’abaisser à leur niveau ?

Après cette succession de paroles moqueuses débitées par Harry, un sourire mauvais vint s’installer sur ses lèvres tandis qu’il suivait des yeux le Vert et Argent qui gravissait les marches menant à l’estrade, se retrouvant face au jeune Potter, à la même hauteur. Le sadisme qu’il avait identifié sur les lèvres du Serpentard après qu’il lui eut craché sa tirade n’étaient destinées qu’à atteindre le Survivant, à l’affliger, lui faire le plus de mal possible. Une telle attitude ne fit que renforcer la haine de Harry envers Drago, pourtant déjà portée à son paroxysme. Il allait pourtant falloir restreindre l’ampleur de son mépris, ne pas le faire éclater lors d’un Duel ou des règles strictes étaient imposées de manière à empêcher le moindre écart.

Sa Baguette à la main, debout et soutenant le regard de Harry avec une provocation proche de l’indécence, Malefoy avait une expression si déterminée qu’on aurait sans peine pu croire que sa fierté ou même sa vie dépendait de ce combat. Le Survivant ne se souvenait pas d’avoir déjà vu le Serpentard ainsi. Habituellement, ses moues dédaigneuses et ses airs de supériorité donnaient l’impression qu’il était au dessus de tout, mais là, il paraissait quelque peu…déboussolé par les évènements. Ils ne pouvaient plus revenir en arrière, ni l’un ni l’autre et tous deux devaient s’affronter, allaient enfin avoir l’occasion de faire éclater ouvertement les hostilités.

Harry remarqua le trouble de Drago à sa main qui se crispait plus fermement sur sa Baguette, à son regard très vite détourné de la nourriture destinée à sustenter le public. Il le vit également porter la main à ses cheveux, alors qu’ils étaient parfaitement coiffés, comme d’ordinaire. D’un geste instinctif, Harry fit de même, mais ce geste n’eut pour effet que des les ébouriffer un peu plus. Le peigne étant un accessoire qui ne parvenait pas à dompter sa chevelure d’ébène, le Survivant avait élu la méthode ci-dessus comme technique de coiffage.

Lorsque Drago scruta Harry, un nouveau flot de paroles cinglantes surgirent brusquement de ses lèvres, sous-entendant très clairement que personne ne viendrait encourager le Survivant que la plupart des gens ne voulaient croire. Comme pour le contredire, les premiers arrivants franchirent le seuil de la porte, bientôt suivis d’une foule qui commençait lentement à affluer. Ceux qui étaient venus supporter Harry l’encouragèrent de phrases réconfortantes tandis qu’ils prenaient place sur les gradins. Les supporters de Drago, par contre, ne comprenant pour la quasi-totalité que des Serpentards, passèrent devant le Brun en le huant, lui prédisant une humiliante défaite.

Mais le Survivant s’y était bien trop habitué durant les Matchs de Quidditch pour prendre ces sarcasmes au sérieux et préféra plutôt se concentrer sur l’essentiel, autrement dit Malefoy qui il rétorqua, comme si il s’adressait à un enfant, plus narquois que jamais :

- Malefoy, je crois que tu prends vraiment tes rêves pour des réalités ; je sais que tu va être très frustré, mais on est dans un duel règlementé, ce qui signifie que tous les Sortilèges de Magie Noire que Papa Mangemort a du t’apprendre sont à bannir, alors, comment vas-tu t’y prendre pour me « mettre ma raclée? »

Bien sûr, Harry savait pertinemment que Drago n’était pas stupide au point d’user de la Magie Noire contre lui mais il savait qu’en s’attaquant à l’un de ses parents, il toucherait une corde sensible, et ferait enrager Malefoy. C’était là son but car mine de rien, le Blondinet commençait à lui taper sur le système avec ses allusions sur le fait qu’il n’y ait plus personne pour l’entourer. Peut-être parce qu’au fond de lui-même, il avouait qu’il y’avait une part de vérité dans les dires du Serpentard et que beaucoup l’avaient abandonné. Il ressentit un léger pincement au cœur, blessé par cette pensée, mais se ressaisit bien vite ; c’est ce que Malefoy voulait, et il ne l’obtiendrait pas.

Pointant sa Baguette sur la poitrine de Malefoy, qui lui avait déjà fait de même, il n’eut qu’à attendre quelques secondes le coup de sifflet de l’arbitre, le glas fatidique, annonçant le début du combat. Réfléchissant toute vitesse, Harry parcourait des yeux la Salle, quand soudain, il aperçut un objet exactement approprié ; pour débuter, il ne voulait pas blesser Malefoy, mais l’humilier, lui faire perdre de sa fierté et de son orgueil, et il avait trouvé ce qu’il fallait pour cela. Une immense bonbonne de Bièraubeurre, qui devait abreuver les supporter à la gorge asséchée à force de hurler des encouragements, ou des injures.

Malefoy était sensible à son image. Ses cheveux impeccablement peignés, habillé avec soin, il ne devait visiblement pas supporter d’être négligé physiquement. Harry eut un sourire malveillant à l’égard de son adversaire ; c’était à lui qu’on avait demandé de lancer la première attaque. Il laissa alors quelques secondes sa Baguette dirigée vers la poitrine du Vert et Argent, puis la détourna brusquement vers le gigantesque récipient métallique contenant la Boisson très légèrement alcoolisée en prononçant :

- Wingardium Leviosa !

Certains seront peut-être déçus que le Survivant utilise un Sortilège si enfantin envers son ennemi juré. Mais, comme précisé ci-dessus, le but de la manœuvre n’était pas de l’affaiblir ou de lui causer une quelconque douleur, mais de simplement le provoquer, par une mesquinerie qui le rendrait à coup sûr littéralement fou de rage.

Pointant toujours sa Baguette vers l’objet qui, à présent, lévitait dans les airs, Harry le dirigea pile au dessus de la tête de Malefoy et attendit quelques secondes, simplement pour se délecter de la réaction du Serpentard. Enfin, après quelques instants qui parurent une éternité, le Survivant estima qu’il l’avait assez laissé mijoter et la Bonbonne s’inclina lentement, le liquide commençant à se déverser…

[C'est plutôt moi qui m'excuse de l'attente, et pour la longueur pas de problèmes, je me suis délectée de ton écrit, bonne chance à toi également
Au fait,je me suis permise d'imaginer que les Supporters arrivaient, parce qu'un Duel Harry-Drago sans supporters, c'était pas très crédible ! ]

Tout s’était déroulé beaucoup trop vite... Cinq minutes plus tôt, l’héritier Malefoy se trouvait profondément assoupi dans son lit, récupérant le sommeil auquel il s’était soustrait une bonne partie de la nuit, et, en un claquement de doigt, il se tenait debout sur l’estrade de la Salle de Duel, face à son ennemi de toujours. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine, trop vite éveillé, l’empêchant de calmer ses pensées. Elles sautaient à un rythme étourdissant d’Erylis qu’il devait avoir déçue, au duel imminent, à Potter, toujours aussi abject. Pourtant, question d’habitude, il parvint tout de même à gratifier son rival d’une poignée de railleries et d’allusions mesquines, sous-entendant avec une délectation malsaine qu’aucun ami ne restait fidèle au Survivant, que tous l’abandonnaient, le prenaient pour un aliéné. En s’entendant persifler ainsi, un sourire de satisfaction sardonique se nicha sur ses lèvres somnolentes, leur donnant un nouveau souffle de vie. Ces joutes verbales entre ennemis étaient décidément réjouissantes.

