Une semaine.
Cela faisait une semaine que Stephen avait perdu son sourire calme. Il était redevenu renfermé sur lui même, timide, fuyant les contacts. Il allait en cours comme un automate, travaillait par habitude, mangeait peu… Il était célibataire. Et il voyait Kael presque tous les jours pendant les cours communs. Il se forçait à lui sourire, à lui parler comme si tout était normal… Et il regardait vivre. Comment faisait-il pour ne pas sembler toucher par ça ? Etait-ce vraiment si peu de choses, pour lui ?
Ce matin, là, Stephen n'avait pas de cours car sa classe avait Quidditch et il était l'un des seuls à ne pas avoir pris l'option, en même temps, avec un tel vertige, c'était bien compréhensible. Mais il ne pouvait pas rester dans la salle commune. Il était évident que son cousin avait remarqué le changement et qu'il n'allait pas tarder à vouloir lui parler. Stephen n'était pas allé lui dire de lui même. Il savait que parler avec Axel de cette douleur le ferait de nouveau pleurer… et il voulait que cette faiblesse constante cesse. Stephen avait envie de changer, mais il ne savait pas comment s'y prendre. Pour le moment, il n'avait trouvé qu'une chose à faire : la fuite.
Il avait donc quitté la salle commune avec un geste amical à son cousin et s'était précipité dans le couloir pour une direction quelconque. Il tenta d'imaginer comment il allait annoncer à son cousin la fin de ses rêves de bonheur… Mais chaque nouvelle idée lui donnait les larmes aux yeux. Non, vraiment, ce n'était pas une bonne idée d'y penser, il verrait au moment venu… Et il savait que ça ne tarderait pas… Alors qu'il marchait, perdu dans ses pensées, Stephen entendit (ou cru entendre) le nom du préfet des Jaunes et se tourna vivement. Mais se tourner brusquement quand on marche sans faire attention, ça fait dévier la direction et quand il se ressaisit et reporta son attention sur sa route, il se rendit compte qu'il était en voie de percuter un mur couvert d'une tapisserie. Pour s'en protéger, il posa sa main devant lui mais…
Il n'y avait pas de mur derrière la tapisserie.
Perdant l'équilibre, il s'accrocha au tissus et tomba brutalement sur le sol derrière elle en la déchirant. Il dévala quelques marches et s'immobilisa contre un mur. Le pan déchiré de tissu s'arracha alors de sa main et la tapisserie repris forme devant ses yeux. Il était dans un passage secret dont il ignorait l'existence. Plusieurs fois, par mégarde, Stephen avait découvert des passages secrets, mais il en avait, la plupart du temps, oublié la localisation pour le retrouver quelques mois après par hasard. Celui là lui était inconnu et vu sa rêverie avant d'y entrer, il savait déjà qu'il serait incapable de retrouver la tapisserie. Ne se formalisant pas sur ce détail, Stephen décida de continuer à longer le passage qui, après un virage, continuait à descendre en pente douce. C'était un couloir étroit et sombre illuminé de torches. Il arriva dans un cul de sac et mit cinq bonnes minutes avant de trouver comment ouvrir le mur de la sortie. D'ailleurs, il perdit l'équilibre et percuta une armure qui se démantela avec fracas.
Lentement et endoloris, le jeune garçon se redressa. Derrière lui, le mur s'était refermé et il ignorait où il était. Ce n'était pas la première fois qu'il se perdait et il savait que les couloirs des étages étaient bien moins dangereux que les labyrinthes des cachots. Mais pour le moment, il avait deux problèmes à gérer. Une statue à réparer et l'arcade sourcilière explosée. La tempe est un passage sanguin très important et il venait de se blesser juste à cette endroit. Ce n'était pas très douloureux, ça piquait juste désagréablement… et ça saignait abondamment. En fait, son œil droit était maintenant fermé à cause de la trop grande quantité de sang coulant dessus. Et, bien sur, il n'avait rien à mettre sur la plaie. Commençant par ce qu'il savait faire, il pointa sa baguette sur l'armure disloquée et lança un "réparo" qui eut pour effet de reconstruire la statue mais sans grande discrétion.
Maintenant, il devait trouver absolument l'infirmerie. Ca ne serait pas non plus la première fois qu'il s'y rendrait… Il prit donc une direction au hasard, tourna sur sa droite et… aperçu un garçon blond. Il s'immobilisa et le détailla. Pas de cravate, pas d'écusson, la cape roulée en boule sur un banc… Impossible de savoir de quelle maison il était. Stephen avait détaché sa cravate et, la roulant en boule pour la presser sur la plaie, il s'avança vers l'inconnu.
"Dis, tu sais où est l'infirmerie ?"
Il avait prononcé ces paroles sans vraiment y prendre garde. Ce garçon, bien que jeune, était magnifique. Il était certain qu'il ne l'avait jamais vu auparavant et celui lui paraissait étrange…