Les vacances... Bill les avait tant attendues, et les voilà qui étaient arrivées, avec un temps magnifique et estival qui invitait à aller se faire bronzer sur une belle plage à Brighton ou pour les plus chanceux, encore plus au sud, sur la côte d'Azur en France ou même en Espagne. Mais pour la famille Covel, pas question de partir en vacances à la plage. Où auraient-ils dormi, eux qui n'avaient même pas assez d'argent pour faire réparer lla fuite qu'il y avait dans leur propre toit depuis quelques mois et que Tom, le père, avait fini par colmater lui-même avec les moyens du bored ? Comment auraient-ils payé le voyage ? Transplanez, allez-vous me dire, mais comment, quand seule la mère est une sorcière ? Aussi avaient-ils renoncé à toute folie et avaient-ils simplement envisagé de passer de délicieuses vacances à la campagne, dans leur petit cottage d'écosse. Et ce serait exactement ce qui se serait passé si Bill, l'aîné des enfants, le grand rouquin trop mince, n'avait pas eu une idée lumineuse. Il avait suggéré que la famille pourrait se rendre au petit village de Pré-Au-Lard, qui était juste à côté de son école, en utilisant des balais volants. Ainsi, cela changerait les idées à sa soeur quine connaissait rien d'autre que son petit village et il pourrait lui faire découvrir tous les bonbons magiques, et le magasin de farces et attrapes, et la biéraubeurre, même s'il n'aurait pas assez d'argent pour lui payer quoi que ce soit. Il n'avait qu'un balai, son nimbus 2000, celui que ses parents étaient parvenus à lui offrir au prix de gros sacrifices. Mais l'un de ses amis de Poufsouffle avait accepté de lui en prêter un second, sous réserve qu'il le lui renvoie par hibou dès qu'il n'en aurait plus besoin. Aussi étaient-ils partis tous les quatre, par une belle journée du mois de juillet, sa mère, la seule à part lui capable de chevaucher un balai, ransportant son mari sur l'un des balais et lui transportant sa petite soeur sur l'autre.

Il ne fallait que peu de temps pour se rendre en volant de leur petit cottage au petit village, Bill avait d'ailleurs toujours trouvé ridicule de devoir prendre le train à King's Cross pour remonter près de chez lui. Il n'était pas sûr que sa soeur pourrait voir son école, elle était une cracmol et les moldus étaient sensés ne pas pouvoir voir le château, mais au moins profiterait-elle du village.

Une fois qu'ils eurent atterri dans la grande rue du village, Laura se mit à pousser des exclamations ravies, contemplant avec des yeux exorbités toutes les vitrines qui s'offraient à son regard. Amusé, son frère se mit à lui expliquer tout se qu'il pouvait sur les différents articles qu'elle pouvait voir. La fillette resta longtemps en contemplation béate devant les rayons du magasin chez Zonko et supplia son père de bien vouloir lui acheter un paquet de chocogrenouilles lorsqu'elle eut observé durant une demi-heure les rayonnages de Honeydukes. Pendant ce temps, leur mère, Malicia, avait repéré une boutique de vêtements sorciers non loin et elle expliqua aux autres qu'elle avait l'intention d'y faire un tour. Au milieu de tout cela, Bill réalisa q'uil s'ennuyait un peu.

"Ecoute, papa, j'ai soif, il fait super chaud. Je vais au bar en face et je vous y attends. Vous n'aurez qu'à me rejoindre et on boira un coup ensemble."

Son père acquiesça, bien qu'un peu anxieux de se retrouver sans son fils dans ce monde magique qu'il ne connaissait pas et le rouquin traversa la rue et entra dans le bar des trois Balais. Il y avait un monde impressionnant à l'intérieur, mais le garçon repéra une place libre près du bar. Elle semblait gardée par une petite femme assise juste à côté, mais tant qu'il 'y avait personne, il pouvait bien s'y installer un peu. Il s'approcha timidement, c'était la première fois qu'il pénétrait dans ce lieu inconnu et il se tourna vers la femme assise à côté du siège libre. Elle avait une expression étrange qui ne lui inspirait pas trop confiancemais le garçon avait tendance à ne pas se méfier et à ne pas juger hâtivement, aussi lui adressa-t-il un grand sourire chaleureux et, tentant de ne pas paraître gêné, il demanda de sa voix douce et agréable :

"Bonjour ! Puis-je m'asseoir ici ?"

Il s'était acoudé au bar et la tenancière venait de s'approcher de lui, lui souriant avec sympathie.

"Bonjour jeune homme, qu'est-ce que je vous sers ?"

"Une biéraubeurre, s'il vous plaît."

La patronne fouilla un instant sous le bar puis lui tendit une bouteille de cette douce boisson qu'il avait déjà eu l'occasion de goûter lors des fêtes dans sa salle commune. Bill la déboucha avidement, la soif commençant à devenir cruelle et il en but une longue gorgée avant de reposer sa bouteille devant lui et de soupirer d'aise, le sourire toujours aux lèvres.