Par malheur, ses insinuations sournoises ne produirent pas l’effet escompté. Le valeureux Harry Potter ne se laissa aucunement démonter par ses propos sarcastiques et répliqua aussitôt, blâmant le serpentard de se croire supérieur aux autres. Et, bien entendu, il ponctua lui aussi ses dires d’un sourire désobligeant. Aussi malveillants l’un que l’autre… Drago ne répliqua pas, verbalement du moins, se contentant de transmettre sa fureur par un regard venimeux. Si les regards pouvaient tuer… Comment cet effronté osait-il critiquer ses relations amicales alors que lui-même déambulait comme un ermite solitaire à travers les couloirs ? Les amis du serpentard le considéraient peut-être comme supérieur, mais que pouvait-il changer à cela ? Les siens, au moins, lui étaient fidèles. Il ne manqua pas d’insister à nouveau, intimant son adversaire de lancer les hostilités sans plus attendre, parce que, de toute façon, aucun supporter ne viendrait encourager un menteur!...

Malencontreusement, la foulée de spectateurs choisit ce moment précis pour faire son apparition dans la salle, démolissant du coup l’impact avilissant qu’auraient pu avoir ses paroles. Drago crispa les muscles de sa mâchoire en évitant rageusement le regard de son opposant, même s’il l’imaginait aisément insolent et triomphateur. Le revirement de situation et l’ambiance rehaussée par l’arrivée des supporters eurent un effet énergisant sur le jeune Malefoy, mais, en même temps, une impression de fatalité s’abattit sur ses épaules. Maintenant, bien que jamais il n’eut telle intention, aucun retour en arrière n’était possible et tout ce qui restait en avant était le duel. Néanmoins, malgré son creux dans l’estomac, du au stress autant qu’à l’appétit, et cette boule d’anxiété qui encombrait sa gorge, les encouragements de ses condisciples et leurs regards complices suffisaient à réconforter son orgueil combatif. Ses yeux gris passèrent la foule en revue, à la recherche de ses plus proches amis et il fut satisfait de repérer Crabbe, Goyle et Pansy. Ils s’étaient assis au dernier rang, discret et cois.

Le serpentard eut un sourire. Goyle avait du raconter à Crabbe le réveil catastrophique qu’il lui avait servi et les deux s’étaient donc plongés dans un repentir circonspect, modérant leur enthousiasme. Pansy non plus n’avait pu manquer l’occasion de montrer sa loyauté, même si elle se faisait plus distante depuis qu’Erylis était apparue dans le décor. Et Erylis… Drago la chercha fébrilement du regard et commençait à désespérer lorsqu’elle se pointa finalement à la porte, par-dessus l’épaule de son adversaire. Tandis qu’Harry répliquait en lui servant une réplique caustique de son cru, la tête blonde déviait en direction de sa douce qui se faisait un chemin jusqu’à une place libre. Son retard lui importait peu, sa présence seule comptait. Et ce sourire revigorant qu’elle lui avait adressé. Il doutait qu’elle fasse un trait sur son absence de ce matin, mais le fait qu’elle soit tout de même venue pour le soutenir prouvait qu’elle tenait à lui, malgré ses maladresses à l’égard de « ses trucs de cœur » ( ).

L’arrivée d’Erylis l’avait déconcentré légèrement de son duel verbal avec Potter, mais une fois qu’il reporta à nouveau son intérêt sur ce dernier, les mots qu’il avait prononcé se frayèrent rapidement un chemin dans sa tête, jusqu’à atteindre ses sentiments. L’arrogant venait d’insinuer – avec raison toutefois – que père Malefoy portait la Marque des Ténèbres. Heureusement, les déflagrations de la foule avaient établis un mur de son qui couvrait ses dires, de sorte que seul l’héritier Malefoy put l’entendre. Toutefois, celui-ci fulmina et son visage se tordit en une expression de haine féroce. Le seul être vivant connaissant le secret que sa famille dissimulait si bien depuis tant d’années (omettant évidemment ceux qui faisaient partie du secret...) se tenait juste devant lui et le narguait impunément, devant une multitude d’autres sorciers. Drago jeta un regard nerveux à la foule, s’assurant que nul n’avait porté attention aux sournoiseries du pédant-stupide-présumé-brave et s’en approcha précipitamment pour que lui seul puisse l’entendre.

« Mon père à moi n’attendra pas bêtement de se faire tuer, il sait se ranger du côté des plus forts..., marmonna-t-il entre ses dents avec une hargne mal contenue. Ton combat est perdu d’avance Potter. Tu ne peux pas le vaincre, tu ne peux pas nous vaincre. Je vais te le démontrer à l’instant. »

Sur ce, il s’en éloigna vivement et alla se poster à l’autre bout du long tapis rouge qui drapait l’estrade, armé d’une détermination deux fois plus ferme qu’auparavant. Quand les spectateurs aperçurent les deux combattants en position, les rumeur de leurs conversations s’estompèrent subitement. L’arbitre s’avança et accorda qu Gryffondor l’honneur d’engendrer les hostilités. Puis, il se retira et émit son coup de sifflet. Le duel que le jeune Malefoy avait tant attendu débutait enfin.

Les deux sorciers n’agirent pas immédiatement, puisant dans le regard de l’autre l’animosité nécessaire au combat. Puis, Drago perçut un éclat de ruse dans les yeux de son adversaire et sut qu’il allait frapper. Ainsi, alors que l’autre lançait son sort, il bondissait sur sa droite avec finesse et rapidité, tout en effectuant une manœuvre de blocage parfaitement contrôlée avec sa baguette : la défense parfaite. Qui s’avéra totalement vaine. Le jeune homme ne comprit pas immédiatement ce qui s’était passé. Il jeta un bref coup d’œil à son torse, comme pour s’assurer qu’il avait bel et bien été épargner, puis releva le regard vers son rival, les sourcils légèrement froncés, perplexe mais déterminé, la baguette toujours levée en sa direction. Que se passait-il ? Il serrait fermement sa baguette, prêt à parer à toute éventualité.

*À quoi tu joues, Potter ?..., pensa-t-il en examinant les traits ravis du jeune sorcier.*

Bien vite, il se décida à suivre son regard, même si, de toute façon, les exclamations de la foule et les doigts qui pointaient derrière lui lui auraient rapidement mis la puce à l’oreille. Il pivota donc prestement, juste à temps pour voir la chose franchir son dernier mètre. Le gigantesque réservoir à bièraubeurre flottait maintenant juste au-dessus de sa tête ; plus de fuite possible. La quantité de boisson était impressionnante et le garçon maudit intérieurement les spectateurs de ne pas s’être servi davantage. Il déglutit difficilement et rabaissa la tête en direction de Potter qui s’amusait à faire languir la foule. Drago lui assena un regard meurtrier qui signifiait clairement : « Si tu oses...!!! », mais il ne faisait aucun doute qu’il allait oser. Alors le serpentard réagit à toute vitesse. Pointant sa baguette magique sur le réceptacle qui, déjà, penchait sur le côté, il s’écria :

« Reducto ! »

Le sortilège de Réduction frappa l’objet dans la seconde précédant le débordement de son contenu et agit au dernier instant. L’énorme carafe devint donc la petite carafe et, alors que le liquide commençait à se déverser, Drago l’empoigna pour la porter à ses lèvres. Il prit une longue gorgée désaltérante de la chaude liqueur, jusqu’à tout vider d’un trait, puis projeta le récipient vide aux abords de la foule. Un sourire narquois aux lèvres, il essuya sa bouche du revers de la manche et adressa ces moqueries à son serveur binoclard.

