Le cottage des Covel

Dans ce pays verdoyant gorgé de pluie, dans ce pays où fleurissent grands manoirs et petits lacs, dans ce pays où les moldus croient encore aux fantômes, dans ce doux pays qu'on appelle l'Ecosse, niché au creux d'un écrin de verdure, perdu à l'écart d'un petit village, se trouve un tout petit cottage, petit mais non moins ravissant. La bâtisse est basse et sans étage ; ses volets de bois, ses murs gris, sa porte massive à l'air rustique et les jarres dans lesquelles fleurissent de magnifiques hortencias qui l'encadrent lui donnent un air chalereux et accueillant. Cette petite maison est, avec les champs qui l'entourent, la seule richesse du couple Covel, mais ils constituent une des plus grandes fiertés du père, avec sa femme et ses enfants. Si l'on s'aventure à pénétrer par la porte d'entrée dans l'habitation, on se retrouve dans une grande pièce basse de plafond, aux poutres apparentes, faiblement éclairée et où flotte une odeur de feu de bois. Au centre de la pièce trône une grande table en bois brut entourée de chaises à haut dossier. Au fond à droite siège une imposante cheminée où un feu ronronne presque en permanence, feu que Tom Covel met un point d'honneur à allumer avec des allumettes, même s'il sait pertinemment que sa femme n'a besoin que d'un petit coup de baguette pour obtenir le même résultat. Il aime aussi aller couper lui-même son bois, mais il n'est pas rare que-, lorsqu'il rentre le soir d'une dure journée de labeur, il trouve des bûches et des branchages déjà bien installés en une pile ordonnée au coeur du foyer de la cheminée. Il sait alors que ce ne peut être que sa femme et ses quelques coups de baguete qui est allée couper le bois, les enfants n'ayant pas le droit d'utiliser la machette, mais au lieu de s'en offusquer, il la prend dans ses bras et dépose un tendre baiser sur son front.
Le seul autre mobilier de la grande pièce est une grande commode en bois sombre sur laquelle trône le téléphone ainsi que quelques bibelots, les seuls objets décoratifs de l'endroit. A gauche, une petite porte donne sur la cuisine, une cuisine à l'ancienne contenant un grand fourneau rustique en fonte qui fonctionne encore au feu de bois, un immense évier, étrangement côtoyés par un four à micro-ondes et un grille-pain. Un petit meuble est placé au fond de la pièce, contenant de la vaisselle toute simple. Au fond de la salle à manger s'ouvrent deux portes qui donnent sur la chambre des deux enfants, toutes deux peintes par les deux parents, aidés de pochoirs et surtout de la magie. Les murs de celle de Bill sont vert clairs, quant à ceux de Laura, ils sont roses pâles constellés d'oiseaux bleus. Les chambres sont simples : un lit, une armoire et un amoncellement de jouets, constitué de ceux que les parents ont pu payer et de ceux que Tom a fabriqué à ses enfants. Enfin, sur le mur de droite de la salle principale s'ouvre une première pièce qui n'est autre qu'une petite salle de bain où se trouvent un vieuil évier semblable à celui de la cuisine surmonté d'une glace, un peu craquelée mais qui a l'avantage d'être grande, une minuscule douche et des toilettes, le seul objet d'ailleurs qui a l'air moderne dans la p_èce, probablement parce qu'il a été changé récemment. La seconde pièce, et la dernière de la maison, est la chambre conjugale, meublée d'un grand lit et d'une grande armoire, les bois des deux meubles étant parfaitement dépareillés.

En face du cottage se trouve une seconde bâtisse, beaucoup plus petite, qui n'est autre qu'un hangar, dans lequel Tom range tous ses outils de travail, sa moissonneuse-batteuse et une deux-chevaux vert bouteille dont on ne peut plus compter les années mais dont Thomas prend tellement soin qu'elle paraît parfaitement neuve. Autour des deux bâtiments, il n'y a pas de jardin, mais des champs et des prairies, et plus loin, la lisière des bois. Bill et Laura se plaisent à penser que tout ce territoire est leur jardin, du moins jusqu'à la route, trois cent mètres plus loin, qui les relie au village. Le frère et la soeur, proches en âge et très complice, bien que la petite fille sache pertinemment qu'elle ne mettra jamais les pieds dans l'école de magie de son frère, passent leurs journées de vacances à jouer ensemble dans tout ce terrain qui n'est qu'un paradis pour eux. Derrière la maison, à cent cinquante mètres à peu près, il y a un petit lac où ils adorent se baigner en été, malgré les inquiétudes de leur mère, qui les laisse néanmoins faire en souriant, trouvant tout de même une activité à faire qui lui permet de se tenir à quelques mètres seulement d'eux pour les garder à l'oeil.

Mais Bill est aussi très complice avec son père et il l'aide dès qu'il le peut dans ses travaux aux champs. Son père cultive les céréales, surtout du blé, et le petit garçon adore l'écouter lui enseigner tous les trésors et les secrets du métier, et comme l'enfant est très malin, il trouve toujours des idées pour faciliter la tâche de son père.

C'est en somme un petit cottage qui abrite l'amour, l'amour d'une famille unie, un amour qui a su vaincre la haine d'une famille, un amour qui a su briser le mur opaque qui sépare le monde de la sorcellerie et celui des moldus.