Quel délice, vraiment, de boire quelque chose d'aussi bon alors qu'il faisait si chaud au dehors ! Vivement que ses parents et sa petite soeur le rejoignent ! Il n'était pas sûr que son père paierait des boissons pour tous, pour lui, il venait d'épuiser ses dernières économies pour se payer ce petit extra. Tandis qu'il se faisait ses réflexions, il entendit quelqu'un prononcer son nom sur sa droite et il tourna la tête. C'est alors qu'il aperçut, plus loin vers le fond du bar, le visage d'une jeune fille qu'il connaissait assez bien, une élève de sa maison, juste une année au-dessus de lui. Il lui sourit et lui fit un etit geste discret de la main. Ils ne se connaissaient pas assez pour qu'il aille la rejoindre, mais il était content que la demoiselle ait pensé à lui dire bonjour. Il se demandait bien pourquoi elle se trouvait là alors qu'elle avait plus les moyens que lui de partir pour de vraies vacances, mais après tout, Pré-Au-Lard était un village tellement apprécié qu'il n'y avait trop rien d'étonnant à la voir là. Bill reporta son regard sur le bar et plus précisément sur sa bouteille qu'il reprit dans sa main et dont il but encorr deux longues gorgées.
Puis, réalisant brusquement avec un certain malaise qu'il n'aimait pas trop être seul, il reporta son regard doux et bleu sur sa voisine, celle qui lui avait fait de la place. C'était une petite femme, plutôt très jolie, mais qui lui inspirait une sorte de crainte inexplicable. Elle était seule, silencieuse, elle l'inquiétait un peu. Aussi préféra-t-il reporter son regard sur la patronne qui servait boisson sur boisson et semblait particulièrement occupée. Elle s'ensortait rudement bien.

Bill avala encore quelques gorgées bienfaitrices et reposa sa bouteille en soupirant légèrement. Ce qu'il se sentait bien tout à coup... Il avait l'impression de se sentir de mieux en mieux à mesure qu'il buvait.

Il regarda à nouveau sa voisine et lui sourit, comme ça, parce qu'il se sentait bien. Après tout, elle n'avait pas l'air si effrayante, elle paraissait même sympathique. Et puis, elle était toute seule, comme lui, et il n'avait jamais eu de difficultés pour discuter avec les adultes. Pourquoi ne pas tenter de discuter un peu ? Elle n'aurait qu'à ne pas répondre et Bill comprendrait qu'elle ne souhaitait pas parler ! Mais c'était triste et dommage qu'ils soient tous les deux assis à côté sans personne à qui parler par une si belle journée d'été ! Il s'éclaircit doucement la gorge puis, souriant de toutes ses dents, il lança à sa voisine :

"C'est vraiment une belle journée n'est-ce pas ? Je suis bien content d'être en vacances avec ma famille et d'avor pu les amener ici. Et vous, qu'est-ce qui vous emmène à Pré-Au-Lard ?"

Toujours tournée vers le bar, Alshaïn laissait vagabonder son regard de ça, de-là, l’esprit concentré sur les bruits environnants. Un éclat de rire plus fort que la moyenne. Une voix douce, innocente. Un cri de joie…le sien, interne, ou celui d’une donzelle à qui son amoureux venait de remettre un présent somptueux ? Les lèvres pleines d’Alshaïn s’étirèrent en un sourire ravi et son regard se fixa droit devant elle. La potion fonctionnait. Non pas qu’elle doutât de ses capacités ! Je vous rappelle que l’on parle ici d’Alshaïn Cassiopée Bérénice Rookwood, la jeune femme à l’orgueil inversement proportionnel à sa petite taille… Petite taille qui était bien plus souvent qu’autrement un handicap ô combien agaçant. Seules les personnes qui s’étaient aventurées à l’appeler « petite » pourront vous confirmer à quel point Alshaïn détestait sa taille. Mais ça, c’était à condition d’en trouver une, car si l’Empoisonneuse se souvenait bien, la dernière à lui avoir rappelé sa petitesse… était morte. Non mais… ce n’était tout de même pas de sa faute si la Mangemorte avait disons… la main prompte à brandir la baguette. Et puis d’abord, les gestes réfléchis et posés, c’était bon pour les Serdaigle.

Ainsi donc, le jeune rouquin était ici avec sa famille…? Alshaïn reporta son attention sur son interlocuteur et pendant qu’elle tournait la tête, une lueur de panique éclaira son regard foncé qui disparu aussi rapidement qu’elle était apparue. Cela voulait-il donc dire que les parents du garçon allaient le rejoindre sous peu ? Dans ce cas… Dans ce cas… il fallait peut-être penser à accélérer la procédure…? Ou peut-être pas finalement… Peut-être simplement penser à rester dans les sentiers battus et ne pas user de la baguette, pour une fois… Dommage. C’était si jouissif pourtant. La torture mentale. Bien plus encore que tous les Endoloris du monde réunis.