« Merci beaucoup !, lança-t-il gentiment. Et moi qui n’avait pas encore eu le temps de m’arrêter pour étancher ma soif aujourd’hui... Maintenant le duel peut-il réellement commencer ? Ou... as-tu d’autres petits goûtés à me servir en entrée ? »

Tandis qu’il déblatérait son lot de sarcasmes, Drago Malefoy marchait tranquillement de long en large, jaugeant du regard l’infâme Harry Potter et se demandant comment lui porter atteinte. Il était évident que ce tournoi n’était pas seulement le théâtre d’une guerre physique, mais que les deux duellistes cherchait à se prouver meilleur que l’autre, plus brillant, à humilier leur adversaire.

« C’est comme ça que tu t’en es sorti avec le Seigneur des Ténèbres ? En lui offrant à boire ? Quel terrible épreuve ça a du être... »

Son regard placide se promenait à travers la salle, à la recherche de quelque chose à utiliser, et sa bouche, indépendamment de son esprit stratège, cherchait à gagner du temps en provocant son adversaire. Les duels de sorciers étaient laborieusement réglementés et empêchaient les sorciers de s’acharner sur leurs concurrents : les duellistes ne pouvaient attaquer sans cesse. Ils devaient se lancer des attaques à tour de rôle, jusqu’à ce qu’un des deux ne puisse plus réagir, soit désarmé, ou soit expédié hors de l’ère de combat. Donc, le tour à l'offense était à Malefoy. Potter guettait avec attention l’attaque qu’allait lui porter Drago, et celui-ci voulait lui faire perdre sa concentration, en jouant sur des cordes qu’il savait sensibles...

« J’imagine que..., enchaîna-t-il, cherchant un moyen de le faire sortir de ses gonds, vous vous êtes tout bonnement installés à côté du cadavre de Cédric Diggory et que vous avez bu à sa santé ? »

Ses propos déclenchèrent une salve d’exclamations horrifiées du côté des gradins Rouges et Or, tandis que plusieurs rires éclataient du côté de ses supporters. Il eut un faible sourire, mais ne se laissa pas distraire, pas encore satisfait. Dans la cohue, il agita subtilement sa baguette en murmurant : Accio Lunettes, de sorte que personne ne l’entende. Peut-être certains jugeront-ils ce coup bas comme indigne ; c’était simplement une ruse de serpent. Tout duel n’est pas mené par la force brute et les éclairs de lumières ininterrompus. Les huées et les hilarités s’interrompirent immédiatement en voyant la paire de lunettes darder dans les airs, stoppant son vol dans la main malingre du jeune Malefoy, qui referma avidement ses doigts sur l’objet. Un sourire vainqueur se dessina sur son visage.

Il adressa un regard contrit au « délunetté » Potter en haussant innocemment les épaules, puis laissa brutalement retomber les lunettes sur le sol et élança son pied avec l’intention d’aplatir l’instrument qui allouait la vision à son adversaire...


[ Puisqu’il faut introduire mon attaque en ne sachant pas si ma défense a réussi, j’ai pris pour acquis que oui Mais s’il s’avère que non, et bien mes paroles restent les mêmes, sauf qu’elles sont proférées avec plus de colère
Je t'envoie un Mp pour discuter de ta défense, puisqu'elle n'est pas face à un sort, mais contre une attaque physique et même pas contre toi... ]

[Suite au MP que nous a envoyé Conan, mon attaque a fonctionné. Néanmoins, son attaque avec mes lunettes reste la même.
Désolée du retard, Drago, au fait ! J‘espère que ça te plaira ! ]

La haine que Harry portait à son adversaire était tout simplement viscérale. C’était cette aversion à l’état brut, ce sentiment instinctif et irraisonné qui poussait le Survivant à user d’attaques aussi mesquines. Ce mépris porté à son paroxysme parvenait à transformer un Harry rayonnant de bienveillance en un être à la limite du sadique qui s’abreuve avec délectation de l’embarras et de la honte des gens. Effarant. Mais c’était Malefoy. Il le méritait non ? Comment éprouver de la pitié ou du remords envers lui ? Nourrisson, Harry avait peut-être survécu par miracle au plus Grand Mage Noir de tous les temps, il lui avait échappé depuis trois fois consécutives, certes. Mais, au risque d’en surprendre certains, ces exploits -réalisés à l’aide d’une bonne dose de chance et d’un soupçon de hasard, je vous l’accorde-, paraissaient aux yeux du Brun comme plus simple à accomplir que d’éprouver une once de compassion pour Malefoy.

Si l’arrivée des spectateurs qui succéda les dires du Blond provoquèrent chez lui une crispation de ses traits, il fit tout pour le dissimuler et, lorsqu’une jeune fille aux prunelles aussi noires que sa chevelure franchit le seuil de la porte, l’adversaire de Harry parut quelque peu…déstabilisé. Bien entendu, les rumeurs sur les histoires de cœur du plus convoité des Serpentards ne restaient pas très longtemps secrètes et Harry n’ignorait pas qu’il s’agissait de sa petite amie. En regardant la Brune, l’Élu en venait à se demander qu’est-ce qui avait bien pu la pousser à s’enticher de ce petit prétentieux, car elle n’avait rien des groupies idiotes, elle était plutôt studieuse et discrète. De plus, elle n’avait pas l’air foncièrement mauvaise. Elle faisait en quelque sorte partie de la catégorie des Serpentards les moins affectés par la bêtise et la méchanceté. Pourquoi donc avait-elle choisi Malefoy ? Ah, les filles, Harry ne les comprendrait jamais…

Harry ignorait combien de temps serait resté le Serpentard ainsi, la tête dans les nuages, si l’impact de ses précédentes paroles ne l’avait arraché à la contemplation de sa dulcinée. Son visage qui s’était légèrement détendu se tendit sous l’aversion féroce qu’il portait au Brun et sous les paroles à la vérité embarrassante de celui-ci. Visiblement nerveux, jetant des œillades précipitées autour de lui, le jeune Malefoy s’approcha du Survivant, pour lui répondre le plus discrètement possible. Ce fut au tour de Harry d’entrer dans une colère noire. Le Blond connaissait le point qui l’affectait le plus. Ses parents. Et cet infect petit enfant gâté n’hésitait pas l’utiliser.

- MON Père au moins est mort vaillamment, il n’a pas sauvé sa peau comme un lâche, en devenant le toutou de Voldemort !!

Il avait pratiquement hurlé ces paroles à un Malefoy qui s’était déjà éloigné pour reprendre sa place, car, contrairement à lui, Harry n’avait pas peur de clamer haut et fort la vérité. Tout son corps tremblait d’une haine incontrôlable, et c’est satisfait qu’il vit tout d’abord l’incompréhension naître sur le visage de son pire ennemi, juste après qu’il ait prononcé le Sortilège. Il le vit, par un geste instinctif, effectuer un bon sur le côté en préparant un geste de défense à l’aide de sa Baguette. Enfin, quand il se rendit compte de ce qu’il se tramait réellement, le regard que Malefoy lança à Harry signifiait très clairement les horreurs qu’il présageait de lui faire subir si jamais il osait mettre son plan à exécution. Mais le Blond n’avait jamais réussi à faire peur à Harry qui se contenta de sourire de plus belle en voyant son ennemi prit au piège.

Aussi, lorsque le réceptacle bascula et que l’intégralité de son contenu se déversa sur les cheveux blonds platine de l’héritier Malefoy pour couler en mince flots sur sa chemise, un sourire significatif d’une joie malsaine s’étala sur le visage du Survivant. Il serait sacrilège de ne pas exposer devant son pire ennemi la jouissance que lui procurait l’humiliation qu’il venait de lui faire subir. Alors ce sourire triomphal venait parfaire cet outrage et en intensifier les conséquences sur la petite fouine offusquée. Mais, ainsi, dans cette posture ridicule, les cheveux dégoulinants du liquide collant, sa chemise souillée de tâches visqueuses, il n’avait jamais eu l’occasion de voir une telle hargne sur les traits fins du Blond. De toute évidence, la tentative de Harry pour faire exploser de colère le Serpentard avait fonctionné à merveille. Sa défense aurait été parfaite si elle avait été effectuée deux ou trois secondes plus tôt. Dommage pour lui.

Cependant, le Brun savait pertinemment qu’après avoir fait un tel coup au Blond, celui-ci ne serait que plus déterminé à vaincre celui qui avait osé ridiculiser le dernier des Malefoy. C’est pourquoi il ne se laissa pas distraire et se concentra sur un Serpentard qui esquissait à présent un faible sourire, la Baguette pointée sur Harry. Il entendit son ennemi murmurer une formule et attendit, sa Baguette levée, prêt à se protéger. Mais rien, aucun jet de lumière ne le frappa et, trop occupé à attendre une quelconque douleur, il sentit trop tard ses lunettes quitter son nez. Comment aurait-il pu présager un coup aussi tordu, et surtout aussi bas ?

Alors, impuissant, Harry vit la silhouette soudain floue de Malefoy s’emparer de ses lunettes d’un geste triomphal. Sous les yeux du Brun, il le vit les jeter au sol, et, d’un pied, les écraser. Il ne voyait plus les détails mais avait très bien pu entendre le bruit du verre brisé et de la monture fracassée. Si le Blond ne lui rendait pas cet objet, le combat serait vraiment corsé pour Harry qui était littéralement myope comme une taupe. Alors, sans réfléchir, il pointa sa Baguette, presque à l’aveuglette, s’évertuant à tenter de viser au mieux ses lunettes qu’il ne distinguait qu’avec beaucoup de peine et marmonna ;

- Reparo !

Il s’avança ensuite et s’agenouilla, cherchant l’objet indispensable à sa vue à tâtons, espérant de toute ses forces qu’il n’avait pas raté sa cible…

S’agenouiller aux pieds de Malefoy, même si c’était uniquement dans le but de récupérer l’instrument indispensable à sa vue, était la pire humiliation qui soit. Même si Harry aurait préféré sauter de la plus haute tour du Château plutôt que de l’avouer, il se sentait à cet instant bien plus rabaissé que ne devait l’être le Blond. A genoux, rougissant, tout son être regorgeant de honte, il ne pouvait que mépriser plus encore Malefoy, et prier de toute son âme pour que Cho ne soit pas en train d’assister à cette scène qu’il s’efforcera d’enfouir au fin fond des limbes de sa mémoire. Alors, lorsque ses yeux embrumés distinguèrent une masse floue, aux contours noirs, ses lèvres esquissèrent un sourire de soulagement et il tendit la main vers l’objet. Mais le Blond fut le plus rapide ; Harry avait fait preuve d’une naïveté bien risible en croyant que le Serpent aurait gentiment laissé ses lunettes à sa portée après les avoir violemment fracassées.

Alors, impuissant, Harry regarda avec horreur le pied de Malefoy prendre son élan et s’avancer rapidement, trop rapidement, vers ses lunettes. Il ne put empêcher à temps son ennemi de frapper dans l’objet, qui exécuta un spectaculaire vol plané et qui vint s’écraser dans les tribunes des Serpentard, certainement pas par pur hasard. Harry entendit les cris de victoire et les rires moqueurs des Verts et Argents, mais il perçut aussi les exclamations scandalisées de ses supporters qui huaient ce coup si bas. Abasourdi par cette manœuvre qu’il n’avait pas prévu, le Survivant mit quelques temps à se remettre debout et à retourner à sa place, des éclairs d’une fureur palpable striant l’émeraude de ses prunelles. Parcourant la Salle des yeux, il ne cherchait maintenant plus à énerver Malefoy, mais à lui faire du mal. Le stade des humiliations était passé, il voulait infliger une douleur au Blond, une souffrance concrète qui déformerait les traits aristocratiques de son visage blême.

Puis soudain, après avoir plissé les yeux dans une concentration extrême, il avait aperçut l’objet adéquat. Une petite statuette d’albâtre. Petite mais certainement très lourde. Le Brun se souvenait de l’avoir vu, lorsqu’il avait franchit en trombe le seuil de la Porte. Cela ne devrait pas être trop difficile. Car c’est Malefoy qu’il devait viser et nom l’objet, et, malgré sa vue déficiente, il pouvait distinguer sa silhouette, mais si les contours n’étaient plus très net. Harry ne souriait plus du tout. L’idée de passer tout ce combat qui venait à peine de commencer sans ses lunettes ne l’enchantait guère. Avec une voix qui tremblotait légèrement par la colère, il l’avertit tout de même ;

- Tu vas me le payer Malefoy…

Avoir servi de Punching-ball personnel de Dudley durant plusieurs années avait finalement ses avantages. Lui connaissait la douleur des coups donnés par la force des bras, et avait été quelque peu endurci. Mais Malefoy, qui avait toujours été élevé dans le Monde de la Sorcellerie, ignorait certainement la sensation désagréable éprouvée lors d’un choc violent à l’estomac. Le souffle coupé, la douleur lancinante, et tout le reste. Harry voulait faire connaître ce mal-être à son adversaire. Pointant sa Baguette au niveau du ventre du Blond, se remémorant avec force la petite statuette, le Survivant psalmodia :

- Waddiwasi !