« Les vacances aussi. C’est une manière de me rappeler les bons souvenirs de mon adolescence. »

Que de souvenirs en effet… Une fois en particulier. Son bien-aimé cousin était venu la voir d’Allemagne. Il avait fait tous ces kilomètres à sa demande, histoire de remplir une mission familiale. Mais à quoi bon repenser à tout ça ? À l’heure actuelle, Franz reposait six pieds sous terre… Pincement au cœur. Douleur. Vite ! Il fallait chasser ces lourdes pensées. Surtout, rester vigilante. Histoire de reprendre contenance, Alshaïn but une longue gorgée de son thé glacé. Lorsqu’elle reprit la parole, sa voix paraissait calme à qui n’était pas habitué de l’entendre. Mais devant l’oreille avertie de ses proches, le trouble passager qui avait assailli la jeune femme n’aurait pu passer incognito.

« Dis-moi, Poudlard organise-t-il toujours des sorties dans le village ?»

Penser avec cohérence. Surtout, ne pas oublier l’objectif premier. Rester concentrée sur la cible. Ne pas la quitter des yeux. Exercice mental qui rappelait l’entraînement de ces policiers moldus avec ces bouts de métal capables de tuer et ces silhouettes humaines en carton, mais qui demandait beaucoup plus de force. Oui… De force. Une sorte de bras de fer mental. Vraiment ? Non. Ce n’était pas un combat. C’était un jeu. Un jeu dangereux.

« Les vacances aussi. C’est une manière de me rappeler les bons souvenirs de mon adolescence. »

Bill afficha un nouveau sourire ravi. Il s'imaginait plus âgé, une dizaine d'années après son départ de Poudlard, retourner dans ce petit village, ou mieux, remettre les pieds dans l'enceinte du château, regarder le soleil chatoyant jouer avec les mouvements de l'eau du lac... Oui, il n'avait vécu qu'une courte année ici, mais il savait déjà qu'elle était emplie de bons souvenirs qui seraient comme autant de trésors à évoquer plus tard.

Bill était encore dans ses pensées, évoquant tour à tour les ballades dans le parc avec Ashley, le bain inopiné dans l'une des somptieuses baignoires du château avec Mariana, la discussion étrange avec Emilien en haut de la tour d'astronomie, les matches de Quidditch où il avait envie de ne plus jamais toucher terre tant il aimait voler à la poursuite de la balle rouge, ses éclats de rire, le bal de Noël...

Il fut tiré de ses pensées par la question de son interlocutrice. Il réalisa qu'il regardait dans le vide depuis quelques instants et fut ramené à la réalité brusquement. Il regarda à nouveau la jeune femme avec une expression contrite, puis sourit largement.

"Oh oui, bien sûr qu'il y a toujours des sorties à Pré-au-Lard, seulement ce n'est qu'à partir de la troisième année, c'est pour ça que je suis content de pouvoir m'y ballader pendant les vacances. Ma maman doit être drôlement contente de revenir ici elle aussi, ça doit lui faire de sacrés souvenirs ! Depuis qu'elle est mariée avec mon père, elle vit dans le monde moldu. En fait, elle a été un peu rejetée par sa famille, vous voyez ?"

Il réalisa juste après avoir fini de parler qu'il avait dit énormément de choses qu'il ne disait à peu près à personne à part aux plus proches de ses amis. Même Mariana ne devait pas être au courant des problèmes qu'il y avait eus entre sa mère et son grand-père.

* Ben dis donc, si on m'avait dit que la biéraubeurre faisait un tel effet, j'aurais peut-être pris un thé, comme elle ! *

Il soupira doucement, mais toujours souriant. Sans pouvoir se l'expliquer, il se fichait éperduement aujourd'hui de confier ce genre de choses. La demoiselle à côté de lui lui inspirait confiance, après tout, Pré-au-Lard lui évoquait de bons souvenirs, c'était donc quelqu'un d'attaché à ce lieu, ce ne pouvait être que quelqu'un de confiance. Bill n'avait pas tellement conscience que son raisonnement était quelque peu bancal. Un autre problème le frappa soudain et il poussa une petite exclamation en adressant à sa voisine un regard d'excuses.

"Au fait, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Bill. Je suis en première année à Poufsouffle... enfin... Je passe en deuxième année quoi. Et vous ?"

Il souriait d'un sourire un peu enfantin, il se sentait ravi d'être là et cela se voyait sur son visage. Sans quitter sa voisine des yeux, il prit à nouveau sa bouteille de biéraubeurre et en prit deux autres grandes gorgées bienfaitrices.