De sa vue troublée par son handicapante myopie, Harry vit tout de même le splendide ornement traverser les airs à la vitesse d’un boulet de canon…

[Voilà, j'ai préféré éditer et tout mettre dans un post, puisque tout rentrait, enfin, si cela ne convient pas à Conan, je changerai ]

Quelle imagination ce Drago ! Décocher un sort de réduction à la bombonne de bierraubeurre, pour ensuite l’empoigner et s’en abreuver, tout bonnement ? Ce rêve triomphal disparut en un éclair, dès que le dit éclair de son sortilège défensif ricocha contre le réceptacle de métal pour aller s’estomper plus loin ; contre le mur du fond, par la fenêtre, dans la foule, directement sur l’arbitre, n’importe où, Drago ne le vit pas ; à l’endroit le moins susceptible de lui être utile en cette seconde : loin du réceptacle incliné sur sa personne. Lorsqu’il s’enfuit au loin, ce flux de lumière, résultat d’une tentative aussi désespérée qu’irréfléchie – et que ratée – apporta avec lui tous les semblants d’espoir qu’il avait pu nourrir, laissant plus seul et démuni que jamais le jeune sorcier, aux prises avec l’amère certitude d'une baignade inévitable. Ce dernier eut droit à une courte seconde de sursis, le temps de réaliser l’ampleur de son fâcheux échec, puis la fatalité s’abattit violemment et sans réserve sur sa pauvre dépouille.

Ses yeux argentés s’agrandirent d’effroi, tandis que ses pupilles noires se rétractaient en deux points minuscules, comme si elles tentaient de fuir l’événement au plus profond de ses globes oculaires. De là, elles assistèrent au terrible spectacle. L’énorme récipient diabolique leur souriait goulûment en présentant sa bouche béante, d’où suintait abondamment la salive du monstre de métal… Alors, dans un réflexe inutile mais incontrôlable, Drago baissa la tête et ramena ses bras par-dessus, en poussant un cri long et rageur. Poussé par toute la force de sa haine envers l’auteur de l’humiliation, noyé dans le flot de bierraubeurre qui le submergea. L’averse s’affaissa sur ses épaules avec tant d’insistance qu’elle l’astreignit à sa volonté en l’obligeant à plier les genoux. Le liquide s’infiltrait partout, il ignorait ses vêtements pour envahir chaque parcelle de sa peau, tandis que Drago, contraint à l’immobilisme par le poids du déluge, ne pouvait qu’endurer l’humiliation. Le torrent exerçait une telle pression qu’il lui fit malgré lui atteindre le comble du déshonneur : courber l’échine devant le Survivant.

Après quelques douloureux instants, qui parurent bien plus longs à la victime inondée, les dernières gouttes se dilapidèrent enfin sur son dos. Drago restait plié en deux, les mains sur les genoux, à ravaler son orgueil et sa honte, à alimenter sa colère de l’écho cuisant des rires des spectateurs. Sa respiration était pantelante, son être entier frémissait de rage. Une fureur frénétique s’emparait de ses traits et des muscles de son corps, leur intimant une contraction exacerbée. Tous les ressentiments qu’il avait pu éprouver à l’égard du binoclard d’en face au cours des quatre dernières années ressurgissaient dans sa poitrine et bouillonnaient dans ses veines. Une énergie sauvage qu’il ne pouvait canaliser, qu’il ne pouvait contrôler et qui exigeait impérativement pour s’évacuer de blesser Harry Potter, l’objet de tous ses maux.

Drago releva tranquillement la tête, le visage ruisselant. Cet imbécile à lunettes baignait dans l’euphorie (tout de même mieux que de la bierraubeurre…) et souriait vilement en constatant l’état misérable qu’il avait infligé à son adversaire. Avec un pincement au cœur (oui ! oui ! il en a un ! ), le serpentard dut admettre qu’il avait bien raison d’être satisfait. Comme il se tenait, plié en deux, suintant le léger alcool par tous les pores, les vêtements imbibés, flasques et collants, la chevelure huileuse pendant lourdement devant ses yeux, l’héritier des Malefoy ne faisait certainement pas honneur à sa famille. Paralysé par la honte, il s’imaginait un mur invisible entre lui et les gradins Vert et Argent, ne désirant absolument pas croiser le seul regard qui lui importait en cet instant de faiblesse. Les plus sombres idées sournoises à infliger en guise de revanche s’insinuaient et serpentaient dans son esprit venimeux à cette méprisable constatation : Harry Potter l'avait humilié devant Erylis…

Cette pensée, plus que tout le reste, fut le moteur du coup bas qu’il lui infligea par la suite. Cette rage incontrôlable, ce désir de vengeance exacerbé, trouvèrent leur apaisement dans cette manœuvre d'un arrogant outrage. La situation était à quelques petites choses près (des vêtements tout collants et un état un peu moins glorieux par exemple…) la même que dans son illusion victorieuse. La foule faisait entendre ses exhortations en un vrombissement sonore, mêlé entre le rire des gryffondors et les clameurs atrabilaires des serpentards, et son adversaire devait redoubler d’efforts pour rester concentré. Ainsi, les commissures des lèvres de Drago peinèrent à se relever, mais elles le firent, composant l’ombre d’un sourire sur son visage acariâtre. Il aperçut le regard de son rival abandonner les moqueries pour la suspicion, soudainement alerte à la vue du rictus malveillant. Mais le gryffondor eut beau lever sa baguette, il ne put prévoir, et encore moins empêcher, la manoeuvre rusée qu’employa Drago pour s’assurer un avantage.

En un bref murmure, accompagné d’un habile mouvement de baguette et d’un « flac !» poisseux, Drago se redressa soudainement, la main tendue, et attrapa au vol les lunettes qui siégeaient la seconde d’avant sur le nez de son opposant. La force de la rage qui jusque là avait animé l’adolescent, se transforma aussitôt en ravissement intense ; un immense contentement, s’alimentant de la détresse soudaine qui assaillait les pupilles perdues du héros de gryffondor ; une satisfaction malsaine, mais tellement jubilatoire. Il relâcha presque aussitôt sa nouvelle acquisition et, à peine avait-elle heurté le sol que le pied bourreau de Drago venait la rejoindre. La monture céda, les verres furent broyés. Les lunettes s’explosèrent littéralement sur le tapis en un éclat rassérénant. Pour conclure son préjudice, il écrasa les restes du bout du pied, comme on le ferait d’un mégot de cigarette, en pressant et en aplatissant dans tous les sens, observant fixement un Harry dont l’expression d'effarement était absolument jouissive.

Drago était plutôt fier de son coup et les acclamations des serpentards agissaient comme un baume sur son orgueil précédemment blessé. Dans cet état de satisfaction, les huées des Rouge et Or ne l’atteignirent pas. Tout comme, d’ailleurs, le pitoyable sortilège de Réparation qui n’atteignit pas non plus sa cible. Les serpentards rirent de plus belle, et Drago lui-même échappa un rictus moqueur, alors que, résignée, la petite taupe Potter se descendait sur ses genoux, à quatre pattes devant lui, et entreprenait de chercher à tâtons son bien si précieux, et si en miettes. D’un pas conquérant, le maître éphémère de la situation se dirigea tranquillement vers son ennemi asservi. Il lorgnait en direction des supporters du gryffondor avec un sourire railleur, désignant de la main l’état navrant dans lequel se trouvait leur héros. Puis, il se planta juste au-dessus de la misérable monture de fer pulvérisée, les vêtements encore dégoulinants.

« Oh ! Attends Potter !… fit-il d’un ton qui se voulait dévoué, mais d'où perçait une ironie flagrante. Je les ai trouvées ! »

Le blondinet sourit chichement en contemplant son ennemi de toujours rabaissé de telle sorte. Celui-ci se précipita aussitôt vers son bien si convoité, mais Drago envoya paître l'objet d’un coup de pied bien dirigé, qui les perdit dans les tribunes des serpents. Des supporters Vert et Argent s’en emparèrent avidement en s’esclaffant et la foule fut une fois de plus divisée entre encouragements et indignations. Mais Drago n’y portait pas attention. Il fixait son adversaire, sans sourire, le visage dur. Savourant froidement son sarcasme, il ajouta à voix basse :

« Oh, non... Elles se sont envolées. Dommage. »

Tandis qu’Harry se relevait en fulminant, Drago fouetta vigoureusement ses bras vers son dos pour lui lancer quelques flots du liquide qui imbibait ses manches et qui l’irritait considérablement. Un simple affront, une insulte acerbe qui lui signifiait sa haine, comme s’il lui avait craché dessus. En reculant pour lui-même reprendre sa place, il essora ses manches ballantes ; la pluie qui s’en écoula aurait pu abreuver une rangée entière de spectateurs. Toutefois, une fois en place face à son opposant myope, baguette levée en position, l’inconfort persistait. Il leva et rabaissa les bras en toisant avec dédain sa robe de sorcier détrempée qui pendait lourdement. Fâché, il entreprit d’extirper son bras de sa manche collante, mais la tâche était ardue, due justement à la bierreaubeurre qui l’agglutinait à son avant-bras. Son autre bras s’y joignit, tirant sur le tissu visqueux, alors que sa baguette se retrouvait entre ses dents pour la cause. De toute façon, Potter n’y était pas du tout ; il plissait les yeux en dévisageant une affreuse statuette qu’il semblait confondre avec son adversaire…

Son premier bras retrouva finalement l’air libre. Dédaigneux, il le secoua pour le débarrasser du fiel gommeux qui le recouvrait en maudissant intérieurement, avec cette aisance prise par l’habitude, l’infect Harry Potter. La dite vermine venait justement de tourner ses petits yeux vers lui. Drago le dévisagea, étonné et désappointé qu’il puise toujours le discerner. Il aurait été divertissant de voir le Survivant essayer de s’en prendre à cette petite statuette inoffensive... Mais non, il scrutait bel et bien le visage contrarié du blondinet. Celui-ci reprit aussitôt sa baguette et se débarrassa de sa robe de sorcier en la jetant au sol sur sa droite. Le tissu mouillé émit un clapotement humide en s’effondrant et il vit Harry tourner la tête dans cette direction. Drago fronça les sourcils. Il fit deux pas vers la droite. Ses vêtements et souliers détrempés produirent aussi un clapotis poisseux, Harry tourna la tête vers lui. Tandis que le malvoyant lui balançait une menace d’une voix chevrotante de fureur, Drago sourit. Une idée venait de germer dans son esprit malin.

Voir Potter attaquer la statuette aurait été risible. Voir Potter attaquer n’importe qu’elle autre cible que lui serait risible, mais surtout salutaire. Aussi, Drago se précipita sur sa robe de sorcier abandonnée, s’en empara et, pour gagner du temps et générer une légère diversion, répliqua à la mise en garde de son adversaire.

« Tu vas me le faire payer ? Ces paroles me paraissent plutôt grotesques venant d’un aveugle qui me confond avec -il la désigna d'un hochement de tête - cette stupide statuette. »

Il leva sa robe de sorcier devant lui, de sorte qu’ils ne fassent qu’un dans le champ de vision embrouillé de son opposant. L’ensorcelant alors comme Harry l’avait fait plus tôt avec la bierraubeurre, il prononça :

« Wingardium Leviosa. »

Il put donc lâcher le lourd tissu, qui resta de lui-même dans les airs.

« Alors, comment vas-tu t’y prendre pour me le faire payer sans… erreur de discernement ? »

Tout à coup, la masse informe que devait être Drago aux yeux d’Harry se divisa en deux. D’elle-même, la pâle imitation de sa silhouette qu’il venait de confectionner se dirigea, telle une marionnette géante, vers la droite, tandis que le sorcier marchait vers la gauche. Il soutint le silence pour ne pas se trahir et avait pris bien soin de faire frotter le bas de la robe détrempée sur le tapis, pour que le froissement moite soit le même des deux côtés. Lorsque le sortilège du Gryffondor résonna et que le lourd projectile de pierre décolla, Drago déglutit en espérant de tout son cœur que son subterfuge ait fonctionné et que le Survivant ait visé la robe flottante. Ne lui importait guère qu’elle soit déchirée, brûlée, explosée ou humiliée : mieux valait ce bout de tissu que lui.

Le sortilège d’Harry Potter opéra et la statuette envoûtée fendit l’air avec grâce en effectuant une merveilleuse fusée à travers la salle ; elle se dirigeait de plein fouet vers ce que ses petits yeux plissés leur avaient assigné comme objectif... Néanmoins, ce qui aurait pu être un coup de théâtre prodigieux s’engouffra droit dans le voile trompeur du fin stratège. Le boulet fut englouti par la cape sirupeuse et l’emporta avec lui vers d’autres horizons (si on considère se buter contre le mur du fond comme un horizon…), pour laisser sa véritable cible indemne. Toutefois, la confiance de Drago s’était montrée légèrement vacillante à l’égard de son stratagème, aussi ingénieux eut-il été, et le garçon s’était apprêté à devoir cabrioler pour sauver sa peau. Ainsi, tandis que le projectile assassin fauchait dans les airs son double - version étoffe dégoulinante -, le garçon bondissait prestement sur le côté, en pivotant pour esquiver une attaque qui ne lui était même pas dirigée. Manœuvre stylée, mais légèrement absurde puisque sa tactique trompeuse l’avait déjà épargné.

En s’en apercevant, Drago s’immobilisa un instant, pris au dépourvu par la réussite insoupçonnée de sa ruse et embarrassé par sa parade inutile. Il paraissait sûrement ridicule à s’élancer ainsi, sans raison. Cependant, c’était de Potter qu’il fallait se moquer, c’est lui qui avait commis une ânerie. Alors, pour justifier sa singerie, il réagit presque aussitôt : plaquant violemment ses mains à son abdomen, il s’élança dans une envolée dramatique, totalement feinte, totalement sarcastique.

« Oh ! Potter ! s’écria-t-il à bout de souffle en titubant. Tu m’as eu ! Je suis touché ! Je suis touché ! »

Le rire galvanisant qui s’éleva des gradins des serpentards lui arracha un sourire béat, bien que la seule satisfaction de s’être sorti intact de l’assaut de la statuette enragée aurait suffi. Ou plutôt, cette délectation jouissive, d’avoir réussi à induire Harry Potter en erreur, d’avoir démontrer sa propre supériorité. Drago se redressa de toute sa hauteur, et dans toute son arrogance, et dévisagea son rival. Les bras en angle de chaque côté de lui, il l’incitait effrontément à contempler son corps indemne, l’obligeant à considérer pleinement son échec. Il lui offrait un sourire exultant la fierté et la moquerie. Même s’il ne percevait peut-être pas les traits exaltés de son opposant, Potter ne pouvait ignorer sa défaite et devait sentir son infirmité, son impuissance... Sa méprise prouvait sans équivoque que la précédente attaque de Drago avait porté fruit ; l’héritier Malefoy s’était assuré un avantage pour le reste du duel…

Fixant toujours son adversaire, il hocha sinistrement la tête de gauche à droite. Dans sa tête blonde et présomptueuse, plus aucun doute ne persistait sur l’issu du combat. L’altier serpentard repoussa une des mèches humides qui retombait devant ses yeux et leva sa baguette d’un geste rapide, la braquant droit sur la poitrine où battait ce cœur si exécré. Là, il attendit quelques secondes, le temps de savourer le moment, tandis que ses yeux aiguisés détaillaient rapidement son adversaire myope. Un petit sourire en coin étira malicieusement ses lèvres ; une idée. La réaction du Survivant se dévoilerait certainement très intéressante… Brusquement, il pivota en direction des gradins et s’écria :

« Vas-y ! Maintenant ou jamais Erylis ! Transforme-toi et saute-lui à la gorge ! Allez dévore-le ! Attaque, le loup, attaque ! Allez attaque, le loup, attaque !… »

[ Désolé... pas pu résister à la tentation... Pardonne-moi cet égarement. ]

Non, pas de loup-garou. Quelque chose de plus subtile, mais d’aussi déstabilisant. Perfide, fourbe, sournois, qui se faufilerait peut-être avec assez de finesse pour se dérober à la vision embrouillée d’Harry Potter. Quelque chose de dangereux, de venimeux, et surtout, qui pousserait peut-être le gryffondor à commettre une regrettable erreur… Sans hésitation, mais avec une appréhension pernicieuse, Drago recula de trois pas, question de prendre un élan. Après avoir raffermi sa prise sur sa baguette, il se précipita en avant en effectua un grand moulinet avec son bras, comme s’il se préparait à lancer sa baguette. Mais au lieu de cela (qui aurait été complètement idiot…), il s’exclama :

« Serpensortia ! »

Il pût sentir les relents de magie glisser à travers lui, parcourir son bras comme un courant électrique, se canaliser en traversant la tige de bois d’aubépine qu’il tenait fermement et s’agglutiner en son extrémité... Une fraction de seconde. Son poids. Terriblement lourd pour quelque chose d’aussi étroit. Déstabilisant. Effrayant. Son bras fut toutefois rapidement allégé par l’envol du reptile, qu’il venait de catapulter de toutes ses forces. Le monstre effectua un majestueux vol plané dans les airs, guidé par le lancé vigoureux du serpentard, émettant sifflements et crachotements hargneux. Drago n’était certes pas un expert en matière de serpents, mais celui qui avait immergé de sa baguette, bien que pas énorme, ne lui semblait pas très affable. La bête atterrit brutalement, dans une fureur noire, à quelques mètres de Drago – qui, par précaution, recula tout de même de quelques pas – et tourna ses crocs vénéneux en direction du garçon le plus près, le jeune Harry Potter…


[J'ai du "double-poster" pour une question de quelques lignes...]

[Oulà, pour une fois que j'ai de l'inspi^^... Enfin, je ne sais pas ce que cela va donner, ca fait assez longtemps que je n'ai pas joué avec Harry, j'espère seulement que ca te plaira quand même. Bonne lecture ! ]

Saleté de Serpentard perfide ! Priver Harry de ses lunettes en tout début du Duel, c’était d’une lâcheté, d’un mesquin ! Mais un très fort avantage pour son adversaire, le Brun se l’avouait avec une pointe de désespoir en son for intérieur. Doté d’une vue aussi médiocre, ses chances de gagner s’amoindrissaient à vue d’œil, comme le perspicace Malefoy l’avait très bien compris, engendrant une jubilation malsaine visible sur ses traits d’albâtre. Car non seulement cela contribuait à ses chances de gagner, mais en plus, il savait que le public n’oublierait pas de sitôt le Survivant humilié tout au long du Duel, à confondre les objets et à plisser les yeux pour apercevoir le moindre détail. En effet, cet évènement marquerait les esprits et Harry voyait déjà s’ajouter aux rumeurs et aux railleries qui couraient les « Le Balafré Aveugle » ou « Potter est myope comme une taupe » qui fuseraient à chaque couloir qu’il traverserait, à chaque Serpentard qu’il rencontrerait.

A genoux et avec toute l’énergie du désespoir, Harry tâtonnait aux pieds de Malefoy, dans son ultime chance de pouvoir récupérer ses lunettes -ou plutôt ce qu’il en reste-, tout en entendant les rires moqueurs des Gradins des Verts et Argents s’élever. Qu’il devait être ridicule, ainsi agenouillé devant son adversaire ! De sa vision embrumée, il reconnut les deux chaussures de Malefoy qui se déplaçaient vers le corps recroquevillé du Brun et qui s’arrêtent à une distance si proche de lui qu’elle en serait presque provocante. Tête baissée, il ne pouvait le voir mais sentait néanmoins peser sur lui son regard suprêmement dédaigneux qui le toisait avec arrogance. Puis sa voix, sa voix exécrable, dégoulinante de sarcasme et d’ironie se fit entendre.

Et, d’un geste, l’abject Blond détruisit tous ses espoirs de recouvrer une vue décente. En un coup de pied s’effondraient toutes ses chances d’apercevoir de nouveau le monde avec netteté, les contours parfaits ainsi que chaque détail du plus petit des objets qui ornaient la Pièce. Les rires triomphaux des Serpentards sonnèrent, tel un glas fatidique, la fin de son ultime chance de récupérer ses lunettes. Et la réplique cinglante, provocante de Malefoy ne fit rien pour arranger les choses et, en se relevant, seul la raison empêcha Harry de lui envoyer son poing dans la figure, technique d’attaque Moldue mais parfois tellement tentante. Cette fougueuse envie fut décuplée lors Malefoy lui envoya un jet de Bièraubeurre qui maculait ses habits en pleine figure, mais il n’en fit rien et se contenta de le fusiller de son regard frappé d’un mal bien gênant.

Plusieurs minutes pour identifier une statuette à quelques mètres. Désolant. Jamais il ne se levait sans ses lunettes, en temps normal. Il les posait, sur la table de chevet de son lit, pour que, dès ses paupières ouvertes, il puisse les enfiler. Ces verres formaient un tout avec ses yeux. Séparés l’un de l’autre, la vue du pauvre Survivant devenait une véritable catastrophe. Ce moment était d’ailleurs une véritable catastrophe. Après tout, peu lui importait sa réputation. Elle était déjà si ternie, si souillée par les rumeurs qui couraient sur lui que plus rien ne pourrait aggraver les choses. Mais si jamais ce combat venait à mener sur l’échec le plus cuisant de sa courte existence, s’en remettrait-il un jour totalement ? Il ne pouvait se permettre de perdre, c’était inconcevable, juste inimaginable. Ce petit aristocrate aussi raffiné que peureux de Malefoy ne pourrait jamais le vaincre, même si Harry avait été frappé d’une totale cécité.

Il devait gagner. Il fallait gagner. Il allait gagner. De toutes les manières, ce n’était pas possible autrement. Merlin serait-il assez cruel pour lui infliger une défaite devant son pire ennemi de tous les temps, devant l’exécration réincarnée, devant ses traits hargneux qui appelaient à la haine, devant l’héritier de ce nom qui ne lui inspirait que répulsion et dégoût ; Malefoy. Et ces petits pics sarcastiques à deux noises, qui résonnaient jusqu’au fond de l’âme du Survivant pour lui faire perdre ainsi toute raison et connaître une haine profonde qui n’était pas dans sa nature, un mépris incontrôlable, qui dépassait l’entendement, toutes les forces et toutes les lois. Étonnant ? Que dis-je ? Effarant comme une petite vermine pourrie gâtée pouvait avoir un tel néfaste sur Harry. Presque déstabilisant.

Consacré corps et âme à dévisager la petite statuette, comme si sa vie en dépendait, cette voix horripilante vint de nouveau l’arracher à son extrême concentration. Comble de l’exaspération, apogée de l’irritation. Surtout quand Harry entendit avec quelles stupidités typiquement Malefoyienne le blondinet l’avait interrompues. Si au moins il avait eu quelque chose d’intéressant à raconter ! Mais cela, c’était bien trop demander à cet imbécile de Serpent qui n’ouvrait ses lèvres fines uniquement pour balancer de futiles sarcasmes. Pourquoi donc s’abaisser à lui répondre ? Parce que l’envie était trop tentante et que Harry Potter ne rimait pas avec raison.

- Mon pauvre Malefoy, même si j’étais devenu complètement aveugle, je parviendrai quand même à distinguer ta noble tête de fouine outragée au milieu d’une foule abondante.

Mais cette fois, l’horripilant sourire destiné à rendre sa réplique plus piquante encore ne naquit pas sur lèvres. La rage, la concentration, mêlées à présent à une once d’inquiétude -que jamais il ne s’abaisserait à dévoiler devant Malefoy- faisaient obstruction à l’étirement de sa bouche, même forcé, même faux. Il n’y parvenait plus, et abandonna donc l’idée du sourire pour le fusiller de son regard d’émeraude. Lorsqu’il entendit l’incantation du Sortilège de Lévitation franchir la bouche de Malefoy, ses traits se crispèrent, et sans relever les dernières paroles du Serpentard et sans attendre, il se décida.

Et, avec la force de sa Magie, de toute sa hargne et de toute sa concentration, le petit objet vola, trancha l’air à la vitesse d’une fusée en direction de la silhouette floue et exécrée de son adversaire acharné à le faire flancher. L’objet traversa l’estrade ou s’affrontait le duo choc des ennemis les plus populaires de Poudlard et, lorsque le Survivant s’aperçut qu’il fonçait droit vers un tissu noir, un sourire apparut sur son visage. Jubilation malsaine, espoir sadique que la souffrance du jeune Malefoy soit telle que ses sarcasmes maudits soient ravalés au fond de sa gorge, que son orgueil poussé à son paroxysme le quitte enfin.

Mais si quelque un eut un choc, ce fut bien Harry, et non le blondinet qui lui faisait face. Un choc car il n’entendit pas de cri de douleur, pas d’injures, pas de menaces. Seulement cette statuette à présent enveloppée de noir qui continuait sur sa lancée. Étrange. Ce fut les rires gras et suraigus des Serpentards qui l’aidèrent à comprendre ce qui s’était réellement passé. Le Sortilège, la précédent allusion de Malefoy, tout s’éclairait à présent. Dans son empressement et sa distraction de quelques secondes, ce n’était pas le Blond qu’il avait visé, mais sa Robe ! Était-ce vraiment possible ? Malheureusement, il semblait que oui, et c’est littéralement atterré que Harry aperçut la véritable silhouette de Malefoy esquisser une pose tragique digne d’un acteur de théâtre et de se moquer, encore et toujours.

Mais Harry, même submergé par son orgueil blessé à vif et sa colère écumante, s’avouait intérieurement qu’il y’avait de quoi rire. Les Serpentards étaient réputés pour leur malsaine fourberie, voilà qui ne ferait qu’accentuer leur réputation. Mais le Duel était cruel, sans pitié et tous les coups étaient permis, même celui de profiter d’une infirmité, aussi indigne est lâche soit-il. Néanmoins Harry n’avait même pas eu la prudence de l’envisager et il se maudissait intérieurement de s’être laissé démunir aussi facilement de son si précieux instrument.

Quoiqu’il arrive, il ne fallait pas qu’il baisse les bras. Il ne fallait en aucun cas qu’il croule sous les rires, les huées et les sifflets des vipères, ni sous le triomphe dégoulinant -presque autant que la Bièraubeurre. Il fallait que, debout et fier, il contraigne Malefoy à une défaite cuisante, qu’il ancre dans la mémoire du Serpent l’humiliation, que ce combat lui laisse un goût amer qui longtemps, persistera. Ce qui n’allait pas être chose aisée étant donné le désavantage important qui l’encombrait à présent. Justement, Malefoy venait de faire une bien grossière erreur. Harry ne pouvait distinguer que l’animal mouvant qui était sorti de la Baguette de son adversaire était un Serpent mais il l’avait clairement entendu prononcer l’incantation et une petite voix trop enfantine pour être celle d’Hermione le mettre en garde.

Surpris ? Pourtant, il ne devrait pas. Voir Malefoy effectuer précédemment une si intelligente manœuvre de défense relevait de l’exploit, alors utiliser son cerveau une seconde fois en si peu de temps relevait du paranormal. Il avait certainement cru que Harry n’oserait pas utiliser le Fourchelang devant la Moitié de l’École mais, à cet instant précis, il se trompait lourdement. On le prenait déjà pour un Fou Dangereux, Menteur et Paranoïaque. Que pouvait-on penser de pire ? Peu lui importait à présent, puisque ceux qui le croyaient se comptaient à présent sur les doigts d’une main. Sans sourire, sans sarcasme, simplement pour l’avertir de l’énormité de sa bêtise, Harry s’adressa à Malefoy en ces termes précis ;

- Croire que je n’oserai pas user du Fourchelang devant un Public était une fatale erreur Malefoy… Je me contrefiche à présent de ce qu’ils peuvent penser.

Ce n’était pourtant pas vrai. Que les gens soient effrayés ou dégoûtés de lui, cela le rendait malheureux et en colère, parce qu’ils se basaient sur des rumeurs fausses et n’hésitaient en aucun cas à se faire endoctrinés par le Ministère ou cette vieille harpie d’Ombrage qui le représentait dans l’Enceinte de Poudlard. Mais il ne perdrait pas cette occasion de tourner le combat à son avantage pour eux et, baissant légèrement la tête, guidé par les sifflements du Serpent, il usa de son don si particulier réputé maléfique ;

-Lui, pas moi. Lui…

Il avait fixé des yeux Malefoy afin que le Serpent puisse voir contre qui il fallait se retourner. Si il l’avait écouté en Deuxième Année, pourquoi pas là ?